Sujet :

Gattaz- Le Pen : "un malentendu"

Xuan
   Posté le 05-04-2015 à 22:46:56   

Je reprends ici quelques commentaires déjà ébauchés sur le FN à la suite des élections départementales.

La progression du FN notamment dans la classe ouvrière, en l'absence d'un parti communiste, parallèle au discrédit des autres partis bourgeois, à la déroute du PS et du Front de Gauche entraîne naturellement des réflexions chez les marxistes-léninistes concernant la stratégie à adopter.

J'ai déjà cité la série d'articles parus dans le dernier n° de la Voix des Commnuistes, organe du ROCML.

D'autres articles ne seront pas nécessairement rédigés par des communistes mais nous tirerons profit à les étudier.

Je reviendrai aussi de façon plus détaillée sur les rapports entre le grand patronat et le FN, justifiant le titre "Gattaz- Le Pen : un malentendu" .
Le sujet est déjà évoqué ici dans mon post du 5 avril.



Edité le 06-04-2015 à 00:11:28 par Xuan


Xuan
   Posté le 05-04-2015 à 23:57:33   

Ci-dessous un article publié par Jacques Lacaze sur son blog.

L'article reproduit une interview de Jacques Rancière par l'Obs.
Je ferais une remarque sur la "dédiabolisation" du FN, purement circonstancielle à mon sens.
Le FN n'a pas pour objectif de chasser les immigrés mais de constituer un sous-prolétariat d'origine étrangère et défini par un statut différent de celui des "français de souche", constituant une République comparable à l'antique république spartiate divisée en citoyens et ilotes ou serfs privés de droits.
Naturellement la division du prolétariat en quelque manière que ce soit affaiblit non seulement les déclassés mais l'ensemble de la classe ouvrière, par la concurrence introduite en son sein.

L'interview de Rancière illustre la façon dont le PS a fait du peuple et de la classe ouvrière notamment un repoussoir.
Repoussoir d'inculture pour les intellectuels et pour toute la petite-bourgeoisie aspirant à un avenir lumineux pour ses enfants, repoussoir "totalitaire" et "Stalinien" pour des démocrates nantis, repoussoir de misère et de désespérance orpheline du socialisme, repoussoir d'automutilation par la délinquance et Deschiens pour faire rire à ses dépens ceux qui en sont réchappés.

Rancière dit "Le déblocage ne pourra venir que de mouvements démocratiques de masse, qui ne soient pas légitimés par la possession d’un privilège intellectuel."

C'est du point de vue et des intérêts même de la classe ouvrière que le FN pourra être combattu, qu'elle pourra s'arracher à son emprise, relever la tête derechef, et envisager de nouveau l’avenir avec confiance.





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5 avril 2015

FRONT NATIONAL: IL FAUT AVANT TOUT COMPRENDRE!

Il est pour moi, non seulement nécessaire, mais vital de mettre en discussion cette analyse du philosophe Jacques Rancière. Je la partage, en ce qui me concerne, totalement. Il est nécessaire de bien connaître la réalité sans la travestir, ni essayer de faire passer ses fantasmes ou ses manipulations de l'histoire du XXéme siècle, comme moyens d'analyser ce que nous vivons aujourd'hui.
Il est possible de discuter, de réfuter, de critiquer, d'apporter d'autres arguments, etc mais le débat est nécessaire - j'insiste - et incontournable.
Encore un mot, si le parti lepéniste est ce que beaucoup trop de personnes décrivent, un parti hitlérien, le revendication est son interdiction et le mot des d'ordre des gens de gauche: armez vous pour y faire face!
J. Lacaze

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"LES IDÉAUX RÉPUBLICAINS SONT DEVENUS

DES ARMES DE DISCRIMINATION ET DE MÉPRIS"


Le philosophe Jacques Rancière analyse le rôle des intellectuels et de la gauche dans l'essor du FN. Entretien.

L’OBS Il y a trois mois, la France défilait au nom de la liberté d’expression et du vivre-ensemble. Les dernières élections départementales ont été marquées par une nouvelle poussée du Front national. Comment analysez-vous la succession rapide de ces deux événements, qui paraissent contradictoires?

Jacques Rancière Il n’est pas sûr qu’il y ait contradiction. Tout le monde, bien sûr, est d’accord pour condamner les attentats de janvier et se féliciter de la réaction populaire qui a suivi. Mais l’unanimité demandée autour de la «liberté d’expression» a entretenu une confusion. En effet, la liberté d’expression est un principe qui régit les rapports entre les individus et l’Etat en interdisant à ce dernier d’empêcher l’expression des opinions qui lui sont contraires.

Or, ce qui a été bafoué le 7 janvier à «Charlie», c’est un tout autre principe: le principe qu’on ne tire pas sur quelqu’un parce qu’on n’aime pas ce qu’il dit, le principe qui règle la manière dont individus et groupes vivent ensemble et apprennent à se respecter mutuellement.

