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Mendel ou Lyssenko : deux voies en biologie

Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:37:07   

Ci-dessous un document transmis par les Editions Prolétariennes. Il s'agit du rapport de Stoletov après la session du 28 juillet au 7 août 1948 de l’Académie des sciences agricoles de l’URSS affirmant que la théorie génétique de Mendel et Morgan n’est pas scientifique. Lyssenko ne pratiqua pas la résolution des contradictions "au sein du peuple", et fit preuve de dogmatisme en rejetant la génétique.
Ceci ne doit pas dissimuler l'intense combat idéologique qui se déroulait alors sur le terrain scientifique. La social-démocratie française ne fut pas en reste pour tirer à boulets blancs contre l'URSS, comme Jacques Monod.

Le document ci-dessous montre que les thèses de Mitchourine sur l'hérédité des caractères acquis s'appuyait sur de nombreuses observations. Aujourd'hui elle est reconnue et utilisée.



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Mendel ou Lyssenko ? Deux voies en biologie




Par V. Stolétov - Directeur de l’Académie d’Agriculture Timirazev - Collection « Etudes Soviétiques »

Du 31 juillet au 7août 1948, l'Académie Lénine des Sciences agricoles a entendu et discuté, au cours d'une très importante session, le rapport de son président, l'académicien Lyssenko « Sur la situation dans la science biologique ».
Pour bien comprendre tout l'intérêt soulevé par cette discussion, il est nécessaire au préalable de préciser quelques points de biologie.

I. LES OBJECTIFS FONDAMENTAUX DE LA SCIENCE BIOLOGIQUE SOVIÉTIQUE

La biologie est la science qui étudie les lois du développement de la nature vivante. Nous voulons connaître ces lois afin de diriger pratiquement le développement de la nature vivante, dans un sens utile à l’homme.

Tout d'abord, voyons comment peut s'effectuer la fécondation des plantes. Prenons le cas d'un verger planté uniquement de cerisiers de la même espèce, par exemple de cerisiers de Vladimir : il ne saurait donner une grande quantité de fruits. Les cerisiers ne donnent une belle récolte que si les fleurs d'une espèce sont fécondées par le pollen d'une autre espèce, c'est-à-dire que s'il y a dans le jardin, à côté de cerisiers de Vladimir, par exemple, des cerisiers de Choubinka. Le nombre de fruits sera encore plus grand si beaucoup de cerisiers d'espèces différentes poussent dans le même verger. Une bonne récolte exige que chaque espèce de cerisier soit pollinisée par d'autres espèces. Ici, l'action de l'homme se traduit par le croisement judicieux de différentes espèces.

Mais voici un autre cas. Si nous plantons un grain de seigle, dans un endroit éloigné d’un champ de seigle, par exemple dans un potager, la plante obtenue formera bien un épi et fleurira. Mais elle ne donnera pas de grains, ou n’en donnera que très peu, et ces grains, à leur tour, donneront naissance à des plantes très faibles, peu aptes à la vie. Un épi de seigle doit être pollinisé par d’autres épis de seigle.

Le seigle, le maïs et un grand nombre d'autres plantes cultivées, sont des plantes à croisement, c'est-à-dire que la fleur de chacune de ces plantes exige, pour être fécondée, le pollen d'une fleur portée par un autre individu. Sur un champ ne portant qu'une espèce de seigle, il y a pollinisation entre épis différents de la même espèce.
Cependant on peut aussi envisager la pollinisation par des épis de seigle d'une autre espèce et rechercher la formation de grains hybrides. Les nombreuses expériences de l'académicien Lyssenko et de ses collaborateurs, commencées dès 1935, ont démontré que les meilleurs grains de seigle sont précisément obtenus par hybridation, grâce à la pollinisation d'une espèce par d'autres. Cette loi est également valable pour le maïs, le trèfle et beaucoup d'autres plantes cultivées. C'est à partir de grains hybrides que l'on obtient les plantes qui résistent le mieux aux maladies et qui donnent les meilleures récoltes.

Pour les plantes à croisement, comme le seigle, il est relativement facile d'obtenir des grains hybrides. Il suffit d'ensemencer des champs voisins d'espèces de seigle différentes et l'hybridation s'effectue d'elle-même, grâce à la pollinisation indirecte, c'est-à-dire par le vent, les insectes, etc. Un sélectionneur expérimenté déterminera les espèces à croiser pour obtenir les meilleures semences hybrides.

Mais outre les plantes à croisement, les agriculteurs ont également affaire à des plantes à auto-pollinisation ou auto-fécondation, comme l'orge, l'avoine, le froment, les pois, etc. Dans ce cas, chaque fleur est normalement fécondée par son propre pollen. Cependant l’académicien Lyssenko a démontré que, pour ces plantes également, les croisements naturels (hybridation) améliorent sensiblement la qualité des semences, qu’il s’agisse de croisements à l’intérieur de la même espèce ou entre espèces différentes. Lors de l’hybridation des plantes à auto-pollinisation, il est indispensable d’effectuer un travail préalable de castration, c’est-à-dire d’éliminer les anthères des fleurs à traiter. Après la castration, la fleur est facilement pollinisée par le pollen de toutes les plantes voisines. Ici également, il est indispensable qu’un sélectionneur détermine les espèces dont le croisement donne les meilleures semences hybrides. Le savant doit également aider à perfectionner la technique de la castration. Des méthodes très simples de castration ont été élaborées à l’Institut Lyssenko de sélection et de génétique.

Comme on le voit, l’agriculteur peut modifier les caractères et l’hérédité des plantes par la voie de l’hybridation et améliorer ainsi la qualité et la quantité des récoltes. L’hybridation est le premier moyen de diriger la nature vivante.
Mais l’homme dispose encore d’autres moyens : il peut modifier les caractères et l’hérédité en modifiant les conditions de vie des plantes (action directe sur les sols, action directe sur les autres conditions extérieures et modification de la date d’ensemencement).

Ainsi, le système des assolements herbaires et fourragères, mélanges de plantes légumineuses vivaces et de graminées, améliore les propriétés physiques du sol et enrichit le sol en éléments organiques. En cultivant les herbes vivaces, l’agriculteur accroît la fertilité du sol. Le blé dur semé sur un champ d’herbes vivaces correctement retourné (avec une charrue à avant-soc) donne des récoltes sensiblement plus élevées que le même blé, semé non pas sur un champ comme il vient d’être dit, mais en terre meuble. Les conditions de vie sont infiniment plus favorables pour le blé dur sur une terre ayant précédemment porté des herbes vivaces que sur une terre où il n’y a jamais eu de ces herbes.

Tout le monde sait aussi que, dans les régions des steppes, qui souffrent de la sécheresse, les plantes cultivées à l'abri de rideaux d'arbres donnent des récoltes plus abondantes que des plantes cultivées dans des champs non protégés. Les bandes forestières, qui, opposant un barrage au vent et conservant au sol son humidité, modifient par là même le climat, offrent de nouvelles conditions de vie aux cultures et permettent dans une grande mesure d'améliorer les récoltes.
Et voici, pour finir, un dernier exemple de l'action de l'homme sur la nature. Suivant les suggestions faites par l'académicien Lyssenko aux kolkhoz et sovkhoz des régions méridionales, on y plante maintenant les pommes de terre en été, et non pas au printemps. Pourquoi ce procédé? Quand la pomme de terre est plantée au printemps, selon la règle habituelle, elle dégénère, dans les régions méridionales, en trois ou quatre générations et cesse de donner des récoltes. Par contre, plantée en été, c'est-à-dire de deux mois à deux mois et demi plus tard, elle ne dégénère plus, et donne de parfaits éléments de semence. De sorte qu'aujourd'hui personne ne met plus en doute l'intérêt de ce procédé.

Personne ne conteste aujourd'hui les avantages des trois méthodes qui viennent d'être décrites, assolements herbaires et fourragers, protection par bandes forestières, plantation estivale des pommes de terre dans les régions méridionales. Ces méthodes permettent une amélioration effective des récoltes. Mais il existe un autre aspect du problème, qui est infiniment important : les qualités conférées aux plantes peuvent-elles être fixées et devenir héréditaires? Les semences d'une même espèce produites dans un champ à récolte élevée et dans un champ à récolte faible seront-elles différentes? L'espèce des semences se modifiera-t-elle suivant les conditions de vie, c'est-à-dire suivant le niveau de la récolte? Les qualités héréditaires de la pomme de terre se modifieront- elles selon qu'elle aura été plantée à telle ou telle date? Les réponses données par les biologistes ne sont pas identiques.
Certains biologistes contemporains, qui se réclament de la doctrine des savants bourgeois Weismann, Mendel et Morgan, affirment que l’espèce des semences ne dépend pas des conditions de vie de la plante-mère et que les caractères héréditaires ne se modifient pas sous l’influence des conditions de vie. S’il est exact, disent-ils, que les récoltes obtenues à partir d’une même espèce peuvent être améliorées grâce à l’application de certaines méthodes, les caractères héréditaires restent absolument sans changement.

Cependant un grand nombre d'agronomes ont plus d'une fois effectué l'expérience suivante : prenant des semences obtenues à partir de la même espèce de blé ou d'une autre plante cultivée dans des conditions diverses - sur différents terrains, dans différentes régions ou à des années différentes - ils les ont semées simultanément dans des conditions identiques pour toutes les semences. Dans toutes les expériences, les semences obtenues à partir de la même espèce, mais cultivées dans des conditions diverses, ont donné, en règle générale, des récoltes différentes. Comme il est difficile de nier que, dans ces cas, la productivité des semences se soit modifiée, les mendélistes-morganistes soutiennent que ces modifications ne sont que des transformations temporaires qui affectent l'individu, mais n'ont rien d'héréditaire. De pareils changements ne constituent pas, selon eux, de véritables modifications de l'hérédité.

L'école de Mitchourine professe un point de vue opposé. Il est exact que, si l'on poursuit l'expérience précédemment décrite (semences d'une même espèce cultivées dans des conditions diverses et semées ensuite dans des conditions identiques), les différences peuvent disparaître. Cela prouve tout simplement que les plantes obtenues s'adaptent, quelle que soit leur origine, aux conditions d'existence où elles sont placées et « oublient » les conditions d'existence de la plante-mère ayant fourni les fourni les semences. Mais cela ne signifie nullement que les changements baptisés « modifications » par les mendélistes-morganistes ne soient pas de véritables changements de l'hérédité. Sur la base de petites modifications « temporaires », souvent à peine discernables, dans les caractères d’une plante (ou d’un animal), se produisent des transformations fondamentales, profondes et constantes, à condition qu'à chaque génération les plantes soient cultivées dans les mêmes conditions que les plantes-mères. Si l'on cultive pendant plusieurs années la même espèce de blé, dans deux régions naturelles différentes par les conditions de vie qu'elles offrent, on finit par obtenir deux espèces stables, différentes l'une de l'autre.

Toutes les espèces différentes de céréales répandues aujourd'hui sont le résultat de la sélection pratiquée par les paysans. Toute la pratique séculaire de la sélection paysanne était fondée sur deux procédés : modification des conditions de vie des plantes, et sélection des plantes les meilleures, en vue de leur reproduction.
Le paysan s'efforce d'obtenir des plantes dont les caractéristiques utiles à l'homme soient développées le plus possible. Dans ce but, il utilise les semences des plantes les mieux développées. C'est en accroissant la productivité du sol, en améliorant les procédés de culture et les engrais et en améliorant en même temps la récolte par la sélection, c'est-à-dire par l'emploi des meilleures plantes, que les hommes ont obtenu toutes les formes contemporaines de plantes cultivées. C'est également par l'emploi des meilleurs individus pour la reproduction qu'ont été obtenues les espèces actuelles d'animaux domestiques.

En sélectionnant les meilleures plantes et les meilleurs animaux, le paysan du passé ne pensait pas beaucoup aux causes qui déterminent les modifications des espèces. En fait, ces causes survenaient, s'établissaient et agissaient d'elles-mêmes, parallèlement à la solution du problème essentiel - obtenir des plantes et des animaux chez lesquels les caractères nécessaires à l'homme soient développés au plus haut point. Le paysan savait comment il fallait modifier les conditions de vie des plantes et des animaux pour obtenir de beaux résultats. Modifiant les conditions de vie, il créait, sans le savoir, les causes de modification de l'espèce elle-même, de l'hérédité des plantes et des animaux. Le processus de modification se poursuivait pendant des siècles, du fait que l’homme modifiait sans cesse les conditions de vie dans le champ où il cultivait les plantes ou dans la cour de la ferme où il élevait ses animaux.

De notre temps, il est au plus haut point nécessaire que la transformation s'effectue le plus rapidement possible. Il est indispensable de savoir obliger les plantes et les animaux à modifier rapidement leurs formes dans le sens voulu par l'homme et de savoir choisir parmi les formes modifiées celles qui répondent le plus complètement aux buts à atteindre. Une telle science ne peut s'acquérir que lorsque nous connaissons les causes concrètes des changements héréditaires.

Ivan Mitchourine a posé les fondements de la science qui consiste à diriger l'hérédité des plantes et à rechercher les causes de sa modification. L'académicien Lyssenko développe aujourd'hui avec succès la science mitchourinienne.

Mitchourine et Lyssenko ont défini clairement les objectifs de la science biologique contemporaine et établi les fondements sur lesquels elle doit se développer. A la session de l'Académie Lénine des Sciences agricoles, l'académicien Lyssenko disait : «La science agronomique a affaire à des corps vivants — aux plantes, aux animaux, aux micro-organismes. C'est pour cela que la connaissance des lois biologiques est incluse dans la base théorique de l'agronomie. Plus la science biologique progresse dans la découverte des lois de la vie et du développement des corps vivants, et plus la science agronomique devient efficace ».

L'étude des lois biologiques dont l'agriculteur et l'éleveur doivent assurer l'application, tel est l'objet fondamental de la science biologique soviétique contemporaine. Cette tâche, la science biologique ne peut la réaliser que si elle se développe sur des fondements justes, si les biologistes ont un point de vue juste commun sur le développement de la nature vivante.

La science mitchourinienne est avant tout précieuse en ce qu'elle enseigne aux biologistes à aborder d'une façon juste l'étude des lois de la vie et du développement des plantes et des animaux.
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:43:40   

II. QUELQUES DÉTAILS SUR MITCHOURINE ET SUR SES TRAVAUX


Le nom d'Ivan Mitchourine - ce remarquable homme russe, à la ferme volonté, à la nature opiniâtre et aux grandes connaissances - est universellement connu.
La plus grande partie de la vie de Mitchourine (1855- 1935) s'est écoulée dans les pénibles conditions de la Russie tsariste. Jusqu'à l'année historique 1917, il était solitaire dans ses recherches scientifiques. Plus encore, il était poursuivi par les représentants réactionnaires de la science et de la société. Tous ses travaux étaient effectués à ses frais, grâce aux faibles ressources qu'il se procurait par son propre labeur.
Pourtant toutes ces difficultés ne purent briser sa volonté. Il était plein d'une vitalité joyeuse, de force créatrice et d'audace, lorsque triompha la Révolution d'Octobre. La grandeur et la force d'âme de Mitchourine ont laissé une empreinte visible sur toute sa théorie hautement scientifique, qui appelle les biologistes à aller de l'avant.
Ivan Mitchourine est remarquable en ce qu'il a posé les fondements d'une nouvelle étape du développement de la biologie, différente de tout son développement antérieur. La tâche suprême du biologiste, disait-il, ne consiste plus aujourd'hui à se contenter d'expliquer la nature vivante, mais à la modifier d'une façon planifiée et dans le sens des intérêts de l'homme.

