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marquetalia
la possession de l arme nucléaire par la république populaire démocratique de corée lui permet de sanctuariser son territoire et lui éviter d avoir le meme sinistre dessein que l irak,la libye ou la fédération yougoslave-à savoir,celui d etre agressé par les Etats-Unis après avoir ete dépecé-
Xuan
Sur oùvalacgt :
Vendredi 22 août 2014
Un syndicat CGT pour la fermeture de Fessenheim !



Un lecteur nous signale une information qui a agité les médias, en particulier alsaciens, au milieu de l’été : un syndicat CGT vient de prendre nettement position en faveur de la fermeture de Fessenheim ! Plus nettement encore, ce syndicat se prononce clairement pour sortir du nucléaire, et sur des bases qui méritent l’attention : enfin, on parle du pillage des matières premières des pays du Tiers Monde, en l’occurrence l’uranium au Niger par AREVA, avec toutes les conséquences que l’on connait en matière de géopolitique en Afrique sahélienne (prises d’otages etc.)…

Ce document (que l’on retrouve désormais un peu partout sur les sites anti-nucléaires) mérite d’être porté à la connaissance de nos lecteurs (voir ci-dessous), souvent persuadés à tort du caractère monolithique des arguments de la FNME et de la Confédération à l’intérieur de la CGT. Nous avions déjà noté des interventions intéressantes de la FNME des Pyrénées au 50ème Congrès confédéral (voir ICI, une intervention vidéo le Mercredi) pour contester le bien-fondé du développement nucléaire. Depuis, le Congrès de la FNME a affirmé qu'elle « combattra la fermeture de la centrale de Fessenheim » (voir ICI) et la CGT confédérale va dans le même sens (voir ICI une intervention de Thierry Lepaon lors d'un déplacement à Strasbourg), en utilisant tous les arguments jusqu’aux plus opportunistes et de circonstance comme la diminution des gaz à effet de serre dont la CGT se moque royalement…

Aussi la prise de position de la CGT Equipement de l’Alsace est importante et courageuse, et elle tombe avec le fracas nécessaire pour être entendue, pour rompre le consensus apparent interne à notre syndicat.
De même qu’un certain nombre de syndicats CGT s’investit dans le combat contre l’aéroport Notre-Dame des Landes (voir ICI), de même cette « fissure dans le nucléaire » interne - comme le dit la presse - montre que le discours productiviste et économiste de la confédération passe moins bien qu’avant. La crise du capitalisme, ce n’est pas uniquement affaire de meilleure répartition des richesses, c’est affaire d’un mode de production qui façonne l’exploitation de l’homme comme de la nature !


Le texte ici
Xuan
Un excellent article article du blog oùvalacgt qui relie la question du nucléaire et celle obligée de la sous-traitance, dont j'ai déjà parlé ici.
L'exploitation multiple des travailleurs de la sous-traitance est accentuée par les risques du nucléaire, et les risques du nucléaire sont décuplés par les conditions de surexploitation de la sous-traitance


Jeudi 14 novembre 2013

Sous-traitance nucléaire : que veut la CGT ?


Dans le dossier de la sous-traitance, le nucléaire tient une place à part.
En effet, le développement massif de la sous-traitance dans ce secteur est le fruit d’une politique gouvernementale assumée, à la fin des années 80 (juste pour mémoire, qui était au gouvernement ??? allez, un petit effort : Mitterrand 1981 - 1995), politique qui a par exemple fait passer l'externalisation des activités de maintenance de 20 à 80% en cinq ans.
L’objectif était clair : augmenter la compétitivité dans un secteur (l’énergie) où l’impérialisme français était un des leaders mondiaux. Cette politique de précarisation, de casse des avantages sociaux, de baisse des salaires (car c’est bien de cela qu’il s’agit) passe alors sans vraiment faire de vague syndicale, la CGT étant cantonnée dans la défense du statut à EDF et du tarif préférentiel pour les agents…

Depuis, ce n’est pas que la maintenance qui a été totalement sous-traitée, mais des fonctions comme le gardiennage, la logistique, l’ingénierie etc. La sous-traitance a atteint des proportions considérables, pour réduire les coûts, avec des dégâts qui commencent à faire désordre (sureté nucléaire approximative, maintenance insuffisance, expositions aux rayonnements…).
Et quand on voit à côté ce qui se passe à Fukushima, les questions se font de plus en plus vives et pressantes dans toute la société. Que va-t-il se passer par exemple, si on cède le démantèlement des centrales à Veolia ???
Mais à la CGT on est fondamentalement pro-nucléaire , et même carrément à fond.
Alors pas question de remettre en cause un modèle de développement impérialiste (le pillage des matières premières, l’uranium d’Areva au Niger), dangereux et parfaitement irresponsable pour l’avenir (gestion des déchets sur des millénaires), pas question de remettre en cause un des fleurons du « fabriquons français », en cette période où le patriotisme économique reprend du poil de la bête.

Alors il faut réagir.
Depuis des mois et des années, la sous-traitance nucléaire est sur la sellette, avec de nombreuses études sur l’impact en matière de santé (voir l’article ci-dessus publié dans « sortir du nucléaire » N°35, passionnant !).
Alors, on se bouge à la Confédé, mais pas dans n’importe quel sens. On met en place un groupe interfédéral, pour élaborer un projet d’accord national réglementant le statut de la sous-traitance nucléaire…

Interfédéral, c’est-à-dire qu’on y retrouve la FNME (l’énergie, bien sûr), la FTM (métallurgie, chaudronnerie, charpente métallique, tuyauterie…), la Construction (BTP, électricité, climatisation…), les bureaux d’étude (ingénierie…), les Ports et Docks (et oui, encore eux !!! le nettoyage et la décontamination…), le Commerce (protection et sécurité…). Sans avoir fait le tour, on touche à l’ensemble des métiers de gestion d’une centrale nucléaire.
Ce collectif travaille depuis un an, et convoque à une réunion début décembre (voir ci-dessus également) pour discuter un projet d’accord.

Mais que contient ce projet ?
45 pages détaillées, article par article, sur tous les volets du travail en centrale nucléaire (on trouvera également ce projet ci-dessous, il doit être largement connu).
Le préambule est clair et net, on est pro-nucléaire et on l’assume jusqu’au bout. Jusqu’à l’utilisation d’arguments de circonstances comme le réchauffement climatique, sans dire un mot sur le pillage de l’uranium ou la gestion des déchets. On avait déjà vu cela au Congrès confédéral au printemps dernier (Voir « 50ème congrès : quelques débats d’orientation »), c’est réaffirmé avec force, on est prévenus. Ce qui est en jeu, c’est seulement une réglementation plus rigoureuse de la sous-traitance…



Après, sur les articles proprement dits, première lecture, on se dit, ouah, c’est pas mal… Et puis on réfléchit : en fait, ce document revient plus ou moins à revendiquer un statut identique pour les sous-traitants par rapport aux agents EdF. Mais alors pourquoi ne pas revendiquer clairement la ré-internalisation pure et simple de la sous-traitance dans le personnel EdF, comme le font les camarades du nettoyage dans les hôtels ? (« Nettoyage CGT : le côté lumineux et le côté obscur de la Force ! »).

Il n’y aurait plus besoin de 45 pages de détails point par point mais d’un seul mot d’ordre :

Un seul lieu de travail,
Un seul employeur,
Un seul statut !


Et si on est pour les syndicats de site, si on est pour la conservation des acquis sociaux, si on est pour l’égalité des droits sociaux, c’est toujours avec cet objectif en perspective . Pas pour maintenir et valider la sous-traitance, mais pour y mettre fin !De fait, le préambule aborde bien la question de la ré-internalisation, mais pour la mettre immédiatement "out", hors sujet : « En dehors de la question de réinternaliser tout ou partie des activités sous-traitées dans l'industrie nucléaire… » . Alors que cela aurait dû au contraire être réaffirmé avec force et au cœur d’un éventuel projet d’accord de transition avec cet objectif en ligne de mire…

Enfin, ces articles laissent un vrai malaise concernant l’exposition aux rayonnements, traitée en un seul rapide article (le 38) alors que tous les experts soulignent qu’un des dangers de la sous-traitance est « le droit à la dose », ce calcul cynique qui utilise la précarité pour « gérer » les « ressources humaines » essentiellement sous-traitantes dans le cadre de la réglementation… On expose sciemment les travailleurs, après on les jette dès que la dose officielle est dépassée, ou, encore plus cynique, on pousse à la triche, à masquer les expositions pour se maintenir au travail… Bon, ça s’est pas mal amélioré depuis 20 ans, mais c’est encore bien utilisé.
Le projet d’accord est vraiment archi-rapide sur la question, comme si ce n’était pas un problème, alors que c’est quand même connu… A tel point qu’on se demande si derrière ce projet il n’y a pas en fait la défense du personnel statutaire sur le dos des personnels sous-traitants… Mais on va dire là qu’on est mauvaise langue…

Les camarades du blog « Ma zone contrôlée » se félicitent de ce projet d’accord, d’ailleurs ils en sont plus ou moins à l’origine au sein de la FNME qui initialement n’avait vraiment rien à faire des sous-traitants (en ce sens, on peut considérer que c'est un pas en avant !). Ce blog tente de regrouper les militants de la sous-traitance nucléaire, dans la multiplicité des divisions et des statuts, et ils ont fait un bon travail depuis plusieurs années. On peut comprendre que quelque part, ce projet d'accord correspond à leurs attentes, compte tenu de ce qu'ils vivent au quotidien.
Mais il faut, comme d’habitude, voir plus loin que le bout de son nez. On ne peut pas valider la précarité, accepter cette division. Il faut revenir à la revendication fondamentale, essentielle, de la ré-intégration dans l’entreprise principale, qu’il s’agisse d’EdF, d’AEVA ou du CEA ! Lutte qui doit devenir le fil directeur de tous les combats pour l'égalité des droits et des conditions de travail.

Oui, la sous-traitance dans le nucléaire, c’est un vrai problème, une question de « société » comme ils disent à la télé. On peut même dire un "double" problème de société : celui de la précarité et de la division des statuts d'une part, celui du nucléaire d'autre part...


Edité le 15-11-2013 à 20:04:14 par Xuan


Xuan
Sur le Monde planète

A Fukushima, 300 tonnes d'eau contaminée se déversent chaque jour dans le Pacifique


Le Monde.fr avec AFP | 07.08.2013


Des travailleurs de Fukushima, chargés de contrôler le démantèlement de la centrale, inspectent la construction de barrières censées empêcher l'écoulement d'eau contaminée dans l'océan.

Voilà des mois que les informations sur les fuites d'eau radioactive issue de la centrale de Fukushima sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur ampleur ou leur impact sur l'environnement. Le gouvernement japonais a finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce sont 300 tonnes d'eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l'océan Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme et un tsunami, en mars 2011.

Qualifiées de "situation d'urgence" mardi par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

Le premier ministre, Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l'énergie nucléaire, a évoqué "un problème urgent qui suscite beaucoup d'inquiétude dans la population", et s'est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par jour à partir de décembre.

POISSONS RADIOACTIFS

A la fin du mois de juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l'eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre, avouant qu'elle atteignait l'océan. A la suite de cet aveu, l'autorité nucléaire japonaise a prévu d'enquêter sur les causes de ces fuites et de surveiller la contamination de l'océan.

