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 sur la violence de classe et la "fusion"

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Xuan
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   Posté le 21-02-2013 à 00:16:07   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Les socialistes n’ont jamais changé



Face à la colère des ouvriers menacés de licenciement massifs, Valls déclarait le 5 octobre : « Il y a de la désespérance chez les ouvriers, chez les ouvrières, il y a de la colère. [...] J'en appelle évidemment à la retenue, au dialogue social, à la recherche de solutions. [...] Il n'y a pas de place pour la violence, et je lance évidemment un avertissement, la police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l'outil de travail, à briser des mobiliers urbains, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers » .
Valls avait également annoncé que ses services étaient « mobilisés pour éviter tout débordement » .

La suite a donné le sens réel de ce prétendu « appel à la retenue » ne laissant « pas de place pour la violence » et la signification pratique de ces directives.

Le 6 février 2013, pour empêcher les sidérurgistes d’Arcelor Mittal de Liège, Florange et du Luxembourg de manifester devant le Parlement européen de Strasbourg, la police intercepte et perquisitionne les bus. Certains sidérurgistes sont fouillés au corps, jetés à terre et menottés, puis la manifestation est gazée et tirée au flashball.
John David, jeune intérimaire liégeois métallo sur le site de Flémalle, reçoit au visage une balle en plastique à tir tendu.
En immobilisant l’ambulance à grands renforts de sifflets et de matraques la police strasbourgeoise empêche son hospitalisation rapide ce qui lui vaut la perte définitive de son œil.
Immédiatement après il est licencié.

La violence terroriste de l’Etat bourgeois contre la classe ouvrière n’a jamais changé de nature, ni ses serviteurs socialos.
Faisons un bond de 68 ans dans le passé.



Je reprends ici les faits cités et de larges extraits de l’ouvrage « les communistes de la Drôme de la Libération au printemps 1981 » par Alain Chaffel. Mais compte-tenu des sous-entendus et des arrière-pensées de l’auteur, dissimulés sous le vernis d’une fausse neutralité universitaire, j’ai dû remanier le texte pour en retirer les appréciations tendancieuses.


Echec de la fusion communistes-socialistes dans le Parti Ouvrier Français


Après la Libération la présence militaire américaine avait compromis une insurrection révolutionnaire, mais le Parti Communiste Français jouissait d’une immense popularité. Ses effectifs dans la Drôme étaient passés de moins de deux cents militants en 1932 à plus de 7500 en novembre 1945. Premier parti de France il ne peut cependant pas prendre la tête de l’Etat et se lance dans une stratégie d’alliance.

Le 4 décembre 1944, une commission d'entente entre Socialistes et Communistes, est instituée. En janvier 1945 Maurice Thorez déclare devant les délégués du Comité Central que la constitution « d'un grand Parti ouvrier national » est imminente. Le 18 novembre 1946, dans son interview au Times, il déclare « L'union des forces ouvrières et républicaines est le sûr fondement de la démocratie. Le Parti ouvrier français que nous proposons de constituer par la fusion des partis communiste et socialiste, serait le guide de notre démocratie nouvelle et populaire.»
Dans ce passage, reprenant le Projet de Charte d'unité de la classe ouvrière de France du 8 juin 1935, il revenait sur les conditions 1, 2, 7, 13 et 17 de l’adhésion de la SFIC à la IIIe Internationale lors de son congrès fondateur à Tours.
Toutefois dans son rapport présenté au 10e congrès des 26-30 juin 1945, Jacques Duclos présentait le projet ainsi : « Le Parti Ouvrier Français défend et propage le matérialisme-dialectique de Marx et d’Engels, enrichi par Lénine et Staline […] Le Parti Ouvrier Français fait connaître aux larges masses les grandioses victoires du socialisme remportées par le Parti Communiste Bolchévique de l’URSS, sous la conduite de Lénine et Staline, continuateurs de Marx et d’Engels, etc.» .
Le projet d’unité organique dans un seul parti stipulait également l’application du centralisme démocratique et la direction de l’ensemble du Parti, du groupe parlementaire et de la presse par un organisme central, exigeant l’application des décisions par tous. Enfin le parti communiste était à l’époque un parti prolétarien où la classe ouvrière tenait une position dominante.

Evidemment Léon Blum rejeta de toutes ses forces le projet de Parti Ouvrier Français ; la SFIO verrouilla rapidement toute tentative d’unité à la base et déserta les « comités d'entente permanents » créés localement.

La suite des événements démontra que, même en abandonnant le nom de parti communiste, cette fusion sur la base du marxisme-léninisme et du centralisme-démocratique était non seulement irréalisable mais contre-nature.

Les grèves de novembre-décembre 1947 et les crimes de Jules Moch dans la Drôme.


Suite à la grève victorieuse chez Renault en avril 1947, le mouvement de grèves se propage dans tout le pays.
Le 11 novembre, Blum dénonce le « danger communiste international » . Le gouvernement dirigé par le Socialiste Ramadier démissionne le 19, il est remplacé par le MRP Robert Schuman le 23 novembre.