Nous appelons Ivan Mitchourine le grand réformateur de la nature. Il a pleinement mérité ce titre. Au cours de sa longue vie, il a créé plus de 300 espèces et variétés de plantes cultivées, surtout d'arbres fruitiers et de plantes à baies. Dans toute l'histoire de la sélection, aucun sélectionneur n'a jamais créé, dans aucun pays, une telle quantité d'espèces.
S'adressant à la paysannerie kolkhozienne, Ivan Mitchourine a dit plus d'une fois : « Un kolkhozien est un expérimentateur, et un expérimentateur est un réformateur de la nature.» Dans son effort constant pour transformer le monde des plantes et des animaux, dans son désir de mieux adapter le monde des végétaux aux besoins de l'homme, Mitchourine était toujours guidé par la pensée de venir en aide au cultivateur, qui réorganise quotidiennement et pratiquement la nature vivante.
Dans ses recherches sur les lois de la vie des plantes, Mitchourine ne s'isolait jamais de la terre. Il liait toutes ses recherches scientifiques aux travaux pratiques. C'est ce qui explique qu'ayant résolu avec succès un grand nombre de problèmes pratiques importants, Mitchourine a simultanément jeté les bases .d'une science ayant de profondes racines théoriques, qui oblige aujourd'hui tous les biologistes à réexaminer et à reconstruire leurs méthodes d'étude de la nature vivante. La doctrine de Mitchourine fait passer notre science biologique à une étape nouvelle et supérieure de son développement.

C'est Lénine qui fut le premier à comprendre ce que signifiait Ivan Mitchourine pour là science. La guerre civile grondait encore sur les fronts, lorsque Lénine prit des mesures décisives assurant à Mitchourine des conditions normales de travail. Il envoya dans la ville de Kozlov, chez Mitchourine, quelques-uns de ses plus proches compagnons d'armes. Il les chargea d'étudier les conditions de travail du savant et de tout faire pour le munir du matériel indispensable à ses recherches.

En 1925, Kalinine écrivait à Mitchourine : « A mesure que l'U.R.S.S. va se développer, l'importance de vos conquêtes deviendra, dans le système général de la vie économique de l'Union, de plus en plus claire et de plus en plus grande. » M. Kalinine, qui possédait une connaissance approfondie de la philosophie matérialiste, entrevoyait déjà à cette époque toute la portée de la science mitchourinienne pour la biologie.
A cette époque, Mitchourine n'était suivi que par quelques dizaines, tout au plus par quelques centaines de disciples enthousiastes. Pendant les années qui suivirent, le nombre des mitchouriniens s'accrut rapidement par suite de l'essor de notre science matérialiste. Aujourd'hui, l'armée des mitchouriniens compte des milliers de chercheurs et de savants travaillant dans toutes les branches des sciences biologiques et agricoles.

La science biologique matérialiste qui se développe en U.R.S.S. n'a pas d'autre but que celui d'aider les kolkhoz et les sovkhoz à résoudre les problèmes posés par l'économie nationale. C'est la doctrine mitchourinienne qui indique les voies les plus sûres menant à la solution de ces problèmes.

En quoi réside donc l'essentiel des travaux de Mitchourine ?
On dit souvent : Mitchourine s'est posé pour but de transporter le Sud au Nord. Cela est juste pour l'essentiel, bien que Mitchourine ait toujours usé de formules plus modestes lorsqu'il voulait expliquer les buts poursuivis par ses recherches scientifiques.

Dès la fin du siècle précédent, Mitchourine s'était intéressé à la culture des fruits. Il visita les provinces les plus importantes des régions centrales de la Russie. Les vergers qu'il y vit produisirent sur lui une impression pénible. Partout il ne découvrit qu'un nombre restreint d'espèces de pommiers, de poiriers ou de plantes à baies.
Le premier objectif que se fixa Mitchourine fut l'amélioration des espèces d'arbres fruitiers et de plantes à baies. Il décida tout d'abord d'améliorer la qualité des espèces des régions centrales de la Russie en les amenant au niveau des espèces méridionales. Par la suite, il entreprit d'introduire dans le centre de la Russie des plantes méridionales telles que le raisin, les abricots, les pêches, etc.
Envisageant des problèmes concrets, Mitchourine se demanda s'il était possible de cultiver des espèces méridionales à haut rendement, mais délicates, dans les régions centrales de la Russie en plus des espèces médiocres déjà existantes : Antonovka, Borovinka, Anis, etc. Serait-il possible de cultiver au centre de la Russie, à Kozlov par exemple, près de Tambov, des plantes méridionales telles que le raisin, les abricots, les pêches?

En fait, toutes ces questions, qui étaient autant de projets, lui étaient suggérées par la pratique agricole de la Russie. A la fin du siècle dernier, le centre de la Russie, pour ne pas parler de la région de Moscou, ignorait totalement la culture des tomates. On ne cultivait les tomates que dans l'extrême Sud de la Russie, près d'Odessa, à Nikolaïev, à Kherson. Les jardiniers du centre de la Russie ne connaissaient même pas ce genre de plante. Au début de ce siècle, les tomates, oubliant leur origine méridionale, commencèrent à remonter vers le Nord. Aujourd'hui, cette plante est des plus communes dans les potagers non seulement des régions centrales, mais également de régions situées sensiblement plus au Nord que Moscou.

Mitchourine avait également un autre exemple sous les yeux. La culture de la betterave sucrière ne date que de deux à trois siècles. L'ancêtre de la betterave sucrière était une plante sauvage qui ne poussait que sur les côtes de la Méditerranée et dont la petite racine ligneuse ne possédait qu'un faible pourcentage de sucre. Cette plante étai t inutilisable pour la fabrication du sucre. Lorsque l'homme eut besoin de transformer cette betterave sauvage en betterave sucrière, il le fit. Plus encore, il répandit cette plante d'origine méditerranéenne sur des territoires considérables. Aujourd'hui, la betterave sucrière a été acclimatée très au Nord de Moscou et, au lieu de donner 5% à 7% de sucre, atteint des rendements de 20%, 22% et plus.
Ces succès pratiques de l'agriculture donnaient à Mitchourine la conviction qu'il était possible de transporter du Sud au Nord des plantes méridionales telles que la vigne, le pêcher et l'abricotier, et de les obliger à donner des fruits dans ces nouvelles conditions. Cependant, cette même histoire de l'agriculture enseignait que le déplacement des plantes du Sud au Nord exige souvent des dizaines de générations. La voie de la pratique aveugle est une voie sûre, mais extrêmement longue. Elle exige de nombreuses générations humaines.

Mitchourine entreprit d'accélérer le processus d'adaptation. Il décida de déplacer vers le Nord des plantes fruitières méridionales au cours de sa seule vie. Ce problème, il l'a résolu : désormais, grâce à Mitchourine, la vigne et l'abricotier poussent et donnent des fruits, non seulement à Mitchourinsk, l'ancienne ville de Kozlov, mais également dans la région de Moscou.

Ainsi Mitchourine a accéléré un processus qui, avant lui, exigeait des dizaines, des centaines, et même des milliers d'années. Aujourd'hui, les délais peuvent être encore raccourcis, et cela au moyen de la science qui consiste à diriger le développement, les modifications et la vie des plantes.
Cette science n'existait pas avant Mitchourine. Un excellent biologiste, K. Timiriazev, disait à la fin d u siècle dernier que la direction du développement des plantes serait le caractère essentiel de la botanique de l'avenir. Timiriazev prévoyait cet avenir, Mitchourine commençait, dès cette époque, à travailler pratiquement à le réaliser.
Ce fait, qu'avant Mitchourine il n'existait pas de science aidant à diriger pratiquement le développement et les modifications des plantes, et que cette science restait à créer pour remplacer la pratique aveugle, est confirmé avec la plus grande évidence par l'évolution propre de Mitchourine, en tant que savant. A ses débuts, il n'avançait qu'à tâtons, sans avoir une notion scientifique très claire des voies de l'acclimatation des plantes, des voies de la modification de leur nature, de leur adaptation aux nouvelles conditions de vie. Aussi des fautes étaient-elles inévitables.

On peut distinguer trois étapes dans la vie et l'œuvre de Mitchourine.

La première étape est constituée par la recherche sur place et dans d'autres régions de formes de plantes déjà prêtes et pouvant être cultivées dans les conditions de la ville de Kozlov. Tout le, problème se réduisait alors à la découverte de telles formes et à leur transport dans de nouvelles conditions de vie, celles de Kozlov.

La deuxième étape correspond à des ensemencements massifs de plantes et à l'obtention de nouvelles espèces fruitières à partir des semences obtenues sur place, à Kozlov.

La troisième étape, c'est la modification dirigée, la direction consciente de la nature des plantes. C'est la période essentielle de l'activité de Mitchourine.

Pendant la première étape, la solution du problème se présentait ainsi : s'il n'y a pas en Russie centrale de bonnes espèces de pommiers et de poiriers, il faut se procurer les meilleures espèces existant dans les régions méridionales, rapporter des boutures à Kozlov et les greffer sur des porte-greffes indigènes. Mitchourine fit un travail immense dans ce sens. Cependant, après quinze années, il arriva à cette conclusion peu réjouissante pour lui-même, mais infiniment importante pour toute la science biologique : il est vain de chercher ailleurs des espèces toutes prêtes. Ce n'est que dans les conditions exactes où elles seront cultivées qu'il faut créer les nouvelles espèces de plantes. Ainsi, on ne saurait créer, par exemple, dans les conditions de Mitchourinsk, des espèces de pommiers utilisables à coup sûr dans les conditions de la région de Moscou ou de toute autre région.

Durant les dernières années de sa vie, Mitchourine a plus d'une fois répété à ses disciples : « Si vous voulez utiliser mes acquisitions, cherchez le moins souvent possible à utiliser les espèces mitchouriniennes déjà prêtes. Ces espèces ont été formées dans les conditions de la province de Tambov et c'est à ces conditions qu'elles sont le mieux adaptées. » Tous les agronomes ou les agriculteurs qui désirent utiliser les acquisitions de Mitchourine doivent étudier et assimiler ses méthodes et ses principes de travail et, appliquant ces méthodes et principes, former sur place les espèces qui leur sont nécessaires.

La définition mitchourinienne du rôle joué par les conditions de vie dans la formation des espèces de plantes cultivées a été un principe inédit dans la science biologique. Avant lui, de nombreux sélectionneurs étaient persuadés de l'existence possible d'espèces « cosmopolites », c'est-à-dire d'espèces adaptées -aussi bien à Arkhangelsk qu'à Odessa, à Minsk qu'à Vladivostok.

Les espèces de plantes agricoles doivent être créées sur place, enseignait Mitchourine. En liaison avec cette thèse et s'adressant aux sélectionneurs et aux chercheurs, il leur indiquait, après la Révolution d'Octobre, que, dans toute grande œuvre, on ne pouvait se passer de l'intelligence de millions d'hommes, de la collectivité. L'intelligence de millions d'hommes, l'intelligence d'une collectivité énorme est particulièrement indispensable, disait-il, dans la grande œuvre de transformation de la terre soviétique. Cette intelligence collective est apparue sous la forme de l’armée des édificateurs de l’agriculture kolkhozienne.

Mitchourine conseillait à nos sélectionneurs de travailler en collaboration étroite avec les maîtres de l’agriculture socialiste. Ayant directement affaire aux plantes, dont ils comprenaient merveilleusement la nature, ceux-ci peuvent apporter une aide efficace au sélectionneur occupé à créer de nouvelles et meilleures espèces de plantes, de semences d’un rendement supérieur.

Mais revenons-en au début des recherches de Mitchourine.
Durant la première période de ses travaux, Mitchourine essaya un grand nombre d’espèces excellentes de pommiers et de poiriers qu’i lavait importées de régions possédant d’autres caractères climatiques. Toutes ces espèces, à de rares exceptions près, se révélèrent inutilisables dans les conditions de la ville de Kozlov. Leur plus grand défaut était le manque de résistance aux rigueurs de l’hiver.

Après les échecs de la première période, Mitchourine s’adonna à la création sur place, à Kozlov, de nouvelles espèces adaptées aux conditions locales. Ces nouvelles espèces de pommiers, de poiriers et de plantes à baies, il commença à les créer à partir de semences. C’est ainsi que commença la deuxième étape de ses recherches. Il ramassait des quantités massives de semences chez les meilleurs arbres fruitiers les plus divers, les semait chez lui et choisissait les meilleures des plantes obtenues.
Cette période de travail est marquée par d’importants résultats pratiques. Mitchourine a montré qu’on pouvait, par ensemencement, créer de nouvelles formes d’arbres fruitiers, aux excellentes qualités et suffisamment adaptées aux conditions locales.
De cette période d’ensemencements massifs et de sélection des plantes obtenues, Mitchourine passa à l’étape supérieure de son activité, c’est-à-dire à la direction du développement des plantes. Il entreprit de modifier, de façon dirigée, la nature des plantes.
Cette période est considérée à juste titre comme la période essentielle de l’activité scientifique de Mitchourine. C’est alors qu’il a créé le plus grand nombre d’espèces fruitières et qu’il a élaboré les principes essentiels de sa doctrine.

Par la suite, se basant sur son expérience d’un grand nombre d’années de travail, Mitchourine divisa toute la sélection en deux catégories, nettement distinctes. La première catégorie de sélection repose, en dernière analyse, sur le hasard. Cette catégorie suppose un ensemencement massif d’une espèce de plante et la sélection de certaines variétés d’apparition fortuite, s’écartant de l’espèce originale et répondant lieux aux exigences posées par l’homme. Une pareille sélection est primitive, les hommes la pratiquaient déjà en des temps où la science biologique n’en était qu’à ses débuts. L’agriculteur a toujours sélectionné les meilleurs plants pour la récolte de semences, de même que l’éleveur choisissait les meilleurs animaux pour la reproduction ; et c’est par cette sélection constante que l’homme a amélioré, de siècle en siècle, les espèces animales et végétales.

Certes, même de nos jours, pareille activité n'est pas sans utilité. Cependant, une sélection qui ne s'appuie pas sur la science est un gaspillage de temps. Mitchourine écrivait à ce propos que semer au hasard 10.000 graines d'une même espèce et choisir ensuite deux ou trois exemplaires parmi les meilleurs obtenus, était à la portée du dernier des profanes.

