Sujet :

Défendre la mémoire de ma grand-tante

Luma
   Posté le 28-01-2016 à 11:39:23   

J’aimerais rendre juste à ma grande-tante, Danielle Soubeyran, qui fut une résistante « de base » dans le Limousin. Son mari fut arrêté et torturé à mort par les miliciens. C’est la fille de ce milicien, une petite fanatique de 12 ans, qui l’aurait dénoncé.
La justice punit le père mais elle laissa tranquille la fille, tout aussi coupable. A la rentrée scolaire, ma grand-tante, enseignante, eut l’opportunité de faire justice elle-même, d’autant plus que la petite délatrice continuait à saper les fondements républicains (logique : nazie, noble, fanatique catholique). Ma grand-tante lui fit avouer sa délation et la punit. S’en suivi quelques mois plus tard une grande campagne contre elle, venue en plus des révisionnistes socialistes locaux. Ma grande-tante fut salie dans son honneur. On l’accusa de vol ! (en fait juste redistribution des biens), on l’accusa de torture ! (en fait punition sévère de la petite délatrice nazie, qui ne fut même pas blessée) et on l’accusa même de perversion ! (en fait, de simples humiliations compréhensibles). Elle fut mise à l’écart, rayée de la mémoire collective et, en 1956, tout simplement exclue du parti.
J’aimerais écrire la vérité sur les faits, plus exactement en donner la bonne interprétation. J’aurais besoin de quelques conseils de vrais communistes pour m'aider à expliquer le pourquoi de la nécessité de cette action révolutionnaire.
Salutations révolutionnaires

Lucie
marquetalia
   Posté le 01-02-2016 à 09:57:51   

il faut rendre hommage aux victimes du fascisme,la génération qui en a souffert n est plus là,et l amalgame communisme/nazisme ainsi que la fascisation en europe de l est-où les nationalistes sont au pouvoir-ainsi que l interdiction des partis communistes forment un embryon du retour à l ordre nouveau-en Allemagne,les dirigeants de Alternative fur Deutschland propose de tirer sur les réfugiés,et en France,la Taverne de Thor à proximité de Verdun est le lieu de réunion de tous les nazebrocks de l est de la France,du Benelux et de l ouest de l Allemagne.
marquetalia
   Posté le 01-02-2016 à 10:02:01   

le climat de terreur imputé aux groupes terroristes dans l Hexagone sert les politiques les plus réactionnaires,comme la déchéance de la nationalité francaise aux djihadistes-qui bientôt s étendra à tous ceux qui dénoncent la politique israélienne?-en tous les cas,du gia en 1995 a 2015-2016 avec Daech,le terrorisme islamiste sert les intérêts de la politique xénophobe qui s inspire ...du Front National!
Luma
   Posté le 02-02-2016 à 10:38:38   

Je suis entièrement d'accord avec toi, mais comment pour ma grand-taznte présenter les faits ?
marquetalia
   Posté le 03-02-2016 à 00:56:35   

les communistes ont joué un role primordial parmi les Francs Tireurs Partisans, Union Soviétique a payé un lourd tribut lors de la Seconde Guerre Mondiale,et que la Croatie et l Ukraine sont des avatars du nazisme.
Xuan
   Posté le 05-02-2016 à 09:35:04   

Bonjour Luma,

tu peux très bien raconter cette histoire en détail ici, tout simplement.
Quand ces faits se sont-ils déroulés ? L'année 1956, en pleine guerre d'Algérie et sous la présidence du socialiste Guy Mollet, a été porteuse de nombreux événements tant internationaux que nationaux.
Qu'entends-tu par "révisionnistes socialistes" ?
Ici nous désignons par révisionnistes (modernes) les dirigeants du PCF, tandis que le parti socialiste avait révisé le marxisme depuis fort longtemps en signant sa trahison par le vote des crédits de la sale guerre de 14.

Danielle fut-elle exclue du PCF ? du Parti socialiste ? Naturellement elle ne pouvait pas compter sur la justice bourgeoise pour punir celle qui avait dénoncé son mari. Beaucoup de Kollabos sont passés à travers les mailles du filet et les politiciens bourgeois ont très souvent tenté de les réhabiliter ou de noircir la résistance en présentant la punition des traîtres comme des vengeances personnelles.
Ce n'est donc pas une histoire isolée mais un fait significatif, au même titre que le film Lacombe Lucien (Louis Malle - 1974) avait pour objectif de réhabiliter la collaboration à travers cet anti-héros.

La raison fondamentale pour laquelle la bourgeoisie rejette la justice exercée par les résistants c'est qu'elle entre en concurrence avec la justice bourgeoise elle-même. Dans les circonstances spécifiques de la guerre et de l'alliance nationale contre l'occupant la bourgeoisie était contrainte de tolérer la justice des résistants. Mais dès que la guerre a pris fin la lutte des classes a repris le dessus et la justice de la résistance devenait aussitôt une justice de classe de nature révolutionnaire, au même titre que la détention d'armes devenait une menace pour l'ordre bourgeois, pour l'Etat bourgeois, pour sa police et son armée.
L'une comme l'autre ont donc été rapidement interdites.
Tu pourrais apporter quelques indications sur cette période ainsi que sur la résistance dans ta région, si tu t'es documentée.


Edité le 05-02-2016 à 10:21:39 par Xuan


Luma
   Posté le 05-02-2016 à 11:12:05   

Les faits se sont déroulés en 1944 en ce qui concerne la punition de la petite délatrice. Danielle a été membre du PCF jusqu'en 1956, date à laquelle elle a été exclue officiellement pour "stalinisme". Mais elle avait été mise à l'écart dès 1947 et mutée à l'autre bout de la France suite à la campagne des socialistes contre elle, reprenant l'histoire de la "punition" et l'accusant comme je l'ai dis de vol, de torture et de perversion pour les faits d'août 1944. Le PCF ne l'a pas soutenu autant qu'il aurait du, à tel point qu'elle avait même songé à partir en URSS.
marquetalia
   Posté le 05-02-2016 à 11:32:43   

tes informations prouvent que le Pcf,devenu révisionniste,a expulsé les continuateurs de la pensée Staline,n est plus depuis longtemps le parti de la classe ouvrière.
Xuan
   Posté le 05-02-2016 à 19:46:55   

Je t'invite à raconter ce que tu sais de cette histoire depuis le début, les faits parlent d'eux-mêmes et sont pleins d'enseignements.

