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 Que représente le Conseil National de Transition ?

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Xuan
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   Posté le 22-03-2011 à 18:53:53   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

A propos du Conseil National de Transition l’article de Thierry Meyssan déjà cité Libye, Bahreïn… Proche-Orient : la contre-révolution d’Obama
donne quelques précisions sur les certaines composantes de l’insurrection, celles qui se sont autoproclamées représentantes et se sont faites le cheval de Troie de l’impérialisme occidental.



[....]Le 27 février, les insurgés fondent le Conseil national libyen de transition (CNLT). De son côté, le ministre de la Justice Moustafa Mohamed Aboud al-Djeleil, qui était l’interlocuteur privilégié de l’Empire au sein du gouvernement Kadhafi, se rallie à la révolution et créé un Gouvernement provisoire.
Les deux structures fusionnent le 2 mars : l’étiquette CNLT est conservée, mais le Conseil est désormais présidé par Aboud al-Djeleil. En d’autres termes, Washington a réussi à placer son pion à la tête de l’insurrection.

Les premiers débats du CNLT nouvelle formule donnent lieu à de vifs échanges. Les pro-US proposent de faire faire appel à l’ONU pour empêcher les bombardements de l’armée loyaliste, ce que la majorité refuse.
Le 5 mars, un diplomate britannique et une escorte de commandos des SAS débarquent par hélicoptère à Benghazi. Ils tentent de rencontrer le CNLT et de le persuader de faire appel au Conseil de sécurité, mais les insurgés refusent toute ingérence étrangère et les expulsent.

Coup de théâtre : Aboud al-Djeleil, qui ne parvient pas à faire évoluer la position du CNLT, le convainc d’instituer un Comité de crise présidé par Mahmoud Djebril. Ce dernier prend position en faveur de la zone d’exclusion aérienne.


Mahmoud Djebril (ministre de la planification) et Ali Essaoui (ambassadeur en Inde) ont rejoint les insurgés et ont été choisis par les Occidentaux pour représenter la Libye de l’après-Khadafi.

Les agences de presse occidentales s’efforcent de présenter Mahmoud Djebril comme « un intellectuel démocrate » qui réfléchissait depuis longtemps à l’évolution du pays et avait rédigé un projet intitulé Vision libyenne. En réalité, il siégeait aux côtés de son ami al-Djeleil dans le gouvernement Khadafi où il était ministre de la Planification.

A l’instar de ce qui s’est passé dans les premiers jours des révolutions tunisienne et égyptienne, des cadres du régime tentent de se désolidariser du dictateur pour rester au pouvoir.
Ils croient y parvenir en détournant le processus révolutionnaire et en servant les intérêts impériaux. Les voici maintenant qui agitent le drapeau rouge-noir-vert à l’étoile et au croissant du roi Idriss
  • , tandis que Mohammed el-Senoussi, le prétendant au trône, déclare depuis Londres aux chaînes de télévisions saoudiennes qu’« Il est prêt à servir Son peuple ».[...]


  • Quand flottent sur les places libyennes les drapeaux du roi Idris

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    contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
  • Xuan
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       Posté le 26-03-2011 à 23:23:49   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Après avoir appelé « les autorités françaises à condamner sans détour et à agir de façon urgente » , le Parti révisionniste a peu à peu changé son fusil d'épaule et dénonce désormais l'intervention de la coalition.


    Sous le titre Libye. Les frappes touchent des civils

    L’Humanité décrit le CNT comme un gouvernement fantoche pro occidental :

    En termes de politique, le Conseil national de transition (CNT) – autoproclamé puisque ses membres ont été cooptés sans que les Libyens n’aient leur mot à dire – semble plus tourné vers l’extérieur.
    Ce n’est sans doute pas un hasard si un gouvernement de transition a été nommé, peut-être sur les conseils de Nicolas Sarkozy et de Bernard-Henri Lévy, seuls à reconnaître officiellement le CNT.
    Le premier ministre de ce cabinet, Mahmoud Jibril, était d’ailleurs l’émissaire désigné pour rencontrer les gouvernements occidentaux. Diplômé en économie et en sciences politiques, il a enseigné pendant plusieurs années à l’université de Pittsburgh et a toujours défendu le néolibéralisme.

