Sujet :

le PCF et l'Europe

Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 09:03:13   

Ci-dessous une série d'articles parus dans Front Rouge n°6 en mai 1979



Mis en ligne tout récemment sur les Editions Prolétariennes avec avec de nombreus autres articles du PCRml et du PCMLF.

La situation nationale et internationale a été bien modifiée depuis, notamment avec la disparition de la superpuissance russe. Mais certains traits sont restés qui en font encore son actualité.
L'article permet de comprendre également l'évolution ultérieure du parti révisionniste, de la ligne Marchais à celle de Hue ou de Laurent, mais également la persistance de certaines positions chez des communistes critiques.


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LE PCF ET L'EUROPE


Au surlendemain de l'échec des élections législatives de 1978, le PCF s'est engagé dans une campagne effrénée contre «l'Europe germano-américaine», contre «le déclin et la vassalisation de la France».
Le comité central du PCF des 12 et 13 décembre 1978, d'ailleurs consacré pour une large part à la question européenne, a adopté un texte «pour une France indépendante : une Europe démocratique» comprenant «20 propositions pour l'Europe». Un livre Europe : la France en jeu rédigé par cinq collaborateurs du C.C. du PCF vient de paraître. Le projet de résolution pour la préparation du 23e congrès du PCF traite dans une partie non négligeable de : «La voie du déclin de la France», de «la vassalisation».
Il n'est en effet qu'à lire la propagande du PCF, qui présente une coloration toute particulière lorsqu'elle est adressée aux viticulteurs du Midi de la France ou aux sidérurgistes lorrains pour mesurer l'importance que celui-ci accorde à ce thème antieuropéen.



Pour le PCF la main de Bonn est derrière chaque restructuration, chaque licenciement en France, Schmidt-Carter dictent toutes les décisions du gouvernement Giscard-Barre..., tout est prétexte à enfourcher ce nouveau cheval de bataille comme l'illustrent ces quelques titres de numéros récents de l'Humanité :
« Argenteuil : Un non catégorique à la vassalisation de la France», « Roanne : Une nouvelle victime de l'Europe », « Boulogne victime d'un marchandage EuropeUSA» «Europe : la douloureuse expérience bretonne» «Cantonales : l'Europe a frappé dans la région parisienne»...

Dans cet article, nous allons examiner plus- en détail les arguments développés par le PCF, les campagnes qu'il mène dans le Midi et en Lorraine, ses propositions «pour une grande politique d'indépendance nationale de la France».
Nous allons tenter d'expliquer le pourquoi de cette campagne, du renouveau du thème de «l'union du peuple de France» sur la base de la défense de l'indépendance nationale.

«L'EUROPE GERMANO AMERICAINE»


«Comme en 1938 pour dénoncer la trahison de Munich, comme dans la Résistance à l'occupation nazie, comme en 1954 dans la lutte pour empêcher la création d'une armée
européenne sous commandement allemand et américain, le PCF se dresse résolument contre l'entreprise de régression sociale et de capitulation nationale. Il appelle au combat tous les travailleurs, tous les patriotes, ceux qui veulent une France écoutée et respectée, ceux qui veulent «vivre, travailler et décider au pays »
(Texte adopté par le Comité Central du PCF sur l'Europe : 12 et 13 décembre 1978).

A qui profite l'Europe ? Qu'est-ce que l'Europe ? Le PCF répond, c'est : «L'Europe des multinationales, animée par Brandt-Schmidt-Giscard d'Estaing-Lecanuet sous le patronage des milliardaires américains» - Gaston Plissonier.

L'Europe de Bonn

«Ce qui va être réalisé, c'est la domination de l'Europe et de la France par les capitalistes allemands. Ce que les Allemands n'ont pu obtenir en 1914 et en 1939, ils le conquièrent aujourd'hui» (1) déclare le PCF.
Selon le parti révisionniste, l'Allemagne de Bonn tente de «renforcer son hégémonie» en Europe, sous la tutelle américaine, parce que c'est un Etat capitaliste puissant, fort d'une politique «du tout à l'exportation» réussie, fort d'une monnaie très stable qui fait de lui le «Banquier de l'Europe» et lui permet ainsi de faire pression au niveau des institutions de la CEE pour faire entériner toutes les décisions qui lui seront favorables...
«Ces atouts allemands, la commission de Bruxelles fait plus que les prendre en compte, elle les consolide» ajoute le PCF, citant en leitmotiv la sidérurgie et le plan Davignon.

1 - La RFA est-elle ce géant économique dont parle le PCF?

L'économie allemande semble être aujourd'hui, parmi les économies impérialistes, celle qui supporte le mieux la crise avec le Japon ; sa balance commerciale est excédentaire, elle connaît un taux d'inflation assez faible et le DM est une des rares monnaies fortes.
Deux facteurs principalement ont permis à la RFA de se hisser au rang des grandes puissances économiques. Au lendemain de la guerre, tout d'abord, la RFA a hérité d'un appareil productif puissant et moderne, produit de l'accumulation très soutenue du capital pendant la période nazie et qui a été relativement peu détruit pendant la guerre.
Les crédits américains, le plan Marshall, l'«aide aux zones occupées» ont permis le financement d'une partie des investissements des secteurs de base (industrie lourde, énergie, transports...) et surtout la moitié des importations, principalement des matières premières.
Le deuxième facteur est constitué par l'afflux de 13 millions d'expulsés ou de réfugiés d'Allemagne de l'Est et de Pologne de 1954 à 1961 ; ce sera la main-d'œuvre qualifiée, et peu exigeante, dont a besoin l'économie allemande. La division de l'Allemagne va contraindre la RFA à choisir la carte du commerce extérieur, afin de financer l'achat de produits agricoles, de matières premières qui lui font défaut du fait de produits de l'industrie lourde (sidérurgie, métallurgie...)
L'économie allemande a connu une croissance très rapide de 1950 à 1975 ; on a même parlé de «miracle allemand».
Ainsi en 1974, la RFA a-t-elle été le pays capitaliste qui a le mieux supporté la crise ; au plus fort de la crise pétrolière, sa balance commerciale enregistrait un excédent de 50 milliards de DM.
Cependant la crise s'est passé à la RFA, dans les mêmes termes que pour les autres pays impérialistes : restructurer, redéployer et pour cela licencier, dégraisser les effectifs, comprimer les salaires. Les chiffres officiels annoncent 70 000 licenciements dans la sidérurgie allemande depuis 1970, dont 42 000 depuis 1974. En 6 ans, le nombre des chômeurs a été multiplié par 7... On recense plus d'un million de chômeurs, 250 000 travailleurs en chômage partiel ; depuis 74, près d'un million d'immigrés ont été expulsés... Et d'après un rapport de l'office fédéral de l'emploi, près de 5 millions d'emplois sont menacés dans les années à venir (1983).
Quant à la croissance de la RFA, bien que supérieure à celle des autres économies européennes, elle devient de plus en plus limitée : 8%
par an dans les années 50, 5% dans les années 60, 2,5% depuis 1970.

Et si la RFA se targue d'une inflation modérée, celle-ci s'élevait à 2,4% pour le premier trimestre 1979, chiffre particulièrement élevé comparé à la hausse des prix pour l'ensemble de l'année 1978, soit 2,6%.
Ainsi le géant allemand que présente le PCF repose-t-il sur des bases relativement fragiles, avec ses milliers de chômeurs. D'autant que si le modèle de collaboration de classe s'impose toujours aux travailleurs allemands par l'intermédiaire de leurs syndicats, il est cependant de plus en plus remis en question, comme on l'a bien vu lors de la dernière grève des sidérurgistes pour la semaine de 35 heures.
Comparativement à la France, la RFA apparaît donc comme une partenaire - certes plus forte, mais sans qu'il existe un écart fondamental. Résumé en terme de produit intérieur brut, l'Allemagne «pèse» le 1/3 de la CEE et la France 1/4.
Rapportée à la situation de 1970 (indice 100), la production de l'impérialisme allemand (indice 120) s'est moins développée que pour l'impérialisme français (indice 130).
Enfin, si le taux de chômage est moins fort en RFA (environ 3,5% de la population active) qu'en France (plus de 5%), les suppressions d'emplois y sont plus importantes, et certaines régions comme le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, de la Ruhr connaissent une situation particulièrement grave (7% de chômage).

