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 Rafael Correa en tête de l'élection présidentielle

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KGB Shpion
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   Posté le 27-11-2006 à 16:17:56   Voir le profil de KGB Shpion (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à KGB Shpion   

Rafael Correa en tête de l'élection présidentielle

QUITO (AP) - L'économiste de gauche Rafael Correa, proche du président vénézuélien Hugo Chavez, arrive en tête du second tour de l'élection présidentielle en Equateur, battant très largement son adversaire, le milliardaire pro-américain Alfredo Noboa, selon les premiers résultats annoncés lundi matin.

La victoire de Rafael Correa, qui a menacé de réduire les paiements de la dette étrangères de l'Equateur et de s'opposer à tout accord de libre échange avec Washington, accentue encore le virage à gauche en l'Amérique du sud. Après décompte de 48% des bulletins, il remporte 68% des voix, contre 32% pour Noboa, a rapporté lundi le Tribunal suprême électoral. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant mardi.

"Nous accueillons ce triomphe avec une profonde sérénité et humilité", a réagi Rafael Correa, 43 ans, lors d'une conférence de presse. Mais son adversaire a refusé de reconnaître sa défaite. "C'est un scénario qui a été préparé", a dénoncé le milliardaire âgé de 56 ans, avant de préciser qu'il attendrait les résultats officiels.

Un décompte réalisé par l'organisation Participacion Ciudadana place Rafael Correa en tête avec 56,9% des voix, contre 43,1% pour son adversaire. Ces résultats officieux sont basés sur des échantillons de bulletins provenant de 1.607 bureaux de vote (sur plus de 36.000) et reflétant 80% du territoire équatorien, selon cette organisation, qui revendique une marge d'erreur inférieure à un point.

Le vainqueur va avoir la lourde tâche de diriger un pays pauvre et politiquement instable, qui a eu huit présidents depuis 1996. Trois d'entre eux ont été contraints à quitter leurs fonctions à la suite de manifestations de rues. Rafael Correa (Allianza PAIS), détracteur de la "partidocracia", s'est engagé à lutter contre la corruption.

Le futur président a promis une "révolution des citoyens" contre le système politique discrédité. Il souhaite organiser un référendum constitutionnel pour réduire le pouvoir des partis traditionnels et limiter les activités militaires américaines dans le pays. Il a en outre appelé l'Equateur à couper ses liens avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Lors d'une conférence de presse après le scrutin, il a précisé que l'Equateur pourrait rejoindre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Le pays, qui produit environ 535.000 barils par jour, avait quitté l'OPEP en 1993.

Au début de la campagne, il s'était identifié à Hugo Chavez, mais il a fait machine arrière depuis, craignant que la comparaison ne lui coûte des voix. "Chavez est mon ami personnel mais dans ma maison, ce ne sont pas mes amis qui commandent, celui qui commande c'est moi. Et en Equateur, les Equatoriens commanderont", a-t-il dit dimanche soir.

Il n'exclut pas non plus de nouer des relations plus étroites avec d'autres présidents de la gauche plus modérée, comme Michelle Bachelet au Chili, Nestor Kirchner en Argentine et Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil, ainsi qu'avec Washington, si le président Bush offre des avantages à son pays. Il a cependant réaffirmé son opposition à un accord de libre-échange avec les Etats-Unis "parce que, entres autres choses, il détruirait notre agriculture et nos élevages".

Rafael Correa est un nouveau venu en politique. Il avait occupé le poste de ministre des Finances pendant 106 jours seulement l'an dernier, sous la présidence d'Alfredo Palacio. Son adversaire, du Parti rénovateur indépendant-Action nationale (PRIAN), est l'homme le plus riche du pays, roi de la banane dont l'Equateur est le premier exportateur mondial. AP


Est-il plutôt Cuba-Venezuela-Bolivie ou Bachelet-Lula ? L'article (bourgeois) met un doute.
J'espère que c'est une autre victoire du progressisme.