Nous pensons que l'histoire d'un parti communiste est celle d'une lutte entre deux voies qui s'affrontent en permanence de sa naissance jusqu'à sa mort (comme parti communiste), et qui sont le reflet de la lutte des classes à l'échelle nationale mais aussi internationale.

De notre point de vue le révisionnisme moderne n'a submergé le PCF qu'à partir du rapport "secret" de Khrouchtchev, lorsque ce dernier condamna Staline lors du 20e congrès du PCUS en février 1956.

Jusque là des manifestations opportunistes s'étaient manifestées à plusieurs reprises à la direction du PCF, comme une proposition de fusion à la SFIO le 12 juin 1945, l’appel « retroussons nos manches » de Waziers le 21 juillet, l’interview au Times de Maurice Thorez le 18 novembre 46, croyant accéder au Conseil de la République.
Jacques Jurquet a aussi témoigné dans "la révolution nationale algérienne et le parti communiste français" de graves dérives opportunistes et chauvines sur la question coloniale.

Le 22 septembre 1947, sous l’autorité de Jdanov, la conférence de Szklarska Poreba fit une vive critique de ces diverses dérives.

Mais le 12 mars 1956 le PCF vota "avec des réserves" les pouvoirs spéciaux en Algérie. Cinq jours plus tard, les lois 56-268 et 56-269 sur l'exécution sans instruction préalable des membres du FLN pris les armes à la main, furent promulguées au JO.

François Mitterrand alors ministre de la Justice écrit : « En Algérie, les autorités compétentes pourront [...] ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens [...] si ces infractions sont susceptibles d'entraîner la peine capitale lorsqu'elles auront été commises. »
C’est ainsi que fut guillotiné le communiste Fernand Iveton le 11 février1957 avec plusieurs résistants algériens.
L’Humanité continua de publier des articles d’Henri Alleg, entré en clandestinité, qui fut arrêté et torturé le 12 juin 1957 avec son ami Maurice Audin, lequel mourut sous les coups des sbires de Massu.

Comme on peut le voir à travers ces faits la ligne révisionniste ne l’emporte pas d’un seul coup tandis que la ligne révolutionnaire continue de se manifester, notamment dans les sacrifices d’authentiques communistes.

Toujours en 1956, le PCF envoya le 26 juin une délégation à Moscou, sollicitant des explications sur "la question de Staline" .

J’abrège ici ces rappels historiques que tu connais probablement afin de présenter le contexte de l’histoire dont tu parles. L'année 1956 constituait bien une charnière. J'y reviendrai bien volontiers si tu demandes des précisions.
Maintenant, c’est à toi de prendre la parole.


Edité le 05-02-2016 à 19:48:04 par Xuan


Xuan
   Posté le 18-03-2016 à 14:39:18   

1944 - L'été sanglant du Limousin


En matière d'introduction et pour planter le décor, l'oppression nazie, les crimes des miliciens, la résistance antifasciste dans ces conditions très difficiles et la figure historique du "grand" : ce document passionnant de l'INA comprenant de nombreux témoignages :



Edité le 18-03-2016 à 14:41:08 par Xuan


Xuan
   Posté le 18-03-2016 à 20:23:20   

Salut Luma,

le Limousin a été un haut lieu de la Résistance, c'est là que les premiers faits de résistance à l'occupant nazi ont eu lieu.

Mais remontons un peu en arrière, tu pourrais présenter les protagonistes avant le début de la guerre, qu'ils nous soient familiers.
L'endroit où ils vivaient, la vie des gens et leur travail. Était-ce en Corrèze, en Haute Vienne, dans la Creuse ?

Comment Danielle a-t-elle rencontré son mari, comment s'appelait-il ?
Quel était son métier, instituteur lui aussi ?
Comment ont-ils adhéré au Parti Communiste ?
Et d'ailleurs quels étaient les partis présents dans cette région ?
C'était encore l'époque des "hussards noirs de la République", j'imagine que l'école laïque avait maille à partir avec l'obscurantisme religieux, peux-tu nous en parler ?

J'aimerais en savoir davantage sur ces nobliaux qui ont collaboré, ils possédaient des terres, une usine ? Comment se comportaient-ils avant la guerre ?


Edité le 18-03-2016 à 20:40:48 par Xuan


Luma
   Posté le 19-03-2016 à 00:13:18   

L'endroit où ils vivaient, la vie des gens et leur travail. Était-ce en Corrèze, en Haute Vienne, dans la Creuse ?

- Il s’agissait d’un petit village rural de la Creuse, très proche de la Haute-Vienne. La quasi-totalité des gens étaient agriculteurs, il y avait aussi quelques artisans et quelques commerces.

Comment Danielle a-t-elle rencontré son mari, comment s'appelait-il ?
- Son mari s’appelait Roger, il était originaire de la Région Parisienne. Ils s’étaient rencontrés lors d’un meeting de Maurice Thorez lors de la campagne des législatives de 1936

