" class="p15" target="_blank" rel="nofollow">https://www.revolutionpermanente.fr/La-relance-selon-Macron-moins-de-salaire-pour-les-travailleurs-moins-d-impot-pour-les-patrons?fbclid=IwAR3bqelewCsN5UzcHLLgdCDJSJIs-jDGAD6wQr8vcJHDhfBaaYpAX8VaAUw
Le gouvernement montre plus que jamais dans sa gestion de la crise, quelles sont ses priorités. Le plan de relance « à la Macron » consiste d’un côté à vanter les bienfaits des baisses de salaires pour sauver l'emploi (tout en subventionnant les licenciements dans l'automobile ou l'aéronautique), de l’autre, d’aider les entreprises en supprimant un impôt de productivité.
Tyshka Rostov
samedi 18 juillet
Taxer les plus pauvres et sauver les grandes entreprises. Voilà sans surprise le cap que tient Macron pour faire face à la crise économique majeure que nous vivons depuis la pandémie. En effet, interrogé sur le plateau de TF1 ce 14 juillet à propos de l’APC (l’Accord de Performance Collecttive) signé dans la filiale Derichebourg Aeronautics à Toulouse (contre lequel les salariés ont mené une lutte exemplaire), Macron tient ses positions : au nom du maintien de l’emploi, il se dit favorable à la baisse des salaires que mettent en place certaines entreprises grâce à ces accords de performance, imposés le couteau sous la gorge. Il se dédouane ainsi en ne l’imposant pas mais en donnant très clairement son aval aux entreprises sur cette méthode. Ce dispositif est déjà enclenché dans plusieurs entreprises, sous la forme d’APC, comme à Derichebourg Aero, ainsi que dans un florilège d’entreprises de sous-traitance d’Airbus. Les APC, consistent à précariser les salariés en remettant en cause leur contrat de travail tant sur la rémunération, que le temps de travail ou encore la mobilité, tout ça sous le même prétexte : il faut « faire des efforts ». "Pour notre pays, je préfère qu’il y ait des salaires qu’on doit baisser momentanément plutôt qu’il y ait des licenciements" dit Macron. Cet argument n’est même pas valable, puisqu’une baisse de salaires aujourd’hui n’est pas incompatible avec des plans de licenciements à la rentrée. Aujourd’hui on dit aux travailleurs « si vous voulez gardez votre emploi, acceptez la baisse de salaire » et demain, ces mêmes salariés pourront subir des vagues de licenciements. Le patronat cherche simplement à garantir ses marges (voire à les augmenter) en profitant de la crise pour mordre partout où il peut ! Pour prendre l’exemple du patronat aéronautique, qui s’est gavé depuis des années mais se prétend aujourd’hui en crise, personne n’est assez naïf pour croire qu’il n’y aura pas une nouvelle bonne raison pour ne pas remonter les salaires ou les primes à leur stade antérieur, une fois la baisse "momentanée" passée. Macron semble avoir conscience de ça et prend des pincettes en disant "Ça ne doit pas prendre la forme d’un chantage. [...] Quand il y a de la peur dans un pays, le dialogue social a une valeur inouïe parce que ça permet de mettre des gens autour d’une table". Comme d’habitude, chaque sujet qui grince est résolu par le gouvernement Macron par l’argument ultime du « dialogue social » et l’invitation à la collaboration de classe.
En période de crise, la baisse des salaires est une stratégie commune utilisée par la bourgeoisie et les gouvernements. Sous prétexte qu’il faut à tout prix préserver les emplois, ils revêtent leur vernis social en conseillant à tout le monde de faire des efforts en ces temps de crise, et en brandissant l’argument de l’unité nationale. Comme si les salariés étaient des héros de la nation pour sacrifier contre leur gré une partie de leur salaire au profit de leurs patrons. Pourtant, ce n’est pas aux travailleurs de payer cette crise, et le gouvernement ainsi que les grands patrons ont suffisamment accumulé d’argent dans leurs poches pour empêcher des baisses de salaires et des licenciements. Mais pour eux, cela voudrait dire arrêter la course au profit.
