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histoires et images de "La Longue Marche"

Xuan
   Posté le 06-07-2017 à 15:56:16   

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La Longue Marche, un jalon historique incontournable



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JUIL
La Chine n’oublie pas son histoire et plonge dans ses racines la force des défis actuels. (note de Danielle Bleitrach)

2017-03-13 Texte de Li Xia


Le 23 septembre 2016, le président chinois Xi Jinping et d’autres hauts responsables de l’État, y compris Yu Zhengsheng, Liu Yunshan, Wang Qishan et Zhang Gaoli, visitent une exposition qui marque le 80e anniversaire de la fin de la Longue Marche au Musée militaire de la révolution populaire chinoise de Beijing. Crédits photo : Lan Hongguang / Xinhua

Il y a 80 ans, l’Armée rouge des ouvriers et des paysans chinois est arrivée à sa destination dans la province du Shaanxi, après avoir parcouru 12 500 kilomètres. La manœuvre militaire menée par l’armée sous la direction du Parti communiste chinois (PCC) d’octobre 1934 à octobre 1936 sera appelée la Longue Marche.

Le PCC et son armée se sont mis en marche vers l’ouest et ont ensuite viré vers le nord, endurant des difficultés et des souffrances inimaginables ; manquant de nourriture, ils ont subsisté en mangeant des racines et l’écorce des arbres. Beaucoup portaient des chaussures de paille et avaient à peine de quoi se couvrir durant l’hiver glacial. Ils ont traversé plus de vingt montagnes enneigées, endurant le manque d’oxygène dans des endroits que peu avaient bravé à des altitudes de plus de 4 000 mètres. De tous les marais qu’a traversés l’armée rouge, celui de Songpan sur le plateau oriental du Qinghai-Tibet était le plus dangereux. D’une superficie de 15 200 kilomètres carrés, il comprend de nombreux étangs boueux et tranchées.


Le 24 septembre 2016, Wang Tianbao (à gauche), ancien conseiller des Forces aériennes de Chine, examine un morceau de chaîne de fer lors d’une exposition marquant le 80e anniversaire de la fin de la Longue Marche au Musée militaire de la révolution populaire chinoise de Beijing. Crédits photo : Par Yin Gang / Xinhua


« J’avais de plus en plus de mal à respirer au fur et à mesure que l’oxygène se raréfiait, j’étais à peine capable de parler », s’est rappelé un des anciens dirigeants du PCC aujourd’hui décédé, Dong Biwu, en évoquant la traversée d’un pic enneigé pendant la Longue Marche. « Il faisait si froid que la vapeur que j’exhalais se figeait aussitôt, mes mains et mes lèvres étaient pourpres. Certaines personnes et têtes de bétail ont glissé dans la rivière glacée et ont disparu à jamais. Ceux qui se sont assis pour se reposer ont été rapidement engourdis par le froid. »

En plus de ces conditions naturelles rudes, l’armée rouge était assiégée par les forces du Kuomintang. Le récit de l’Armée rouge prenant le pont de Luding témoigne de l’ardeur des batailles. Pour arrêter la progression de l’armée rouge, les troupes du Kuomintang ont retiré les planches du pont suspendu sur la rivière Dadu, ne laissant que 13 chaînes de fer. Finalement, 22 soldats de l’Armée rouge ont risqué leur vie pour capturer le pont après une lutte féroce. La Longue Marche est un miracle de l’histoire humaine et une épopée glorieuse écrite par le PCC et l’Armée rouge.


Une unité de la Première armée du front de l’Armée rouge des ouvriers et des paysans chinois pose pour une photo après son arrivée dans le nord de la province du Shaanxi. En octobre 1935, la Première armée du front a achevé la Longue Marche après avoir rompu les sièges orchestrés par les troupes du Kuomintang et vaincu diverses barrières naturelles. CFB

Après avoir mené avec succès l’Armée rouge dans le nord du Shaanxi, où le soutien du peuple était fort, le PCC a vaincu les envahisseurs japonais et le Kuomintang et a fondé la République populaire de Chine en 1949. La Longue Marche a jeté des bases importantes pour cette victoire.