Ainsi, si l'impérialisme allemand est la puissance économique dominante au niveau de la CEE, cette puissance est cependant relative, la RFA n'ayant pas plus que les autres impérialismes été épargnée par la crise.

2— La RFA est-elle le cheval de Troie des USA?

«La RFA renforce la domination des USA sur la CEE. L'axe Bonn – Washington doit faire de la CEE une région du bloc atlantique»(2) déclare le PCF, parlant à tout propos d'une Europe, empire germano-américain.

La RFA est-elle Le cheval de Troie des USA? Depuis la création de la RFA, la bourgeoisie ouest allemande n'a cessé d'affirmer sa fidélité au «camp occidental».
En 1974, le chancelier Helmut Schmidt s'exprimait dans ces termes :
«Si nous devons choisir entre l'Europe et les Etats-Unis, nous choisirons les Etats-Unis». Et en avril 78, alors même que les divergences germano-américaines s'approfondissaient, il continuait «L'amitié germano-américaine est si solidement établie que les divergences de vue quotidiennes, qui peuvent apparaître même dans la meilleure coopération, ne peuvent l'affecter».

Cette «amitié germano-américaine» qui pendant un temps a effectivement pris la forme d'une reconnaissance inconditionnelle par les allemands du leadership US, a des fondements multiples. C'est l'impérialisme américain qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale a décidé du sort de l'Allemagne occidentale, s'est porté garant de sa restructuration économique et politique, l'a intégrée dans le système de défense occidentale et lui a ainsi permis de se doter de la deuxième armée conventionnelle de l'Ouest. Sur le plan de la défense, la RFA est restée presque totalement dépendante du parapluie nucléaire des Etats-Unis, les accords découlant de la Deuxième guerre mondiale l'ayant privée de la possibilité de posséder une défense véritablement indépendante.
En avril 1978 Schmidt affirmait «l'évolution de l'idée européenne n'est possible que sous la protection des Etats Unis, le plus important partenaire de l'Alliance atlantique. Les Européens ont besoin de cette protection comme ils ont besoin de l'air pour respirer».

Cependant, depuis quelques années, particulièrement depuis l'arrivée au pouvoir de l'administration Carter, des contradictions importantes se sont fait jour entre la RFA et l'impérialisme US, et justement à propos de cette question de la sécurité.
Les études du Pentagone, rendues publiques en 1977, prévoyant l'abandon d'un tiers du territoire ouest-allemand en cas de conflit avec l'Union soviétique ont très sérieusement ébranlé la confiance de la RFA concernant la réelle volonté des USA de garantir la sécurité en Europe.
Les tergiversations américaines à propos de la bombe à neutrons n'ont pas été propres à rassurer les dirigeants ouest-allemands. En effet après avoir obligé la RFA à se prononcer pour le stationnement de la bombe N en Europe, prise de position que le gouvernement fédéral aurait souhaité éviter. Carter a renoncé à la fabrication de cette bombe, rendant plus vulnérable encore la position de l'Allemagne face à l'URSS.
De plus en plus, la bourgeoisie allemande craint de n'être qu'un objet de marchandage entre les deux superpuissances.
Sur le plan économique, la RFA a également opposé certaines résistances aux prétentions américaines. En février 1977, le gouvernement ouest allemand refusait ainsi de renoncer à la vente d'une centrale nucléaire et d'une usine d'enrichissement au Brésil, malgré la mise en demeure sévère des USA. L'impérialisme allemand dans ses quelques tentatives d'opposition aux pressions américaines se retrouve aux côtés de l'impérialisme français, c'est le cas de la mise en œuvre de programmes européens dans le domaine de l'aéronautique, de la fabrication des surrégénérateurs, c'est le cas de la mise en place dernièrement du système monétaire européen (SME). La faiblesse du dollar, ses fluctuations permanentes qui avaient des répercussions évidentes sur les monnaies européennes ont amené les gouvernements allemand et français à créer le SME. En fixant des marges de fluctuations maxima entre les monnaies européennes le SME a pour but de constituer une zone de stabilité monétaire européenne.
Dans le même temps où se développaient ces contradictions entre le gouvernement ouest allemand et la superpuissance US, on assistait à un certain rapprochement de Bonn avec l'Union soviétique.
Depuis les débuts de l'Ostpolitik engagée par le gouvernement social-libéral de Brandt et Scheel à la fin des années soixante, la RFA a misé sur la «détente» dans ses relations avec l'Est, engageant des négociations avec l'URSS et les pays de l'Est, reconnaissant la ligne Oderneïsse et la RDA. Si ainsi dans un premier temps, la RFA a vu s'ouvrir à elle les marchés de l'Est et a pu se démarquer un peu vis-à-vis des Etats-Unis, cette politique a permis à l'URSS d'exercer ses pressions sur le gouvernement de Bonn. Et si les dirigeants ouest allemands se déclarent préoccupés par la course aux armements soviétique, eux qui se trouvent en première ligne face aux visées expansionnistes de l'URSS, ils n'en continuent pas moins à prôner la politique de détente vis-à-vis de l'URSS.
La RFA s'est ainsi opposée au stationnement des fusées à portée moyenne de l'OTAN sur son territoire en réponse aux SS-20 soviétiques, craignant les réactions du social-impérialisme, craignant que soit «annulée une partie décisive de nos efforts pour la sécurité » (Wehner). Dernièrement un certain nombre de déclarations des dirigeants sociaux-démocrates ont montré qu'ils étaient prêts à d'importantes concessions à la superpuissance soviétique au nom de cette soi disant détente. Ainsi Schmidt s'est prononcé contre la vente d'armes des pays occidentaux à la Chine, estimant que les relations commerciales avec la République populaire de Chine ne devaient se faire à aucun prix aux dépens des relations avec la superpuissance
soviétique. Le chancelier allemand a d'ailleurs félicité l'URSS pour son «sang froid» dans le conflit Vietnam-Chine.
Un autre dirigeant social-démocrate devait dire à la même occasion «l'affirmation comme quoi la politique extérieure de l'Union soviétique serait expansionniste, est tout simplement fausse». Et au cours du débat récent au Bundestag sur le désarmement, le chef dgroupe parlementaire du SPD, Wehner a déclaré : «Certes, il existe une philosophie selon laquelle une menace viendrait de l'Union soviétique. Moi je le conteste. De son potentiel, il faut en discuter avec elle, mais c'est défensif, et non pas agressif».
Dans le même temps, les négociations avec la RDA semblent se débloquer, (voir les accords économiques concernant un canal de liaison entre les deux Berlin), tandis qu'une partie de la bourgeoisie, vivement critiquée d'ailleurs par les dirigeants sociaux démocrates parle de plus en plus ouvertement de réunification de l'Allemagne.
Les contradictions qui opposent la RFA et les USA, principalement au sujet de la défense n'aboutissent pas à une remise en cause de la domination américaine en Europe.
Les liens germano-américains restent des liens privilégiés, et les Etats-Unis disposent toujours, du fait de la dépendance quasi-totale de la RFA en matière de défense, d'un puissant moyen de pression sur l'Allemagne de l'Ouest.
Cependant ces contradictions existent, elles se sont développées dans la dernière période et ont abouti pour l'instant à un certain rapprochement entre Bonn et le social-impérialisme qu'il ne faudrait d'ailleurs pas surévaluer. Peut-on donc à cet égard, parler de la RFA comme le fait le PCF, comme d'un cheval de Troie des USA, permettant aux USA une domination sur l'Europe par impérialisme secondaire interposé? La réalité infirme cette analyse qui ne tient pas compte des éléments nouveaux, des contradictions limitées mais réelles qui opposent la RFA à la superpuissance US.

