Sujet :

Espace Poémes..!

CUERVO
   Posté le 13-09-2006 à 23:18:02   



ENNEMI PUBLIC NUMERO 1

Dans la fasticité (1) de la métropole,
Je vitriole les symboles, les idoles.
Ces fléaux enfantant le fading mental(2),
Engendrant l'assujettissement létal.

Je dessine dans la nécropole urbaine
Des scènes de liberté, sur des murs blêmes
Où l'on enchaîne, des humains névrosés
Et quelques bipèdes lobotomisés.

J'incendie le sanctuaire anxiolytique
Et détruit ma chimique prison psychique.
L'utopie libère mes pulsions
Qui vont en chantant vers la sédition.

Je vomie la logorrhée lénifiante,
Perfusion de phrases aliénantes
Qui hantent encore parfois mon esprit
Affecté par un psittacisme (3) que je subit.

Des Léviathan sortent des nouvelles Eglises
Quand j'élabore des occisions (4) jouissives
Contre les gardiens borgnes du Golgotha
Je suis leur desperado, un apostat.

Dans l'univers, de l'athymie (5) générale,
Du Capital Pierre Philosophale
Moi, je jette ma camisole bien au loin
Je suis l'ennemi public numéro un.

(1) fasticité : apparence artificielle
(2) fading mental : Immobilisation progressive du cours de la pensée
(3) psittacisme : Répétition mécanique de phrases, de formules par un sujet qui ne les
comprend pas
(4) Occision :Tuerie, massacre.
(5) Athymie :Absence ou perte de l'affectivité


Message édité le 14-07-2007 à 21:22:16 par ludo90290
CUERVO
   Posté le 14-09-2006 à 14:17:49   

J'ouvre un topic unique avec mes textes pour pas polluer le forum...
Xuan
   Posté le 14-09-2006 à 21:53:48   

ça ne pollue pas, mais pourquoi pas "poèmes" simplement, au cas où d'autres seraient tentés .
Xuan
   Posté le 14-09-2006 à 22:07:19   

si ça ne te dérange pas, je squatte ton espace poésie pour poser un truc qui date de quelques années:

LES CROCODILES


Poésie de l'usine
Chapiteau hérissé de scies égoïnes
Encerclé comme une île par la ville
Construite autour
Les crocodiles qui défilent au fil du Nil
Guettent leur casse-croûte au point du jour
Suintant le long des arbres
La sueur des machines enveloppe les marbres
Crache aux colonnades aériennes ses vapeurs
Danse et condense au creux des lyres sa moiteur
Et retombe en pluie de boue dans la chaleur
L'odeur des radiateurs
Les moteurs qui pompent et refoulent
La houle des fluides caloporteurs
Dans la forêt des tuyauteries
Perce le cri
Des klaxons hurleurs
Et l'éclat des gyrophares en couleur
Depuis la baie informatique
En pilotage automatique
Départ pour les ports parallèles
Mon coeur bave à la poupe et bat de l'aile
Galets de friction roulant sur plages de tolérance
Palais de fiction croulant sur pages d'espérance
Car jamais rien ne guérit
L'usure des yeus aux néons gris
Ni les vieux bras rabougris
Le travail usé sans mesure
L'usure de l'usure
Et devant les grévistes
Les capitaux hérissés de scies égoïstes
Les crocodiles et coetera

Xuan
   Posté le 14-09-2006 à 22:19:14   

c'est comme ça avec les squatteurs : t'en laisse rentrer un et hop, c'est le regroupement familial.
Celui-là aussi date des années 90.