Quel était son métier, instituteur lui aussi ?
- Oui
Comment ont-ils adhéré au Parti Communiste ?
- Les deux avaient des parents membres du PCF dès 1920. Ils ont adhéré naturellement, Danielle a pris sa carte à sa majorité, en 1934, juste après la répression du 9 février.
Et d'ailleurs quels étaient les partis présents dans cette région ?
- Pas mal de communistes dans le village, SFIO assez présente, quelques monarchistes de l’AF (dont le nobliau) mais aussi chez certains métayers. Emergence à partir des années 30 de partisans de Dorgelès, tous petits paysans anciens combattants.
C'était encore l'époque des "hussards noirs de la République", j'imagine que l'école laïque avait maille à partir avec l'obscurantisme religieux, peux-tu nous en parler ?
- En fait, la religion était déjà en net recul. Les nobliaux étaient des dévots (surtout la petite) mais avaient leur chapelle à eux. Danielle estimait à 20 % la part de pratiquants réguliers. Il n’y avait pas d’école privée, la fille des nobliaux allant à l’école chez les sœurs, à la ville (Limoges il me semble).
J'aimerais en savoir davantage sur ces nobliaux qui ont collaboré, ils possédaient des terres, une usine ? Comment se comportaient-ils avant la guerre ?
- Ils étaient propriétaires terriens, avec des métayers et ouvriers agricoles à leur dévotion. Ils refusaient d’employer des communistes. Le nobliau avait fait 14-18 et avait des responsabilités honoraires dans la Milice. Il idolâtrait Pétain. Lui et sa femme estimaient que le paternalisme empêchaient le communisme. Ils achetaient ainsi les consciences, et la femme profitait pour faire du prosélytisme religieux. Ils étaient trois : le père (50 ans), la mère (38 ans) et la fille (12 ans). Ils n’habitaient pas un château, mais ce que le village appelait « le manoir », en fait, une grosse maison.
Xuan
   Posté le 19-03-2016 à 08:43:14   



Ce village doit se trouver près du lac de Vassivières, formant un triangle avec Oradour et Tulle.
Il y a tout près le camp de la Courtine.
Pendant la première guerre des soldats russes y avaient été écartés des combats à cause de de la révolution russe et des mutineries dans l'armée française. Ces soldats s'étaient révoltés contre leurs officiers et avaient instauré une sorte de soviet pendant quatre mois.
La répression fut sévère du 16 au 18 septembre 1917 et certains furent déportés en Afrique du nord.

La Courtine a servi de camp pour l'armée allemande de 1942 à 1944.

La résistance a commencé très tôt dans le Limousin.
Guingouin, instituteur lui aussi et fils d'institutrice, fut révoqué en 1940 parce qu'il était communiste, et prit le maquis à Vicq-sur-Breuilh au sud de Limoges.



Les paysans qui l'avaient hébergé ayant été dénoncés, il se cache en avril 1941 aux "Grand-Bois" de SOUDAINE-LAVINADIERE

Première planque souterraine construite par Georges GUINGOUIN, Georges CUEILLE et
son père, au Grand-Bois, commune de Soudaine-la-Vinadière
en Corrèze


Sa première action militaire date du 1er octobre 1941. Puis avec l'accord des populations il détruit les presses à fourrage en décembre 42, et les batteuses pour éviter les réquisitions.
Le " Préfet du Maquis" fixait le prix des produits agricoles. L'obligation faite aux meuniers de revenir à un taux de blutage normal permet aux paysans de son secteur d'avoir du pain blanc alors que dans toute la France on mange un pain infect.

Danielle et Roger se trouvaient à quelques dizaines de kilomètres, comment ont-ils participé à la résistance?

Quelle était l'attitude des villageois et des différents partis ?

Et quel fut le comportement des nobles pétainistes ?


Edité le 19-03-2016 à 09:26:56 par Xuan


Luma
   Posté le 19-03-2016 à 09:05:58   

Oui, le lac de Vassivières a été mentionné par Danielle, ainsi que le plateau de Milevaches
Luma
   Posté le 19-03-2016 à 10:58:52   

Danielle et Roger se trouvaient à quelques dizaines de kilomètres, comment ont-ils participé à la résistance?

Roger a aidé en transportant ou cachant des armes, distribuant des journaux clandestins et aidant aux actions de propagande avec sa femme. Danielle était une boîte à lettres, et profitait de son rôle d’institutrice pour savoir l’état d’esprit de la population, repérer les traîtres, encourager les hésitants et guider vers le maquis ceux qui voulaient lutter.

Quelle était l'attitude des villageois et des différents partis ?
Beaucoup de villageois aidaient le maquis, les autres étaient attentistes, mais avaient soutenu. Il y eu deux ou trois engagements dans la Milice (des proches du nobliau) mais ils n’ont jamais remis les pieds au village après 1944.

Et quel fut le comportement des nobles pétainistes ?

Ils soutenaient Pétain, finançaient la Milice, recevaient des officiers nazis et devaient probablement dénoncer. La petite correspondait avec une fille d’officier nazie. Leurs faits et gestes étaient connus du maquis, mais la petite avait été sous-estimée.
Xuan
   Posté le 19-03-2016 à 12:24:43   

La grande bourgeoisie avait pour une bonne part, et à l'exception de la fraction gaulliste, choisi son camp : "plutôt Hitler que le Front populaire"

Annie Lacroix-Riz a beaucoup écrit sur le sujet : 'Le choix de la défaite', où elle décrit - archives à l'appui - la position pro nazie des élites françaises dès les années 30.

Plusieurs conférences en vidéo :
Le choix de la défaite :
De Munich à Vichy (conférence à Lille -octobre 2008- )
Le choix de la défaite - 28 septembre 2006

J'imagine que la collaboration ajoutée aux rapports de classe quasi féodaux devaient rendre les relations avec la population particulièrement hostiles dans ce petit village, quoiqu'ils ne devaient pas y habiter.
Ces hobereaux avaient une chapelle privée dis-tu, ils ne cherchaient vraiment pas à se mêler au bas peuple, qu'ils devaient regarder de haut avec un mépris souverain.

Danielle était donc très liée à la population et elle devait être écoutée, par les enfants notamment.


Edité le 19-03-2016 à 12:43:06 par Xuan


Luma
   Posté le 19-03-2016 à 13:28:27   

Oui, elle était très liée. La petite délatrice n'avait aucune relation avec les autres enfants. pour les nobliau, c'était plus complexe, ils avaient un gros noyau d'affidés au village et la femme faisait "des oeuvres".
Xuan
   Posté le 20-03-2016 à 00:43:48   

J'ai lu que le Limousin était une vieille terre « rouge », (sauf la Basse-Corrèze plus pieuse et donc plus blanche).
Un communisme rural de petits paysans et de métayers très mordants avait fleuri avant la guerre, le maquis s’était développé sur ce terreau en 43 et 44.