    MAHMOUD JIBRIL, HOMME CLÉ DES INTÉRÊTS AMÉRICAINS
    Depuis 2007, il siégeait d’ailleurs, avec l’aval de Muammar Kadhafi, à la tête du National Economic Development Board (NEDB, bureau du développement économique national), devenant l’homme clé pour la pénétration en Libye des intérêts américains et britanniques.
    Il est également le promoteur des privatisations décidées ces dernières années par Tripoli.
    Autre ministère clé de ce gouvernement, celui des Finances. Il est détenu par Ali Tahrouni, qui a également en charge les affaires pétrolières. Il enseigne l’économie et la finance à l’université de Washington et est retourné en Libye il y a un mois, après trente-cinq années passées à l’étranger. Quand on demande à l’un des porte-parole du Conseil national de transition, Iman Bugaighis, ce qui a motivé cette nomination, la réponse est claire et nette : « Il comprend la mentalité occidentale. »



    Edité le 26-03-2011 à 23:24:40 par Xuan




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    contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
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       Posté le 30-03-2011 à 13:34:12   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    http://www.legrandsoir.info/Bombarder-la-Libye-de-1986-a-2011-Countercurrents.html

    Ce témoignage de Thomas Mountain apporte une version très différente de celle que nous connaissons.
    Il éclaire une particularité de la Libye : le chômage le plus élevé de tout le Maghreb (40%), tandis que la main d’œuvre immigrée y est très élevée.
    Près de 40 000 coopérants chinois dont une grande part d’ouvriers et de très nombreux tunisiens, égyptiens, Soudanais, Tchadiens, Nigériens, Ghanéens, Nigérians, Maliens, Burkinabés, Camerounais 25 000 Turcs, 18 000 Indiens, Thaïlandais soit entre 750 000 et deux millions d’immigrés en Libye comptabilisés en 2008, dont beaucoup de clandestins africains expulsés sans ménagements en 2007.
    En 2011 l’immigration représentait 1/3 de la population.


    26 mars 2011
    Une autre version des évènements en Libye qui ont précédé l’attaque occidentale
    Bombarder la Libye : de 1986 à 2011


    (Countercurrents)
    Thomas C. MOUNTAIN



    En 1987, j’étais membre de la Délégation pour la Paix US en Libye. Nous étions là pour la première commémoration du bombardement US contre la Libye en 1986.

    En avril 1986, des avions de combat US ont frappé Tripoli à 2 heures du matin. Ils ont bombardé la résidence familiale de Kadhafi, blessant plusieurs membres de sa famille et tuant sa fille de 15 mois. Ma fille avait à peu près le même âge à l’époque et cela m’avait bouleversé.
    Les avions US ont bombardé aussi des immeubles d’habitation, à des kilomètres de toute cible militaire, tuant des dizaines d’enfants dans leur sommeil. J’ai aidé à poser des fleurs sur leurs tombes, dans le cimetière des Martyrs, situé dans un ancien stade italien à Tripoli.



    Dimanche dernier, je me suis réveillé et j’ai allumé la télé et j’ai vu une famille Libyenne en deuil qui enterrait leur fillette de 3 ans, tuée dans son sommeil au cours de la dernière attaque US contre la Libye.
    Au cours des 25 dernières années, j’ai suivi les évènements en Libye et depuis que je me suis installé ici en Érythrée en 2006, j’ai même vu le colonel Kadhafi passer la nuit dans sa tente sur la plage près de notre maison au bord de la Mer Rouge.
    Les Etats-Unis semblent avoir besoin d’un épouvantail Arabe ou Musulman. Avant Oussama Ben Laden il y a eu Saddam Hussein et avant Saddam Hussein il y a eu Muammar Kadhafi. Avec un tel historique, il me paraît nécessaire de revenir sur ce qui se passe réellement en Libye.
    D’abord, un peu d’histoire. En 1969, lorsque le colonel Kadhafi est arrivé au pouvoir par un coup d’état qui a renversé le roi Libyen, le peuple Libyen était un des plus pauvres au monde avec un revenu annuel par habitant de moins de 60 dollars.

    Aujourd’hui, grâce au « socialisme arabe » du gouvernement et à la manne pétrolière, le peuple Libyen connaît un de plus hauts niveaux de vie du monde arabe. La plupart des familles libyennes sont propriétaires de leur domicile et la plupart possèdent une voiture.
    Le système public de santé, gratuit, est l’un des meilleurs du monde arabe et l’éducation gratuite est bonne, sinon meilleure, que celles de la région.

