Sujet : brochure du CMC sur l'URSS | | Posté le 02-10-2007 à 23:25:19
| Inédite en France, une étude d'après les archives soviétiques traduite et publiée par CMC. A commander à militant@militcom.org EXTRAIT de la BROCHURE : PRESENTATION PAR CMC et INTRODUCTION de L'étude Dans l’introduction à son article, l’auteur prévient « ..l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d’autres. En fait c’est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m’a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l’histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j’étais loin d’évaluer l’étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. » Plus de 50 ans après le 20 ème congrès du PCUS qui consacra le triomphe des révisionnistes partisans de la restauration du capitalisme en URSS, nous pouvons juger des énormes dégâts que cet événement a engendrés pour le mouvement communiste. L’ignominieux rapport secret de Kroutchev et les calomnies sur la période « stalinienne » de l’Union soviétique qu’il a répandues a permis que les mensonges de la propagande anti-communiste soient élevés au rang de vérité absolue. Des millions de prolétaires ont ainsi désespéré du communisme et leurs luttes pour une société plus juste, débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme a été dévoyée sur des chemins de traverse. Aujourd’hui il nous faut faire renaître dans l’esprit des masses exploitées « l’esprit communiste » la confiance à la possibilité d’un avenir meilleur, d’un monde nouveau, supérieur, un monde communiste. Ayant eu accès à une partie des archives d’Etat et du Parti Communiste de l’ex-l’URSS certains chercheurs russes et anglo saxons nous laissent entrevoir une toute autre vérité, même si leur analyse des documents et des faits reste souvent dans les limites de la vision bourgeoise de l’histoire. Rares sont les études menées du point de vue du matérialisme historique. Celle de Grover Furr, marxiste convaincu, en est une. En traduisant et en publiant cette étude, notre collectif apporte sa contribution à la lutte contre la criminalisation du communisme et poursuit une des tâches qu’il s’est fixées : engager les communistes de France à une réflexion du point de vue du matérialisme historique sur les réalisations de nos prédécesseurs afin que les leçons de leurs succès et de leurs échecs éclairent nos luttes à venir. Le collectif Militant Communiste Octobre 2007 Introduction Cet article décrit les tentatives de Joseph Staline, des années 1930 jusqu'à sa mort, pour démocratiser le gouvernement de l'Union soviétique. Cette assertion et l'article qui suit étonnera nombre de personnes et en choquera d’autres. En fait c’est ma propre stupéfaction, à la suite des résultats de mes recherches qui m’a conduit à écrire cet article. Je soupçonnais depuis longtemps que la version « Guerre froide » de l’histoire soviétique avait des défauts sérieux. Cependant, j’étais loin d’évaluer l’étendue des mensonges que l'on m'avait présentés comme des faits incontestables. Tout cela est bien connu en Russie, où le respect, voire l'admiration pour Staline est répandue. Youri Zhukov, le principal historien russe qui met en avant le paradigme de « Staline démocrate » et dont les travaux constituent la plus importante source pour cet article -mais pas la seule- est une figure du courant dominant de l'Académie des Sciences. Ses travaux sont largement connus en Russie. Cependant, cette histoire et les faits qui la confirment sont pratiquement inconnus à l'extérieur de la Russie, où le paradigme de la Guerre froide de « Staline dictateur » domine tout ce qui est publié et où les travaux commentés ici sont très rarement cités. Aussi, une bonne partie des sources secondaires utilisées pour cet article sont seulement disponibles en russe, ainsi que, bien sûr, toutes les sources primaires. Cet article n'informe pas simplement les lecteurs de nouveaux faits et sur leur interprétation à propos de l'histoire de l'URSS. C’est plutôt une tentative d'apporter à des lecteurs non-russes les résultats d’une nouvelle recherche sur la période « stalinienne » et sur Staline lui-même, basée