Sujet :

le forum et l'unité des marxistes-léninistes

Xuan
   Posté le 25-04-2009 à 18:02:51   

Le forum aura bientôt trois ans.

Il s’avère qu’il ne fonctionne plus comme un forum mais comme une sorte de blog ou de tribune, où s’expriment quasi exclusivement des marxistes-léninistes des « Editions Prolétariennes » et d’« Ouvrier Communiste ».
Un petit nombre de lecteurs – anciens inscrits ou passants anonymes - continuent de lire les derniers posts, mais personne n'y intervient, ni pour approuver ni pour désapprouver.

Il y a un an Oppong démissionnait de son poste d’administrateur en écrivant ceci :
" Le FML n'a absolument pas rempli son objectif initial de contribuer à l'unification du mouvement ML (au contraire même...) ..."
Il faut admettre qu’en effet, le Forum Marxiste-Léniniste n’a pas rempli cet objectif.

Il y a des raisons à cela :
Le règlement du forum n’a pas été appliqué sur ce point :
« Les débats contradictoires doivent être argumentés, s’appuyer de préférence sur les faits, se dérouler dans un esprit franc et ouvert. Ils doivent viser l’unité et non la scission.
On cherchera à convaincre et non à « frapper sans merci ».

Or bien souvent on a « frappé sans merci » et pratiqué le terrorisme verbal parce que l’interlocuteur appartenait à une autre organisation, sans prendre en compte ses arguments.
Ou bien les questions et les critiques sont restées sans réponse, ce qui est une autre façon de détruire toute possibilité de débat et d’empêcher l’unité lorsqu’elle est possible.

Il faudrait dans un premier temps ne pas tolérer le terrorisme verbal et appliquer notre propre règlement sur ce sujet.

Egalement, il ne faut pas verser dans l'auberge espagnole ni considérer que tous les points de vue se valent. C’est la leçon que nous avons tirée de notre expérience dans le FUC.
Nous devons garder l'orientation du forum : l'unité des ml pour la création d'un nouveau parti communiste .
Ainsi la suggestion que j'avais émise dans certaine circonstance d'offensive populaire, d'encourager ou de souhaiter la création de comités de base était-elle farfelue, irréaliste et contraire à l'objectif principal.
La référence à la théorie marxiste-léniniste et à la pensée maotsétoung doivent figurer de manière explicite sur le forum, en affichant les portraits des cinq principaux dirigeants du mouvement communiste international. C’était d’ailleurs le résultat d’un vote dans le FUC, vote remis en question par la ligne révisionniste et le compère Bolch lors de son putsch.

Enfin, le cadre de la correspondance par internet ne peut remplacer la pratique de la lutte de classe. Beaucoup de lycéens ou de jeunes étudiants souhaitent débattre du marxisme et de la révolution. Mais le forum n’est ni une école du marxisme-léninisme ni une école de la vie.
Il doit s’adresser en priorité aux ouvriers d’avant-garde ou à d’autres révolutionnaires acquis à l’idéologie prolétarienne.

-----------------------------------------------------------

Mais cela n’explique pas tout.

Le FML n’est lui-même qu’un aspect du processus d’unification des marxistes-léninistes :

Depuis de nombreuses années des divisions profondes séparent les partisans de la ligne Hoxha de ceux de la ligne Mao Tsé toung. Beaucoup a déjà été écrit là-dessus. C’est une division qui a affecté le mouvement communiste international. Elle ne se résout bien entendu qu’à l’épreuve des faits et non en ressassant Lénine comme un bréviaire.
Nous ne reviendrons pas sur cette polémique jusqu’ici stérile, sinon pour dire que la définition de la Démocratie Nouvelle, telle qu’elle fut exposée par Mao Tsé toung, ne constitue pas un modèle universel du développement du socialisme, mais la première phase du socialisme en Chine en même temps que l’antithèse du féodalisme et de la colonisation.
Beaucoup de marxistes-léninistes (et nous-mêmes) ont souvent confondu le caractère général de la révolution socialiste et ses particularités locales et historiques, au point d’importer mécaniquement les slogans de la révolution culturelle à la situation de notre pays.

Inversement, d’autres ont nié le lien qui unit la révolution socialiste et sa forme réelle dans les conditions différentes d’un pays impérialiste et d’une ancienne colonie.