Ces rejets dans le Pacifique n'étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.

Et alors que Tepco assurait encore que l'eau restait bloquée dans les sous-sols, l'opérateur avait enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.

CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETS

Ces fuites d'eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l'eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d'eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d'entre eux fuyaient.


Comment l'eau a-t-elle été contaminée ?

Critiqué pour sa gestion de l'accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l'instant, l'opérateur s'efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l'océan, d'étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour solidifier les sols n'était toutefois pas efficace au niveau des nappes phréatiques.

Tepco compte aussi sur un nouveau système de décontamination de l'eau, l'ALPS (Advanced Liquid Processing System), grâce auquel il espère obtenir l'autorisation du gouvernement de pouvoir la déverser dans l'océan. En attendant, l'opérateur installe des filets pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d'être consommés par d'autres espèces ou pêchés.

Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d'être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l'état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d'un séisme, continue d'inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d'années, et l'Etat a déjà versé près de 30 milliards d'euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d'un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l'histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d'entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.


_________________



Sur le même site

Fukushima : 2 000 travailleurs exposés à un cancer de la thyroïde


Le Monde.fr | 19.07.2013 à 15h32
Par Audrey Garric



Après la catastrophe de Fukushima, des agents se rendent sur les lieux pour constater et évaluer les dégâts le 17 juin 2011.

La révélation devrait faire l'effet d'une bombe. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a annoncé, vendredi 19 juillet, que près de 2 000 travailleurs de la centrale accidentée de Fukushima présentaient un risque accru de cancer de la thyroïde, soit 10 % des personnes ayant travaillé sur le site.

L'opérateur japonais a réalisé des examens sanitaires pour 19 592 de ses travailleurs – 3 290 employés de la firme et 16 302 employés d'entreprises sous-traitantes. Résultat : 1 973 ouvriers ont vu leur thyroïde exposée à des doses cumulées de radiations supérieures à 100 millisieverts. Un niveau au-delà duquel un risque accru de développer un cancer a été démontré par les études épidémiologiques – la dose normale reçue par l'organisme étant de 1 millisievert par an.

DIX FOIS PLUS DE PERSONNES CONCERNÉES

Jusqu'à présent, seulement 522 travailleurs avaient vu leurs doses de radiations transmises à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En février, l'OMS avait alors conclu que 178 ouvriers présentait un risque accru de cancer. Mais le ministère de la santé avait fait part de doutes sur les critères choisis pour ces premières évaluations, et avait demandé à Tepco de revoir sa méthode d'estimation du niveau d'exposition aux radiations.

Lire : "Un risque de cancer accru près de la centrale de Fukushima"

Comment une telle évaluation a-t-elle été réalisée ? "Le cancer de la thyroïde est essentiellement développé après une contamination interne à l'iode 131, c'est-à-dire après que ce radionucléide a été ingéré ou inhalé" , explique Alain Rannou, expert à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les relevés des dosimètres – des instruments qui mesurent l'exposition aux radiations externes – ne sont donc pas suffisants. "Il faut réaliser des mesures anthroporadiamétriques, qui détectent les rayonnements de l'organe ciblé, ou procéder à des examens urinaires pour connaître la quantité d'iode 131 sécrétée par les urines" , poursuit l'expert.

Reste une difficulté : la demi-vie de l'iode 131, c'est-à-dire le temps nécessaire pour que la moitié des atomes se désintègrent naturellement, est de huit jours. "Il faut estimer à quel moment chaque travailleur se trouvait dans une zone contaminée. De façon à calculer, à partir des mesures, quelle quantité d'iode 131 il a en réalité incorporée" , complète Alain Rannou.

VIOLATIONS DES RÈGLEMENTS SUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ

En juin, des tests effectués sur 174 000 personnes habitant la préfecture de Fukushima, qui compte près de deux millions d'habitants, avait conclu que 12 mineurs étaient atteints d'un cancer de la thyroïde, 15 autres cas étant suspects. "Les autorités n'ont pas mis en évidence d'effet sanitaire avéré de la catastrophe, prévient Alain Rannou. Les données scientifiques actuelles ne permettent pas de faire la différence avec le risque spontané de développer un cancer dans la population générale."

Lire : "Des cancers de la thyroïde confirmés chez des mineurs de Fukushima"

Malgré tout, les opérations de décontamination de la centrale détruite par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, sont régulièrement entachées de révélations sur les conditions de travail illégales et les violations des règlements sur la santé et la sécurité des 3 000 "liquidateurs" qui se relaient jour et nuit sur le site. En décembre dernier, le quotidien Asahi Shimbun avait notamment révélé que la société de construction Build-Up aurait demandé à une dizaine de ses ouvriers de recouvrir de plomb leurs dosimètres lorsqu'ils intervenaient dans les zones les plus radioactives de la centrale accidentée afin de sous-déclarer leur exposition et permettre à la société de continuer à travailler sur le site.

Lire : "La difficile vie des 'liquidateurs' de Fukushima"


Edité le 07-08-2013 à 15:14:31 par Xuan


Xuan
Sur ouvalacgt
Samedi 16 février 2013

ITER : quels enjeux syndicaux pour un chantier pharaonique ?


Le 4 février dernier, l'Union Locale de Pertuis ((84) organisait une réunion autour du chantier ITER à venir dans les mois prochains sur le site du CEA Cadarrache ("ITER : recherche de pointe, dumping social").
A l'issue de cette rencontre, la CGT du Vaucluse produisait un petit bulletin de 6 pages (ci-dessous) faisant le point sur l'organisation pour la défense syndicale sur le chantier.
On notera un problème soulevé dans le document, mais implicite alors qu'il fait conflit au sein de la CGT : l'existence d'une UL CGT à Saint-Paul les Durance, qui a été absorbée à l'intérieur du CEA, bien entendu avec l'accord de certains militants, et qui est devenue inaccessible depuis l'extérieur pour les syndicalistes non salariés du CEA !!! Une UL "fermée" en quelque sorte... Ce qui explique cette assemblée qui s'est tenue au Pertuis et pas à Saint-Paul !
Il y a là un sérieux problème sur ce qu'est une organisation territoriale, lieu de jonction des diverses professions sur une zone donnée... On voit mal la solidarité locale se développer dans ce cadre.

Nous l'avons dit : ces chantiers gigantesques sont des lieux d'expérimentation sociale pour le patronat européen, évidemment pour le pire ! Il est donc essentiel d'y intervenir fortement pour défendre l'unité des travailleurs de toutes les nationalités, l'unité des statuts et des conditions de travail.
Nous y reviendrons donc régulièrement pour la suite du chantier.

Xuan
Sur le blog ouvalacgt :


Jeudi 24 janvier 2013

ITER : recherche de pointe, dumping social


ITER : ces quatre lettres ne "parlent" qu'aux habitants de la région, autour du Commissariat à l'Energie Atomique de Cadarache, sur la vallée de la Durance (13).

ITER : un chantier pharaonique de la recherche fondamentale européenne, des milliards d'euros, des années de travail, des milliers de travailleurs pour les infrastructures et la construction. Un de ces projets sur lesquels il est difficile de se faire un avis élaboré, avec des expertises contradictoires, même les écolos sont divisés : les Verts au gouvernement ont validé, les écologistes locaux y sont opposés (voir en particulier ICI )... Nous ne nous prononcerons pas sur le sujet.

Mais ce sur quoi nous nous prononcerons, c'est sur les conditions d'embauche et de travail des ouvriers du chantier. Plus de 3000 en période de pointe fin 2013, dans des conditions catastrophiques.
Dans un article précédent ("L'emploi à flux tendu : un accord pour la guerre économique" ) à propos du récent accord sur la "sécurisation de l'emploi", nous notions la tendance des capitalistes (dans les entreprises ou au gouvernement), à expérimenter toujours plus de flexibilité, de formes de contrats de travail "adaptés", c'est à dire fondamentalement dégradées. ITER est effectivement une plateforme d'expérimentation qui préfigure l'avenir.
Nous reproduisons ci-dessous un interview publiée dans le journal "La Marseillaise" d'un syndicaliste impliqué depuis des années dans la défense des travailleurs sous-traitants présents sur tous les grands chantiers du CEA, institution gouvernementale faut-il le rappeler (l'Etat est le principal employeur de précaires...).
Une interview édifiante, et nous reviendrons sur le sujet, puisqu'une réunion d'information est organisée

Lundi 4 février, à 17h30
Union Locale du Pertuis (84) - Place Saint-Pierre
________________________________________

NON AU DUMPING SOCIAL – La Marseillaise 18/01/2013


Syndicaliste à la CGT, Christian Ribaud refuse que les salariés qui vont bâtir un des plus grands projets d'avenir subissent des conditions de travail d'un autre siècle.

Alors que le chantier d'Iter s'apprête à mobiliser plusieurs milliers de salariés, vous dites craindre pour leurs conditions de travail et de vie. Pourquoi ?

Nous avons défendu récemment huit salariés cap-verdiens d'une société sous-traitante portugaise sur le chantier du RJH (voir photo), un réacteur de recherche voisin qui ne dépend pas d'Iter mais du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Entassés comme des esclaves dans un logement avec des toilettes hors services, le patron leur retenait 20 euros par jour de loyer sur le salaire. Or tout laisse à penser qu'avec le chantier d'Iter on soit confronté au même type de logique multipliée par 3000 salariés.

Qu'est-ce à dire concrètement ?

Un guide du logement commandé au cabinet de conseil Sémaphores par le CEA et l'agence Iter France qui a été publié en juillet dernier (voir ICI ) révèle les conditions d'hébergement promises aux ouvriers du chantier. Dans ce document destiné à aiguiller les patrons pour loger leurs salariés, les solutions proposées interpellent. Campings, auberges de jeunesse, colonies de vacances sont listés avec des annotations sur les contraintes potentielles. Le guide envisage par exemple de mettre 779 travailleurs dans des mobil-homes sur un camping de Château Arnoux, à 60km du chantier sur un terrain avec un risque d'inondation partielle.

Ce ne sont pas des conditions dignes. Se retrouver une semaine en vacances dans un bungalow ce n'est pas la même chose que s'entasser après une journée de travail sur un chantier et cela, des mois durant. Lors d'une réunion de la Commission locale d'information sur Iter (Cli-Iter) qui s'est tenue en octobre dernier, Gilles Barsacq secrétaire général aux affaires régionales de la préfecture, a confirmé que ces solutions d'hébergement précaire étaient effectivement étudiées. On voit mal comment dans ces conditions l'immense chantier pourrait permettre de faire reculer le chômage localement à Manosque par exemple où il est de 12%. Je vois une raison à cela : le choix du dumping social. Iter est un chantier financé par des fonds publics, français et internationaux, on ne peut pas admettre que les entreprises qui vont en bénéficier suivent cette logique.

Quelle forme pourrait prendre ce dumping social ?