Après sa fondation en 1921, le PCC s’est d’abord allié au Kuomintang pour lancer la Grande Révolution visant à renverser les seigneurs de la guerre féodaux. La révolution s’est soldée par un échec, tout comme la coopération entre le PCC et le Kuomintang. Le premier a alors dirigé indépendamment la Révolution territoriale et organisé des opérations armées contre le gouvernement corrompu et contre-révolutionnaire du Kuomintang. En conséquence, l’Armée rouge et ses bases révolutionnaires ont continué à se développer. À son apogée en 1933, la zone soviétique centrale du PCC, qui se développait à partir de bases révolutionnaires dans le sud de la province du Jiangxi et dans la province occidentale du Fujian, couvrait 60 comtés, une population de 4,35 millions de personnes et un territoire d’environ 84 000 kilomètres carrés.



La tour des forces interarmées de l’Armée rouge à Huining, dans la province du Gansu. Ce mémorial s’élève à 28,78 mètres et se compose de trois pagodes de style traditionnel. La plaque de marbre au milieu porte les inscriptions de Deng Xiaoping : « Tour commémorative de la convergence des Première, Deuxième et Quatrième Armées des ouvriers et des paysans chinois ». CFB

En 1931, l’armée japonaise a organisé l’incident du 18 septembre dans le but d’occuper le nord-est de la Chine. Pour sauver la nation, le PCC s’est engagé dans la résistance contre l’agression japonaise. Cependant, le gouvernement du Kuomintang a rassemblé des forces pour assiéger la zone soviétique centrale, dans une tentative d’éliminer le PCC et son armée. Certains dirigeants du PCC ont commis l’erreur de s’attacher fermement au dogmatisme de gauche, entraînant l’échec de la cinquième campagne contre l’encerclement et la suppression menée par les troupes du Kuomintang. L’Armée rouge a été obligée de commencer la Longue Marche pour se retirer vers les zones dans lesquelles le Kuomintang était faible, plus près des fronts anti-japonais, afin de conserver ses forces pour se défendre contre les envahisseurs.



Le mont Jiajin traversé par l’Armée rouge pendant la Longue Marche dans la préfecture autonome tibétaine Aba et Qiang de la province du Sichuan. CFB

Comme l’a dit Deng Xiaoping, bien que la Longue Marche ait été une retraite militaire provoquée par les erreurs dogmatiques gauchistes de certains dirigeants du PCC et le siège imposé par les troupes du Kuomintang, le but ultime était de résister à l’agression japonaise et de sauver la nation. Pendant la Longue Marche, le PCC a diffusé des informations pour sensibiliser le public aux efforts de résistance contre les envahisseurs japonais et a recruté dans l’Armée rouge. Même dans les régions éloignées et isolées, les efforts de l’armée pour résister à l’agression japonaise ont gagné le respect et l’appui des résidents locaux.

Partout où elle est arrivée, l’Armée rouge a aidé les pauvres à renverser les despotes locaux, à distribuer les terres et à abolir les lourdes taxes. Les paroles d’une ballade populaire appellent à « soutenir l’Armée rouge pour gagner la guerre, la seule manière pour les ouvriers et les paysans d’être libérés ». Des slogans tels que « Peuple pauvre et affamé, viens rejoindre l’Armée rouge » et « L’Armée rouge sauve les pauvres » étaient visibles dans les villages traversés durant la Longue Marche.



En octobre 1936, les forces principales de l’Armée rouge, à savoir les Première, Deuxième et Quatrième armées du front, convergent à Huining, dans la province du Gansu, mettant fin à la Longue Marche qui durait depuis deux ans. CFB

Lorsque l’Armée rouge est arrivée dans la ville de Bijie, dans la province du Guizhou, les dirigeants du PCC ont rencontré Zhou Suyuan, un dignitaire local, et ont expliqué les théories marxistes et les points de vue du PCC. Zhou Suyuan est ensuite devenu commandant de l’armée du salut national et de résistance anti-japonaise du Guizhou du PCC et a rejoint la Longue Marche au nord du Shaanxi. Lorsque l’Armée rouge est arrivée dans les régions habitées par les minorités ethniques, son département politique général a ordonné à tous les officiers de se plier inconditionnellement aux coutumes et aux règles des minorités ethniques locales et de clarifier ces coutumes et règles à tous les soldats, de s’opposer aux préjudices et concepts de suprématie de l’ethnie han, ainsi que faire connaître les objectifs de l’Armée rouge aux personnes de toutes les minorités ethniques, en particulier ses idées sur l’autonomie ethnique et l’égalité. L’Armée rouge a appliqué avec rigueur les politiques du PCC sur l’égalité ethnique et la religion, ce qui lui a permis de gagner la confiance et le soutien des Tibétains locaux, dont huit moines éminents du monastère de Guihua à Zhongdian, dans la province du Yunnan. Le monastère a donné cinq tonnes de grain à l’Armée rouge.