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Vassine
Militant expérimenté
Vassine
214 messages postés
   Posté le 28-11-2006 à 19:10:34   Voir le profil de Vassine (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Vassine   

Plus de Chavez je crois, d'ailleurs l'article ne fait référance qu'à des éventualités de contact avec le Chili et le Brésil


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Membre désinscrit
   Posté le 06-10-2009 à 22:09:38   

ÉQUATEUR : PREMIÈRE RUPTURE ENTRE LE RÉFORMISME "BOLIVARIEN" ET LES MASSES ?

Equateur : mobilisations amérindiennes contre développement capitaliste

03-10-2009
Depuis le dimanche 27 septembre, les Indiens d’Equateur ont pris le chemin de la mobilisation générale.
Le 30 septembre, une violente intervention policière pour dégager un pont bloqué par des centaines de manifestants se solde par plusieurs morts, de nombreux blessés et des arrestations.
La CONAIE (Confédération des Nationalités Indiennes de l’Equateur), principale force organisée des populations amérindiennes du pays, a appelé à la révolte pour une durée indéterminée contre un projet de loi gouvernemental visant à modifier les conditions de gestion de l’eau et ouvrant la voie à sa privatisation (que la Constitution est sensé empêcher) et surtout permettant qu’elle soit fournie librement aux entreprises extractives (minières et pétrolières) activités que le gouvernement Correa a décrété de haute priorité contre l’avis des populations amérindiennes et de mouvements critiques du “développementisme”.
Cette mobilisation intervient dans un contexte extrêmement tendu, marqué par un conflit général sur la question de la défense des ressources naturelles. Depuis plus d’un an, les organisations des peuples autochtones du pays et un ensemble de forces sociales et écologistes citadines s’opposent aux projets gouvernementaux sur l’exploitation minière et pétrolière de leurs territoires : une mobilisation contre les mégas projets miniers est d’ailleurs prévue de longue date à Quito le 30 septembre à l’appel de la Coordination nationale pour la défense de la vie et de la souveraineté, point culminant d’une année de mobilisations, de répressions.
Tension avivée les derniers jours par la grève des enseignants (depuis le 15 septembre). Tension accrue enfin par les déclarations hostiles et provocatrices du président de gauche Rafael Correa vis-à-vis des organisations indiennes et de cette mobilisation annoncée.

L’État contre le “paro nacional indefinido”

