Sujet :

Un débat sur le CNR

Xuan
   Posté le 17-07-2013 à 23:24:56   

Ce débat participe des controverses en cours au sein des communistes sur plusieurs sujets, comme la question nationale, les objectifs des communistes et ceux des fascistes et des souverainistes, les réformes et la question des transitions.

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Le site faire vivre et renforcer le pcf avait mis en ligne « La gauche, la croissance et les raisins - Christophe Bouillaud lit Aglietta et Brand, Dominique Meda repense, Todd et Lordon minaudent » , publié initialement le 10 juillet sur le site La lettre volée .

Dans ses grandes lignes, l’article en question reproche à la gauche de la gauche de ne pas avoir suffisamment de détermination pour sortir de l’Euro.
Mais on devine davantage les motivations du blog 'La lettre volée' lorsqu’on y trouve un appel à peine déguisé à voter FN, ainsi qu’une publicité (mais pas la seule) pour le blog Descartes, dont le slogan "pro rege saepe, pro patria semper" (pour le roi souvent, pour la patrie toujours) est carrément royaliste, et qui fait régulièrement circuler la propagande fasciste.

Afin de mettre en garde contre la collusion des thèses souverainistes et ouvertement fascistes, et contre la tentation réformiste, Gibert Remond dénonce donc cet article le 15 juillet dans : « Le FN ou le CNR et la sortie du capitalisme ».

Je publie l'article de G. Remond ci-dessous. Il faut prendre le temps de le lire avec attention. J’en ai mis en gras la conclusion concernant le projet de remettre en selle le CNR.
Il sera suivi de la réponse d'un autre camarade du même réseau, puis de ma propre contribution.


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Le FN ou le CNR et la sortie du capitalisme


Gilbert Remond

« Quel est cet article sur l’euro de "La lettre volée", qui vient d’être publié sur le site "Faire vivre et renforcer le PCF" ? Faisons attention à ne pas devenir le canal de diffusion des mecs d’Asselineau ; je crains assez leur patriotisme versus croix de lorraine... qui lorgne vers ces valeurs de la France profonde dont plus d’un traditionaliste nous a servi leur petite musique ces temps ci. »

Le titre de ce site dont il est difficile de savoir à qui il faut l’attribuer puisque les articles ne sont pas signés, reprend le titre d’une nouvelle d’Edgard Poe, traduite en français et publié par Baudelaire, relue et rendue célèbre par le psychanalyste Jacques Lacan dans les années soixante qui en avait repris l’intrigue pour sa cause de pédagogie freudienne dans un texte devenu une référence dans les milieux lacanien intitulé "Le séminaire sur la lettre volée" .
Partant de cette réminiscence je dirais comme lui, il faut lire la nouvelle d’Edgard Poe, "La lettre volée" , pour comprendre l’obscure vérité à laquelle le sous-entendu de cette référence littéraire nous convie.
Le nœud de l’intrigue concerne une lettre compromettante, subtilisé par le premier ministre d’un pays imaginaire pour faire chanter sa Reine.
Les services de la police sont chargés de la récupérer mais ne parviennent pas à la trouver.
Dupin le détective qui est appelé pour résoudre cette énigme découvre que la lettre était mise bien en évidence sur le bureau du maître chanteur. Il conclut cette histoire en démontrant que la meilleure des cachettes était cette mise en évidence de l’objet convoité. Car pourquoi vouloir aller chercher ce qui est sous les yeux.

Lacan reprend cette histoire pour parler du sujet de l’inconscient et de ce qu’il nomme la chaîne signifiante, c’est-à-dire ce qui du langage fait de nous ce sujet pensant, et élucider le rapport signifiant / signifié, ce rapport emprunté au linguiste F. de Saussure, pour nous expliquer comment se décompose le signe et sa signification, le mot qui dit la chose et la chose à dire : "ici le signe et l’être merveilleusement disjoints nous montrent lequel l’emporte quand il s’oppose" .
Nous voilà donc prévenu.
Entre la chose qu’il nous faut pouvoir représenter pour en connaître l’existence et son représentant, le mot par lequel on peut la désigner ou encore l’image par laquelle on peut la rendre visible, la chose l’emportera toujours dans ce qu’elle a de plus primaire, c’est-à-dire dans ce qu’elle a été en premier, qu’elle restera ce noyau de vérité originaire autour de quoi s’incarne et se développe la chose à venir, même si l’enveloppe sous laquelle certain cherchent à nous la vendre veulent nous la décrire autre que ce qu’elle est.

Il en est ainsi du Front national et de sa nouvelle figure.

Partant de cet article, je suis allé regarder dans ce blog d’autres articles, et j’y ai trouvé un article troublant sur Descartes, ce fin politique du masque et de la plume, qui se réclame par référence à cette figure du rationalisme et donne ses conseils sous l’emprunt d’une identité célèbre en se cachant par là-même, pour d’obscures raisons.

Aux dires de ce porte plume, celui de "La lettre volée" , Descartes se pose des questions sur l’intérêt qu’il y aurait de voter Front national, ce parti pouvant devenir dans le contexte politique de pro-européanisme chronique dans lequel est tombé toute la représentation politique traditionnellement démocratique, le dernier recours des républicains.

De proche en proche, il est des manières de dire et d’écrire qui se dénudent de tout reproche pour finir dans le lit d’une nouvelle république aux courbes singulièrement post-démocratiques.
"Car ce signe est bien celui de la femme, pour ce qu’elle y fait valoir de son être, en le fondant hors de la loi, qui la contient toujours, de par l’effet des origines, en position de signifiant, voire de fétiche" (Lacan, le séminaire de la lettre volée).

Je reconnais que je détourne au fin de ma démonstration cette phrase de Lacan, mais l’interprétation que j’en fais peu ici prendre cette direction  :

Marine qui se veut nationale et l’écrit sur ses affiches, pose dans l’opinion ce signifiant, celui de son nom qui s’enchaînant à celui de Marianne, prétend représenter la République, une République elle-même redevenue expression du peuple.
Elle en est pourtant la moins apte à le comprendre, la moins apte à en prendre les destinées.
Seule cette démagogie effrénée à laquelle nous ont habitué les fascistes peut lui permettre ses postures populistes, seule cette manière sans foi ni loi de détourner les aspirations populaires, de s’en revendiquer, peut abuser toujours et encore ceux qui cherche l’espoir dans un océan de tromperies et de désillusions politiques.
Attention au fétiche lepeniste, même rénové, même travaillé par de nouvelles recrues, son chant pareil à celui des sirènes, reste toujours ce même poison lancé pour attirer dans les abysses l’imprudent qui prendrait goût à les entendre, oui les origines de ce genre d’entreprise politique continuent à produire leurs effets, quelles que soient les enveloppes sous lesquelles elles se montrent car quelque chose de ses fondements contient toujours les mêmes structures de pensées et d’actions.
N’oublions pas justement l’origine de classe de cette organisation, les buts qu’elle proclamait défendre, les intérêts quelle représente objectivement et qu’elle veut sévir.

Descartes semble produire une analyse juste et équilibrée quand il écrit
"le FN bénéficie aujourd’hui d’une dynamique montante. Il a réussi à devenir le parti tribunitien vers lequel les couches populaires se tournent dans un contexte où les partis traditionnels se désintéressent de leur sort"

puis quand il poursuit de ses bons conseils :
"pour accompagner cette dynamique, il lui faudra des cadres, et de véritables cadres capables non seulement de mobiliser des militants mais aussi d’exercer dans un contexte démocratique des fonctions électives" .

Il peut par ailleurs sembler audacieux et prophétique quand il postule :
"Ce processus pourrait bien transformer le FN en un parti populiste, conservateur en matière sociétale, progressiste en matière sociale et économique, résolument nationaliste, anti-libéral et anti-européen."

Et d’exciper de ce raisonnement sa conclusion logique avec les bémols du conditionnel qu’il convient de mettre avant de dire, satisfait et presque complice,
"si tel était le cas il aurait un boulevard devant lui"

Mais il franchit le rubicond malgré toutes les précautions de langage utilisées avant d’en tester l’onde tumultueuse, lorsqu’il demande, stratège :
"la question est : comment doivent se positionner les progressistes devant ce phénomène ? Est-il possible de travailler avec ce nouveau FN et en faire une force pour le bien ?"

Il peut toujours essayer de vouloir atténuer la portée de ce qui ressemble à un ralliement en nous disant "j’entends d’ici les cris d’effrois" et le justifier par une scandaleuse comparaison avec De Gaulle, en nous expliquant :

"pourtant, pour les communistes de 1943, l’alliance avec un général à titre provisoire, maurassien entouré de réactionnaires catholiques - certain passablement antisémites et violemment anticommunistes - a ainsi semblé contre nature. Devant les dangers qui nous menacent aujourd’hui, n’y a-t-il pas là l’amorce possible d’un nouveau CNR"

C’est oublier ce qu’était la résistance sur le terrain, l’existence d’un puissant parti communiste qui malgré la répression avait su se redresser et construire les organisations de rassemblement qui allaient permettre la transition de ce CNR, grâce aux rapports de force créés préalablement.

C’est oublier qu’il n’y a pas eu ralliement à une force politique hégémonique, mais confluence entre des secteurs de différentes cultures qui s’étaient établies avec des identités claires et surtout que De Gaulle, l’homme de la voix de Londres, représentait conjecturalement une garantie pour le maintien de la France en tant que pays souverain face à un impérialisme américain qui la libérait avec son aviation et ses blindés, pour mieux la soumettre à son administration qui arrivait dans les bagages de cette armée.

Mais tel est bien l’ambiguïté à vouloir trouver la sortie de nos difficultés en remettant le couvert.

Faut-il rappeler que la crise dans laquelle nous nous trouvons est celle du capitalisme, et qu’elle est la conséquence de ses contradictions, que le CNR et sa promesse "de jours heureux" ne peut dans ce contexte constituer une réponse malgré les attaques dont ont fait l’objet les changements qu’ils avaient apporté dans l’organisation du pays et les progrès pour la population qui en avaient découlé.

