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 Situation à Nahr el Bared

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Paria
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   Posté le 24-06-2007 à 22:10:55   Voir le profil de Paria (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Paria   

Retour vers le futur
Pierre BEAUDET – 1er juin 2007

L’armée libanaise ressert l’étau sur le camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al-Bared au nord du Liban, officiellement pour en éradiquer un groupuscule aux motivations obscures, Fatah-Al Islam. Mais dans les faits, il y a des mois que les protagonistes libanais de la guerre de l’été 2006 s’apprêtaient à en découdre.
Ces jours-ci, une grande partie des 40 000 habitants du camp de Nahr Al-Bared se retrouvent en fuite, sur la route, dans des conditions déplorables. Beaucoup aboutissent dans l’autre grand camp palestinien du nord, Badaooui, où ils s’entassent à 10, 20 et 30 dans de micromaisons déglinguées. On dira que les réfugiés palestiniens en ont vu d’autres, depuis leur expulsion, en 1948. Mais tout de même.

Depuis la fin de la « guerre de trente-trois jours », survenue en juillet 2006, les protagonistes libanais ainsi que leurs alliés internationaux n’ont cessé de se préparer à de nouveaux affrontements. Sur le plan intérieur, le gouvernement libanais et en particulier son « maillon fort », le clan de Saad al-Hariri, cherchent à consolider l’alliance avec les États-Unis et à refouler l’opposition dont le chef de file est le Hezbollah.

Le « petit problème », pour M. Hariri, est que le Hezbollah est sorti passablement renforcé de sa victoire contre l’armée israélienne l’été dernier. De facto, le pays est divisé en deux. Le gouvernement et le clan Hariri résistent aux appels de l’opposition pour mettre en place un gouvernement d’unité nationale. Quant au Hezbollah, en dépit d’immenses manifestations, il ne réussit pas à forcer le jeu. Une impasse politique, pourrait-on dire. Ou une partie remise.

Au Liban, devant une telle situation, il arrive souvent que le conflit éclate sur le dos des Palestiniens, qui sont vulnérables et parfois instrumentalisés. D’où les doutes portés sur Fatah Al-Islam. On sait en effet, par les médias libanais, qu’Hariri est en contact avec ce groupe qui se présente « sunnite » et « intégriste ». Parallèlement, Hariri développe ses propres appareils de sécurité, en dehors de ceux de l’État, tels ces mystérieux Jihaz al-Ma’alumat. Selon le professeur de l’Université américaine de Beyrouth, Ahmed Moussalli, Hariri a financé des intégristes sunnites pour en faire des alliés contre le Hezbollah. En 2005, il a mêmem payé la caution de $48 000 dollars pour quatre membres d’un autre groupuscule islamiste (Dinniyeh), qui étaient accusés de sédition.

Le virage américain

Le drame actuel se joue cependant à un autre niveau. Confrontés à leurs échecs en Irak et devant l’incapacité de leurs alliés israéliens à venir à bout de l’opposition libanaise, Bush et son équipe seraient en train, selon le réputé journaliste Seymor Hersh, d’infléchir la stratégie de la « guerre sans fin » entamée depuis 2001. Dans une récente enquête publiée par le magazine New Yorker, Hersh affirme que Washington a décidé de concentrer ses efforts contre l’Iran et contre ce qui est appelé par l’administration Bush « l’arc chiite ».

Ceci implique une politique de rapprochement et d’accommodement avec l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Égypte en tant que principaux gouvernements « sunnites » de la région. Cela pourrait même éventuellement signifier un rapprochement avec des factions sunnites en Irak, en Syrie et au Liban. Selon Hersh, George Bush aurait accepté le fait qu’il ne peut plus gagner sa guerre « contre tout le monde ». De plus, realpolitik oblige, il lui faut trouver des alliés. Y compris en appliquant le bon vieux principe voulant que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Cela avait été fait à l’époque de la guerre en Afghanistan contre les Soviétiques.

