Sujet :

sur l'EIIL et l'intervention US

Xuan
   Posté le 25-08-2014 à 22:59:40   

L'intervention des, USA juste après le retour de bâton russe contre les sanctions US et leur validation par l'Europe, paraît surprenante.
Immédiatement les médias se sont déchaînés contre la violence terroriste de l' Etat Islamique en Irak et au Levant .
Tout a été dit sur les minorités religieuses pourchassées et l'oppression des kurdes, sur les massacres et les têtes coupées.
Bien évidemment les intérêts US étaient compromis, mais il semble que le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki ait fait les frais de l'opération, afin d'assurer que la présence des USA n'ait pas de concurrence.
Quelques avions interviennent, le ministre est remplacé.
Quinze jours après le début de l'intervention : plus un mot.


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Les « sauveurs » de l’Irak


par Manlio Dinucci
Replaçant l’actuelle opération jihadiste en Irak dans la longue période, le géographe Manlio Dinucci ne l’interprète pas comme un débordement de la guerre en Syrie, mais comme la troisième guerre états-unienne en Irak. Par conséquent, pour lui, c’est la guerre en Syrie qui est un débordement de la guerre en Irak.


Les premiers chasseurs bombardiers états-uniens, qui en Irak ont attaqué le 8 août des objectifs dans la zone contrôlée par l’Émirat islamique, ont décollé du porte-avions baptisé Georges H.W. Bush, en l’honneur du président républicain auteur en 1991 de la première guerre contre l’Irak. Continuée par son fils, George W. Bush, qui en 2003 attaqua et occupa le pays, en accusant Saddam Hussein (sur la base de « preuves » qui se sont ensuite révélés fausses) de posséder des armes de destruction de masse et de soutenir Al-Qaïda. Après avoir employé dans la guerre intérieure en Irak plus d’un million de soldats, plus des centaines de milliers d’alliés et de mercenaires, les États-Unis en sont sortis substantiellement vaincus, sans arriver à réaliser l’objectif de plein contrôle de ce pays, de première importance par sa position géostratégique au Proche-Orient et ses réserves pétrolifères.

C’est là qu’entre en scène le président démocrate (et Prix Nobel de la paix) Barack Obama, qui en août 2010 annonce le début du retrait des troupes US et alliées et la naissance en Irak d’une « aube nouvelle ». Aube rouge sang en réalité, qui signe le passage de la guerre ouverte à celle secrète, que les US étendent à la Syrie, frontalière avec l’Irak. Dans ce cadre se forme l’État Islamique en Irak et au Levant (ÉIIL) qui, tout en se déclarant ennemi juré des États-Unis est en fait fonctionnel à leur stratégie. Ce n’est pas un hasard si l’ÉIIL a construit le gros de ses forces justement en Syrie, où nombre de ses chefs et militants sont arrivés après avoir fait partie des formations islamistes libyennes qui, d’abord classées terroristes, ont été armées, entraînées et financées par les services secrets états-uniens pour renverser Mouamar el-Kadhafi. S’étant unis à des militants en majorité non-Syriens —provenant d’Afghanistan, de Bosnie, de Tchétchénie et d’autres pays— ils ont été approvisionnés en armes par un réseau organisé par la CIA, et infiltrés en Syrie surtout à travers la Turquie pour renverser le président Bachar el-Assad.

De là l’ÉIIL a commencé son avancée en Irak, en attaquant notamment les populations chrétiennes. Il a ainsi fourni à Washington, resté jusque là officiellement spectateur en exprimant tout au plus de « fortes préoccupations », la possibilité de commencer la troisième guerre d’Irak (même si Obama, évidemment, ne la définit pas comme telle). Comme il l’a déclaré en mai dernier, les États-Unis utilisent la force militaire dans deux scénarios : quand leurs citoyens ou intérêts sont menacés ; quand se produit une « crise humanitaire » de proportions telles qu’il est impossible de rester à regarder sans rien faire.

Après avoir provoqué en plus de vingt ans, par la guerre et l’embargo, la mort de millions de civils irakiens, les États-Unis se présentent maintenant aux yeux du monde comme les sauveurs du peuple irakien. Il s’agit —a précisé Barack Obama— d’ « un projet à long terme ». Pour la nouvelle offensive aérienne en Irak, le CentCom (dont l’ « aire de responsabilité » est le Proche-Orient) dispose déjà de 100 avions et 8 navires de guerre, mais il peut utiliser beaucoup d’autres forces, notamment les 10 000 soldats US stationnés au Koweït et 2 000 Marines embarqués.

Les États-Unis relancent ainsi leur stratégie pour le contrôle de l’Irak, y compris pour empêcher la Chine, qui a établi de forts liens avec Bagdad par l’intermédiaire du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, d’accroître sa présence économique dans le pays. Dans ce cadre, Washington a tout intérêt à la partition de fait du pays en trois États —kurde, sunnite et chiite— plus facilement contrôlables. Dans ce sillage, la ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini promet un « soutien y compris militaire au gouvernement kurde », mais pas au gouvernement central de Bagdad.