En faisant venir des travailleurs européens en contrats courts via une cascade d'entreprises sous- traitantes basées par exemple au Portugal ou en Pologne, les patrons se dispensent de payer ce qu'ils appellent les « charges ». Si on multiplie les sommes qui restent dans leurs poches par le nombre de salariés et de mois travaillés, le résultat se chiffre en milliards. Les comptes sociaux en seront privés et un sérieux problème de justice est posé. On ne peut pas accepter qu'il y ait d'un côté des salariés et de l'autre des salariés low-cost. Comment faire valoir ses droits dans ce contexte ? La barrière de la langue, la précarité de l'emploi limitent les capacités d'action. Le premier qui se rebiffe est renvoyé à la case départ et tout est bon pour faire des économies sur le dos des salariés. Je reviens au cas du RJH : on a vu des sous-traitants qui, pour éviter de prendre en charge un système de transports avec bus et chauffeurs, fournissaient aux équipes des fourgonnettes en imposant à l'un des travailleurs de conduire le véhicule. Plutôt que de miser sur la concurrence entre salariés, le chantier Iter devrait être un tremplin pour créer de l'emploi. Je me suis récemment rendu à Pôle emploi de Manosque qui compte 3 900 inscrits. Les offres d'emplois disponibles concernent la restauration, l'aide à la personne et les grandes surfaces. Rien sur le chantier. Il y a quelque chose de choquant à cela. J'ajoute que dès maintenant des formations devraient être proposées pour permettre aux chômeurs de la région d'intégrer les différentes phases du chantier.

Comment agir en tant que syndicaliste ?

Lors de la mise en place du projet, la CGT avait demandé le label « Grand chantier » qui correspond à des exigences de haut niveau, mais on nous a opposé le statut international d'Iter pour expliquer que ce n'était pas possible mais que l'on ferait « tout comme ».
Pour l'instant, on voit surtout les collectivités invitées à passer à la caisse pour réhabiliter des logements ou bâtir des infrastructures sans que les entreprises qui vont bénéficier des marchés publics ne soient appelées à assumer leurs responsabilités. Dans tous les cas, la CGT sera aux côtés des travailleurs.

PROPOS RECUEILLIS PAR L.P.
Xuan
En marge de l'intervention coloniale au Mali, la Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest comibase@gmail.com m'envoie cet article :

Comment Areva laisse mourir ses travailleurs au Niger


Les Français s’éclairent et se chauffent grâce à leur travail : ces centaines de mineurs nigériens qui ont passé 20 ou 30 années de leur vie à extraire de l’uranium pour Areva. De l’uranium qui, importé en France, alimente ensuite nos 58 réacteurs nucléaires. Souvent victimes des effets des radiations, ils
souffrent et meurent aujourd’hui dans l’indifférence. Pas question de reconnaître leurs maladies professionnelles. Combien de temps le leader français du nucléaire continuera-t-il à les mépriser ?

L’extraction minière d’uranium au Niger serait-elle l’une des activités les plus sûres au monde ? Areva y exploite deux mines depuis le début des années 1970 [1], et emploie aujourd’hui 2 600 personnes. Or, en un demi-siècle, seuls sept dossiers de maladies professionnelles d’employés travaillant dans les mines d’uranium d’Arlit et Akokan, dans le Nord-Niger [2], ont été validés par la sécurité sociale nigérienne. Et sur les sept travailleurs victimes de pathologies professionnelles, cinq sont des expatriés français, indique Ousmane Zakary, du Centre de sécurité sociale de Niamey. Seuls deux mineurs nigériens sont concernés, alors que le personnel nigérien constitue 98% des employés d’Areva sur place. Une performance sanitaire !

L’extraction d’uranium ne serait-elle pas plus dangereuses pour la santé des travailleurs que la culture d’oignon ou de mil ? Les Français, dont une large part de l’électricité est produite grâce au minerai nigérien – qui alimente un tiers des 58 réacteurs nucléaires – doivent-ils se réjouir de l’attention portée par Areva à la santé de ses salariés ?« Les mineurs d’uranium sont exposés à des radiations ionisantes tant par irradiation externe qu’interne. Ils sont exposés dans les carrières d’uranium, les mines souterraines, les usines d’extraction de l’uranium, mais aussi à leur domicile et en ville », décrit pourtant Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Commission d’information et de recherche indépendantes sur la radioactivité (Criirad). L’organisme a réalisé de nombreuses analyses sur la présence de gaz radioactifs dans l’air, l’eau et l’alimentation à Arlit. Dans cette zone, 35 millions de tonnes de déchets radioactifs sont empilés à l’air libre depuis le début de l’exploitation. Au gré du vent, du gaz radon et ses dérivés s’en échappent. Des substances « classées cancérigènes pour l’homme par l’IARC [Centre international de recherche sur le cancer] dès 1988 », précise l’ingénieur en physique nucléaire.

Pas de suivi médical pour les anciens mineurs

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de maladies professionnelles déclarées ? Soit Areva est effectivement exemplaire, soit ces maladies professionnelles sont dissimulées, écartées des études et des statistiques.
Au Centre de sécurité sociale de Niamey, la capitale nigérienne, Ousmane Zakary esquisse une réponse.
C’est le médecin des filiales d’Areva en charge de l’extraction (la Somaïr et la Cominak) qui doit alerter la sécurité sociale de l’existence d’une maladie professionnelle au sein de son personnel. Puis un médecin du travail mène une contre-expertise. Or « de nombreux ouvriers se plaignent que le médecin de la Cominak leur pose des problèmes pour déclarer leur maladie professionnelle. On essaye de leur cacher leur situation de santé », témoigne Ousmane.

Pire : seuls les mineurs en activité peuvent recevoir une prise en charge sanitaire de l’État nigérien. « Il n’y a pas de suivi médical pour les anciens mineurs. Pourtant les maladies liées à la radiation se déclarent souvent des années plus tard, décrit Ousmane. « Il y a quatre ans, le directeur adjoint d’Areva au Niger et son DRH sont venus pour en savoir plus sur la situation des anciens mineurs ». Cette visite n’a rien changé : les anciens travailleurs des mines d’uranium du Niger ne sont toujours pas couverts par leur
ancienne entreprise ou par l’État.

« Ils sont tous morts ! »

Pourtant, les témoignages de malades ou de familles d’anciens mineurs décédés affluent.« Mon mari faisait partie des premiers agents de la Somaïr. Tous ses collègues sont morts, de cancers, de problèmes de reins, de foie… Parmi ceux qui sont restés, beaucoup sont malades ou paralysés.
Mais on ne peut pas dire que c’est lié directement à l’irradiation, il aurait fallu faire des études ! », se désole Hamsatou Adamou, sage-femme, responsable de la maternité du centre médical d’Arlit, puis de la Cominak.

Elle participe chaque semaine à la réunion de l’Association des anciens travailleurs du secteur minier et leur famille (ATMSF), créée en 2009 par Boureima Hamidou. Cet ancien échantillonneur de la Cominak, victime de ce qu’il considère comme un licenciement abusif, cinq ans avant sa retraite, a décidé de se mobiliser pour les mineurs. Dans le local exiguë de l’association, des sexagénaires patientent, tous atteints de paralysie, souffrant d’insuffisance rénale ou de troubles pulmonaires. Des survivants. La plupart des mineurs d’Arlit et Akokan qui ont travaillé entre les années 1970 et 1990 pour le compte d’Areva ne sont plus là pour témoigner. « Ceux qui ont pris leur retraite début 1990 n’ont pas tenu deux ans. Ils sont tous morts ! C’était comme une épidémie ! », décrit Cissé Amadou, qui a travaillé vingt ans comme cadre pour la Somaïr à Arlit.

De l’uranium à pleines mains

Ancien ouvrier de la Cominak, Mamane Sani fait partie de ces chanceux qui ont survécu. Mais à quel prix… C’est l’heure de la prière. Le frêle homme vêtu de son boubou ne parvient pas à laver son pied gauche, selon le rituel musulman des ablutions. Depuis 1992, il est paralysé du côté gauche. Une maladie qui s’est déclarée « trop tard » pour être reconnue. La Cominak n’a pris en charge aucun frais de santé, malgré 25 ans passés à travailler pour la société minière. Dans son travail, Mamane était au contact direct avec le « yellowcake », un concentré d’uranium qui, une fois enrichi, permet de produire de l’énergie nucléaire.

Plusieurs anciens mineurs pointent l’absence de protection : « Je maniais directement l’uranium. Au début, les gants, on ne savait même pas ce que c’était. Il n’y avait pas non plus de masques. Tout ça est venu après », raconte Islam Mounkaïla, président de l’ATMSF, et opérateur de fabrication dans l’usine de transformation de la Cominak pendant 20 ans. Des témoignages assez éloignés des déclarations d’Areva, premier employeur privé du pays, qui affirme avoir « intégré la sécurité comme une composante de son métier et [mettre] en place une politique de prévention depuis le début de son implantation au Niger. »

Areva condamnée pour « faute inexcusable »

Areva a bien créé un comité de santé et sécurité au travail… En 1999, 45 ans après l’ouverture de sa première mine. Le port de gants et de masques de protection est aujourd’hui obligatoire pour tous les travailleurs miniers, souligne Boureima Hamidou, qui dénonce cependant le manque de formation chez les employés. Un progrès bien tardif. « Pour une maladie professionnelle reconnue chez un salarié français ayant travaillé au Niger, combien de morts et de malades dus à la radioactivité – rendus invisibles par les choix d’organisation du travail – chez les travailleurs du Niger et dans la population riveraine des mines et des usines d’uranium dans ce pays ? » s’interroge Philippe Billard, de l’association Santé sous-traitance du nucléaire-chimie. L’ancien « nomade du nucléaire » réagissait à la mise en accusation d’Areva, devant le tribunal des Affaires sociales de Melun, concernant le décès de Serge Venel, cadre de la Cominak de 1978 à 1985, mort d’un cancer. Areva a été jugée coupable de « faute inexcusable » par la justice française. L’entreprise s’est empressée de faire appel.

Vers une action juridique d’envergure ?

Islam Mounkaïla, le président de l’ATSMF, se souvient bien de Serge Venel : « C’était mon chef opérateur.
Nous étions beaucoup plus exposés que lui : en tant que mécanicien, il n’intervenait qu’en cas de panne ou d’incident, tandis que nous étions en permanence en contact avec le minerai », explique-t-il, entre deux crises de toux.

Si les anciens mineurs nigériens ont souffert des mêmes pathologies que celle qui a emporté Serge Venel, une action juridique d’envergure serait envisageable pour obtenir réparation.
« S’ils dédommagent la veuve de Serge Venel, nous sommes des milliers de personnes au Niger à partager son sort, en pire », avertit Boureima, qui attend avec impatience le résultat du procès en appel, qui aura lieu le 4 Juillet 2013 à la Cour d’appel de Paris.

Ce procès servira-t-il la cause des travailleurs nigériens ? « La jurisprudence du Tribunal des Affaires de sécurité sociale de Melun pourrait parfaitement être transposée (…). Dans ce cas, la juridiction compétente serait le Conseil de Prud’hommes, en considérant, comme l’a fait le tribunal de Melun, que la
société Areva était leur co-employeur. Cette demande pourrait être présentée par les travailleurs euxmêmes ou par leur famille en cas de décès », explique l’avocat Jean-Paul Teissonnière, spécialisé sur ces questions.

Toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium

Une véritable bombe à retardement qu’Areva s’est empressé de désamorcer en créant en décembre 2010 l’Observatoire de Santé de la région d’Agadez (OSRA), en réponse aux revendications croissantes de la société civile d’Arlit, de Médecins du Monde et de l’association Sherpa. Ces ONG dénoncent depuis 2003 les atteintes à l’environnement et à la santé des travailleurs des mines d’Areva au Gabon et au Niger.
L’objectif : offrir « un suivi post-professionnel des anciens collaborateurs exposés à l’uranium », décrit Areva sur son site internet. Avec une consultation médicale – examen clinique, radiographie pulmonaire pour ceux exposés au minerai, analyse sanguine – tous les 2 ans. L’OSRA doit également assurer un suivi sanitaire des populations de la zone minière, avec une analyse des données indépendantes et scientifiques (registres médicaux des maladies constatées, rapports des hôpitaux, études de cas…) disponibles. Et doit conduire « une étude sur la mortalité des mineurs de 1968 à 2005 afin d’assurer une totale transparence sur l’impact sanitaire de l’activité minière actuelle et passée ».

Transparence, donc. Mais après un an de consultations médicales, toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium ! « Nous avons relevé quatre dossiers problématiques, dont deux révélant des anomalies.
Après analyse, le comité médical de l’OSRA a indiqué qu’il n’y avait pas de lien avec l’exposition à l’uranium, mais nous avons souhaité les prendre en charge tout de même. Et là, on entre dans l’action de santé publique, car on leur un offre un suivi médical, même s’il s’avère qu’ils n’ont pas de maladie professionnelle », se félicite Alain Acker, directeur médical d’Areva.

Le sable, plus dangereux que l’uranium...

Dans un rapport [3], Greenpeace met pourtant en évidence une pollution radioactive dans l’air, dans l’eau et dans les nappes phréatiques, et un manque de sensibilisation de la population à Arlit, où « le taux de mortalité des maladies respiratoires (16%) est deux fois plus élevé que la moyenne nationale (8,5%) ».
Areva réagit en publiant son propre rapport, Areva et le Niger, un partenariat durable. On y apprend que « la communication de Greenpeace repose essentiellement sur les peurs du public et la désinformation », tandis que les affections allergiques sont dues « aux actions agressives du sable pour les yeux et les poumons et non à l’activité minière comme le laisse supposer Greenpeace » !

Quand le journaliste Dominique Hennequin revient du Niger et du Gabon avec un reportage à charge, Uranium, l’héritage empoisonné, diffusé sur la chaîne Public Sénat, il est rappelé à l’ordre par le porte-parole d’Areva pour avoir osé affirmer que l’accueil organisé par la société minière lui rappelait la Corée
du Nord… Mais comment parler de transparence, quand l’OSRA est financé à 100 % par Areva ? « Moins d’un tiers des anciens travailleurs des mines a été recensé : 472 à Arlit et 39 à Agadez. Sur ce tiers, seule une centaine a reçu une visite médicale, décrit Cissé Amadou, l’ancien cadre de la Somaïr.

Opération de communication

« Le pire, c’est que les visites ont été supervisées par le docteur Barazé, médecin de la Cominak pendant des années.


Comment un docteur qui n’a jamais relevé de pathologie liée à l’irradiation chez des ouvriers, qui ont tous trépassé deux ans après leur départ de la mine, pourrait revenir sur son diagnostic aujourd’hui ? », poursuit Cissé Amadou. Après trois ans de partenariat avec l’OSRA, l’association Sherpa a annoncé le 18 décembre 2012 son retrait.

Pour l’ONG, la nouvelle direction d’Areva a « réduit pour l’essentiel l’exécution des accords à une opération de communication, sinon d’affichage. ». L’avenir de ce « dialogue exemplaire et sans précédent entre des Autorités nationales, les organisations non gouvernementales (ONG) et un partenaire industriel responsable », selon les mots d’Alain Acker, directeur médical d’Areva, semble bien compromis.

Pour Bruno Chareyron, de la Criirad, le suivi post-professionnel de l’Observatoire de santé est de toute manière biaisé, Areva ne prenant en compte qu’une « liste périmée et incomplète » de maladies professionnelles induites par la radioactivité, estime l’ingénieur. « Les connaissances actuelles sur les effets des expositions chroniques à de faibles doses de rayonnement montrent que les atteintes à la santé concernent de nombreux types de cancers et l’ensemble des fonctions vitales. Il peut s’agir d’atteintes cardiovasculaires, de maladies rénales ou d’affections neurologiques, et pas seulement de cancer broncho-pulmonaire, de sarcome osseux ou de leucémie. » Autant de mots posés sur les maux d’Islam, qui souffre de « lourdeur dans la joue, la main et le genou droit », de Mamane, à moitié paralysé, d’Aboubacar Ilitimine, foreur à la Somaïr depuis 1976, qui souffre d’insuffisance rénale… Comme de nombreux anciens travailleurs miniers nigériens.

Ces anciens travailleurs pourraient aussi faire jouer leur « préjudice d’anxiété », pour obtenir des dommages et intérêts, comme ceux reconnus [4] pour les salariés non malades exposés à l’inhalation de poussières d’amiante. « Dans l’hypothèse où le lien de causalité serait trop difficile à établir, nous pourrions envisager devant le Conseil de Prud’hommes des demandes au titre du préjudice d’anxiété lié à une exposition fautive à la radioactivité, dans des conditions de danger que l’employeur, en l’occurrence Areva, ne pouvait ignorer », expose Jean-Paul Teissonnière. L’avocat, spécialisé sur les questions sanitaires vient d’obtenir entre 5.000 et 30.000 euros de dommages et intérêts pour les salariés de la société Eternit non malades exposés à l’amiante. Qu’elle soit juridique ou politique, la solution qui permettra aux anciens travailleurs miniers nigériens d’obtenir une prise en charge médicale doit être trouvée au plus vite.

Emmanuel Haddad
Xuan
Ci-dessous un article publié par :
Agoravox
dazibaoueb et
J. Tourtaux
sur les suites de la catastrophe de Fukushima.
L'article est suivi de très nombreux liens ou renvoyant aux articles d'Agoravox sur le sujet .


Fukushima, la stratégie de l’oubli


Auteur : Olivier Cabanel - Source : agoravox.fr

Un livre vient de sortir, « oublier Fukushima » ( éditions du bout de la ville ), faisant un bilan saisissant, décryptant les manœuvres subtiles de communication de Tepco et de l’Etat Japonais, qui tentent de faire oublier la catastrophe toujours en cours.



Les auteurs ont dressé, dans l’émission de Ruth Stégassy, « Terre à Terre » du 20 octobre 2012 , un bilan méticuleux destiné à nous éclairer sur la stratégie mise en place par le gouvernement japonais destinée à faire oublier la catastrophe, démontrant que tout avait mis en œuvre pour tenter de rayer de la mémoire collective ce qui s’était passé.

Les autorités japonaises ont mis en place un scénario en 5 temps : après la catastrophe, la liquidation (en réalité la non-liquidation), l’évacuation, (en fait la non-évacuation), la réhabilitation, fictive elle aussi, pour aboutir enfin à une tentative de banalisation de l’accident.

Cette stratégie d’oubli semble fonctionner relativement bien auprès des médias, lesquels reprennent sans complexes les infos proposées par les gestionnaires de la catastrophe, avec comme but ultime de le proposer comme modèle pour la prochaine fois.

Il s’agit de faire croire au public docile que la sûreté des installations nucléaires est assurée, même lors d’un accident majeur et les médias semblent se contenter de la campagne de communication menée conjointement par Tepco et l’état Japonais .

La CIPR, (commission internationale pour la protection radiologique) organisme qui détermine pour toute la planète les normes acceptables en matière de pollution radioactive pour les travailleurs et les habitants, a modifié, quelques semaines après la catastrophe, les normes fixées auparavant à 1 milliSievert/an et les mettant à 20 milliSieverts/an mais la norme n’empêche pas le danger.

Or déplacer ce seuil, c’était offrir au gouvernement japonais la possibilité de ne pas évacuer les millions d’habitants menacés.

Et puis Fukushima apporte une « nouveauté », car contrairement à Tchernobyl , c’est la première fois qu’une catastrophe majeure a été mise sur le compte d’un événement naturel, même si l’on sait aujourd’hui, que c’est bien suite à une mauvaise gestion de la situation que la centrale a été dévastée.

Autre observation que font les auteurs, c’est surtout le tsunami qui a été mis en cause, et non pas le tremblement de terre, ce qui est bien pratique pour Tepco , puisque du coup, il ne leur est pas reproché d’avoir installé toutes leurs centrales sur des failles sismiques.

Les exploitants des centrales françaises situées elles aussi sur des failles sismiques devraient s’interroger sur la question.

Mais revenons à Fukushima , l’une des questions non résolue à l’heure actuelle concerne le corium : comme l’expliquent les auteurs du livre, ce corium , d’une température de 2500° , s’enfonce inexorablement dans le sol, et on comprend que toutes les tentatives de l’arroser pour le refroidir, sont autant vouées à l’échec que si l’on voulait éteindre un volcan en l’aspergeant d’eau.

Ce corium se compose entre autre de 33 millions de « pastilles », chacune d’elles équivalent énergétiquement à 1 tonne de charbon, soit 257 tonnes de corium , alors que celui de Tchernobyl n’était que de 70 tonnes .

Pour gérer cette situation, on a fait comme à Tchernobyl, en envoyant 800 000 hommes , équipés de bottes en caoutchouc, et de lances à incendie, ces hommes étant des habitants de ghettos, considérés comme parias jusqu’en 1871 , mais qui continuent encore aujourd’hui à être « la chair à canon » pour ce genre d’entreprise, avec un avantage certain, c’est qu’en cas de disparition de ces forçats du nucléaire, personne ne viendra les comptabiliser.

D’ailleurs, ils disparaissent régulièrement des registres de Tepco sans que l’on puisse savoir ce qu’ils sont devenus, sans laisser de trace, vu le niveau délirant de sous-traitance, lequel peut l’être de 6 ou 7 fois…voire de 10 niveaux , sous la bonne surveillance des Yakusas

Quant à l’évacuation, elle n’a pas eu réellement lieu, le choix a été plutôt de définir quel territoire sera finalement, tout comme à Tchernobyl , déserté, et donc interdit : il n’y pas eu de mise en place d’opération d’évacuation, avec utilisation de bus, et la plupart de ceux qui sont partis, sont ceux qui en ont eu les moyens.

Pour éviter l’exode de plusieurs millions de personnes, le gouvernement japonais a donc choisi de déterminer des zones variant entre 3 et 30 kilomètres autour du site , de façon concentrique, sans tenir compte du sens des vents, et de la réelle contamination des sols.
Ils n’ont été en réalité qu’ entre 60 000 et 140 000 personnes à partir, allant rejoindre ailleurs des membres de leur famille, mais contrairement au discours officiel, repris par l’ AIEA , ils n’ont pas été évacués.

Quant aux personnes qui ont été comptabilisées dans des camps plus ou moins de fortune, ils n’étaient pas tous des rescapés de Fukushima , mais aussi des survivants du tsunami, soit de 60 000 à 80 000 personnes , sans qu’il soit possible de savoir qui sont les uns et qui sont les autres.

Plus inquiétant, ces rescapés ont été placés dans des zones situées parfois seulement à 50 km de la centrale accidentée, et ces rescapés ont réalisé que certaines de ces zones pourtant plus éloignées, étaient plus polluées que celles dans lesquelles ils vivaient auparavant.