Et si la crise permet de justifier des attaques contre les travailleurs, elle permet aussi de faire de substantiels cadeaux aux patrons. C’est bien pour ça que Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, a annoncé, une énième fois, ce jeudi à Matignon vouloir aider le patronat. En France, les entreprises sont soumises à des impôts directement prélevés sur les bénéfices ; et à des impôts sur la production, qui ne dépendent pas des bénéfices. La Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) fait partie du deuxième cas. Dans le cadre du plan de relance, Bruno Lemaire dit vouloir instaurer une « baisse significative » de la CVAE , un impôt de production perçu notamment par les régions. Selon lui c’est « l’impôt qui pèse le plus sur les entreprises ». Il s’agirait alors d’une baisse de 10 milliards d’euros. C’est une baisse conséquente si l’on prend en compte que le produit annuel de ces impôts représente environ 70 milliards d’euros.
Le budget des régions est directement dépendant de cet impôt versé par les entreprises, les élus régionaux sont donc très mitigées sur ce sujet. Renaud Muselier, le président LR de l’association Régions de France, s’oppose formellement à toute baisse ou suppression de la CVAE. Dans une interview pour les Echos il affirme « C’est presque un tiers de nos recettes. On ne peut pas parler de relance et assécher nos ressources. ». A moins que ce ne soient les caisses de l’Etat qui se vident pour le renflouer, dans tous les cas de l’argent public aura été laissé dans les mains du patronat.
Pendant que Macron clame sur les plateaux que les travailleurs déjà précaires doivent voir leur salaire diminuer, les grandes entreprises voient leurs impôts baisser. Face à cette gestion capitaliste de la crise, nous devons nous organiser. Nous ne devons accepter, ni licenciement, ni baisse de salaire ! Les salariés sont ceux qui ont déjà supporté la crise du Covid et maintenu l’économie à flot, ce n’est pas à nous de payer la crise !
Xuan |
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« Nous voulons que les plus précaires soient exonérés de loyers » Par Chahira Bakhtaoui Le 09/04/2020 https://www.bondyblog.fr/politique/nous-voulons-que-les-plus-precaires-soient-exoneres-de-loyers/?fbclid=IwAR2D7PzdUQcee4NPwbbd38BZbToLacxrwj2x2_sTZAdZC_6mw4kemGQddJc Sa pétition a recueilli 1000 signatures en deux jours. Aly Diouara, président de l’amicale des locataires AMF-CLCV de La Courneuve, souhaite obtenir des bailleurs sociaux une exonération des loyers pour les familles les plus modestes, le temps de la crise sanitaire. Interview. BB : Comment est née l’idée de cette pétition ? Aly Diouara : On a aujourd’hui une situation dramatique dans nos quartiers. De nombreuses personnes ont des difficultés financières, beaucoup ont perdu leur emploi à cause du confinement. La question du paiement des loyers commence à se poser sérieusement. La baisse des APL et des prestations sociales avait déjà mis les gens dans la difficulté et le confinement s’y est ajouté. Sans compter tous les foyers qui cumulent des dettes de loyers ou de charges locatives. Vous avez eu des remontées de locataires pour qui le loyer peut être un obstacle sérieux ? Beaucoup voient leurs revenus diminuer voire disparaître en ce moment. Et, dans le même temps, les charges sont là. Et elles augmentent, même. Certains avaient la cantine gratuite ou à faible coût et se retrouvent à devoir payer et préparer tous les repas de la journée. Les charges d’eau augmentent aussi. Mariama, une mère au foyer, m’a dit : « Je pensais que le plus dur ce serait la fermeture des écoles mais au final, ça va être le loyer. J’espère qu’ils vont nous aider. » Face à cela, vous avez donc souhaité interpeller les bailleurs sociaux… L’idée, c’était