Dès le premier jour du “paro”, plusieurs milliers de manifestants se sont regroupés dans divers endroits du territoire. A partir de minuit, divers tronçons de la route Panaméricaine Nord (en direction de la frontière avec la Colombie) ont été bloqués par des barricades formées de pierres, des troncs d'arbres et des pneus incendiés.
Les autorités, ministre de la défense et président de la République en tête, ont menacés de ne pas permettre les coupures de routes et ont, depuis des semaines, militarisé les principales voies de communication ainsi que les installations minières et pétrolières.
Le vendredi 25 septembre, Correa, qui se revendique d’une révolution citoyenne et bolivarienne, a averti qu’il ne tolèrerait pas les blocages de route et a accusé les dirigeants amérindiens d’« arrogance » : « qu’est-ce qu’ils se croient ces dirigeants ? Ils ont été longtemps les victimes de la grande propriété et de l’exploitation et maintenant les citoyens devraient être victimes de l'arrogance de quelques leaders, la fermeture des routes. C’est illégal. »
Le leader de la Confédération des nationalités indigènes (CONAIE), Humberto Cholango, lui a répondu sur Radio City que « le mouvement autochtone ne va pas accepter les insultes ... nous n'accepterons pas non plus les choix imposés. »
Ce leader de la CONAIE, qui est aussi celui de Ecuarunari (organisation des Kichwas ou Quichuas de la montagne) a ajouté que les Indiens croient au dialogue, mais que, « quand ensuite les peuples autochtones sont humiliés, offensés (et) méprisés, alors nous ne comprenons pas, nous ne voyons pas quelles sont les politiques qu’ils veulent poursuivre », a-t-il dit, sans désigner personne en particulier.
Dans le nord du pays, il y a eu quelques affrontements avec la police dès le lundi 28. Les communautés de Cangahua, Juan Montalvo et Guachalá, au nord de Pichincha, se sont postées sur une des voies principales pour fermer la circulation des véhicules et des camions. Plusieurs leaders amérindiens de la zone (de la communauté San Pablo del Lago et de la communa El Topo) ont été arrêtés par la police.
Au troisième jour de la mobilisation, le 30 septembre à 16 h (locale), dans la province amazonienne de Morona Santiago (sud-est du pays) 500 membres des forces de police ont attaqués des manifestants de la nation Shuar qui bloquaient un pont sur le rio Upano, action réalisée dans le cadre de la mobilisation lancée par les organisations amérindiennes. Selon les sources, l’intervention policière aurait provoqué entre un et trois morts par balles, 9 blessés parmi les manifestants (et 40 policiers blessés selon le gouvernement).
Le lendemain, seule la mort d’un professeur indien, Bosco Wisum, a été confirmée. Il a été aussitôt déclaré premier martyr shuar de la bataille pour l’eau. Professeur bilingue, membre également de l’Union Nationale des Educateurs (syndicat des enseignants), il apparaît comme le symbole de la jonction entre les luttes indigènes et luttes sociales.

Les premières réactions ont été un peu confuses. Du côté du pouvoir, Correa après avoir déclaré lundi, en plein début du soulèvement que la mouvement était un « échec complet » et avoir accusé les Indiens des violences survenues, s’est déclaré prêt au dialogue si les barrages sont levés et s’il est mis fin à la mobilisation. Du côté des organisations amérindiennes, la CONAIE a déclaré “suspendre” les mobilisations et entamer un dialogue avec l’exécutif dès le deuxième jour du “paro” et avant les affrontements du 30 septembre, tandis que l’organisation dont dépend la zone concernée par la répression violente de la police, la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Amazonie Equatorienne (CONFENIAE) a appelé à la poursuite du mouvement. Malgré cette fissure dans le mouvement indien, rapidement l’ensemble des organisations, relayées par le mouvement politique Patchakutik (bras politique de la CONAIE), ont réitéré leur exigence de dialogue direct avec l’exécutif « sans condi
tions », tandis que le gouvernement conditionne toujours le « dialogue » à la fin du mouvement.
Plus tard, le dialogue de sourd sur le dialogue s’est déplacé. Correa propose d’inviter les dirigeants indiens au palais présidentiel, y compris en leur envoyant un avion les chercher, tandis que l’organisation amazonienne demande à ce que le dialogue ait lieu sur son territoire, à Unión Base, siège de le Confeniae, province amazonienne de Pastaza [1], que la président se déplace « comme il est venu à l’époque de la compagne électorale et qu’il promettait alors de nous appuyer, de nous aider et de nous protéger ». Demande aussitôt rejetée par Correa qui, selon l’agence Efe, rappelle qu’il est le chef de l’Etat, qu’il mérite le respect et que la proposition de l’organisation des indiens amazoniens est « infantile ». Pour le chef de l’Etat, la Conaie essaie de mettre en scène qu’elle est la victime alors que ce sont les policiers qui ont été attaqués à coup de billes de plomb.
Jeudi 1er octobre, les trois principales organisations amérindiennes (ECUARUNARI, CONFENIAE et CONAICE) qui constituent la CONAIE ont décidé d’organiser une assemblée commune, en territoire amazonien, pour s’accorder sur un agenda de dialogue avec le gouvernement.
De son côté, le parti présidentiel a prévu d’organiser une manifestation à Quito le 3 octobre en soutien au président Correa. Le 1er octobre, une seconde victime de la répression policière a été identifiée, Francisco Saant. Quant à la troisième victime, on sait uniquement qu’il appartenait à la communauté Shiramentza.