Ni Mitchourine ni ses disciples ne se sont pourtant jamais refusés à utiliser les trouvailles fortuites d’espèces utiles, ni à rechercher de pareilles espèces dans le monde végétal. Parfois de pareilles recherches donnent d’utiles résultats. Cela est particulièrement juste lorsqu’il s’agit de plantes qui comprennent un grand nombre de variétés régionales, appelées généralement « espèces paysannes » et qui sont le résultat d’un travail séculaire.
Si l'on ne connaît pas d'autres voies d'amélioration des espèces, il vaut évidemment mieux suivre l'ancienne méthode et sélectionner des formes déjà prêtes choisies dans les fonds régionaux de semences et de plants, plutôt que de ne rien faire. C'est par cette voie qu'ont été créées les espèces de céréales les plus répandues aujourd'hui.

Il est nécessaire de s'arrêter quelque peu sur cette importante question.
Aussi bien avant la session de l'Académie Lénine qu'à la session elle-même, les antimitchouriniens se sont efforcés de prouver que les espèces de blé répandues aujourd'hui et qui ont pour auteurs des sélectionneurs connus tels qu’A. Chekhourdine, P. Konstantinov, V. Iouriev et d'autres, ont été créées suivant les méthodes de Mendel-Morgan. Tentative d'usurpation qui a été dévoilée pendant la session.
Le manque de fondement de ces affirmations a été définitivement mis à nu par l'académicien Lyssenko. Lors de son discours de clôture, celui-ci a déclaré : « Pour prouver l'efficacité de leur théorie, nos morganistes se réfèrent souvent à des espèces de blé communes, telles que le « lutescens 062 », le « mélianopus 069 » et certaines autres espèces anciennes qui auraient été prétendument obtenues sur la base du morganisme-mendélisme. Mais l'obtention de ces espèces n'a rien à voir avec le mendélisme. Comment, par exemple, a-t-on obtenu les espèces telles que le « lutescens 062 », le « mélianopus 069 », et d'autres encore? On les a obtenues par l'ancienne méthode de la sélection des espèces indigènes. »

On sait que le blé « lutescens 062 » a été obtenu par voie de sélection d'une espèce régionale largement employée dans le passé, la « poltavka ». Lorsque le sélectionneur s'est orienté vers l’étude de 1’«espèce paysanne», dénommée « poltavka », l’espèce nommée aujourd'hui « lutescens 062 » en faisait déjà partie. Le sélectionneur s'est contenté de choisir dans la « poltavka » certaines plantes et de multiplier leurs descendants. Par cette sélection, il a fait œuvre utile et mérite la considération de l'Etat et du peuple. Pourtant il n'en demeure pas moins vrai que la théorie du mendélisme-morganisme n'a aucun rapport avec cette sélection.
Dans le passé, toutes les espèces de céréales et d'autres plantes ont été obtenues au moyen de la méthode indiquée plus haut, c'est-à-dire par la sélection de variétés déjà prêtes dans les fonds de semences indigènes.

Les mitchouriniens estiment que cette méthode est utile et juste. Ils ne refusent pas de l'utiliser. Pourtant l'ancienne méthode de sélection, basée sur la recherche de modifications fortuites, ne peut satisfaire entièrement ni dans tous les cas, la production d'aujourd'hui. Ainsi, cette méthode est totalement inutilisable pour la création de nouvelles espèces à partir de plantes sauvages, espèces qui existent aujourd'hui effectivement dans l'agriculture soviétique. Elle n'offre que peu de perspectives également lorsqu'il s'agit de créer, à partir de plantes méridionales, des espèces acclimatées aux régions du Nord.
Si l’on se limitait à cette ancienne méthode de sélection pour introduire des plantes sauvages dans la culture ou bien pour déplacer vers le Nord des plantes méridionales, il faudrait des dizaines, voire des centaines d'années et c'est pour cette raison que les mitchouriniens, sans condamner la recherche de formes déjà prêtes, s'efforcent de connaître les voies d'apparition de ces formes afin de créer consciemment, rapidement et d'une manière planifiée les formes végétales désirées. Ce sont ces voies qu'a découvertes Mitchourine.

C'est à lui que l'on doit la deuxième méthode de sélection, la méthode de la modification dirigée de l'hérédité des plantes, la méthode de la direction de leur nature. Et il a posé les fondements de cette méthode.
Mitchourine a prouvé que l'hérédité des plantes et des animaux est modifiable et que les modifications sont provoquées par les conditions de vie : plus les conditions de vie que l'agriculteur créera seront favorables aux plantes, et meilleures seront, de génération en génération, les plantes cultivées. Mais quelles sont les conditions de vie qui peuvent être considérées comme les meilleures pour une plante? La réponse à cette question n'est pas aussi aisée qu'on pourrait l'imaginer. C'est là une des questions les plus complexes de la science biologique. C'est justement sur son étude que doivent se concentrer les efforts des biologistes modernes. Pour cette étude, la doctrine mitchourinienne est un guide irremplaçable.

Mitchourine fut le premier à montrer avec évidence que les plantes acquièrent de nouveaux caractères d'espèce sous l'action de nouvelles conditions de vie. Ces nouveaux caractères sont hérités par les générations suivantes. L’homme est en mesure de développer chez les plantes des qualités et des caractères qu'elles ne possédaient pas précédemment, mais qui sont nécessaires à l'homme.

Dans un passé encore récent, les tomates ne pouvaient pousser, ni à plus forte raison mûrir normalement en pleine terre dans la région de Moscou. Il était indispensable de les mettre d'abord en serre et de ne les planter qu'ensuite à ciel ouvert. Il fallait prolonger artificiellement la « période chaude ». Et pourtant, malgré cette méthode compliquée, seul un pourcentage insignifiant de fruits parvenait à mûrir avant l'hiver. Aujourd'hui, la station de sélection de Gribovo, près de Moscou, ainsi que la base expérimentale de « Gorki-Léninskié » ont créé des espèces de tomates qu'il n'est pas nécessaire de cultiver en serre ou sous châssis. On peut semer ces espèces en pleine terre au début des travaux de printemps et obtenir des fruits mûrs à la fin de juillet ou au début d'août. Les espèces de tomates créées à la station de sélection de Gribovo s'adaptent aux conditions de la culture en pleine terre dans la région de Moscou. Cette faculté d'adaptation a été développée chez les tomates par les sélectionneurs mitchouriniens.

D'une façon analogue, il y a 10 ou 15 ans de cela, les maraîchers de la région de Moscou ne possédaient pas d'aubergines. Dirigés par une spécialiste de talent, l'académicienne E. Ouchakova, et s'appuyant sur les principes de la doctrine mitchourinienne, les sélectionneurs de la station de Gribovo ont créé de nouvelles espèces d'aubergines qui mûrissent en juillet-août. Autrefois, les aubergines ne pouvaient croître et mûrir dans la région de Moscou. Aujourd'hui, elles ont acquis cette faculté grâce à une éducation appropriée. Les aubergines se sont modifiées en rapport avec les nouvelles conditions de vie qui sont, dans le cas considéré, les conditions de vie de la région de Moscou.

Les plantes cultivées modernes ne ressemblent que de très loin et quelquefois ne ressemblent pas du tout à leurs ancêtres sauvages. Elles possèdent un grand nombre de qualités, de caractères qui font justement leur valeur pour l'homme et que leurs ancêtres sauvages ne possédaient pas. Ainsi, par exemple, le pommier sauvage des forêts a de petits fruits aigres. Le pommier cultivé donne des fruits de grandes dimensions et sucrés. La forme et la couleur des fruits du pommier sauvage sont très peu variées. Or tout le monde sait que la forme et la couleur des pommes cultivées, de même que leur goût, peuvent varier à l'infini. D'où viennent ces qualités et ces caractéristiques? A cette question Mitchourine répondait : elles ont été créées et développées par l'homme. Par quel moyen l'homme a-t-il obtenu les espèces de plantes à fruits? - demandait Mitchourine à ses adversaires. Il n'est tout de même pas allé les chercher sur d'autres planètes, ironisait-il. Toutes les espèces d'arbres fruitiers ont été obtenues par la voie de l'ensemencement et de l'éducation appropriée des jeunes arbres dans une longue série de générations, et par la sélection des meilleurs spécimens pour les semences.

Dans un passé lointain, le travail a commencé justement par l'ensemencement de graines de plantes sauvages. Grâce aux soins apportés par l'homme, celles-ci se sont perfectionnées durant des générations et le résultat de ce perfectionnement est sous nos yeux, ce sont les formes que nous pouvons voir aujourd'hui.

Par quels moyens les hommes ont-ils perfectionné les plantes cultivées ? Le premier moyen a toujours consisté à améliorer les conditions de vie qu'ils leur offraient. Par là même, ils modifiaient simultanément les caractères de la plante cultivée. Grâce à l'hérédité, les caractères nécessaires à l'homme s'accumulaient et se stabilisaient. La sélection des plantes qui possédaient le plus grand nombre de ces caractères accélérait le processus de cette accumulation.

La modification des conditions de culture des plantes, la modification de leurs conditions de vie a été, toujours et partout, le facteur premier de l'apparition des formes contemporaines des plantes cultivées. A notre époque également, faisait remarquer Mitchourine, il est possible d'obtenir un pommier cultivé à partir d'un pommier sauvage. Mais cela exigerait beaucoup de temps. Par bonheur, nous n'avons pas besoin de recourir à cette méthode. Pourquoi referions-nous le chemin qu'ont parcouru nos ancêtres, demandait Mitchourine? Grâce à l'hérédité, caractéristique des organismes vivants, nous pouvons utiliser les résultats de l'activité de nos prédécesseurs.

L'activité passée des cultivateurs se retrouve dans les qualités devenues héréditaires d'un grand nombre d'espèces de plantes cultivées. Utilisant habilement les croisements des espèces de plantes cultivées (c'est-à-dire l'hybridation) nous sommes désormais en mesure d'accélérer sensiblement la progression vers notre but, qui consiste à créer de nouvelles formes végétales nécessaires ou utiles à l'homme.

Ici, à propos de l'hybridation si souvent utilisée par Mitchourine, il convient de poser la question suivante : que doit-on considérer comme essentiel dans les découvertes de Mitchourine en matière de théorie scientifique?
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:46:43   

III. QUE DOIT-ON CONSIDÉRER COMME ESSENTIEL DANS LES DÉCOUVERTES DE MITCHOURINE?

On estime communément que la principale des découvertes scientifiques théoriques de Mitchourine est l'hybridation. Pour cette raison, tout biologiste qui pratique l'hybridation, surtout l'hybridation interspécifique, est souvent qualifié de mitchourinien. De pareilles tentatives ont également été faites à la session de l'Académie. Elles étaient faites par des savants qui, hier encore, défendaient ouvertement le mendélisme-morganisme, et qui essaient actuellement de « rattacher » cette théorie à la doctrine mitchourinienne, de tenter là une impossible « conciliation ».

Seuls des biologistes qui ne comprennent pas les idées mitchouriniennes, ou bien à qui ces idées sont étrangères, peuvent affirmer que l'essentiel dans les découvertes de Mitchourine est l'hybridation. Il n'est pas difficile de comprendre le système de raisonnement qui préside à ces affirmations. On affirme d'abord que l'essentiel, chez Mitchourine, est l'hybridation interspécifique. Puis on se tourne vers l'histoire de la biologie en cherchant à démontrer que Mitchourine n'est pas un pionnier dans ce domaine. La priorité ne lui appartenant pas en la matière, le but semble entièrement atteint et l'on peut affirmer en toute quiétude qu'il n'existe pas en biologie d'«école» mitchourinienne, opposée aux principes et aux méthodes de 1'«école » mendéliste-morganiste.

En réalité, il serait plus juste de dire qu'on peut faire de l'hybridation mitchourinienne et de l'hybridation mendéliste-morganiste. L'hybridation mitchourinienne donne de remarquables résultats pratiques et théoriques, comme l'a déjà démontré Mitchourine lui-même. Les sélectionneurs travaillant suivant les méthodes de Mitchourine sont venus à la session avec une riche moisson de résultats pratiques. Ainsi des espèces de blé remarquables ont été obtenues par l'académicien Loukianenko, et d'autres par l'académicien Dolgouchine. D'excellentes espèces de coton sont dues à l'académicien Kanach.

L'hybridation mendéliste-morganiste n'a pas donné et n'est pas en état de donner des résultats pratiques, pour cette raison qu'elle est entièrement basée sur le hasard. Le mendélisme-morganisme nie absolument, au départ, la possibilité même de diriger le comportement des plantes hybrides. Aucune comparaison ne saurait être établie entre les résultats obtenus par les mitchouriniens et ceux des mendélistes-morganistes.

Les mendélistes-morganistes considèrent l'hybridation comme un moyen d'addition de deux formes végétales (ou animales) et d'obtention d'une troisième forme, résultant de cette addition. Ils considèrent l'hybridation comme un moyen de coordination mécanique, dans une troisième forme, des caractères des deux formes parentes entrant dans le croisement. Ils raisonnent à peu près ainsi : par exemple, une certaine espèce de plante est vivace, tandis qu'une plante d'une autre espèce donne une bonne récolte de grains. Croisons donc les deux plantes pour unir ces deux caractères dans l'hybride. L'hybride empruntera à la première variété sa longévité, et à l'autre son haut rendement. De ce croisement il doit résulter, selon les mendélistes-morganistes, une plante de valeur, une céréale vivace. Raisonnant de cette façon, ils agissent en conséquence : ils effectuent des croisements et espèrent trouver, dans les générations d’hybrides obtenues, l’apparition fortuite de l'assemblage de caractères désiré. Ces espoirs se soldent le plus souvent par une totale désillusion et par l'oubli non moins total des desseins qui avaient été formés.

Toute la « théorie » de l'hybridation des mendélistes-morganistes se réduit en fin de compte à un pauvre système sans vie. Ce système tient « grosso modo » dans le raisonnement suivant :
Croisons deux plantes, les parents, et élevons la première génération hybride. Dans la première génération hybride, nous pouvons découvrir quel est celui des parents qui se révèle dominant. Autrement dit, quelle est l'hérédité, celle du père ou de la mère, qui l'emporte. Dans la deuxième génération hybride, il se produit une division : une partie des plantes ressemblent au père et les autres à la mère. Le chercheur peut compter le nombre de plantes qui ont suivi chacune des deux hérédités.
Dans la troisième génération, une partie des descendants qui se divisent continuera à se diviser, tandis que l'autre deviendra stable. Le chercheur peut compter encore le nombre de descendants qui se divisent et le nombre de ceux qui ont acquis une hérédité stable, de même que le nombre de descendants ressemblant respectivement au père et à la mère parmi ceux qui continuent à se diviser.
On peut présenter les résultats de ce calcul sous forme de rapports numériques, et, parmi les formes hybrides obtenues, trouver par hasard des formes susceptibles d'une utilisation pratique.

Ce schéma reflète l'essence même de la « science » mendéliste-morganiste de l'hybridation, bien que, dans l'exposition qui en est faite par les mendélistes-morganistes eux-mêmes, leur doctrine de l'hybridation soit d'une apparence beaucoup plus compliquée.
Mais cette complexité verbale ne suffit pas pour transformer leur « science » de l'hybridation en une véritable science. Elle ne possède pas les caractères fondamentaux de la science : elle ne permet pas de prévoir, et surtout elle ne donne pas la possibilité de diriger le comportement des descendants hybrides.