Les stratèges de Washington estimeraient que l’Iran et ses alliés comme le Hezbollah représentent une menace potentielle encore plus grande que les autres, compte tenu de leurs capacités militaires. De même, il apparaît difficile d’Ignorer les appuis populaires croissants qu’ils reçoivent en tant que forces capables de tenir tête aux dictats états-uniens et israéliens. Si Hersh a raison, le conflit dans le nord du Liban prendrait un sens encore plus sinistre.

Des objectifs plus ou moins cachés

Les Palestiniens au Liban pourraient devenir les premières victimes de ce réalignement. Selon As’ad Abukhalil, un journaliste palestinien qui anime un site internet très populaire (Electronic Intifada), Fatah Al-Islam apparaît comme un bouc-émissaire tout désigné pour faire éclater la guerre contre un ennemi imaginaire et faible. « Ce sont des combattants qui viennent de l’extérieur et qui n’ont pratiquement aucun lien avec la population de Nahr Al-Bared. Leur combat contre l’armée libanaise est dérisoire. L’armée libanaise veut rehausser son image [et faire oublier] faire oublier qu’elle ne peut défendre le pays lorsqu’il est réellement agressé. Comme durant l’été dernier, lorsque c’est le Hezbollah qui a résisté aux Israéliens ».

Une semaine avant le début des combats au nord, le sous-secrétaire d’État américain, David Welch, était à Beyrouth pour rencontrer le commandant en chef de l’armée libanaise. Toute la presse libanaise avait souligné cette rencontre extraordinaire. Rien n’avait réellement filtré, bien que l’on soupçonnait les États-Unis de demander aux Libanais ce que les Israéliens n’ont pu réussir jusqu’à présent. Abukhalil, du site Electronic Intifada, estime que l’objectif de Washington est « d’inciter le gouvernement libanais à déclencher une guerre globale contre les camps palestiniens, en utilisant Fatah Al-Islam dans un premier temps, puis en visant l’ensemble des organisations palestiniennes légitimes dans un deuxième temps ».

Le journaliste n’exclut cependant pas une double manipulation, comme on le voit souvent au Liban. Elle proviendrait des États-Unis, mais aussi de la Syrie, qui peut également jeter de l’huile sur le feu quand elle pense ainsi défendre ses intérêts. De toutes les manières, le Liban et en particulier les réfugiés palestiniens se retrouvent devant une autre crise majeure.

Les damnés de la terre

Il est vrai que depuis plus de 50 ans, les Palestiniens réfugiés au Liban ont connu bien des malheurs. Au début « abrités » sous des tentes par l’ONU, ils se sont peu à peu retrouvés des dizaines, puis des centaines de milliers, dans l’attente d’une résolution politique. Selon les conventions internationales, les réfugiés déplacés par la guerre ont un droit inaliénable au retour dans leurs terres d’origine. Mais l’État israélien, avec l’appui des États-Unis, nie ce droit. Aujourd’hui, ces réfugiés et leurs descendants sont plus de 400 000 au Liban. Une douzaine de « gros » camps (Sabra et Shatila à Beyrouth, Aïn Héloué à Saida, Rachidiyé au sud) sont autant de bidonvilles où l’infrastructure est totalement inadéquate.

D’après l’Agence de l’ONU qui s’occupe des Palestiniens, l’UNWRA, 60 % de ces réfugiés vivent sous le seuil de la pauvreté. La législation libanaise leur interdit de travailler dans 72 métiers, notamment la médecine, le droit, l’architecture. Au mieux, ils vivotent de petits métiers. Au-delà des conditions de vie inacceptables, les réfugiés vivent constamment sous la menace. En 1982, lors de l’invasion israélienne, plus de 3 000 civils ont été massacrés à Sabra et Chatila par des milices libanaises alliées à Israël. En 1986, l’armée syrienne, qui voulait expulser le leadership palestinien du Liban, a organisé une violente « guerre des camps » qui a fait elle aussi des centaines de victimes. Chaque année, bon an mal an, des bombardements israéliens, des attaques de diverses factions libanaises et syriennes, des conflits interpalestiniens continuent la ronde de la mort et de la destruction.
armenak
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armenak
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   Posté le 25-06-2007 à 11:03:00   Voir le profil de armenak (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à armenak   