Manlio Dinucci
Traduction
Marie-Ange Patrizio
Source
Il Manifesto (Italie)

Sur Voltaire.net


Edité le 25-08-2014 à 23:10:36 par Xuan


Xuan
   Posté le 25-08-2014 à 23:22:42   

L'EIIL est actuellement le principal ennemi de l'unité nationale syrienne.
Un commentaire du Quotidien du Peuple
:

La lutte contre le terrorisme en Syrie et en Irak fait plus que jamais partie du même jeu d’échecs

( Source: le Quotidien du Peuple en ligne )
20.08.2014 10h00


Depuis quelque temps, la situation en Irak est extrêmement grave. Avec la conquête de plusieurs villes, et même du barrage de Mossoul par les groupes terroristes extrémistes dirigés par l’« Etat Islamique en Irak et au Levant », la capitale du pays, Bagdad, se trouve sous leur menace directe. Face à cette cette situation de crise, les Etats-Unis sont intervenus, et procédé à des frappes aériennes directes sur les extrémistes armés. Grâce à l’aide militaire américaine, les Kurdes irakiens ont lancé une attaque au sol contre les terroristes, permettant à la situation de commencer à s'améliorer. Et la toute récente nouvelle annonçant que les militants kurdes ont repris le contrôle de barrage de Mossoul montre bien que la menace des extrémistes islamistes armés n'est pas si épouvantable que cela.

Bien sûr, en plus des États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et d'autres pays sont également intervenus. La France a commencé à fournir des armes aux Kurdes, et la Grande-Bretagne a également l'intention de le faire. Et le fait le plus remarquable est évidemment la réunion du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies qui, le 15 juillet, a adopté une résolution dont le but est d’affaiblir les forces des groupes extrémistes islamiques en Irak et en Syrie, et de prendre des mesures pour couper leurs sources de financement et de combattants étrangers.

Mais après, que vont faire les pays occidentaux ? Bien évidemment, il faut continuer la lutte contre les groupes extrémistes islamiques retranchés dans le nord de l'Irak, leur reprendre le terrain qu’ils ont conquis, et même les rejeter complètement hors d'Irak. Mais y est-on déjà parvenu ?
Non, hélas.

N’oublions pas que l’« Etat Islamique en Irak et au Levant » possède un « petit frère » en Syrie, nommé « Front al-Nosra ». Si, du fait des coups reçus, l’« Etat Islamique en Irak et au Levant » ne peut plus rester en Irak, nul doute qu’il traversera la frontière irako-syrienne pour entrer dans ce dernier pays, et apporter son aide au Front al-Nosra pour continuer à répandre la terreur.

Après avoir reconstitué la vigueur de ses forces affaiblies, il reviendra en Irak pour reprendre ses crimes. De récentes rumeurs assurent que les chefs de « l'Etat islamique », en raison de la peur que leur inspirent les frappes aériennes américaines, ont fui vers la Syrie. Si cela était vrai, cela voudrait dire que ce groupe d'extrémistes a fait de la Syrie leur base arrière et leur place forte.
Donc, ce qu'il faut faire maintenant est très clair. Il faut intervenir sur les deux champs de bataille de l'Irak et de la Syrie, et frapper militairement tant l’« Etat Islamique en Irak et au Levant » que le « Front Al-Nosra », et leur couper tous leurs approvisionnements logistiques. Ce n’est que de cette manière que ces organisations terroristes n'auront nulle part où s'échapper, et qu’elles pourront être arrêtées.

C’est exactement ce nous avions souligné dans notre article, intitulé « L'Irak et la Syrie, deux pièces du même jeu d'échecs contre le terrorisme », publié il y a environ un mois. Puisque la lutte contre le terrorisme est une question de première importance, il est nécessaire d'unir toutes les forces, et même le gouvernement syrien et l'opposition syrienne modérée devraient y participer et recevoir un soutien puissant de la communauté internationale.

Il faut faire tous les efforts nécessaires pour détruire les forces terroristes, mais tout cela n’est qu’une affaire de temps. Il est inutile d’insister sur ce point. Mais aujourd’hui, dans les pays occidentaux, certaines personnes propagent l’idée que « l'intervention dans la crise et la fourniture d'armes aux Kurdes d'Irak risquent plus tard de créer des problèmes plus graves encore pour l’Occident », ce qui est totalement absurde. Bien au contraire, s’il n’y a pas d’intervention en temps opportun, cela ne fera que conduire à des problèmes sans fin pour éliminer les forces terroristes et finira par mettre en danger la sécurité même de l'Occident.

Le 17 août, le Premier ministre britannique David Cameron a souligné sans ambages que les groupes extrémistes qui sévissent actuellement en Irak constituent une menace directe et mortelle pour la sécurité en Grande-Bretagne, et qu’il est donc nécessaire de développer des stratégies à long terme pour y faire face. Voici ce que l’on peut considérer comme une vision à long terme. C’est en se fondant sur ce genre de considérations que la Grande-Bretagne et la France ont récemment pris la décision positive d’apporter leur soutien face aux troubles en Irak.

La politique américaine au Moyen-Orient a échoué. Jugée depuis un certain moment comme inapproprié, l’irréaliste « printemps arabe » est désormais entré dans son hiver. Les retombées extérieures de la crise en Syrie ont été révélées en pleine lumière.
L’Occident goûte aujourd’hui les fruits amers de ce qu’il a semé. C’est maintenant à ceux qui ont semé les troubles de les résoudre ; éradiquer l’effrayante et violente menace et maintenir la stabilité au Moyen-Orient est une tâche prioritaire devant laquelle les pays occidentaux ne peuvent ni ne doivent se défiler.