Suivant le mendélisme-morganisme, le phénomène de prédominance d'une certaine hérédité dans la première génération d'hybrides et dans les générations suivantes est de nature fatale, c'est-à-dire qu'on ne peut ni le modifier ni le diriger. Le phénomène de division dans la seconde génération est tout aussi fatal : le caractère de la division est prédestiné, on ne peut ni le modifier ni le diriger. Le chercheur se voit condamné à rechercher la découverte fortuite des combinaisons désirées, combinaisons qui, par ailleurs, ne possèdent rien de neuf par rapport aux caractères du couple de départ.

La doctrine mitchourinienne de l'hybridation est diamétralement opposée à tout cela. Mitchourine a élaboré les fondements scientifiques de l'hybridation, qui sont développés aujourd'hui par l'académicien Lyssenko.
Mitchourine ne perdait pas de vue que l'hybridation rassemble les capitaux héréditaires des deux parents et que, de ce fait même, la plante hybride possède de plus grandes possibilités d'adaptation aux conditions de vie que chacun des parents pris séparément. Pourtant, ce n'est pas seulement et pas tellement dans cette « fusion » que les mitchouriniens voient le but essentiel de l'hybridation.

Lorsqu'il évaluait le rôle de l'hybridation dans la création des espèces végétales nécessaires à l'homme, Mitchourine mettait particulièrement l'accent sur l’accélération, grâce à l'hybridation, de la « mutabilité », dirigée dans un sens désirable à l'homme. D'après Mitchourine, l'hybridation ébranle la stabilité de l'organisme, rendant celui-ci malléable et plus sensible aux conditions de vie. Du fait de cette sensibilité, on voit souvent apparaître chez les hybrides des qualités et des caractères que ne possédait aucun des parents choisis pour le croisement. Si le sélectionneur sait placer l'hybride dans des conditions de vie adéquates, il peut aboutir à la création de la forme désirée. Mitchourine et les mitchouriniens examinent l'hybridation en tant que source de modification des formes végétales, en tant que source d'apparition de qualités tout-à-fait nouvelles chez les hybrides. Les nouveaux caractères apparaissent chez les hybrides en raison de leur grande sensibilité et de leur adaptation aux nouvelles conditions de vie.

La force de la science élaborée par Mitchourine au sujet de l'hybridation réside dans la compréhension juste de l'hérédité, qualité propre à toutes les plantes et à tous les animaux.
Mitchourine disait qu'il n'est pas tellement difficile de croiser deux formes animales ou végétales. Même un enfant dans le domaine de la science biologique pourrait le faire. Toute la difficulté consiste à obtenir, à partir d'un croisement, les variétés nouvelles qui sont indispensables ou désirables à la production agricole. Pour cela, il faut une science biologique approfondie.

Dans la science mitchourinienne de l'hybridation, la première place revient à un choix habile des parents pour les croisements. Mitchourine et Lyssenko ont démontré qu'avant de procéder au croisement il est indispensable de choisir habilement les parents. Les choisir de façon à obtenir, après croisement, des hybrides possédant les caractères désirables. Pour cela, il est indispensable d'établir les qualités biologiques, le passé et les conditions de développement des plantes choisies pour le croisement, et cela avec toute la précision que permet le niveau actuel de la science biologique. Il est indispensable de préciser dans quelles conditions de vie les qualités ou les caractères intéressant l'homme apparaissent chez ces plantes, et à quelles conditions de vie elles sont adaptées. Ce n'est qu'après une étude approfondie et un choix judicieux des parents que l'on peut passer au croisement, à l'obtention de semences hybrides. Comme l'a démontré Mitchourine, la fleur retenue pour l'hybridation d'une plante ne doit pas être prise au hasard. Sur une même plante, certaines fleurs donnent des hybrides plus réussis que d'autres fleurs.

Les semences hybrides une fois obtenues, le problème ne peut pas encore être tenu pour résolu. « Possédant des semences hybrides habilement obtenues, - écrit Lyssenko, - il faut encore savoir élever habilement les plantes provenant de ces semences. » (Préface aux « Œuvres complètes de Mitchourine ».)

Comme l'a très justement observé Lyssenko, Mitchourine savait parfaitement que les mêmes semences hybrides, placées dans des conditions différentes, donnent des plantes possédant des caractères différents. « Mitchourine modifiait et dirigeait le développement individuel des plantes en créant, à une époque définie, des conditions de vie appropriées, également définies. » (T. Lyssenko, ouvrage cité.)
Mitchourine a démontré expérimentalement et pratiquement que les qualités qui se développent chez l'hybride sont celles qui, dès le premier stade de la croissance de cet hybride, se sont trouvées dans des conditions de vie favorables à leur développement. Ainsi, par exemple, dans le cas où l'un des parents possédait une grande résistance à l'hiver, résistance qui avait besoin pour se former de conditions adéquates durant la période d'automne (long automne sec et ensoleillé), il faudra, pour que la même résistance à l'hiver se développe chez l'hybride, l'existence des mêmes conditions favorables.

Mitchourine a établi que, plus les parents choisis pour le croisement se trouvent éloignés par leurs origines géographiques et par leurs conditions habituelles de vie et de développement, et plus il est facile de diriger le comportement des hybrides et d'obtenir les formes cherchées. Ainsi, par exemple, si l'on prend pour le croisement une plante femelle adaptée aux conditions locales et qu'on la croise avec une plante non adaptée à ces conditions, on obtient, dans la première génération hybride, des plantes chez lesquelles domineront les caractères du premier parent. Par contre, si l'on prend pour le croisement deux plantes également mal adaptées aux conditions régionales, il n'y aura pas de prédominance semblable et il sera plus facile de diriger la plante hybride obtenue en vue de développer chez elle les caractères désirés. L'éducation de pareilles générations hybrides se révèle plus profitable.

Parmi les très nombreuses méthodes élaborées par Mitchourine, pour l'éducation des hybrides, prenons, par exemple, la méthode du « mentor ». A l'aide du mentor (éducateur) Mitchourine réussissait à diriger le développement des hybrides dans le sens voulu. En croisant l'excellent pommier d'hiver américain « Belle-fleur jaune » avec le pommier russe « la Chinoise », Mitchourine a obtenu une espèce nouvelle possédant des fruits [27] de grandes dimensions aux qualités gustatives excellentes, espèce qu'il a appelée « Belle-fleur-chinoise ». Les premiers fruits de l'hybride mûrirent à la mi-août et ne purent être conservés que jusqu'à la mi-septembre. Mitchourine estima que cette maturation précoce était un grand défaut de la nouvelle espèce. Il décida de l'éliminer. Pour cela, il greffa sur la cime du nouvel hybride quelques boutures de l'arbre maternel « Belle-fleur jaune ». Ces greffons servirent de mentor. Dès que la greffe fut faite, «à partir de la récolte suivante , - écrit Mitchourine, - la maturation des fruits commença à devenir plus tardive et finit progressivement par se produire, après cueillette, sur paille, au mois de janvier ».

Dans les œuvres de Mitchourine, on peut trouver un grand nombre de données sur les résultats d'une éducation scientifique des plantes hybrides. Grâce à ses méthodes d'éducation, le grand réformateur de la nature modelait les espèces de plantes à fruits qu'il entendait obtenir, éliminait les caractères indésirables, développait et renforçait au contraire les caractères et les qualités utiles.

Mitchourine a posé les fondements de la science de l'éducation des plantes, de la direction de leur développement. C'est en cela justement que réside l'essentiel de la doctrine mitchourinienne. Et c'est là ce qui provoquait « ... le plus grand nombre d'objections de la part des généticiens et des sélectionneurs qui suivaient la doctrine mendéliste-morganiste » , - écrit Lyssenko. (Ouvrage cité.)

La doctrine mitchourienne sur l'éducation part du principe que l'on peut modifier l'hérédité des plantes en agissant sur leurs conditions de vie, que l'on peut modifier l'hérédité dans un sens déterminé, que les caractères acquis par les plantes lors de leur modification dirigée sont héréditaires et s'accumulent dans la chaîne des générations. La faculté des plantes et des animaux d'hériter les caractères acquis par l'organisme durant son développement est l'une des bases fondamentales de la doctrine mitchourinienne de l'éducation.

Le développement du problème crucial de la doctrine mitchourinienne, le problème de l'éducation des plantes, est l'objet essentiel de l'activité féconde du meilleur mitchourinien, l'académicien Lyssenko
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:49:13   

IV. DÉVELOPPEMENT DE LA DOCTRINE DE MITCHOURINE PAR LES TRAVAUX DE LYSSENKO

Le style des recherches de T. Lyssenko est le style même de Mitchourine. Lyssenko estime que sa spécialité est l'agrobiologie. L'objet essentiel de cette science est la découverte des causes de tel ou tel phénomène concret que doit et veut diriger l'agriculteur.

« Pour posséder le nombre de plantes ou d'animaux nécessaires dans la pratique , - écrit Lyssenko - il faut absolument que la science agrobiologique comprenne les rapports biologiques complexes, les lois de la vie et du développement des plantes et des animaux. Cela est indispensable en vue d'assurer aux plantes utiles les conditions de vie nécessaires avec le maximum d'utilité pour l'homme, et de défendre ces plantes contre tous les maux normaux, aussi bien biologiques que climatiques.» [« Agrobiologie » p. 400, éd. russe.]

Ce sont là les principes les plus importants de l'agrobiologie moderne en tant que science. Pour les agrobiologistes, l'étude des lois de la nature vivante est intimement liée à la transformation pratique de cette nature dans l'intérêt de l'homme. Par exemple, ils étudient les lois de l'assimilation par les plantes des matières minérales afin d'utiliser rationnellement les engrais organiques et minéraux pour la nourriture des plantes. Ils étudient les modifications de la nature des plantes en fonction de leur nourriture, afin de créer des plantes dont l'hérédité utilise au mieux les conditions de vie établies par l'homme. Ils étudient l'action exercée par les plantes, lors de leur développement, sur leur milieu, afin de rendre ce milieu le plus favorable possible à ces mêmes plantes.
L'agrobiologie étudie les causes des processus de développement des végétaux afin d'éliminer les causes de réduction des récoltes et de renforcer l'action des facteurs améliorant la productivité des plantes utiles. La méthode consistant à planter la pomme de terre au printemps dans les régions méridionales entraîne la formation des jeunes tubercules en été, à des températures relativement élevées. Lyssenko a démontré que ces températures entraînent une dégénérescence de la pomme de terre et une réduction des récoltes. Si la pomme de terre est plantée en été, les jeunes tubercules se forment pendant les mois d'automne, quand la température de l'air et du sol est plus basse qu'en été.

Ils ne dégénèrent pas, sont sains et donnent de bonnes récoltes.

Le cœur de l'agrobiologie, son noyau central, est constitué par la doctrine de l’hérédité et de sa mutabilité. Le problème fondamental de l’agronomie scientifique, la base du développement de la science agronomique, remarque Lyssenko, est constituée par l’étude des exigences des organismes végétaux. La définition des exigences des organismes, l’étude des causes d’apparition et de développement de ces exigences, l’étude de la manière dont telle ou telle plante réagit à l’action du milieu « sont la base des travaux théoriques de notre science soviétique de l’hérédité et de sa mutabilité », - remarque Lyssenko. La science mitchourienne de l’hérédité sert de fondement théorique à toute la science agrobiologique développée avec succès par Lyssenko.

Comment les mitchouriens envisagent-ils la connaissance des phénomènes de l’hérédité ? Afin de connaître ces phénomènes, ils commencent par étudier les exigences de l’espèce végétale considérée vis-à-vis des conditions de vie. Ces exigences sont très variables. Certaines plantes exigent de vivre dans des champs, d’autres dans des prés, d’autres dans des marais. Il suffit par exemple d’assécher un marais pour que la végétation s’y modifie radicalement. Tous ces faits sont bien connus de tous ceux qui ont eu affaire à la nature vivante.

Mais Lyssenko a découvert, en outre, que les exigences posées par les plantes envers les conditions de vie ne sont pas identiques aux différentes périodes de leur vie individuelle. A chaque stade de son développement, la plante exige des conditions de vie nettement déterminées.

Ainsi le blé et le seigle d’automne exigent, au premier stade de leur développement (correspondant à la vernalisation) es températures assez basses (+1, +2 ° et sont indifférents à la lumière. Le stade de la vernalisation chez les différentes espèces de plantes et chez les différentes rentes variétés d'une même espèce (par exemple, chez le blé est de durée variable, de 10 à 15 jours jusqu' à 60 à 70 et plus. Une fois le stade de la vernalisation terminé, la plante acquiert de nouveaux caractères. Alors commence le second stade de développement, le stade «lumineux ». A ce stade, le blé d'automne exige déjà des températures plus élevées que pendant le stade de vernalisation et une journée lumineuse assez longue. Si ces exigences ne sont pas satisfaites, la plante ne franchit pas le stade «lumineux » et ne peut passer au stade suivant de son développement.

Les recherches des physiologistes ont démontré qu'aux divers stades de développement les plantes présentent des exigences différentes en ce qui concerne leur nutrition en matières minérales.

Le caractère de l'activité des feuilles vertes dépend également du stade de développement de la plante. Les processus biochimiques qui ont lieu dans la feuille au moment où la plante passe par le stade de la vernalisation sont très différents de ceux qui correspondent au stade suivant.

La connaissance des exigences des plantes vis-à-vis des conditions de vie aux différents stades de leur développement permet de diriger ce développement, de diriger la vie des plantes. Si le blé d'hiver ne trouve pas, à son premier stade, les basses températures nécessaires à son développement, il ne passera pas au stade suivant et, en fin de compte, ne formera pas d'épis, ne donnera pas de grains. Si l'on maintient une plante d'automne, dès les premières heures de sa croissance, à des températures minima de + 15, + 20 °, cette plante restera pendant plusieurs mois à l'état d'herbe, ne se développera pas, et ne donnera ni tige ni épi. Si la même plante traverse son premier stade dans de bonnes conditions, mais connaît ensuite des journées lumineuses trop courtes, son développement sera également retardé.

La connaissance des exigences des plantes vis-à-vis des conditions de vie, la connaissance de la biologie des plantes, telle est la base théorique de toutes les branches de la science agronomique. Cette connaissance concrète sert également de fondement à la modification de ces [p31] exigences, à la modification de l'hérédité des plantes. Sur la base de la théorie du développement par stades des plantes, Lyssenko a élaboré la doctrine de la modification dirigée de la nature des plantes. Il a démontré scientifiquement que les modifications de l'hérédité sont provoquées par la non-correspondance entre les exigences de la plante et les conditions de vie.
Prenons un exemple concret.