La situation dégradée dans laquelle nous nous trouvons est pour le plus grand nombre, d’une certaine manière, la conséquence d’une logique interne à ce programme dans la mesure où le CNR ne posait pas dans ses principes et ses orientations la sortie du capitalisme mais bien au contraire sa pérennisation par des réformes issues de rapports de force, pour le préserver de dispositions plus radicales dans les forces productives et leur contrôle démocratique par la population laborieuse (d’ailleurs la mise au pas de 1947 et le lancement du plan Marshall dont nous voyons les conséquences finales avec la proposition d’un grand marché ouvert aux USA, ont très rapidement remis les choses a leur place).

Si dans le contexte d’un pays ruiné par une occupation étrangère et sa dictature fasciste, un tel programme pouvait se concevoir tout en gardant l’objectif du socialisme, donc de poursuivre les luttes de classes qui lui permettront le passage par un renversement de l’ordre anciennement établit, il ne peut en être de même soixante dix ans plus tard alors que la reconstruction de ses structures économiques l’a conduit au stade où il se trouve, d’autant que plusieurs expériences de tentatives réformistes ont été menées depuis et ont échouées, à l’instar de celle engagée avec le programme commun, laissant une déception profonde qui est la cause de la situation décrite par Descartes dans son exposé.

Enfin quel masochisme devrait-il nous pousser à vouloir rendre possible l’amorce d’un nouveau CNR avec des forces qui sont issues de celles contre lesquelles il avait été établi.

Le plus sûr des moyens pour y parvenir, ne devrait-il pas être celui de la reconstruction d’un véritable parti communiste, d’un parti communiste qui ne se donnerait pas pour seul horizon celui d’un programme limité dans son application aux cadres construits par le capitalisme, mais qui en permette la sortie ?
Xuan
   Posté le 17-07-2013 à 23:28:42   

Commentaire à l'article de G. Remond par pam, le 17 juillet :

Le débat sur le CNR est utile à la fois pour des raisons historiques, et surtout pour en tirer des leçons utiles aujourd’hui. Il faut donc avoir l’approche la plus dialectique possible pour tenir compte des choses dans leur mouvement, leur contradiction, leur contexte,.

C’est pourquoi la formule d’un CNR qui aurait cherché à ne pas rompre avec le capitalisme pour "le préserver de dispositions plus radicales dans les forces productives et leur contrôle démocratique par la population laborieuse" est erronée et dangereuse. Ce serait dire que les communistes ont accepté un accord qui cherchait à préserver le capitalisme... jouant ainsi le rôle de frein au mouvement historique, discours qui peut facilement dériver vers des critiques gauchistes.

Quand on constate que 50 ans après, le capitalisme est toujours en train de se battre pour démonter ce qui reste du CNR, c’est un jugement hatif et peu fraternel pour les communistes de l’époque... dont nous apprécions encore aujourd’hui la vivacité militante de ceux qui sont encore là pour en témoigner.

Il y a deux questions de fonds sous-jacentes

> la première, historique, sur l’analyse du rapport de forces et de ce qui était possible dans le contexte de l’époque. On peut comparer d’ailleurs les stratégies des PC en France, Italie ou en Grèce dans la sortie de la guerre, le fait marquant est quand même bien la réalité à laquelle ils étaient chacun confrontés, avec une armée US remontant l’Italie après avoir mis en scène la Mafia en Sicile contre les communistes, une armée US devant accepter la direction militaire sous De Gaulle en France, ou la guerre contre la résistance communiste menée par les alliés en Grèce... Et il faut bien constater le grand succès qu’a été en France, la stratégie communiste d’union populaire dans la résistance et dans la libération, dont nous bénéficions encore des effets. Que ce succès se soit heurté très vite à la domination capitaliste de l’après guerre avec le plan Marshall et la guerre froide, que cela ait conduit à la rupture de cette union populaire en 47 ne peut pas conduire à dénoncer ce qui avait permis 45 et les ministres communistes créant la SECU, la SNCF, le CEA... Le capitalisme a gardé la main après 45, nous le savons bien, et nous avons appris du XXième siècle que le capitalisme peut rester dominant sur la planète malgré un camp socialiste qui en dirige la moitié, cela ne peut pas nous conduire à juger que ceux qui ont fait les révolutions, ni même seulement les transformations sociales ou les indépendances nationales, ont eu tort...

> la deuxième, plus stratégique sur les conditions de l’union du peuple. Et je pense que les communistes de 2013 sont vraiment mal placés pour évaluer ceux de 1945, alors que nous constatons à chaque grande journée de mobilisation notre incapacité collective à unir le peuple ! Le CNR représente une union large, avec une place reconnue pour les communistes, sans avoir un rôle dirigeant dans l’organisation, mais avec un rôle dirigeant dans les masses, sur le terrain. Il est certainement utile de bien comprendre comment une bourgeoisie déconsidérée a pu reprendre la main aussi rapidement. On connait le rôle des agences des USA, comme avec la création de FO, mais il est vrai que ca reste une question à mieux travailler. Cela doit-il conduire à critiquer la stratégie d’union en tant que telle ? Comme le dit Germinal"Vouloir sans pouvoir n’est pas une réalité concrète. La volonté est indispensable mais ne suffit pas pour guider les luttes.". L’appréciation sur les rapports de forces et ce qui est "possible" est donc essentielle pour les communistes, et personnellement, je pense que les communistes de 45 en France ont tenu compte du rapport des forces qu’ils connaissaient, dans une démarche intermédiaire entre la situation de l’Italie et de la Grèce, et que leur choix ont été positifs pour les travailleurs. S’il y a a terme remise en cause de ces acquis de 45, c’est certainement plutôt dans l’incapacité du PCF à penser la révolution pour le socialisme dans un pays développé dans les années 60-70, et sans doute aussi dans une difficulté à porter un réel internationalisme militant jusqu’au niveau de l’état (que ce soit face à la répression en Algérie en 45 ou dans le vote des pleins pouvoirs à Guy Mollet...)

Comme souvent, la dialectique est subtile entre le risque du solo funèbre et le risque de l’intégration, mais ce que symbolise le CNR reste un exemple fort qui démontre la possibilité de la transformation sociale, même dans les pires conditions de survie ou de sortie de guerre...

Au total, autant il ne faut pas faire du CNR un fétiche politique, que tout le monde peut exploiter, y compris la droite qui n’hésite pas à le célébrer, vidé de son contenu progressiste, autant il faut affirmer son actualité comme exemple de la capacité des communistes à porter une alliance populaire large pour rompre avec la société telle qu’elle est.

pam
Xuan
   Posté le 18-07-2013 à 00:20:50   

Mon propre commentaire sur le même site :

Salut Gilbert, salut pam, salutations fraternelles à tous

Je passe sur les accointances plus ou moins dissimulées des blogs souverainistes chauvins, godillots divers et fascistes à travers de nombreux sites « républicains », debout ou pas, et autres « gaulois », « laïques » et « patriotiques » à souhait, pour en rester au CNR. C’est à lui seul un vaste sujet.
Il ne faut pas en faire un fétiche ni un symbole disjoint de ses attaches historiques.

Le CNR reflète le rapport des forces à cette époque, c’est-à-dire d’une part la victoire contre le nazisme et la popularité immense du parti communiste, mais aussi le fait qu’il ait dû rendre les armes devant un ennemi de classe militairement supérieur. Car sinon rien ne l’empêchait de prendre le pouvoir et d’instaurer en France une Démocratie Populaire.
A l’issue de la seconde guerre mondiale, ce rapport des forces doit être mesuré non seulement à l’aune de la lutte des classes dans notre pays mais aussi à l’échelle internationale en tenant compte de la Conférence dite de Yalta, et particulièrement des armées présentes en Europe et en France.
Le CNR constituait donc un compromis entre le Parti Communiste et les masses d’une part, les nationalistes bourgeois, De Gaulle et leurs alliés anglo-américains en France d’autre part.

Ce compromis est resté jusqu’à ce jour un exemple historique de protection sociale que bien des peuples nous envient, mais qui dit compromis dit échange.
De même lors d’un conflit du travail, l’accord entre syndicat et patronat implique dans les cas favorables d’un côté la satisfaction de revendications et de l’autre l’arrêt de la grève, la reprise du travail et de l’exploitation capitaliste.

Et ici échange de la protection sociale contre la révolution sociale évidemment, puisque le parti communiste renonçait temporairement à prendre le pouvoir et appelait le peuple à retrousser ses manches pour reconstruire le pays.
Il ne s’agit pas de porter un jugement sur l’opportunité ou l’avantage de ce compromis, encore moins de jeter l’opprobre sur ceux qui l’ont porté, mais simplement de mesurer ce qui le séparait alors de notre objectif final et Gilbert a entièrement raison de signaler le double aspect de ce programme en écrivant :
« …le CNR ne posait pas dans ses principes et ses orientations la sortie du capitalisme mais bien au contraire sa pérennisation par des réformes issues de rapports de force, pour le préserver de dispositions plus radicales dans les forces productives et leur contrôle démocratique par la population laborieuse… » .
Il s’agit effectivement d’un rapport dialectique, celui entre réforme et révolution, puisque l’une et l’autre se nient réciproquement. La réforme n’est pas l’antichambre de la révolution mais son antithèse, sa prévention et son évitement. A l’inverse la révolution nie toute forme de réformisme mais autorise toutes les réformes impossibles auparavant.

On lit dans le Manifeste :

« Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs »
[…]
Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives
Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c’est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier. »

Une réforme ou un compromis ne peuvent pas constituer une quelconque transition au socialisme. C’est la prise du pouvoir, de la suprématie politique , qui constitue la seule transition possible au socialisme et qui ouvre la possibilité d’ arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat , etc.

Entrons un peu dans le détail :

Hier et ni aujourd’hui, le programme du CNR ne constituait pas l’alpha et l’oméga du programme communiste mais visait à protéger les salariés soumis à la domination capitaliste :
« La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère. » [exposé des motifs de l’ordonnance du 4 octobre 1945]

Je passe rapidement sur le démantèlement accentué depuis les années 60, et qui nous rappelle encore une fois qu’un compromis est toujours remis en cause lorsque la bourgeoisie tient le manche, c’est-à-dire exerce sa dictature de classe. Les remboursements des soins médicaux ont été réduits systématiquement (remboursements dentaires et optiques), ticket modérateur, forfait hospitalier, définition de « médicaments de confort », participation forfaitaire, franchise, obligeant les assurés à s’inscrire à une mutuelle sous prétexte de « responsabiliser le patient » mais aboutissant à une médecine de classe dite « à deux vitesses ». Les Administrateurs ne sont plus élus mais désignés. Le patronat s’est de plus en plus dispensé de payer les cotisations…

Mais dès sa mise en œuvre des intérêts corporatistes s’y sont opposés. Le 14 Mars 1947 la loi Morice concède aux mutuelles une partie de la protection sociale et va à l’encontre du principe de protection sociale universelle voulu par le CNR et Ambroise Croizat.