Par Ren Yaqiu
Xuan
   Posté le 31-08-2014 à 21:57:19   

Un article du site Investig'action :


État islamique en Irak et au Levant (EIIL) : prétexte pour un changement de régime en Irak soutenu par les États-Unis

Eric Draitser
25 août 2014


La destitution du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet américain concernant l’Irak ainsi que l’ensemble du Moyen-Orient.



Dans le contexte de la guerre contre l’État islamique (EI, anciennement EIIL), Washington est parvenu à faire d’une pierre deux coups, comme dit le dicton. En plus d’avoir révoqué un dirigeant politique qui s’est montré problématique en raison de son opposition à la présence militaire des États-Unis en Irak, ainsi que pour son fervent soutien à la Syrie et à son président Assad, les États-Unis ont également créé les conditions pour le démembrement de l’État irakien.

Les États-Unis ainsi que leurs alliés soutiennent en réalité « l’indépendance » de la région kurde au nord du pays en utilisant l’EI comme prétexte pratique pour armer et soutenir ouvertement les forces kurdes. Bien entendu, il ne faut pas chercher de l’altruisme dans les motivations de Washington. Cette stratégie a plutôt pour objectif d’apporter un soutien aux compagnies pétrolières occidentales qui sont obnubilées par l’argent et sont impatientes de pouvoir négocier directement avec le président kurde Barzani.

En outre, l’éviction de Maliki prive le président syrien Assad d’un allié capital, encourageant ainsi l’EI et les autres militants qui mènent la guerre contre la Syrie. Ceci prouve une fois encore, comme si de nouvelles preuves étaient nécessaires, que le futur politique s’annonce mal pour n’importe quel dirigeant irakien qui oserait déroger au plan que Washington a établi pour lui. Toutefois, il semble plus important de remarquer que ce revirement de situation permet aux États-Unis ainsi qu’à leurs alliés d’endosser le rôle de dirigeants politiques dans la guerre contre l’EI, une organisation créée par la politique américaine menant des opérations secrètes dans la région. Dans le secteur de la vente et du commerce, il existe le terme de « solution selling » qui signifie que c’est le vendeur qui soit crée soit exacerbe un problème. Ensuite, il présente son produit comme une solution inégalable. En effet, ce genre de stratégie commerciale est exactement celle de l’approche mise en place par Washington dans la région, particulièrement en Irak.

L’EI : une maladie

Ce n’est qu’il y a peu que l’EI est devenu une épidémie d’extrémisme islamiste militant internationalement reconnue qui doit être éradiquée à tout prix. Cette appellation internationale n’est apparue que lorsque l’organisation a commencé à prendre le contrôle du territoire irakien, menaçant les intérêts pétroliers et gaziers de l’Occident. Lorsque l’EI menait sa guerre brutale et violente contre le peuple et le gouvernement syriens, il n’était en réalité qu’un point secondaire, un simple groupe d’extrémistes luttant contre « le dictateur brutal » Assad. Il semble depuis lors que le danger représenté par l’EIIL et la nécessité de le supprimer soient directement liés aux intérêts des États-Unis. Autrement dit, l’EI est un outil utile en Syrie et au sud du Liban où il sème le chaos au détriment respectivement d’Assad et du Hezbollah alors qu’en Irak l’EI représente un danger. En effet, il menace le régime fantoche des États-Unis au Kurdistan ainsi que les intérêts pétroliers occidentaux. Mais évidemment, le détail constamment laissé de côté dans la plupart des analyses du problème de l’EI est en réalité qu’il s’agit d’une création du renseignement américain et de sa guerre secrète en Syrie.

Pas plus tard qu’en 2011, la CIA américaine était impliquée dans un vaste programme élaboré en vue de fournir secrètement des armes aux militants extrémistes en Syrie pour leur permettre de renverser le gouvernement du président Assad. Selon des rapports établis en 2012 par le New York Times et par d’autres organes de presse, la CIA travaillait avec les Frères musulmans et d’autres groupes le long de la frontière séparant la Turquie de la Syrie pour fournir des armes, des outils de communication et d’autres équipements militaires aux groupes terroristes en guerre avec Damas. Même si Washington martèle que seuls les « rebelles modérés » ont bénéficié d’un tel soutien, ce n’est un secret pour personne qu’une grande partie de ces équipements a fini par tomber dans les mains de l’EIIL de l’époque, qui avait déjà commencé en 2012 à s’imposer en tant que force gouvernementale dans la guerre en Syrie.
On devrait alors mieux comprendre pourquoi, lorsque l’EIIL a mené son attaque prétendûment « surprise » en juin sur la grande ville irakienne de Mossoul, ses membres étaient si bien armés et équipés : armée de pick-ups, armes antichars, lance-roquettes et un grand nombre d’autres équipements américains. Naturellement, dans les jours et semaines qui suivirent l’attaque, l’EIIL s’est armé davantage au moyen d’équipements militaires confisqués aux Irakiens, également fournis par les Américains. Par conséquent, il serait juste de dire que, consciemment ou pas, les États-Unis ont aidé à créer et à libérer l’EI que nous connaissons aujourd’hui. L’EI, qui n’est plus une simple organisation militante parmi tant d’autres, est devenue, grâce au soutien américain, la première force terroriste de la région, capable de recruter des armées nationales (Irak, Syrie) ainsi que d’autres groupes armés bien organisés tels que le Hezbollah. En réalité, l’EI est devenu l’homme de main de la politique étrangère américaine, une force mandatée qui promeut l’agenda américain sans qu’une force militaire américaine d’envergure soit nécessaire. Et pourtant, l’EI est présenté dans les médias grand public comme la plus grande menace du Moyen-Orient. Pourquoi ? Pourquoi n’était-il vraiment pas considéré comme une menace en Syrie, mais est-il devenu une grande menace en Irak ?

