Sujet :

Libération des prisonniers du Rif !

Xuan
   Posté le 20-01-2018 à 18:44:48   

Maroc : Totale solidarité avec Jerada, une ville mobilisée contre la misère et la marginalisation


20 janvier 2018

par Nora Al Manzal




À Jerada, ville minière de l’Est du Maroc, le 22 décembre 2017, les frères Houcine et Jedouane Dioui ont trouvé la mort dans un puits de charbon. Les secours ne sont pas arrivés en temps opportun et c’est grâce à l’intervention de la population que d’autres ont pu en réchapper.

Cet accident est venu mettre en lumière une fois de plus -car ce n’est pas la première fois que des mineurs périssent dans des trous de mines artisanaux qui manquent de toute infrastructure de sécurité et de protection- les conditions précaires dans lesquelles les mineurs extraient le charbon depuis que la société de charbonnage a fermé en 1998. C’est d’ailleurs une ville où existaient, jusqu’à la fin des années 1990, de fortes traditions syndicales.

La population, fortement affectée depuis cette époque par le chômage et déjà remontée contre la hausse récente des montants des factures d’eau et d’électricité, ainsi que contre l’abandon des anciens mineurs souffrant de silicose, s’est immédiatement mobilisée. Elle a empêché que les autorités procèdent à l’enterrement à la va-vite des deux corps et exprime son exaspération devant l’absence de politiques publiques de reconversion de l’activité économique de la ville, par des mobilisations qui se succèdent depuis la date du 22 décembre 2017.

Les forces de répression ont tenté dans un premier temps d’éteindre le mouvement par la matraque, mais elles ont reculé, craignant que ne se cristallise à Jerada un nouveau « Hirak » (mouvement), à l’image de celui qui prévaut à Al Hoceima, dans le Rif, depuis maintenant 14 mois, sans que l’état de siège ni les arrestations et condamnations par centaines ne parviennent à l’éteindre . Les manifestants de Jerada ont d’ailleurs mis la revendication de la libération des prisonniers du Rif en tête du cahier revendicatif qu’ils ont élaboré depuis le début de cette mobilisation qui ne faiblit pas, plus de 15 jours maintenant après l’accident. Le vendredi 29 décembre une grève générale a paralysé cette ville de plus de 40 000 habitants, les commerçants ont baissé leurs rideaux et des milliers de manifestants sont sortis dans les rues, tandis que les habitants de villages voisins se joignaient à la mobilisation, marquant ainsi une extension du mouvement.

Le gouvernement a alors dépêché une délégation ministérielle, avec à sa tête le Ministre de l’énergie et des mines, afin de tenter de désamorcer le mouvement en lui proposant de vagues promesses. Mais cela n’a pas suffi à calmer les manifestants.

Ce dimanche 7 janvier 2018, malgré le froid et la pluie, des milliers de manifestants ont à nouveau envahi les rues, organisant un bruyant concert de casseroles. Une façon d’avertir les autorités qu’ils ne se contenteront pas de vagues promesses, mais exigent des propositions concrètes, dûment actées dans des PV. Aux revendications concernant l’emploi, la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, le renforcement des infrastructures sanitaires et médicales, s’ajoute maintenant la revendication de transparence et du principe de réddition des comptes, et une remise en cause du modèle économique en vigueur au profit d’un modèle alternatif à élaborer avec les habitants.

On voit donc qu’au-delà de l’émotion provoquée par la mort de deux jeunes mineurs, c’est un processus en profondeur qui est en train de se mettre en route à Jerada, profondément inspiré par le Hirak du Rif, mais trouvant ses propres formes de lutte, d’organisation, ses propres slogans et ses propres revendications.

Après la mort du poissonnier d’Al Hoceima, le drame des femmes mortes piétinées, dans la province d’Essaouira, lors d’une distribution de paniers de nourriture, les mobilisations de Zagora, ville restée sans eau du fait de l’accaparement des terres et de l’eau par les centrales solaires, le business touristique et l’agrobusiness, c’est maintenant au tour de Jerada de se soulever. Les manifestants ont appelé leur mouvement « Hirak », reprenant le terme utilisé à Al Hoceima, montrant par là la continuité des luttes qui éclatent dans différentes régions du Maroc.

