Sujet : Deng Xiaoping et Tian'anmen | | Posté le 11-01-2025 à 23:35:08
| Ce texte date du 23 novembre 1989, peu après la chute du mur de Berlin le 9 novembre, et après l'échec d'une contre-révolution libérale à Pékin, le 4 juin. MAINTENIR LE SOCIALISME ET PREVENIR L'EVOLUTION PACIFIQUE* (23 novembre 1989) Ce n'est pas en quelques années que l’on pourra résoudre le problème de la libération et du développement de l’Afrique. Il faut dire que celle- ci compte pas mal d'ennemis : colonialistes, néo-colonialistes, hégémonistes et partisans de la politique du plus fort. A heure actuelle, les pays pauvres et faibles ont la vie dure, plus que par le passé. C’est pourquoi ils doivent se défendre avec encore plus d’acharnement. Nous nous félicitons des premiers résultats obtenus par les Etats-Unis et l’Union Soviétique au cours de leurs négociations Sur le désarmement. J'ai toujours souhaité que la guerre froide puisse prendre fin, mais mes espoirs ont été déçus. A peine a-t-elle connu une accalmie que la voilà qui revient à la charge ; elle est dirigée d'un côté contre le Sud, c’est-à-dire les pays du tiers monde, et de l’autre, contre les pays socialistes. Les Occidentaux sont en train de mener contre les pays socialistes une véritable troisième guerre mondiale sans avoir recours aux forces armées, c’est-à-dire au moyen de l'évolution pacifique. Les changements intervenus en Europe de l'Est ne nous étonnent absolument pas : cela devait arriver tôt ou tard. Ce qui a fait tomber ces pays, ce sont surtout les problèmes intérieurs. Les Occidentaux qui, décidément, ne supportent pas que la Chine continue de pratiquer le socialisme, espèrent que nous suivrons le même chemin. Les troubles qui ont eu lieu cette année en Chine devaient eux aussi se produire tôt ou tard ; dans ces événements aussi, les facteurs intérieurs ont joué un rôle non négligeable. Comme vous le savez, nos deux anciens secrétaires généraux ont achoppé sur le problème du libéralisme bourgeois. Si la Chine laisse se développer cette tendance, des troubles éclateront immanquablement et ce sera la paralysie complète du pays. Les orientations, les mesures politiques et la ligne que nous avons fixées, notre stratégie de développement en trois étapes, tout cela tombera à l’eau. C’est, Cest pourquoi nous avons réagi avec nue telle fermeté cette année. A l’avenir, si une telle situation se reproduit, nous n’hésiterons pas à utiliser les grands moyens pour Sauvegarder la stabilité du pays. Les pays occidentaux nous accusent d'avoir violé les droits de l’homme ? En fait, ils sont les premiers à les violer. Combien de Chinois n’ont-ils pas été tués ou blessés durant la guerre civile menée par Jiang Jieshi avec l’aide des Etats Unis ? Combien de volontaires chinois n’ont-ils pas trouvé la mort ou n’ont-ils pas été mutilés en Corée où les Etats Unis soutenaient le régime du Sud ? Sans parler des pertes énormes que nous avons subies pendant plus d’un siècle à la suite des multiples agressions sous les coups du colonialisme et de l’impérialisme (dont l'un des chefs de file est les Etats-Unis). Et ce sont ces gens-là qui voudraient nous donner des leçons en matière de droits de l’homme ! Autrefois, quand on parlait d’hégémonie, on pensait immédiatement aux Etats-Unis et à l’Union soviétique. Aujourd'hui, le Groupe des Sept Pratque lui-aussi l’hégémonisme et la politique du plus fort.. Apres le retour au calme en Chine, le groupe des Sept, dans sa declaration, a décidé de nous imposer des sanctions. Ils ne manquent décidément pas de culot ! Et en vertu de quel droit, je vous le demande ? Je le dis carrément : à nos yeux, la souveraineté nationale passe bien avant les droits de l’homme. Combien de fois n’a-t-on pas violé les droits des pays pauvres et faibles du tiers monde ? Tout ce blabla sur les droits de l’homme, la lilberté ct la démocratie n’est qu'un prétexte dont se servent les pays riches et puissants pour imposer leur volonté. C’est l’arme des hégémonistes et des partisans de la politique du plus fort. Tous ces grands mots nous laissent froids et, si je ne me trompe, vous non plus, vous n'en faites pas grand cas. En fait, nous n'avons jamais été à la merci de quiconque, même à l’époque où nous étions faibles. Quand nous avons levé l’étendard de la révolution aux monts Jiggang, nous n’étions que quelques milliers d'hommes. Mais une fois lancés, plus rien ne nous arrête : nous nous sommes battus pendant vingt-deux ans et nous avons fini par vaincre l’impérialisme et ses agents. Le peuple chinois a relevé la tête, Après la fondation de la République populaire de Chine, nous n’avons pas eu la vie facile : La guerre civile venait d’être terminée, le pays était et ruines. Par-dessus le marché, nous avons dû aider le peuple coréen à repousser l’agression américaine. En fait, il s’agissait d’une guerre déguisée contre nous et les Yankees. Comparée à cette puissance colossale, la Chine semblait un nain, surtout sur le plan de l’armement, et pourtant, c’est la justice qui a fini par l’emporter, et les Américains ont été forcés de s’asseoir avec nous à la table des négociations à Panmunjom. La Chine restera fidèle au socialisme. Sur ce point, nous ne céderons pas. Le XIIIe Congres a établi la stratégie dite "urn centre, deux points essentiels". Cette idée a été avancée il y a dix ans, mais c'est le XIIIe Congrès qui a eu le mérite de l’exprimer d’une manière aussi ramassée. Nous devons poursuivre cette politique jusqu’au bout avec une détermination inébranlable. Aucune menace ne nous fera reculer. Notre Parti n’est-il pas né sous les menaces ? N’a-t-il pas grandi en butte aux menaces ? La République populaire de Chine a été fondée au prix de 28 ans de lutte ! Dans l'ensemble, notre situation est cependant bien meilleure qu’autrefois. Croyez-moi, tant que la Chine socialiste restera debout, le socialisme aura de l'avenir sur cette planète. 1 - Extrait d’un entretien du camarade Deng Xiaoping avec Julius Kambarage Nyerere, président de la Commission du Sud et président du Parti Révolutionnaire tanzanien. |
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