En 1929 le PCF comptait 30 cellules de village dans la Creuse, soit 350 adhérents.
En 1945 : 4046 adhérents dans 168 cellules locales et 7 cellules d’entreprises.
Source :Ruralia « Le communisme rural en Limousin »

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Je vais faire un petit rappel historique pour situer la suite des événements.
Le premier camp de résistance FTP fut monté en 1942 à la Tourette, sur la commune d’Ussel qu’on peut voir sur la carte dans le plateau de Millevaches. Ce n’est pas très loin non plus du village de ta grand-tante Luma.

C’est là, les 19 et 20 juin, qu’eut lieu le premier acte de sabotage avec le dynamitage de la centrale électrique de l’usine de Montupet.
Cette fonderie appartenait au groupe Gnome et Rhone dont le directeur général, alors le plus important fabricant français de moteurs d'avions, collabora avec les Allemands.
Lors de la visite de Pétain les 7 et 8 juillet, accueillie fraichement par les masses, le maire socialiste François Var lui déclara « Ici, on vous aime, Monsieur le Maréchal, et cela depuis longtemps déjà! »

Puis le 11 novembre les Allemands envahirent la zone libre. C’est alors que la consigne « rien pour les boches se répandit » avec la destruction des presses à foin, batteuse et botteleuses, la réquisition des bovins pour approvisionner le maquis.
La mise en place en février 1943 du STO pour les jeunes nés entre 1920 et 1922 accrut largement les effectifs des maquis.

Le Sicherheitsdienst (SD), service de renseignements de la SS était aidé par les collabos dont tu as parlé et par les Groupes mobiles de réserve (GMR), unités paramilitaires créées par le gouvernement de Vichy et organisées par René Bousquet. Laval en envoya 4000 dans le Limousin.



Face à la répression, la résistance s’en prit de plus en plus aux collabos.

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Nous arrivons à l’année 1944 au moment du débarquement.

On notera qu’en 1944, soutenu par les mouvements, le PCF fait campagne en faveur d’une insurrection nationale.
La création, en janvier 1944, des Milices patriotiques, fer de lance de « l’insurrection populaire » , et des Comités départementaux de la Libération (CDL) puis, à l’échelon municipal, des Comités locaux de la Libération (CLL) vise à l’organisation d’un maillage de pouvoirs locaux susceptibles de conférer au CNR un rôle de gouvernement à la Libération.

Il faut rappeler aussi que les parlementaires de la Haute-Vienne, tous membres de la SFIO ont approuvé, à l’exception de Léon Roche, l'octroi des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Idem en Creuse et Corrèze pour la SFIO et la Gauche démocratique (excepté François Labrousse (GD) et les abstentionnistes, absents, excusés etc.)

Le 21 février tout près d’Ussel, à une quarantaine de kilomètre du village de Danielle et Roger, les FTP font sauter un train de munitions au viaduc des Farges sans faire de victime.
Les attaques et les embuscades se multiplient contre la division de répression du général Walter Brehmer.

Le 7 juin Guéret fut la première ville de France libérée.
Raymond Varlet écrit dans « les sanglants événements de Guéret » :

De temps à autre la foule poussait des cris :"A mort! Vendu! Salaud ! etc... Il s'agissait de miliciens, de sympathisants que l'on allait arrêter chez eux. Les femmes ne se montraient pas les moins agressives et crachaient sur eux. Ils étaient conduits à la caserne des Augustines soumis à un sérieux "passage à tabac" et finalement incarcérés à la prison, avenue de la République.

Les Allemands reprirent la ville et la mirent à sac, Varlet poursuit :

Si les Allemands semblaient ne pas bouger et vouloir en rester là, les miliciens qui avaient pu mesurer l'étendue de leur impopularité, ne désarmaient pas. Le sinistre Pommérat avait pris, en remplacement de Braille, le commandement de la Milice à Guéret. Les yeux pochés, l'air arrogant et un rictus cruel aux lèvres, il méditait un mauvais coup qu'il ne put, fort heureusement, exécuter qu'en partie.

Tulle fut libérée le 8 juin, mettant hors de combat près de 150 soldats allemands.

L’été sanglant du Limousin


Ce qui suit est bien connu, mais il est nécessaire de rappeler ces faits, indispensables à la compréhension.
Tulle est réoccupée et la division SS Das Reich massacre la population.
Contrairement aux propos lénifiants du préfet Trouillé, les nazis procèdent à une rafle, arrêtant tous les hommes de 16 à 60 ans, près de 5000.
Le maire Maurice Roche hostile à la résistance (c’est lui qui parle des « cadavres de 40 soldats allemands affreusement assassinés et mutilés » ), désigna les maquisards ou supposés tels qui furent pendus.

« Quarante soldats allemands ont été assassinés de la façon la plus abominable par les bandes communistes. [...] Pour les maquis et ceux qui les aident, il n'y a qu'une peine, le supplice de la pendaison. [...] Quarante soldats allemands ont été assassinés par le maquis, cent vingt maquis ou leurs complices seront pendus. Leurs corps seront jetés dans le fleuve. »
Affiche signée par le général commandant des troupes allemandes, placardée à Tulle

« Pouvons-nous imaginer la scène? Des hommes immobiles sous la contrainte, des soldats en dessous des potences, des groupes d'otages conduits au supplice, et le silence50. » Pendant toute l'opération, Paula Geissler et un groupe de SS, assistent aux pendaisons en vidant de bonnes bouteilles à la terrasse du café Tivoli, au son d'un phonographe. [ Jean-Jacques Fouché et Gilbert Beaubatie, Tulle. Nouveaux regards sur les pendaisons et les événements de juin 1944]

La répression se poursuit jusqu’au 31 juillet. Déportations à Dachau, torture, travail forcé en Autriche. Le 21 juin, le préfet Trouillé voit trois miliciens âgés au plus de vingt ans, verser de l'acide sur les plaies du visage d'un homme qu'ils venaient de frapper à coups de nerf de bœuf.
Au total 218 victimes civiles.