Chez le blé d'hiver « lutescens 0329 », le premier stade, c'est-à-dire le stade de la vernalisation, dure de 50 à 55 jours. Cette espèce exige des températures basses (+ 1, +2° pendant 50 à 55 jours. Si des épis de « lutescens 0329 » se développent aux températures indiquées plus haut pendant la durée voulue, ils achèvent normalement le stade de la vernalisation et passent au stade suivant. Dans le cas d'une succession normale de tous les stades, ces épis donneront des grains qui ne seront pas modifiés au point de vue des caractères de l'espèce et donneront des épis normaux d'hiver.
Par contre, si des épis de blé d'hiver «lutescens 0329 » se trouvent continuellement, dès les premières heures de leur croissance, dans des conditions thermiques plus élevées (température supérieure à +15° ils continueront à croître mais ne dépasseront pas le stade de la vernalisation, resteront à la phase du buissonnement, ne donneront pas de tiges, pas d'épis, et par conséquent pas de grains.

Il en résulte que, si nous satisfaisons les exigences de la plante en la plaçant dans des conditions de vie normales (1er cas), l'hérédité ne se trouve pas modifiée. Dans le cas contraire (2e cas), la plante ne dépasse pas le stade de la vernalisation, elle ne se développe pas et ne donne pas de grains, par conséquent, une fois de plus, nous ne modifions pas la nature de la plante.

Comment faudra-t-il donc agir sur la plante afin de l'obliger à modifier son hérédité? Pour cela, il faut faire en sorte que le stade de la vernalisation commence dans des conditions normales correspondant à l'espèce de la plante considérée et se termine dans des conditions anormales. Il faut, par exemple, que l'espèce de blé d'hiver « lutescens 0329 » se développe pendant les 40 à 45 premiers jours à des températures basses normales (+ 1, +2° et qu'elle soit placée ensuite dans des conditions de température plus élevées (+10, +15°). Dans ces conditions, le processus de la vernalisation commence et se développe normalement. Mais, avant qu'il soit terminé, nous remplaçons les conditions normales par des conditions anormales pour des plantes d'hiver. Le processus de la vernalisation, déjà commencé, s'achève malgré ce changement de conditions, avec seulement un léger retard. Les stades suivants se succèdent normalement et la plante donne des grains.

Seulement, comme l'ont montré de nombreuses expériences, l'achèvement du processus de vernalisation des plantes d'hiver dans des conditions anormales « brise» l'ancienne hérédité, modifie les anciennes exigences vis-à-vis des conditions de vie et fait apparaître chez les plantes une tendance à se développer dans les mêmes conditions que celles où s'est achevé le processus, (autrement dit, à franchir le stade de la vernalisation à des températures de +10 à +15°). Les plantes qui proviennent de semences modifiées donnent des descendants à hérédité instable. Par une éducation habile de ces plantes on peut obtenir, au bout de trois ou quatre générations, une espèce de printemps stable.

La théorie du développement par stades a ouvert la voie qui mène à la modification dirigée de l'hérédité des plantes. Cette voie a été élaborée et concrétisée par l'exemple de la transformation de plantes d'hiver en plantes de printemps et inversement. Mais on peut également modifier, par la même voie, d'autres caractères et particularités des plantes. La doctrine de la modification dirigée de l'hérédité des plantes enseigne quand, comment et par quelles conditions de vie il faut agir sur la plante en développement afin de «briser» l'ancienne hérédité et d'en créer une nouvelle, qui corresponde aux conditions de vie à l'aide desquelles on agit sur l'organisme.

La possibilité d'une modification dirigée de l'hérédité des plantes est l'une des questions essentielles autour desquelles s'est déroulée la lutte entre les mitchouriniens et les antimitchouriniens, lutte qui dure depuis déjà de nombreuses années. Les mitchouriniens prouvent théoriquement et pratiquement la possibilité d'une telle transformation, tandis que les antimitchouriniens la nient résolument. Nous reviendrons plus tard sur cette importante question.

Disons déjà que la théorie du développement par stades a permis de résoudre théoriquement et pratiquement cette importante question scientifique de la possibilité d'une modification dirigée de l'hérédité des plantes. Sur la base de cette même théorie, Lyssenko a également résolu une série d'autres questions importantes de la science biologique et de la pratique agricole. Ainsi, cette théorie a permis de découvrir les causes de la dégénérescence de la pomme de terre dans le Sud et d'élaborer la méthode d'ensemencement de la pomme de terre en été, ce qui a très nettement amélioré la récolte dans la steppe sèche.

Sur la base de la même théorie, il a été possible de réduire la durée de développement des céréales dans les champs (procédé de vernalisation), de lutter ainsi contre l'action nuisible des « soukhovéï » (vents secs), et par conséquent d'augmenter les récoltes. La théorie du développement par stades des plantes s'est affirmée comme une base scientifique solide de l'hybridation végétale et de la modification dirigée de la nature des plantes au moyen de l'éducation.
Cette théorie a ouvert la voie à des recherches scientifiques sur les lois de la vie et du développement des plantes.

La nouvelle conception du problème de l'hérédité et de sa mutabilité a permis d'envisager également d'une façon nouvelle les problèmes pratiques qui se posent aux producteurs de semences.

La tâche des producteurs de semences consiste à multiplier les variétés obtenues par les sélectionneurs, telle est la définition donnée par l'ancienne biologie d'avant Mitchourine.

La tâche des producteurs de semences consiste à obtenir des semences à grand rendement et à améliorer ainsi de génération en génération les espèces de plantes cultivées, telle est la définition donnée par la biologie mitchourinienne. « Par résultat final de la sélection, il faut entendre l'obtention de semences, et par semences, le matériel d'ensemencement qui donne les meilleures récoltes, aussi bien du point de vue qualitatif que quantitatif, dans une région donnée desservie par la sélection », - écrit l'académicien Lyssenko. « Les praticiens ont raison - continue-t-il - lorsqu'ils disent : «Pour nous, praticiens, l'essentiel n'est pas le classement sélectionné de semences en catégories : première, seconde, troisième, etc. Ce qui nous importe en premier lieu c'est la productivité et la bonne qualité des semences. Voilà ce qu'il nous faut.»

Les antimitchouriniens affirmaient et affirment encore que les caractères héréditaires des espèces de lignée pure sont immuables. Les mitchouriniens ont prouvé que l'hérédité est modifiable et qu'on peut la diriger. L'hybridation est un de ces leviers de direction. Nous avons déjà dit plus haut que les semences hybrides sont d'un plus grand rendement et d'une plus grande vitalité que les semences non hybrides. Grâce à l'hybridation et à un traitement habile des semences, il est possible d'améliorer de génération en génération les espèces de céréales, de développer chez elles de nouvelles qualités et de les faire répondre ainsi toujours davantage aux besoins de l'homme. Comme nous le savons déjà, c'est Mitchourine qui fut le premier à établir ces lois. Lyssenko, s'appuyant sur la théorie du développement par stades des plantes, a continué à développer les bases scientifiques mitchouriniennes de l'hybridation.

Les antimitchouriniens se sont appliqués à «enfermer Mitchourine dans son verger », à faire croire que les lois découvertes par Mitchourine n'étaient valables que pour les arbres à fruits. Lyssenko a réduit à néant cette tentative. Grâce à ses recherches sur des plantes annuelles, il démontre parfaitement que la doctrine mitchourinienne est une doctrine biologique universelle. Il expose et développe l'essentiel de la doctrine mitchourinienne, la théorie de la modification dirigée de la nature des plantes, qui inclut également l'hybridation, en tant que moyen servant à cette modification dirigée.
Pour obtenir, à l'aide de l'hybridation, une nouvelle espèce économiquement utile, productive et viable, le chercheur scientifique doit savoir choisir les espèces parentes, et, une fois le croisement effectué, savoir élever les plantes hybrides.

Il faut souligner encore et toujours que ce n'est pas l'hybridation en tant que telle, mais le problème de l'éducation des organismes hybrides (et non-hybrides) qui fut l'objet d'une lutte prolongée dans le domaine de la science biologique, lutte que se livraient deux tendances opposées, la tendance mitchourinienne et la tendance weismanniste, cette dernière tirant ses origines de la doctrine des biologistes bourgeois Weismann, Mendel et Morgan.

Voici les quatre questions fondamentales qui ont fait l'objet de cette lutte : L'hérédité des plantes et des animaux est-elle modifiable ou non ; l'homme est-il en mesure de modifier l'hérédité des plantes et des animaux?

Seconde question : si l'on admet que l'hérédité est modifiable, quelles sont donc les forces qui provoquent cette modification? L'homme peut-il connaître ces forces, connaître les causes de la mutabilité de l'hérédité et, une fois cette connaissance acquise, peut-il diriger la mutabilité ?

Ces deux questions se ramenaient à une troisième question d'ordre plus général : les plantes et les animaux ont-ils la faculté d'acquérir de nouveaux caractères, et de les transmettre par voie héréditaire?

La réponse aux trois questions précédentes dépend de la réponse faite à une dernière question, la plus importante : quels sont les rapports entre l'organisme et ses conditions de vie ? Si l'hérédité est modifiable, où se dissimule donc la cause première de cette mutabilité : à l'intérieur même de l'organisme ou bien dans ses conditions de vie?

Examinons donc les questions posées.
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:51:32   

V. L'HÉRÉDITÉ DES PLANTES ET DES ANIMAUX EST-ELLE MODIFIABLE OU NON ?

A cette question les antimitchouriniens (weismanniste) répondent : l'hérédité des plantes et des animaux n'est pas modifiable, à moins qu'il n'y ait croisement de deux organismes différents l'un de l'autre. L'homme ne peut pas modifier l'hérédité.
L'ouvrage récemment paru du physicien E. Schrödinger « Qu'est-ce que la vie du point de vue de la physique?» expose les thèses des weismannistes modernes.
L'auteur pose la question : « A quel degré de constance nous heurtons-nous dans le domaine des caractères héréditaires et que devons-nous en déduire au sujet des structures matérielles qui les portent? »
A cette question l'auteur répond lui-même, et cela dans un esprit correspondant parfaitement à l'essence du weismannisme. Il écrit : « On peut répondre à cette question sans procéder à aucune recherche spéciale préalable. Le seul fait que nous parlons de caractères héréditaires montre que nous admettons leur constance comme quasi absolue. »
Il est difficile de donner une réponse plus claire : « constance quasi absolue » . Cette « constance » de l'hérédité est illustrée par un exemple éloquent : les descendants de la dynastie des Habsbourg, écrit l'auteur, avaient au XIXe siècle la même lèvre inférieure « caractéristiquement modifiée » que leurs ancêtres de cette même dynastie au XIVe siècle. Ainsi donc, à en croire Schrödinger, qui emprunte son affirmation aux weismannistes contemporains (mendélistes- morganistes) :
« La structure matérielle génique, responsable de ce caractère anormal, fut transmise de génération en génération à travers les siècles et reproduite exactement dans chacune de ses très peu nombreuses divisions cellulaires, comprises dans ce laps de temps. »

C'est sur la négation complète de la mutabilité de l'hérédité que se fonde la théorie de la constance des lignées pures. Suivant cette théorie, les descendants d'une plante à auto-pollinisation (blé, avoine, orge, par exemple) ne sont pas soumis aux modifications. De pareils descendants peuvent rester identiques durant des siècles. La modification n'apparaît qu'à la suite du croisement (hybridation) de deux plantes différentes à auto-pollinisation.

Reprenons à titre d'exemple la même espèce de blé d'hiver « lutescens 0329 ». A une certaine époque, un sélectionneur a choisi une plante dans un champ de blé et l’a multipliée. La plante choisie a servi d’origine à l’espèce « lutescens 0329 », qui est aujourd’hui semée sur de grandes surfaces dans diverses régions de l’URSS.

Sur un hectare semé en blé il y a trois ou quatre millions d’épis. Les weismannistes estiment que tous ces épis (du moment qu’ils proviennent tous du même) sont absolument identiques du point de vue de leur hérédité. Aujourd’hui le blé d’hiver « lutescens 0329 » est semé dans un grand nombre de régions de l’URSS : dans le Privoljié, l’Oural, la Sibérie, etc. Les weismannistes admettent que, quelle que soit la région d’ensemencement, l’hérédité du « lutescens 0329 » reste la même, que ce blé soit cultivé à Saratov ou à Omsk. Chaque praticien peut mesurer l’absurdité de cette affirmation.

Ensuite, l’espèce « lutescens 0329 » est une espèce d’hiver. Si l’on s’en tient au point de vue weismanniste, il faut admettre que cette espèce de blé restera une espèce d’hiver partout et toujours. Or, nous avons vu que, sous l’action de conditions extérieures spécialement créées à cet effet, le blé « lutescens 0329 » peut être transformé en une espèce de printemps.

Les weismannistes considèrent la constance des lignées pures comme tellement absolue qu’ils démontrent l’inutilité de la sélection des meilleures plantes dans les lignées pures. Ils disent : lors de l’ensemencement d’espèces à lignées pures, il est parfaitement inutile de choisir les graines : que l’on prenne les plantes d’origine les meilleures ou les plus mauvaises, que l’on choisisse les grains les plus grands et les plus lourds ou bien les plus petits et les plus légers, cela n’aura aucune importance pour la génération suivante, qui restera la même, inchangée.

En 1935, l’académicien Lyssenko intervint contre la doctrine de la constance des lignées pures. Il disait : « les espèces à auto-pollinisation, c’est-à-dire à lignée pure, se modifient au bout d’un temps de culture prolongé, ce qui entraîne souvent leur dégénérescence. Celui qui s’y connaît, ne serait-ce qu’un peu, à la culture des tomates, sait premièrement qu’elles appartiennent à la catégorie des plantes à auto-pollinisation, et deuxièmement que si l’on cultive les tomates sans sélectionner les plants les meilleurs pour les ensemencements, la meilleure espèce dégénère au bout de trois à cinq ans. Ces phénomènes se remarquent aisément chez les tomates parce que ces plantes sont faciles à modifier et que, de plus, l’intérêt que porte l’homme à cette culture fait que toute modification de la forme du fruit ou de la durée de maturation sera immédiatement remarquée. »

Les mêmes phénomènes s’observent, quoique de façon moins apparente et avec un certain retard, sur le blé, l’avoine, l’orge et d’autres plantes à auto-pollinisation.
A l’aide de nombreuses expériences, l’académicien Lyssenko et ses collaborateurs ont prouvé que les espèces de lignée pure sont soumises à la mutabilité. Les quelques millions d’épis poussant sur le même hectare se différencient en quelque manière les une des autres, car ils ne se développent pas dans les mêmes conditions. Leurs cellules germinales se différencient un peu elles aussi. Par quel moyen peut-on découvrir ces modifications ? Ce moyen a été élaboré par Lyssenko.

Si l’on effectue une hybridation (avec pollinisation libre) du blé à l’intérieur d’une même espèce, on obtient des semences qui ont un plus haut rendement et résistent davantage aux diverses conditions défavorables. Les semences obtenues à partir de croisements à l’intérieur de l’espèce possèdent, pour ce qui est de leur force et de leur développement, toutes les particularités des semences hybrides. C’est là-dessus que se base la proposition faite en 1935 par Lyssenko d’utiliser les croisements à l’intérieur des espèces comme moyen d’amélioration des espèces de lignée pure. Si toutes les plantes d’une espèce de lignée pure étaient absolument identiques du point de vue de leurs caractères héréditaires, comme il ressort de la doctrine weismanniste, on ne pourrait observer ce phénomène d’amélioration par suite de croisement.