A titre d’exemple, il existe une ville de 20 000 habitants du nom de Namie , à 10 km du site , qui n’a reçu aucune consigne officielle d’évacuation, et les habitants ont vite compris qu’ils devaient se débrouiller tous seuls.

Le maire de Namie a d’ailleurs accusé les autorités gouvernementales d’avoir organisé une « espèce de meurtre ».

Le gouvernement japonais avait pourtant à sa disposition le système « Speedy » , qui permet de modéliser par anticipation la dispersion dans l’air des radionucléides.

Or les habitants en s’évacuant un petit peu au hasard vont être en réalité confrontés à un danger bien plus grand, car en rejoignant un secteur plus lointain, ils vont se traverser une zone encore plus polluée, ignorant ce que le gouvernement japonais savait, lequel avait seulement prévenus les soldats de l’armée américaine qui s’y trouvaient.

Areva avait pris d’ailleurs les mêmes mesures, donnant l’ordre à son personnel sur place d’évacuer rapidement.

Le gouvernement japonais finira par admettre le principe des « taches de léopard », défini à Tchernobyl ,considérant des villages, ou des quartiers de grande ville, pourtant plus éloignées de la centrale, comme des zones tout autant polluées.

Or en décidant de considérer ces zones comme définitivement contaminées, ça permet de geler la situation actuelle, comme si la centrale avait arrêté de polluer, alors qu’elle continue de rejeter la radioactivité sans la moindre interruption depuis près de 20 mois .

C’est dans la même logique de mensonge que le 16 décembre 2011, Tepco affirmera que tout est sous contrôle, que les réacteurs ont été refroidis, et que l’on passe maintenant à la phase de « nettoyage », en parlant même de réhabilitation début janvier 2012.

Mais tout ça n’est qu’une simple affaire de communication s’appuyant sur un calendrier.

Cette « réhabilitation » va surtout consister à mobiliser les citoyens, et a enlever de la terre polluée, très localement, dans un parc public, au pied d’un toboggan, sur des lieux ou il y a beaucoup de passages, en arrosant par ci, par là, déplaçant simplement la radioactivité d’un point à un autre, enterrant une partie de la terre contaminée dans des zones de forêt.

Coté précaution, pour rassurer les populations, des dosimètres ont été mis dans les cartables des enfants, mais les mesures n’empêchent pas le danger.

Lorsqu’elles sont significatives, les préfectures demandent aux enfants d’aller jouer plus loin, mais la question de l’accumulation de la pollution dans le corps des enfants n’est pas vraiment à l’ordre du jour alors que la thyroïde du 1/3 d’entre eux a été affectée.

On demande aux japonais de mesurer un peu partout, dans leur habitation, les légumes achetés, voire même l’intérieur des réfrigérateurs…façon de /05/28/japon-l-assiette-aux-becquerels_821970]diluer l’angoisse.

Lorsqu’ils sont conscients d’avoir dépassé la dose admise, ils se rendront lors de leur weekend end, dans des zones moins contaminées, espérant ainsi « équilibrer » les doses reçues dans leur corps.

Ils en viennent même à penser qu’en se mesurant à longueur de journée, ils mourront plus tard que les autres, ceux qui ne se mesurent pas.

Des cet instant, le choix de sensibiliser les citoyens en les poussant à faire leurs propres mesures, déresponsabilise en partie ceux qui tentent de gérer la catastrophe, faisant porter cette responsabilité sur les citoyens.

En attendant, la centrale dévastée continue jour après jour à rejeter la pollution dans l’air, l’eau, et la terre, la piscine du réacteur n°4 contient toujours 514 assemblages dangereux , et le 20 octobre 2012 , un incendie s’est déclaré dans l’annexe des [url=http://lesmoutonsenrages.fr/2012/10/20/fukushima-daiichi-un-incendie-affecte-un-batiment-annexe/]unités 1 et 2
de la centrale accidentée.

Au Japon , l’oubli ne tient qu’à un fil.

Comme dit mon vieil ami africain : « s’il y a des remèdes pour la maladie, il n’y en a pas pour la destinée » .

L’image illustrant l’article provient de « kibo-promesse.org ».
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel

Sites à visiter :


Le blog de Fukushima
Fukushima Diary
Next-up organisation
http://www.jp-Blog de Jean Pierre Petit
Site de la CRIIRAD
ENENEWS
machbio

Articles anciens :

Tchernobyl, drôle d’anniversaire (12 mars 2011)
Fukushima, mon amour
Fukushima, Sarko pète les plombs
Fukushima, et maintenant ?
Fukushima, nuages noirs à l’horizon
Entre fusion et confusion
Fukushima, le monde du silence
Au pays du soleil, le Vent !
Fukushima, le syndrome Japonais
Fukushima, la fuite en avant
Fukushima, plus jamais ça
C’est foutu…shima
L’exode nucléaire
Ça fume à Fukushima
Nucléaire, la cible terroriste
Fukushima, le mensonge organisé
Faire reculer le crabe
Le Japon bientôt inhabitable ?
Le silence des salauds
On a retrouvé le corium de Fukushima
La France a peur
Fukushima, tragédie en sous sol
Fukushima, tournée mondiale
Fukushima, un silence inquiétant
Fukushima, le début de la fin
Nucléaire, explosion des prix
Penly du feu et des flammes
Les normes sont-elles normales ?
Fukushima, quand c’est fini, ça recommence
Fukushima, l’en pire Japonais
Le mensonge nucléaire de Sarközy
Palmiers contre nucléaire
Promo nucléaire : pour toute centrale achetée, leucémie en prime !
Fukushima, les limites du cynisme
Ce cher nucléaire
Nucléaire, de la fission aux fissures
La fable du thorium
L’hallali nucléaire
Fukushima, à 2 doigts du pire

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Auteur : Olivier Cabanel - Source : agoravox.fr
Xuan
Un article d'Annie Thebaud-Mony publié dans sortir du nucléaire juin-juillet 2007.

Compétitivité et sous-traitance nucléaire: servitude et nouvelle forme d'esclavage


Chaque année, entre 20 000 et 30 000 travailleurs, intervenant en sous-traitance dans l’industrie nucléaire, sont directement affectés aux travaux sous rayonnements. Ces travailleurs que certains nomment de façon péjorative “les viandes à rem” effectuent l’essentiel des tâches de maintenance des centrales et supportent plus de 80 % de la dose collective annuelle d’irradiation reçues dans le parc nucléaire français. La question qui se pose est pourquoi les activités de maintenance, fondamentales pour la sûreté des installations nucléaires, sont-elles sous-traitées ?


Nous publions ici - in extenso - un long mais très intéressant dossier écrit par Annie Thebaud-Mony (chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale – Inserm - à Paris) sur un sujet dérangeant mais essentiel à connaître.

Dans la fuite en avant ultra libérale de cette fin du XXe siècle, la rationalité instrumentale tend à imposer une valeur unique et ultime du sens et des transformations de l'organisation du travail: la compétitivité. Cette valeur est désormais donnée comme “naturelle” et première, rendant caduque toute référence à d'autres valeurs, qu'il s'agisse du sens de la production économique (énergétique), ou des formes sociales de celle-ci. C'est ainsi que la compétitivité s'est imposée comme valeur absolue, sur laquelle un consensus social fort s'est structuré autour du défi nucléaire. Un slogan la résume : " le nucléaire ou la bougie ". Impérieuse est donc, pour l'entreprise EDF, la recherche de tout abaissement des coûts de production susceptible de concourir au maintien de la compétitivité du nucléaire comme énergie de l'avenir. Or, la direction du parc nucléaire est confrontée à une contradiction majeure entre la sûreté des installations et la protection contre les rayonnements ionisants des agents de maintenance.

La sûreté nucléaire désigne la garantie d'une protection sans faille contre le risque d'accident nucléaire, dont Tchernobyl montre l'impact dramatique sur la santé des populations irradiées à court, moyen et long terme même si une part de ses effets reste à ce jour méconnue (Belbéoch, 1993). Cette garantie passe par la réalisation d'opérations de maintenance dans le cœur même des installations nucléaires, là où la radioactivité constitue un risque permanent pour toute intervention humaine. Pour prévenir le risque d'accident pouvant entraîner des irradiations massives, il faut donc - et c'est la contradiction - exposer aux rayonnements ionisants des travailleurs chargés de ces opérations de maintenance.

Ces interventions supposent une qualité sans faille tout en respectant les limites d'exposition aux rayonnements ionisants et sous forte contrainte de temps. La rentabilité des centrales repose sur une disponibilité productive la plus grande. Le temps d'immobilisation pour maintenance doit donc être réduit au strict minimum. La sous-traitance et la précarisation sont les moyens trouvés par l'exploitant nucléaire pour gérer contradictions et contraintes de la sûreté nucléaire au moindre coût. Quels en sont les moyens ? Quelles en sont les conséquences pour les travailleurs concernés ?

L'objectif de cet article est de tenter de répondre à ces questions. Il s'appuie sur une recherche engagée en 1988, pour le ministère du Travail puis dans le cadre d’une convention avec le Fonds d'Intervention en Santé Publique, concernant l'organisation du travail et de la santé au travail des salariés d'entreprises prestataires, “directement affectés aux travaux sous rayonnements” (DATR) lors des opérations de maintenance dans les centrales nucléaires. Deux enquêtes ont été menées, portant l'une (auprès de médecins du travail) sur les conditions de suivi médico-réglementaire et de surveillance individuelle des doses de rayonnements reçues par les travailleurs extérieurs (ATM et col, 1992), l'autre (auprès des travailleurs eux-mêmes) sur le vécu du travail et de l'exposition aux rayonnements ionisants (ATM, 1995).

La parole des travailleurs “extérieurs” DATR n'est habituellement pas sollicitée. Elle a été écoutée dans le cadre d'un film (Pozzo di Borgo, 1996), d'une émission de télévision (J.M. Cavada, 1997), et de quelques flashs médiatiques. Elle ne s'exprime sur le mode collectif que depuis certains conflits récents et le plus souvent ponctuels et très localisés, notamment sur le site de la centrale nucléaire de Chinon. Dans l'univers nucléaire, cette parole, ces récits, ce discours, n'ont pas de reconnaissance, ni même d'existence. C'est pourtant cette parole qui ouvre à la connaissance de l'organisation du travail telle qu'elle se vit dans la réalité, qui permet aussi la mise à jour des formes que prennent, dans cette organisation sociale, les rapports sociaux de domination; parole à la fois soumise et subversive, puisqu'elle donne à voir cette organisation du travail elle-même comme un système de pouvoir et d'exploitation, dont la vie, la mort, la santé, la dignité, sont l'enjeu.

Productivité, maintenance, sécurité, sûreté

Comme pour tout process technique intégré et automatisé, la productivité de l'industrie nucléaire et donc aussi sa compétitivité sont liées, non seulement au fonctionnement du process lui-même, mais à deux autres facteurs déterminants que P. Zarifian met en évidence dans son analyse de la nouvelle productivité (1990).
- Le premier de ces deux facteurs est la réduction des temps pendant lesquels ne se réalisent pas des opérations machiniques. Pour l'industrie nucléaire, il s'agit en particulier de la durée des arrêts de tranche au cours desquels le combustible est déchargé et l'activité nucléaire arrêtée. Cela signifie, pour ces périodes, une perte de disponibilité des centrales par rapport à la production d'électricité. C'est une des préoccupations majeures de la direction du parc nucléaire. En effet, dans les années 80, cette disponibilité est passée de 85 % (1986) à 71% (1992). Ceci a motivé la décision d'un resserrement de la période annuelle au cours de laquelle sont effectuées les opérations de maintenance (avril-septembre) et un raccourcissement de la durée des arrêts de tranche proprement dits, contraignant les sous-traitants à adopter le travail saisonnier. En 1994, la disponibilité était remontée à 82%.