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Au même moment, le 10 juin se déroulait le massacre d’Oradour-sur-Glane par la 2e division blindée SS Das Reich, sévèrement étrillée auparavant à Karkhov.
Pour « monter la population contre les terroristes » le général Lammerding déclare que « pour chaque Allemand blessé 5 civils seront pendus et pour chaque Allemand tombé, 10 civils seront pendus» .

Les 9 et 10 juin, le massacre fait l'objet d'au moins trois réunions de préparation réunissant des membres de la Milice, de la SIPO (Sicherheitspolizei ou police de sûreté ) et de la 2e Panzerdivision SS Das Reich41.
D'après l'enquête menée par le commissaire Arnet en septembre 1944, le10 juin au matin, convoqués par le général Heinz Lammerding, le sous-chef de la Gestapo de Limoges, l'Oberscharführer Joachim Kleist et son interprète, Eugène Patry, quatre miliciens, sous la conduite de Pitrud, rencontrent le Sturmbannführer Adolf Diekmann, à l'hôtel de la Gare à Saint-Junien : « C'est là, sur une banale table de café, dans la salle du rez-de-chaussée de ce petit hôtel […] que fut décidée et réglée la destruction d'Oradour, au cours d'une conversation qui dura plus d'une heure »

La population sans aucun lien avec les maquisards fut quasiment anéantie dans des conditions atroces.

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Il existe une abondante littérature sur la résistance et la répression dans le Limousin.
Tulle en Corrèze et Oradour en Haute Vienne ont marqué les esprits,

La répression nazie fut tout aussi barbare dans la Creuse.
Je cite Marc Parrotin « Le temps du maquis – histoire de la résistance en Creuse ».
Sur début 44, quelques chapitres :

Le Maquis F.T.P. traqué dans le canton du Grand Bourg par les Waffens S.S., la première grande rafle d'Aubusson, un maquis se manifeste au sud de Bourganeuf, les cours martiales l'affaire de Nouvelours, arrestation de patriotes à Budelière, la terreur fasciste à Aubusson, la responsabilité de la Milice, le martyre d'un déporté, les activités de la Milice,le Maquis de Georges Guingouin se replie en Creuse, arrestations à Faux La Montagne et à Royère, l'attaque du camps F.T.P. de Mazeirat, mobilisation générale des Miliciens pour vaincre le Maquis en Limousin, l'attaque de la Bonnelle, aux mains des tortionnaires de la Milice, arrestations à Chambon s/Voueize, la compagnie franche de "Petit-Louis" menacée, le Maquis "Gabriel Peri" se réfugie en Creuse, le massacre de Manérol, l'arrestation d'Aristide, capture et punition de gestapistes

D’autres chapitres en été 44:

exécution de civils à Chaninas (c’est près du village de Danielle et Roger), 79 creusois détenus par la Milice, le baron milicien veut des charniers à Guéret et à Aubusson, Janaillat sous la terreur nazie, destruction d'un hameau, Terreur à Aubusson, embuscade à Combeauvert, tragique bilan, le sort des rescapés, torches humaines à Montboucher (près de Bourganeuf), Creusois fusillés à la carrière des Grises, etc.


La terreur nazie était connue de tous. Comme on l’a vu à Tulle et Oradour, les officiers allemands en faisaient la publicité pour terroriser la population, et les sbires kollabos en étaient non seulement les premiers informés mais ils y participaient et la préparaient.
Qui aurait pu ignorer le sort réservé aux résistants lorsqu'ils étaient dénoncés ?


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Luma tu pourras compléter si tu veux.
Peux-tu nous raconter maintenant comment Roger a été dénoncé, arrêté et torturé à mort ?
Luma
   Posté le 21-03-2016 à 09:37:26   

Comme je l'ai dis précédemment, Roger a été arrêté bêtement le 10 mai 1944 à cause de papiers tombés de sa poche. Papiers ramassés par la fille des nobliau qu'elle s'est empressée d'expédier à sa petite correspondante nazie. Roger a été arrêté et, d'après ce qu'on a pu savoir, il a été torturé par les miliciens, puis par la Gestapo et mort sur place, à Guéret.
Lors de la libération définitive, en août, les nobliaux ont été arrêté, jugés à un QG du maquis et liquidé, lui immédiatement, elle le lendemain matin. Restait la petite peste délatrice, dont la culpabilité fut découverte dans son courrier. Le village ayant été déserté de ses hommes, ce furent donc les femmes, et même les enfants, qui exécutèrent la justice populaire.


Edité le 21-03-2016 à 10:20:33 par Luma


Xuan
   Posté le 21-03-2016 à 10:16:21   

Sais-tu quelques dates pour situer les faits ? Tous ces événements se déroulent entre l'été et l'automne 44, et les choses ont été très vite à ce moment-là.

Il s'agit d'une période charnière où pendant un bref instant le pouvoir populaire et la justice populaire se sont exercés.
Le jugement et la condamnation des collabos en est un exemple-type.
Lorsque le pouvoir de l’Etat bourgeois a été rétabli, la justice populaire a été décriée, présentée comme expéditive, etc.
En fait la justice bourgeoise a permis à nombre de collabos de passer entre les mailles du filet, voire de se refaire une place au soleil. Et pour cause puisque les dirigeants et actionnaires de nombre d’entreprises avaient collaboré.

Tu dis aussi que les hommes ont déserté le village pour quelle raison ?
Luma
   Posté le 21-03-2016 à 10:21:33   

J'ai mis les dates en éditant le message.
Les hommes ont ralliés massivement le maquis, sans parler de ceux qui n'étaient déjà plus là pour diverses raisons (morts, prisonniers, STO et miliciens en fuite)
Xuan
   Posté le 21-03-2016 à 14:45:21   

Nous apprenons pas mal de choses sur cette période, moi le premier car je n’étale pas ces infos pour faire mon pédant, mais je les découvre pour la plupart au fur et à mesure. Merci d’avoir ouvert ce sujet passionnant Luma.