Irak, Maliki et intérêts occidentaux

Les États-Unis ont mené une guerre et une occupation brutales en Irak pendant près de dix ans dans le but de mettre en place un gouvernement fantoche qui se prêterait aux intérêts économiques et géopolitiques de l’Occident. Ce projet a échoué à bien des égards lorsque le Premier ministre Maliki s’est révélé être un chef de file nationaliste puissant, peu enclin à se soumettre aux ordres des occupants.

Washington désirait déployer de façon durable des troupes américaines dans le pays, mais Maliki a rejeté cette proposition, exigeant le retrait permanent de toutes les forces américaines d’ici à la fin de l’année 2011. Maliki a débarrassé l’Irak de l’organisation terroriste soutenue par les États-Unis, l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), qui a mené une campagne terroriste pendant des dizaines d’années à l’encontre de l’Iran, en faisant fermer le Camp Ashraf, le quartier général de l’organisation. En outre, Maliki a évincé deux personnages importants dans le système bancaire irakien, s’attirant ainsi la colère de Washington qui cherchait à maintenir sa mainmise sur les richesses irakiennes. Ces deux personnages étaient des associés proches du chouchou des néoconservateurs, Ahmed Chalabi, candidat défait aux élections présidentielles irakiennes. Néanmoins, il ne s’agissait bien évidemment pas des seuls « crimes » commis par Maliki aux yeux des États-Unis. Ce dernier s’est également insurgé contre les compagnies pétrolières occidentales qui cherchaient à tirer un profit considérable des vastes réserves d’énergie de l’Irak.

Le meilleur exemple connu est peut-être celui de 2012, lorsque ExxonMobil a signé un accord d’exploration pétrolière avec la région kurde semi-autonome située au nord de l’Irak. Maliki avait rejeté la validité de cet accord, faisant remarquer que tout contrat sur le pétrole devait être négocié avec le gouvernement central de Bagdad et non pas avec le gouvernement de Barzani, allié des États-Unis, à Arbil. Au moment des faits, le porte-parole de Maliki avait affirmé :

« Maliki voit en ces accords une initiative très dangereuse qui pourrait mener à l’éclatement de guerres… [et] mettre un terme à l’unité irakienne… Maliki est prêt à aller aussi loin qu’il le faut dans l’intérêt de la richesse nationale et de la transparence nécessaire pour l’investissement des richesses irakiennes et particulièrement du pétrole… [Il] a envoyé un message au président américain Barack [sic] Obama la semaine dernière, le pressant d’intervenir afin d’empêcher ExxonMobil d’emprunter cette voie. »

D’aucuns savent que la résistance obstinée de Maliki face à cet accord, en plus de son refus de payer à ExxonMobil plus de 50 millions de dollars pour améliorer la production d’un champ pétrolier majeur du sud du pays, a directement mené à la sortie de la compagnie pétrolière du projet lucratif West Qurna-1.

Concrètement, Maliki a affronté les éminentes compagnies pétrolières (BP et Maliki ne sont pas non plus en très bons termes), cherchant un meilleur accord pour l’Irak. On peut affirmer sans risque de se tromper que la corruption endémique en Irak aurait aidé Maliki et ses associés à s’enrichir en se gardant une part et/ou en recevant de l’argent des autres intérêts pétroliers. Toutefois, ce « crime » est secondaire à celui de la remise en question de l’hégémonie des compagnies pétrolières en Irak.

Désormais, on voit clairement la raison pour laquelle les États-Unis désiraient tellement protéger leur gouvernement fantoche kurde, lequel devrait en réalité être perçu comme un clan au pouvoir centré autour du président Barzani et de l’ancien président irakien Talabani ainsi que de leurs familles et amis. Déjà en 2011, les compagnies pétrolières occidentales avaient commencé à chercher à éviter Maliki et le gouvernement central de Bagdad en menant des négociations sur l’indépendance avec les Kurdes. Non seulement ils ne voulaient pas payer les taxes qui seraient utilisées pour remettre l’Irak sur pied après plus de dix ans de guerre, mais en plus ils ont essayé d’attiser les rivalités entre les autorités irakiennes et les autorités kurdes au moyen d’un stratagème cynique qui consistait à exploiter plus efficacement la corruption et la concurrence qui existent chez les deux peuples.