Mais on ne s’est pas intéressé à cette dimension et on a choisi de se polariser sur le principe de la liberté d’expression. Ce faisant, on a ajouté un nouveau chapitre à la campagne qui, depuis des années, utilise les grandes valeurs universelles pour mieux disqualifier une partie de la population, en opposant les «bons Français», partisans de la République, de la laïcité ou de la liberté d’expression, aux immigrés, forcément communautaristes, islamistes, intolérants, sexistes et arriérés.

On invoque souvent l’universalisme comme principe de vie en commun. Mais justement l’universalisme a été confisqué et manipulé. Transformé en signe distinctif d’un groupe, il sert à mettre en accusation une communauté précise, notamment à travers les campagnes frénétiques contre le voile. C’est ce dévoiement que le 11 janvier n’a pas pu mettre à distance. Les défilés ont réuni sans distinction ceux qui défendaient les principes d’une vie en commun et ceux qui exprimaient leurs sentiments xénophobes.


Voulez-vous dire que ceux qui défendent le modèle républicain laïque contribuent, malgré eux, à dégager le terrain au Front national?

On nous dit que le Front national s’est «dédiabolisé». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il a mis de côté les gens trop ouvertement racistes ? Oui. Mais surtout que la différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est évaporée.

Depuis une vingtaine d’années, c’est de certains intellectuels, de la gauche dite «républicaine», que sont venus les arguments au service de la xénophobie ou du racisme. Le Front national n’a plus besoin de dire que les immigrés nous volent notre travail ou que ce sont des petits voyous. Il lui suffit de proclamer qu’ils ne sont pas laïques, qu’ils ne partagent pas nos valeurs, qu’ils sont communautaristes...

Les grandes valeurs universalistes – laïcité, règles communes pour tout le monde, égalité homme-femme – sont devenues l’instrument d’une distinction entre «nous», qui adhérons à ces valeurs, et «eux», qui n’y adhèrent pas. Le FN peut économiser ses arguments xénophobes: ils lui sont fournis par les «républicains» sous les apparences les plus honorables.


Si l’on vous suit, c’est le sens même de la laïcité qui aurait été perverti. Qu’est-ce que la laïcité représente pour vous?

Au XIXe, la laïcité a été pour les républicains l’outil politique permettant de libérer l’école de l’emprise que l’Eglise catholique faisait peser sur elle, en particulier depuis la loi Falloux, adoptée en 1850.

La notion de laïcité désigne ainsi l’ensemble des mesures spécifiques prises pour détruire cette emprise. Or, à partir des années 1980, on a choisi d’en faire un grand principe universel. La laïcité avait été conçue pour régler les relations de l’Etat avec l’Eglise catholique. La grande manipulation a été de la transformer en une règle à laquelle tous les particuliers doivent obéir. Ce n’est plus à l’Etat d’être laïque, c’est aux individus.

Et comment va-t-on repérer qu’une personne déroge au principe de laïcité ? A ce qu’elle porte sur la tête... Quand j’étais enfant, le jour des communions solennelles, nous allions à l’école retrouver nos copains qui n’étaient pas catholiques, en portant nos brassards de communiants et en leur distribuant des images. Personne ne pensait que cela mettait en danger la laïcité. L’enjeu de la laïcité, alors, c’était le financement: à école publique, fonds publics ; à école privée, fonds privés.

Cette laïcité centrée sur les rapports entre école publique et école privée a été enterrée au profit d’une laïcité qui prétend régenter le comportement des individus et qui est utilisée pour stigmatiser une partie de la population à travers l’apparence physique de ses membres. Certains ont poussé le délire jusqu’à réclamer une loi interdisant le port du voile en présence d’un enfant.


Mais d’où viendrait cette volonté de stigmatiser ?

Il y a des causes diverses, certaines liées à la question palestinienne et aux formes d’intolérance réciproque qu’elle nourrit ici. Mais il y a aussi le «grand ressentiment de gauche», né des grands espoirs des années 1960-1970 puis de la liquidation de ces espoirs par le parti dit «socialiste» lorsqu’il est arrivé au pouvoir.

Tous les idéaux républicains, socialistes, révolutionnaires, progressistes ont été retournés contre eux-mêmes. Ils sont devenus le contraire de ce qu’ils étaient censés être: non plus des armes de combat pour l’égalité, mais des armes de discrimination, de méfiance et de mépris à l’égard d’un peuple posé comme abruti ou arriéré. Faute de pouvoir combattre l’accroissement des inégalités, on les légitime en disqualifiant ceux qui en subissent les effets.

Pensons à la façon dont la critique marxiste a été retournée pour alimenter une dénonciation de l’individu démocratique et du consommateur despotique – une dénonciation qui vise ceux qui ont le moins à consommer... Le retournement de l’universalisme républicain en une pensée réactionnaire, stigmatisant les plus pauvres, relève de la même logique.