Marc Parrotin, survivant de ces sévices et libéré de la prison de Limoges par les F.F.I. du colonel Georges Guingoin le 21 août 1944, raconte dans un texte qu'on peut télécharger ici la torture pratiquée par Filliol à la prison de Guéret.
Je ne reprends pas la liste des sévices que pratiquait ce tortionnaire en gants blancs et ses sbires armés de nerfs de bœuf, revenant de leurs beuveries.

La barbarie du « Deuxième service » de Filliol n’avait rien à envier à celle de la Gestapo.
...

Il est décrit comme arborant « un sourire haineux aux lèvres », des « yeux de fauve » et « sa gueule [qui] écume de haine ».
...

Le cagoulard J. Filliol, devenu, au début de 1941, un des chefs du Mouvement Social Révolutionnaire, et après divers nouveaux crimes, avait été emprisonné en novembre 1942 au camp de Saint-Paul-d’Eyjaux (Haute-Vienne), sur ordre de P. Laval. Au printemps de 1944, libéré sur demande de Joseph Darnand et nommé à Limoges, il est prié de se faire oublier. C’est mal le connaître. L’action de Filliol s’étend sur les départements du Limousin : dans une lettre, son homologue de la Creuse lui adresse son « respectueux salut milicien » le 23 mars 1944 (Parrotin, 1984, p. 289). Dès mai 1944, le chef Filliol dirige le « Deuxième service ». Cette « Gestapo de la Milice » multipliera exactions et crimes en Limousin et participera à la préparation du massacre d’Oradour-sur-Glane perpétré le 9 juin.. Après Oradour, Filliol devra quitter Limoges à la fin de juin 1944 pour d’autres sinistres aventures à Clermont-Ferrand, en Allemagne et en Italie du nord, avant de trouver un confortable exil en Espagne (Delluc, 2004).
...

Je n’ai jamais revu Filliol (alias Deschamps), ce sinistre individu qui nous torturait avec sadisme, après m’avoir arrêté à Guéret, puis à la chambre 19 de la caserne du Petit séminaire à Limoges.
Après la fin de la guerre, j’ai su que ce tueur de Cagoule, condamné à mort par contumace, avait suivi De Vaugelas et les miliciens du Limousin, dans leur exode vers l’Allemagne, puis, qu’étant passé en Italie, il avait été blessé lors d’un engagement avec les partisans italiens… et, qu’ayant réussi à gagner l’Espagne, il y était devenu P.D.G. d’une importante société de cosmétiques, appartenant en partie à d’anciens membres de la Cagoule.
Ce qu’il est devenu plus tard, ce faux dévot, je l’ignore…, mais je suis heureux qu’un livre ait été récemment publié par Brigitte et Gilles Delluc, si bien écrit et documenté, retraçant le passé de ce bourreau et permettant enfin de démasquer ce sinistre personnage.


Voilà le sort qui attendait les résistants dénoncés, et qui justifiait amplement la liquidation des collabos dès lors qu'ils étaient identifiés.
Comme on le voit aussi pas mal de ces tortionnaires sadiques ont échappé au châtiment. La hiérarchie de l'Eglise les a souvent protégés.


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J’ai trouvé un document qui date la libération dans ce département :





Ce document daté du 20 août 1944 émanant de la Préfecture de la Creuse et du Comité de Libération s’adresse aux Chefs-Lieux de Canton. On lit :

La Creuse étant libérée plus une seule Commune ne doit rester sans Comité de Libération.

Le Comité départemental de libération demande au Président des Comités de Chefs lieux de Canton de veiller à ce que dans chaque commune existe un Comité de Libération établi conformément aux directives du Conseil National de la Résistance c’est-à-dire :

1) D’un noyau actif de 4 membres :
D’un représentant du MUR
D’un représentant du parti communiste
D’un représentant du Front national
D’un représentant du C.G.T. (ou un paysan)

2) D’un certain nombre de personnalités résistantes pouvant représenter diverses tendances.

L’ensemble de tous ces membres constitue le Comité Elargi.
L’ancienne municipalité est obligatoirement dissoute ce qui n’empêche pas ceux de ses membres qui n’ont vraiment pas démérité de siéger au Comité Elargi.
Il reste entendu que le nombre total des membres du Comité Elargi est inférieur d’1/4 au nombre des anciens conseillers Municipaux.
Le président du Comité exerce les fonctions de Maire la Commune. Le nombre des Adjoints est choisi conformément à la loi de 1884.
Dès sa formation le Comité Départemental de Libération s’installe à la Mairie et entre en fonction.



NB :
> le Front National est créé par le PCF en 1941
> les Mouvements unis de Résistance (MUR) sont la fusion des trois grands mouvements non communistes de zone Sud : « Combat » (Henri Frenay), « Franc-Tireur » (Jean-Pierre Lévy) et « Libération-Sud » (Emmanuel d'Astier de La Vigerie)

Le PCF y tient une place déterminante, conséquence directe de son rôle dans la résistance.


Edité le 21-03-2016 à 15:29:16 par Xuan


Luma
   Posté le 21-03-2016 à 15:08:11   

Un comité similaire fut placé au village le 25 août 1944 par de nombreuses femmes, organisée officieusement sous le nom de "brigade féminine du maquis"
Xuan
   Posté le 21-03-2016 à 23:34:50   

« Les femmes portent sur les épaules la moitié du ciel et elles doivent la conquérir. » disait Mao Tsé-toung

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Restent les enfants.
Il faut en dire un mot. L’exacerbation de la lutte des classes et la guerre les avait mobilisés aussi.
Aujourd’hui un tel embrigadement fait dresser les cheveux sur la tête.
Le fait est que la télé fait la même chose à domicile. En dernier recours un enfant qui n’est pas « Charlie » peut être conduit illico au poste de police.