Le scénario reste complètement ouvert, d’autant que les revendications de la Confenaie vont bien au-delà du thème de la loi sur l’eau et que dans une déclaration en 8 points [2], elle demande un régime spécial d’autonomie pour la zone amazonienne, l’arrêt des exploitations minières et pétrolières, l’abrogation de décrets concernant l’éducation bilingue et en particulier le décret 1780 qui délègue aux églises catholiques des pouvoir en matière d’éducation et de communication dans les zones amazoniennes.
La bataille sur l’eau est directement reliée à celle sur le modèle économique et aux activités d’extraction minières et pétrolières que l’Etat équatorien entend développer à tout prix. L’enjeu est donc de taille.


Indiens vs Gouvernement : un conflit déjà ancien

Le fossé entre la CONAIE et le gouvernement de Correa n’a cessé de s’approfondir depuis plus d’un an. « Cette gauche infantile, cet indigénisme infantile, cet écologisme infantile sont en train de se réactiver, organisant des réunions pour promouvoir un soulèvement contre l'exploitation minière. » « Avec la loi dans la main nous ne laisserons pas faire de tels abus, nous ne permettrons pas des soulèvements, qui bloquent les routes, qui menacent la propriété privée, qui entravent le développement d'une activité légale : l'exploitation minière » [3]. Ainsi parle le président Correa, et ennemi du néolibéralisme et partisan “bolivarien” d’un socialisme du XXIème siècle, qui a également insinué que les mouvements sociaux qui rejetaient la loi sur l’exploitation minière étaient des « alliés de la droite » tandis que le ministre du gouvernement, Fernando Bustamante, parlait d’un possible lien putchiste entre les militaires et les indiens…
Dès le début du mois de janvier 2009, le climat s’était brusquement réchauffé quand la police avait réprimé violemment des villageois dans le sud du pays qui protestaient contre la loi. « Nous ne négocierons pas avec des criminels et canailles », fut la réponse du ministre Bustamante aux dirigeants autochtones qui se sont défendu de la répression en retenant un capitaine de police.
Le 20 janvier, journée de mobilisation pour la vie, des milliers d’indiens sont sortis sur les routes comme ils ont l’habitude de le faire. Quatre mille d’entre eux ont coupé la route Latacunga-Ambato, tandis que des dizaines de milliers d’autres se mobilisaient dans tout le pays, depuis la zone sud de la cordillère jusqu’aux régions amazoniennes en passant par les différentes piémonts andins. Même Quito et Cuenca et la zone côtière ont été le théâtre de manifestations massives.
Depuis, le dialogue de sourd s’est imposé et les organisations indiennes rendent coup pour coup aux accusations dont elles sont victimes. Les dirigeants des organisations amérindiennes ont retourné toutes les accusations contre ceux qui les proféraient. Ainsi Humberto Cholango, de Ecuarunari disant que la droite est certes très présente mais que « le président n’a qu’à regarder autour de lui s’il veut voir la droite ».

Quelques jours plus tard, le 27 janvier 2009, la CONAIE envoie une « Lettre ouverte au Forum Social Mondial » qui a lieu à Belém (Brésil) dans laquelle elle explique son « opposition et rejet » de la présence de Correa dans cette rencontre, un « espace où historiquement se construisent des alternatives et des garanties aux droits des peuples et pour la vie et ne peut être une tribune pour un président aux positions imprégnées de racisme, de machisme, de paternalisme, de discrimination, de sexisme et de violence ». Dans cette lettre ouverte, la CONAIE alerte le Forum que « le discours du régime équatorien utilise l’argument de la révolution citoyenne, du socialisme du XXIème siècle comme argument idéologique au nom duquel il réprime et porte atteinte à la dignité et aux droits de nos peuples ». Contrairement à ce que dit le gouvernement, « la longue nuit néolibérale est présente en Equateur ».