- Le second facteur est "la fiabilité des installations et des processus (réduction des aléas et des pannes)". Dans le cas de l'industrie nucléaire, il s'agit non seulement de garantir le fonctionnement (et donc la productivité ) mais aussi d'éviter toute menace d'accidents ou de dispersion radioactive dans l'environnement. Cette exigence de fiabilité est désignée par le terme de "sûreté nucléaire". Or, avec le vieillissement des centrales, s'accroissent tant les manifestations d'usure que la contamination radioactive.

Pour garantir la sûreté nucléaire, il faut non seulement accompagner le processus de fonctionnement et de vieillissement des centrales, mais anticiper par rapport aux conséquences possibles des phénomènes d'usure. Les délais d'apparition et les caractéristiques de ces derniers sont autant d'aléas dont la survenue attendue pour certains, inattendue pour d'autres, reste pour partie imprévisible: ruptures des gaines du combustible, fissures de tuyau ou de couvercle de cuve, corrosion au plomb de certaines tuyauteries, fuites d'effluents radioactifs, apparition de défauts sur des vannes ou robinets, diminution d'étanchéité de certaines soudures, etc. C'est ce que, dans l'industrie nucléaire, on appelle "le fortuit", c'est-à-dire la rencontre d'événements non programmés.

Le maintien en état des centrales nucléaires suppose donc le déploiement d'une activité de maintenance permanente dans laquelle l'anticipation est indispensable pour limiter la probabilité de la panne ou de l'accident. Une part déterminante de cette activité est l'interprétation des signes du vieillissement, des menaces de fissures, de l'usure des joints et des soudures, des défauts d'une structure métallique, du "travail" même des éléments matériels qui composent le système technique du cycle nucléaire. Ainsi, la maintenance consiste à exercer une surveillance sans faille des signes et des modalités d'usure des matériaux ainsi que des multiples systèmes, mécaniques, électriques, électroniques, qui s'enchevêtrent dans le processus de production d'énergie nucléaire.

Même si elles sont aidées par des systèmes techniques et électroniques, l'interprétation des signes d'usure, la décision et la mise en œuvre des mesures correctives nécessaires ne sont pas des tâches que l'Homme peut déléguer à des robots. Il faut aller voir et travailler là même où les risques sont les plus grands à la fois pour la sûreté et pour la sécurité: le bâtiment réacteur, le circuit primaire, les générateurs de vapeur. La radioactivité y est présente et toujours dangereuse.

Là réside une des contradictions majeures auxquelles ont à faire face les dirigeants de l'industrie nucléaire: la sûreté nucléaire dépend de la qualité des opérations de maintenance dans lesquelles l'intervention humaine est irremplaçable Mais en même temps, plus les centrales vieillissent, plus les risques d'irradiation et de contamination augmentent, ce qui accroît l'exposition potentielle des personnes chargées de ces interventions.

Il importe ici de soulever une question qui se situe en amont de la situation actuelle. Qui mieux que les agents EDF étaient à même d'assurer cette fonction déterminante de l'organisation productive d'une centrale nucléaire ? Présents de façon permanente sur les sites, accumulant l'expérience du fonctionnement des centrales et de ses incidents, ces travailleurs représentent (ou représentaient) la mémoire concrète des installations nucléaires pour lesquelles l'expérience industrielle a encore très peu de recul. Sachant que l'industrie électrique était jusqu’à récemment en France un monopole d'état, qui, dans sa conception originelle, avait été conçu avant tout comme un service public et non comme une activité soumise à la concurrence internationale, pourquoi l'exploitant EDF et l'État n'ont-ils pas choisi de s'appuyer sur cette expérience, ces savoir-faire, cette mémoire des installations, pour garantir la sûreté et la sécurité, tant par rapport aux travailleurs sur les sites des centrales que pour la population vivant au voisinage de celle-ci ? Pourquoi avoir fait le choix de sous-traiter la maintenance dans l'industrie nucléaire ?

La sous-traitance

C. Altersohn (1992), spécialiste de la sous-traitance au ministère de l'Industrie, définit ainsi la sous-traitance:

“Il s'agit toujours d'une pratique qui permet à un agent économique de se décharger sur un autre de tâches qui lui incombe juridiquement au titre d'obligations souscrites dans le cadre de sa propre activité” (p.16). Il met ainsi en évidence “l'existence de rapports de domination liés à la nature même de la relation de sous-traitance, formée à la suite de choix entre faire et faire-faire qui sont toujours aléatoires” (p. 19)

Quelles sont les modalités concrètes d'exercice de ces rapports de domination ? Dans une étude juridique concernant la “sous-traitance et les relations salariales” à propos de deux secteurs industriels très différents (l'aérospatiale et le textile-habillement), M.L. Morin (1994) montre que “l'asymétrie des relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants” s'exprime à deux niveaux.

- Le premier niveau concerne le rapport économique dans lequel les premiers mettent en concurrence les seconds dans le cadre d'appels d’offre sans cesse renouvelés et qui consacrent une logique du “moins-disant” (c'est-à-dire le sous-traitant le moins cher).

- En second lieu, interviennent des formes diversifiées de sujétion technique qui imposent aux sous-traitants les exigences du donneur d'ordre en matière de procédés techniques, qualité, délais et “partage des risques”. Il s'agit, en réalité, d'un transfert des risques vers les sous-traitants. M.L. Morin montre en effet que “le risque de l'emploi devient l'affaire des sous-traitants”.

En d'autres termes, les donneurs d'ordre ne s'estiment pas responsables des problèmes d'emploi qui peuvent apparaître chez leurs sous-traitants du fait des fluctuations de leur propre activité. Le recours aux emplois temporaires ou aux prêts de main d'œuvre devient, pour les entreprises sous-traitantes, la seule stratégie possible pour faire face à ces fluctuations sans mettre en péril leur survie économique et leur compétitivité face aux autres sous-traitants.

M.L. Morin montre également comment la différenciation des niveaux de salaire et des conventions collectives joue également un rôle dans les relations de sous-traitance, car elle permet, pour les donneurs d'ordre, un abaissement du coût du travail sans que ce dernier ait dû être négocié avec les organisations syndicales dans leurs propres établissements.

Les employeurs sous-traitants sont prisonniers d'une double contradiction: l'une les oblige à gérer dans des délais de plus en plus étroits et à des prix de plus en plus bas les exigences techniques et de qualité constamment renforcées posées par les donneurs d'ordre; l'autre met en opposition l'ensemble des contraintes imposées par les donneurs d'ordre et les conditions de travail, d'emploi et de rémunération de leurs salariés.

M.L. Morin l'écrit, le droit du travail n'a pas de prise sur ces rapports de domination qu'instaurent les relations de sous-traitance. En effet, ils s'exercent, non pas entre un employeur et des salariés dans le cadre d'une relation contractuelle assortie de garanties, mais dans un assujettissement total des salariés des entreprises sous-traitantes au jeu de la concurrence dans le cadre d'une relation marchande “client-fournisseur”.

A. Supiot (1994) dans sa “Critique du Droit du Travail” insiste, pour sa part, sur ce fondement du droit du travail que représente le contrat de travail. Celui-ci “a eu et a toujours pour première raison d'être de faire resurgir le salarié en tant que sujet de droit dans l'entreprise, c'est-à-dire de civiliser le pouvoir patronal en le dotant d'un cadre juridique d'exercice”. C'est ce cadre qui se trouve marginalisé dans les relations de sous-traitance, puisque celui qui détient le pouvoir sur l'organisation du travail - le donneur d'ordre - l'exerce non pas en référence aux droits et obligations contenus dans le contrat de travail mais par le biais d'une relation marchande entre entreprises.

Le choix de la sous-traitance dans l'industrie nucléaire

Le choix, pour la maintenance de l'industrie nucléaire, entre faire et faire-faire, a été tranché en faveur du “faire-faire”, à partir des années 80.

L'engagement d'EDF dans la compétitivité internationale et la stratégie d'exportation (du courant électrique et de centrales nucléaires), imposent de rompre avec la logique d'une négociation salariale qui encadrait trop étroitement la politique de gestion du personnel, des salaires et des conditions de travail. C'est en référence à un discours sur la modernisation, le projet d'entreprise et de nouvelles formes de management (dont un ouvrage collectif présente les différents aspects idéologiques: H.Y. Meynaud, 1996), que la direction d'EDF engage les réformes structurelles qui vont conduire à une externalisation quasi complète de la maintenance.

Comme dans le cas d'autres grandes entreprises nationalisées, s'engager dans la voie de la sous-traitance, c'est pour la direction d'EDF et l'État - sans avoir à le justifier par d'autres motifs que la rationalisation gestionnaire - se dégager des contraintes du Statut du Personnel et du mode de relations salariales établi dans l'entreprise depuis 1945, dont plusieurs ouvrages retracent les origines et l'histoire (L. Duclos, N. Mauchamp, 1994; N. Gérôme, 1989; Groupe de recherches historiques de la centrale de Cheviré, 1987; J. Janiaud, 1990).

S'appuyant sur le partenariat industriel déjà existant avec les constructeurs des centrales (en particulier, Framatome et Alsthom) qui assurent, depuis le démarrage des centrales, la maintenance hautement spécialisée de ces dernières, la stratégie du Parc Nucléaire français, à partir de 1988, est de sous-traiter la quasi-totalité de l'exécution des travaux de maintenance en ne gardant, à l'interne que les tâches de préparation et de contrôle de ces travaux. Le volume de maintenance sous-traitée passe en 5 ans de 20 à 80 %.

Ce choix de la sous-traitance n'est pas annoncé officiellement en tant que tel mais il est entériné, sans concertation avec les organisations syndicales, par un rapport du Service de Production Thermique EDF concernant “l'amélioration de la sûreté nucléaire en exploitation ?” (Rapport Noc 1990). L'objectif affiché de ce rapport est de répondre à la question: “Comment réaliser un progrès significatif en matière de qualité et de sûreté d'exploitation dans la maintenance ?” la réponse donnée par la direction d'EDF s'appuie sur un double mouvement:

- le développement d'une activité interne à EDF et “à personnel constant” de préparation, de contrôle et d'analyse des interventions de maintenance. Cela suppose une transformation des qualifications des agents EDF et le recrutement exclusif de diplômés (au minimum bac+2). L'objectif recherché est un “changement culturel” vers une “multicompétence fonctionnelle” et l'augmentation de la partie méthodes et contrôles de la maintenance;
- La sous-traitance des tâches d'exécution au nom d'une gestion rationnelle du “bon et plein emploi”:
“Pour des raisons économiques évidentes dans le cadre du bon et plein emploi une part importante de ces activités (c'est-à-dire Ia manutention du combustible, le traitement des déchets solides, l'assistance-chantier qui comporte laverie, décontamination, nettoyage montage, échafaudage, sas manutention) doit être sous-traitée, la maîtrise de étant assurée par la préparation et le contrôle technique de celles-ci”.