L’organisation quasi militaire des enfants avait commencé dès 1911 pour les Eclaireurs (scoutisme proche de Baden -Powell mais laïque) et en 1920 pour les Scouts (pour la branche catholique traditionnaliste)

Plusieurs organisations d’enfants avaient été créées avant guerre comme les faucons rouges d'obédience socialiste en 1930, mouvement de l’enfance ouvrière de le SFIO. Dissoutes pour leur opposition à la guerre d’Espagne et leurs critiques envers Léon Blum. Reconstituées à la Libération ils deviennent Mouvement de l'Enfance Ouvrière en 1953. Les faucons rouges étaient anticommunistes.

Il existait aussi un mouvement doriotiste.
Le serment du PPF créé peu après 36 par le fasciste Doriot porte « Au nom du peuple et de la patrie, je jure fidélité et dévouement au Parti populaire français, à son idéal, à son chef - je jure de consacrer toutes mes forces à la lutte contre le communisme et l'égoïsme social » . Les «Pionniers de Doriot» rassemblent les enfants de 6 à 14 ans.



Les Chantiers de Jeunesse servaient aussi à enrégimenter les jeunes. Dans la Creuse le camp se trouvait à Feltin.



La hiérarchie religieuse avait largement adhéré à la « révolution nationale » de Pétain, qui disait le 25 juin 1940 :
« [...] L'esprit de jouissance a détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que je vous convie. Convaincu que l'Église peut aider au redressement moral qu'il envisage, le chef de l'État est bien disposé à accueillir toutes les demandes qu'elle lui présentera » .
Les écoles catholiques obtiennent dès septembre 1940 une série de privilèges :
Caisse des écoles, les instituteurs doivent enseigner « les devoirs envers Dieu », les communes peuvent accorder des subventions aux écoles privées, l’enseignement religieux est introduit en option, les enfants de l’enseignement libre peuvent bénéficier de bourses.
La jeunesse catholique est embrigadée dans les Scouts de France , les ACJF (JEC, JAC, JOC, JIC, JMC), l’ Union chrétienne de jeunes gens et de jeunes filles , les Compagnons de France et principalement Cœurs Vaillants, âmes vaillantes .

Comme tu me l’as fait remarquer, la déchristianisation avait ramené la pratique masculine à 5 % voire moins de 1 % dans 10 cantons sur 25. Dans la Creuse l’anticléricalisme était virulent.
En 1939 le nouvel évêque de Limoges, Louis Rastouil, voulait rechristianiser le Limousin. En 1942 il lance un appel aux jeunes filles des pensionnats ou groupements pour des « vacances missionnaires » .


L’apprentie kollabo que tu as présentée comme une grenouille de bénitier n’allait certainement pas à l’école laïque et devait militer avec une ardeur fanatique.

Au fait, qu’est-elle devenue après l’exécution de ses parents ?

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De son côté, le Parti Communiste avait créé le Mouvement des pionniers de France
La Fédération nationale des Pionniers ouvriers et paysans de France apparait fin 1927
Les pionniers, selon leurs statuts de 1928 sont organisés en cadets (7-12 ans) "dirigés par une camarade jeune fille" , puis les pionniers de 12-16 ans et les anciens pour les plus de 16 ans. Ils sont par groupe de 6, (les maillons), 4 maillons formant un essaim de 24 pour les cadets et un chaînon pour les pionniers.
Les pionniers ont une loi de 10 articles, "Le pionnier aide la classe ouvrière et paysanne dans sa lutte de libération" "Partout et toujours, dans toutes les phases de la lutte pour l'existence, le pionnier et toujours prêt" , etc ...
Le serment pionnier : "Moi, pionnier, je fais sur mon honneur et devant tous mes camarades, le serment solennel de servir le prolétariat dans sa lutte pour son émancipation, de respecter la loi et les principes des jeunes pionniers"





Existait-il un groupe de pionniers dans le village de Danielle ?


Edité le 21-03-2016 à 23:49:54 par Xuan


Luma
   Posté le 21-03-2016 à 23:39:24   

La petite apprentie collabo a subi sa juste punition après un procès auxquel même les jeunes pionnières ont participé, puis ensuite a été en quelque sorte "confiée" aux pionnières pour une "rééducation", tout en étant scolarisée sous la férule de Danielle


Edité le 21-03-2016 à 23:56:36 par Luma


Xuan
   Posté le 23-03-2016 à 00:04:48   

Ce procès s'est donc déroulé un peu avant la rentrée scolaire.

Les pionnières étaient des filles de paysans (combien étaient-elles ?). J'imagine que le face à face avec cette aristo arrogante doublée d'une délatrice criminelle devait être à couteaux tirés.
Tu peux en dire un mot ?


Edité le 24-03-2016 à 07:15:08 par Xuan


Luma
   Posté le 25-04-2016 à 12:04:53   

Il y avait une unité de « pionnières » dans le village, constituées de filles y habitant avant-guerre mais aussi de familles réfugiées dans la région qui sont reparties ensuite. Au total, il y avait une équipe de 12 pionnières, nombre qui par le fait des déménagements de fin de guerre sera réduit progressivement à 6.
L’une des pionnières, Odette, dont le père et les frères avaient été tués par les nazis, sera la responsable sous les ordres de Danielle. C’est elle qui sera chargée de « l’éducation » de bébé collabo.
Xuan
   Posté le 25-04-2016 à 12:45:22   

Ce village comprenait alors moins de 150 habitants, cela signifie qu'elles étaient relativement nombreuses pour cette tranche d'âge, et le sentiment de classe et antifasciste était naturellement très vif.