Un autre fait illustre le caractère historiquement déterminé et spécifique de ce compromis. Au lendemain de la guerre, et dans les conditions de la reconstruction, la protection contre le chômage ne figurait évidemment pas dans le programme du CNR. Le régime d’assurance chômage à l’initiative de De Gaulle, signé le 31 décembre 1958 par le CNPF, FO, CGC et CFTC et contre la volonté de la CGT, est établi en dehors de la Sécurité Sociale. Sa finalité n’est pas de protéger les salariés contre le risque du chômage mais de les contraindre à retrouver un emploi à tout prix et par conséquent de baisser les salaires.

Il apparaît ainsi que notre objectif n’est pas de reproduire un compromis déterminé par des causes historiques fort différentes de ce que nous vivons.
Egalement cette expérience montre que les compromis les plus avantageux sont tôt ou tard réduits à néant sous la dictature du capital.
Nous nous battons pour préserver ces acquis autant que faire se peut, mais notre objectif n’est pas de remplir jusqu’à la fin des temps le tonneau percé des Danaïdes ou de remonter ad vitam æternam le rocher de Sisyphe pour le voir ensuite rouler au bas de la pente, notre objectif c’est le renversement du capitalisme.
Xuan
   Posté le 24-07-2013 à 08:42:41   

Antoine Manessis adresse une contribution à ce débat :

NOUVEAU CNR ? OUI, NOUVEAU CNR !


Pour nous, communistes du PRCF et d’autres mouvances pour lesquelles cette référence garde toute sa force d’avenir, de quoi le « nouveau CNR » est-il le nom?
D'abord d'une dynamique politique.
Précisons qu’il ne s’agit pas de répéter purement et simplement le « premier » CNR. Un « nouveau » CNR ne serait pas un « CNR bis » : des références nominalement identiques peuvent fonctionner très différemment dans des conjonctures politiques et des rapports de classes différents.
Mais revenons à la dynamique politique. Comment la définir, selon nous?
Rassemblement dans un Front Antifasciste, Populaire, Patriotique (FRAPP !) des masses qui subissent les politiques visant à "détruire le programme du CNR" (dixit Denis Kessler, l’éminence grise du MEDEF, qui ne se trompe pas, lui, sur l’actualité d’une ATTAQUE GÉNÉRALISÉE contre les acquis du programme du CNR : cf l’éditorial de « Challenges » en novembre 2007) : c'est-à-dire l'UE, le MEDEF et les gouvernements UMP e PS à la botte des deux autres.

Rassemblement le plus large possible car un ouvrier de "droite" peut comprendre comme un ingénieur de "gauche" qu'il faut sauver les retraites et que pour ce faire, il faut sortir de l'UE ! Ce qui pose la question du contenu du nouveau CNR. Mais rassemblement clairement centré sur le « monde du travail », comme le précisait déjà la programme du « premier » CNR, et nettement tourné contre le grand capital. Le programme du premier CNR précisait déjà que les « moyens de production monopolisés » par les « féodalités financières » doivent retourner à la nation ? Bref, rassemblement antimonopoliste, alliance autour de la classe ouvrière du bloc des couches populaires et de la partie des couches « moyennes » précarisées par le grand capital, rien de tout cela ne devrait effaroucher des militants communistes attachés à la part révolutionnaire de l’héritage du PCF.

Pour nous communistes de 2013 la réponse s'impose à partir de "l'analyse concrète de la situation concrète" : comme le répète notre camarade Léon Landini, figure de proue des FTP-MOI et président du Pôle, « les orientations du programme du CNR sont directement antinomique de la prétendue « construction » européenne ». Se référer AUJOURD’HUI au CNR, c’est donc appeler aux « autres sorties », comme le PRCF y a invité avec les communistes grecs, le PCPE, des communistes français et italiens au meeting du 9 décembre à Madrid : sortir de l'euro, sortir de l'UE, sortir de l'OTAN, pour mettre en route une dynamique politique qui permettra la sortie du capitalisme, non pas sur la base d’incantations « anticapitalistes » abstraites, ni à partir de la répétition de vérités intemporelles sur la nocivité du capitalisme et l’excellence du socialisme, mais sur la base d’un rapport de forces isolant le grand capital maastrichtien et fédérant les couches populaires et les couches moyennes sous la direction de la classe ouvrière.

Précisons, sortie progressiste et antifasciste de l'euro, de l'UE de l'OTAN. Pourquoi cette précision? Pour éviter tout amalgame entre notre position et le discours mensonger du FN qui prétend être contre l'euro ou l'UE ce qu'il n'est en aucun cas puisqu’en réalité Mme Le Pen est pour une « sortie concertée de l’euro » (en clair, elle attend le feu vert de Mme Merkel, et de l’impérialisme allemand, pour lequel la zone euro-mark est en fait une zone protectionniste ménageant la place du dollar et écrasant l’Europe du sud). Car le FN présente son disco prétendu positionnement anti-UE (rappelons que les députés FN avaient voté l’Acte unique européen en 1986 !) comme la continuation de son positionnement nationaliste et xénophobe: on ne lutte pas contre le MEDEF et le CAC-40, qui détruisent la nation en brisant le produire en France (donc la classe ouvrière), en dépeçant les services publics, les retraites et la Sécu mis en place par Croizat, mais contre les travailleurs venus d’ailleurs, le FN ne lutte pas contre l'UE en tant qu'arme de destruction massive des conquêtes sociales mais pour retrouver (dans le discours!) la France du Maréchal dont "l'étranger" juif ou musulman ou chinois ou bolchevik ("Communistes pas Français" disait un officier nazi)... nous aurait dépossédés…

Or en 40 ou aujourd’hui c'est le capitalisme qui détruit la France, notre France chantée par Ferrat, celle de la Révolution sans-culotte, des insurgés de 1830 et de 1848, de la Commune, de 1936, de la Résistance, des acquis sociaux des ministres VRAIMENT communistes de 45/47, de 1968, contre les nouveaux collabos. Déjà hier, c’était le grand capital qui fit « le choix de la défaite », comme le dit Annie Lacroix-Riz après Marc Bloch, qui « préféra Hitler au Front populaire » et qui fit de grandes affaires avec les nazis pendant que « seule dans sa masse, la classe ouvrière restait "fidèle à la France profanée" (François Mauriac).

Désolé pour ceux qui confondent supranationalisme et internationalisme: les communistes, à la différence des trotskistes et des autres variétés de gauchistes, sont A LA FOIS des internationalistes et des patriotes. L'affaire est réglée depuis 1934 au sein du mouvement communiste international et si certains commentateurs des textes saints veulent démonter le contraire,à force de citations hors contexte, qu'ils regardent comment le Vietnam ou Cuba ont vaincu l'impérialisme ou comment les petits groupes communistes sont devenus des partis ayant une audience de masse. Et surtout, qu’ils relisent Politzer (« Race, peuple et nation » et Dimitrov (rapports au VIIème Congrès de l’Internationale communiste, où le secrétaire général du Komintern, fraichement sortie des geôles hitlériennes, appelait chaque parti communiste à « acclimater l’internationalisme » dans son propre pays, citant les grands héros du passé de chaque peuple, y compris Jeanne d’Arc s’agissant de la France… Car c’est une erreur suicidaire pour les communistes que d’abandonner à l’ennemi de classe, aux fascistes, à tous ceux qui en réalité, détruisent leur pays pour augmenter leurs profits, les « signifiants » majeurs de la nation. L’internationalisme PROLÉTARIEN n’est pas l’ennemi du patriotisme POPULAIRE et RÉPUBLICAIN, il est son allié naturel, comme l’ont prouvé le Front populaire et la Résistance, contre le mondialisme capitaliste associé à ses rabatteurs racistes, intégristes et communautaristes. Comme l’écrit feu notre camarade Alleg, qui aimait à dire que « si le PRCF n’existait pas, il faudrait l’inventer », « il y a deux façons de défendre la France, celle de Massu et celle des colonialistes ».

Sorties donc de l'euro, de l'Ue et de l'OTAN parce que ce processus historique serait porteur d'une autre sortie plus fondamentale encore la sortie du capitalisme qui est notre objectif. Évitons bien sûr une vision mécanique, "étapiste", de ce processus, il s'agit d'avoir une vision dialectique, de comprendre que si l'euro expire sous l’impact des luttes populaires, l'UE explosera en suscitant d’immenses luttes populaires sur tout notre sous-continent, que la lutte pour l'indépendance nationale posera la question de l'appartenance à l'OTAN et donnera un signe d’encouragement à tous les peuples en lutte contre les prédateurs de l’UE et de la future « Union transatlantique ». S'opposer frontalement ainsi au capitalisme et à l'impérialisme, c'est, à partir du vécu concret des masses, poser la seule alternative réelle, le socialisme. Et pour cela, la référence au programme du CNR, qu’il faut actualiser dans une grande dynamique de discussions à la base avec les travailleurs (le PRCF ne part pas sans « billes », il a élaboré un programme de rupture révolutionnaire après une année de discussion dans ses structures locales ou départementales), est précieuse car elle peut fédérer notre peuple sur l’un des textes à la fois les plus progressistes, les plus « patriotiques » (tout le début du programme CNR est un appel « aux armes citoyens » contre les partisans de l’attentisme qui prédominaient dans le camp gaulliste), les plus universalistes (la Sécu est fondée sur le principe « à chacun selon ses besoins » et les plus « unificateurs » de notre histoire. Or le grand marxiste italien Gramsci nous a appris que les processus révolutionnaires ont besoin d’un arrière-plan national et populaire indispensable pour construire une nouvelle « hégémonie culturelle » et un nouveau bloc historique de progrès autour du prolétariat.