La CGT et le Parti Communiste Français accompagnent le mouvement de grève et dénoncent les difficultés des familles ouvrières. Le 22 novembre, à la Bourse du Travail de Valence, le secrétaire de l'Union départementale Louis Peyrichou, s'adressant aux dirigeants de la CGT de la Drôme, indique qu'il faut tout mettre en œuvre, "y compris la grève générale" , pour obtenir satisfaction. Le comité général du syndicat décide de déposer dans tous les bureaux, usines et chantiers, une demande d'augmentation des salaires de 25 % pour lutter contre la hausse des prix, et consulte les travailleurs dans toutes les entreprises.
Suivant l’appel de leur fédération nationale, les cheminots valentinois entrent en grève le 25. Le jour même, à la suite d'une intervention des forces de l'ordre pour faire partir un train, les métallurgistes de Valence suivent le mouvement et invitent les travailleurs des autres corporations à faire de même. Les ouvriers du bois et du textile décident de débrayer eux aussi. Tous sont solidaires des cheminots et ils participent à l'occupation de la gare qui devient le centre du conflit. On compte 5500 grévistes à Valence.
Les grèves touchent d'autres localités du département : la chaussure à Romans, à Bourg-de-Péage, à Saint-Vallier les 250 ouvriers de 'l’Electro-Porcelaine', à Crest les ouvriers du bâtiment et le personnel des usines de soie et de confection cessent le travail ainsi que plusieurs ouvriers des usines de Tain l’Hermitage. La grève est massive dans la Drôme.
Sous l'impulsion de la CGT et du Parti Communiste, l'entraide s'organise. Le Bureau Fédéral du Parti appelle à la solidarité. Des vivres provenant notamment de la Valloire et du Tricastin sont distribués tous les jours.

Le 24 novembre, le socialiste et ancien député de Valence Jules Moch, est nommé ministre de l'Intérieur afin de réprimer la grève.
En juin 1947 il avait déjà affronté une grève des cheminots sans parvenir à limiter leur droit de grève. C'est pourquoi, dès son arrivée au ministère, Jules Moch envoie aux préfets une circulaire leur demandant d'être fermes et intransigeants sur l'application du droit de grève : « Le droit de grève est inscrit dans la constitution mais il ne s'identifie pas avec le droit d'occuper les lieux du travail et encore moins d'empêcher de travailler ceux qui ne veulent pas faire grève... je vous prie en conséquence, lorsque vous vous trouverez en présence d'actes délictueux de cette nature, et si la persuasion ne donne aucun résultat, de prendre toutes les mesures de police utiles pour faire procéder à l'évacuation des locaux illégalement occupés et pour faire respecter la liberté du travail, à l'aide et avec l'appui de la force publique... je vous prie d'appliquer avec fermeté ces instructions »

Immédiatement les forces de l'ordre interviennent pour disperser les piquets de grève. Des grévistes qui veulent empêcher le déchargement des sacs postaux arrivés par camion sont arrêtés : 18 travailleurs d’une usine métallurgique de Valence, ‘La Boulonnerie Calibrée’, sont emmenés au commissariat. 150 à 200 personnes manifestent devant le commissariat de police, elles sont repoussées à coup de grenades lacrymogènes, ce qui déchaîne leur colère.
A l'appel de la CGT plusieurs milliers de personnes se rassemblent à la salle des fêtes, le 2 décembre. Successivement, Revel responsable du comité central de grève, Brusson des cheminots, Gros de la Cartoucherie, Defuides, Peyrichou secrétaire de l'UD prennent la parole pour « stigmatiser l’odieuse action de la police et du préfet et pour appeler les travailleurs à la lutte » . Les grévistes sont relâchés le soir même et le Parti Communiste dénonce à la salle des fêtes le gouvernement socialo-fasciste.

Le 4 décembre en début d'après midi 2000 grévistes se rassemblent et défilent sur les boulevards, imposant cortège qui par l'avenue Victor Hugo et la rue Pierre Semard se dirige vers la gare, que les forces de police avaient fait évacuer dans la matinée. En tête Maurice Michel député communiste, Antoine Plan secrétaire de la fédération de la Drôme du PCF, Louis Peyrichou et Eugène Revel, secrétaires de l'UD-CGT, et les élus communistes du conseil municipal.
Face à eux, le préfet de la Drôme, le directeur départemental de la police, le commissaire central, le commissaire d'arrondissement et le capitaine de gendarmerie, dirigent les forces de répression.
Arrivés sur la place de la gare les manifestants donnent l'assaut malgré les grenades lacrymogènes, renversent deux cars de police, franchissent les portes de la salle des pas perdus et affrontent sur les quais les coups de matraque des policiers et des gendarmes, réoccupant derechef la gare pour la troisième fois en dix jours.