    Alors la question qui se pose est : pourquoi une révolte a-t-elle éclatée ?
    La réponse, que je cherche partout depuis un mois, n’est pas simple.
    La révolté a démarré à Benghazi , dans l’est du pays. Un élément très important qui n’est mentionné dans aucun grand média est que cette ville est le point du continent Africain le plus proche de l’Europe. Benghazi est donc devenue, au cours des 15 dernières années environ, l’épicentre de la migration africaine vers l’Europe . Il est arrivé que plus de 1000 émigrés africains entrent par jour en Libye dans l’espoir d’atteindre l’Europe.

    Le trafic humain, un de commerces les plus malsains et inhumains qui soit, s’est transformé en une véritable industrie à Benghazi, brassant des milliards de dollars. Un monde parallèle mafieux s’est développé dans la ville et il est profondément implanté et emploie des milliers de personnes dans tous les domaines et corrompt la police et les fonctionnaires. Ce n’est que depuis un an que le gouvernement libyen, avec l’aide de l’Italie, a réussi à contrôler ce cancer.
    Avec la disparition de leur marchandise humaine et de nombreux chefs en prison, la mafia a été en pointe dans le financement et le soutien à la rébellion libyenne. De nombreux gangs de trafic humain et autres éléments issus des bas-fonds de Benghazi sont connus pour avoir mené des pogroms contre les travailleurs immigrés africains à Benghazi même et dans les banlieues.
    Depuis le début de la rébellion à Benghazi, plusieurs centaines de travailleurs immigrés Soudanais, Somaliens, Éthiopiens et Érythréens ont été détroussés ou assassinés par les milices racistes rebelles, un fait soigneusement caché par les média internationaux.

    Benghazi est aussi connu comme un foyer d’extrémisme religieux , de fanatiques libyens qui sont passés par l’Afghanistan se sont concentrés là-bas et des groupes terroristes ont organisé des attentats et assassiné des fonctionnaires dans la ville au cours des vingt dernières années. Un groupe, qui se nomme Le Groupe Islamique Combattant, a déclaré dés 2007 qu’il était affilié à Al Qaeda. Ce sont ces groupes qui ont été les premiers à prendre les armes contre le gouvernement libyen.

    Le dernier problème, et le plus difficile à résoudre, est alimenté par des croyances désuètes présentes dans la société libyenne. Les Libyens refusent de faire des travaux qu’ils considèrent comme « sales ». En 1987, les libyens étudiants du département d’anglais qui nous accompagnaient en parlaient ouvertement. Les jeunes libyens qui terminent leurs études refusent des emplois de bas de gamme aux tâches subalternes. Ils s’attendent à obtenir immédiatement un bon poste avec un bon salaire, un bon appartement et une voiture neuve.
    Le gouvernement a été obligé de faire venir des centaines de milliers de travailleurs immigrés pour faire « le travail sale » que les Libyens refusent de faire, d’abord depuis l’Afrique subsaharienne et plus tard depuis l’Asie.
    Le résultat est que des milliers de jeunes Libyens sont sans emploi et vivent aux crochets de leurs familles. Cette existence parasitaire a généré de nombreux problèmes sociaux graves. L’alcool, interdit en Libye, et la drogue constituent un problème un augmentation chez les jeunes.
    Tous ces problèmes sociaux étaient arrivés à un stade critique lorsque la rue arabe a déclenché son soulèvement contre les élites soutenues par l’Occident, d’abord en Tunisie, voisin de la Libye, ensuite en Egypte.

    Lorsque les premières manifestations de jeunes mécontents se sont déroulées à Benghazi, la coalition informelle de groupes terroristes et de gangs de trafiquants ont immédiatement profité de la situation pour attaquer les prisons de haute sécurité à l’extérieur de Benghazi où leurs camarades étaient enfermés. Après la libération de leurs chefs, la rébellion a attaqué les postes de police et les bâtiments officiels, et les habitants de la ville se sont réveillés avec la vision de cadavres de policiers pendus aux ponts qui enjambent les autoroutes.

    Le gouvernement Libyen dirigé par le Colonel Kadhafi a toujours pris soin de ne pas laisser se développer une armée professionnelle et puissante, et préférait compter sur un système de « comités révolutionnaires » pour diriger les communautés locales et s’occuper des questions de sécurité dans le pays.
    Ces « comités révolutionnaires » n’ont jamais vraiment connu l’épreuve du feu et ont été lents à réagir devant une rébellion qui s’étendait rapidement. Le gouvernement libyen a finalement réussi à s’organiser et a lancé une offensive contre la rébellion. Les rebelles, pour la plupart des jeunes sans formation militaire et des milices vaguement encadrées, ont été chassés des territoires fraichement conquis et il est devenu évident que la rébellion allait échouer. De hauts officiers des services de renseignement US l’ont publiquement admis. A présent, il est largement reconnu, du moins dans le monde Arabe et Africain, que la majorité des Libyens soutiennent le gouvernement dirigé par le Col. Kadhafi et que la rébellion n’est soutenue que par une minorité de la population. La fin de la rébellion semblait inéluctable.