Bien sûr, il faut remarquer que les États-Unis, Israël ainsi que d’autres puissances occidentales ont longtemps maintenu des liens étroits avec Barzani et les Kurdes. Le fait que le Kurdistan représente une base avancée pour le déploiement de la puissance militaire américaine en Irak, et particulièrement contre l’Iran, pourrait être un argument valide. De plus, Israël a longtemps conservé des liens solides avec les autorités du Kurdistan en terme de soutien politique ainsi qu’en termes d’activités secrètes de renseignements ou d’espionnage. Le spécialiste israélien Ofra Bengio a récemment rapporté dans la publication pro-États-Unis, pro-Israël The Middle East Quarterly :

« À partir des années 1990, le Comité américain pour les Affaires publiques israéliennes (AIPAC) a maintenu des relations avec les autorités kurdes puisque “les militants juifs pro-Israël bénéficiaient du soutien des Kurdes, une petite nation luttant pour s’affirmer au sein d’une région arabe hostile en s’affichant comme allié naturel d’Israël. Selon Morris Amitay, directeur général de l’AIPAC de 1974 à 1980, “nos amis Israéliens ont toujours apprécié notre amitié avec les Kurdes”. Le fils d’Amitay, Mike Amitay, fut également directeur général du Washington Kurdish Institute (WKI) de 1996 à 2005. »

Les relations israéliennes ne sont évidemment pas strictement bienveillantes. En effet, dès 2003, les services de renseignements israéliens et les forces spéciales israéliennes ont été fortement assimilés à leurs homologues kurdes dès le début de la seconde guerre américaine en Irak (quoique cette observation soit vraisemblablement apparue des dizaines d’années auparavant). Le journaliste Seymour Hersh, détenteur du prix Pulitzer, a écrit en 2004 :

« Les Israéliens ont longtemps maintenu des liens historiques avec les clans de Talabani et de Barzani [au] Kurdistan. De nombreux Kurdes juifs ont émigré vers Israël et il y a donc toujours un certain nombre de liens. Toutefois, à un moment donné avant la fin de l’année, et je ne suis pas certain de la date exacte, mais je dirais certainement il y a plus de six, huit mois, Israël a commencé à collaborer avec des commandos kurdes entraînés (apparemment, l’idée venait des Israéliens), – certaines des unités de commandant d’élite, unités spécialisées dans la lutte contre la terreur ou unités terroristes israéliennes (cela dépend de votre point de vue) ont commencé à s’entraîner – poussant les Kurdes à se hâter.

Par conséquent, il doit être clair que la décision de Washington d’user de la force militaire contre l’EIIL est un stratagème cynique ayant pour but de protéger ses renseignements et ses intérêts économiques, et de créer un État kurde formellement indépendant qui s’intégrera à la sphère d’influence israélo-américaine dans la région. Afin d’accomplir ces objectifs stratégiques, il fallait avant tout se débarrasser de Maliki.

Dès lors, l’heure du changement de régime a de nouveau sonné pour l’Irak, cette fois de façon détournée. En armant l’EIIL en Syrie, les États-Unis ont libéré un monstre en Irak qu’ils utilisent désormais comme prétexte pour accomplir de fait leur objectif de longue date qui consiste à démembrer l’Irak. Étant donné que l’indépendance kurde prive l’Irak de ressources pétrolières vitales, il est peu probable qu’une coalition gouvernementale composée de sunnites et de chiites dirige efficacement le pays, peu importe les personnes à sa tête. C’est précisément le problème.

Malheureusement, pour répondre aux intérêts occidentaux, l’Irak doit aujourd’hui endurer une autre guerre civile ainsi qu’une période de tristesse et de désespoir. Il n’y aura pas de développement économique, pas de progrès politique, pas de paix. Exactement ce que désirait Washington.

Source : StopImperialism.com
Traduction : Investig’Action
Xuan
   Posté le 07-09-2014 à 18:25:16   

Le grand retournement saoudien

par Thierry Meyssan

http://www.voltairenet.org/article185123.html

Alors que depuis 35 ans, l’Arabie saoudite soutient tous les mouvements jihadistes jusqu’aux plus extrémistes, Riyad semble changer soudainement de politique. Menacée dans son existence même par une possible attaque de l’Émirat islamique, l’Arabie saoudite a donné le signal de la destruction de l’organisation. Mais contrairement aux apparences, l’ÉI reste soutenu par la Turquie et Israël qui recèlent le pétrole qu’il pille.




Sur cette photographie diffusée par l’Émirat islamique, on voit un de ses combattants armé d’un Famas français alors que Paris nie tout contact avec cette organisation. En réalité, la France a armé l’Armée syrienne libre avec instruction de reverser les deux-tiers de son matériel au Front Al-Nosra (c’est-à-dire à Al-Qaïda en Syrie), ainsi que l’atteste un document fourni par la Syrie au Conseil de sécurité de l’Onu. Par la suite plusieurs unités d’Al-Nosra se sont ralliées avec leurs armes à l’Émirat islamique. En outre, contrairement aux déclarations officielles, le commandant de l’Émirat islamique, l’actuel calife Ibrahim, cumulait ses fonctions avec celles de membre de l’état-major de l’Armée syrienne libre.

Préliminaire : l’ÉI est une création occidentale

L’unanimité du Conseil de sécurité contre l’Émirat islamique (ÉI) et le vote de la résolution 2170 ne sont qu’une attitude de façade. Ils ne sauraient faire oublier le soutien étatique dont l’ÉI a disposé et dispose encore.