Une arche de papier coloré construite par l’Armée rouge dans le nord du Shaanxi pour saluer les troupes arrivant de la Longue Marche. CFB

Dans son livre Étoile rouge sur la Chine, le journaliste américain Edgar Snow a écrit que « les commandants les plus élevés mangent et s’habillent comme des soldats ordinaires. Le Parti communiste n’a pas de fonctionnaires et généraux généreusement payés ou corrompus, alors que dans d’autres organisations militaires chinoises, une grande partie des fonds destinés aux militaires sont détournés par les officiers. » Malgré les difficultés de la Longue Marche, les idéaux, le courage, la sagesse et l’action du PCC ont inspiré les gens tout au long du chemin, et beaucoup d’entre eux ont rejoint l’Armée rouge. Par exemple, en février 1935, plus de 3 000 personnes se sont jointes à l’effort à Zhaxi, dans le Yunnan, et 6 000 autres de Jiangyou et Zhongba dans le Sichuan se sont jointes à l’Armée rouge entre avril et mai 1935. Les premières données montrent qu’un total de 43 000 personnes vivant le long du parcours ont rejoint l’Armée rouge entre novembre 1934 et septembre 1936.


Vestiges d’une planche traversée par l’Armée rouge pendant la Longue Marche. CFB

Le président Mao Zedong a dit que « la Longue Marche est la première de son genre dans les annales de l’Histoire. Elle est un manifeste, une force de publicité et une machine à semer des graines. Qui a fait de la Longue Marche une victoire ? Le Parti communiste. Sans le Parti communiste, une marche de ce genre aurait été inconcevable. »


Les chaînes de fer du pont Luding sur la torrentielle rivière Dadu. Le 25 mai 1935, l’Armée rouge a emprunté le pont Luding après sa première bataille de la Longue Marche, écrasant la tentative de Chiang Kai-shek d’éliminer les troupes communistes au sud du fleuve. CFB

Le PCC a surmonté les échecs en convainquant beaucoup avec peu de moyens et en vainquant les forts avec les faibles. La clé de la victoire de la Longue Marche est que le PCC a suivi l’appel des temps, a maintenu ses idéaux, a répondu aux espoirs du peuple, et a gardé son esprit d’altruisme. C’est l’héritage précieux que la Longue Marche a laissé au PCC, qui a progressivement facilité la création d’énormes richesses au cours de la révolution chinoise et du développement économique subséquent. Tout comme le président chinois Xi Jinping l’a déclaré, « la Longue Marche était une grande expédition en quête d’idéaux et de foi, testant la vérité et ouvrant de nouveaux horizons. »


Des herbes sauvages mangées par l’Armée rouge et un gilet porté par un soldat pendant la Longue Marche. CFB

Le 21 octobre 2016, le Comité central du PCC a tenu un rassemblement pour commémorer le 80e anniversaire de la victoire de la Longue Marche. Dans son discours, le président Xi a remarqué que « le grand esprit de la Longue Marche est la richesse spirituelle précieuse qui a coûté au Parti et au peuple un lourd tribut de lutte douloureuse. À chaque génération, nous devons garder à l’esprit, apprendre et promouvoir le grand esprit de la Longue Marche, en préservant sa force spirituelle qui continue à motiver le Parti, l’État, le peuple, l’armée et la nation pour progresser vers un avenir encore meilleur. » En soutenant l’esprit de la Longue Marche, les Chinois sont confiants dans leur propre développement et sont prêts à assumer les responsabilités de l’humanité et de l’avenir. C’est pourquoi le PCC chérit l’héritage de la Longue Marche.