La danse des vilains canards



Entrez dans la danse
Danse du ventr’ du vendeur d’ vent
Danse d’la descente de lit
Du marchand d’tapis
hop
Bal de la balance
Valse des atomes sans valence
On s’amuse, on rit, on danse

Entrez dans la danse
Le diable achète en gros l’ poids des mots
Méphisto tope le choc des photos méphitiques
Vendez-vous c’est chic
hip
Tricotez l’ rock sans froc, otez-le pour du fric
Fricotez c’est coté
Voyez comme on danse

Entrez dans la transe
On relance la finance
Absoulvez vos silences
Et pardonnez-vous vos offenses
Hip hop
On vous en saura créance
Le crédit mèn’ la danse
Suivez la cadence

On s’amuse , on chante, on crie
Pas d’assistance à la tapisserie
Danse du sabre en Afrique, ballet des plénipotentiaires
guerre
Les rats ne sont pas solidaires, et tenez pour bréviaire
Le pont aux ânes tamponné à nos fronts
On danse pour des ronds
Harassez qui vous pourrez


Et qu’importent les conséquences
ludo90290
   Posté le 14-09-2006 à 22:27:15   

Je suis d'accord, jais changer le titre pour que tous, puisse mettre le ou les poèmes qui leur tien à cœurs, voir avis des autres!
CUERVO
   Posté le 14-09-2006 à 22:52:22   

P'tain c'est pire que la FA ici bande d'anar va
Euh Ludo, les poèmes qui viennent du coeur etc, ça fait un peu trip catho du dimanche, alors j'ai changé par espace poèmes tout simplement hein....
ludo90290
   Posté le 14-09-2006 à 23:10:52   

CUERVO a écrit :

P'tain c'est pire que la FA ici bande d'anar va
Euh Ludo, les poèmes qui viennent du coeur etc, ça fait un peu trip catho du dimanche, alors j'ai changé par espace poèmes tout simplement hein....


Ok no problème, à toi de géré s'est ton idée, que je soutien à 100%, j'adore les poésies, de toutes forme qu'il soit!

Message édité le 14-09-2006 à 23:12:02 par ludo90290
gorki
   Posté le 16-09-2006 à 10:17:26   

L’AUGE
(À J.-B. Clément, membre de la Commune)


L’ordre bourgeois, c’est l’auge immense
Où des gros porcs sont engraissés.
Tous les fumiers de l’opulence
Sous leurs groins sont entassés.
Ils se gavent du populaire,
Ces déterreurs de capitaux.
Ce n’est pas avec de l’eau claire
Qu’on engraisse les aristos!

Ils ont tout pris: les champs, la ville,
L’Etat, la Banque et le Trésor,
Des faux savants la clique vile
Erige un culte au cochon d’or.
Un vin pressuré du salaire,
Les saoule au fond de leurs châteaux…
Ce n’est pas avec de l’eau claire
Qu’on engraisse les aristos!

Affamé, squelette qui navre,
Vois-les digérer, triomphants,
La chair qui manque à ton cadavre,
La cervelle de tes enfants!
Quand leur règne affreux se tolère,
Les peuples y laissent leurs os.
Ce n’est pas avec de l’eau claire
Qu’on engraisse les aristos!

Dans leur ordure ensoleillée,
Conchiant l’industrie et l’art,
La haute classe entripaillée
Fait des lois et se fait du lard.
Tout se faisande pour leur plaire,
Il leur faut larbins et châteaux.
Ce n’est pas avec de l’eau claire
Qu’on engraisse les aristos!


Abrutis par les folles sommes
Qu’ils volent aux crève-de-faim,
Ces pourceaux ne seront des hommes
Que quand ils gagneront leur pain.
Bientôt leur auge séculaire
Va s’effondrer sous nos marteaux.
Ce n’est pas avec de l’eau claire
Qu’on engraisse les aristos!

Eugène Pottier
CUERVO
   Posté le 16-09-2006 à 14:15:40   

LES GUEUX

Dans le creux ténébreux
Loin du radieux du capiteux
De lieux fleuris
Ici tout est tortueux, douloureux…

Dans la banlieue pas de Monsieur
Mais des malheureux nombreux
Coulant peu à peu….
Se foutant de l'Europe et de Dieu.

Ils font la queue devant d'hideux
Bâtiments disgracieux bleus….
Loin des déjeuner soyeux
Et des quartiers feutrés et harmonieux

Hors jeu du Milieu
Anxieux et désœuvrés
Sous des cieux pluvieux
Ils n'ont devant leurs yeux que des avenirs nuageux….

CUERVO
   Posté le 19-09-2006 à 12:11:29   

A L'ELYSEE

Attention Sarko Shérif,
On traverse le périf
On vient foutre le bordel
Dans Paris Citadelle… !