Pour ne prendre que les événements récents en Irak, chacun a pu observer que ses combattants sont entrés dans le pays à bord de colonnes de Humvees flambants neufs, directement sortis des usines états-uniennes d’American Motors, et armés de matériels ukrainiens, également neufs. C’est avec cet équipement qu’ils ont saisi les armes états-uniennes de l’Armée irakienne. De même chacun s’est étonné de ce que l’ÉI disposait d’administrateurs civils capables de prendre en main instantanément la gestion des territoires conquis et de spécialistes en communication aptes à promouvoir son action sur Internet et à la télévision ; un personnel clairement formé à Fort Bragg.

Bien que la censure états-unienne en ait interdit toute recension, nous savons par l’agence britannique Reuters qu’une session secrète du Congrès a voté, en janvier 2014 le financement et l’armement de l’Armée syrienne libre, du Front islamique, du Front Al-Nosra et de l’Émirat islamique jusqu’au 30 septembre 2014 [1]. Quelques jours plus tard, Al-Arabiya se vantait que le prince Abdul Rahman était le véritable chef de l’Émirat islamique [2]. Puis, le 6 février, le secrétaire à la Sécurité de la Patrie US réunissait les principaux ministres de l’Intérieur européens en Pologne pour leur demander de maintenir les jihadistes européens au Levant en leur interdisant le retour dans leurs pays d’origine, de la sorte l’ÉI serait assez nombreux pour attaquer l’Irak [3]. Enfin, à la mi-février, un séminaire de deux jours a rassemblé au Conseil de sécurité nationale US les chefs des services secrets alliés impliqués en Syrie, certainement pour préparer l’offensive de l’ÉI en Irak [4].

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(Reportage d’août 2012 sur le fanatisme religieux de la prétendue « opposition démocratique »

Il est extrêmement choquant d’observer les médias internationaux dénoncer subitement les crimes des jihadistes alors que ceux-ci se déroulent sans interruption depuis trois ans. Il n’y a rien de nouveau dans les égorgements publics et les crucifixions : à titre d’exemple, l’Émirat islamique de Baba Amr, en février 2012, s’était doté d’un « tribunal religieux » qui condamna a mort par égorgement plus de 150 personnes sans soulever la moindre réaction occidentale ni des Nations unies [5]. En mai 2013, le commandant de la Brigade Al-Farouk de l’Armée syrienne libre (les fameux « modérés » diffusa une vidéo au cours de laquelle il découpait un soldat syrien et mangeait son cœur. À l’époque, les Occidentaux persistaient à présenter ces jihadistes comme des « opposants modérés », mais désespérés, se battant pour la « démocratie ». La BBC donnait même la parole au cannibale pour qu’il se justifie.

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Il ne fait aucun doute que la différence établie par Laurent Fabius entre jihadistes « modérés » (l’Armée syrienne libre et le Front Al-Nosra —c’est-à-dire Al-Qaïda— jusqu’au début 2013) et jihadistes « extrémistes » (le Front Al-Nosra à partir de 2013 et l’ÉI) est un pur artifice de communication. Le cas du calife Ibrahim est éclairant : en mai 2013, lors de la visite de John McCain à l’ASL, il était à la fois membre de l’état-major « modéré » et leader de la faction « extrémiste » [6]. Identiquement, une lettre du général Salim Idriss, chef d’état-major de l’ASL, datée du 17 janvier 2014, atteste que la France et la Turquie livraient des munitions pour un tiers à l’ASL et pour deux tiers à Al-Qaïda via l’ASL. Présenté par l’ambassadeur syrien au Conseil de sécurité, Bachar Jaafari, l’authenticité de ce document n’a pas été contestée par la délégation française [7].


John McCain et l’état-major de l’Armée syrienne libre. Au premier plan à gauche, Ibrahim al-Badri, avec lequel le sénateur est en train de discuter. Juste après, le brigadier général Salim Idriss (avec des lunettes).

Ceci étant posé, il est clair que l’attitude de certaines puissances de l’Otan et du CCG a changé au cours du mois d’août 2014 pour passer d’un soutien secret, massif et permanent, à une franche hostilité. Pourquoi ?

La doctrine Brzezinki du jihadisme

Il faut revenir ici 35 ans en arrière pour comprendre l’importance du virage que l’Arabie saoudite —et peut-être les États-Unis— sont en train d’accomplir. Depuis 1979, Washington, à l’instigation du conseiller de sécurité nationale Zbignew Brzezinski, a décidé de soutenir l’islam politique contre l’influence soviétique, renouant avec la politique adoptée en Égypte de soutien aux Frères musulmans contre Gamal Abdel Nasser.

Brzezinski décida de lancer une vaste « révolution islamique » depuis l’Afghanistan (alors gouvernée par le régime communiste de Muhammad Taraki) et l’Iran (où il organisa lui-même le retour de l’imam Rouhollah Khomeiny). Par la suite, cette révolution islamique devait se propager dans le monde arabe et emporter avec elle les mouvements nationalistes associés à l’URSS.