Les différentes lois décidées par le gouvernement (loi sur les ressources hydriques, loi de la souveraineté alimentaire, de la communication, de l’éducation, de la bio-diversité…) forment un “paquet” législatif qui remet en question les droits acquis des peuples amérindiens sur leurs territoires. Dans une interview récente, Marlon Santi, président de la CONAIE précise qu’avec ces nouvelles lois, est remis en question « l’Etat plurinational et interculturel et qu’à l’intérieur de celui-ci, les droits des peuples autochtones sont en passe d’être marginalisés » par ces nouvelles lois qui « relient le monopole économique au pouvoir ». D’un côté, « la nouvelle constitution établit et garantit que toute prise de décision (approbation de lois, programmes, politiques publiques) qui affectent les peuples originaires doivent avoir été soumise et approuvée préalablement par les peuples concerné » de l’autre, une loi comme celle de l’exploitation minière « relève du gouvernement nationa
l et sera appliquée dans les territoires indiens » alors même qu’elles ont été décidées « sans consulter les peuples et nations indiennes. » [4]

Cet affrontement entre le pouvoir et les mouvements indiens s’est doublé d’une stratégie gouvernementale visant à briser, fragmenter et coopter une partie de ces mouvements en créant de toute pièce de nouvelles organisations amérindiennes mais aussi paysannes ou syndicales sans aucune autre orientation que l’officialisme, c’est-à-dire l’obéissance au gouvernement, où certains leaders sont utilisés comme bouclier afin de justifier la répression au nom du maintien de la démocratie et la libre circulation sur les routes. Stratégie qui s’appuie sur son parti politique, Alianza País, qui organise des contre-manifestations en défense de son « lider » et demande la fin des mobilisations, l’usage de la “mano dura” contre les ennemis de la révolution, etc.
Stratégie classique du « diviser pour régner » mais qui n’hésite pas à se faire au nom du thème “cannibale” de la gauche de l’unité des dirigeants et des dirigés (sur le slogan « ce qui nous unit important est plus que ce qui nous sépare »). Stratégie qui permet de faire croire à la réalité du “dialogue” quand celui-ci se réduit à la mise en scène médiatique de rencontres entre les représentants de l’exécutif ou Correa lui-même et les organisations qui “acceptent” le dialogue.

Les enjeux : autonomie, territorialité, développement

Les mobilisations en cours en Equateur contiennent 3 enjeux fondamentaux entremêlés mais qu’il convient de repérer séparément.
- La défense de l’autonomie des mouvements, sociaux, nationalitaires/indiens, écologistes, politiques par rapport à un Etat qui vise avant tout leur neutralisation par la cooptation de leurs leaders et l’institutionnalisation de leurs structures par la mise en scène de leur reconnaissance comme interlocuteurs soumis mais représentatifs. Cet objectif a été jusque là un échec. Le gouvernement qui se faisait fort d’organiser un “débat national” sur la Loi sur l’eau n’a récolté que mobilisations, violences dans les rues et répression avec comme conséquence une crise majeure dans les relations entre un gouvernement et des mouvements sociaux sensés être sa base sociale.