3- Le plan Davignon constitue-t-il la mainmise de la RFA sur la sidérurgie française?

Dans sa propagande, l'élément choc que ressort le PCF à chaque occasion, c'est le plan Davignon-,plan de réduction concertée de la production d'acier dans chaque pays d'Europe qui porte le nom du commissaire belge Davignon :
«Davignon, ce vicomte et technocrate, servant bien les intérêts des grandes sociétés multinationales européennes et surtout allemandes, a mis dans son plan la destruction d'une partie importante de la sidérurgie et des mines de fer françaises» (3).

Or curieusement, la première version de ce plan, visant donc à fixer des quotas de production pour chaque pays, par produit et par usine, a été adopté sous la pression des maîtres de forge français. Il ne concernait alors que les «ronds à béton» et les capitalistes de la sidérurgie française craignaient la concurrence des «bresciani», les producteurs italiens spécialisés dans les ronds à béton.
En 1974, la sidérurgie des pays de la CEE est dans son ensemble, plus vétusté, que celle de ses grands concurrents, notamment le Japon. Le nombre d'heures de travail nécessaire à l'élaboration d'une tonne d'acier (voir tableau) laisse apparaître de très grandes différences principalement avec le concurrent japonais.
Or la crise, entraînant une perte de débouchés intérieurs et extérieurs, amène les 9, qui se livrent à une concurrence acharnée, à se concerter pour limiter les effets les plus sauvages de cette concurrence.
Le plan Davignon est issu de cette concertation, qui est le résultat, comme chaque plan européen, du rapport de force entre les différents impérialismes en présence.
Ce plan appelé également «plan anti-crise» a été adopté par le conseil des ministres des 9 en décembre 1977, donc pour l'ensemble des Etats, dont l'impérialisme français, et non promulgué par le sieur Davignon lui-même...
Ce plan prévoit deux volets, l'un interne, l'autre externe.
A l'intérieur, des prix minima ont été fixés pour les produits longs les plus touchés par la crise, des prix ont été recommandés pour les autres produits. Des quotas de production ont été négociés entre la Commission de Bruxelles et un groupement constitué de tous les maitres de forges européens, à l'exception des «bresciani».
A l'extérieur, des accords d'autolimitation ont été négociés avec les fournisseurs extérieurs de la Communauté pour stabiliser leurs ventes, des actions anti-dumping ont été organisées contre les importations faites par les pays tiers vendant à des prix trop bas.
La restructuration de l'industrie sidérurgique n'est pas chose nouvelle. Depuis 1975, d'après les chiffres officiels de la CEE, elle a signifié 100 000 licenciements dont 60 000 depuis 1977.

Les licenciements dans la sidérurgie.

RFA : 26 000
GB : 25 000
France : 22 000
Belgique : 15 000
Luxembourg : 6 000


Cela n'est pas suffisant, déclarent les experts de la CEE, qui considèrent que les capacités de production actuelles devront être réduites d'environ 20 à 25 millions de tonnes, entraînant par conséquent la fermetures des installations les moins compétitives. Pour certains produits comme le fil machine, les tôles, les profilés lourds l'excédent de capacité atteint, disent-ils, 20%, et il est de l'ordre de 13 % pour l'acier brut.
D'autres phases sont prévues dans le plan Davignon, ainsi «l'interdiction des aides nationales qui conduiraient à un accroissement des capacités de production ou qui fausseraient les conditions de concurrence» et des «prêts accordés pour faciliter la modernisation des entreprises et encourager les mesures de nationalisations»... «Le sens le plus profond du Plan Davignon : partager équitablement le coût de l'indispensable mutation sidérurgique et maintenir l'unité européenne» pouvait-on lire dans une revue de la CEE. «Ce partage des sacrifices», c'est bien la bourgeoisie européenne des 9 qui l'a décidé, acceptant de sacrifier des milliers d'emplois pour tenter de reconquérir une compétitivité à la dimension du marché mondial. Il en est ainsi de la bourgeoisie française qui a accepté ce plan de restructuration et de licenciements au conseil des ministres européens ayant elle-même fait la proposition d'un tel plan dans la perspective de lutter contre la concurrence des bresciani, les capitalistes italiens.
S'il en avait été autrement, le gouvernement français aurait pu user de son droit de veto, la règle de l'unanimité s'appliquant au sein du conseil des ministres, ou bien même déclarer la décision inapplicable à son égard comme la Grande Bretagne l'a fait à propos du Système monétaire européen ou de décisions agricoles qui ne lui convenaient pas.
Doit-on, comme le prétend le PCF, s'en prendre seulement aux trusts allemands et considérer que l'impérialisme français s'est vu imposer ces licenciements par un diktat allemand ? Comment expliquer alors que l'impérialisme allemand a lui-même procédé au licenciement
de 42000 sidérurgistes depuis 1974, que la production d'acier de la RFA a baissé de -23% depuis 1975 alors que cette baisse atteignait -15% en France?
Le plan Davignon est un plan de restructuration approuvé par l'ensemble des bourgeoisies de la CEE, et les responsables de la crise dans notre pays restent bien, quoiqu'en dise le PCF, les trusts et l'Etat bourgeois français.

Le «danger allemand» existe-t-il?

L'Allemagne que présente le PCF, géant économique sans partage, inféodé totalement aux USA, ayant la haute main sur les institutions européennes n'existe pas.
Il ne s'agit pas, pour nous, de nier la réelle puissance économique de la RFA, 3ème puissance industrielle, 2ème puissance commerciale, 1er exportateur mondial en 1978. Il ne s'agit pas de nier les liens privilégiés que la RFA tisse avec la superpuissance américaine, ni le rôle de la RFA au niveau européen. Il s'agit encore moins de déclarer ici que jamais dans l'avenir l'impérialisme allemand ne pourra exercer une hégémonie régionale sur l'Europe.

Cependant, aujourd'hui quand le PCF appelle à une «nouvelle résistance» contre les «revanchards» allemands, quand il appelle à faire «comme en 1914 et 1945», il convient de s'interroger sur les possibilités qu'aurait l'impérialisme allemand de mettre en œuvre sa politique hégémonique en Europe au service des USA.
Or on se rend compte que l'impérialisme allemand n'a pas été épargné par la crise et que sa puissance économique, comparée à celle de l'impérialisme français ne révèle pas un écart tel qu'il puisse donner un avantage décisif à la RFA, que cette prospérité économique de la RFA, dépendant en grande partie de ses exportations (elle exporte plus du quart de son PNB ; en 1976 les pays européens ont acheté presque 70% des exportations allemandes) la lie très étroitement au sort de ses partenaires européens.

On se rend compte que si la bourgeoisie ouest-allemande a réussi à obtenir un consensus social sur la base de sa prospérité économique, cette démocratie musclée, ce qu'on appelle le «modèle allemand» est remis en cause, comme l'ont montré les sidérurgistes allemands. L'impérialisme allemand d'autre part ne dispose pas des mêmes atouts que d'autres pays impérialistes de la CEE au niveau des relations internationales et principalement dans ses relations avec les pays du Tiers Monde.
Dans ces conditions qu'est-ce qui permettrait à la RFA d'asseoir ainsi sa domination politique sur l'Europe? Qu'est-ce qui permettrait de dire comme le PCF que la France sera bientôt «une France désarticulée, affaiblie, noyée dans un conglomérat placé sous l'hégémonie ouest-allemande et la haute tutelle des Etats-Unis : les décisions vitales pour notre peuple prises non à Paris mais à Bruxelles (ou Bonn), le parlement français dessaisi de ses droits essentiels, le franc soumis au mark, l'armée française intégrée dans une force européenne, et atlantique, la colonisation culturelle» ? (4)
Le PCF répond, indiquant que l'hégémonie de la RFA et donc la «vassalisation» (5) de la France s'opèrent par l'intermédiaire des multinationales et des institutions européennes...

La «vassalisation» de la France

L'Europe qui se prépare dans les cabinets ministériels, affirme le PCF, c'est un ensemble intégré de provinces dirigé par les multinationales, c'est Paris devenu sous préfecture, la France transformée en vassale de Bonn et de Bruxelles.