N’est-il pas légitime de combattre le port du voile, dans lequel il n’est pas évident de voir un geste d’émancipation féminine ?

La question est de savoir si l’école publique a pour mission d’émanciper les femmes. Dans ce cas, ne devrait-elle pas également émanciper les travailleurs et tous les dominés de la société française ? Il existe toutes sortes de sujétions – sociale, sexuelle, raciale. Le principe d’une idéologie réactive, c’est de cibler une forme particulière de soumission pour mieux confirmer les autres.

Les mêmes qui dénonçaient le féminisme comme «communautaire» se sont ensuite découverts féministes pour justifier les lois anti-voile.
Le statut des femmes dans le monde musulman est sûrement problématique, mais c’est d’abord aux intéressées de dégager ce qui est pour elles oppressif. Et, en général, c’est aux gens qui subissent l’oppression de lutter contre la soumission. On ne libère pas les gens par substitution.


Revenons au Front national. Vous avez souvent critiqué l’idée que le «peuple» serait raciste par nature.
Pour vous, les immigrés sont moins victimes d’un racisme «d’en bas» que d’un racisme «d’en haut»: les contrôles au faciès de la police, la relégation dans des quartiers périphériques, la difficulté à trouver un logement ou un emploi lorsqu’on porte un nom d’origine étrangère.
Mais, quand 25% des électeurs donnent leur suffrage à un parti qui veut geler la construction des mosquées, n’est-ce pas le signe que, malgré tout, des pulsions xénophobes travaillent la population française ?


D’abord, ces poussées xénophobes dépassent largement l’électorat de l’extrême droite. Où est la différence entre un maire FN qui débaptise la rue du 19-Mars-1962 [Robert Ménard, à Béziers, NDLR], des élus UMP qui demandent qu’on enseigne les aspects positifs de la colonisation, Nicolas Sarkozy qui s’oppose aux menus sans porc dans les cantines scolaires ou des intellectuels dits «républicains» qui veulent exclure les jeunes filles voilées de l’université ?

Par ailleurs, il est trop simple de réduire le vote FN à l’expression d’idées racistes ou xénophobes. Avant d’être un moyen d’expression de sentiments populaires, le Front national est un effet structurel de la vie politique française telle qu’elle a été organisée par la constitution de la Ve République. En permettant à une petite minorité de gouverner au nom de la population, ce régime ouvre mécaniquement un espace au groupe politique capable de déclarer: «Nous, nous sommes en dehors de ce jeu-là.»

Le Front national s’est installé à cette place après la décomposition du communisme et du gauchisme. Quant aux «sentiments profonds» des masses, qui les mesure ? Je note seulement qu’il n’y a pas en France l’équivalent de Pegida, le mouvement allemand xénophobe. Et je ne crois pas au rapprochement, souvent fait, avec les années 1930. Je ne vois rien de comparable dans la France actuelle aux grandes milices d’extrême droite de l’entre-deux-guerres.


A vous écouter, il n’y aurait nul besoin de lutter contre le Front national...

Il faut lutter contre le système qui produit le Front national et donc aussi contre la tactique qui utilise la dénonciation du FN pour masquer la droitisation galopante des élites gouvernementales et de la classe intellectuelle.

L’hypothèse de son arrivée au pouvoir ne vous inquiète-t-elle pas?

Dès lors que j’analyse le Front national comme le fruit du déséquilibre propre de notre logique institutionnelle, mon hypothèse est plutôt celle d’une intégration au sein du système. Il existe déjà beaucoup de similitudes entre le FN et les forces présentes dans le système.

Si le FN venait au pouvoir, cela aurait des effets très concrets pour les plus faibles de la société française, c’est-à-dire les immigrés...

Oui, probablement. Mais je vois mal le FN organiser de grands départs massifs, de centaines de milliers ou de millions de personnes, pour les renvoyer «chez elles». Le Front national, ce n’est pas les petits Blancs contre les immigrés. Son électorat s’étend dans tous les secteurs de la société, y compris chez les immigrés. Alors, bien sûr, il pourrait y avoir des actions symboliques, mais je ne crois pas qu’un gouvernement UMP-FN serait très différent d’un gouvernement UMP.

A l’approche du premier tour, Manuel Valls a reproché aux intellectuels français leur «endormissement»: «Où sont les intellectuels, où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes et les femmes de culture qui doivent, eux aussi, monter au créneau, où est la gauche?» , a-t-il lancé. Vous êtes-vous senti concerné ?

«Où est la gauche ?», demandent les socialistes. La réponse est simple: elle est là où ils l’ont conduite, c’est-à-dire au néant. Le rôle historique du Parti socialiste a été de tuer la gauche. Mission accomplie.Manuel Valls se demande ce que font les intellectuels...