- La lutte politique pour le pouvoir et le contrôle des territoires et donc des “richesses” potentielles qu’ils contiennent. Les Etats de l’Amérique latine, en particulier dans sa partie andine, se voient tous, à des degrés divers, confrontés à la montée en puissance d’une revendication de la territorialité et du contrôle politique sur des pans entiers des superficies de ces pays de la part des populations originaires. Il s’agit d’un conflit de légitimité grandissant entre les Etats centraux et les communautés, peuples et nations originaires, à l’intérieur de ces Etats quitte à les déborder (des peuples ou nations indiennes peuvent se trouver à cheval sur deux voire trois pays). Sans développer ce point ici, notons que la revendication plus ou moins affirmée de l’autonomie place ces populations dans une position de force : à la fois comme “citoyens” de l’Etat et comme membres de la communauté originaire, ils “doublent” en quelque sorte leur légitimité sur les territoires qu’i
ls habitent et/ou dont ils sont originaires. Face à cette menace, les gouvernements de l’oligarchie, qu’ils soient de gauche ou de droite, les accusent d’être des sauvages, des incapables, des rétrogrades, mettant ainsi en évidence que, deux siècle après les indépendances, le colonialisme, ici dans une version “interne”, et le racisme qui lui est consubstantiel, sont toujours en vigueur et structurent fortement le champ politique national qui le clive entre les tenants de la civilisation ou du progrès contre ceux de la sauvagerie, du primitivisme,…

- La lutte contre un modèle productiviste, soumis au paradigme du développement. Les Etats de la région, qu’ils s’affichent ouvertement néolibéraux (Pérou) ou se déclarent antilibéraux (Equateur), mènent les mêmes politiques : ils paient la dette externe (FMI, Banque interaméricaine de développement…) sans rechigner, n’exproprient surtout pas les entreprises capitalistes nationales ou étrangères mais au contraire les appellent à investir plus, à exploiter les ressources du sol et du sous-sol par le jeu de concessions, en leur garantissant des marges de profits important (financement des infrastructures, paix sociale…). Les surfaces destinées à l’exploitation minières sont de 5.6 millions d’hectares, soit 20% de la superficie totale du pays, incluant des parcs nationaux et des réserves naturelles dont certaines ont été “concessionnées” depuis les années 80. L’Équateur n’a jamais été un pays minier mais le développement de cette activité le conduira aux mêmes problèmes que ses
voisins : dans tous les pays andins, l’exploitation minière a provoqué la pollution des sources et la déforestation qui menacent la survie de milliers de communautés, donnée qui est à l’origine d’une nouvelle génération de mouvements sociaux, marqués par la question écologique et la mise en cause du développement, du modèle productiviste et “extractiviste”. D’autant plus que la vision de la terre chez les peuples indiens n’est pas celle d’une ressource économique à exploiter et épuiser mais appartient à un imaginaire politico-culturel, la conception et la représentation d’un monde, celui dont ils sont issus (la Pachamama), dont ils font partie, qu’ils habitent et qui doit leur survivre.

Ces données se retrouvent à des degrés divers dans la plupart des pays andins. Comme lors du soulèvement au Pérou au mois de juin dernier, il apparaît que ce sont aujourd’hui les composantes les plus amazoniennes (piémont et plaine forestière) de ces peuples et nations amérindiens qui sont les plus mobilisés. Cela traduit un rééquilibrage dans le protagonisme entre les différentes communautés et un élargissement du réveil indien dans sa globalité. Les conséquence immédiates et à court et moyen terme en sont et seront sans aucun doute sa plus grande capacité à reconfigurer en profondeur le champ politique, à modifier les contenus des luttes sociales, notamment la question des ressources et de ses usages, à peser de plus en plus lourdement sur le cours des évènements, à ouvrir de nouvelles perspectives pour l’ensemble du sous-continent et espérons-le, un peu au-delà.

Le 1er octobre
J.F.

[1] Voir le communiqué de presse de la Confeniae ci-après (“La résistance se poursuit et nous ne reculerons pas d’un pas”)
[2] Voir le document daté du 29 septembre ci-après (“L’Amazonie ratifie le soulèvement indien avec plus de force !”)
[3] Propos rapportés par Raúl Zibechi, dans “Ecuador: La lógica del desarrollo choca con los movimientos”.
[4] Interview publié sur le site : http://www.kaosenlared.net/noticia/ecuador-resistencia-indigena-frente-desmonte-derechos
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