Sujet : Comment le PCC a vaincu le Guomindang | | Posté le 31-03-2011 ŕ 23:39:11
| Cet article paru dans le Quotidien du Peuple le 30/03/2011 illustre dans le cas de la Chine un aspect de la révolution de Démocratie Nouvelle sous la direction du PCC et la résolution des contradictions entre le prolétariat et la bourgeoisie nationale après la victoire contre le Japon. Un diplomate américain explique pourquoi la Chine nouvelle a pu naître en trois ans John S. Service (centre) à Yan'an Trois ans et trois mois seulement se sont écoulés depuis l'éclatement de la guerre civile entre le Guomindang et le PCC (Parti communiste chinois), jusqu'à la fondation de la République populaire de Chine (RPC) le 1er octobre 1949. Au début du conflit, ni le PCC, ni le Guomindang, ni les États-Unis ou l'Union soviétique n'auraient pu prévoir la rapidité de ce changement. Comment le PCC, d'abord en position d'infériorité, a-t-il pu vaincre le Guomindang ? Toutes les parties en cause voudraient trouver une réponse plausible. Partant de points de vue différents, les analystes sont parvenus à leur propre conclusion. Mais tous sont tombés d'accord sur un point : l'issue de la guerre a dépendu du soutien populaire. Dans la lettre que le secrétaire d'État américain Dean Acheson a adressée le 30 juillet 1949 au président Truman, il écrit que les forces apparemment puissantes du Guomindang étaient illusoires, que leurs premières victoires étaient basées sur du sable, que leur défaite n'est pas due à l'insuffisance de l'aide américaine, qu'en 1948, année décisive, les troupes du Guomindang n'ont perdu aucune bataille à cause de la pénurie d'armes ou munitions, et se sont désagrégées d'elles-mêmes à cause de la corruption, sans besoin d'être battues par quiconque, et que la pensée des Chinois allait aux communistes. « Deux mondes » dans un même pays John S. Service (1909-1999) est né à Chengdu, en Chine, dans une famille de missionnaires américains. Ce diplomate de l'ambassade des États-Unis en Chine devient un sinologue éminent. Il a pénétré dans les régions rurales et frontalières de la Chine pour effectuer des enquêtes sociologiques, connaître les conditions d'existence et la situation des gens de la rue. Il avait ainsi une vue plus ou moins profonde de la situation politique, économique et sociale en Chine. Le 20 juin 1944, il a adressé au Département d'Etat américain un rapport intitulé « La situation en Chine et propositions relatives à la politique des États-Unis » . Il écrit : « La Chine fait face à un effondrement économique. L'armée et les organismes gouvernementaux sont démoralisés, et le moral du peuple est au plus bas. La détresse se répand, le désespoir règne partout. L'autorité du gouvernement central s'affaiblit et ses ordres deviennent inopérants. La corruption est flagrante, le relâchement des lois et de la discipline a atteint un degré sans précédent dans l'administration et l'armée. Les intellectuels et les ouvriers qui souffrent le plus de l'inflation se trouvent entre la vie et la mort. Les paysans sont mécontents de l'enrôlement forcé, de l'imposition arbitraire et de toutes sortes d'exactions, et leur mécontentement ne cesse de s'accroître et de s'aggraver. Le mécontentement enfle aussi au sein des troupes du Guomindang. On ne voit aucun symptôme annonçant l'apaisement des tensions entre le Guomindang et le PCC. Au contraire, celles-ci ne cessent de s'aggraver. Maintenant, tout le monde estime que la guerre civile est inévitable. Le fait que le Guomindang recherche son propre intérêt et refuse d'écouter toute critique progressiste lui fait perdre le respect et le soutien du peuple. Si le mécontentement et le sectarisme ne gagnent pas en intensité au sein du Guomindang, ils tendent à se développer. Les intellectuels stigmatisent de plus en plus ouvertement la domination dictatoriale du généralissime » . Mao Zedong et John S. Service Le Guomindang est non seulement impuissant à changer cette situation, il contribue à son aggravation et perd ainsi sa position dirigeante sur toute la Chine. Un mois après l'envoi de ce rapport, John Service est arrivé à Yan'an, au sein d'un groupe d'observation militaire des États-Unis en sa qualité de fonctionnaire politique du Département d'État et de conseiller politique du quartier général des forces armées américaines pour la zone militaire comprenant la Chine, la Birmanie et l'Inde. A Yan'an, il s'est efforcé de ne pas céder à ses émotions. Mais tous les membres du groupe éprouvent le même sentiment : « Nous sommes arrivés dans un autre pays et y avons rencontré des gens différents » . La « mentalité et l'ambiance » y sont différentes de celles des régions dominées par le Guomindang. Il décrit ces différences en ces termes : « Ici il n'y a ni emphase, ni manières, ni cérémonie, que ce soit en paroles ou en actes. Les rapports entre les fonctionnaires et les habitants d'une part et nous de l'autre, et les rapports entre les Chinois eux-mêmes sont marqués par la franchise et l'amitié. En mentionnant Mao Zedong et d'autres dirigeants, on prend généralement un ton respectueux. On n'est nullement servile et obséquieux. Ils se joignent librement à tel ou tel groupe. Ici on ne voit pas de garde de corps, ni gendarme, et on n'entend pas la rhétorique grandiloquente utilisée par les bureaucrates de Chongqing. A Yan'an, on ne voit pas de policier et rarement un soldat. Il n'y a pas non plus de mendiant ni de phénomène désespérant de pauvreté. La tenue et la vie sont simples et sobres. À part les paysans, presque tout le monde porte un costume ordinaire, de toile tissée de manière artisanale, costume de style dit Sun Yat-sen. Nous n'avons rien vu d'ostentatoire ou d'apprêté. Partout l'accent est mis sur la démocratie et les rapports étroits avec le peuple. Le moral est élevé, et la guerre semble être proche et réelle. Ici il n'y a pas de défaitisme, ni de dégoût de la guerre. Au contraire, on garde une parfaite confiance. Nous avons l'impression que tout le monde a du travail, est sérieux et voué à une mission. La conscience politique est d'un degré étonnant. On n'entend pas de critique adressée aux dirigeants du Parti, ni de balivernes politiques. Dans le même temps, on ne se sent pas étouffé ou tendu. Les dirigeants sont sereins et confiants » . Le couple de John S. Service en 1985 Après avoir énuméré ces phénomènes, S. Service a établi l'analyse suivante : « A Yan'an, j'ai assisté à un mouvement doté d'un programme politique et économique, bien organisé et progressant sous la conduite de dirigeants compétents. Tandis que le Guomindang a perdu sa nature révolutionnaire et se trouve désagrégé en conséquence, le PCC conserve son caractère révolutionnaire afin de continuer sa lutte, et il grandit et gagne en maturité. On ne peut pas s'empêcher d'avoir l'impression que ce mouvement est puissant et réussi, qu'il est poussé par une certaine force motrice, et qu'il ne peut pas être jugulé facilement parce qu'il est lié très étroitement au peuple ». C'est en Chine que S. Service a vu deux mondes : l'un constitué par le Guomindang et les régions placées sous sa domination, et l'autre par le PCC et les régions frontalières administrées par lui. Ce sont les deux parties belligérantes de la guerre civile, après l'issue victorieuse de la guerre de résistance contre l'agression japonaise. L'issue définitive de la guerre civile dépend dans une certaine mesure de l'existence de ces nombreuses différences entre ces deux « mondes » . |
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