Franchement, je ne vois pas très bien ce que des gens comme lui peuvent avoir à leur reprocher. On dénonce leur silence, mais la vérité, c’est que, depuis des décennies, certains intellectuels ont énormément parlé. Ils ont été starisés, sacralisés. Ils ont largement contribué aux campagnes haineuses sur le voile et la laïcité. Ils n’ont été que trop bavards.

J’ajouterai que faire appel aux intellectuels, c’est faire appel à des gens assez crétins pour jouer le rôle de porte-parole de l’intelligence. Car on ne peut accepter un tel rôle, bien sûr, qu’en s’opposant à un peuple présenté comme composé d’abrutis et d’arriérés. Ce qui revient à perpétuer l’opposition entre ceux «qui savent» et ceux «qui ne savent pas», qu’il faudrait précisément briser si l’on veut lutter contre la société du mépris dont le Front national n’est qu’une expression particulière.


Il existe pourtant des intellectuels – dont vous-même – qui combattent cette droitisation de la pensée française. Vous ne croyez pas à la force de la parole de l’intellectuel ?

Il ne faut pas attendre de quelques individualités qu’elles débloquent la situation. Le déblocage ne pourra venir que de mouvements démocratiques de masse, qui ne soient pas légitimés par la possession d’un privilège intellectuel.

Dans votre travail philosophique, vous montrez que, depuis Platon, la pensée politique occidentale a tendance à séparer les individus «qui savent» et ceux «qui ne savent pas». D’un côté, il y aurait la classe éduquée, raisonnable, compétente et qui a pour vocation de gouverner ; de l’autre, la classe populaire, ignorante, victime de ses pulsions, dont le destin est d’être gouvernée. Est-ce que cette grille d’analyse s’applique à la situation actuelle ?

Longtemps, les gouvernants ont justifié leur pouvoir en se parant de vertus réputées propres à la classe éclairée, comme la prudence, la modération, la sagesse... Les gouvernements actuels se prévalent d’une science, l’économie, dont ils ne feraient qu’appliquer des lois déclarées objectives et inéluctables – lois qui sont miraculeusement en accord avec les intérêts des classes dominantes.

Or on a vu les désastres économiques et le chaos géopolitique produits depuis quarante ans par les détenteurs de la vieille sagesse des gouvernants et de la nouvelle science économique. La démonstration de l’incompétence des gens supposés compétents suscite simplement le mépris des gouvernés à l’égard des gouvernants qui les méprisent. La manifestation positive d’une compétence démocratique des supposés incompétents est tout autre chose.


Publié par L’Obs


Edité le 06-04-2015 à 22:32:39 par Xuan


Xuan
   Posté le 06-04-2015 à 22:59:57   

On n'aura pas manqué d'observer dans la démarche de Rancière une atténuation des différences entre le FN et les autres partis bourgeois :

"On nous dit que le Front national s’est «dédiabolisé». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il a mis de côté les gens trop ouvertement racistes ? Oui. Mais surtout que la différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est évaporée.

Depuis une vingtaine d’années, c’est de certains intellectuels, de la gauche dite «républicaine», que sont venus les arguments au service de la xénophobie ou du racisme. Le Front national n’a plus besoin de dire que les immigrés nous volent notre travail ou que ce sont des petits voyous. Il lui suffit de proclamer qu’ils ne sont pas laïques, qu’ils ne partagent pas nos valeurs, qu’ils sont communautaristes... "



De ce constat parfaitement fondé, reflétant la fascisation et le progrès des idées réactionnaires, Rancière déduit qu’il ne faut pas lutter contre le FN :

A vous écouter, il n’y aurait nul besoin de lutter contre le Front national...

Il faut lutter contre le système qui produit le Front national et donc aussi contre la tactique qui utilise la dénonciation du FN pour masquer la droitisation galopante des élites gouvernementales et de la classe intellectuelle.


L’arrivée du FN au pouvoir ne changerait pas grand-chose

L’hypothèse de son arrivée au pouvoir ne vous inquiète-t-elle pas?

Dès lors que j’analyse le Front national comme le fruit du déséquilibre propre de notre logique institutionnelle, mon hypothèse est plutôt celle d’une intégration au sein du système. Il existe déjà beaucoup de similitudes entre le FN et les forces présentes dans le système.


L’action du FN contre les immigrés serait « symbolique »

Si le FN venait au pouvoir, cela aurait des effets très concrets pour les plus faibles de la société française, c’est-à-dire les immigrés...

Oui, probablement. Mais je vois mal le FN organiser de grands départs massifs, de centaines de milliers ou de millions de personnes, pour les renvoyer «chez elles». Le Front national, ce n’est pas les petits Blancs contre les immigrés. Son électorat s’étend dans tous les secteurs de la société, y compris chez les immigrés. Alors, bien sûr, il pourrait y avoir des actions symboliques, mais je ne crois pas qu’un gouvernement UMP-FN serait très différent d’un gouvernement UMP.