Il fut un temps où les weismannistes s’opposaient violemment à la proposition de Lyssenko sur les croisements à l’intérieur de l’espèce. Leurs objections manquaient à la fois de conviction et d’exactitude. Aujourd’hui, elles ont été entièrement réfutées aussi bien par la pratique que par les expériences scientifiques.
La doctrine de l'immuabilité des lignées pures a été également réfutée grâce à ce fait, largement connu aujourd'hui, qu'une sélection habile des meilleures plantes à l'intérieur de lignées pures de blé ou d'orge, cultivé dans des champs à grande productivité, mène à l'amélioration des caractères d'espèce des semences, mène à la modification de la lignée pure.

Enfin, les multiples expériences effectuées par un grand nombre de chercheurs à la suite de Lyssenko, expériences qui portaient sur la transformation des plantes d'hiver en plantes de printemps et inversement, ont achevé la réfutation totale des principes antiscientifiques de l'immuabilité des lignes pures.

Les weismannistes se sont révélés parfaitement incapables de défendre ouvertement l'immuabilité de l'hérédité. Tout en restant sur leurs positions anciennes, et antiscientifiques, ils commencèrent à admettre la possibilité d'une pareille modification. Mais comme ils ne comprenaient toujours pas l'essentiel de la doctrine mitchourinienne, cela n'a pas pour autant amélioré leur position dans la science et ne l'a pas rendue plus exacte.

La lutte entre mitchouriniens et antimitchouriniens s'est concentrée autour de la question : si l'hérédité est modifiable, quelles sont donc les forces qui provoquent cette modification? L'homme est-il capable de connaître ces forces et de les diriger ?
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:54:44   

VI. CAUSES DE LA MUTABILITÉ DE L'HÉRÉDITÉ

Le point de vue weismanniste sur la question de savoir si l'homme est capable de connaître les forces provoquant la modification et de les diriger est assez simple.
Même si l'hérédité se modifie, affirment les weismannistes, cela se produit sous l'effet de n'importe quelle cause, à l'exception des conditions de vie.
Si cela était exact, il serait normal que l'homme ne puisse connaître les causes de la modification de l'hérédité.

Les weismannistes affirment : les modifications de l'hérédité n'ont pas de passé historique. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela signifie que toute modification de l’hérédité survient d'une façon inattendue, par hasard. Il est impossible d'interpréter autrement les paroles de l'académicien I. Schmalhausen, lorsqu'il dit qu'il faut porter au nombre des modifications héréditaires indéfinies « toutes les modifications nouvelles de l'organisme qui ne possèdent pas encore de passé historique » .

Les phénomènes sans histoire sont des phénomènes purement fortuits, sans cause. Il n'y a pas de phénomènes de ce genre dans la nature. Pourtant c'est justement parmi les phénomènes de ce genre que l'académicien Schmalhausen range les modifications de l'hérédité. Il écrit : « L'apparition de mutations (modifications héréditaires. V.S.) possède toutes les apparences d'un phénomène fortuit. Nous ne pouvons ni prédire ni provoquer volontairement telle ou telle mutation. Jusqu'ici, il n'a été possible d'établir aucune liaison rationnelle entre une mutation et des modifications définies des facteurs du milieu ambiant.»

De ce principe général il est parfaitement logique de faire une déduction qui est en rapport direct avec l'activité concrète de l'homme. Puisque les modifications de l'hérédité (mutations) ne possèdent pas de passé historique, il en découle que le biologiste n'a pas lieu, plus encore, qu'il n'a pas besoin de chercher les causes qui provoquent ces modifications. Puisque, dans la nature, l'hérédité se modifie subitement et par hasard, il ne peut y avoir de raison, il n'y a pas de possibilité de chercher une cause préalable, au moyen de laquelle on pourrait provoquer l'apparition des modifications désirées. Le chercheur ne peut rechercher que des moyens d'action qui pourraient provoquer une modification subite et fortuite. Parmi ces moyens, les weismannistes admettent l'emploi de fortes décharges d'électricité, de poisons (colchicine), etc. Demain, on parlera peut-être d'un nouveau moyen.

Il est indiscutable que l'action sur l'organisme par des moyens aussi étrangers à ce dernier ne peut manquer de modifier son hérédité. Ainsi l'action de la colchicine sur une plante entraîne une modification de la structure du noyau cellulaire. Parmi les organismes modifiés à l'aide de la colchicine il peut apparaître par hasard des formes utiles. Mais cela ne peut survenir que par hasard, ce seront de rares trouvailles.
Cette recherche de modifications utiles avec le seul espoir de tomber par hasard sur un accident heureux constitué par une semblable trouvaille était considérée par Mitchourine comme la recherche d'un trésor caché. Espérer la découverte fortuite d'une espèce de plante ou d'animal désirée, c'est renoncer à la tentative de connaître les lois naturelles de formation des espèces et désarmer le biologiste dans sa recherche des lois du développement de la nature vivante. Il est parfaitement évident qu'une pareille perspective d'inconnaissabilité des lois biologiques et en particulier des causes de modification de l'hérédité, ainsi que l'espoir de tomber sur un heureux hasard, ne peuvent être admis en tant que voie générale de développement de la biologie matérialiste.

Les fondateurs du marxisme-léninisme ont expliqué depuis longtemps l'origine des phénomènes « soudains » dans la société et la nature. Tout phénomène naturel soudain et inattendu, disait Lénine, est aussi soudain et inattendu qu'est soudaine la naissance d'un enfant neuf mois après sa conception.

Par leurs affirmations sur le caractère subit des modifications de l'hérédité, les weismannistes nient l'existence des causes provoquant la modification de l'hérédité. Une pareille négation équivaut à la négation de la science elle-même.

Lorsqu'un véritable chercheur, et c'est particulièrement vrai pour un biologiste, s'efforce de comprendre l'essence d'un phénomène, il doit, avec toute la précision que permet à ce moment le niveau de la science, examiner ce qu'on pourrait appeler la période de conception, c'est-à-dire la période précédant la modification visible, la nouvelle formation. L'examen complet de la période de conception est d'autant plus indispensable lorsqu'un chercheur étudie un phénomène dans le but de le diriger ensuite. C'est pour cette raison que les chercheurs de la tendance mitchourinienne s'intéressent aux lois du développement des modifications, aux conditions et aux causes de l'apparition des modifications visibles. C'est justement sur l'étude des conditions d'apparition des modifications visibles, sur l'étude du processus de disparition des anciens caractères et de l'apparition des caractères nouveaux chez la plante ou l'animal qu'ils concentrent leurs efforts. Seule une pareille attitude peut être considérée comme réellement scientifique.

« En déclarant que les modifications héréditaires, les « mutations », sont « indéterminées» , les mendélistes-morganistes estiment que les modifications héréditaires sont imprévisibles à priori. Cette variété particulière de la conception de l'inconnaissabilité a pour nom l'idéalisme en biologie. L'affirmation de «l'indéterminisme » de la mutabilité barre la voie qui mène aux prévisions scientifiques et désarme par là même la pratique agricole », - disait l'académicien Lyssenko dans son rapport à la session de l'Académie Lénine des Sciences agricoles.
Par ses recherches scientifiques et ses acquisitions pratiques sans précédent dans l'histoire de la sélection, le grand biologiste Mitchourine a posé les fondements d'une nouvelle étape de la biologie matérialiste.

Aux principes weismannistes antiscientifiques qui postulent l'inconnaissabilité des causes de la modification et à leur négation de la possibilité d'une modification dirigée de la nature des plantes et des animaux, Mitchourine opposa le principe hautement scientifique suivant : l'homme est capable de connaître les causes de la mutabilité de la nature des organismes ; il peut, sur cette base, diriger la modification et créer, d'une manière planifiée, des espèces végétales et animales utiles; il peut le faire mieux que ne le faisait anarchiquement, spontanément, la nature.

La grande importance de Mitchourine dans la science biologique moderne consiste en ce qu'il a montré comment il est possible et nécessaire d'accélérer le perfectionnement des espèces de plantes cultivées et des races d'animaux domestiques. « Grâce à l'intervention humaine, écrivait Mitchourine, il devient possible d'obliger chaque espèce végétale ou animale à se modifier plus rapidement et cela dans le sens désirable à l'homme. Un champ d'activité extrêmement profitable s'ouvre à l'homme...»

Mitchourine a montré que l'homme est capable de diriger l'hérédité des organismes végétaux et animaux en modifiant leurs conditions de vie. Les recherches de Mitchourine réfutent Je principe de base des weismannistes qui affirme l'indépendance des qualités héréditaires par rapport aux conditions de vie des plantes et des animaux. Les conditions de vie sont la cause première de toute modification de l'hérédité des plantes et des animaux.

Etudiant de plus en plus profondément la manière dont les conditions de vie modifient l'hérédité, les mitchouriniens se rendent de plus en plus maîtres du processus de cette modification. Examinons l'un des nombreux faits accumulés aujourd'hui par les mitchouriniens dans ce domaine.

Nous avons déjà parlé plus haut de la transformation d'une plante d'hiver en plante de printemps et inversement. Il s'agissait alors de modifications dans les limites d'une seule espèce de blé tendre. Maintenant nous parlerons du passage d'une espèce à une autre. Il est beaucoup plus difficile de connaître les lois régissant ce genre de modifications que celles qui sont valables pour les modifications dans les limites d'une seule espèce. Mitchourine lui-même remarquait qu'il était infiniment difficile de franchir les limites d'une espèce.

Les agriculteurs savent à quel point le blé dur diffère du blé tendre. Ce sont là deux espèces différentes de blé. Elles diffèrent par leurs caractères, les qualités de leurs grains, leurs exigences envers les conditions de vie.

Tous ceux qui procèdent à des ensemencements de blé dur savent que, dans ces ensemencements, il apparaît souvent un certain nombre d'épis de blé tendre. Chaque année on est obligé de sarcler les cultures de blé dur afin d'en séparer le blé tendre. Depuis longtemps, les chercheurs, les sélectionneurs et les producteurs de semences se demandaient d'où pouvaient bien venir ces épis de blé tendre. Certains expérimentateurs, parmi les plus observateurs, supposaient que le blé dur (une espèce) peut se transformer en blé tendre (autre espèce). Aujourd'hui, la possibilité d'une pareille transformation a été prouvée expérimentalement. On a prouvé que le blé dur se transforme en blé tendre sous l'action de conditions de vie étrangères au blé dur.

On sait qu'il n'existe pas de véritables blés durs d'hiver. Tous les blés durs sont des blés de printemps. Les travaux effectués durant ces dernières années sous la direction de Lyssenko ont permis d'établir qu'il suffit de semer le blé dur pendant plusieurs générations à l'approche de l'hiver pour que le blé dur se transforme en blé tendre de printemps. Les conditions de vie modifiées transforment totalement l'hérédité.

Ainsi, l'homme peut modifier les conditions de vie des plantes et des animaux. Les mitchouriniens ont prouvé qu'en modifiant les conditions de vie nous pouvons également modifier l'hérédité. Il est vrai que nous ne savons encore que très peu de choses sur la manière dont il faut modifier les conditions de vie afin de modifier l'hérédité dans le sens que nous désirons. Nous savons encore très peu de choses sur le moment où il faut agir par les conditions de vie modifiées sur l'organisme en développement afin de modifier ses caractères héréditaires. Pourtant il est certain que plus se développera la biologie mitchourinienne matérialiste et mieux nous connaîtrons cet aspect essentiel du développement de la nature vivante. Pour les mitchouriniens, il est parfaitement indiscutable que « le monde et ses lois sont parfaitement connaissables, que notre connaissance des lois sur la nature, vérifiée par l'expérience, par la pratique, est une connaissance valable, qu'elle a la signification d'une vérité objective; qu'il n'est point dans le monde de choses inconnaissables, mais uniquement des choses encore inconnues, lesquelles seront découvertes et connues par les moyens de la science et de la pratique» (J. Staline).

Le plus grand danger qui compromettait le développement de notre science biologique consistait en ce que, jusqu'à ces derniers temps, il y subsistait des croyances antiscientifiques sur l'inconnaissabilité des causes de modification de l'hérédité. Ces croyances étaient propagées par les biologistes réactionnaires, par les weismannistes.

Le fait que les mitchouriniens aient réfuté expérimentalement ces théories et démontré la possibilité de diriger la modification de l'hérédité est d'une très grande importance pour tout le développement de notre biologie.
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 20:56:26   

VII. L'HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS PAR LES PLANTES ET LES ANIMAUX
AU COURS DE LEUR DÉVELOPPEMENT


Affirmant l'immuabilité de l'hérédité des plantes et des animaux (ou l'indépendance des quelques modifications qui se produisent de temps à autre par rapport aux conditions de vie), les weismannistes affirment que les nouveaux caractères acquis par les plantes et les animaux au cours de leur développement ne sont pas héréditaires. Suivant cette conception, les plantes et les animaux n'acquièrent pas de nouveaux caractères, de nouvelles qualités au cours de leur développement. Il en découle que l'homme n'est pas en mesure de développer de nouveaux caractères chez les plantes cultivées et les animaux domestiques.

Mitchourine et son école ont démontré que ces affirmations des weismannistes ne reflètent pas les lois objectives naturelles. Les mitchouriniens partent du principe que non seulement les caractères acquis par les plantes et les animaux au cours de leur développement peuvent être héréditaires, mais qu'ils le sont nécessairement.
«L'hérédité se modifie et se complique par la voie de l'accumulation des nouveaux caractères acquis pendant une série de générations » , a dit Lyssenko dans son rapport à la session de l'Académie.
Si l'on nie l'hérédité des caractères acquis, il faut aussi nier l'évolution de la nature ou bien expliquer cette évolution par l'intervention de forces mystérieuses, car il est alors impossible d'expliquer d'une façon matérialiste l'évolution de la nature vivante. Il est impossible d'expliquer l'apparition dans la nature de nouveaux caractères, de nouvelles particularités, de nouveaux organismes possédant ces caractères nouveaux.

Prenons un exemple tiré des travaux des mitchouriniens contemporains. On sait qu'il n'existait pas dans la nature de coton susceptible de donner des fibres colorées. Toutes les variétés de coton connues ne donnaient que des fibres blanches ou écrues.
Si l'on s'en tient, de façon conséquente, à la thèse weismanniste, il faut admettre qu'il est impossible de créer une plante possédant des caractères qui n'existaient pas auparavant dans la nature.
Pourtant les mitchouriniens ont démontré que cela était possible. Ils ont créé une variété de coton aux fibres naturellement colorées. Leur réussite est due à la faculté que possèdent les plantes et les animaux d'hériter et d'accumuler les caractères dont le développement est favorisé par les conditions de vie. Guidés par la théorie mitchourinienne, les cultivateurs de coton ont obtenu des organismes hybrides s'adaptant avec facilité aux conditions de vie. Ensuite, grâce à la création de conditions de vie particulières, ils ont développé chez ces hybrides un caractère que le coton ne possédait pas jusqu'ici.