sur les archives soviétiques. Les faits présentés sont compatibles avec une série de paradigmes de l’histoire soviétique, de même qu'ils aident à réfuter un certain nombre d'autres interprétations. Ils seront tout à fait inacceptables – en fait, scandaleux – à ceux dont les perspectives politiques et historiques sont basées sur les notions fausses et idéologiquement motivées "de la Guerre froide", "de totalitarisme" soviétique et "de terreur" stalinienne. La caractérisation khrouchtchévienne de Staline en tant que dictateur assoiffé de pouvoir, traître à l’héritage de Lénine, a été créée pour servir les objectifs de la nomenklatura du Parti communiste dans les années 1950. Mais elle présente des similitudes et partage beaucoup de suppositions, avec le discours canonique sur Staline hérité de la Guerre froide, qui a servi la propagande des élites capitalistes, soutenant que les luttes des communistes, et donc de n'importe quelles luttes pour le pouvoir du prolétariat, mènent inévitablement à un certain type d’horreur. Elle sert aussi à l’argumentation des Trotskistes selon laquelle la défaite de Trotski, « véritable révolutionnaire », n’a pu avoir lieu que par la faute d'un dictateur qui, est-il affirmé, a violé tous les principes pour lesquels la révolution avait combattu. Les paradigmes khrouchtchéviens, anti-communistes de la Guerre froide et Trotskistes de l’histoire soviétique partagent la même diabolisation quasi-totale de Staline, de son leadership et de l'URSS à son époque. La vision de Staline décrite dans cet essai est compatible avec un certain nombre de paradigmes historiques autrement contradictoires. Les interprétations communistes anti-révisionnistes et post-maoïstes de l’histoire soviétique considèrent Staline comme l’héritier créateur et logique, et à certains égards imparfait, de l’héritage de Lénine. En même temps, beaucoup de nationalistes russes, tout en n’approuvant pas vraiment les réalisations de Staline en tant que communiste, respectent Staline en tant que principal acteur qui a conduit la Russie à devenir une puissance industrielle et militaire mondiale majeure. Staline est un personnage fondamental pour les deux, bien que de façon très différente. Cet article n'est pas une tentative "de réhabiliter" Staline. Je suis d'accord avec Yuri Zhukov quand il écrit : « Je peux honnêtement vous dire que je m'oppose à la réhabilitation de Staline, parce que je m'oppose aux réhabilitations en général. Rien ni personne dans l'histoire ne devrait être réhabilité – mais nous devons découvrir la vérité et dire la vérité. Cependant, depuis l’époque de Khrouchtchev les seules victimes des répressions de Staline dont on entend parler sont celles qui y ont participé elles-mêmes, qui les ont facilitées ou qui n’ont pas réussi à s'y opposer » Je ne veux pas non plus suggérer que, si Staline s’y était bien pris, les multiples problèmes de la construction du socialisme ou du communisme en URSS auraient été résolus. Durant la période que cet essai étudie, la conduite de Staline a été non seulement de chercher à promouvoir la démocratie dans la gestion de l'État, mais aussi de favoriser la démocratie interne du parti. Cet aspect important et lié, exige une étude séparée et n’est pas le thème central de cet essai. Cependant le concept de « démocratie » n’a pas le même sens dans le contexte d'un parti basé sur le centraliste-démocratique et d’adhérents volontaires que dans un État immense de citoyens où aucune base d'accord politique ne peut être posée en préalable. Cet article fait référence à des sources primaires chaque fois que c’est possible. Mais il s’appuie beaucoup plus sur les travaux de recherche des historiens russes qui ont eu accès aux documents non publiés ou récemment publiés des archives soviétiques. Beaucoup de documents soviétiques très importants sont disponibles seulement pour les chercheurs avec un accès privilégié. Un grand nombres d'autres documents sont inaccessibles et classifiés «confidentiels », incluant une bonne partie des archives personnelles de Staline, les documents d’enquête d'avant-procès des procès de Moscou de 1936-38, les