Comme on le verra plus loin, le FN ne s’est absolument pas « dédiabolisé » sauf pour les démocrates bourgeois, pour qui les mesures racistes comptent moins que les déclarations racistes. Or les mesures racistes et xénophobes préconisées par le FN constituent effectivement un danger pour la classe ouvrière dans son ensemble ainsi qu’une oppression particulièrement odieuse de nos camarades immigrés.
Xuan
   Posté le 06-04-2015 à 23:19:26   

Gattaz – Le Pen : un malentendu



«Un programme que nous condamnons, complètement absurde et qui conduira au chaos, car il veut nous recroqueviller sur nous-mêmes » , a déclaré Gattaz sur Europe 1, à propos du FN.

La grande bourgeoisie n’a pas besoin du FN aux affaires pour le moment, il ne lui sert que d’épouvantail : défouloir pour les votes populaires et rabatteur pour le PS et l’UMP via le « vote républicain » .

Allons plus loin.

Sous le titre 1981 - 2015 : toujours la même rengaine
, il compare le Programme Commun et celui du FN « au risque de choquer » dit-il :



Gattaz prédit les mêmes conséquences à ce « nouveau programme commun » :

Bon, et qu’on ne me dise pas que toutes ces mesures n’ont jamais été testées. Beaucoup l’ont été en 1981. Et que s’est-il passé ? voilà ce que nous raconte Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_commun
« La mise en place d’une partie du Programme commun à partir de l’élection de François Mitterrand en mai 1981 a mené à une perte de confiance et à une fuite importante de capitaux.
En effet, l’augmentation des allocations sociales (et des cotisations) et des salaires vont très fortement peser sur les PME et accélérer l’aggravation du chômage, qui doublera de 1981 à 1984, en passant de 1,5 million à 3 millions de chômeurs ; d’autre part, la relance décidée par le gouvernement Mauroy provoque surtout une croissance des importations, principalement d’Allemagne, parce que les entreprises françaises, sous-capitalisées, ne purent pas répondre à la demande; enfin l’inflation, contenue sous le gouvernement Barre, dérapera de nouveau sous la gauche (15 % par an). »

A bon entendeur…


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Le programme du Fn ne parle pas de nationalisation mais de "déprivatiser l'argent public".
On sait que ceci n'a absolument pas remis en cause le capitalisme.

On ne va pas revenir longuement sur les bénéfices retirés du Programme Commun par le grand patronat par le biais des investissements d’Etat avant privatisation, ni sur le sévère coup de frein à la lutte de classe, ni sur l’accélération de la productivité en échange des 35 h ni plus généralement sur l’inversion des courbes de salaires et de profits à partir de 1982.
Mais la surenchère ne saurait surprendre de sa part.
Et s’agissant de la démagogie et du populisme, il pouvait tout autant épingler Hollande voire Sarkozy, tous les partis bourgeois ont besoin de telles promesses pour récolter les voix populaires.
Gattaz pourrait donc fort bien s’accommoder des promesses du Front National pourvu que le patronat ait la paix.

Gattaz critique le produire français avec des français


Il ajoute à propos du « produire français avec des français » :

Et au-delà, notons dans ce « nouveau programme commun » du FN, quelques éléments complémentaires :
- Une protection intelligente aux frontières sera mise en œuvre pour lutter contre la concurrence déloyale des pays à très bas coût de main-d’œuvre et les délocalisations qui en sont la conséquence.
- L’État et les administrations auront l’obligation de se fournir auprès des entreprises françaises (grande loi « Achetons français »).


Je passe sur l’idée de recruter à tour de bras des fonctionnaires (dans la justice et dans la police) tout en baissant les dépenses publiques (???). Mais la mesure que je trouve la plus intéressante est :
« Une administration exclusivement dédiée aux TPE/PME sera créée pour simplifier la bureaucratie dont sont victimes nos entrepreneurs. »
Créer une administration spécifique pour simplifier la vie des entreprises, voilà qui n’est clairement pas une idée d’entrepreneurs…



Racisme connait pas


Dans tout cela et « au risque de choquer », aucune allusion à l’idéologie xénophobe, antisémite et raciste du FN.
A l’évidence ceci n’est qu’un détail de l’histoire pour le grand patronat, qui ne considère que l’intérêt économique de ce programme à l’aune de ses profits, ramenant à leur vacuité l’image politiquement correcte , la « philosophie d’entreprise » , la « responsabilité sociale » et les « chartes », « livrets de présentation », « engagements de l’entreprise » et autres fariboles diverses et variées, péniblement élaborées par la confrérie des RH pour faire taire la critique de l’entreprise capitaliste.