Les raisons économiques “évidentes” ne sont pas désignées concrètement, mais les “métiers” évoqués le montrent, il s'agit de travaux peu qualifiés dont le coût, à l'interne, est beaucoup plus élevé que s'ils sont sous-traités.

Un agent EDF résume ainsi ce que représente pour lui la transformation de l'organisation de la maintenance sur les sites nucléaires, au cours d'un colloque, organisé par les CCAS EDF, en mars 1995, sur les conditions de travail dans la maintenance nucléaire:

“Un arrêt de tranche, c'est mille salariés, C'est pratiquement le double d'effectifs qu'il y a en agents statutaires. C'est quelque chose de phénoménal sur un site comme le nôtre; en 1990, le nombre d'heures effectuées en sous-traitance totale, c'est-à-dire en arrêt et hors arrêt, était de 85 000 heures. En 1993, il a été de 220 000 heures. Et cette augmentation n'est pas simplement liée à une augmentation des travaux. On aurait effectué davantage de travaux de 90 à 93. Or, la quantité de travaux a été quasiment identique, le nombre d'arrêts de tranche a été quasiment identique, donc il s’agit bien d'un transfert de travaux qui jadis étaient faits aux sein d’EDF qui ont été vers la sous-traitance.
Les enjeux de la maintenance depuis 1990 ? Le principal c'est la maîtrise des coûts de maintenance. Il faut savoir que sur un kWh produit, à la sortie de l'alternateur il y a dix pour cent qui est consacré à la maintenance. Pour maîtriser les coûts ça a été, au niveau des agents EDF de se recentrer vers des activités d'ingénierie et de préparation. Les activités d'exécution étant sous-traitées en arrêt de tranche.
On nous rabâche toujours que l'agent EDF revient beaucoup plus cher si on compte les taux horaires et tout ce qui vient se greffer autour, les avantages. Alors bien sûr on nous dit toujours que l'agent extérieur qui intervient sur les sites a un coût de revient nettement moindre. Mais ce qu'on oublie de préciser, c'est qu'il y a la préparation qui est faite par EDF, il y a tout un tas de choses qui viennent se greffer là-dessus.
Les agents EDF ont l'impression qu'on veut les éliminer un petit peu. Sous l'aspect réduction d'effectifs, réduction des coûts, on dit : les agents EDF ne sont pas rentables donc on préfère donner les activités au privé.
La nature du travail des agents EDF a changé et c'est une question fondamentale. Tout était certes dans un cadre conflictuel mais tout était encadré, techniciens, ouvriers tendus vers l'objectif de la réussite de l'entreprise, de notre conception du service public, de la conception technologique que nous avions.
Il y a quinze ans, l'arrêt de tranche, on ne regardait pas la rentabilité. On faisait de la sûreté au départ. C'était la première chose, la sûreté et la sécurité du personnel. On prenait garde à la sécurité du personnel. Et l'évolution actuelle est plutôt une tendance inverse. On fait des arrêts de tranche de plus en plus courts sous l'égide de la rentabilité. Maintenant, on n'entend parler dans les arrêts de tranche qu'argent, enveloppe. On entend moins parler de sûreté, et de sécurité du personnel, on n'en entend plus parler. Aujourd'hui, l'objectif qu'impose EDF pratiquement à tout le monde, c'est celui de la rentabilité, c'est celui qui doit faire en sorte qu'EDF devienne une entreprise privée comme les autres avec une taille telle qu'elle se trouve en situation d'exploiteur vis-à-vis de ses partenaires. On devrait montrer un peu l'exemple vis-à-vis de ces gens-là. Mais malheureusement c'est un rapport de fric, un rapport d'argent”.


Le rapport “Noc” présente donc un vaste programme de rationalisation de la gestion de la maintenance, dont l'objectif tel qu'il est perçu par ceux qui le mettent en œuvre, est avant tout celui de faire diminuer les coûts.

La division du travail et des doses

Le rapport “Noc” occulte une dimension essentielle de l'organisation sociale du travail choisie. Du fait de l'exposition aux rayonnements ionisants, la division du travail y prend un caractère particulier. Elle n'est pas seulement division des tâches, du travail proprement dit. Elle est aussi, et peut-être avant tout, une division des doses de rayonnements reçues par les travailleurs. Tout d'abord, s'impose à l'observation une externalisation massive du risque d'irradiation et de contamination des agents EDF vers les travailleurs extérieurs, selon la division technique classique: conception (ici préparation/contrôle) - exécution. Environ 25 000 salariés de plus de 1 000 entreprises différentes, les travailleurs extérieurs, reçoivent 80 % de la dose collective annuelle enregistrée sur les sites nucléaires, avec des doses individuelles moyennes mensuelles, par mois de présence en zone irradiée, 11 à 15 fois plus élevées que celles des agents EDF (ATM et col, 1992).

Entre les travailleurs "extérieurs" eux-mêmes, une autre division du travail apparaît qui sépare les tâches importantes pour la sûreté, pour lesquelles un travail préalable a permis de réduire l'exposition aux rayonnements ionisants - et les tâches ordonnées à la préparation des premières - dont, en particulier, les tâches fortement exposées aux rayonnements ionisants.

Les rapports sociaux qui s'établissent entre les différentes catégories de travailleurs impliqués sont eux-mêmes traversés par cette division du travail et des expositions qui met les uns en situation, non seulement de servir les autres mais de prendre à leur compte l'exposition au risque d'irradiation et de contamination de l'ensemble de l'activité de maintenance.

Pour que cette exposition soit socialement et politiquement acceptable et légitime, le non-dépassement des limites réglementaires est assuré par les industriels du nucléaire dans des conditions strictes mais à l'aide d'une gestion des emplois par la dose dont les travailleurs "extérieurs" expliquent le mode de fonctionnement. Les marges de manoeuvre dont ils disposent pour gérer cette contradiction entre la santé et l'emploi, pour négocier leur rapport à la close, sont étroitement déterminées par la place qu'ils occupent dans cette division du travail.

Les salariés qualifiés permanents n'ont pas à assurer les tâches les plus “coûteuses en dose”. Ainsi un robinetier qualifié, intervenant sur le circuit primaire, explique:

“La mise en place des tapes des générateurs de vapeur (c'est une opération de fermeture de circuits, dans des emplacements particulièrement radioactifs), on l'a faite deux fois et on a arrêté. A cause des doses. Moi je l'ai fait. Vous avez des points chauds de 28 à 30 rems, et 19 rems d'ambiance. Vous rentrez 2 minutes, vous prenez 450 millirems (soit près du quart de la dose annuelle autorisée par la législation européenne que la France doit, incessamment, transposer en droit français). Vous avez des gens qui font ça toute l'année” (Guy, mécanicien en CDI, 35 ans).

Si ces travailleurs intervenant sur des opérations jugées importantes pour la sûreté estiment que les niveaux de contamination ou d'irradiation sont trop élevés, ils peuvent exiger l'adoption de mesures immédiates de protection.

“Nous, on fait décontaminer après l'ouverture. (...) Enfin on fait venir une société qui ne fait que ça. Si on ne décontaminait pas, on prendrait 1,3 rem. S’il y a du plomb à mettre c'est eux qui le mettent. On n'est pas habilité pour ça nous. S’il y a besoin de mettre des matelas de plomb c'est eux qui le mettent” (Guy, mécanicien en CDI, 35 ans).

Ainsi s'organise une division du travail et des expositions qui font se succéder sur un même chantier des équipes d'entreprises différentes assurant l'un ou l'autre versant de cette division du travail.

“Au début j'ai travaillé dans le carré d'as. C’est quatre vannes, ça fait un carré (il s'agit de quatre très grosses vannes du bâtiment réacteur, généralement fortement contaminées. Pour assurer la radioprotection des intervenants de maintenance sur ces vannes, il faut déployer d'importants moyens.). En robinetterie, c'est là où ça pète le plus. Si on est bien organisé, ça va. Si on n'est pas bien organisé, ça ne va pas. Parce qu'on n'est pas deux, trois à faire ça. Vous allez être plusieurs équipes. Il y a un tellement gros débit en dosimétrie qu'il faut changer vite fait. D'abord une équipe nettoyage - tu t'en vas de là -, après une équipe démontage, après il y a une équipe qui vient pour enlever toutes les pièces internes. On va plus loin, on va pas rester à côté, on va à "l'atelier chaud " nettoyer, là où ça pète pas, et puis après, il y aura une équipe remontage. C'est quand même organisé. C’est à peu près un des seuls trucs qui est bien suivi." (Eric, mécanicien en CDI, 22 ans).

Mais, il faut aussi disposer des marges de manœuvres qui permettent d'être affecté hors zone contrôlée lorsque le niveau de dose reçue est élevé.

Ce n'est pas le cas des travailleurs temporaires - effectuant le nettoyage, c'est-à-dire la décontamination radioactive - dont le contrat est “à durée de chantier” et pour qui un niveau de dose élevé signifie la fin de ce contrat ou de la mission d'intérim. Ces tâches de préparation portent le nom de “servitudes nucléaires”. Ceux qui en sont les opérateurs expliquent qu'ils sont là pour “prendre des doses afin que d'autres n'en prennent pas”.

Le “droit” à la dose

C'est alors que peuvent se développer les pratiques dites de “tricherie” qui consistent pour le salarié à laisser de côté le dosimètre pour éviter que l'enregistrement de doses trop élevées lui porte préjudice en terme d'emploi. Les salariés sont d'autant plus conscients du risque pour l'emploi que la mise en service d'un fichier informatisé des expositions par EDF, depuis 1992, conduit à des interdictions de site de ceux pour lesquels le crédit de doses individuel est épuisé. Car il ne s'agit plus pour eux d'une mesure de prévention mais d'un droit qui les protège contre la menace du chômage.

"On a droit à 5 rems/an (selon la législation en vigueur au moment de l'enquête, sachant que la législation sur le point d'être adoptée va “réduire ce droit” à 2 rems). On prend des doses, c'est obligé parce qu'il y a un manque de personnel : ici où on devrait être quatre ou cinq, il n'y a que deux gars. Maintenant il y a un programme qui commence à se faire sur les centrales par ordinateur (c'est le système DOSINAT qui enregistre sur ordinateur, en temps réel, la dosimétrie individuelle, à l'aide d'un dosimètre électronique. Ces enregistrements sont nominatifs, interconnectés entre les différents sites, ce qui permet à tout moment à EDF de connaître la dose cumulée de chaque intervenant). Si vous prenez tant de doses ici tout est cumulé sur ordinateur. Si vous arrivez sur une autre centrale et que vous êtes à la limite de dose, vous ne pouvez plus rentrer. C’est EDF qui fait ça...
Pour les grosses boîtes avec personnel stable et interventions nombreuses et diverses, il y a possibilité d'alterner les chantiers en zone et hors zone. Mais pour les “gens en location”, les intérimaires, il n'y a plus de travail pour eux s'ils ont dépassé la dose, d'où les tricheries sur le port du saphymo, pour ne pas être interdit de zone à cause de la dose. Vous en avez sûrement vu des gars qui sont dans des boîtes de location. Après un arrêt de tranche, quand ils arrivent à la dose et qu'ils savent pas ce qu'ils vont faire, qu'ils risquent de se retrouver à la maison pendant deux ou trois mois. On va les foutre au tiroir et quand on n'aura plus besoin d'eux, on les sortira du tiroir. Ca c'est réel. Pourquoi certains enlèvent leur saphymo pour travailler ? Pour qu'on ne sache pas la dose qu'ils ont prise, pour pouvoir travailler plus longtemps. J'en connais." (Alain, robinetier en CDI, 26 ans)
.