Novembre 2005, souviens-toi
Dans les quartiers c’était la guérilla,
C’était la fête des ghéttoisé, partout en France
Le pays a récolté la tempête, d’un monde en Souffrance….

Début 2006
Des cortèges, des manifs
A République, à St Michel
Une marée de Jeunesse Rebelle…

Les desperados, hors-la-loi
Avec en mémoire Che Guevara
Vont défiler sur les Champs Elysées
Alors rangez vos BMW…..

Arrêtons de piétiner à Nation
Allons à l’Elysée, à Matignon
Que dans les vitres de Babylone, reflètent
Des souvenirs de 1936 de 1917.

D’autres mai 68 sont à prévoir
Tant que l’on sera méprisés par le pouvoir,
Car le peuple à aussi ses philosophes
Encagoulés, avec cocktail molotov.


Message édité le 19-09-2006 à 12:26:44 par CUERVO
CUERVO
   Posté le 28-09-2006 à 12:37:46   

J'@@CULE


Je ne crois plus en ton monde
Qui me dévore, me tue
Et dans lequel, je succombe
Auprès de tant d'inconnus.


Je ne suis qu'une, victime
De plus, dans ce processus
Financier, qui supprime
Le moindre de nos rictus.


Tatoué d'un code barre
Noyé dans le mouvement
J'aime, glorifient ces stars
Que tu nous vends gentiment…

Zéro, dans ta mécanique
Je ne sers qu'a ton profit
Qu'à ton système qui nique
La moindre de nos envies.


Pour ta sphère financière
Aux coffres pleins d'actions
Et de violences boursières
Que vaut notre opinion ?

Oui, mais quand même, j'@@cule
Ta jet set, ton capital
Tes bourgeois à particule
Et ta culture fécale.


Et j'@@cule ton élite
Ta fausse démocratie
Ta société en faillite
Et ton grand monopoly ...

CUERVO
   Posté le 29-09-2006 à 19:57:03   

FAISONS PEUR AUX EXPLOITEURS

Marx et Engels disaient que le travail est une marchandise
Aujourd’hui celle-ci vaut de moins en moins, c’est certain
Le système capitaliste est un truc d’escrocs, quoiqu’on en dise
Puisque seul compte le profit, l’humain n’y est rien…

Ici pour des gains, on délocalise les boulots
Là-bas, dans les néo-colonies, on exploite c’est le marche ou crève
Ici si t’as déjà un job chez Mac Do, ou un CDD t’as tiré le gros lot
Entre intérim et précarité, dans les cités d’un CDI, on en rêve.

L’argent, l’argent il en faut de plus en plus pour la Bourse
Les actionnaires se remplissent les fouilles, et y’a combien de chômeurs.
Dans les quartiers il faut aussi de la maille pour les courses
Alors c’est le trafic, la combine ou l’on meurt….

Oh eh les gens réveillez-vous, flinguez vos canal sat, Tps,
Virez vos télés staracadémisées, et sarkozysés
Allez ouvrir le tiroir-caisse de ceux qu’on les richesses…
Levez vos culs ankylosés par des années de craques de politiciens rusés…

Aujourd’hui on nous dit « chut » quand on parle de lutte
Moi je scrute mon net sur ma fiche de paie
Et je dis « basta » je sais où vont les profits, et je veux plus qu’on discute
Faudrait peut-être arrêter de nous prendre pour des buses ou des simplets…

Alors demain comme dans les années soixante dix, ou en dix sept
On prendra le contrôle des boites
On réinventera l’autogestion ou des Soviet
Et on vira ceux qui aujourd’hui nous exploitent…

Ulas
   Posté le 01-10-2006 à 14:45:37   

Poème de Ferreiro Gullar, poète communiste brésilien...

(note de moi-même, vous vous poserez plus de question le matin en prenant votre petit dejeuner...)

Le sucre

Ce sucre blanc qui adoucira mon café
en ce matin d’Ipanema
n’a pas été produit par moi
Il n’a pas surgi dans le sucrier par miracle.

[...]

Ce sucre est venu
de l’épicerie du coin et ne l’a pas fait non plus Oliveira,
le propriétaire de l’épicerie.