Moyen-Orient • Le Liban à nouveau victime d'appétits étrangers
Les violences ont repris au Liban. Pour Khaled Yamani, du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), elles servent les intérêts étrangers.(Solidaire - 13 juin 2007)

Comment les Palestiniens ont-ils réagi aux tirs dirigés contre le camp de réfugiés de Nahr al-Bared ?
Khaled Yamani. Au départ, on éprouvait une certaine sympathie pour les soldats libanais tués. Mais lorsque les tirs ont commencé, on a compris que ce n’était pas le Fatah al-Islam qui était visé, mais le camp de réfugiés palestinien de Nahr al-Bared lui-même. L’armée a tiré sur 45 000 personnes sans faire la distinction entre civils et autres.S’il n’y avait pas eu de cessez-le-feu, cela aurait pu déboucher sur une réaction explosive des autres camps, de Rashidiyeh à Bourj al-Barajneh. La colère grimpe du côté des Palestiniens car ce sont nos gens qui sont assassinés. Personnellement, je trouve que tous les camps de réfugiés et tous les partis palestiniens auraient dû se mobiliser afin que les autorités libanaises assument la responsabilité de leurs actes.
Qu’y a-t-il derrière le conflit qui oppose l’armée libanaise et le Fatah al-Islam ?
Khaled Yamani. Certains membres du gouvernement libanais profitent de cette situation. Ils ne visent pas le Fatah al-Islam, mais cherchent à compromettre la question du droit au retour en Palestine, ils veulent en finir avec « le problème palestinien » au Liban.
Quelle position occupe cette affaire dans le cadre du conflit au Moyen-Orient ?
Khaled Yamani. On est ici confronté à deux projets politiques différents. Celui de l’opposition libanaise qui tente de contrer les ambitions des USA et d’Israël au Liban, en Irak et en Palestine. Et il y a celui des USA, d’Israël et de certains régimes arabes qui plaident pour « une solution pacifique » et « la modération ». Quelle que soit l’opinion sur les différentes composantes de cette opposition, leur idéologie et leurs méthodes, je peux vous dire que pour moi, il vaut mieux que ce soit les forces de l’opposition qui l’emportent plutôt que le projet américain.

Trois soldats tués par une mine, à Nahr el-Bared, samedi
Pour la première fois depuis le début des affrontements, le Fateh prête main forte à l’armée contre Fateh el-Islam (L'Orient le Jour - 25 juin 2007)