Ces pratiques ne relèvent pas seulement du salarié. Plusieurs travailleurs interviewés ont subi des pressions de l'employeur pour laisser le dosimètre lors d'une intervention fortement exposée. Cela concerne également ceux que menace la “mise au vert” avec chômage partiel en cas de forte exposition.

“Quand on prend des doses comme ça, des interventions très courtes, c'est spécifique aux générateurs de vapeur. On passe une demi-heure à s'habiller, on travaille entre une et trois minutes et après c'est fini, on passe le reste de la journée à jouer au tarot. Si on dépasse 5 rems “on a droit à 5 rems par an”, on va être mis au vert. Éventuellement en chômage partiel, payé 27,50 francs de l'heure.
Parfois on peut rentrer en zone pour faire un petit truc, mais... On nous appelle les “bêtes à rems”, si vous voulez savoir... Et puis il y a ceux qui bouchent les trous de générateurs de vapeur, les trous qui sont “fuyards”, eux on les appelle les “jumpers”. Ils en prennent encore plus que nous ! Les générateurs de vapeur, c'est tout des tubes, c'est des échangeurs de chaleur. Les tubes s'usent, il y en a qui fuient et quand ils fuient, ils se débouchent des deux côtés.”
(Jean-Louis, mécanicien en CDI, 37 ans).


Un jeune de 23 ans exprime son ambivalence entre protection de sa santé et maintien dans l'emploi, par rapport à la gestion de l'emploi par la dose:

"Quand je bosse s’il y a un endroit où le débit de dose est trop élevé, j'y vais pas. Je vais voir le chef et je lui demande de mettre un petit jeune qui n'a pas de doses, parce qu'ils prennent des petits jeunes en cours d'année. Nous ça fait depuis le début de l'année qu'on prend des doses et eux ils sont tout neufs. Autant les envoyer eux qu'ils prennent un peu de doses et deviennent au même niveau que nous. Parce qu'après ils vont nous mettre au taquet et nous remplacer par des petits jeunes qui ne connaissent pas le métier. La dernière fois, il me restait 600 millirems à prendre pour atteindre la limite des 5 rems/an. J'ai préféré partir quinze jours avant la fin de mon contrat. 600 millirems, ça va vite. J'avais pas envie de prendre le risque. Le patron n’était pas content... je ne me suis jamais trop renseigné mais je pense qu'au niveau de la santé ça doit pas être très bon à la longue."

L'atteinte des limites de dose a pour conséquence l'interdiction pure et simple d'entrer en centrale. EDF délègue ainsi aux entreprises sous-traitantes la responsabilité de la gestion des conséquences de cette mesure d'interdiction, en termes d'emploi et de salaire. Ces entreprises n'étant pas liées par les garanties du statut EDF, elles gèrent ces conséquences par le recours au chômage. Lorsqu'il s'agit de travailleurs permanents, le préjudice concerne essentiellement le revenu, lors de mises en chômage partiel. Quand il s'agit de salariés temporaires, le préjudice est double: ils perdent l'emploi et parfois toute forme de revenu, compte tenu des modalités de constitution des droits à indemnisation-chômage que met en question l'emploi intermittent, sauf dans le cas de statut particulier comme celui des intermittents du spectacle.

C'est donc, en ultime ressort, le travailleur "directement affecté aux travaux sous rayonnements" (DATR) lui-même qui est mis en demeure de choisir entre son emploi ou un risque pour sa santé, soit librement en laissant spontanément le dosimètre à la porte, soit parfois même sous la pression de son employeur qui tente ainsi de s'abstraire de la contrainte de radioprotection et de ses conséquences. On est à des années-lumière de ce qu'était censé représenter le droit de retrait des situations dangereuses introduit dans le Code du Travail en 1982. Cette division du travail et des doses rend irréel le recours possible à ce droit par ceux dont le travail est justement d'être exposé aux rayonnements ionisants.

Conclusion

En sous-traitant les taux de maintenance, l'exploitant nucléaire réussit, non seulement à en diminuer le coût financier, mais aussi à imposer une externalisation du travail sous rayonnements sans contestation ni de la part des organisations syndicales, ni des pouvoirs publics. Le fractionnement de la dose collective sur une population de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs intermittents permet à la direction d'EDF d'affirmer que l'exposition aux rayonnements ionisants est sous contrôle et ne met pas en péril la santé des travailleurs. Du simple point de vue épidémiologique, cette affirmation demande à être discutée au regard des données internationales qui récusent toute notion de seuil dans la pathogénicité des rayonnements ionisants. Mais, l'intense précarisation des emplois et donc du suivi médical, les situations fréquentes de cumul de risques chez les intermittents du nucléaire, rendent particulièrement aléatoire la mise en évidence de pathologie spécifiques liées aux faibles doses de rayonnements. En revanche, cette invisibilité socialement construite permet aux autorités sanitaires françaises, comme dans le cas de l'amiante, de ne pas considérer les conséquences de cette situation comme étant préoccupantes du point de vue de la santé publique.

Au delà de la question des rayonnements ionisants, la santé comme un tout est elle-même menacée par cette organisation du travail: non seulement à cause des risques cumulés d'accidents du travail, de maladies professionnelles et d'atteintes à la santé non spécifiques, liées à des conditions de travail éprouvantes physiquement, nerveusement et psychologiquement, mais aussi et peut-être surtout par le silence, individuel et collectif, imposé aux travailleurs qui vivent cette division sociale du travail et des risques. Or ce silence est structurel. Les relations de sous-traitance permettent au donneur d'ordre EDF de s'affranchir de toute confrontation directe à la parole, à l'expression des travailleurs “extérieurs” DATR, sur leurs conditions de travail et sur les implications de celles-ci pour leur santé et celle de leur famille.

Au nom de la compétitivité, ce silence permet aux industriels du nucléaire “donneur d'ordre et sous-traitants”, mais aussi à l'État, de faire reculer ainsi au plus tard possible le moment d'affronter réellement la contradiction qui est au coeur même de la production nucléaire et qui explique la stratégie adoptée. La crainte est grande, chez ceux qui ont compris cette contradiction et la stratégie mise en œuvre pour la contourner, que seule la survenue d'un accident grave permette enfin d'ouvrir un débat qui, à terme, ne pourra être éludé. A moins qu'une socialisation de la parole des travailleurs DATR, qui se dessine à travers certains conflits engagés par ces travailleurs et soutenus par des syndicalistes EDF, permette qu'elle soit entendue et prise au sérieux par les responsables syndicaux et politiques. Car si l'accident nucléaire constitue une terrible menace pour la France entière, il est - humainement, socialement et politiquement - tout aussi inacceptable de voir renaître, au sein de la société française, des formes de servitude qui renouent avec l'esclavage.

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Annie Thebaud-Mony
Chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Paris.
Cet article avait été publié une première fois en 1999.

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Bibliographie

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- ZARIFIAN P., (1990), La nouvelle productivité, Paris, L'Harmattan.
Xuan
Areva condamné après la mort par cancer d'un ex-salarié d'une mine d'uranium

Publié le 11/05/2012



Mine d'uranium d'Arlit en 2005, au Niger, détenue par Cominak, filiale d'Areva .
(PIERRE VERDY / AFP) - source


Le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Melun a condamné vendredi 11 mai Areva pour "faute inexcusable" après la mort par cancer d'un ex-salarié d'une mine d'uranium du groupe français. Serge Venel est mort d’un cancer du poumon en 2009 après avoir travaillé huit ans, de 1978 à 1985, pour une filiale d’Areva au Niger.

Areva a été condamné à verser des dommages et intérêts d'un montant dépassant les 200 000 euros et le doublement de la rente de la veuve de l'ex-salarié, a précisé l'avocat de la famille Jean-Paul Teisonnière. Retour sur cette décision sans précédent.

• Comment Serge Venel est-il tombé malade ?

Serge Venel a travaillé sept ans pour la filiale Cominak, société de droit nigérien qui exploite des mines d'uranium du groupe au nord-ouest du Niger, notamment la mine géante d’Arlit. L’uranium, une fois importé et enrichi en France, sert de combustible aux centrales nucléaires.

"Quand mon père a vu le pneumologue en mars 2009, il a tout de suite dit que ce n'était pas la cigarette qui était la cause du cancer mais bel et bien l'inhalation de poussières d'uranium" , avait expliqué Peggy Venel, fille de la victime, à la sortie de l'audience début février.

"La Sécurité sociale a reconnu la maladie professionnelle durant la période de travail au Niger et la Caisse primaire d'assurance maladie a adressé ses conclusions à Areva, considérant donc qu'Areva est l'employeur" , avait rappelé à la barre Jean-Paul Teissonnière, avocat de la famille.

• Pourquoi Areva a-t-il été reconnu coupable ?

Le tribunal a jugé qu'Areva avait commis "une faute inexcusable" en tant que "co-employeur". "C'était un dossier difficile" , a commenté Jean-Paul Teissonnière. "Juridiquement, Areva n'était pas l'employeur direct, (...) mais les questions de sécurité et les conditions d'exploitation de la mine sont définies par Areva" , a mis en avant l'avocat. "Le tribunal a dépassé l'apparence pour reconnaître la réalité des relations sociales de l'entreprise" , a-t-il estimé.

La ligne de défense du groupe était justement fondée sur le fait qu'Areva "n'a pas une action dans la société Cominak". "La faute inexcusable s'exerce contre l'employeur, qui est Cominak" , avait assuré Philippe Plichon, avocat d'Areva, plaidant "l'irrecevablilité" du dossier. Il s'était alors interrrogé : "Comment le tribunal pourrait-il mener une procédure contre Areva qui n'est pas propriétaire?"

• Quelles suites judiciaires pour Areva ?

Le groupe n'a pas encore indiqué s'il allait faire appel de ce jugement. Selon Jean-Paul Teissonnière, cette démarche devant le TASS, qui est "une première en France" dans le cadre des mines d'uranium, est "avant tout symbolique". "Et on a le sentiment qu' il y a beaucoup d'autres victimes, notamment dans la population nigérienne " , a-t-il affirmé.

"Une brèche s'ouvre pour les autres, qui étaient en attente (de ce jugement)" , a de son côté réagi la fille de Serge Venel, précisant que "beaucoup avaient peur d'attaquer Areva" . Peggy Venel a cité "au moins deux" cas de personnes qui allaient attaquer.
FTVi avec AFP

J'ai souligné ce qui tombe sous le sens : les plus exposés sont le peuples africains à proximité des zones d'extraction.

Le 4 mai Elise Lucet avait habillé le greenwashing d’Areva sur France 2, Cash Investigation , en montrant – contrôles à l’appui - la pollution radioactive et ses conséquences sanitaires, dues à l’exploitation de l’uranium dans un village africain.
 
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