Peux-tu nous parler de l'arrestation de la délatrice et des décisions prises par le tribunal populaire ?
Luma
   Posté le 25-04-2016 à 14:23:07   

La petite délatrice fut arrêtée en même temps que ses parents. Quand elle fut seule, une fois ses parents emmenés, sa chambre fut fouillée et on trouva la preuve de son échange de correspondance. Danielle compris que c'était elle la responsable de l'arrestation de Roger.
Le tribunal populaire pris comme décision d'interroger la délatrice. L'interrogatoire fut assez long, car les pionnières y participaient. C'est là que tour à tour, les pionnières se relayaient et s'amusaient à lui chatouiller les pieds. La petite aristo avait des pieds absolument minuscules.
Xuan
   Posté le 25-04-2016 à 15:10:32   

Voilà une bien terrible torture pour des petons si délicats.
Luma
   Posté le 25-04-2016 à 15:29:10   

oui, et selon ma tante, en plus, elle était très très chatouilleuse !!!
Xuan
   Posté le 09-11-2016 à 08:35:01   

peux-tu rappeler le comportement de cette collabo ?
Luma
   Posté le 10-11-2016 à 12:19:59   

Oui, correspondance avec une gamine nazie de son age pendant la guerre, délation de mon oncle, refus de se méler aux enfants du village
Xuan
   Posté le 10-11-2016 à 18:05:36   

C'est-à-dire qu'elle avait dénoncé ton oncle, alors que des exécutions venaient juste d'avoir lieu à quelques kilomètres de là n'est-ce pas, entre le 10 juin et le 31 juillet, à Tulle et Oradour comme nous l'avons vu. C'était délibérément l'envoyer à la torture et au peloton d'exécution, il faut rappeler les conditions du moment.

Mais tu parles d'une gamine de son âge avec qui elle correspondait.
Quel pouvoir avait donc cette "gamine nazie" comme tu dis pour faire arrêter ton oncle ? Ses parents étaient des collabos ou bien ?...
Si les parents de la "gamine nazie" n'étaient pas simplement des kollabos, quelles étaient donc les fréquentations de la famille des nobliaux anticommunistes ?

Ensuite tu as dit au tout début que "la petite délatrice continuait à saper les fondements républicains (logique : nazie, noble, fanatique catholique)"
Ce serait intéressant si tu pouvais donner quelques détails, bien que les conséquences n'aient pas été aussi graves. Mais ça veut dire que le crime qu'elle avait commis ne hantait pas sa conscience et qu'elle était foncièrement fasciste.


Edité le 10-11-2016 à 18:33:34 par Xuan


Luma
   Posté le 10-11-2016 à 19:00:03   

Elle l'a fait arrêter à cause des papiers tombés de sa poche et qu'elle a ramassé.
Ses parents étaient des pétanistes et son père avait des fonctions honoraires dans la milice
Elle correspondait avec une fillette nazie, une allemande
En fait, elle était assez à l'écart du village mais participait avec sa mère à toutes les activités de propagande quand elle pouvait
Xuan
   Posté le 10-11-2016 à 20:29:43   

Une allemande ?
Son père ne pouvait pas être un simple troufion alors, c'était un officier nazi ?
Au fait les parents de la délatrice ne pouvaient pas fréquenter les deuxièmes classe de la Wermacht mais plutôt les officiers supérieurs.
Luma
   Posté le 10-11-2016 à 21:09:57   

Son père était effectivement un officier de la Wehrmacht, un von quelque chose
Luma
   Posté le 15-05-2020 à 19:01:38   

Coucou, me revoilà, je suis désormais prof et je vais reprendre ma participation au site.
Xuan
   Posté le 15-05-2020 à 19:44:41   

génial

Tu arrives dans un temps d'orage, peut-être de danger de guerre, et l'hégémonisme US est en bien mauvaise posture.

C'est un double hommage à ta grand tante puisque tu poursuis sa profession.
Comme tu as dû y consacrer beaucoup temps, ce doit être une vraie vocation, bravo !
Si tu veux on va continuer son histoire, elle est proche du dénouement pour les kollabos non ?

Nous en étions restés à "Elle l'a fait arrêter à cause des papiers tombés de sa poche et qu'elle a ramassé."
Raconte-nous comment s'est passé cette arrestation, si ses parents se sont trouvés dans les mailles du filet, qui les a arrêtés ?
Ce sont des résistants, as-tu des infos sur eux ?
Les kollabos ont-ils été jugés, comment ?
marquetalia
   Posté le 15-05-2020 à 21:26:57   

Luma a écrit :

Coucou, me revoilà, je suis désormais prof et je vais reprendre ma participation au site.
salut,tu enseignes quelle matière ?


Edité le 15-05-2020 à 22:34:55 par marquetalia


Luma
   Posté le 15-05-2020 à 23:33:34   

marquetalia a écrit :

[citation=Luma]Coucou, me revoilà, je suis désormais prof et je vais reprendre ma participation au site.
salut,tu enseignes quelle matière ?[/citation]

Histoire-géo
Plaristes
   Posté le 16-05-2020 à 02:14:40   

Tu as le métier qui me conviendrai, mais je trouve le milieu universitaire pur exercer ce genre de métier juste atroce (surtout à Nantes)....


Fini pas comme ma prof d’histoire géo du lycée elle était devenue psychotique à force de nous enseigner de la propagande. Bien qu'elle était de droite anti-démocratique car elle pensait que la différence culturelle et le rapport de force feraient qu'on se retrouverai toujours dans une dictature, elle m'a éveillé ma conscience par son sarcasme sur la propagande de la guerre froide, qui par le détour de l'ironie nosu ramenait droit dans une pensée réaliste.
En faîte ironie du sort si je suis coco c'est un grâce à elle.


Et surtout ce qui l'a faisait chier c'était les programmes, mal foutus au possible niveuau timing, du pure bourrage de crâne.

C'est exactement comme expliqué dans cette conférence :
https://www.youtube.com/watch?v=HCiDthCUWY0

Sauf que nous on avait un programme de deux ans en 3 ans.... Je me suis faits massacré en histoire au BAC


Sinon, je suis plus tôt méga ferru d'histoire. J'avais envisagé la formation dans une université catho..... Mai sil y a eu des changements dans ma vie...
Ceci dit dès que j'aurai le temps j'aimerai tester mes connaissance avec quelqu'un qui a fait le cursus officiel. (On va dire que j’ai fait du hors parcours.... Surtout sur l'antiquité.)

M'enfin bref on continue avec l'histoire.