Le PCF a chargé ses meilleurs économistes afin qu'ils argumentent cette analyse et expliquent pourquoi, depuis quelques mois, Giscard pratique une réelle politique d'abandon national au profit de l'Allemagne toute puissante.
Cette explication fluctue, au gré des publications du PCF, selon qu'elle s'adresse aux viticulteurs du midi ou aux sidérurgistes lorrains.
L'explication, c'est tout simplement la crise.
Jusqu'à la fin des années 60, dit le PCF, la concentration et la centralisation du grand capital industriel et financier se sont faites essentiellement sur des bases nationales. Mais avec la crise, et la libération totale des échanges au sein du marché commun en 1968, les grands groupes financiers vont être, dit-il, «poussés vers l'extérieur», amorçant une internationalisation du grand capital, aboutissant à la constitution de grands groupes multinationaux. C'est alors que les intérêts de ce grand capital et de la nation vont diverger et qu'une nouvelle orientation européenne va s'imposer. C'est ainsi qu'en 1972, «sous la poussée des multinationales», la Grande Bretagne va entrer dans le Marché Commun, «accélérant la stratégie de multinationalisation» du capital.
Alors la bourgeoisie française, qui ne serait plus porteuse des intérêts nationaux (elle l'aurait été avant 1968), mais des intérêts des multinationales, face à la crise, accepterait de «brader», de «casser», de «mutiler», de «désagréger la France et l'appareil productif national» et y trouverait ainsi son profit. Etrangement, le gouvernement bourgeois français serait donc à la fois un gouvernement d'abandon national, le vassal inféodé à la RFA, et en même temps le représentant des multinationales et tirant profit de ces abandons.
Dans le même mouvement la RFA, continue le parti révisionniste, qui avec la crise aurait considérablement accru son poids en Europe, soit parce qu'elle est un «géant économique», soit parce que affaiblie par la crise elle aurait besoin de peser encore plus sur ses partenaires économiques (l'explication est variable pour le PCF) tendrait à l'hégémonie économique et politique en Europe, en liaison avec l'impérialisme US et par l'intermédiaire bienveillant de la CEE, des institutions européennes.
L'argumentation, on le voit, si elle est simpliste, n'est cependant pas des plus claires. Examinons de plus près ce que le PCF entend par «vassalisation de la France». L'impérialisme français est-il dominé, par les multinationales toutes puissantes et les institutions de Bruxelles, porte voix de l'impérialisme allemand?

• Le diktat des multinationales ?

L'Europe est dominée, dit le PCF, par «une centaine de groupes» européens, groupes financiers (Parisbas, groupe Rothschild, société financière européenne,...) et groupes industriels, au capital apatride et qui décideraient du sort des Neuf.

Il est clair que l'Europe de la CEE est celle des patrons, des bourgeoisies européennes et non celle des travailleurs. Il est clair que l'existence du Marché commun a été favorable au développement des grosses entreprises, dont les capitaux proviennent de plusieurs pays européens (Shell, BP, Fiat, Renault), et surtout d'entreprises à capitaux européens et américains.
Cependant le schéma présenté par le PCF, de ces trusts, requins multinationaux, dictant leur loi sur l'Europe et tirant les ficelles depuis Bruxelles, correspond-il à la réalité ?
N'est-ce pas nier le rôle des Etats nationaux et voir dans la CEE une entité supranationale qui les aurait déjà intégrés, absorbés ?
Ces multinationales, qui apparaissent comme des monstres tentaculaires contre lesquels la lutte semble vouée à l'échec du fait de leur dimension internationale, qui étaient jusqu'à présent d'ailleurs l'objet de la propagande du PS plus que celle du PCF, ces multinationales sont-elles ou non «apatrides» ?
Peut-on affirmer qu'existe, dans l'espace économique européen constitué par le Marché commun, marché à l'échelle duquel les capitalistes peuvent effectivement concentrer et gérer leurs activités, un capital financier européen ? Il semble que non. Pour leur quasi totalité, les entreprises, même multinationales, c'est-à-dire exerçant leurs activités de production dans plusieurs pays, restent contrôlées, tant financièrement que par d'autres liens (dirigeants,...) à partir d'un pays déterminé. Renault, par exemple, possède des entreprises dans 23 pays.
On en peut pas cependant parler à son égard de société apatride, le centre de décision de Renault est situé en France et lié aux intérêts de la bourgeoisie française.

Les rares exemples actuels d'entreprises «au dessus des Etats», d'entreprises européennes, sont situés dans les secteurs de l'aéronautique (Airbus), du nucléaire (Eurodif), de l'espace (Agence Spatial Européenne), c'est-à-dire dans des secteurs de pointe où la rentabilité immédiate est nulle, ou pour le moins incertaine.
Ces entreprises ont mis d'ailleurs en œuvre pour l'essentiel des capitaux publics.
Et il est à noter que le PCF est tout à fait partisan de ces initiatives européennes.

Que l'Europe ait accéléré le processus de concentration et ait profité aux multinationales, c'est exact, mais que ces multinationales soient des entités autonomes indépendantes des Etats nationaux, exerçant leur diktat sur l'Europe, cela n'est pas la réalité.
Le discours du PCF est d'ailleurs peu clair sur cette question. Les multinationales dictent leurs lois sur la CEE, déclara-t-il, et ainsi favorisent l'impérialisme allemand. Comment expliquer ce tout de passe-passe ?
En rejetant les conséquences de la crise sur les multinationales, le PCF tend ainsi à minimiser le rôle des bourgeoisies et principalement de l'impérialisme français.

• Le diktat de Bruxelles ?

Deux questions se posent lorsqu'on examine la propagande du parti révisionniste. Existe-t-il une Europe supranationale dont les institutions de la CEE seraient les organes dirigeants ? C'est cette Europe que présente le PCF lorsqu'il décrit la commission de Bruxelles prenant toutes sortes de décisions impératives pour les Etats, lorsqu'il décrit le plan Davignon. Et dans ce cadre, comment l'impérialisme allemand peut-il exercer son hégémonie ?

A l'heure actuelle, les organes dirigeants de la CEE sont les conseils, conseil des ministres et conseil européen, qui réunissent les ministres et les chefs d'Etat et de gouvernement des Neuf. Au sein du conseil des ministres depuis les accords de Luxembourg de 1966 la règle de l'unanimité s'applique pour toutes les décisions importantes. Le conseil européen, institutionnalisé en 1974 dans la CEE était auparavant un cadre à une concertation des différents chefs d'Etat. A l'heure actuelle, donc, l'aspect principal sous lequel se présente la construction politique de l'Europe c'est celui de la concertation entre les Etats.
La règle de l'unanimité signifie qu'un Etat peut opposer son veto à une décision qui ne lui conviendrait pas. Les décisions prises au niveau européen le sont donc en commun par l'ensemble des bourgeoisies européennes.

La construction européenne n'est pas telle qu'elle supprime toute marge de manœuvres aux différents gouvernements. Le Grande-Bretagne ayant souvent marqué de fortes résistances à certaines décisions de la CEE, a obtenu des dérogations (système monétaire européen), même des révisions de décisions déjà prises (marché commun agricole).

Chaque impérialisme terne d'imposer ses vues, les conseils des Neuf sont des lieux d'affrontements entre les impérialismes concurrents qui tentent de faire payer à leurs partenaires européens les difficultés qu'ils subissent du fait de la crise.
Mais ces décisions prises par la CEE. si elles sont l'objet du rapport de forces existant entre les Neuf, ne sont pas actuellement les émanations d'un pouvoir supranational, indépendant des Etats, et guidé dans l'ombre par les multinationales et l'impérialisme allemand.