-----------------------------------------------------------------


Une autre contradiction porte sur la nature de la Chine et sépare ceux qui considèrent que la bourgeoisie a pris le pouvoir en Chine et ceux qui considèrent que la lutte entre les deux lignes se poursuit au sein du PCC.
Bien sûr cette divergence est liée à la précédente.
Certains jugent que le FML est aveugle à l’existence du capitalisme en Chine, et défend « contre toute évidence » la thèse que la Chine est toujours socialiste.
Nous ne sommes pas aveugles sur l’existence du capitalisme en Chine, où coexistent plusieurs formes de propriété et de rapports de production.
Mais nous estimons que la lutte entre la voie capitaliste et la voie socialiste n’a pas pris fin dans le Parti Communiste Chinois, et que la question de la victoire du socialisme ou du capitalisme en Chine n’est pas tranchée.

Les errements graves de la Révolution Culturelle, son rejet et sa critique ont abouti à la Réforme de Teng Siao Ping, qui en prenait le contre-pied en bien des domaines.
Aujourd’hui le PCC fête les trente ans de la Réforme et tire un bilan très positif de ses acquis, dans le cadre d’une campagne idéologique de plusieurs semaines.
Sans doute cette campagne s’adresse-t-elle à des critiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du PCC.
Ces critiques peuvent émaner de communistes. N’oublions pas non plus que la bourgeoisie chinoise et les nouvelles classes apparues dans la société chinoise aspirent à une expression politique propre et que certains souhaitent ouvertement l’instauration d’un système parlementaire « à l’occidentale », c’est-à-dire une démocratie bourgeoise en Chine.

Nous ne doutons pas que la Réforme a apporté une amélioration matérielle considérable dans les conditions de vie des masses.

Le PCC a dû cependant corriger les graves dérives révisionnistes de Hu Yaobang et de Zhao Zhiyang, qui ont favorisé l’incident contre-révolutionnaire de Tien An Men en 1989.

Ludo Martens a écrit un article très documenté :
"Tien An Men 1989 : de la dérive révisionniste à l'émeute contre-révolutionnaire"
Ou bien :
sur notre forum

Aux termes d’une analyse approfondie, cet article démontre que contrairement aux allégations de la presse bourgeoise, le « Printemps de Pékin » n’était nullement un mouvement « démocratique » ou « de la jeunesse opposée à la gérontocratie », mais la conjonction d’une ligne révisionniste au sein du PCC, de la « démocratie à l’occidentale » prônée par certains milieux intellectuels et la nouvelle bourgeoisie chinoise, de la propagande occidentale en direction des étudiants chinois, et des milieux réactionnaires taïwanais.

Nous pouvons retenir de ces événements que le « Printemps de Pékin » n’a absolument rien à voir avec le Printemps révolutionnaire de mai 68 et qu’il en est aux antipodes. Sa répression ne peut en aucun cas être assimilée à une prétendue « dictature social fasciste ».

D’autre part il apparaît également à l’occasion de cette émeute réactionnaire que la ligne révisionniste en Chine ne s’est pas traduite par des visées hégémonistes comme ce fut le cas du social-impérialisme soviétique, mais bien au contraire par une collusion avec les milieux réactionnaires taïwanais et une soumission à l’impérialisme occidental.
L’histoire du PCC – comme celle de tous les partis communistes - est jalonnée par la lutte entre les deux voies. Cette lutte ne se termine pas après la révolution. Le PCC a appris, les réactionnaires aussi. Ils cherchent toujours des voies détournées pour promouvoir leur camelote, n’hésitent pas à fomenter des troubles violents et à se faire passer ensuite pour des martyrs.



Nous avons relevé également que le PCC infléchissait depuis quelques années l’orientation de cette Réforme pour en corriger les conséquences négatives dénoncées dans la presse officielle elle-même, par exemple les contradictions grandissantes entre la ville et la campagne, l’accroissement des inégalités, la pollution, la recherche du profit et de la rentabilité en priorité, la dégradation de la protection sociale et la corruption parmi les cadres du PCC, pour ne citer que quelques exemples.
Ainsi, la lutte contre la corruption, poursuivie depuis plusieurs années et assortie de jugements très sévères allant jusqu’à la peine capitale, ne doit pas être considérée comme une simple mesure technique . C’est un axe stratégique de la ligne du PCC. Il porte une empreinte de classe et sépare la voie capitaliste de la voie socialiste.
Le nouveau Code du Travail a vu également le jour dans la lutte contre les capitalistes chinois et étrangers.
Egalement, la mise en place récente d’un nouveau système de protection sociale est l'aboutissement d'une lutte idéologique intense qui "faisait rage" en Chine depuis 1990, selon les termes de la radio chinoise CRI.