Le Travailleur Alpin du 5 décembre écrit : « Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l'armée de l'air qui les reçurent à coups de grenades lacrymogènes. Devant une telle réception les manifestants brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la "petite vitesse", tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l'attitude résolue des grévistes, Duperrier, préfet criminel, donna l'ordre de tirer sur la foule. Plusieurs travailleurs tombèrent et il fallut toute la présence d'esprit de notre camarade Maurice Michel, député de la Drôme qui ceint de son écharpe tricolore s'avança devant les policiers pour faire cesser le feu. Duperrier et sa clique s'enfuirent à travers les voies ».

Deux ouvriers ont été tués, un troisième décède peu après, on compte une quinzaine de blessés par balles, tous communistes et cégétistes, contrairement aux calomnies du Dauphiné Libéré qui prétend dans son édition du 5 décembre « Les premiers coups de feu vinrent des manifestants » .
Le parti Communiste calme la foule : « Après, ça a été l'émeute, il a fallu intervenir pour que les manifestants ne tuent pas quelques policiers qu'ils avaient fait prisonniers » .
Les inspecteurs de police Tardieu et Terrasse sont capturés par les manifestants. Tardieu est emmené à la Maison du Peuple où il est interrogé avant d'être libéré. Une délégation conduite par Maurice Michel, Louis Peyrichou et Roger Pierre (R. Pierre représente les élus communistes du conseil municipal de Valence) se rend à la préfecture. Maurice Michel jette sur le bureau du préfet le revolver de Tardieu et déclare symboliquement « Voilà une arme qui a tué un ouvrier » .
Le lendemain les cercueils, veillés à tour de rôle par leurs camarades, sont exposés dans le hall de la gare :

Adolphe Chaléat, ouvrier au parc d'artillerie,
Raymond Penel, 41 ans, cheminot
Justet, ouvrier du bâtiment
Ils laissent onze orphelins et trois veuves.

Parmi les blessés :
Brusson dirige le syndicat CGT des cheminots,
Belmas journaliste au Travailleur Alpin,
Cordeil, Brunet et Hauteville adhérents de la CGT.
Le 7 décembre, 20 000 personnes rendent un dernier hommage à Penel et Justet
Le 8 décembre 8000 assistent aux obsèques de Chaléat.
Successivement, Louis Perrichou, Antoine Plan et Maurice Michel prennent la parole dénonçant « la tuerie inspirée par le gouvernement réactionnaire du Schuman et du socialiste fasciste Moch » .
Le même jour, Sylvain Bettini, rescapé du camp de la mort de Dachau, est abattu à Marseille sur un piquet de grève.
Le lendemain la grève avait pris fin.

Quelques réflexions :


> La fusion du parti communiste et du parti socialiste, dans des conditions où le premier jouissait d’une situation très favorable et restait fidèle au matérialisme-dialectique, au marxisme-léninisme, à la dictature du prolétariat et au centralisme démocratique, a été un échec même au prix de l’abandon du nom « parti communiste » .

Aujourd’hui cette fusion dans le Front de Gauche se déroule dans des conditions beaucoup moins favorables et après l’abandon de tous ces principes. Elle pourrait s’accomplir cette fois à la condition d’être l’antithèse de celle initialement envisagée dans le POF et aboutissant à la création d’un parti social-démocrate, où la présence de plus en plus marginale de la classe ouvrière ne servirait que de faire-valoir.

A partir de ce constat se pose une question : le parti communiste doit-il être un parti de masse , renonçant à toutes ses caractéristiques révolutionnaires et de classe, ou bien un parti d’avant-garde prolétarien, lié d’innombrables façons avec les masses populaires ?

Précisons ces liens : après l’échec renouvelé des unions multiformes avec le parti socialiste, dans une stratégie uniquement électoraliste, faut-il poursuivre un entêtement délétère auprès des politiciens bourgeois étiquetés à gauche , ou bien reconsidérer la notion de Front Uni comme l’unité de la classe ouvrière et des masses opprimées par le capitalisme, à travers toutes les formes d’association de lutte que peut se donner le peuple ?

> Dans notre combat pour remplacer le capitalisme par la société communiste, à travers la révolution prolétarienne et le socialisme, l’histoire nous montre jusqu’à ce jour que la lutte des masses même pacifique contre la classe capitaliste et son Etat conduit tôt ou tard au déchaînement de la violence de classe de la bourgeoisie.
Lorsque les médias du Capital pressent un dirigeant syndical d’avouer qu’il veut « bloquer le pays » , faut-il capituler devant ce chantage ou bien s’appuyer sur la légitimité des masses ?

Devons-nous régulièrement plier l’échine devant la brutalité policière, farder la dictature de la bourgeoisie et lui redonner l’apparence de la démocratie, ou la désigner à la vindicte du peuple ?

Ne devons-nous pas opposer alors à cette démocratie faisandée et vidée de toute signification la démocratie populaire et ses milliers d’assemblées souveraines, et accentuer le combat sous toutes les formes réalisables ?


Edité le 21-02-2013 à 00:27:18 par Xuan




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