D'ailleurs comment la RFA pourrait-elle aujourd'hui dans ce cadre, imposer sa volonté aux autres impérialismes, agir en puissance hégémonique eu Europe ? Nous avons déjà examiné que si la puissance économique de la RFA est réelle, celle-ci doit compter avec les autres impérialismes et notamment l'impérialisme français qui prétend également à cette première place au niveau européen. Or dans le cadre de la concertation européenne, si la puissance économique, la monnaie forte de la RFA sont des atouts en sa faveur, l'impérialisme ouest-allemand ne peut pas pour autant imposer ses décisions aux autres membres de la CEE, qui doivent donner leur accord pour chacune de ces décisions.

Le PCF indique que l'élargissement de la CEE à l'Espagne, à la Grèce et au Portugal entraînerait l'abandon de la règle de l'unanimité au conseil des ministres et renforcerait le poids de la RFA sur l'Europe. Sur le premier point il ne s'agit en aucune manière d'un automatisme même si cela constitue effectivement une possibilité, la commission ayant fait une proposition en ce sens jugeant qu'à douze il serait difficile d'aboutir à une position commune, unanime. Quant à dire que cet élargissement du Marché commun renforcerait le poids de la RFA, on voit mal, à vrai dire, de quelle façon. Car si des liens étroits existent entre Bonn, Madrid et Lisbonne, l'impérialisme français, avec un léger retard, n'est pas mal placé non plus.

Alors quelle réalité présente l'image du PCF de la France «vassalisée» ? Les multinationales sont tout d'abord des sociétés nationales et sont donc représentées par leur bourgeoisie nationale. L'Europe à son stade actuel n'est pas une Europe supranationale, mais est avant tout animée par la concertation des différentes bourgeoisies.
Enfin, si l'impérialisme allemand est une puissance importante, il connait cependant des difficultés et l'impérialisme français est en mesure de rivaliser avec lui.

La bourgeoisie française, une bourgeoisie «compradore» (le PCF n'emploie pas encore le terme, mais il la définit ainsi) vendue à l'étranger et en même temps représentante des intérêts des multinationales ?
L'impérialisme français, un impérialisme dominé par l'Europe, l'Allemagne et les USA ? Est-ce cela que nous vivons ? Il ne semble pas. En vérité, si depuis la crise, le gouvernement français a procédé à des restructurations importantes, à la liquidation de certains secteurs (tanneries, textile,...), s'il a renforcé l'exploitation et la répression des travailleurs, n'est-ce pas pour faire payer la crise aux travailleurs ?
Devons nous nous apitoyer sur le sort des capitalistes français et nous unir avec eux contre «l'ennemi allemand» qui serait d'après l'analyse du PCF «l'ennemi principal», ou au contraire porter nos coups contre eux et la bourgeoisie française ? La réponse, les sidérurgistes du Nord et de Lorraine nous la donnent en luttant résolument contre les licenciements que veut leur imposer la bourgeoisie française.

Il reste à s'interroger sur ce que propose le parti révisionniste comme solution «alternative» et pourquoi il s'ingénie à brosser ce tableau imaginaire faisant de l'impérialisme français une victime contre qui on prépare «un mauvais coup».



«L'ALTERNATIVE»


«Rien n'est joué. Ce mauvais coup peut être empêché» déclare le PCF, présentant son «alternative» : «20 propositions pour l'Europe» ont été adoptées par le comité central du PCF en décembre dernier et constituent le programme du PCF en vue de l'élection des députés à l'assemblée européenne qui se déroulera en France le 10 juin prochain.

Ces propositions que devraient défendre les élus révisionnistes du futur parlement sont sensées représenter «l'alternative» à «l'Europe germano-américaine» actuelle et permettre la mise en œuvre «d'une grande politique pour la France».
Examinons les.

20 propositions révisionnistes pour l'Europe


• Des modifications importantes

Le PCF propose tout d'abord de renégocier une série d'accords intervenus entre les Neuf.
5e proposition : «demander la renégociation des règlements agricoles du Marché commun». 6e proposition : «réexaminer les grands dossiers en cours en matière industrielle, agricole et commerciale ».
7e proposition : «négocier avec l'ensemble de nos partenaires européens, en premier lieavec la RFA, un rééquilibrage de nos échanges commerciaux, comme de nos relations industrielles, financières et monétaires ».
Il n'indique pas cependant de quelle façon pourraient être renégociés ces différents accords, ni à quel résultat aboutiraient ces renégociations.

• Contre l'élargissement du Marché commun

Depuis l'été 78, c'est un nouveau mot d'ordre du PCF autour duquel il a mené une campagne d'envergure dans le Midi viticole. C'est sa première proposition : «refuser l'élargissement de la CEE, synonyme d'abandon national, de régression sociale, de destruction des capacités productives de l'agriculture comme de l'ensemble de l'économie française ».

Nous reviendrons sur cette question importante de l'élargissement de la CEE à la Grèce, au Portugal et à l'Espagne, question qui fera l'objet d'un prochain article. Disons simplement que pour le PCF, qui présente cet élargissement comme directement lié à la prochaine consultation électorale, cette entrée des trois pays d'Europe du Sud dans le Marché commun entraînerait inéluctablement des conséquences économiques catastrophiques pour le Midi viticole, pour la France, pour les trois pays concernés et pour l'ensemble de la CEE, et affirmerait politiquement le poids de la RFA sur l'Europe.

Il convient de rappeler tout d'abord que les négociations entre les pays de la CEE et l'Espagne et le Portugal sont à peine engagées, et qu'il est prévu dans les conditions d'adhésion des délais de cinq à dix ans avant d'aboutir à une intégration économique dans le Marché commun ; d'autre part des relations commerciales très importantes existent déjà entre ces pays et la CEE, donc cette question n'est ni tout a fait nouvelle ni immédiatement posée.

Il faut d'autre part examiner quelles conséquences entraînera cet élargissement. Il est une question sur laquelle bien sûr le PCF ne s'interroge pas, c'est de savoir si cet élargissement permettra ou non une résistance plus grande de l'Europe aux pressions des deux superpuissances. Renforçant l'intégration européenne, ne rendra-t-il pas plus difficiles ces pressions qui s'exercent plus facilement sur un pays isolé donc plus faible ? Ces trois pays qui possèdent une longue tradition de luttes de classe, dans lesquels la classe ouvrière a maintes fois manifesté sa combativité, ne seront-ils pas un frein dans les tentatives des bourgeoisies des Neuf pour mettre en place un modèle de collaboration de classes, modèle que les pays capitalistes d'Europe du Nord ont jusqu'ici réussi à imposer à leur peuple ? Enfin la liquidation des petits producteurs du Midi est-elle comme le déclare le parti révisionniste, inéluctable du fait de l'élargissement ? Une lutte résolue des viticulteurs ne pourrait-elle pas faire reculer le gouvernement, en imposant des conditions garantissant leur existence ? C'est à ces questions que nous tenterons de répondre dans un prochain article.

• Des vœux pieux

Une série de propositions, qu'on retrouvera d'ailleurs certainement dans l'ensemble des programmes électoraux des partis bourgeois, sont destinées à rapprocher du PCF certaines couches, femmes, écologistes, immigrés, jeunes,...
4e proposition : «assurer l'égalité des droits entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le travail, la formation et la promotion professionnelles.»
3e proposition : «pour les jeunes... prise en compte de leurs revendications au droit au travail, à l'éducation et aux loisirs, à la parole et à la participation».
10e proposition : «élaborer une convention européenne de l'environnement».

• «Démocratiser les institutions européennes»

Quatre propositions (12, 13, 14, 15) sont axées sur cette question, que le PCF avait développée au moment de la signature du Programme commun.
Le PCF tout en refusant toute extension des pouvoirs de l'assemblée européenne demande «l'Assemblée devra être plus étroitement associée à la préparation des décisions de toute nature de la communauté, et en particulier pouvoir exercer un contrôle effectif sur l'ensemble des activités, des organismes de la CEE, notamment de la Commission.» Le PCF insiste sur le fait que l'assemblée «doit continuer à tenir des sessions à Strasbourg» sans préciser en quoi cette mesure constitue un élément démocratique !