Ce sucre est venu
d’une usine à sucre de Pernambouc
ou de l’État de Rio
et ce n’est pas non plus le propriétaire de l’usine qui l’a fait

Ce sucre était de la canne
Il est venu des vastes plantations
qui ne poussent pas par hasard
au creux de la vallée.

Dans des lieux lointains, où il n’y a pas d’hôpital
ni d’école,
des hommes qui ne savent pas lire et meurent
à vingt-sept ans
ont planté et cueilli la canne
qui allait devenir sucre.

Dans des usines sombres,
des hommes à la vie amère
et dure
ont produit ce sucre
blanc et pur
avec lequel j’adoucis mon café ce matin à Ipanema.
Ulas
   Posté le 01-10-2006 à 14:51:24   

Poème d'Abdellatif Laabi , poète engagé marocain

Anciennement fondateur d'un parti révolutionnaire

" quant à vous
poètes de ces temps de lucre
vendeurs de poésie
en petites tranches d'émotion
en petits sachets d'érotisme
mystiques à cœur de fausset
n'arrivant pas à la cheville d'Al Hallaj
grands démissionnaires de la lutte de nos peuples
vous
camouflant votre impuissance
derrière les théories ronflantes du Grand Art
complexés jusqu'à la moelle
par les reflets vacillants
d'une littérature qui se meurt
sur les rives de la Seine
ou de la Tamise
j'empaille vos écritures
dans le musée de mes anciennes illusions
et je tends la main
à mes frères combattants
ceux qui comme Maïakovski
et Nazim Hikmet
savent de quel tocsin les mots sont capables
quelle terrible vérité et quel amour véhicule le poème
quand c'est le peuple qui le dicte ".

Message édité le 01-10-2006 à 14:55:11 par Ulas
Ulas
   Posté le 01-10-2006 à 14:54:24   

Poèmes de Nazim Hikmet , poète communiste turc

Les poèmes sont traduits par moi-même, donc inédits en français lol.. Ce poème qui vient illustre tout l'espoir que les communistes avaient en la révolution allemande..

Dex voix s’élèvent !


Des voix s’élèvent à l’Ouest, des voix !
La prison où le soleil disparaît en son sein va-t-il s’éclairer ?
Attendons-nous ?
Devons-nous l’attendre ?
Nous !
A l’est, sommes 150 millions à l’attendre !
Nous
L’indien aux pieds nus qui portent la faim
Dans ses yeux noirs comme une flamme
Nous
Esclaves de l’empire de Chine
Dont les visages dorés aux yeux tel une cicatrice qui observent
Décapités sur les lieux de combats
Laissent d’énormes fleurs jaunes sanglantes
Nous
Paysans de Borneo, Sumatra, Cava….
Nous
Nous crions de l’endroit où le soleil se lève
Aux allemands aux chemises bleues et yeux bleus
Nous attendons le premier echos
De nos cris lancé il y a 5 ans,
Arrachant le hourrrrrra des usines de Krupp !
La main rouge du Komintern se pose au-dessus de l’Allemagne !
Les tanks des quartiers ouvriers trépignent pour s’élancer dehors !
Les rues de Berlin dressent l’oreille pour entendre les bruits des pas des Spartakus !
L’Europe éclatera par son nombril, le nombril de l’Europe éclatera !
Il éclatera, il eclate, éclate !
Dépechez-vous, allez !
Prononçons –a !
Que prononcent d’une seule voix 150 millions de lèvres :
Il éclata !
Dis-le Berlin !
Dis-le !
Les chemises bleus, bombes à la main, doivent-ils encore veiller sur la rue « Unter den Linden » ?
Karl Liebknecht retrouvera-t-il la vie au-dessus des drapeaux rouges ?
L’Europe dérive…
Le temps est orageux, la charpente est percée, le capitaine soûl,
Cours à la tête du gouvernail !
Des voix s’élèvent de l’Ouest, des voix !