Alors qu’une poignée de Marocains concentrent en leurs mains les richesses du pays, qu’un paradis fiscal s’est installé au cœur de Casablanca et que les investisseurs marocains partent à l’assaut du continent africain, à la recherche de nouvelles niches de profit, la population marocaine marginalisée et paupérisée exprime maintenant au grand jour ses souffrances et son exaspération. Et indique clairement aux autorités qu’elle ne se contentera plus de promesses et de mesures cosmétiques. Les problèmes sont structurels et seuls des changements structurels peuvent permettre de répondre aux aspirations du peuple.

Source marocleaks
Xuan
   Posté le 20-01-2018 à 18:57:38   

COMMUNIQUE/Comité des familles des détenus du MP dans le RIF à la prison civile d'Al Hoceima et ceux qui en sont transférés


Comité de Soutien au Mouvement Rifain

RACHID OUFKIR·SAMEDI 20 JANVIER 2018

COMMUNIQUE

Malgré nos appels répétés pour sauver les prisonniers politiques du mouvement rifain de la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent dans les différentes prisons de la honte, mais les nouvelles qui nous parviennent de nos détenus par leurs familles confirment l'aggravation de la situation par le traitement agressifs et de représailles de l’Etat via ses institutions pénitentiaires. À cet égard, nous notons avec déception le refus de l’administration pénitentiaire d’Okacha d’honorer leurs promesses faites à tous les détenus politiques en présence des représentants du Conseil National des Droits de l'Homme contre la suspension de leur grève de la faim, y compris la grève de l’eau sucrée. Au lieu d’accomplir leurs exigences simples, en particulier, les pensionnaires du quartier 6 nous sommes surpris que le siège qui leur est imposé a été renforcé et le harcèlement contre eux ne fait que sévir et en les provoquant par :

- L’enfermement de NASSER ZEFZAFI dans une cellule individuelle
- L’enfermement de nos détenus pendant une période de 23 heures,
- Raccourcissement de la durée de la promenade à une heure par jour
- Les détenus sont contraints de profiter de leur promenade d’une façon individuelle, ce qui empêche la communication entre nos détenus
-La livraison avec retard des produits de mauvaise qualité ce qui les rend incomestibles, de même que des produits dont ils ont besoin ne leur parviennent pas dans des délais raisonnables bien que leurs prix soient déduits de leurs soldes à l’économat de la prison
- Privation d'eau chaude pendant les jours les plus froids de l’année
- La mauvaise qualité de l'eau, contaminé par les oxydes de fer. et d’autres matériaux
- La mauvaise qualité de l’alimentation
- Les détenus ne sont pas soumis à des contrôles médicaux nécessaires contre les complications de la grève de la faim, bien que les symptômes graves sont apparus sur certains d'entre eux (Le cas MOHAMED ASSRIHI ,il vomit le sang, il souffre de l'ulcère de l'estomac, et le cas de MOHAMAD MEJJAOUI, dont la santé s’est détérioré de façon alarmante car il est contraint de se doucher à l'eau froide immédiatement après la suspension de la grève de la faim, et l'état de BADR BOULIHJEL qui a vu sa jambe enfler)

Dans ce contexte, nous condamnons fermement l’acharnement par la torture des prisonniers politiques et l’atermoiement dans l’accomplissement de leurs exigences et le fait que les promesses de l'administration pénitentiaire n’ont pas été honorées. Nous faisons porter la responsabilité au directeur en personne de la prison d’Okacha, et à la Direction générale des prisons, de ce qui peut résulter de leurs traitement agressifs et injustes en termes de conséquences sur la santé et la vie de nos détenus politiques. Nous affirmons, à qui de droit que le pari sur la discorde entre nos détenus à la prison d’Okacha, dispersés sur trois quartiers, vise à monter les uns contre les autres, diviser pour mieux régner, est un pari perdant qui mène nécessairement à l’échec . Nous avons appris ainsi que nos enfants que les tribulations et les injustices nous unissent et renforcent notre solidarité, surtout quand notre cause, de la taille de la cause du mouvement rifain de par sa noblesse, son pacifisme, et la justesse de son cahier revendicatif, nous demandons également à toutes les parties à l'intérieur et à l'extérieur du pays, qui cherchent à régler ses comptes et ses conflits sur le dos du RIF et ses enfants, qu’elles aient pitié de la patrie, qu’elles les laissent loin de leurs ambitions, leurs jeux et leurs querelles.