L’opération en Afghanistan fut une réussite inespérée : les jihadistes de la Ligue anti-communiste mondiale (WACL) [8], recrutés au sein des Frères musulmans et dirigés par le milliardaire anti-communiste Oussama Ben Laden, lancèrent une campagne terroriste qui conduisit le gouvernement à faire appel aux Soviétiques. L’Armée rouge entra en Afghanistan et s’y enlisa durant cinq ans, accélérant la chute de l’URSS.

L’opération en Iran fut au contraire un désastre : Brzezinski fut stupéfait de constater que Khomeiny n’était pas l’homme qu’on lui avait dit —un vieil ayatollah cherchant à récupérer ses propriétés foncières confisquées par le Shah—, mais un authentique anti-impérialiste. Considérant un peu tard que le mot « islamiste » n’avait pas du tout le même sens pour les uns et les autres, il décida de distinguer les bons sunnites (collaborateurs) des mauvais chiites (anti-impérialistes) et de confier la gestion des premiers à l’Arabie saoudite.

Enfin, considérant le renouveau de l’alliance entre Washington et les Séoud, le président Carter annonça, lors de son discours sur l’état de l’Union du 23 janvier 1980 que, désormais, l’accès au pétrole du Golfe était un objectif de sécurité nationale états-unienne.

Depuis cette période, les jihadistes ont été chargés de tous les mauvais coups contre les Soviétiques (puis les Russes) et contre les régimes arabes nationalistes ou récalcitrants. La période allant de l’accusation lancée contre les jihadistes d’avoir fomenté et réalisé les attentats du 11-Septembre jusqu’à l’annonce de la prétendue mort d’Oussama Ben Laden au Pakistan (2001-11) a compliqué les choses. Il s’agissait à la fois de nier toute relation avec les jihadistes et de les utiliser comme prétexte à des interventions. Les choses sont redevenues claires en 2011 avec la collaboration officielle entre les jihadistes et l’Otan en Libye et en Syrie.

Le virage saoudien d’août 2014

Durant 35 ans, l’Arabie saoudite a financé et armé tous les courants politiques musulmans dès lors (1) qu’ils étaient sunnites, (2) qu’ils affirmaient le modèle économique des États-Unis compatible avec l’islam et (3) que —dans le cas ou leur pays aurait signé un accord avec Israël— ils ne le remettaient pas en question.

Durant 35 ans, l’immense majorité des sunnites a fermé les yeux sur la collusion entre les jihadistes et l’impérialisme. Elle s’est déclarée solidaire de tout ce qu’ils ont fait et de tout ce qu’on leur a attribué. Enfin, elle a légitimé le wahhabisme comme une forme authentique de l’islam malgré les destructions de lieux saints en Arabie saoudite.

Observant avec surprise le « printemps arabe », à la préparation duquel elle n’avait pas été conviée, l’Arabie saoudite s’inquiéta du rôle accordé par Washington au Qatar et aux Frères musulmans. Riyad ne tarda pas à entrer en compétition avec Doha pour sponsoriser les jihadistes en Libye et surtout en Syrie.

Aussi le roi Abdallah sauva-t-il l’économie égyptienne lorsque le général Abdel Fattah al-Sissi devenu président d’Égypte lui transmis ainsi qu’aux Émirats la copie complète des dossiers de police des Frères musulmans. Toutefois, dans le cadre de la lutte contre la Confrérie, le général Al-Sissi découvrit et transmit en février 2014 le plan détaillé des Frères pour s’emparer du pouvoir à Riyad et à Abou Dhabi. En quelques jours les comploteurs furent arrêtés et avouèrent, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis menaçaient le Qatar, le parrain des Frères, de le détruire s’il ne lâchait pas immédiatement la confrérie.

Riyad n’a pas tardé à découvrir que l’Émirat islamique était lui aussi gangréné et s’apprêtait à l’attaquer après s’être emparé d’un tiers de l’Irak.

Le verrou idéologique patiemment construit durant 35 ans a été pulvérisé par les Émirats et l’Égypte. Le 11 août, le grand imam de l’université Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, condamnait sévèrement l’Émirat islamique et Al-Qaïda. Il était suivi le lendemain par le grand mufti d’Égypte, Shawki Allam [9].

Le 18 août et à nouveau le 22, Abou Dhabi a bombardé, avec l’assistance du Caire, des terroristes à Tripoli (Libye). Pour la première fois, deux États sunnites s’alliaient pour attaquer des extrémistes sunnites dans un troisième État sunnite. Leur cible n’était autre qu’une alliance incluant Abdelhakim Belhaj, ancien numéro 3 d’Al-Qaïda nommé gouverneur militaire de Tripoli par l’Otan [10]. Il semble que cette action ait été entreprise sans en informer préalablement Washington.

Le 19 août, le grand mufti d’Arabie saoudite, cheik Abdul-Aziz Al al-Sheikh, se décidait —enfin— à qualifier les jihadistes de l’Émirat islamique et d’Al-Qaïda « d’ennemis numéro 1 de l’islam » [11].

Les conséquences du retournement saoudien

Le retournement de l’Arabie saoudite aura été si rapide que les acteurs régionaux n’ont pas eu le temps de s’adapter et se trouvent donc avec des positions contradictoires selon les dossiers. D’une manière générale, les alliés de Washington condamnent l’Émirat islamique en Irak, mais pas encore en Syrie.