    Alors que le forces militaires du gouvernement se trouvaient dans les banlieues de Benghazi et que le sort de la rébellion semblait scellé, il a été décidé aux Etats-Unis, et chez ses hommes de main à Londres et à Paris, d’attaquer la Libye pour renverser le gouvernement.
    La Libye est un pays riche en pétrole, proche de l’Europe, avec les plus grandes réserves de pétrole confirmées de tout le continent africain. Avec de tels enjeux, la décision fut prise de lancer une attaque contre la Libye. En fait, il faudrait dire « de lancer un massacre » parce qu’il n’existe pas à ce jour de défense efficace contre les missiles de croisière et le bombardement de haute altitude, surtout la nuit, et tant pis pour les victimes civiles.

    Après leurs attaques et invasions de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Somalie, peu de gens dans le monde croient à la version occidentale d’une attaque contre la Libye pour protéger des civils. Les Etats-Unis et leurs alliés européens jouent à un jeu extrêmement dangereux en attaquant la Libye aujourd’hui.
    Alors que les pays arabes courent le risque de connaître de véritables situations révolutionnaires, c’est-à-dire des révoltes armées contres les élites soutenues par l’Occident, l’attaque contre la Libye pourrait devenir l’étincelle que l’Occident tentait désespérément justement d’éviter.

    Il est impossible de prévoir les conséquences des attaques de l’Occident contre la Libye. Assisterons-nous à un nouveau Kosovo ou à une victoire du gouvernement libyen dirigé par Kadhafi ?
    La seule chose qui est sûre, c’est que le peuple libyen paiera cher pour garder son pays, un prix qui sera inévitablement payé en sang.
    Je suis déjà en train de préparer ma prochaine visite en Libye, prévue à la même époque pour l’année prochaine, peut-être avec la deuxième délégation US pour la paix en Libye. Dieu sait combien de fleurs il faudra déposer sur les tombes des enfants libyens tués par le dernier massacre commis par les Etats-Unis et leurs partenaires européens.

    Thomas C. Mountain
    Asmara, Érythrée



    Edité le 31-03-2011 à 00:26:05 par Xuan




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       Posté le 01-04-2011 à 00:00:35   Voir le profil de ElGhifari (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à ElGhifari   

    Cela se voit : l'impérialisme prépare la Libye pour être une base avancée en Afrique du Nord.

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    Xuan
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       Posté le 01-04-2011 à 18:59:14   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    C'est certain, mais il n'est pas dit que le peuple libyen se laisse manipuler aussi aisément.

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       Posté le 09-04-2011 à 22:04:28   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Ci-dessous un extrait de l'article de Michel Collon





    La Libye, c’est comme la Tunisie et l’Egypte ?

    Dans son excellente interview publiée il y a quelques jours par Investig’Action, Mohamed Hassan posait la bonne question : « Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire ? » .
    A la lumière des recherches récentes, il est possible de répondre :
    les trois, en fait.
    Une révolte spontanée, rapidement récupérée et transformée en guerre civile (qui avait été préparée), le tout servant de prétexte à une agression militaire. Qui, elle aussi, avait été préparée. Rien ne tombe du ciel en politique. Expliquons-nous…

    En Tunisie et en Egypte, la révolte populaire a grandi progressivement en quelques semaines, s’organisant peu à peu et s’unifiant sur des revendications claires, ce qui a permis de chasser les tyrans.
    Mais quand on analyse l’enchaînement ultra-rapide des événements à Benghazi, on est intrigué.
    Le 15 février, manifestation des parents de prisonniers politiques de la révolte de 2006. Manifestation durement réprimée, comme cela a toujours été le cas en Libye et dans les autres pays arabes. Et, à peine deux jours plus tard, re-manifestation, mais cette fois, les manifestants sont armés et passent directement à l’escalade contre le régime de Kadhafi. En deux jours, une révolte populaire devient une guerre civile ! Tout à fait spontanément ?