C'est dans l'article 15 qu'est contenue ce que le PCF appelle «la démocratisation des institutions européennes». Il s'agit en fait de «démocratiser» deux organes communautaires, deux comités qui ne possèdent qu'un pouvoir consultatif : le Comité économique et social, et le Comité de gestion du FEOGA. Le Programme commun de 1972 précisait les choses. Ainsi le Comité économique et social «devrait être composé pour moitié de représentants des syndicats de salariés, désignés par les organisations nationales représentatives, au prorata des suffrages obtenus par chacune d'elles aux élections sociales, et pour l'autre moitié, de représentants des autres catégories sociales et de personnalités désignées par les gouvernements ». Le Comité de gestion du FEOGA, fonds européen d'orientation et de garantie agricole, instrument de financement de la politique agricole communautaire «devrait être composé pour moitié de représentants des agriculteurs, et pour moitié de représentants des administrations nationales». Cette «démocratisation», dont on perçoit rapidement les limites, puisque ne concernant que des organes secondaires, sans réels pouvoirs et ne permettant en aucune façon aux travailleurs de prendre aucune décision, consistant seulement à déléguer des représentant (dont, concernant les syndicats d'agriculteurs notamment, on sait ce qu'ils valent), cette «démocratisation» qui s'inscrivait dans la perspective proche d'une participation au gouvernement, aujourd'hui le PCF ne la définit même plus, restant dans un flou artistique.

• «L'indépendance» de l'Europe

Pour l'essentiel, les autres propositions du PCF sont consacrées aux relations de l'Europe avec les autres pays du monde.
8e proposition : «contribuer à des relations plus justes et plus stables tant avec les autres pays capitalistes développés qu'avec les pays socialistes et les pays en développement.»
18e proposition : «une France souveraine pourrait affirmer bien fort sa volonté d'œuvrer à l'indépendance de la CEE à l'égard de la politique hégémonique des Etats-Unis et de ses prétentions à transformer l'Europe en région de l'empire atlantique.»
Le PCF insiste également sur la nécessité que «l'acte final de la Conférence d'Helsinki soit mis en œuvre par tous», «contre toute relance de la tension internationale...».

Toutes ce propositions sous le titre «pour une Europe indépendante» vont dans un sens bien précis :
le PCF prétend se battre contre la mainmise des Etats-Unis en adoptant les thèmes de politique extérieure qui sont ceux de l'autre superpuissance, l'URSS.

Un rassemblement dans la diversité


Voila ce que sont les propositions du PCF. Examinons maintenant les moyens qu'il compte mettre en œuvre pour les réaliser. Le PCF réclame pour ce faire «le plus large soutien» à son «programme loyal et clair» de la part du peuple de France, insistant sur le vote à la proportionnelle qui permettra que «du plus petit village à la capitale de France, chaque voix compte de la même manière pour assurer l'élection de députés communistes» ajoutant que cette voix «sera d'abord une voix pour la France».

• «La politique giscardienne du déclin de la France inquiète tous ceux -ils sont innombrables dans le pays qui sont attachés à l'indépendance, à la sécurité, à la souveraineté nationale, en bref les patriotes. Il existe entre eux des différences, des divergences, des oppositions qui font de leur rapprochement une tâche extrêmement complexe.
Mais les problèmes qui assaillent la nation sont si pressants que nait le sentiment que la convergence des efforts des uns et des autres est nécessaire.»
Voila ce qu'indique le projet de programme du PCF pour son 23e congrès, et le PCF s'engage à contribuer à ce rassemblement national «dont la France a besoin pour garantir son existence et jouer dans le monde un rôle à sa mesure.»
C'est donc sur la base la plus large, la plus floue, que le PCF va tenter de récupérer des voix aux élections européennes.
Dans le Midi, c'est de la façon la plus grossière que le PCF a engagé sa chasse aux bulletins de vote, dans le même temps qu'il s'attachait à récupérer les voix des anciens gaullistes en se plaçant au côté du parti de Chirac par deux fois à l’Assemblée Nationale.

. Les alliances européennes

Proposant aux travailleurs d'élire des députés au niveau européen, le PCF doit envisager des alliances aussi au niveau européen.

Il considère tout d'abord que «la coopération et l'action commune avec les autres partis communistes de la CEE, dans le respect de leur diversité, malgré les différences, voire les divergences, sont le ciment de l'union des forces progressistes de l'Europe»... Le PCF envisage donc un avenir d'union et d'action avec les autres partis révisionnistes d'Europe. De quelles actions il s'agit, le PCF ne le dit pas. Lorsqu'on connaît l'état des divergences existant aujourd'hui entre ces partis, et principalement sur la question importante de l'élargissement, la discrétion du PCF n'est pas étonnante.

Les autres alliés privilégiés du PCF seront... les partis sociaux démocrates d'Europe.
«Nous agissons, en particulier dans le cadre européen, pour établir et développer des contacts et si possible des actions communes avec les partis socialistes et sociaux-démocrates...».

Le PCF se place là sur un terrain délicat... Dans son livre Europe : la France en jeu qui développe ses positions récentes sur l'Europe, le PCF, après avoir consacré un chapitre à «l'Europe social-démocrate», accusée de tous les maux, déclare plus loin que c'est avec les partis socialistes et sociaux-démocrates qu'il compte engager la lutte contre cette Europe là !

La CEE, dit le PCF, est le terrain d'élection de la social-démocratie qui est «présente et active dans les rouages institutionnels du Marché commun». Il présente la social-démocratie comme responsable du chômage, de l'inflation, incapable d'apporter des solutions à la crise, prête à se plier aux volontés de l'impérialisme américain, ayant une politique néocoloniale vis-à-vis des pays du tiers monde. Sa propagande sur l'Europe est d'autre part basée sur une attaque de la RFA, dirigée par la social-démocratie. Et enfin il ne manque pas une occasion, et il est vrai que c'est facile, pour mettre en avant la convergence du PS français et de Giscard sur les questions européennes, preuve éclatante du fameux «virage à droite» du PS. Pourtant les options pro-européennes du PS ne datent pas de mars 1978 et le PCF lui-même avait été amené, pour signer le Programme commun de 1972, à adopter pour une part ces positions qu'il critique aujourd'hui !
Quelle confiance peut-on accorder à un parti qui se propose de s'allier avec ceux qu'il déclare combattre !

On a vu les 20 propositions du PCF, son programme électoral particulièrement démagogique. Cachant mal ses visées électorales, il promet aux jeunes, aux femmes, aux travailleurs immigrés, aux paysans... une Europe libre, indépendante et démocratique, demandant l'arrêt des plans de chômage, la renégociation d'un certain nombre d'accords entre les Neuf.
Le PCF reste néanmoins muet sur la politique qu'il compte mettre en œuvre pour réaliser ces propositions. Quand le PCF déclare «agir pour la sauvegarde et l'extension de toutes les libertés individuelles et collectives», quand il parle d'agir contre le chômage il ne précise pas les formes de cette action ! Et son explication visant à montrer qu'il n'est pas contradictoire de se battre contre le PS tout en s'alliant avec lui et la social-démocratie européenne, dont Schmidt, reste embarrassée !
En fait d'«alternative», le PCF ne présente que des propositions démagogiques et de toute manière inefficaces si l'on en juge aux moyens proposés.
Mais quelle logique alors y a-t-il dans cette campagne sur l'Europe menée bruyamment par le PCF depuis quelques mois ?

___________________


notes :

(1) Humanité décembre 1978
(2) L'Europe en jeu» 1er trimestre 1979
(3) tract du PCF à Usinor
(4) France Nouvelle 25/12/78
(5) Vassalité : condition de dépendance sous la féodalité du vassal envers son seigneur, le suzerain qui concédait un fief à ce vassal envers son seigneur, le suzerain qui concédait un fief à ce vassal. Figuré : assujettissement


Edité le 01-03-2015 à 09:33:25 par Xuan


Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 09:03:25   

(suite)

QUE CHERCHE LE PCF ?