d’interpeller les pouvoirs publics et les bailleurs, notamment ceux de l’office public de l’habitat puisqu’ils sont administrés par des élus, comme Plaine Commune Habitat et Seine-Saint-Denis Habitat. Nous voulons que les locataires les plus précaires soient exonérés de leurs loyers. Je pense qu’économiquement, les bailleurs sociaux publics ont la possibilité de faire ce geste. Seine-Saint-Denis Habitat, par exemple, a un compte de résultat qui est positif avec des bénéfices. A un moment donné, est-ce qu’on ne peut pas avoir cette souplesse pendant deux ou trois mois en direction des locataires les plus fragilisés ? C’est le sens de la démarche que nous avons initiée, rejoints par le collectif Plus sans ascenseur et le collectif Francs-Moisins. Les bailleurs sociaux, notamment ceux que vous citez, ont déjà mis en place un accompagnement à destination des locataires. Vous estimez qu’il est insuffisant ? Ils parlent d’accompagnement social mais il s’agit plutôt de présence sociale. Il ne suffit pas d’appeler les gens pour leur dire « Est-ce que tout va bien ? ». Ces gens-là sont dans une extrême anxiété. Oui, il y a eu un recul de la trêve hivernale. Oui, il y a eu un assouplissement avec Seine-Saint-Denis Habitat qui a proposé un report du paiement des loyers. Mais le report du loyer va être pire. Les gens ne vont peut-être pas retrouver d’activité. Ils vont devoir payer des loyers pour des mois où ils n’avaient pas d’argent. Et donc ils vont échelonner ça pendant 12 mois, et celui qui est censé avoir un loyer à 700€ va se retrouver avec un loyer à 800€. Cela risque d’être contre-productif. Financièrement, on imagine que cela représente un effort important pour les collectivités. Est-ce que vous connaissez des bailleurs ou des territoires où cette mesure a été mise en place ? Si une ville comme Lisbonne au Portugal le fait, je pense qu’on peut le faire. A Lisbonne, tous les loyers sont annulés. Il n’y aucun loyer à payer à partir du moment où on habite dans un HLM. Donc c’est généralisé et non destiné seulement aux personnes fragilisées. Car on estime que si on vit dans un HLM, c’est qu’on n’est pas riches. C’est ce qu’a dit le maire de Lisbonne. Où en est votre pétition aujourd’hui et comment comptez-vous porter votre proposition ? Je m’étais donné un objectif de 1000 signatures, on les a atteints ce (jeudi) soir. Et ça va encore prendre de l’ampleur. Avec le confinement, on n’a pas pu faire de porte-à-porte donc beaucoup de personnes concernées n’ont pas pu avoir accès à la pétition. Mais Le Parisien va relayer notre initiative, on va continuer le bouche-à-oreille… Avec ce palier de 1000 personnes, les pouvoirs publics ne pourront pas faire comme s’il n’y avait pas une expression populaire sur un sujet hautement préoccupant. C’est le peuple qui va porter la proposition et je vais interpeller les élus sur la base de témoignages de locataires. Il suffirait qu’un seul bailleur le fasse pour que tous les autres le fassent. Comment fonctionnerait l’accompagnement social que vous appelez de vos vœux ? L’idée, c’est, en plus d’un accompagnement social renforcé, que chaque bailleur s’accorde à mettre en place une plateforme numérique de saisine de report ou d’exonération des loyers durant la période de crise sanitaire. Nous souhaitons la mise en place d’un questionnaire allégé et la génération d’un récapitulatif de la demande du locataire qui de facto engage la suspension des loyers en question sur la période. Enfin, il faudrait que les services des bailleurs n’aient plus recours aux SMS destinés aux locataires, que nous estimons être des vecteurs de pression sociale superflue, outre la possible violation du règlement général de protection des données. Propos recueillis par Chahira BAKHTAOUI |
Xuan |