Notre rôle n’est pas de nous mettre à la place des communistes chinois. Beaucoup de marxistes-léninistes ont imaginé que c’était leur devoir de juger et de trancher à la place des autres peuples et des autres partis communistes. Ils se sont lourdement trompés et reproduisent sciemment ou non des conceptions hérités du colonialisme, ou bien la conception du parti père qui fut au cœur de la controverse sino-soviétique au sein du mouvement communiste international.

Néanmoins nous devons essayer de comprendre les événements qui se déroulent en Chine, considérer avec discernement les aspects positifs et négatifs de la Révolution Culturelle ainsi que de la Réforme, en particulier lorsque ces événements ont des répercussions internationales et dans notre propre pays.

Ainsi, la Révolution Culturelle, par son retentissement international, a constitué un puissant encouragement à la lutte contre le révisionnisme moderne et le social-impérialisme. L’effondrement du social-impérialisme a démontré par les faits que la lutte contre le révisionnisme moderne et la restauration du capitalisme est une nécessité sur la voie de la révolution.
En France, l’effondrement du parti révisionniste et sa subordination volontaire au PS ont démontré aussi que la voie électorale n’a pas d’avenir dans le système capitaliste.
Le dévoiement et l’échec de la Révolution Culturelle ne sauraient justifier l’abandon de la lutte contre le révisionnisme, comme si l’histoire de cette période aboutissait à un « score nul ».
En réalité pour les marxistes-léninistes, la lutte contre le révisionnisme moderne prend sa source dans la lettre en 25 points écrite lors de la scission du mouvement communiste international provoquée par le révisionnisme khrouchtchévien.
Aujourd’hui encore la lettre en 25 points reste la pierre de touche, un texte fondamental pour le mouvement communiste international et pour les marxistes-léninistes de notre pays.

----------------------------------------------------------------------------
Impérialisme et anti impérialisme

Enfin une autre contradiction sépare les marxistes-léninistes sur la ligne de démarcation entre impérialisme et anti-impérialisme. Et cette divergence est également liée aux deux précédentes.

Pour certains il n’existe pas d’opposition à l’impérialisme en dehors d’une direction prolétarienne. Cette conception va à l’opposé de la lettre en 25 points précisément « Les révolutions nationales et démocratiques de ces régions constituent une partie intégrante importante de la révolution mondiale prolétarienne de notre époque. »
et à l’opposé du mot d’ordre :
"prolétaires de tous les pays, unissez vous!" et "prolétaires de tous les pays et peuples opprimés, unissez vous!"
Pour ces « marxistes-léninistes » en fait seule la révolution prolétarienne est anti impérialiste.
Cette conception n’est pas très éloignée de la conception trotskyste sur les révolutions agraires qualifiées de « petites-bourgeoises ».

Mais ce qui peut sembler une querelle byzantine prend toute son importance pratique et immédiate dès lors que l’impérialisme agresse les pays du Tiers Monde,ou des pays émergents et notamment la Chine.

Les troubles fomentés par la clique du Dalaï Lama au Tibet, avec l’assentiment et le soutien de toutes les puissances occidentales impérialistes ont trouvé des marxistes-léninistes curieusement divisés, tandis que la guerre de Bush en Irak avait fait l’unanimité contre elle.
Certains ont inventé contre toute évidence une lutte nationale du peuple tibétain , uniquement pour asseoir leur théorie de « la Chine pays impérialiste ».
Mais dans les faits la théorie de « la Chine pays impérialiste » est venue au secours de la clique du Dalaï Lama et de l'impérialisme occidental.

De gros pavés émaillés de statistiques ont donné à cette théorie son fondement «scientifique ».
La crise économique mondiale et ses répercussions démontrent que ces considérations ne sont pas fondées.
En réalité, l’impérialisme occidental a largement profité de « l’usine du monde », et l’économie chinoise doit aujourd’hui se réorienter rapidement et développer sa consommation intérieure à cause de la mévente dans les pays riches.
La Chine ainsi que le Tiers Monde subissent toujours l’oppression de l’impérialisme. L’impérialisme US notamment – principal responsable de la crise - s’accroche toujours à son hégémonie et cherche à faire payer ses dettes abyssales au reste du monde.


L’unification des marxistes-léninistes et l’édification d’un nouveau parti communiste passent par la résolution de ces contradictions.
La résolution de ces contradictions ne peut pas être un arrangement ou une voie moyenne, mais la recherche de la vérité dans les faits, et la lutte idéologique en s’appuyant sur les faits, sur le matérialisme historique et sur le matérialisme dialectique.

Le forum doit s’y employer.

La crise économique du capitalisme accélère l’histoire. Ces contradictions seront tranchées.
Bientôt ce qui nous semble un mur infranchissable ne sera plus qu’un petit tas de cailloux.