    Pour le savoir, il faut examiner ce qui se cache sous le vocable imprécis « opposition libyenne » .
    A notre avis, quatre composantes aux intérêts très différents.
    1° Une opposition démocratique.
    2° Des dignitaires de Kadhafi « retournés » par l’Ouest.
    3° Des clans libyens mécontents du partage des richesses.
    4° Des combattants de tendance islamiste.



    Qui compose cette « opposition libyenne » ?


    Dans cet enchevêtrement, il est important de savoir à qui on a à faire. Et surtout quelle faction a été intégrée dans les stratégies des grandes puissances…

    Opposition démocratique .
    Il est légitime d’avoir des revendications face au régime Kadhafi, dictatorial et corrompu comme les autres régimes arabes. Un peuple a le droit de vouloir remplacer un régime autoritaire par un système plus démocratique. Cependant, ces revendications sont jusqu’ici peu organisées et sans programme précis. On rencontre aussi, à l’étranger, des mouvements révolutionnaires libyens, également assez disparates, mais tous opposés à l’ingérence étrangère. Pour diverses raisons que l’on va clarifier, ce ne sont pas ces éléments démocratiques qui ont grand chose à dire aujourd’hui sous la bannière des USA et de la France.

    Dignitaires « retournés » .
    A Benghazi, un « gouvernement provisoire » a été instauré et est dirigé par Mustapha Abud Jalil .
    Cet homme était, jusqu’au 21 février, ministre de la Justice de Kadhafi. Deux mois plus tôt, Amnesty l’avait placé sur la liste des plus effroyables responsables de violations de droits humains d’Afrique du nord ». C’est cet individu qui, selon les autorités bulgares, avait organisé les tortures de infirmières bulgares et du médecin palestinien longtemps détenus par le régime.
    Un autre « homme fort » de cette opposition est le général Abdul Fatah Younis , ex ministre de l’Intérieur de Kadhafi et auparavant chef de la police politique.
    On comprend que Massimo Introvigne, représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, estime que ces personnages « ne sont pas les ‘démocrates sincères’ des discours d’Obama, mais parmi les pires instruments du régime de Kadhafi, qui aspirent à chasser le colonel pour prendre sa place » . (1)

    Clans mécontents .
    Comme le soulignait Mohamed Hassan, la structure de la Libye est restée fortement tribale. Durant la période coloniale, sous le régime du roi Idriss, les clans de l’est dominaient et les richesses pétrolières leur profitaient. Après la révolution de 1969, Kadhafi s’est appuyé sur les tribus de l’ouest et c’est l’est qui a été défavorisé. Il faut le regretter, un pouvoir démocratique et juste doit veiller à combattre les discriminations entre régions.
    On peut aussi se demander si les anciennes puissances coloniales n’ont pas encouragé les tribus mécontentes à saper l’unité du pays. Ce ne serait pas la première fois. Aujourd’hui, France et USA misent sur les clans de l’est pour prendre le contrôle du pays. Diviser pour régner, un vieux classique du colonialisme.

    Eléments d’Al-Qaida .
    Des câbles diffusés par Wikileaks avertissaient que l’Est de la Libye était, proportionnellement, le premier exportateur au monde de « combattants - martyrs » en Irak. Des rapports du Pentagone décrivaient un « scénario alarmant » sur les rebelles libyens de Benghazi et Derna.
    Derna, ville de 80.000 habitants à peine, serait la première source de jihadistes en Irak. De même, Vicent Cannistraro, ancien chef de la CIA en Libye, signale parmi les rebelles beaucoup d’ « extrémistes islamiques capables de créer des problèmes » et que les « probabilités [sont] élevées que les individus les plus dangereux puissent avoir une influence dans le cas où Kadhafi devrait tomber » . (1).
    Evidemment, tout ceci s’écrivait lorsque Kadhafi était encore « un ami ». Mais ça montre l’absence totale de principes dans le chef des USA et de leurs alliés. Quand Kadhafi a réprimé la révolte islamiste de Benghazi en 2006, ce fut avec les armes et le soutien des Occidentaux. Une fois, on est contre les combattants à la Ben Laden. Une fois, on les utilise. Faudrait savoir.