La même loi de l'hérédité des caractères acquis au cours du développement est également valable pour les animaux. Les zootechniciens du sovkhoz « Karavaïévo » ont créé, sous la direction de S. Steimann, une nouvelle race remarquable de bovins, dite de Kostroma. Comment cette race a-t-elle été créée, quelles sont les conditions qui ont présidé à sa formation?

L'académicien Chaoumian, directeur du parc d'élevage d'Etat des bovins de la race de Kostroma, a répondu à cette question. « La première et fondamentale condition du succès dans la formation d'une race, dit Chaoumian, est une nourriture abondante et habilement composée fournie aux bêtes dans la période de leur croissance, de leur développement et de leur production.
Le deuxième facteur, non moins important que le premier (je le place personnellement au même niveau que la nourriture) consiste dans une traite habile et intensive.
Le troisième facteur est l'élevage habile des bêtes et un entretien correspondant, étant donné que toute notre action sur l'organisme des animaux passe forcément par son système nerveux périphérique et central.
Le quatrième facteur est la sélection et le choix des meilleures bêtes sur la base d'une nourriture abondante, d'une traite habile et intensive et d'un entretien correspondant. Nous avons accouplé les meilleurs animaux entre eux afin de créer des lignées et es familles particulières, accumulant et renforçant systématiquement tous les caractères qui nous étaient nécessaires et précieux au cours d’un grand nombre de générations »
.

Les meilleures bêtes du troupeau de lait « Karavaïévo » donnent jusqu’à 15 à 16 000 litres de lait par an et cette qualité est héréditaire. Elle n’a até développée que parce que les vaches accumulaient de génération en génération la faculté de donner de grandes quantités de lait. Biologiquement, la vache n’a besoin, pour la nourriture d’un veau, que de 200 à 250 litres de lait. Lorsqu’elle acquiert la faculté d’en donner 10 000 litres et plus, cela est le résultat de l’effort du sélectionneur.

Avec de bonnes méthodes de culture, disait Mitchourine, il est possible de transformer même un pommier sauvage en pommier cultivé, tandis que, dans le cas d’une culture malhabile, mal organisée, le meilleur pommier de culture perdra rapidement les qualités qui le rendent précieux pour l’homme. Les semences formées dans un champ de haut rendement améliorent lentement mais sûrement leurs qualités d’espèce. Par contre, les meilleures semences perdent assez rapidement leurs qualités si on les cultive sur un mauvais terrain mal entretenu. Avec de bonnes méthodes d’élevage, nue bonne nourriture et une sélection des meilleurs parmi les meilleurs pour la reproduction, les animaux domestiques acquièrent au bout d’un certain nombre de générations de hautes qualités de race. Par contre, la race la meilleure se transforme rapidement en une race de faible rendement dans le cas d’un mauvais entretien et d’une nourriture insuffisante et de mauvaise qualité.

Toute la pratique confirme le principe scientifique de ka biologie mitchourinienne qui postule la nécessité de l’hérédité des caractères acquis par les organismes au cours de leur développement.

Toute la pratique réfute l’affirmation antiscientifique des antimitchouriniens sur la non hérédité des caractères acquis par les organismes au cours de leur développement
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 21:00:09   

VIII. L'ORGANISME ET SES CONDITIONS DE VIE

L’opposition des deux tendances, mitchourinienne et weismanniste, dans la biologie, se révèle dès la définition du rôle, des objectifs et des buts de la science.

Les weismannistes affirment que la science possède ses fondements particuliers, différents de ceux de la vie. Chez eux, une idée découle d’une autre idée, une déduction d’une autre déduction qui la précède, indépendamment de la pratique. Si les déductions théoriques ne concordent pas avec la vie, cela ne trouble pas les weismannistes. Ils semblent dire alors : tant pis pour la vie.

Dans les conditions où se développe la science soviétique, les weismannistes se sentent gênés pour exprimer ouvertement leur point de vue sur la science. Néanmoins ils n’abandonnent pas par leur point de vue erroné sur les rapports entre la science et la vie, comme le démontre toute leur tactique de lutte dans le domaine scientifique. Plus d’une fois les mitchouriniens ont indiqué aux weismannistes soviétiques : vos recherches, vos déductions ne concordent pas avec la vie, elles la contredisent ou bien elles sont totalement stériles, sans utilité pour la vie. En réponse à cette critique, les weismannistes répondaient habituellement : nous sommes à la veille de découvertes étonnantes, ne vous gênez pas, nos réalisations vont faire le bonheur de l’humanité.

En1947, l’académicien M. Zavadovski demandait de faire confiance au mendélisme-morganisme. Il écrivait alors que les principes et les points de vue du weismannisme (du mendélisme-morganisme) « ne pourront être véritablement appréciés que d’ici une dizaine d’années, lorsqu’une nouvelle biologie aura été créée à partir de ces principes. Nous prenons sur nous d’oser prédire cet avenir. » Est-ce que cela veut dire que l’homme contemporain n’est pas encore arrivé au niveau culturel lui permettant d’apprécier les «théories » du weismannisme ?

N’y a-t-il et ne peut-il y avoir aucune science véritable qu'on puisse exposer d'une façon suffisamment simple pour la rendre compréhensible à un homme cultivé?
Mais s'il arrive qu'une théorie ne puisse être rendue compréhensible à tous les hommes cultivés, ne faut-il pas en chercher la cause, non dans l'incapacité des hommes d'apprécier cette théorie, mais plutôt dans cette théorie elle-même, dans son divorce avec la nature vivante, dans son caractère scolastique, antiscientifique?

Mitchourine, comme nous l'avons déjà dit, partait toujours du fait que toute recherche scientifique doit se fonder sur les besoins de la vie, et que chaque acquisition scientifique doit aboutir à une large utilisation pratique. Les mitchouriniens considèrent la science comme une branche de l'activité laborieuse de l'homme, dont le but essentiel est : alléger le travail de l'agriculteur, accroître la productivité de son travail.
La science biologique n'a qu'un seul but : expliquer les phénomènes naturels, connaître les lois naturelles, dans le but de diriger la nature dans l'intérêt de l'homme. Le fondement de la science est le même que celui de la pratique. La biologie mitchourinienne est la science de l'action pratique fondée sur une profonde connaissance théorique des lois naturelles. La science est créée et développée par les hommes et pour les hommes. Elle est sans doute empreinte du caractère commun à toutes les œuvres humaines, l'imperfection. Mais l'imperfection des connaissances humaines n'est pas un obstacle à leur fécondité.

Une science véritable est quotidiennement utile à l'homme et elle est toujours compréhensible à l'intelligence humaine. La biologie mitchourinienne est justement une science de ce genre. L'unité de la théorie et de la pratique est un des caractères fondamentaux de la biologie mitchourinienne. C'est en cela que réside sa force.

L'histoire de la biologie est remplie d'exemples de la stérilité de vies entières d'un grand nombre de savants, qui s'efforçaient de découvrir telle ou telle loi naturelle d'une façon abstraite, retranchée de la vie. Toutes les grandes découvertes fécondes dans le domaine de la connaissance de la nature vivante ont été faites par des biologistes qui se guidaient dans leurs recherches sur l'idée scientifique de l'unité de la théorie et de la pratique.

La doctrine de Darwin, doctrine sur le développement de la nature vivante, est apparue dans le pays le plus développé du point de vue agricole au cours du siècle dernier, en Angleterre. Cela ne résulte pas d'un hasard. Les idées scientifiques du darwinisme résument et généralisent l'expérience séculaire des agriculteurs et des éleveurs. L'idée matérialiste qui sert de noyau à la doctrine darwiniste est l'idée de la sélection. Cette idée s'est révélée de nos jours comme une idée rigoureusement scientifique, exacte, efficace. Quelle est donc son origine?

Bien avant Darwin, les agriculteurs et les éleveurs créaient des espèces et des races au moyen de la sélection. Se servant de la sélection, ils ont obtenu des résultats étonnants par la variété des espèces de plantes cultivées et des races d'animaux domestiques. La pratique a servi à Darwin de base matérialiste pour l'explication de l'évolution de la nature vivante. A travers le prisme de la pratique, Darwin examinait et généralisait la quantité énorme de matériaux accumulés avant lui par les naturalistes.

L'apparition de la doctrine de Darwin a été une grande conquête humaine dans la connaissance de la nature vivante. Elle a marqué le début d'une nouvelle étape qualitative de la science de la nature vivante. Elle a posé les fondements de la, biologie matérialiste, qui est passée de la description passive des espèces animales et végétales à l'explication des origines de ces espèces. Par sa doctrine, Darwin a posé les fondements de la méthode scientifique d'étude de la nature vivante. Il a expliqué l'origine des espèces, non par une prétendue faculté d'évolution propre à l'organisme animal; mais par l'adaptation de l'organisme à des conditions qui lui sont extérieures; non par la nature de l'organisme mais par l'action des conditions de vie.

Au lieu de l'explication idéaliste et non scientifique du développement de la nature, Darwin introduisait une explication matérialiste. De ce point de vue, Darwin s'apparente à Marx par l'esprit de ses recherches. Marx a expliqué le développement historique de l'humanité non par la nature de l'homme, mais par les caractères des rapports sociaux qui surgissent entre les hommes du fait de l’action de l’homme sur la nature extérieure.

L'esprit des recherches de Darwin, les éléments matérialistes de sa doctrine étaient totalement étrangers à la conception idéaliste du monde.

La doctrine de Darwin, même sous l'aspect qu'elle possédait une fois sortie de sa plume, était en contradiction avec la conception bourgeoise, idéaliste, du monde. Il est compréhensible que le développement ultérieur de la science matérialiste n'ait fait qu'approfondir cette contradiction. C'est pour cette raison que la période post-darwinienne de la biologie est plus riche en tentatives de réfutation directe du darwinisme, d'inflation générale de quelques principes erronés de Darwin, qu'en développements des éléments matérialistes de sa doctrine.

Les biologistes bourgeois ont déployé beaucoup d'efforts pour éliminer de la science biologique l'esprit des recherches darwiniennes, pour réfuter la théorie de l'évolution. La plus vive représentation de la tendance anti-darwiniste de la biologie bourgeoise est offerte par la théorie réactionnaire de Weismann-Morgan-Mendel, dont la pointe est dirigée contre le darwinisme, contre l'idée de l'évolution de la nature vivante, contre l'esprit darwiniste des recherches sur la nature vivante.

Les grands maîtres du mendélisme-morganisme ont déclaré dès le début de leurs recherches sur les phénomènes de l'hérédité que le darwinisme était un obstacle au développement de la science sur l'hérédité. Ils ont affirmé que le point de vue d'un généticien sur l'évolution était totalement indifférent, qu'il était parfaitement indifférent que le savant étudiant l'hérédité admette la théorie de l'évolution ou non.
Nos meilleurs darwiniens, et parmi eux ceux du genre de Timiriazev, durent appliquer beaucoup d'efforts pour sauvegarder le darwinisme contre son avilissement. Tout en développant le darwinisme, K. Timiriazev menait simultanément une lutte décidée contre le weismannisme, contre le mendélisme, auxquels il porta un grand nombre de coups décisifs.

Mitchourine, en son temps, se heurta encore plus violemment au weismannisme. Cela n'est pas le fait du hasard. Mitchourine a posé les fondements de la science de la transformation dirigée des plantes. « Ces fondements ont modifié jusqu'à la manière de raisonner lors de la solution des problèmes biologiques. » (Lyssenko.) Non seulement l'esprit de recherche darwiniste a trouvé une totale incarnation dans la biologie mitchourinienne, mais il y a également reçu une impulsion nouvelle. Dans la doctrine mitchourinienne «le darwinisme est non seulement purifié de ses défauts et de ses erreurs, il n'est pas seulement élevé à un niveau supérieur, mais il change même sérieusement d'aspect dans une série de ses principes. D'une science qui explique l'histoire passée du monde organique, le darwinisme se transforme en une science qui crée, en un moyen efficient pour l'homme de se rendre maître pratiquement, et d'une façon planifiée, de la nature vivante. » (T. Lyssenko.)

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Le divorce de la science et de la vie, divorce dont nous avons parlé plus haut, trouve un prolongement particulier dans les doctrines weismannistes, qui séparent l'organisme de ses conditions de vie. Ainsi le professeur A. Paramonov, dans son livre « Cours de darwinisme » (1945), écrit : « L'organisme constitue un système indépendant, et le milieu ambiant un autre système. Ces deux systèmes se développent d'après des lois totalement différentes... Le sens dans lequel se modifie le milieu et celui dans lequel se modifie l'organisme sont totalement indépendants l'un de l'autre. »

Voilà qui est suffisamment clair. Il n'en reste pas moins vrai que ce principe, clairement formulé, est en désaccord complet avec les lois de la nature.
On sait aujourd'hui que les plantes supérieures, en cohabitation avec de très petits organismes, transforment le granit en poussière, puis en terre cultivable. La succession des ensembles végétatifs détermine, comme l'a démontré V. Williams, le processus séculaire de la formation du sol. Le sol est le produit de la vivante activité des plantes et des animaux.

Les ensembles forestiers provoquent la formation de podzol. Avec le temps, les forêts cèdent la place à des prés à végétation herbaire. Sur les terrains couverts de végétation herbaire, il se forme de grandes accumulations de matières organiques, qui provoquent la formation de marais. Peu à peu, au stade marécageux, succède la formation de terres noires. Et ainsi de suite. Tel est le processus de formation du sol dans la nature découvert par Williams. Il a prouvé que ce processus est continuellement déterminé par la vivante activité des plantes et des animaux.
Aujourd'hui, personne ne songe à nier L'action décisive des organismes végétaux et animaux sur le milieu.

Mitchourine et Lyssenko ont découvert à leur tour la possibilité d'une modification dirigée de la nature des plantes par l'action des conditions de vie. Les organismes et leur milieu ambiant se développent comme un tout, un et indivisible.
La modification du milieu ambiant est déterminée par la vivante activité des plantes et des animaux. Le milieu ambiant, les conditions de vie déterminent les modifications de la plante. C'est dans cette unité que résident les forces qui déterminent l'évolution de la nature vivante. C'est ce point de vue que professe le biologiste matérialiste.

Tels ne sont pas les weismannistes. Selon leur conception, les organismes peuvent se développer dans un sens et leur milieu ambiant dans un sens directement contraire. La correspondance des sens ne peut être que purement fortuite.
Séparant l'organisme de ses conditions de vie, les weismannistes, en véritables idéalistes, cherchent les forces déterminantes du développement de l'organisme à l'intérieur de l'organisme lui-même.

Les weismannistes pensent qu'il y a, à l'intérieur du corps vivant, une substance spéciale, la substance héréditaire. Dans cette substance héréditaire existe déjà tout l'organisme adulte avec les forces qui le feront passer de l'état embryonnaire à l'état adulte. Ainsi la forme de l'organisme se trouve définie à l'avance, de même que ses caractères et la durée de son existence. La substance héréditaire régit toutes les actions et les modifications du corps vivant. Quant à elle, elle ne dépend aucunement du corps. Et elle dépend encore moins des conditions de vie. Elle est immuable et immortelle. Elle se transmet, sous son aspect inchangé, d'une génération à l'autre et sert de fondement à toute vie.