Rappelons ce que le programme du FN veut appliquer :

La suppression de l’Aide médicale d’État pour les immigrés
La suppression du droit du sol
L’incitation des entreprises à embaucher en priorité, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française
L’élargissement de la liste des emplois dits « de souveraineté », notamment dans les secteurs régaliens où les professions seront réservées aux personnes ayant la nationalité française.
En matière de logement social, à situation égale, le logement sera d’abord proposé aux personnes ayant la nationalité française.
Les allocations familiales seront réservées aux familles dont un parent au moins est français ou européen.


Bref ce programme vise à créer deux statuts fondamentalement différents et inégaux dans la classe ouvrière, dans l’ensemble du salariat et dans l’ensemble de la population, c’est-à-dire à diviser le peuple.
Lorsqu’un statut de sous-salarié est créé, il entre en concurrence avec les droits préservés des autres et les fait régresser à leur tour.
Gattaz ne relève pas et pour cause : le patronat lui-même a multiplié les statuts précaires, avant de pousser à la généralisation de cette précarité, en récusant les droits exorbitants des fonctionnaires, des CDI, etc.

Gattaz ne veut pas se recroqueviller


Que reproche Gattaz à Le Pen si ce n’est pas d’exciter le chauvinisme et la division ?
Les critiques de Gattaz sur la « protection aux frontières », la loi « achetons français », etc. portent surtout sur les dépenses publiques. Pas de quoi fouetter un chat du point de vue des actionnaires tant que c’est le peuple qui paie : à preuve la suppression des charges pour les PME. Ce n’est donc pas cela qui est visé réellement par le MEDEF

Dans le cadre du capitalisme, c’est la loi du taux de profit maximum qui s’impose et qui définit le tracé réel des frontières et la législation.
Il y a longtemps que le capitalisme français s’est affranchi des frontières, que la main d’œuvre immigrée a été recrutée pour remplacer les morts de 14 ou reconstruire la France. Quant à l’image d’Epinal d’une France autosuffisante placardée dans les classes élémentaires, elle escamotait le pillage des colonies, perpétué jusqu’à ce jour à travers l’inégalité de développement.

Reprenant à son profit le slogan anar de 68 « jouir sans entraves », le CAC40 l’a juste adapté au marché mondial du travail :

> Délocalisation, mondialisation de la sous-traitance et division mondiale du travail
> Immigration, « immigration choisie », travail détaché à bas salaire
> Concentration régionale (européenne) des monopoles, capitalisation étrangère et rachat de firmes étrangères
etc.

Le salaire des ouvriers agricoles espagnols à 3 € ne pose aucun problème à la grande distribution et que Peugeot délocalise en Slovaquie ne ralentit pas la hausse du CAC 40.
La mondialisation libérale vise la mise en concurrence des salaires à l’échelle mondiale en profitant du développement inégal, afin de réaliser le profit maximum.
Pour Gattaz, c’est par rapport à cet objectif que le FN a produit un programme « complètement absurde et qui conduirait au chaos » .

La France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune, coexistant avec le franc, qui serait rétabli.
Une protection intelligente aux frontières sera mise en œuvre pour lutter contre la concurrence déloyale des pays à très bas coût de main-d’œuvre et les délocalisations qui en sont la conséquence.
La priorité sera donnée dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire et de la ruralité au maintien et au développement du petit commerce en zones rurales.
L’État et les administrations auront l’obligation de se fournir auprès des entreprises françaises (grande loi « Achetons français »).
Les petits commerces seront défendus contre la grande distribution : une action sera engagée par l’État au niveau des centrales d’achat pour rétablir un équilibre entre le commerce indépendant et la grande distribution. Les liens d’exclusivité entre centrales d’achat et grands distributeurs seront interdits.



Devant cette fin de non-recevoir, Marine Le Pen ne s’est pas découragée mais a invité Gattaz à débattre «dans une démarche de dialogue constructif» «plutôt que de laisser prospérer les malentendus ou les raccourcis trompeurs». «Monsieur Gattaz estime sans doute que les politiques qui ont abouti à la situation économique actuelle sont bien meilleures. Surendettement public, chômage de masse, balance commerciale ultra déficitaire, inégalités croissantes, ascenseur social bloqué, rachats nombreux de nos entreprises par des capitaux étrangers, panne de l'investissement, etc. etc, tel est le triste bilan de ceux que le Medef considère apparemment comme seuls compétents»

Or comme Hollande déclarait « mon ennemi c’est la finance », Le Pen prétend SE LIBÉRER DES MARCHÉS FINANCIERS
Etrange libération des marchés financiers, qui consiste à solliciter du MEDEF un dialogue constructif pour mettre fin aux malentendus . !

Il n’est pas nécessaire de gratter longtemps pour trouver ici l’imposture, et ce dès les premières lignes :

Relance de l’économie

Tous les salaires jusqu’à 1 500 € bénéficieront d’une augmentation de 200 € nets. Cette mesure sera notamment financée par l’instauration d’une Contribution sociale aux importations de 3 % sur la valeur des biens importés.