    Parmi ces diverses « oppositions », quel élément l’emportera ? C’est peut-être aussi un but de l’intervention militaire de Washington, Paris et Londres : veiller à ce que « les bons « l’emportent ? Les bons de leur point de vue évidemment. Plus tard, on utilisera la « menace islamique » comme prétexte pour s’installer durablement
    En tout cas, une chose est sûre : le scénario libyen est différent des scénarios tunisien ou égyptien. Là, c’était « un peuple uni contre un tyran ». Ici, on est dans une guerre civile, Kadhafi disposant du soutien d’une partie de la population. Et dans cette guerre civile, le rôle qu’ont joué les services secrets US et français n’est déjà plus si secret que ça…


    Quel a été le rôle des services secrets ?


    En réalité, l’affaire libyenne n’a pas commencé en février à Benghazi en février, mais à Paris le 21 octobre 2010.
    Selon les révélations du journaliste italien Franco Bechis (Libero, 24 mars), c’est ce jour-là que les services secrets français ont préparé la révolte de Benghazi. Ils ont alors « retourné » (ou peut-être déjà avant) Nuri Mesmari , chef du protocole de Kadhafi, qui était quasiment son bras droit. Le seul qui entrait sans frapper dans la résidence du guide libyen. Venu à Paris avec toute sa famille pour une opération chirurgicale, Mesmari n’y a rencontré aucun médecin, mais se serait par contre entretenu avec plusieurs fonctionnaires des services secrets français et de proches collaborateurs de Sarkozy, selon le bulletin web Maghreb Confidential.
    Le 16 novembre, à l’hôtel Concorde Lafayette, il aurait préparé une imposante délégation qui allait se rendre deux jours plus tard à Benghazi. Officiellement, il s’agissait de responsables du ministère de l’Agriculture et de dirigeants des firmes France Export Céréales, France Agrimer, Louis Dreyfus, Glencore, Cargill et Conagra. Mais, selon les services italiens, la délégation comportait aussi plusieurs militaires français camouflés en hommes d’affaires.
    A Benghazi, ils rencontreront Abdallah Gehani , un colonel libyen que Mesmari a indiqué comme étant prêt à déserter.
    A la mi-décembre, Kadhafi, méfiant, envoie un émissaire à Paris pour essayer de contacter Mesmari. Mais la France l’arrête. D’autres Libyens se rendent visite à Paris le 23 décembre, et ce sont eux qui vont diriger la révolte de Benghazi avec les milices du colonel Gehani. D’autant que Mesmari a fourni aux Français de nombreux secrets de la défense libyenne. De tout ceci, il ressort que la révolte à l’est n’est donc pas si spontanée qu’on nous l’a dit. Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que les Français…

    Qui dirige à présent les opérations militaires du « Conseil national Libyen » anti-Kadhafi ? Un homme tout juste arrivé des USA le 14 mars, selon Al Jazeera. Décrit comme une des deux « stars » de l’insurrection libyenne par le quotidien britannique de droite Daily Mail, Khalifa Hifter est un ancien colonel de l’armée libyenne, passé aux Etats-Unis. Celui qui fut un des principaux commandants militaires de la Libye jusqu’à la désatreuse expédition au Tchad fin des années 80, a ensuite émigré aux USA et vécu ces vingt dernières années en Virginie. Sans source de revenus connue, mais à petite distance des bureaux… de la CIA. [10] Le monde est petit.
    Comment un haut militaire libyen peut-il entrer aux Etats-Unis en toute tranquillité, quelques années après l’attentat terroriste de Lockerbie, pour lequel la Libye a été condamnée, et vivre vingt ans tranquillement à côté de la CIA ? Il a forcément dû offrir quelque chose en échange. Publié en 2001, le livre Manipulations africaines de Pierre Péan retrace les connexions d’Hifter avec la CIA et la création, avec le soutien de celle-ci, du Front National de Libération Libyen.
    Le seul exploit du dit Front sera l’organisation en 2007, aux USA, d’un « congrès national » financé par le National Endowment for Democracy [11], traditionnel intermédiaire de la CIA pour arroser les organisations au service des Etats-Unis…

    En mars de cette année, à une date non communiquée, le président Obama a signé un ordre secret autorisant la CIA à mener des opérations en Libye pour renverser Kadhafi. Le Wall Street Journal, qui relate ceci le 31 mars, ajoute : « Les responsables de la CIA reconnaissent avoir été actifs en Libye depuis plusieurs semaines, tout comme d’autres services occidentaux. » .

    [1] Reuters, 22/3.
    ...
    [10] McClatchy Newspapers (USA), 27 mars.
    [11] Eva Golinger, Code Chavez, CIA contre Venezuela, Liège, 2006


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