Bien entendu les contextes historiques ont changé. Nous y reviendrons mais avant un mot sur le jugement porté sur le CNR historique: il est conforme à la ligne de large rassemblement initié par le PCF avec le « Front National pour la liberté et l’indépendance de la France » (dont les Le Pen ont usurpé la noble appellation) ; existaient encore alors les bases d’une bourgeoisie, voire d’une grande bourgeoisie nationale : notamment, la concentration des trusts ne s’était pas encore pleinement opéré sur le plan hexagonal (c’est surtout le gaullisme des années 58/72) qui portera ce processus national monopoliste à son comble avec des fusions comme celle de Péchiney-Ugine-Kuhlmann, Rhône-Poulenc, etc. ; si bien que pour des raisons de classe qui lui étaient propres, la grande bourgeoisie d’alors n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier, les uns misant sur la Kollaboration avec Pétain, les autres sur la subordination à l’Amérique (AMGOT et général Giraud), d’autres sur une ligne plus « nationale » qui ont conduit De Gaulle à miser sur un rapprochement partiel, tactique, avec les communistes : ils étaient quasiment les seuls dans la Résistance armée intérieure !

D’autres raisons objectives ont permis l’émergence du CNR et Denis Kessler ne s’y trompe pas dans son article tonitruant de novembre 2007 : la victoire de Stalingrad, le rapport des forces internationales au sein de l'alliance anti-fasciste, et national. En France, où les communistes exerçaient incontestablement une forme d'exemplarité si ce n'est d'hégémonie dans le combat patriotique (malgré des courants très anti-communistes), les manœuvres américano-britanniques contre la "France Libre", ont obligé de Gaulle à fonder sa légitimé aux côtés des Résistants intérieurs....De plus quelle eut été l'alternative? Après "Yalta",c'est-à-dire l'expression géopolitique du rapport de forces internationales, avec la présence en France des troupes américaines, avec aussi, l’épuisement compréhensible de l’Armée rouge (plus de 20 millions de morts soviétiques, une génération entière décimée !) et la juste volonté de l’URSS de ne pas apparaître comme la force qui brisait la Coalition antinazie, qui peut croire, après l'exemple grec partant d'une situation mille fois plus favorable qu'en France sur le terrain, que l'anéantissement des forces armées communistes plus ou moins élargies, n'était pas la seule issue probable ? La triste dissolution des Milices patriotiques, le retour en France de Maurice Thorez et la participation au Gouvernement sur la base d'un programme progressiste n'étaient que l'expression de ces réalités-là que des marxistes, des matérialistes pratiques » comme disait Marx, ne peuvent pas contourner. Compromis historique ? Oui, certes. Qu’il eût été possible de gérer d’une manière plus rigoureuse, en tenant mieux compte des luttes anticoloniales émergentes et des exigences ouvrières ? Sans doute, comme le montreront les discussions ultérieures au sein du Kominform. Mais le bolchévisme ne consiste pas à éviter les compromis, voire les reculs tactiques (Brest-Litovsk) et seuls des dogmatiques invétérés s’imaginent que le bolchevisme consisterait à refuser tout compromis quand on s’est battu à fond pour consolider un rapport des forces. Comme l’écrit ce grand réformiste de Lénine dans La maladie infantile du communisme, « toute l’histoire du bolchevisme, avant et après la révolution d’Octobre, abonde en exemples de louvoiements, d’ententes et de compromis avec les autres partis, sans en excepter les partis bourgeois ».
Oui on peut ensuite relever des manquements, avec le recul historique, en certaines circonstances, des communistes. Mais comme l'écrivait Aragon "jugeons alors avec les yeux d'alors". Quand le 8 mai alors que la guerre contre le fascisme cesse, les événements de Sétife ont lieu, des interprétations erronées peuvent être comprises, non justifiées, mais comprises, analysées. D'ailleurs les réactions furent diverses au sein du PCF, si certains dénoncent des "manœuvres hitlériennes" (Albert Denier, le secrétaire du PCF de Sétife, aura les deux mains tranchées par les insurgés, un fait qui peut, à l'époque, masquer des faits plus essentiels) , d'autres expriment très vite leur solidarité avec les Algériens. Il ne s'agit pas encore une fois de justifier des insuffisances, les erreurs mais de faire la part de l'analyse historique et surtout de ne pas mettre sur le dos de la stratégie du CNR plus que celle-ci n’induisait en un moment où la lutte anti-nazie finissait et où les luttes de décolonisation prenaient une nouvelle ampleur, dopées par la défaite du Reich (terrible ambiguïté du 8 mai 1945 !). L 'analyse critique implique de tenir compte des réalités, de toutes les réalités dans leur dimension dialectique.

Aujourd'hui les choses ont changé. Nous ne cherchons pas une alliance avec une "grande bourgeoisie nationale-patriote" qui n'existe plus et pour cause : TOUT le MEDEF, TOUT le CAC-40 ne cesse de signer des appels, des « manifestes » (notamment « Besoin d’aire » en décembre 2011) qui appellent tout bonnement à « dépasser » l’ État-nation, à mettre en place « notre nouvelle patrie, les États-Unis d’Europe », à « reconfigurer les territoires » au sein de vastes « régions transfrontalières » converties au tout-anglais. Car aujourd’hui c’est à l’échelle continentale et transcontinentale que se joue la concentration monopoliste. Globalement toute la grande bourgeoisie est derrière la stratégie de délitement de la nation qui lui permettrait de liquider, « décentralisation » et « euro-métropoles » aidant, les conventions collectives nationale mises en place par Croizat, ce qui reste des nationalisations construites par Marcel Paul (EDF, Renault…), ce qui subsiste de la Sécurité sociale nationale (Croizat encore !), le statut de la fonction publique (Thorez !), le CNRS et le CEA (Joliot !), sans parler de l’ Éducation ex-nationale et des diplômes nationaux comme le bac, remplacé par des « compétences européennes rechargeables »… La mise à mort de la « République une et indivisible » héritée de Robespierre, la casse finale des Communes, qui plongent au plus profond de l’histoire nationale bien avant 89, serait une aubaine pour l’oligarchie qui pourrait mettre en concurrence les nouveaux Länder « français » en pratiquant le moins-disant salarial, en multipliant les délocalisations INTERNES et en exigeant un maximum de subventions de chaque région mise en concurrence avec ses voisines. Mais à côté de la classe ouvrière, française ET immigrée, qui est vitalement attachée au PRODUIRE EN France (dont la liquidation conduit à la déchéance sociale d’une partie du prolétariat et à sa marginalisation politique globale), il existe une petite et moyenne bourgeoisie qui est attachée à la Nation, qui est broyée par l’UE et qu’il faut neutraliser, voire rallier si on ne veut pas l’envoyer directement dans les griffes du FN. Nous voulons rassembler les patriotes assez conséquents et honnêtes, dont notre peuple est plein, pour isoler l'ennemi principal, unir des forces autour de la classe, et briser le théâtre d'ombre qu'est le jeu politique actuel avec un "gauche" de droite, un droite de plus en plus extrême, et une extrême-droite à l'affut. Oui, brisons l'isolement et desserrons l'étau qui nous étouffe en unissant autour d'un nouveau CNR car c'est là la "substantifique moëlle" de cette proposition stratégique.
Et aussi n'oublions pas dans le bilan que nous défendions un programme, le programme du CNR. Porteur de suffisamment de potentiel progressiste pour être aujourd'hui encore la cible du MEDEF, même s’il est évident que ses composantes écologistes, féministes, anticoloniales n’étaient pas pleinement achevées (Pierre Villon a négocié comme un beau diable et il a eu le MAXIMUM possible !) ! Alors compromis? Oui ! Et nous assumons parfaitement le compromis quand le contenu est le plus favorable possible à la classe ouvrière au bout d’un combat titanesque et non pour éluder le combat, comme fait la social-démocratie. Le CNR, la Libération, 1945 est devenu au même titre que 1789, un référent universel, très au-delà de la France (même Michael More y fait référence, et à sa façon Ken Loach parle de L’ Esprit de 45): devrions-nous l'abandonner sous prétexte que toutes ses potentialités n'ont pas abouti ? Ce n’est pas parce que la bourgeoisie a tout souillé, le drapeau tricolore, la Marseillaise, la Révolution, le CNR, qu’il faut lui abandonner NOTRE bien. Comme le dit encore Léon Landini, quand des saligauds violent votre fille, votre devoir n’est pas de la renier en disant « tu es salie ! », mais de la RELEVER… et d’aller casser la figure des salauds.. Le compromis historique n'arrête pas la lutte des classes, au contraire, quand il est conduit dans des conditions combatives, il permet à celle-ci de se redéployer dans de meilleures conditions pour la classe et les masses.
D’autant qu’aujourd’hui, il ne s’agit plus de « compromis historique » avec la partie « gaullienne » de la grande bourgeoisie. Comme nous l’avons vu, l’oligarchie financière mondialisée, qui ne parle même plus français (c’est le Baron Seillière qui a imposé au MEDEF européen de faire de l’anglais « LA langue de l’entreprise et des affaires » !), liquide la nation. Elle rampe derrière Washington (Union transatlantique et OTAN), derrière la Thatcher continentale qu’est A. Merkel, elle fait le choix, non plus seulement de la défaite, mais de la DÉFAISANCE de la France. Non pour enterrer le cruel impérialisme français, mais pour le « projeter » partout comme un « brillant » second des dominants d’aujourd’hui. Par conséquent, prendre résolument en main le patriotisme populaire, en l’associant évidemment à l’antifascisme et à l’antiracisme, comme sut le faire le grand PCF en créant les FTP-MOI, c’est affronter la grande bourgeoisie sur son cœur de stratégie ; c’est déclencher, à l’initiative du peuple travailleur, d’intenses affrontements de classes en France et en Europe. C’est, non pas en paroles mais en actes, remettre concrètement à l’ordre du jour le combat révolutionnaire pour le socialisme et cela en alliance, non pas avec le PS (tel est le « front populaire » en trompe-l’œil de Pierre Laurent), ni dans un superbe isolement conduisant à l’impuissance, mais à la tête d’une large alliance isolant l’ennemi principal : le capital monopoliste. Tout cela camarades, est dans la droite ligne de l’Internationale communiste et de nos plus belles victoires en France !