Plus surprenant, alors que le Conseil de sécurité a condamné l’Émirat islamique dans sa déclaration présidentielle du 28 juillet et dans sa résolution 2170 du 15 août, il est clair que l’organisation jihadiste dispose encore de soutiens étatiques : en violation des principes rappelés ou édictés par ces textes, le pétrole irakien pillé par l’ÉI transite par la Turquie. Il est chargé au port de Ceyhan sur des pétroliers qui font escale en Israël, puis repartent vers l’Europe. Pour le moment, le nom des sociétés commanditaires n’est pas établi, mais la responsabilité de la Turquie et d’Israël est évidente.

De son côté, le Qatar, qui continue à abriter nombre de personnalités des Frères musulmans, nie soutenir encore l’Émirat islamique.


Réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et… du Qatar à Jeddah, le 24 août 2014, pour faire face à l’Émirat islamique. La Jordanie était représentée à ce sommet.

Lors de conférences de presse coordonnées, les ministres russe et syrien des Affaires étrangères, Sergey Lavrov et Walid Mouallem, ont appelé à constituer une coalition internationale contre le terrorisme. Cependant les États-Unis, tout en préparant des opérations au sol sur le territoire syrien avec les Britanniques (la « Force d’intervention noire » [12]), ont refusé de s’allier à la République arabe syrienne et persistent à exiger la démission du président élu Bachar el-Assad.

Le clash qui vient de mettre fin à 35 ans de politique saoudienne se transforme en affrontement entre Ryad et Ankara. D’ores et déjà, le parti kurde turc et syrien, le PKK, qui est toujours considéré par Washington et Bruxelles comme une organisation terroriste, est soutenu par le Pentagone contre l’Émirat islamique. En effet, et contrairement aux présentations équivoques de la presse atlantiste, ce sont les combattants turcs et syriens du PKK et non pas les peshmergas irakiens du Gouvernement local du Kurdistan qui ont repoussé l’Émirat islamique ces derniers jours, avec l’aide de l’aviation états-unienne.

Conclusion provisoire

Il est difficile de savoir si la situation actuelle est une mise en scène ou une réalité. Les États-Unis ont-ils réellement l’intention de détruire l’Émirat islamique qu’ils ont formé et qui leur aurait échappé ou vont-ils simplement l’affaiblir et le conserver comme outil politique régional ? Ankara et Tel-Aviv soutiennent-ils l’ÉI pour le compte de Washington ou contre Washington, ou encore jouent-ils sur des dissensions internes aux États-Unis ? Les Séoud iront-ils, pour sauver la monarchie, jusqu’à s’allier avec l’Iran et la Syrie ou parviendront-ils à un accord avec Washington sur le sort de l’ÉI ?

Thierry Meyssan

[1] « Le Congrès US vote secrètement l’envoi d’armes en Syrie », Réseau Voltaire, 29 janvier 2014.

[2] « L’ÉIIL est commandé par le prince Abdul Rahman », Réseau Voltaire, 3 février 2014.

[3] « La Syrie devient « question de sécurité intérieure » aux USA et dans l’UE », Réseau Voltaire, 8 février 2014.

[4] « Washington coordonne la guerre secrète contre la Syrie », Réseau Voltaire, 21 février 2014.

[5] « The Burial Brigade of Homs : An Executioner for Syria’s Rebels Tells His Story », par Ulrike Putz, Der Spiegel, 29 mars 2012. Version française in « Les dernières manœuvres de Washington et de ses alliés européens, turcs et arabes », par Pierre Khalaf, New Orient News, Réseau Voltaire, 10 avril 2012.

[6] « John McCain, le chef d’orchestre du « printemps arabe », et le Calife », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 août 2014.

[7] « Résolution 2165 et débats (aide humanitaire en Syrie) », Réseau Voltaire, 14 juillet 2014.

[8] « La Ligue anti-communiste mondiale, une internationale du crime », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 mai 2004.

[9] « Le grand mufti d’Égypte condamne l’État islamique en Irak », Radio Vatican, 13 août.

[10] « Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011.

[11] « Déclaration du mufti du Royaume sur l’extrémisme », Agence de presse saoudienne, 19 août 2014.

[12] « SAS and US special forces forming hunter killer unit to ’smash Islamic State’ », par Aaron Sharp, The Sunday People (The Mirror), 23 août 2014.
Xuan
   Posté le 20-09-2014 à 14:28:52   

Tu peux nous donner des sources ?

L'Iran n'a pas été invité à la conférence de Paris à la demande des USA et le seul politicien bourgeois qui l'ait regretté c'est Bruno Lemaire à télématin :

http://www.france2.fr/emissions/telematin
9/09/2014 Bruno Lemaire sur 4 vérités :

« je regrette que l’Iran n’ait pas été invité à la conférence qui a eu lieu à Paris car nous avons besoin des iraniens pour régler cette crise.
Ils n’ont pas été invités, ils ne sont pas venus, et nous avons cédé à la pression américaine sur le sujet. C’est une erreur de s’aligner sur les américains dans notre positionnement vis-à-vis de l’Iran. J’aimerais qu’on demande des comptes au Qatar, à l’Arabie Saoudite sur les liens qu’ils peuvent entretenir avec ceux que nous voulons justement combattre…et que nous nous assurions qu’ils sont de notre côté contre l’islamisme".