1923, Nazim Hikmet


Saco et Venzetti


Les leçons d’une histoire


La bourgeoisie,
A assassiné deux d’entre nous
Ces deus morts sont des immortels qui ne sont pas morts !
La bourgeoisie,
Nous invite au combat
Nous acceptons leur invitation !
De la même manière que nous savons rire d’une même bouche
Nous saurons vivre et mourir,
Pour que nous tous soyons un
Pour que chacun soit tous !

1927, Nazim Hikmet

À propos du feutre, de la casquette, du pantalon et de la chemise

Si quelqu’un me dit
« porter
une chemise propre
est son ennemi »
Je le renvoie à l’image de mon considérable professeur
La veste du maître de mes maîtres Marx
est un gage
Peut-être ne mangeait-il qu’un jour sur quatre
Il flottait
mais sa barbe imposante,
blanche,
propre,
Au-dessus d’une chemise
empesée…
Qui a donné le jugement d’une peine de mort pour un pantalon repassé ?
Les bouvillons,
Doivent lire notre histoire :
Pendant que les balles passaient au-dessus de sa tête tel un peigne en fer
En 1848
Il s’habillait d’un pantalon repassé tel une bougie,
A l’authentique mode anglaise
-à l’anglaise-
A l’authentique étoffe anglaise,
Le plus grand des hommes Engels…
Vladimir Iliç Oulianov Lenine,
Lorsqu’il sortait du feu des barricades tel un géant,
Il avait un faux col
Et une cravate…
Quand à moi :
Moi, comme tout poète prolétaire,
La conscience marxiste-léniniste,
Je suis 30 kilos d’os, 7 litres de sang,
Jusqu’à deux kilomètres
De veines,
Du muscle, de la chair et de la peau ;
Ni la casquette au dessus de ma tête ne fait
de ce qu’il y a dedans un artiste,
Ni mon unique feutre n’a fait de moi
une fois dans le passé un ministre…
En dépit de cela,
Si je suis 6 jours par semaine en casquette
C’est pour mettre une fois par semaine
Mon unique feutre
propre
Lorsque je me promène avec mon aimée
Mais,
Pourquoi n’ai-je pas deux feutres ?
Qu’en penses-tu chef ?
Suis-je feinéant ?
Non !
Lier des feuillets
Rester planter debout
12 heures par jour
Pleurer sa mère,
C’est travailler jusqu’au bout !
Suis-je un obscur ignorant ?
Non !
Par exemple je ne peux pas être aussi ignard
Que monsieur « San-Sin »
Suis-je sot ?
Pas
Tellement…
Je suis peut-être un peu bohème…
Mais le véritable motif :
Je suis prolétaire
Mon frère,
Prolétaire !…
Je posséderais deux feutres si,
Comme
Tout
Prolétaire,
Je serais, nous serions, nous serons
Propriétaire des comptoirs de
Borsalino-Habik-Mosan-Manchester !
Immanquaaaaaaaablemennnnnnnnnnt !

1931, Nazım Hikmet


5ème année de la Révolution


1
2
3
4
5
Cinq cinq sur cinq drapeaux rouges
Six !
Sois prêt !
Nous entrons dans la sixième…
Ces cinq années n’ont pas été faciles.
De nombreuses fois les bouches laides de l’ennemi
Ont ricané face à nous.
La faim a raclé tel un piquet nos ventres
Nous venons tout juste de retirer
Nos bandages sanglants
Nous nous sommes trompés dans nos comptes de nombreuses fois
Mais
Chaque souffrance, chaque tourment,
De chaque erreur de calcul
Nous sommes devenus Edison en tactique :
Ca n’a pas suffit,
Nous avons créé.
Il y en avait trop,
Nous avons jeté…
Camarade
Nous entrons dans la sixième
En entrant dans la sixième n’oublie pas
Notre slogan d’aujourd’hui
Industrialisation
Nous avons créé à la fin de la cinquième
Le centre électrique
Camarade
Ma bouche s’exclame tel un telephone sans fil
Nous avons besoin de dix huit autres
Le jour ou finira la dix huitième
Ce sera encore une grande fête
Lorsque nous dirons « voilà » de nos dix huits sans fils
Dans nos dix huits centres
Nous inscrirons de lumière entre deux étoiles ce slogan :
Le socialisme, c’est l ‘électrification !