Comme le dit mon camarade Gastaud, chercheur marxiste et dirigeant du PRCF, il ne s'agit pas de stabiliser une situation mais au contraire de la dynamiser (la lutte) pour dynamiter (le capitalisme).
On dira enfin que les troupes d'occupation relèvent aujourd’hui du fantasme et non de la réalité. Certes, il n’y a pas de régiment allemand, si l’on excepte celui qui campe symboliquement près du Struthof à l’invitation de Sarkozy (qui en revanche a retiré tous les régiments français frontaliers de l’Est). Mais nous savons que "la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens"comme l'écrivait Clausewitz et inversement. Donc quel besoin pour l'impérialisme allemand,de nos jours, de troupes pour obtenir une position hégémonique? Qui dirait que la Grèce n'est pas un pays occupé dans le sens où il est privé de toute souveraineté ? L’impérialisme n’est que secondairement une affaire militaire : aujourd’hui les nouveaux Kollabos de la grande bourgeoisie, avec leur UMPS et leur UM’Pen en gestation, ont sciemment fait de notre pays, méthodiquement désindustrialisé après la Grève de 1968 (il y a eu « deal » entre la bourgeoisie allemande : à elle la machine-outil, jadis produite à Renault-Billancourt, à la bourgeoisie française le tourisme et la banque !) détruisent leur propre pays : accuser l’impérialisme allemand de dominer l’Europe ne relève pas du fantasme mais du simple constat : et cela ne revient pas à disculper la bourgeoisie française car quoi de plus grave à lui opposer que de trahir son propre pays, comme les classes dominantes de France l’ont constamment fait dans notre histoire, alors que le peuple a constamment défendu, voire sauvé la France ? Occupé certes pas par une armée, répétons-le, mais par les "men in black" de la Troïka qui imposent la volonté de l'Allemagne impérialiste et de l'UE impérialiste,qui inclut la grande bourgeoisie grecque faut il le préciser ? L' Allemagne a "anschlusser" la RDA, a annexé économiquement la Mittel-Europa et l'a intégré à sa stratégie de conquête de l'hégémonie en Europe (sans hésiter à plonger la Yougoslavie dans la guerre avec la reconnaissance unilatérale de la Croatie par la RFA). Quant à dire que l’Allemagne actuelle n’est pas fasciste, certes, car la fascisation n’est que la partie préparatoire du fascisme pur et dur, mais déjà, qu’est-ce que ce pays qui a instauré le Berufsverbot contre des millions d’Est-allemands, qui a détruit tous les monuments à Thälmann, qui laisse parader le NPD, qui est à la pointe de la criminalisation pan-européenne de la faucille et du marteau et dont les admirateurs, notamment à la direction des Pays Baltes, font parader dans les rues de Vilnius les descendants officiels des anciens Waffen SS. ? Dire cela, ce n’est pas « germanophobie » car qui plus que les dirigeants du PRCF, dont plusieurs ont fondé naguère le Comité Honecker de Solidarité internationaliste (avec d’autres communistes) a défendu les COMMUNISTES allemands persécutés par la gigantesque chasse aux sorcières qui a suivi la « réunification » ?

On dira que la lutte contre la fascisation relève aussi du fantasme. Est ce si sûr ? Que ce soit aux Pays Baltes, en Hongrie, que ce soit en Italie avec les sécessionnistes fascisants de la Ligue du Nord, les néo-nazis de "l'Aube Dorée" en Grèce, du FN en France, partout la bête relève la tête. Mais un autre aspect de la fascisation, organiquement lié à l'UE, c'est l'abandon par les forces bourgeoises traditionnelles de la démocratie représentative bourgeoise classique: l'écrasement des organes politiques issus de la souveraineté populaire au profit d'instance dépourvues de toute légitimité démocratique: n'oublions pas que Brüning prépare Hitler et Daladier prépare Pétain. Faisons donc face à la fascisation qui se développe en France et en Europe avec le renforcement des toutes les institutions antidémocratiques, la liquidation des restes de la démocratie bourgeoise représentative (notre Parlement est sans pouvoir), la montée des néo-fascisme dans toute l'Europe. Bref jouons notre rôle de force révolutionnaire qui travaille à créer un nouveau bloc historique, une nouvelle hégémonie face à la crise du capitalisme et de son hégémonie.
Et parlant d'hégémonie comment ne pas constater que le rôle hégémonique de l'impérialisme allemand au sein de l'UE, désormais incontesté sinon par quelques dogmatiques assoupis, nous permet de réactiver le symbole mobilisateur, unificateur d'un nouveau CNR : la négligence du fait national dans le rapport des forces avec l'ennemi de classe a déjà coûté cher aux communistes, sa prise en compte a permis nos victoires. En France comme partout dans le monde.

Bien entendu, la condition sine qua non pour que ce nouveau CNR prenne toute sa dimension de classe et révolutionnaire, c’est de mettre en place une frontière de feu avec tous ceux qui veulent flirter avec le FN, voire l’intégrer – qui plus est en usurpant le noble patronyme du grand Descartes ! – dans le CNR. Comme si le CNR ne s’était pas construit CONTRE l’extrême droite, presque entièrement ralliée à Vichy ! Ce type de proposition provocatrice, qui vise à polluer la noble idée d’un nouveau CNR, doit être combattue à boulets rouges au lieu de servir d’arme de revers pour accuser la direction du PRCF – quelle ignominie ! – d’être brun-rouge. Elle qui est composée de Léon Landini, ex-officier FTP-MOI, de Pierre Pranchère, ex-maquisard FTPF, de JP Hemmen, fils de Fusillé de la Résistance, lui-même emprisonné pour avoir refusé de porter l’uniforme de l’OTAN sous le commandement d’un ex-général de la Wehrmacht, de G. Gastaud, fondateur à Lens du Comité « Vigie-Lens antifasciste » qui obtint l’inéligibilité des élus racistes de la ville et fils de résistant décoré par la RP polonaise, de moi-même, fils d’un résistant grec, de Jany Sanfelieu et Annette Mateu, filles de républicains espagnols combattants, etc., sans parler d’Annie Lacroix, petite-fille de déporté juif qui passa sa vie à explorer le « ventre fécond » de la « bête immonde » pour mieux prévenir son retour ! Cessons, entre marxistes, entre communistes, de prêter le moindre cas aux louches individus qui, parce qu’ils amalgament eux-même le fascisme et le communisme, le pays de Stalingrad (en l’honneur duquel le PRCF a réuni près de 600 personnes à Paris le 2 février, avec d’ailleurs l’amical soutien du Réseau FVD-PCF ?) avec le pays d’Auschwitz. Défendons ensemble, sans barguigner, l’honneur des communistes attaqués et leur droit à la parole menacé. Dialoguons sur le fond au lieu de nous laisser impressionner par de faux antifas qui s’accordent de fait avec les VRAIS rouges-bruns pour tenter de tuer dans l’œuf la noble idée du nouveau CNR qui peut apporter enfin une alternative indépendante du PS ET du FN, en associant comme en 36 et 45, le drapeau de la Révolution française à celui de la Révolution d’Octobre.

Voilà très schématiquement exposée la raison pour laquelle nous proposons de construire un nouveau CNR fidèle à son modèle quant à la double finalité d'indépendance nationale et de progrès social mais dépassant dialectiquement le premier CNR par la dynamique révolutionnaire qu'il porte justement du fait des changements d'époque. Quand on se baigne dans le même fleuve, c’est un autre fleuve pourtant, comme eût dit le poète. Aujourd'hui l’alliance de deux drapeaux, le patriotisme progressiste et la révolution socialiste, l’antifascisme et l’internationalisme communistes, sont la condition et de l'anti-fascisme, et d'une avancée révolutionnaire décisive. Débattons-en sans dogmatisme, sans excommunication, avec le seul souci d’aboutir à une ligne de masse et de classe fédérant autour de notre camp et isolant l’ennemi : il y a urgence !

Antoine Manessis, fils de résistant antifasciste grec, responsable PRCF aux actions unitaires.
Xuan
   Posté le 24-07-2013 à 13:03:37   

Le commentaire de Gilbert Remond :

texte interressant, merci pour votre contribution au débat .
Je me demande parfois si je comprend bien de qui vous parlez quand vous parlez des contempteurs du cnr,c'est-a-dire si vous avez bien compris ce qui faisait mes réticences pour le reprendre aujourd'hui dans son intégrale facture (et non du point de vu de la fracture qu'il pouvait apporter et des sauts qualitatifs qu'il pouvait permettre ce dont je ne doute pas).
Même s'il s'agit d'une référence nominative, son contenu programatique que je viens de relire doit être entierement reconstruit à partir des réalités d'aujourd'hui, qui sont celle de la contre révolution libérale, faisant suite à un nouvel hégémonisme sur les idées et les représentations, et de la mondialisation capitalisme qui en est l'expression concrète.
IL faut le faire de mon point de vu selon une procédure qui respecte un schéma que le cnr lui même avait su suivre en réintègrant pour la communauté les apports de trente six que la réaction vichyssoise avait rayé d'un trait de plume, tout en apportant les novations que la situation nouvelle exigeait.


Amitié Gilbert
SMT2
   Posté le 26-07-2013 à 18:40:57   

Ce texte du PRCF (Manessis) n'est malheureusement pas marxiste notamment quand il confond pays sous domination impérialiste et pays impérialiste...
Xuan
   Posté le 27-07-2013 à 17:02:00   

C'est un des aspects : la Libération de l'envahisseur nazi n'a absolument rien apporté aux peuples colonisés. Si on veut citer le Vietnam à propos de la question nationale en France, parlons donc de l'Indochine...

Mais je ferai une réponse plus approfondie sur plusieurs sujets :

> Les rapports entre la France et l’Allemagne et l’impérialisme français
> Sortir de l’UE, combattre les accords européens
> Sur la sortie de l’euro
> Le CNR et la question du compromis
> La part du feu et le combat antifasciste

Sur la sortie de l'euro voir aussi le sujet maudit euro !, où j'ai regroupé plusieurs interventions et courriers.
Mais ça ne fait pas le tour de la question.
Les arguments dans un sens ou dans l'autre sont les bienvenus, et si possible les chiffres, dans la mesure où il existe autre chose que des châteaux en Espagne et des anticipations bidon.
Xuan
   Posté le 30-07-2013 à 11:17:40   

A propos de la contribution au débat d’Antoine Manessis NOUVEAU CNR ? OUI, NOUVEAU CNR ! mis en ligne par exemple sur le blog « faire vivre et renforcer le pcf » ou sur le forum marxiste-léniniste.