En conséquence, nous les familles des détenus politiques, nous renouvelons notre demande pour la libération immédiate des détenus. Nous mettons en garde l'institution judiciaire à sa responsabilité devant l’Histoire afin de ne pas continuer à gober le récit du ministère public, de tenir à l’écart la question de nos détenus de son cadre réel en tant que mouvement protestataire pacifique juste et ses demandes légitimes vers une question de complot, de séparatisme et de non-sens n’existent que dans l'imaginaire de ceux qui l’ont inventé, et de ne pas traiter les procès-verbaux de la police judiciaire comme une révélation et nos enfants détenus comme des criminels nés, bien que en vertu la loi et par la raison des choses, l’accusé reste innocent jusqu'à preuve du contraire. Par conséquent, nous exigeons de la justice d’écouter la voix des détenus, de leur défense et les organisations des droits humains nationales et internationales qui ont fait prouvé dans leurs rapports ce qu’ont souffert nos enfants en termes d’enlèvement, de détention arbitraire et la torture physique et psychologique à la brigade nationale de la police judiciaire à Casablanca, où on leur a concocté des dossiers fictifs qu’ils étaient forcés de signer. Comme nous mettons en garde contre l’accélération du rythme des audiences du procès de nos enfants en tenant 3 audiences par semaine ce qui est une procédure qui ne reflète pas la volonté réelle et efficace pour garantir un procès équitable pour nos enfants, et n’accorde aucune considération à l‘état moral des détenus et à celui leur défense, ni à la situation financiere et morale de leurs familles, aussi nous demandons un réexamen du procès de planification des audiences de nos détenus en tenant compte de la situation des détenus, de leurs familles et de la défense.

La situation tragique de nos détenus politiques ne se limite pas à la prison, il a été signalé au Comité par les familles des détenus politiques des détenus politiques de mouvement transférés à la prison agricole de Zaio que le directeur de la prison a intensifié au cours des dernières semaines les pratiques de représailles et le droit arbitraire à l’encontre des détenus politiques du mouvement qui souffrent les malheurs en termes de :

- Cruauté dans le traitement
- La malnutrition
- Privation d'eau chaude,
- Manipulation des demandes des détenus liées au ravitaillement via l’économat de la prison,
- Codification stricte de la durée de la visite et communication par téléphone.

Pire, selon les familles, le directeur de la prison a fait travailler les détenus du mouvement de façon arbitraire et contre leur volonté. De là, nous lui faisons porter la responsabilité dans le fait d’empiéter sur les droits et la dignité de nos enfants à travers des pratiques répressives et extrajudiciaires.
En conclusion, nous réitérons notre ferme condamnation des pratiques telles que les représailles et les mesures de rétorsion à l’encontre de nos enfants détenus et de leurs droits et de leur dignité. Nous demandons à toutes les parties concernées en lien avec la question des détenus, la délégation générale des prisons, le ministère de la Justice et le Conseil National des Droits de l'Homme et d'autres, à intervenir immédiatement pour arrêter l'état de détérioration dangereuse que connaissent nos détenus à la prison d’Okacha et nos détenus dans le reste des prisons, en particulier les prisons de Zaio et Taza. Nous leur demandons une intervention urgente pour sauver la vie du prisonnier politique REDOUANE AFASSI qui est entré dans sa quatrième semaine de grève de la faim en prison à Ras EL Ma à Fès. Dans ce contexte, le Conseil National des Droits de l’Homme, en tant qu’institution constitutionnelle, doit assumer l'entière responsabilité qui est la sienne à l'égard des détenus, et dévoiler ceux qui violent leurs droits et portent atteinte à leur dignité humaine, et d’exercer des pressions sur toutes les autorités concernées à respecter leurs promesses.
Nous saluons toutes les parties, les comités de soutien à nos détenus, les médias libres et toutes les consciences libres à travers le monde pour leur soutien à nos détenus et nous prions tout le monde à poursuivre et à intensifier leurs efforts pour sauver la vie de nos enfants et améliorer leur situation dans les prisons de la honte, dans l'attente de leur libération inconditionnelle et de l'accomplissement de leurs revendications justes et légitimes.
Pour le comité, le 19 janvier 2018