1922 Nazım Hikmet

Message édité le 01-10-2006 à 14:57:05 par Ulas
Jameul
   Posté le 01-10-2006 à 20:08:48   

Nazim Hikmet le poète préféré de mon défunt père... qui s'appelait Hikmat (ce qui signifie sagesse en arabe) il a failli m'appelé nazim LOL.... ma mère le lui en a dissuadé car ça faisait trop "nazi"
CUERVO
   Posté le 01-10-2006 à 20:40:18   

Je connaissais pas et je dois dire que j'aime beaucoup...
Jameul
   Posté le 01-10-2006 à 21:06:25   

il a été introduit notamment par Montesquieu en Europe mais pas seulement
Ulas
   Posté le 02-10-2006 à 01:15:32   

Qui a été introduit par Montesquieu ?
Je pense bien que ces poetes t'interesseront cuervo, étant donné que tu te lances sur leur chemin.. Bon travail en tout cas..
CUERVO
   Posté le 02-10-2006 à 13:51:51   

LE PRIX A PAYER

Proie de la productivité,
J'apprends à produire
Pour le profit privé
De Princes Prélats…

Précaire face à ces prédateurs
J'approuve prudemment
Leurs préceptes, leurs procédures,
Leurs propos…la pression.

Je ne prétends à aucun privilège
Juste de la provende et être propre..
Et me perdre dans la prose
De protecteurs de prolos…

Alors, pion provisoire dans le programme
De l'oppressif processus ;
Je me prépare à propager
La protestation à leurs principes…

Dans les entreprises je serais proscrit
Je serais projeté en prison.
Ou méprisé, mais c'est le prix à payer
Pour ne plus se prosterner et être opprimé.

CUERVO
   Posté le 02-10-2006 à 13:54:59   

Ulas a écrit :

Qui a été introduit par Montesquieu ?
Je pense bien que ces poetes t'interesseront cuervo, étant donné que tu te lances sur leur chemin.. Bon travail en tout cas..


Ca serait bien si tu pouvais faire un blog avec les traductions de ces poèmes....

Voir les chansons de Grup Yorum que j'adore aussi musicalement...Il y avait un site avec la traduction de leurs chansons qui a malheureusement disparu du cyberspace...Enfin c'est une idée à creuser...les artistes révolutionnaires turcs sont trés intéressants....
Ulas
   Posté le 02-10-2006 à 20:12:08   

C'est vrai qu'il faudrait penser à diffuser plus largement, mais bon j'en ai que quelques et n'ai plus trop le temps de traduire malheuresement. Mais j'ai toujours un projet en tete, traduire les poemes d'artistes révolutionnaires de Turquie comme Hasan Hüseyin Korkmazgil ou encore Ahmed Arif...

Ahmed Arif , poète kurde écrivant en turc


Anatolie

J’ai donné des berceaux a Noe
Des balançoires, des hamacs
Eve, ta mere n’est qu’un enfant d’hier
Je suis l’Anatolie,moi
Tu connais?
Dans le monde de la fraternité du travail
De l’unité
Dans le monde ou s’ouvrent les pétales des roses de l’atome
Dans les mondes des poetes, des savants
Je suis l’Anatolie

Ahmed Arif, traduit par Güzine Dino, Tahsin Saraç

Ne ruine pas

Ne te ruine pas comme ça,
d'un air triste, d'un air étrange...
Où que tu sois
à l'intérieur, dehors, en classe, en rang
crache à la figure du bourreau
et piétine le,
résiste avec un livre
résiste avec un travail
avec tes ongles, avec tes dents,
avec espoir, avec amour, avec tes rêves
ne me couvre pas de honte, résiste !

Je viens de le traduire tout juste

Message édité le 02-10-2006 à 20:25:51 par Ulas
CUERVO
   Posté le 03-10-2006 à 11:43:28   

MA FRANCE - Jean Ferrat

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
Ulas
   Posté le 03-10-2006 à 15:07:12   

Un poème que j'ai écrit...