Nous en partageons certains aspects et sur d’autres nous sommes en désaccord.
Encore une fois nous devons les uns et les autres nous en tenir aux faits. La crise accélère le déroulement des événements et accentue les contradictions de la société et les contradictions internationales, et nous devons pleinement en tenir compte, renoncer aux interprétations qui ne correspondant plus à la réalité et nous adapter aux conditions nouvelles, en gardant comme objectif la reconstitution d’un authentique parti communiste et le socialisme.

Le démantèlement qu’ils subissent nous impose en effet de reconsidérer les acquis du CNR pour définir des mesures et des revendications immédiates adaptées, mais aussi des objectifs indispensables qui ne pourront être réalisés que sous l’autorité de la classe ouvrière.
Ce qui suit ne répond pas à l’ensemble du texte d’A. Manessis mais à ses aspects qui nous en paraissent les plus importants et qui font débat.

EDITIONS PROLETARIENNES



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Les rapports entre la France et l’Allemagne,
l’impérialisme français


Quels sont les rapports entre la France et l’Allemagne ?
Il y a à la fois unité et contradiction. Unité contre nos peuples et nos classes ouvrières, unité contre les peuples et les nations opprimés et émergents, mais opposition entre les intérêts des monopoles industriels et financiers de chaque pays.
La crise économique a accentué ces contradictions et il est vraisemblable qu’elles vont encore s’approfondir.

A l’occasion de la crise économique et des dettes souveraines, on a vu que ces deux pays se sont accrochés à l’euro, quitte à faire sauter les gouvernements qui souhaitaient s’affranchir des contraintes européennes, mais en soutenant des positions opposées sur l’assouplissement de la monnaie, sur le rôle financier de la BCE, sur les euro bonds, sur le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), sur les conflits en Afrique et au Moyen Orient, sur le commerce et les barrières douanières avec la Chine ou avec la Russie.
Ces contradictions reposent sur les caractères spécifiques des deux économies, sur leur zone d’influence, sur leur développement inégal et sur la volonté de l’un comme de l’autre de s’attribuer le leadership de l’Europe. Le texte de Parisot « besoin d’aire » illustre parfaitement cette volonté hégémonique côté français.

Le déséquilibre actuel et grandissant des rapports économiques entre l’impérialisme français et l’impérialisme allemand, au profit du dernier, ne signifie pas que l’indépendance nationale de notre pays soit déjà réellement menacée, ni la fin de leur conflit.
Au contraire, la situation défavorable de l’impérialisme français est à l’origine de ses projets comme l’Union pour la Méditerranée, de ses ingérences, de ses interventions, et de ses actes bellicistes en Afrique et au Moyen Orient, qui sont directement liés à l’hégémonie en Europe.
L’échec de cette politique impérialiste et l’aggravation de la crise en France pourrait conduire notre bourgeoisie à des actions plus violentes à l’extérieur comme à l’intérieur. La fascisation de l’Etat et le développement de la mouvance néo fasciste en sont une illustration.
L’expérience de la montée du fascisme dans les années 30 et de la seconde guerre mondiale montre que l’impérialisme le plus affaibli peut être le plus dangereux.

Les rapports inégaux des impérialistes allemand et français relèvent actuellement des contradictions inter-impérialistes et non du combat patriotique.
Sinon il faudrait démontrer le caractère hégémonique de la présence économique et financière de l’Allemagne en France.
Mais ce n’est pas le cas :

En 2012, l’excédent de la balance commerciale allemande vis-à-vis de la France a atteint 39,7 milliards d’euros sur 169,2 milliards d’euros, selon les missions allemandes en France [25 février 2013]
Parmi les détenteurs allemands de la dette française, le groupe Allianz France arrive en deuxième position derrière AXA (qui était imposé à 21,4 % en 2012). Puis l’Union Investment Privatfonds GmbH arrive en 29e position.
De même la part de la Deutsche Bundesbank arrive loin derrière celle de la Bank of England.


On observe aussi que depuis la crise les investissements français et rachats d’entreprises se font davantage vers l’Allemagne que l’inverse.



Au niveau financier, « la France et le Royaume-Uni dominent sans partage le marché bancaire européen. De chaque côté de la Manche, on compte 4 banques parmi les 10 premières : HSBC, Barclays, Royal Bank of Scotland et Lloyds côté britannique; Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et BPCE du côté français.
Un fait d'autant plus marquant que la première puissance économique européenne, l'Allemagne, ne dispose que de deux banques dans le top 20 : Deutsche Bank (2ème ) et Commerzbank (19ème). »
[Challenges – 16 juin 2013].
Il y a donc un développement inégal au profit du capitalisme allemand mais non une domination sans partage.

Sur la question de l’indépendance nationale de notre pays il est étonnant que le PRCF cite l’exemple du Vietnam ou de Cuba, deux pays colonisés, dont un par la France justement.
La question nationale n’a rien de comparable entre les pays colonisés semi-féodaux et les puissances industrielles colonialistes.
N’oublions pas que la Libération de la France de l’envahisseur nazi le 8 mai 1945 est aussi l’anniversaire des massacres de Sétif.
Dans « La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes », Lénine distinguait sous ce rapport trois sortes de pays :
« Premièrement, les pays capitalistes avancés de l'Europe occidentale et les Etats-Unis. Les mouvements nationaux progressistes bourgeois y ont depuis longtemps pris fin. Chacune de ces "grandes" nations opprime d'autres nations dans les colonies et à l'intérieur de ses frontières. Les tâches du prolétariat des nations dominantes y sont précisément celles du prolétariat de l'Angleterre, au XIX° siècle, à l'égard de l'Irlande. »
A l’heure actuelle et sur la question nationale, notre tâche principale est de combattre les méfaits des monopoles capitalistes sur notre sol et à l’étranger et non l’oppression étrangère dont notre nation serait la victime.

Fidèles à l’esprit du congrès de Tours, les communistes devraient dénoncer la querelle de brigands franco-allemande, rechercher la paix, l’unité avec le peuple allemand contre nos ennemis communs, et combattre les visées impérialistes - particulièrement celles de notre pays - contre le Tiers Monde et les pays émergents.
Tel est l’intérêt de notre peuple et de notre nation, comme celui des peuples et des nations qui nous entourent.
Nous devons inscrire à notre programme pour une France socialiste bien entendu la sortie de l’OTAN si elle n’était pas déjà réalisée, et la révision des accords commerciaux européens, l’abandon de toute forme d’ingérence et a fortiori d’intervention dans l’ancienne Françafrique, mais aussi au Maghreb et au Moyen Orient, l’établissement de rapports d’égal à égal tant envers les pays du Tiers monde et émergents qu’avec nos voisin européens. En particulier cesser le pillage financier et la spéculation menées par les banques et les monopoles français tant en Grèce que dans les pays du sud de l’Europe et de la Méditerranée.



Sortir de l’UE, combattre les accords européens


L’Union européenne constitue une puissance régionale à l’échelle des grandes puissances économiques mondiales.
Dans le monde elle constitue un allié de l’impérialisme US et au sionisme, et s’oppose au Tiers Monde comme aux pays émergents, malgré les vexations et la domination économique américaine.
La sortie de l’OTAN et la dénonciation des accords européens constituent donc un objectif immédiat.

A l’intérieur et comme aux USA, elle repose sur l’exploitation capitaliste des prolétariats et des peuples. Mais de surcroît son développement est inégal, le nord opprime le sud, la France et l’Allemagne s’en disputent l’hégémonie.
Les règles que se sont données les pays européens dominants favorisent les intérêts des principaux monopoles, banques et assurances en opprimant les peuples.
La crise mondiale s’y est ainsi traduite par le renflouement des banques, plaçant les dettes souveraines dans des situations inextricables, détruisant les acquis sociaux et bloquant les salaires. A présent la guerre mondiale des monnaies et la récession économique mettent en cause un tabou, la stabilité de l’euro, et aiguisent l’ensemble de ses contradictions.

A présent, l’Union Européenne n’a plus d’Union que le nom et l’édifice se fissure au vu et au su de tous.
La guerre des chefs Hollande et Merkel aboutit à des ententes entre certains pays contre d’autres en vue d’imposer une décision. Il ne nous appartient pas de définir la forme future de l’Europe, ceci concerne l’ensemble des peuples qui la composent, mais nous devons dénoncer les accords européens imposés contre la volonté clairement exprimée du peuple français et obtenir leur annulation.

Il faut néanmoins mesurer la portée du mot d’ordre « sortie de l’UE ».
« un ouvrier de "droite" peut comprendre comme un ingénieur de "gauche" qu’il faut sauver les retraites et que pour ce faire, il faut sortir de l’UE ! » [Antoine Manessis]
Mais en quoi la sortie de l’UE peut-elle sauver les retraites ?

N’importe quel ouvrier a bien compris que ce sont les capitalistes français qui s’en prennent aux retraites et que les « directives de l’UE » ne sont que l’alibi « supranational » des recommandations de notre propre patronat.
En l’occurrence s’affranchir des règles irrévocables de l’UE est une nécessité, avec ou sans l’accord de Bruxelles et de son pseudo parlement, véritable chambre d’enregistrement du lobbying des monopoles industriels et financiers. Mais cela ne sauve en aucun cas les retraites, ni les salaires, ni la sécu.
La preuve en est que la Grande Bretagne - hors zone euro - pratique quand même la baisse des salaires et des pensions, et accumule aussi les mesures antisociales, qu’elle combine avec la dépréciation de la £ et la hausse des prix, et cela sans pour autant sortir du marasme.