Qu'est-ce qui fait donc s'agiter ainsi le PCF sur l'Europe ?
Aujourd'hui, il n'est pas, dans la propagande du PCF une conséquence de la crise en France (inflation, chômage, licenciements,...) qui ne soit mise sur le compte de la politique européenne, de l'allégeance de la France aux multinationales, à l'Allemagne de Bonn et au «10e européen» les USA...
Les thèmes mis en avant sont grossiers, d'un chauvinisme cocardier provocant, complètement éloigné de la réalité. Quand on lit «la seule ambition du pouvoir giscardien, c'est de prendre appui sur l'étranger Pour s'opposer au peuple de France dans la tradition des émigrés de Coblentz, de Thiers s'alliant à Bismarck contre la Commune, ou de la collaboration pétainiste avec Hitler», dans cet amalgame historique, on reconnaît difficilement le gouvernement français cherchant à faire payer la crise aux travailleurs français.
Les références à 1914, 1945 visant à présenter l'Allemagne comme l'ennemi principal, la description des rouages "«implacables» des institutions communautaires à Bruxelles s'étalent partout dans la presse révisionniste.

Or cette propagande sur l'Europe martelée, répétée à tous propos est relativement récente. En effet, elle date de quelques mois, de l'après mars 1978. Alors, le parti révisionniste ne connaissait qu'un refrain, celui des nationalisations, qu'il a mis aujourd'hui en sourdine. A cette époque, il ne portait pas ces anathèmes sur la construction européenne... puisqu'il envisageait sa participation à la CEE.

En 1972, parce qu'il s'agissait pour le PCF de s'allier avec le PS, le parti révisionniste ne craignait pas de modifier assez profondément sa position européenne, se déclarant partie prenante de la construction de la CEE, réclamant plus de pouvoirs pour le Parlement européen, y présentant des députés, acceptant la force de frappe...
Aujourd'hui que cherche le PCF avec sa nouvelle campagne chauvine ?

Cette campagne doit être resituée en fonction de la situation actuelle et de ses aspects conjoncturels, et en fonction du projet politique du parti révisionniste, projet qui est en filigrane dans le discours antieuropéen du PCF. Aspect conjoncturel, c'est tout d'abord la proximité du scrutin européen, scrutin à la proportionnelle, qui permet au PCF de s'engager dans l'arène électorale sur ses propres thèmes qui seront les plus démagogiques possible, afin de récupérer par ses accents poujadistes le maximum de voix.
C'est aussi la nécessité de refaire surface après l'échec de mars 1978, de resserrer les rangs dans le parti révisionniste sur un thème unifiant, de tenter d'isoler le PS. Et alors qu'en Lorraine des luttes d'ampleur sont engagées par les sidérurgistes, le PCF manifeste aussi la volonté de les récupérer en les détournant de leur cible.

Mais dans cette campagne du PCF, on retrouve aussi toute la logique de son projet politique, une logique capitaliste, un soutien aux positions du social-impérialisme.

Une campagne démagogique


Pourquoi le PCF axe-t-il tout son système d'explication, l'essentiel de sa propagande sur l'Europe à quelques mois du scrutin européen ? La réponse est simple. Le PCF prépare ces élections du parlement européen.

• Des visées électorales mal dissimulées

Le type de scrutin des élections de juin, à la proportionnelle, permettant à chaque parti de compter ses voix sans avoir besoin de passer d'alliance avec un autre parti, le PCF n'est pas obligé d'adopter des compromis avec le PS. Sa campagne vise au contraire à affaiblir le PS qui, sur la question de l'Europe, ne développe pas de positions très différentes de la droite giscardienne.
En adoptant une position ferme et hostile à la construction européenne, le PCF tente d'accréditer son explication du «virage à droite» du PS, de sa seule responsabilité dans la rupture de l'union de la gauche en mars 1978. Il compte aussi pouvoir rassembler les suffrages provenant d'un groupement hétéroclite, sur la base de ses mots d'ordre chauvins et de ses explications grossières sur la menace germano-américaine qui pèserait sur l'indépendance de notre pays. On a vu que le parti révisionniste, accusant non à tort le PS d'être droitier, n'est lui-même pas très regardant sur ses propres alliances et accueille dans son «grand rassemblement de la diversité» tout confondus les gaullistes, les gens de droite, les paysans et les PME...sur la seule base de la défense de l'intérêt national. Il s'agit à l'évidence de la politique «d'union du peuple de France» remodelée au goût du jour.

• Détourner les luttes de leur cible

Lorsqu'en Lorraine, les sidérurgistes s'attaquent aux commissariats, à la télévision... ils s'attaquent aux responsables de leurs licenciements, à l'Etat capitaliste français. Dans le même temps, le PCF leur déclare que les responsables sont ailleurs, à Bonn et à Bruxelles, qu'il s'agit de Schmidt et de Davignon et que le gouvernement français n'est responsable que de «brader» la France, y trouvant on ne sait comment son intérêt. Ne s'agit-il pas là de détourner de la véritable cible la lutte des travailleurs, de tenter d'affaiblir une lutte qu'il n'est pas certain de pouvoir contenir ? C'est bien de la même façon que procède le PCF dans le Midi rendant responsable la CEE de la liquidation des petits paysans, liquidation accélérée peut-être par l'intégration européenne mais avant tout liée au système capitaliste et programmée par le gouvernement.
Le PCF rejette les responsabilités de la crise à l'extérieur, indiquant une cible lointaine, sur laquelle les travailleurs n'ont pas de prise, contre laquelle il ne leur est offert que de voter pour des députés PCF européens.
S'il est vrai que la concertation européenne a pu accélérer les plans de restructuration de la bourgeoisie française, c'est bien elle qui en porte la responsabilité et contre qui nos coups doivent être portés.

• Resserrer les rangs

Au lendemain des élections de mars 1978, le PCF traversait une crise interne grave qui est loin d'être terminée. De nombreuses interrogations se faisaient jour concernant la tactique du parti révisionniste, l'alliance avec le PS et plus largement sur les pays de l'Est, la démocratie...
Il était nécessaire pour la direction du PCF de «resserrer les rangs» et de proposer une perspective à court terme qui puisse faire «oublier» l'échec de mars. Le thème anti-européen se prêtait assez bien à cette opération. Il s'agit en effet d'un thème relativement unifiant, qui, s'en prenant aux lointaines institutions de Bruxelles ou à Bonn fait oublier le gouvernement français et les postes ministériels tant espérés et occupés par d'autres. C'est un thème qui permet de vilipender le PS, et de bien faire comprendre à ceux qui n'en seraient pas convaincus que le responsable de la rupture, de l'échec, c'est bien le parti de Mitterrand.
Ceci explique que dès l'été 1978, le PCF ait engagé, un an à l'avance sa campagne électorale.

Cependant ces efforts n'ont pas remporté que des succès puisque les oppositionnels du courant Elleinstein ont formulé de nombreuses critiques, reprochant à leur direction l'abandon de «l'euro-communisme». La direction du PCF a d'ailleurs réagi de façon particulièrement virulente à ces prises de position (6), les taxant de «lamentables et inadmissibles», de «coup de poignard dans le dos», indiquant ainsi qu'elle ne tolérerait pas d'attaques concernant sa campagne sur l'Europe, son nouveau cheval de bataille.

Une logique capitaliste


Dans le discours du PCF, on retrouve une logique, celle de son projet politique de capitalisme d'Etat. Si ce projet n'est pas actuellement à l'ordre du jour pour le parti révisionniste, la logique qui se dessine à travers les propositions du PCF, c'est bien celle du capitalisme, de la défense des intérêts de l'impérialisme français ; c'est aussi, derrière des critiques superficielles un soutien aux positions de l'URSS.

• Une position très favorable à l'URSS

Dans sa critique de l'Europe germano-américaine, le PCF emploie le même langage que celui qui était le sien dans les années 1950, alors que les impérialismes occidentaux reconstruits grâce à l'aide américaine étaient sous la coupe de l'impérialisme US, engagés dans la politique de guerre froide, de blocus contre l'URSS, le camp socialiste. Si le PCF ne prend pas en compte le relatif déclin de la superpuissance US, ni les résistances des impérialismes européens aux pressions américaines, il ne fait pas état, c'est évident de la transformation de l'URSS, qu'il continue d'appeler «pays socialiste», l'URSS devenue une superpuissance, la plus agressive aujourd'hui contre les peuples du monde.