En d’autres termes, ce n’est pas le patronat qui paiera les augmentations de salaire, mais l’ensemble du peuple, à travers une taxe sur les marchandises importées, notamment toutes les marchandises bon marché que les masses ne pourraient pas se procurer autrement.

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Même s'il ne s'agit que d'un "malentendu", ce n’est pas encore l’heure de Le Pen. Le MEDEF trouve encore son compte avec l’UMP ou le PS tant qu’ils peuvent contenir le chaos de la lutte de classe.
Et ceci peut durer notamment tant que la bourgeoisie restera divisée que les questions européennes et internationales.

Après quoi le FN devra lui offrir de sérieuses garanties sur la vanité de ses velléités « patriotiques » et sur son soutien indéfectible dans tous les domaines, financier, européen, pro atlantique, quitte à faire l’équilibriste avec ses électeurs.
Xuan
   Posté le 08-04-2015 à 09:08:47   

On trouvera dans l'Express un résumé des dernières prises de position de Le Pen père.

A part ses sorties contrariant la dite "dédiabolisation", on notera le rapprochement qu'il fait entre le Front de Gauche et Philippot, identique à celui fait par Gattaz ci-dessus :

"Je crois que l'origine politique de certains actuels dirigeants du Front a plus d'importance que leur comportement personnel. Je pense à l'influence nocive d'un homme que je trouve pour ma part tout à fait détestable: Jean-Pierre Chevènement. Il a les apparences d'un patriote alors qu'il est au fond un marxiste. L'influence chevènementiste, si elle continue de s'exercer, est nuisible."

On ne va pas spéculer sur la "dédiabolisation" lancée à des fins purement électorales, ni sur le caractère "marxiste" du programme FN.
On a déjà vu dans le passé les nazis utiliser des slogans communistes afin de duper les masses, avant d'éliminer ceux qui avaient cru pouvoir s'engager dans cette voie. Le fond du programme FN est de nature fasciste et doit être combattu dans la classe ouvrière.
Xuan
   Posté le 08-04-2015 à 13:47:49   

Il ne s'agit pas d'un conflit familial ou personnel mais de deux courants dans le FN.
Et ceci est peut-être la conséquence des élections départementales, où le FN a été évincé de toute direction départementale, parce que la grande bourgeoisie a effectivement décidé de ne pas l'utiliser maintenant.
Comme on l'a vu plus haut ce n'est pas en rapport avec le racisme ou l'antisémitisme du FN mais de son programme économique et de sa politique étrangère.
La déculottée entièrement justifiée du PS encourage tout ce beau monde à aller plus loin vers la réaction.

Il est probable que le FN devra d'abord réorienter son programme afin de répondre plus exactement aux desiderata de Gattaz et Cie, et l'intervention de Le Pen père va dans le même sens :
balancer définitivement les pseudos réformes de collaboration de classe de Philippot et s'engager plus résolument dans la voie de la réaction, du démantèlement des libertés syndicales et du Code du Travail, voire dans l'anti parlementarisme.
Xuan
   Posté le 09-04-2015 à 00:15:30   

On trouve le début de l'interview de Le Pen à Rivarol ici.

On peut y constater que ses désaccords avec le programme du FN portent notamment sur la revendication de la retraite à 60 ans, épinglée par Gattaz justement.

Voici cet extrait :

RIVAROL : Etes-vous favorable comme l’actuelle direction du FN à la retraite à soixante ans ?

J.-M. L. P. : J’ai essayé d’expliquer à Marine Le Pen et à ses conseillers que c’était une erreur. C’est ridicule de demander la retraite à 60 ans alors que moi, à la tête du FN, pendant des décennies, je l’ai demandé à 65 ! J’étais en avance, encore que les Allemands sont aujourd’hui à 67 ans !

L’équilibre démographique désastreux de l’Europe boréale, c’est-à-dire celle qui va de Brest à Vladivostok, est suicidaire et implique de reculer l’âge légal de la retraite. En politique on ne doit jamais sombrer dans la facilité ni faire de la démagogie.
Il ne faut pas tomber dans le ridicule de paraître défendre le système de retraite à 60 ans parce que même si l’on y apporte des amodiations (comme les 40 ans d’annuités), elles ne sont pas audibles politiquement. Pourquoi s’accrocher là-dessus ? Je leur ai dis : « Rectifiez le tir » . En vain pour le moment.
Xuan
   Posté le 05-05-2015 à 14:03:18   

Marine jette un os aux chiens pour élargir son électorat, mais cela ne répond pas aux critiques de Gattaz, qui constituent le pont aux ânes de son accession au gouvernement. (cf plus haut).

On aura noté dans le billet du Medef que c’est la question de l’Union Européenne et les réformes sociales promises qui grincent, et non la xénophobie, le racisme ou l’instauration d’une sous-citoyenneté.
Ainsi Le Figaro titrait il y a près d’un an : «Marine Le Pen est dangereuse: elle veut détruire l'Europe!»