Il est notoire que le patronat français s’est largement exonéré de ses contributions, à l’aide par exemple de plus de 54 dispositifs d’allègements recensés en 2007, avant la crise économique.
Soit au titre des sommes non versées à la sécu :
7,8 milliards de taxes sur le tabac, 3,5 milliards de taxes sur l’alcool, 1,6 milliards de primes d’assurance auto, 1,2 milliards de taxes dur les industries polluantes, 2 milliards de TVA, 2,1 milliards de retards de paiements sur les contrats aidés, 1,9 milliards de paiements des entreprises, représentant un total de 20,1 milliards.
En 1991 (c’est-à-dire avant le Traité de Maastricht et ses dispositions sur l’euro) le gouvernement Rocard a instauré la CSG, à cheval sur la cotisation et l’impôt, qui ne devait pas concerner la majorité des salariés selon Nicole Notat. En fait elle pèse à 89,6% sur les revenus d’activité à la charge des salariés et à 9,9 % sur les revenus du patrimoine à l’exception des revenus financiers des entreprises, qui en sont complètement exemptées.
Ajouter à cela les pratiques frauduleuses de l’industrie pharmaceutique et de l'Etat par hôpital interposé, qui pénalisent la Sécu, les caisses de mutuelles et le patient.
Par exemple la facturation plein tarif du premier et du dernier jour : pour 11,488 millions d’hospitalisations en 2005, au tarif journalier minimum du CHU de Bordeaux, la facture s’élève à 12,6 milliards €. C’est le « trou » de 2009 !
Le délitement des services publics et leur dégradation que nous vivons quotidiennement, les fermetures et les délocalisations des entreprises, les friches industrielles de régions entières laissées à l’abandon sont dus essentiellement à la rapacité de la grande bourgeoisie française. Ils reflètent le pourrissement et l’anarchie de la production capitaliste, et le barrage que les rapports sociaux de production et la recherche du profit maximum opposent au développement harmonieux des forces productives, au progrès technique, à l’écologie et à l’allègement du travail.

Il ne s’agit pas là d’une menace étrangère contre l’intégrité nationale de notre pays mais d’une guerre de classe.
La course aux profits est la cause essentielle de la crise et de l’endettement et il n’y a aucun remède dans le cadre du capitalisme.
Il est donc nécessaire de combattre, à travers les accords européens, l’exploitation et l’austérité mises en œuvre par notre propre bourgeoisie, en la désignant comme le principal ennemi.


Sur la sortie de l’euro.


La sortie de l’Euro n’a pas la même signification ni les mêmes conséquences que la dénonciation des accords européens ou que la sortie de l’OTAN.

Dans les conditions actuelles de la guerre mondiale des monnaies la rigidité de l’euro fait débat, y compris chez les économistes bourgeois, sur la nécessité et la possibilité de le déprécier par rapport au dollar et au yen, afin de favoriser les exportations.

La dette européenne nullement résorbée s’aggrave, certains économistes envisagent carrément de la passer à la trappe au moins pour partie.
Parallèlement les baisses directes de salaires et des pensions provoquent systématiquement des mouvements de masse voire des émeutes, et le résultat n’est pas celui escompté puisque la baisse des salaires n’entraîne pas la baisse des prix, et que le chômage et la récession se sont installés durablement.
La dévaluation, voire la sortie de l’euro et la dévaluation de la nouvelle monnaie, peut être envisagée par certaines franges de la bourgeoisie comme un autre recours pour résoudre la crise sur le dos du peuple. Ce serait évidemment un nouvel aveu d’échec pour la pseudo Union européenne.
Dans tous les cas, c’est un moyen alternatif de baisser les salaires, non pas de façon absolue mais relative, par la hausse des prix à l’importation et des profits à l’export.
Patrick Artus sur le site de Natixis a plusieurs fois soutenu cette hypothèse. On lit par exemple le dans le flash n° 269 qu’en cas de dévaluation « la dévaluation améliore instantanément la compétitivité-prix, la baisse des salaires nominaux seulement lorsqu’elle s’est transformée en une baisse des prix.

Les économistes qui préconisent la sortie de l’euro l’accompagnent tous d’une dévaluation, afin de placer le capitalisme français dans une position plus favorable dans la guerre des monnaies, y compris les économistes « de gauche ».
Sapir dans son débat avec Mélenchon avance le chiffre de 25 %, (qui s’inspire d’une anticipation de l’Institut Montaigne) et calcule qu’elle correspondrait à 7 % de hausse sur les carburants mais à condition de supprimer la TICPE.

NB : La suppression de la TICPE permettrait d’amortir (et non d’annuler) la hausse du prix de l’essence mais avec un effet bien moindre pour le fuel domestique et pour les transports qui en sont partiellement exonérés (pêche, transport fluvial, transport public, agriculture, transport routier, etc.)

Donc il faudrait évaluer les conséquences de ces hausses sur le transport des marchandises, l’agriculture, la pêche, et leur répercussion sur le coût marchandises qui en dépendent.
Il ne parle pas non plus de tous les produits actuellement importés qui constituent une large part des achats ménagers. Pour lui tout ceci devrait être résorbé rapidement par la production française, avec des prix plus bas. On y croit.
On retiendra à cette occasion le cri du cœur imbécile de Mélenchon, « vive l’inflation ! » , qui selon lui ne toucherait que les rentiers.

Dans une interview à Libération, Nikonoff, parfaitement conscient de la baisse relative des salaires, prétend la neutraliser grâce à des mesures drastiques « la réquisition de la Banque de France, des banques et des compagnies d'assurance, le contrôle des mouvements de capitaux et des changes » , [la non convertibilité du franc après sa dévaluation], « l'annulation des plans d'austérité, la hausse du SMIC et des allocations chômage, l'échelle mobile des salaires et des prix, la fermeture provisoire de la Bourse et celle, définitive, du marché obligataire. »

La création monétaire permettrait alors selon lui la relance économique. Et il cite cet exemple :
« A la Libération, comment finance-t-on la reconstruction? Par la création monétaire qui permet de redémarrer très vite l'activité économique. Ce n'est pas de la magie, c'est de l'histoire économique. »
Sauf qu’on n’est pas du tout dans la même configuration. Les mesures de Quantitative Easing aux USA, comme la dévaluation du Yen au Japon n’y ont pas relancé l’activité économique.

Mais surtout, les dispositions évoquées par Nikonoff, bien qu’insuffisantes, impliquent en fait tous les garde-fous, les mesures de « salut public » et de rétorsion« dictatoriales » qui s’imposent face à la spéculation et au mur d’argent.
La collectivisation immédiate des grandes sociétés leur est indissociable.
Elles placent ainsi la sortie de l’euro non plus dans le cadre de la réforme du capitalisme telle qu’il l’envisage, mais ne peuvent s’effectuer que dans celui du socialisme et sous l’autorité du pouvoir prolétarien, c’est-à-dire dans un nouveau type d’Etat.


La sortie de l’euro, indispensable pour doter la France socialiste d’une monnaie indépendante, ne peut se réaliser dans des conditions favorables aux intérêts populaires que sous l’autorité de la dictature prolétarienne.
Il ne faut en aucun cas s’illusionner sur les bénéfices que la classe ouvrière et le peuple pourraient retirer de la sortie de l’euro sous la dictature du capital.
Parler de « porte de gauche » ne change rien au résultat de l’opération, la priorité et le seul recours quant à la crise, à la dette et à l’austérité consistant à abattre le capitalisme et non à changer l’intitulé de la facture.

Dans la situation actuelle, et quel que soit l’argument invoqué, la dévaluation soit de l’euro soit du franc par la bourgeoisie exigerait de notre part la plus vive opposition aux hausses de prix, à la spéculation, et une lutte acharnée pour l’augmentation des salaires, des pensions, des allocations de chômage et des diverses primes de misère.




Le CNR et la question du compromis


« Alors compromis? Oui ! Et nous assumons parfaitement le compromis quand le contenu est le plus favorable possible à la classe ouvrière au bout d’un combat titanesque et non pour éluder le combat, comme fait la social-démocratie. »… « D’autant qu’aujourd’hui, il ne s’agit plus de « compromis historique » avec la partie « gaullienne » de la grande bourgeoisie. » [Antoine Manessis]

Si le compromis n’est plus de mise avec les monopoles, pourquoi faudrait-il faire maintenant un compromis ?
Notre tâche à présent est clairement définie, c’est le renversement de la grande bourgeoisie.
Et s’il ne s’agit pas de réaliser un compromis avec la bourgeoisie monopoliste, puisque notre objectif est de la renverser, avec qui allons-nous passer ce compromis ?
A.Manessis écrit : « Mais à côté de la classe ouvrière, française ET immigrée, qui est vitalement attachée au PRODUIRE EN France (dont la liquidation conduit à la déchéance sociale d’une partie du prolétariat et à sa marginalisation politique globale), il existe une petite et moyenne bourgeoisie qui est attachée à la Nation, qui est broyée par l’UE et qu’il faut neutraliser, voire rallier si on ne veut pas l’envoyer directement dans les griffes du FN. »
S’agit-il de passer une alliance avec des TPE, des PME, des artisans et auto entrepreneurs contre le capital monopoliste ?
Dans ce cas il serait indispensable d’étudier attentivement les rapports inégaux de la sous-traitance, ainsi que les revendications de la paysannerie modeste face à l’industrie agroalimentaire et à la grande distribution.
Reprendre ensuite celles de leurs revendications qui s’opposent au double pillage des banques et des monopoles capitalistes, voire envisager avec leurs organisations représentatives des solutions leur permettant de survivre dans le cadre de la société socialiste, et en vue de les encourager ultérieurement à se constituer par exemple en coopératives.
En contrepartie les intérêts fondamentaux des ouvriers de la sous-traitance, des ouvriers agricoles, des saisonniers, des femmes et des immigrés employés dans ces entreprises devraient être particulièrement protégés et leur statut affranchi du rang de sous prolétariat.

A l’inverse il n’y a aucune utilité à passer un compromis - simplement parce qu’il s’affiche patriote - avec un ancien chef de cabinet ministériel de Gérard Longuet sous Balladur, de Françoise de Panafieu puis d’Hervé de Charrette sous Juppé et directeur de cabinet de Charles Pasqua, mais ne représentant en définitive que lui-même.