documents d’enquêtes relatifs aux purges militaires ou à « l'Affaire Toukhatchevski » de 1937 et beaucoup d'autres. Yuri Zhukov décrit la situation des archives de cette façon : « Au début de la perestroïka, un de ses slogans était la glasnost … les archives du Kremlin, autrefois fermées aux chercheurs, ont été liquidées. Leur propriété a commencé à être transféré dans [des institutions publiques diverses – GF]. Ce processus a commencé, mais n'a pas été achevé. En 1996, sans aucune publicité ou explication de quelque sorte que ce soit, les documents centraux les plus importants ont été de nouveau re classifiés, enfouis dans les archives du Président de la Fédération de Russie. Très vite les raisons de cette opération secrète sont devenues claires; elle permettait la résurrection d'un des deux anciens vieux et très minables mythes. » Par ces mythes Zhukov désigne le mythe de « Staline dictateur » et « Staline grand leader » Seul le premier de ces mythes est familier aux lecteurs de l’historiographie occidentale et anti-communiste. Mais les deux écoles sont bien représentées en Russie et dans la Communauté des Etats Indépendants. L’un des livres de Zhukov, qui sert de base d’une grande partie de cet article, est intitulé Staline Inoy – Staline différent- « différent » de l'un ou de l'autre mythe, plus près de la vérité, basé sur des documents d’archives récemment déclassifiés. Sa couverture montre une photographie de Staline et, y faisant face, la même photographie en négatif : son opposé. C’est seulement à de rares occasions que Zhukov emploie des sources secondaires. La plupart du temps il fait référence à des matériaux d’archives non publiées, ou des documents d’archives qui ont été seulement récemment déclassifiés et publiés. Le tableau qu’il brosse de la politique du Politburo de 1934 à 1938 est "très différent" de tout ce qui est véhiculé avec n'importe lequel des « mythes » qu'il rejette. Zhukov termine son introduction avec ces mots : « Je ne prétends pas avoir tout résolu ou être incontestable. Je poursuis seulement un but : éviter les deux points de vue préconçus, les deux mythes; essayer de reconstruire le passé, autrefois bien connu, mais maintenant intentionnellement oublié, délibérément tabou, ignoré par tous. » Comme Zhukov, cet article tente aussi d’éviter de tomber dans les deux mythes. Dans de telles conditions toutes les conclusions doivent rester provisoires. J'ai essayé d'employer tous les documents judicieusement, qu’ils soient primaires ou secondaires. Pour éviter d'interrompre le texte j'ai mis les sources de mes références à la fin de chaque paragraphe. J'ai utilisé des notes en bas de page numérotées classiquement seulement là où je pense que des notes plus explicatives sont nécessaires. La recherche que cet article résume a des conséquences importantes pour ceux d’entre nous qui ont intérêt à faire avancer une analyse de classe de l’histoire, y compris de l'histoire de l'Union Soviétique. Un des meilleurs chercheurs américains de la période stalinienne en URSS, J. Arch Getty, a qualifié la recherche historique effectuée pendant la période de la Guerre froide de « produit de la propagande » –« recherche » qu’il ne sert à rien de critiquer ou d’essayer de corriger point à point, mais qui doit être complètement revue depuis le début. Je suis d'accord avec Getty, mais j’ajouterais que cette « recherche » tendancieuse, politiquement orientée et malhonnête est encore produite de nos jours. Le paradigme khrouchtchévien et de la Guerre froide a été le point de vue dominant de l'histoire "des années Staline." La recherche dont je fais le compte-rendu ici peut contribuer à « déblayer le terrain, en recommençant tout depuis le début. » La vérité qui apparaîtra finalement aura aussi une grande signification pour le projet marxiste en vue de comprendre le monde pour le changer, pour construire une société sans classe, de justice sociale et économique. Dans la dernière partie de l'essai, j’ouvre pour la recherche ultérieure quelques pistes que suggèrent les résultats de cet article . |
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