Pour la première fois depuis le début des combats, le 20 mai dernier, à Nahr el-Bared, des combattants palestiniens du Fateh ont prêté main forte à l’armée. Les combattants du Fateh ont ouvert le feu sur des islamistes qui avaient installé un mortier près du carré que le Fateh contrôle dans le sud de Nahr el-Bared, a précisé le responsable du Fateh à Nahr el-Bared, Abou Imad Wanni, joint par téléphone. Trois éléments de Fateh el-Islam ont été tués. Selon Abou Imad Wanni, le Fateh avait précédemment averti le groupe extrémiste qu’il ne devait pas tirer contre l’armée à partir du carré que les hommes de l’OLP contrôlent dans le sud du camp et où se sont réfugiés les derniers civils. Samedi, l’armée avait adressé une sévère mise en garde contre « les éléments du réseau terroriste », selon un communiqué militaire.« Il ne faut pas leur permettre de trouver refuge parmi les civils du camp, ce qui leur permet de poursuivre leurs agressions contre les militaires », ajoutait le communiqué, qui menacait de « répliquer d’une manière énergique aux sources de tirs ».L’armée invitait en outre « la population du camp à adopter une position courageuse afin de ne pas être victime de ces criminels qui n’ont qu’un seul choix : se rendre aux militaires afin d’être traduits en justice ».
Environ 2 000 réfugiés, qui n’ont pas pu ou pas voulu fuir, se trouvent toujours dans Nahr el-Bared, où vivaient avant le début des combats 31 000 personnes. L’OLP considère Fateh el-Islam, apparu à Nahr el-Bared, comme « un phénomène étranger à la réalité palestinienne, lié à des services de renseignements régionaux ».Selon elle, Fateh el-Islam regroupe des jihadistes arabes de différentes nationalités, dont certains ont combattu contre les forces américaines en Irak.
Au demeurant, trois soldats sont morts samedi à la suite de l’explosion d’un engin piégé posé par Fateh el-Islam, en dépit de l’annonce jeudi par le ministre de la Défense, Élias Murr, que les opérations militaires étaient « terminées ».Un soldat a été tué sur le coup dans l’explosion survenue alors que des militaires étaient en opération dans une ancienne position du Fateh el-Islam.Deux soldats ont été mortellement blessés tandis qu’un « quatrième soldat grièvement atteint est dans un état très critique », a précisé un porte-parole militaire. Par ailleurs, l’armée a continué de bombarder samedi et hier des positions du Fateh el-Islam, repliés dans la partie sud
du camp après avoir perdu leurs positions dans la partie nord. Des colonnes de fumée et de poussière s’élevaient des positions bombardées, à l’intérieur du camp assiégé depuis le 20 mai. Au total, 147 personnes, dont 79 militaires et au moins 51 islamistes, ont été tuées depuis le début des affrontements le 20 mai.

Liban • Les nouveaux malheurs du pays du cèdre sont-ils américains ? (Parti Communiste Libanais - 13 juin 2007 - extraits) Les versions diffèrent sur la création du groupe « Fatah al-Islam » : certains disent que les Syriens ont une certaine responsabilité dans ce fait ; d’autres (dont certains journalistes occidentaux bien renseignés, dont Seymour Hersch) disent que c’est le vice-président des Etats-Unis, Dick Cheney, qui le subventionne actuellement.Ce qui est sûr, c’est qu’une grande partie des combattants de ce groupe est venue comme «touristes » par l’aéroport de Beyrouth. Et, selon certains, ils ont reçu des subventions de députés appartenant à la majorité libanaise actuelle, représentée par le gouvernement de Fouad Siniora [pro-occidentale, ndlr].Ce qui est sûr aussi, c’est que les Libanais ont peur de cette recrudescence d’une violence issue de l’exécution d’agendas dont ils n’ont rien à voir. Que ce soit l’agenda nouveau mis par Bush pour le Golfe en général et l’Irak en particulier, ou encore l’agenda iranien contenant la riposte « nucléaire », ou surtout l’agenda israélien qui met en avant une attaque (non généralisée) du Liban afin de redonner du tonus à l’armée vaincue en 2006 par les résistants du Hezbollah et la résistance patriotique libanaise.On peut voir dans cette nouvelle phase « libanaise » du conflit les répercussions du nouveau plan de l’administration américaine contre l’Iran. Les Etats-Unis et leurs alliés craignent que leur mainmise sur le pétrole ne soit menacée dans les différents pays du Golfe arabique si l’Iran n’est pas vaincu. De même, Israël ne pourrait pas se relever d’une nouvelle défaite contre le Hezbollah.
En attendant, les Palestiniens craignent que le Fatah al-Islam ne continue à sévir dans les camps du Liban Nord et que cela ait des répercussions dans d’autres régions… Les Libanais, quant à eux, se terrent dans la crainte de l’inconnu.Pendant ce temps, et tandis que les bombardiers israéliens inspectent toutes les régions du Liban, l’administration de George W. Bush déclare qu’elle est prête à « répondre favorablement à une demande d’aide militaire du gouvernement libanais élu démocratiquement » et envoie du matériel militaire et des armes à l’armée libanaise…

(Extraits d’une analyse de Marie Nassif-Debs du Parti Communiste Libanais)
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