La part du feu et le combat antifasciste


« mettre en place une frontière de feu avec tous ceux qui veulent flirter avec le FN, voire l’intégrer » [Antoine Manessis]
Le FN n’a pas de position de principe envers la sortie de l’euro, mais pratique la démagogie et varie son discours en conséquence. On l’a vu revendiquer le retour au Franc, la dévaluation de l’euro, ou des mesures concertées. Le Pen a même promis une conversion 1€ = 1 Franc afin de rassurer son électorat, tout en revendiquant la dévaluation pour favoriser les exportations.

Ce qui nous distingue du FN c’est fondamentalement notre volonté de renverser le capitalisme et d’instaurer le socialisme, et d’une manière générale notre point de vue de classe.
Le FN a lui pour objectif l’Union Sacrée, c’est-à-dire l’ « alliance » du capital et du travail, au profit du patronat et contre l’intérêt de la classe ouvrière.
Quant au chauvinisme et au racisme qu’il répand, notre position ne repose pas sur des scrupules ou des principes humanitaires petit-bourgeois mais sur la nécessité d’unir l’ensemble de la classe ouvrière contre son ennemi de classe, et de lutter au coude à coude avec les peuples et les nations opprimées particulièrement contre notre ennemi commun l’impérialisme français.

Les quartiers populaires laissés à l’abandon, où coexistent le plus fort taux de chômage, la concentration des générations immigrées, bafouées les unes après les autres par le colonialisme, les guerres impérialistes, la surexploitation et le racisme, la mise au rebut après les années 70, le ghetto, le repli religieux et culturel, la drogue, les brimades policières et la délinquance, cristallisent toutes les contradictions de la France capitaliste et de son oppression passée et présente, et de toutes les formes administratives et répressives de son Etat bourgeois, dont l’exutoire des violences urbaines manifestent le rejet absolu.
La grave situation de ces quartiers déshérités exige de notre part de bien connaître les besoins et les revendications de leurs habitants, tels que l’expriment leurs associations et leurs représentants, mais aussi d’adopter un point de vue internationaliste et anti impérialiste sur l’histoire et les conséquences de l’immigration, car celle-ci est inséparable de l’impérialisme. Et ceci afin de promouvoir les revendications et les objectifs qui vont dans le sens de l’unité de la classe ouvrière et dans le sens de la révolution.

« On dira que la lutte contre la fascisation relève aussi du fantasme. Est ce si sûr ? » [Antoine Manessis]
Le combat antifasciste ne saurait se contenter de prendre le FN et les néonazis pour cible unique. Les appels du pied de certains membres de l’ancienne majorité (eux-mêmes souvent issus d’officines néo-nazies) nous rappellent que le fascisme est la représentation non pas de petit-bourgeois déclassés mais de la fraction la plus réactionnaire de la grande bourgeoisie. Et cela plus particulièrement dans une situation de crise, notamment si des mouvements de masse s’opposaient violemment aux mesures d’austérité.

A ce titre, la fascisation menée par les ministres de l’intérieur successifs comme Sarkozy, Hortefeux, Guéant ou Valls n’est pas moins menaçante pour les libertés démocratiques que les provocations et les exactions des bandes fascistes.

Quant aux institutions de la démocratie bourgeoise, nous observons que la 5e République a réduit définitivement le Parlement et le Sénat à des chambres d’enregistrement, et que la « séparation des pouvoirs » n’est qu’un jouet aux mains des rivalités des partis bourgeois.
Ces institutions mises en place par nos ennemis de classe sont au bout du rouleau.
Il nous incombe non pas de ravauder ce paravent de la dictature de la classe bourgeoise, mais d’imaginer une nouvelle forme de démocratie populaire délibérante, légiférante et agissante à la fois, à l’instar de la Commune de Paris.

Ce qui nous permet de faire la part du feu avec le FN et la nébuleuse qui l’entoure, mais également avec la fascisation de l’Etat, c’est le rejet de l’Union Sacrée et l’unité de l’ensemble de la classe ouvrière contre la bourgeoisie.
Il faut alors en tirer toutes les conclusions qui s’imposent dans nos alliances et dans nos accords avec tel ou tel parti ou personnalité.


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En résumé, les contradictions de classe et les contradictions nationales de l’Europe la placent dans une situation défavorable face à la crise mondiale, et celle-ci en accentue les oppositions.
Ceci alourdit l’oppression et l’exploitation de ses peuples et pourrait aussi aiguiser la montée de la démagogie fasciste, du racisme et du chauvinisme.
La France figure parmi les pays européens comme un des maillons faibles de l’impérialisme occidental. Ceci ne doit pas nous désespérer mais constitue un signe de la décadence du capitalisme et de la nécessité du socialisme.
Bien que nous ne disposions pas d’un authentique parti communiste révolutionnaire, et afin de progresser dans sa reconstitution, nos efforts devraient tendre vers l’unité de la classe ouvrière et du peuple pour le renversement de l’Etat bourgeois, seul moyen de briser un nœud de contradictions irréconciliables.
La défense des acquis sociaux aujourd’hui battus en brèche, notamment ceux du CNR est une nécessité. Notre objectif n’est pas de rééditer un compromis historique avec la bourgeoisie monopoliste mais, pour la renverser définitivement par la révolution, unir le plus largement possible autour de la classe ouvrière.
Dans l’immédiat, les accords européens comme l’intégration à l’OTAN doivent être combattus sans aucun ménagement.
Toutes les manœuvres visant à baisser les salaires, y compris par la dévaluation, doivent être dénoncées. Le retour au Franc dans les conditions de la dictature capitaliste aboutirait à ce même résultat et nécessiterait de notre part la plus grande vigilance et un combat de classe.
Seule la dictature du prolétariat peut garantir la maîtrise de la monnaie nationale dans l’intérêt des masses et nos efforts devraient tendre vers cet objectif.

La situation actuelle exige que nous nous opposions aux visées agressives et bellicistes, particulièrement celles de notre pays, notamment contre l’Afrique et le Moyen Orient, que nous tendions la main aux peuples et aux prolétariats d’Europe contre nos ennemis communs.
Nous devons réaliser l’unité de la classe ouvrière dans toutes ses composantes, et porter un soin tout particulier aux cités ghetto, où les conséquences du capitalisme et de l’impérialisme se font le plus sentir.

EDITIONS PROLETARIENNES


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Edité le 30-07-2013 à 11:52:20 par Xuan


Xuan
   Posté le 31-07-2013 à 19:09:29   

Un courrier de Gilbert Remond :

Bonjour, je vous prie de bien vouloir trouver ci dessous ces quelques articles et leurs liens pour les consulter. Ils viennent en appuis de nos discutions, et peuvent leurs apporter en même temps qu'une distanciation utile des élément d'objectivisation.

Le premier nous parle d'une stratégie de conquète du pouvoir politique dans un pays d'amérique latine; après le militaire le choix démocratique s'impose mais la volonté politique est claire face a une réaction qui ne laisse pas d'alternatives. Labas, en effet le peuple a éprouvé récemment et dans la douleure les perspectives proposées par les FN locaux.

Le deuxième est une étude sociologique sur le vote des classes populaires et leurs motivations. J'en proffite pour dire que si 30% des voix ouvières vont au FN 30% vont au PS et que dans le passé la droite gaulliste et le Pc étaient sur ces scores, le glissement est donc celui qui s'est oppéré sur la droite, quand les voix ouvières passent au ps le décalage se fait aussi a droite encore plus a droite, mais cette tendance n'est pas nouvelle et le plus significatif reste le phénomène abstentioniste, c'est a dire le sentiment dans les classes populaires de n'être plus représenté ( voir les travaux de Jean Claude Michéa et en particulier sont dernier ouvrage "les mystères de la gauche" sous titré "la gauche, stade suprème du capitalisme?" ) ce qui ouvre du côté de ce que je postulais quand je parlais de la nécéssité avant toutes choses de reconstruire un véritable parti communiste, c'est a dire un parti qui redonnerait a ces classes populaire la possibilité de s'organiser et de prendre en main leurs affaires ce qui est encore mieux que le sentiment d'être représenté.

Enfin un troisième nous rappele que sans l'armée rouge et le peuple soviétique il n'y aurait pas eu de victoire contre le fascisme et que l'on verrait mal dans ces conditions l'exitence d'un CNR. Sans ces victoires qui permetaient de reprendre l'initiative et de lui donner ses contours stratégiques, nous aurions encore moins la possibilité de faire le bilan de ce qui pouvait s'en conclure c'est a dire l'accord pour un conseil national et son programme ou de discuter de l'opportunité d'en recommencer l'occurence.

Amicalement Gilbert

http://www.communcommune.com/article-discours-exceptionnei-d-un-president-exceptionnel-le-president-de-l-uruguay-pepe-mujica-119286889.html

http://www.communcommune.com/article-pourquoi-les-pauvres-ne-votent-pas-en-fonction-de-leur-interet-economique-119195263.html

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-il-y-a-70-ans-l-armee-rouge-gagnait-la-plus-grande-bataille-de-l-histoire-qui-decida-du-sort-de-la-119222278.html
Xuan
   Posté le 01-08-2013 à 15:42:29   

Ci-dessous, un message adressé par Michel J. Cuny :


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Bonjour,

Je ne crois pas qu'il soit possible de s'en tenir à ce que manifeste le "Programme du CNR" tel qu'il s'est trouvé formulé le 15 mars 1944, pour comprendre ce qu'était la place que cet organisme occupait dans la hiérarchie de la Résistance.

Il est essentiel de comprendre pourquoi Jean Moulin a été arrêté 25 jours seulement après la première réunion d'un Conseil politique de la Résistance (baptisé plus tard CNR) ... souverain.

C'est seulement après avoir regardé de près cette question là qu'il sera possible de comprendre qui était véritablement ce général dont Alain Peyrefitte, un connaisseur, n'a pas hésité à écrire :
"La vérité de de Gaulle, c'est sa légende" .
Pour le reste, je ne peux que renvoyer à http://souverainement.canalblog.com

Salutations fraternelles à toutes et à tous, au moment où je dépose ici mon premier commentaire.

Michel J. Cuny


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Un extrait de Un mot perdu de Jean Moulin :

"03 octobre 2012

16. D'un nécessaire passage par la souveraineté révolutionnaire

Comme ce qui précède le montre, c'est la question de la souveraineté populaire qui a trouvé sa solution dans la mort de Jean Moulin en 1943, en anéantissant définitivement la souveraineté temporaire du Conseil National de la Résistance,..."