Sujet :

critique de la biographie d'Henri Guillemin

Xuan
   Posté le 28-03-2016 ŕ 11:46:20   

Réponse à la rapide bibliographie de Staline d'Henri Guillemin


http://www.youtube.com/watch?v=AX5o4icAN4w

N. E. J'ai lu pas mal de bouquins sur Staline et vu pas mal de films ou documentaires: et je ne m'en fait pas vraiment ce portrait.

Je préfère la biographie de Staline par Ludwig (qui n'est pas communiste) qui nous présente un homme simple, affable et travaillant beaucoup.

La biographie d'Henri Guillemin est assez superficielle. Beaucoup de contradictions : Staline jaloux de l'intelligence des autres ou très cultivé ; aimant les biens matériels ou s'en désintéressant ; méprisant le peuple ou proche de son petit personnel ; insensible mais adorant les enfants ; etc.

Plusieurs grandes vérités toutefois : sur son origine prolétarienne, sur le pacte germano-soviétique et sur la guerre froide.

Mais nous dire qu'il ne se rend compte du danger allemand qu'en 1938, date où il se serait calmer dans les purges, est aussi contradictoire que faux.

La collectivisation et l'industrialisation accélérée semble sortir de nulle part comme si ce n'était pas une nécessité existentielle pour l'URSS.

Il suffit de lire Littlepage (ingénieur américain non communiste): "A la recherche des mines d'or de Sibérie, 1928-1937 , Payot, Paris, 1939, pour comprendre aussi que les grandes purges ne sont pas sorties de la "tête malade" de Staline.

Il est utile de lire Furr, "Krouchtchev a menti" chez Aden, pour comprendre le mécanisme des crimes (attention beaucoup des condamnations étaient justifiées) qui se sont produits lors de ces purges et qui ne sont pas imputables directement à Staline mais au contraire à l'opposition (Iagoda et puis Lejov) et aux courtisans trop zélés de Staline (Krouchtchev, etc.). En tant que dirigeant suprême il en porte cependant une part de responsabilité.

L'Histoire a fait un sort aussi de la prétendue inaction de Staline au début de la guerre.

Sa détestation pour son fils sur laquelle insiste tant notre biographe n'est qu'une supposition qui vise à noircir Staline : qu'aurait-il dit si Staline avait fait du favoritisme au profit de son fils alors qu'il y avait tant de prisonniers soviétiques ?

Il présente Staline quasi comme un jouisseur ivrogne alors que c'était un travailleur acharné.

C'est une homme dont tout le mérite est le brigandage que Lénine a remarqué et promu !!!

Mais en fait ce fut dés le départ (1894, il a 15 ans, premiers contacts avec des cercles marxistes clandestins ; 1897, est introduit dans la première organisation socialiste de Géorgie, il lit Plékanov et Lénine ; le 1er mai 1900 Staline harangue en géorgien, en russe et en arménien un rassemblement illégal de 500 ouvriers à Tiflis sous les portraits de Marx et Engels et y organise des grèves ; début 1901, Staline diffuse le premier numéro du journal clandestin "Iskra" ; etc. ; 1904 il adhère à la faction bolchevique du P.O.S.D.R. ; etc.) un homme de l'intérieur, un agitateur et déjà un théoricien, auteur en 1905 de "L'insurrection armée et notre tactique" et en 1913 de "Le marxisme et la question nationale" .

"Après la chute du tsarisme et l'abdication de Nicolas II lors de la Révolution de février 1917, Staline, à peine de retour d'une longue déportation en Sibérie, prend en main la direction du Parti à Pétrograd. Il prône alors la politique du « soutien critique » au gouvernement provisoire réformiste bourgeois d'Alexandre Kerensky. Néanmoins, dès le retour d'exil de Lénine, il se range très rapidement aux Thèses d'avril. Celles-ci avancent l'idée que la tâche des bolcheviks est de préparer la révolution socialiste, seule à même, selon Lénine, de donner le pouvoir au peuple et d'arrêter la guerre. À l'été 1917, il est membre fondateur du Politburo." Wikipedia.

Il ne fut pas à l'initiative du "culte de la personnalité" qui le dégoûtait. Il ne fait cependant rien pour y mettre fin.

Les goulags. Non seulement il n'y eu jamais autant, proportionnellement à la population, de prisonniers dans les goulags qu'il n'y en a aujourd'hui aux USA ; et là pour la majorité ce sont des gens de notre classe (guerre contre les pauvres), mais les déportés au goulag, sauf pendant la guerre, étaient appelés "camarades" et invités à participer au développement du pays.

Quant au fameux testament de Lénine, il émet des jugements négatifs sur Staline mais aussi sur Trotski, Zinoviev, Kaménev et Boukharine. Ce texte était connu du Parti et Staline a par deux fois proposé d'être déchargé de sa fonction de Secrétaire Général, ce qui lui fut refusé.

La conclusion de Guillemin est abjecte qui nous présente un Staline mourant en maudissant l'humanité entière.

D'après Ludo Martens "Un autre regard sur Staline", EPO, Bruxelles, 1994, le meilleur livre sur Staline écrit par un non-communiste est Ian Grey, "Stalin, Man of History , Abacus, Sphere Books Ltd, London, 1982.

Grey et Ludwig sont disponibles sur Amazon.


Edité le 28-03-2016 à 11:51:00 par Xuan


Jo Limaille
   Posté le 06-06-2017 ŕ 23:40:45   

Excellent texte. Concentré. Bien construit.
Xuan
   Posté le 29-12-2017 ŕ 10:53:17   

Guillemin a ce défaut de se focaliser sur la vie privée , en colportant aussi bien des ragots, et de passer à côté de l'essentiel.
Par exemple il ne parle pas de la guerre de partisans lancée par Staline sur les arrières des nazis.