Chaque cellule végétale ou animale renferme un noyau. Comme on peut l'observer sur des préparations colorées, ce noyau se fractionne en particules de formes différentes. Ces particules se dénomment chromosomes. Chacun des chromosomes ne forme pas un tout homogène, mais est constitué par de petites particules séparées que les weismannistes appellent gènes. Ce sont ces gènes qui, d'après la théorie weismanniste, constituent la substance héréditaire. Ce n'est que par l'intermédiaire de cette substance que l'hérédité se transmet d'une génération à l'autre.

L'inexactitude des conceptions weismannistes sur l'existence d'une substance héréditaire spéciale à l'intérieur du corps a été prouvée par les mitchouriniens à l'aide des hybrides végétatifs. Greffons un rameau de tomate à fruits blancs (« Albinos » sur la tige d'une tomate à fruits rouges. Le greffon à fruits blancs va croître en se nourrissant des matières qui se forment dans les feuilles et les racines de la plante à fruits rouges. Les cellules de cette plante à fruits rouges ne peuvent transmettre leurs noyaux (ni par conséquent leurs chromosomes) au greffon à fruits blancs. Il n'y aura qu'un échange de matières nutritives.
Il est néanmoins prouvé que des hybrides peuvent en résulter. Si la greffe est correctement effectuée (les ouvrages de Mitchourine et Lyssenko abondent en indications précises sur la manière de procéder), certains des fruits du greffon à fruits blancs seront rouges. Si l'on prend ensuite des semences provenant des fruits rouges qui se sont formés sur le greffon à fruits blancs, une partie des plants qui en sortiront posséderont les caractères des deux espèces, celle à fruits rouges et celle à fruits blancs. Il y aura donc eu fusion de deux espèces en une seule, fusion résultant du seul échange des matières nutritives, et non d'un échange de chromosomes.
Les greffes décrites plus haut prouvent qu'il n'y a pas de substance héréditaire à l'intérieur des plantes, qu'il n'y a pas d'organe particulier de l'hérédité dans l'organisme.
L'hérédité est une faculté qui caractérise l'ensemble du corps vivant, n'importe laquelle de ses particules. Cette faculté est déterminée par tout le développement antérieur de l'espèce donnée. C'est le développement préalable, accumulé par l'organisme, qui se reflète dans ses caractères héréditaires. « Le développement antérieur est la base, le fondement du développement ultérieur. On ne peut séparer ni les développements prochains, ni les développements lointains du développement antérieur. » (Lyssenko.) Le développement futur de l'organisme est basé sur le passé historique de son développement.

On ne peut comprendre ce développement, on ne peut comprendre le passé d'un organisme, qu'à la condition de considérer l'organisme et ses conditions de vie comme un tout.

Les mitchouriniens ont démontré qu'on ne pouvait étudier un organisme en faisant abstraction de ses conditions de vie. Nous savons que le poisson vit dans l'eau. Il suffit de sortir un poisson de l'eau pour avoir affaire, non à un poisson vivant, mais à un cadavre de poisson. Le riz pousse dans des champs recouverts d'eau. Si on le prive de cette eau, le riz meurt. Par contre, si l'on inonde un champ de blé, le blé meurt immédiatement.

Si nous voulons connaître les lois du développement du blé, du riz ou du poisson, nous devons étudier leur développement en liaison avec leurs conditions de vie. C'est dans cette liaison que résident les causes qui provoquent les modifications de l'hérédité, c'est en elle que résident les causes qui déterminent les caractères et les particularités de l'organisme, etc.

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Si, dans une plante ou un animal, on modifie les cellules qui servent au développement d'une nouvelle génération, ces cellules modifiées donneront naissance à un nouvel organisme. Tous les biologistes reconnaissent ce principe. C'est aussi vrai qu'un grain de blé donne naissance à un épi de blé, un grain d'avoine à un épi d'avoine. Toute la question est dans la manière dont il faut modifier les cellules qui servent au développement de la nouvelle génération. De là découle immédiatement une autre question : comment modifier la cellule de manière à obtenir, à partir de cette cellule, un organisme qui possède des caractères nécessaires à l'homme? La même question peut être formulée d'une façon différente : est-il possible de modifier d'une façon planifiée, dirigée, prévisible, les cellules qui servent à la conception? C'est dans cette formule que réside l'essence même des divergences qui s'affrontent dans le domaine de la science biologique.

Les réponses à cette question seront différentes selon les solutions qui seront données au problème fondamental, le problème du caractère des rapports qui existent entre l'organisme et les conditions de vie.

Les mitchouriniens ont prouvé que les organismes modifient le milieu dans lequel ils vivent, tandis qu'à son tour ce milieu modifie la nature, l'hérédité des organismes. S'appuyant sur ces preuves, les mitchouriniens étudient la façon dont les modifications des conditions de vie influent sur les-modifications des cellules reproductrices. Les conditions de vie modifiées influent sur le processus de formation de l'organisme, y compris la structure des chromosomes et des cellules reproductrices dans leur ensemble, cellules qui servent de base à la formation des générations ultérieures. Les mitchouriniens étudient de quelle manière et à quel moment les conditions de vie agissent sur l'organisme afin de modifier l'hérédité de ce dernier, ils étudient les exigences de l'organisme vis-à-vis des conditions de vie. La modification dirigée des cellules reproductrices, la modification de l'hérédité ne peut se réaliser, en vue de buts fixés à l'avance, que d'après le processus suivant : les conditions de vie modifiées modifient le corps de l’organisme; le corps modifié forme, au cours de son développement, des cellules germinales modifiées. A leur tour, des organismes modifiés se développent à partir de ces cellules germinales modifiées.

Au lieu de cela, les weismannistes affirment que la cause première de la modification des organismes réside dans des forces inconnues, inconnaissables, dissimulées à l'intérieur de la cellule, plus exactement à l'intérieur du noyau de la cellule. De pareilles affirmations sont antiscientifiques. La voie mitchourinienne se confirme par toute la pratique de l'agriculture. Elle s'appuie sur le développement historique du tout que constituent l'organisme et ses conditions de vie.

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Le rapport du président de l'Académie Lénine des Sciences agricoles T. Lyssenko « Sur la situation dans la science biologique » a été approuvé par le Comité Central du Parti communiste (bolchevik) de l'U.R.S.S. Les mitchouriniens ont dénoncé la tendance weismanniste comme une doctrine réactionnaire. La doctrine mitchourinienne, science biologique progressive développée sous la direction de l'académicien Lyssenko, a triomphé.

Dans leurs recherches, les mitchouriniens sont guidés par la seule conception du monde qui soit juste, la conception du matérialisme dialectique, la grande doctrine de Marx, Engels, Lénine, Staline. C'est en cela que résident, aussi bien le facteur des succès passés des mitchouriniens, que le gage des succès futurs encore plus importants de la biologie mitchourinienne.

Les mitchouriniens développent la biologie matérialiste. Or, la science matérialiste a toujours triomphé et triomphera toujours de l'idéalisme, sous quelque forme qu'il pénètre dans la science. Il n'est qu'une seule science véritable et toute-puissante, la science matérialiste. Telle est exactement la science biologique mitchourinienne
Xuan
   Posté le 28-12-2017 à 21:03:19   

ANNEXE

Voici quelques résultats concrets obtenus par plusieurs biologistes de l'école mitchourinienne concernant la modification de l'hérédité chez les plantes et les animaux et illustrant, sur le plan technique, les principes exposés dans la présente brochure.

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En greffant une pomme « Reinette » sur le poirier « Bergamotte », Mitchourine avait créé un fruit hybride, ayant la forme et certaines propriétés gustatives de la poire, mélangées à des caractères de pomme. Cet hybride a été multiplié par voie végétative pendant plus de cinquante ans sans que les caractères provenant du premier porte-greffe poire se soient perdus. C'est un des descendants de l'hybride primitif qu'Issaïev recroise avec le pommier «Pépin safrané». Pour éviter toute influence plasmatique, qui aurait permis d’autres interprétations, il utilise le pollen de l'hybride Reinette-Bergamotte, qui ne contient pratiquement que le noyau cellulaire, pour fertiliser une fleur de pommier pur. Les arbres issus de ce croisement portent des fruits qui conservent l'aspect piriforme acquis par voie végétative lors de la première greffe effectuée par Mitchourine. La seule interprétation possible est que le changement des conditions de vie du greffon sur un support inadéquat a modifié de manière durable les noyaux, à travers lequel ce caractère nouvellement acquis est transmis à la descendance.

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En greffant une branche de tomate sur le Datura toxique, Prézent obtient des tomates contenant le même alcaloïde que le porte-greffe. Les graines de ces fruits semées l'année suivante donnent des tomates d'apparence normales mais fortement toxiques.

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Certains adversaires des idées de Mitchourine admettent la transmission de caractères acquis chez les végétaux, qui constitueraient un cas particulier, mais la nient pour les animaux. Or, ces derniers cas ne manquent pas.
Kammerer travaille sur deux espèces de salamandres : Salamandra maculosa, noire avec de grandes taches jaunes, vivant dans des régions chaudes et humides, pondant dans l'eau un grand nombre d'œufs ou de larves aquatiques à un stade de développement très peu avancé et de couleur claire ; Salamandra atra, entièrement noire, vivant dans des régions froides et arides, mettant au monde deux à trois larves terrestres de couleur sombre.

Lorsqu'on transporte S. maculosa dans des conditions correspondant à l'habitat de S. atra, et qu'on l'empêche d'aller dans l'eau pour pondre, elle finit par mettre au monde un petit nombre de larves terrestres et presque noires. Ramenés dans des conditions normales, ces animaux, une fois arrivés à la maturité, pondent des larves aquatiques très avancées, n’ayant presque plus de branchies extérieures, et de couleur sombre. Par contre, S. atra, transplantée dans un habitat chaud et humide, donne un nombre de larves qui augmente progressivement et peut arriver jusqu'à neuf. A la maturité, ces larves pondent d'emblée des larves aquatiques nombreuses et de couleur claire.

Lorsqu'on élève S. maculosa sur un fond jaune, les taches jaunes sur sa peau augmentent très notablement. Si la descendance de tels animaux est élevée pour moitié sur fond jaune, pour moitié sur fond noir, les premiers sont presque entièrement jaunes, beaucoup plus que les parents n'ont pu le devenir, alors que les seconds, élevés sur fond noir, foncent tout en restant plus clairs que l'animal normal.
Il peut paraître étonnant qu'un agent aussi insignifiant que la couleur du sol puisse modifier suffisamment l'organisme jusqu'à ses cellules reproductrices pour déterminer une modification durable du noyau. Mais il faut savoir que le changement de couleur chez le Salamandre se fait par voie hormonale. On comprend que l'hormone, inondant 1’ensemble de l'organisme, peut influer sur le métabolisme de tous ses éléments constitutifs, malgré l'insignifiance apparente du facteur extérieur qui provoque sa formation.

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Citons, pour terminer, une expérience connue de tous et répétée journellement sur des milliers de sujets. Il s'agit de la vaccination. Son principe consiste, comme 1’on sait, à prélever, dans un organisme malade, des germes virulents, à les cultiver dans un milieu peu adéquat où ils se multiplient dans des conditions défavorables en perdant leur, virulence, et à les réinjecter dans un organisme sain, qui constitue l'hôte normal du germe, et qui peut ainsi être immunisé sans subir une grave attaque de la part des germes atténués.

La perte de virulence représente un caractère acquis. D'après l'enseignement de la génétique classique, il ne devrait pas être héréditaire, et la bactérie, ramenée dans un milieu favorable, en l'occurrence l'organisme humain, devrait reprendre à la prochaine multiplication, c'est-à-dire presque immédiatement, toute sa virulence primitive et déclencher la maladie. Or, rien de tel ne se produit. Le germe atténué reste vivant dans l'organisme parfois pendant plusieurs semaines, se multiplie des millions de fois, mais on n observe jamais un retour à la virulence.


LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES

Anthère . Partie de l'étamine qui contient le pollen. Lors de la fécondation les grains de pollen pénètrent jusqu'à l'ovaire par l'intermédiaire du pistil. Pour féconder une plante à autofécondation par le pollen d'une autre plante, il est nécessaire au préalable de procéder à l'élimination des anthères (castration).

Assolement . Procédé d'amélioration du sol par une succession de cultures rationnelles. L'assolement peut être biennal, triennal, etc.

Croisement . (Voir hybridation.)

Hybridation . Obtention par voie naturelle ou artificielle d'un organisme vivant issu de parents d'espèces, de races ou de variétés différentes. L'hybridation sexuelle (par fécondation) se rencontre souvent dans la nature, tandis que l'hybridation végétative (par voie de greffe) ne peut être qu'artificielle. Elle est dite interspécifique quand le croisement a lieu entre espèces différentes, en opposition à l'hybridation intraspécifique, c'est-à-dire entre variétés appartenant à la même espèce.

Lignée pure . Une espèce est dite de lignée pure, quand, dans sa descendance, n'apparaît aucun caractère nouveau, resté latent pendant un certain nombre de générations.

Mentor. Soit un jeune hybride chez lequel se manifestent seulement les caractères de l'un des deux parents dont il est issu. Afin de conserver dans cet hybride les caractères désirables de l'autre parent, on prélève sur celui-ci une branche déjà âgée que l'on greffe sur le jeune hybride. C'est cette branche qu'on appelle le mentor ou l'éducateur, parce qu'elle rétablit et accentue chez le jeune hybride les caractères de l'arbre sur lequel elle a été prélevée.

Mutabilité . Possibilité qu'ont les facteurs héréditaires de se modifier sous l'influence de diverses causes, en particulier, les conditions de vie.
Mutation. Variation brusque et héréditaire dans les caractères de l'organisme vivant que les weismannistes font dépendre de modifications fortuites et imprévisibles dans les chromosomes. Pour l'école mitchourinienne, une telle « mutation » ne présente aucun intérêt. Les modifications de l'hérédité résultent d'une accumulation de changements provoqués dans l'organisme vivant en premier lieu par des conditions de vie modifiées et peuvent être obtenues par l'homme de façon consciente et dirigée.

Podzol . Sol pauvre portant généralement des forêts et constitué par des feuilles mortes délavées par la pluie.

Sélection. On distingue la sélection naturelle et la sélection artificielle. La première consiste dans la survivance des organismes vivants les mieux adaptés à des conditions données. La deuxième est le résultat d'un choix fait par l'homme en vue de l'amélioration de l'espèce.

Vernalisation . Procédé qui consiste à exposer, en chambre, des graines ou des plantes aux mêmes températures qu'elles subissent normalement dans la nature au cours du premier stade de leur cycle de croissance. Ainsi, des grains de blé d'hiver, traités pendant 30 ou 40 jours par le froid, peuvent être semés au printemps et arriver à pleine maturité, ce qu'on ne saurait obtenir sans ce traitement préalable. D'autres plantes, comme le coton, par exemple, ont besoin, par contre, de chaleur et de lumière pour accomplir leur cycle évolutif avant de parvenir à pleine maturité.