Du Cap à Assam se fige l'éfigie d'Oncle Sam
Ses militaires et blindés sèment la terreur en somme
On s'arme pour faire face à ces normes
En d'autres termes
Ses intentions provoquent sang et larmes
La résistance germe
De Bagdad à La Paz se forment femmes et hommes
Aux ambitions fermes
Le Proche Orient sera un cimetière pour les gringos en herbe
Et ces alliés sionistes extrémistes ou sobres
Sors ton sabre ou tes munitions
Afin que ton chemin rejoigne celui d'Octobre
Leur massacre nous laisse de marbre
L'echec de l'Amérique est une fin dont les moyens
Se justifient pour être libre
armenak
   Posté le 03-10-2006 à 18:50:32   

Jameul a écrit :

il a été introduit notamment par Montesquieu en Europe mais pas seulement


Nazim introduit par Montesquieu?
Tu délires mon camarade Jameul!
Armenak
armenak
   Posté le 03-10-2006 à 18:52:15   

un conseil de lecture: Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé de Nazim Hikmet a été réédité par les éditions Aden en poche, c'est un livre essentiel accessible à tous les budgets.
Armenak
Jameul
   Posté le 03-10-2006 à 19:36:27   

armenak a écrit :


Nazim introduit par Montesquieu?
Tu délires mon camarade Jameul!
Armenak


ca serait complètement impossible historiquement en effet...

je voulais parlé de Sacco et venzetti et j'ai oulbié la point d'interrogation (je me rends compte que c'etait pas du tout du tout clair )

et en plus il s'agit d'une erreur de ma part j'avais entendu ma prof de francais (oulà je viens de me rendre compte que ca remonte dejà à 4 ans) me dire que Montesquieu avait introduit en France un poète italien que les communistes aimaient bien...

après un petite recherche internet je me suis rendu compte que ca aussi c'était impossible historiquement

donc je me suis complètement gouré
CUERVO
   Posté le 05-10-2006 à 23:18:57   

SDF

Saloperie de France,
Tu laisses les tiens dans l’indigence
Ces Sans-abri,
Comme on dit.

Dans cette société de fric
Y’a un schéma classique
Plus de boulot, plus de toit
Ca peut arriver à toi, comme à moi…

Du lundi au dimanche
Y’en a qui font la manche
Pour une clope, un euro
Ici ou dans le métro…

Pendant que d'autres sont au Champ'
Y'en a qui campent
Prés du périf,
Prés de l’A86.

Merci à L'Abbé Pierre
De s'occuper de cette misère.
Merci au Resto du Coeur
De réchauffer leur douleurs..

En attendant d'autres Hivers 54,
Y'en a qui squattent
A Dijon
Comme à Vierzon.

Alors il faut une bataille
Pour que tout le monde ai un bail
Droit au Logement
Tout de suite et maintenant....
CUERVO
   Posté le 09-10-2006 à 19:50:06   

HOMMAGE AUX BLACK PANTHERS

Tard le soir,
Dans le ghetto
On peut y voir,
Comme à Sacramento,
Les formes des leaders
Des Black Panthers.

Bobby Seale,
HP Newton :
Votre combat fut difficile
Il y eu des morts,
Comme Bobby Hutton
Mais votre lutte vit encore..

Après la mort de Malcom X
Vous avez repris le flambeau
Et créé en 1966
Un parti pour vos idéaux
Pour vos sœurs et frères
De misère.

De noirs vêtus,
Vous alliez patrouiller,
La nuit venue,
Pour faire face au policiers
Qui harcelaient, brutalisaient sans ménagement
Tout ce qui n’était pas blanc.

Dans les métropoles,
Vous distribuiez
Dans les écoles
De quoi manger.
Vous avez apporté des soins
Aux pauvres, aux crèves la faim…

Le FBI à vos trousses
Cherchant par tous les moyens
A détruire cette secousse
Qui fit trembler ce pays puritain
Ce pays du Ku Klux Klan
Ce pays qui a fait couler tant de sang…

Certains d’entre vous étaient communistes,
D’autres justes afro américains,
D’autres anarchistes.
Mais de vos mains
Vous avez redonné aux vôtres : honneur et courage
Et je voulais vous rendre ce petit hommage...
CUERVO
   Posté le 20-10-2006 à 15:27:07   