Or Marine Le Pen s'était engagée en novembre 2014 :

Si je suis élue présidente de la République, je m'engagerai auprès des Français à organiser, dans les six mois, un référendum sur la sortie de l'Union européenne. Durant ces six mois, j'irai auprès des instances européennes pour négocier le retour en France de quatre souverainetés essentielles: territoriale, monétaire, législative et économique. Ensuite, soit l'Union européenne rend au peuple français ces quatre éléments, soit elle refuse et je demanderai alors aux Français de voter oui au référendum pour sortir de l'UE.

Voilà un sujet auprès duquel les clash familiaux ne sont que des détails de l'histoire.
Sans doute ce n'est qu'un "malentendu", mais la France n'est pas la Grèce. Les monopoles français sont dominateurs en Europe, et le rejet des accords de Maastricht n'est pas négociable.

La démagogie et les promesses creuses envers le peuple ne dispensent pas le FN d’éclaircir ses objectifs auprès du CAC 40 et par là même le « malentendu ». Il est à parier que d’intenses tractations ne vont pas tarder.


Edité le 05-05-2015 à 23:20:11 par Xuan


Xuan
   Posté le 18-01-2017 à 00:06:50   

Un tournant


extrait d'un article en ligne :

C'est une nouveauté : le Medef va discuter économie avec le Front national (FN). Le patron du syndicat patronal, Pierre Gattaz, a en effet choisi d'inviter la candidate frontiste à présenter son projet, indique l'Opinion, rompant avec la tradition anti-FN du Medef. « Il semble que les faits s'imposent au Medef avec le Brexit, la mise en œuvre de la politique de relocalisation industrielle de Donald Trump aux États-Unis ou encore avec le gouffre économique qui se creuse entre la France et l'Allemagne» , s'est satisfait le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just. « Ils disent des méchancetés sur nous lorsqu'ils sont seuls à la télévision, mais ce sont des gens bien élevés par ailleurs » , a-t-il ajouté.

« La position de Gattaz est pour une fois intelligente, elle est démocratique. Surtout que le FN est l'ami de toutes les entreprises, du petit commerçant, au géant français du CAC 40 » , a indiqué au Figaro l'eurodéputé Bernard Monot, l'un des principaux conseillers économiques de Marine le Pen. « Je rappelle que nous sommes de vrais libéraux, partisans sans ambiguïtés de l'économie de marché et de la libre entreprise. J'espère que cette rencontre sera l'occasion de rassurer les chefs d'entreprise » , a-t-il aussi expliqué.



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D'autre part le Figaro publie simultanément dans FN : les limites de la dédiabolisation :

..."Le vin est coupé et pourtant elle continue à ajouter de l'eau: si elle élue, elle promet, non pas de dénoncer purement et simplement les accords de Schengen mais de les renégocier. La sortie de la France de l'Union européenne? Elle fera campagne pour un Frexit uniquement si elle n'arrive pas à rapatrier les pouvoirs en matière de contrôle de l'immigration et d'économie. David Cameron sort de ce corps!
Organiser un référendum ce n'est pas vraiment la même chose que de «libérer notre pays de la tutelle économique, monétaire, législative et territoriale de l'Union européenne» comme l'annonce le dernier tract de la candidate. Est-ce à dire que si un accord est trouvé la France reste dans l'Union européenne?
Et si par un pied de nez dont l'histoire a le secret le référendum est un échec pour elle? Démissionne-t-elle aussitôt élue? On s'éloigne de la prise du pont d'Arcole.

Désormais il y a une feuille de papier à cigarette entre le programme de «Marine» et celui du candidat des Républicains qui lui aussi propose de réformer Schengen et la Commission Européenne.
"...


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Les remarques du trésorier du FN Wallerand de Saint-Just sont pertinentes. Il apparaît effectivement que la situation internationale a changé et que la bourgeoisie française - du moins une partie d'entre elle - envisage de s'y adapter.

Déjà le soutien de Gattaz à Macron depuis plusieurs mois, le financement et la publicité "inopinée" qui lui est faite montrent que l'appareil du PS est bon pour la poubelle et qu'une solution de rechange doit rapidement être trouvée.
Cependant Macron peut plaire à un électorat de jeunes cadres naïfs, mais pas aux ouvriers dans leur majorité, tandis que le FN a déjà un appui populaire.
L'un et l'autre ont en commun un projet d'Union Sacrée au service du grand capital, et tous deux symbolisent le rejet des partis traditionnels.

Il semble que les critiques de Gattaz dont nous parlions plus haut, et même si elles sont maintenues, ne soient plus rédhibitoires compte tenu des circonstances.

Ce changement, qui traduit l'effondrement du PS et le renversement des alliances à l'échelle internationale, constitue un tournant dans le visage de la bourgeoisie française.