SUR LES EMEUTES DE NOVEMBRE 2005

Assis-toi bien devant ton écran
Ce soir je vais te raconter une histoire,
Qui s'est passée en France, y'a à peine un an
Dans ces cités dortoirs, provisoires, mouroir ;
Dans ces ghetto ou se mêlent dégoût, chômage
Désillusions, et ou on a la rage, quelque soit l'âge…

Commençons par le début ça se passe là à Clichy sous bois
27 octobre 2005, des gamins poursuivi par la Bac
Muttin Altun , Bouna Traoré et Zyed Benna
Des minots innocents, des potes beurs, turcs et black.
Deux resteront sur le carreau, électrocutés
C'est le début de la colère, pour les cités….

Les banlieues s'embrassent de Clichy à Montfermeil
Puis en Novembre c'est le pays entier qui flambe
Le pays qui s'éveil quand il a pu trouver le sommeil
Face à des gens que les médias appellent des bandes
Mais qui n'expriment que leur ras-le-bol
Et qui ne voyaient dans le feu qu'un porte-parole.

Une étincelle peut mettre le feu à toute la prairie
Disait un chinois du nom de Mao
Des jeunes, des moins jeunes, des assujettis au Rmi
Des chômeurs, des précaires, la France des marginaux
Marginalisés par le pouvoir qui les as exclus de la fête,
Ces gens ont fais la leur, chaotique et pas discrète…

On ne va pas faire le bilan de trois semaines
De désordre, d'émeutes, de troubles, de chahut,
Ca servirait à quoi ? Mais de façon certaine
Ca n'a pas changé grand-chose dans les ZUP, ZUS
Alors ressortons les zippo, mais faut traverser le périf
Et choisir le coeur de l'exploitation comme objectif.

Xuan
   Posté le 20-10-2006 à 22:22:04   

ça dépote Cuervo
Xuan
   Posté le 24-04-2011 à 15:14:04   

En souvenir de

En souvenir de ce putain d’escabeau en bois de quatorze marches que je me suis coltiné pendant deux ans.

En souvenir du chaudronnier Mauger, ex acrobate plus léger que sa masse, et mort avant la retraite.

En souvenir de l’ingé de sécurité qui refusait de délivrer le tryptique à Boubou.

En souvenir de la même qui avait balancé à la poubelle la cafetière d’El Handali et qui rasait les murs à cause des débrayages qui ont suivi.

En souvenir du vieux qui étamait les méplats de cuivre dans un réduit grand comme un placard à balais.

En souvenir du pont roulant qui s’est finalement arrêté à trois pas de l’échelle de dix mètres où j’étais juché.

En souvenir du mécano posté vaincu par le sommeil le nez dans son Babybel.

En souvenir de Kader qui baignait dans son raisiné à côté du chariot électrique derrière la chaudronnerie.

En souvenir de neuneuil l’infirmière qui continuait à raconter sa vie au téléphone pendant que je tournais comme un lion en cage avec mon doigt qui pissait le sang.

En souvenir du plâtrier intérimaire qui tirait des câbles électriques et se rattrapa aux poutrelles du faux plafond.

En souvenir du vieux soudeur qui pleurait en me rapportant les mots du chef de service « vous êtes au bout du rouleau ».

En souvenir de Soukouna qui dégraissait les pièces dans la cuve à trichlore et qui clignait tout le temps des yeux.

En souvenir du mandarin qui a défait le pansement « voyez-vous c’est un tendon coupé » puis a tourné les talons avec sa ribambelle d’étudiants sans m’avoir dit un mot.

En souvenir de Garabedian qui ponce l’intérieur du finisseur en été, sous la source au cobalt 60, sans dosimètre et sans ventilation.

En souvenir de Bouaffar qui a laissé son doigt dans un palan avant de partir à la retraite.

En souvenir de tous ceux qui ont bouffé de l’amiante comme mon oncle.

En souvenir des petits morceaux d'os du front de Poitou collés sur le chanfrein de la tôle qu’il s’apprêtait à souder.

En souvenir de Boussier blanc comme un linge bafouillant « on est tous responsables ».

Et pour tous les autres…


Edité le 25-04-2011 à 23:26:30 par Xuan