De nombreuses propositions du PCF vont dans le sens des grands thèmes développés par le social-impérialisme. Le PCF contribue à accréditer l'idée de la soi-disant volonté de détente du social-impérialisme, demandant l'application des accords d'Helsinki, la limitation des armements sans mettre en cause la prolifération des armements de l'URSS.
Surtout le PCF insiste sur la nécessité de tisser des liens de plus en plus étroits avec les pays de l'Est. «Il y a un vaste champ d'action inexploité en matière de coopération avec les pays socialistes. Notre pays prend à cet égard dans la période actuelle un retard préjudiciable à ses intérêts» Le défi démocratique 1973 .

Si aujourd'hui le PCF se fait un peu plus discret dans ses appels à la coopération avec l'Est, il lui faut tenir compte des protestations nombreuses, y compris en son sein face à la réalité de ces pays ; si aujourd'hui il ne cite plus le COMECON comme un modèle pour le Marché commun, cette volonté de se rapprocher de l'URSS constitue un des fils conducteurs de la position du PCF.

En affirmant que les usines menacées de fermeture sont rentables ou que le Midi viticole est directement menacé par l'élargissement de la CEE, le PCF ne prend pas la défense des travailleurs, mais celle de la «production française». Il se fait ainsi le champion d'une nouvelle bataille de la production où il s'agirait pour l'impérialisme français de tenir tête à «l'étranger» face a la concurrence inter-impérialiste. Sa logique, lutte pour la productivité, la rentabilité, la relance de la consommation intérieure, la recherche de nouveaux marchés à l'Est et dans le tiers monde est une logique capitaliste.

Le parti révisionniste parle à tout propos de défense de l'intérêt national, d'indépendance nationale et se déclare le meilleur défenseur de cette indépendance. Mais ce faisant, il détourne les travailleurs de leurs véritables objectifs de lutte.

Les communistes, s'ils combattent avant tout pour l'internationalisme prolétarien luttent également pour l'indépendance nationale. Il ne s'agit cependant point en l'occurrence d'assimiler les intérêts des travailleurs aux intérêts de «la France» comme le fait le PCF, par exemple lorsqu'il déclare en parlant des sidérurgistes : «ils luttent pour défendre leur pain mais surtout pour défendre la France.» Cette France là, c'est celle de la bourgeoisie et des capitalistes, c'est l'impérialisme français. Non, se battre pour l'indépendance nationale aujourd'hui, pour les marxistes-léninistes, cela signifie mettre en garde contre les dangers d'une troisième guerre mondiale que font peser sur les peuples les deux superpuissances USA et URSS, s'employer à faire reculer ces dangers en faisant progresser les facteurs révolutionnaires en France. Se battre pour l'indépendance nationale c'est aussi s'employer à détruire le capitalisme, à bâtir une nouvelle société, le socialisme, qui mettra en œuvre une réelle politique d'indépendance nationale, «brisant tous les rapports impérialistes qui enserrent l'économie nationale dans le marché mondial, les rapports de domination de l'impérialisme français sur sa zone d'influence, comme ses rapports de dépendance vis à vis des autres impérialismes», mettant au poste de commande «la politique de compter sur ses propres forces», «modifiant radicalement le but de la production», «pour satisfaire le mieux possible les besoins» (7).
Et c'est là la plus efficace riposte que nous pouvons préparer contre les menaces de guerre des deux superpuissances.

Mais nous devons aussi, et dès maintenant, solidaires avec les autres travailleurs d'Europe, lutter contre les mesures de chômage et de répression dans notre pays, en désigner clairement les responsables, les capitalistes français et leur Etat, et leur porter des coups, et travailler ainsi à l'unité des luttes anticapitalistes en Europe.

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notes :

(6) A propos d'un article de Jean Rony, oppositionnel du courant Elleinstein publié dans Le Monde du 29 novembre 78 «L'Eurocommunisme à l'heure des élections»
(7) Manifeste pour le socialisme


Edité le 01-03-2015 à 09:35:53 par Xuan


Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 09:41:08   

Une campagne chauvine en Lorraine


«En mai 1950, on avait prôné l'heureux mariage du charbon et de l'acier. Seuls les communistes avaient dénoncé et combattu ce plan. En fait d'heureux mariage permettez-nous l'expression, il y a eu un «cocu» et ce furent la France et son indépendance, les mineurs de charbon et les sidérurgistes. Comme nous l'avions prévu, les heureux bénéficiaires ont été les maîtres de forges allemands». Voilà ce que la fédération de Moselle du PCF écrit dans son bulletin d'information Lorraine-résistance.

Voilà la campagne que mène le PCF en Lorraine. La crise de la sidérurgie, les licenciements sont le fait des capitalistes (comme l'aurait été la fermeture des puits de mine français). C'est vraiment faire la part belle à la bourgeoisie française et aux maîtres de forge français, qui d'après le PCF seraient à la merci de l'Allemagne depuis 1950, depuis l'instauration de la CECA(1).
Il y a là d'ailleurs quelques dissonances dans le discours de PCF. Est-ce la CECA ou le plan Davignon qui auraient «bradé» la sidérurgie française aux mains de l'impérialisme allemand ?
Les deux répond le PCF qui ne fait pas de demi-mesures. Mais dans ce cas, pourquoi n'engage-t-il cette campagne qu'aujourd'hui ? Pourquoi dans le Programme commun de 1972, acceptait-il de «participer à la construction de la CEE, à ses institutions», institutions dont fait partie la CECA ?

La CECA a été instituée en 1951, d’une part à l'initiative des Etats-Unis qui n'étaient pas satisfaits des limites entravant la production d'acier allemand, production à cette époque contrôlée par une autorité interalliée, et d'autre part à l'initiative des supranationaux dont Schuman, Monnet qui envisageaient la création de l'Europe «secteur par secteur». D'ailleurs l'opposition du PCF en 1951 portait principalement sur la mainmise des USA sur «la petite Europe» et la politique de guerre froide menée contre l'URSS et le camp socialiste.

Peut-on considérer sérieusement, comme le dit le PCF, que l'impérialisme français a fermé massivement les puits de mine français pour obéir aux ordres de l'impérialisme allemand ? Le PCF dénature la réalité, l'impérialisme français a, en fait, misé sur le tout-pétrole à un moment où cela était plus rentable pour lui de piller les richesses des pays du Tiers Monde.

Mais le PCF, qui par ailleurs, proteste vigoureusement d'être «chauvin, nationaliste, cocardier, isolationniste, archaïque et dépassé» (2), va encore plus loin dans cette campagne qu'on ne peut qualifier autrement que chauvine. «Oui, les Lorrains sont attachés à leur terre sur laquelle tant de générations ont peiné et souffert, tant de sang a été répandu afin d'en chasser le militarisme allemand qui rêvait de faire main basse sur ces richesses nationales. Jamais les Lorrains n'accepteront que les capitalistes ouest-allemands obtiennent de notre gouvernement ce qu'ils n'ont pu obtenir au cours des guerres de 1914 et de 1940» (3).

Serait-on à la veille d'une nouvelle guerre contre l'Allemagne qui nous agresserait ? On pourrait le croire alors que le PCF met en garde contre le réarmement de la RFA ou quand il reprend le mot d'ordre «La Lorraine aux Lorrains».
C'est ainsi qu'à Longlaville (près de Longwy), la municipalité PCF a fleuri le monument aux morts où un poilu préside désormais à des banderoles sur lesquelles on peut lire : «La Lorraine ne sera pas vendue aux trusts allemands» et «leur sacrifice ne sera pas vain, Longlaville vivra»...
On peut s'étonner de la référence du PCF à la guerre inter impérialiste de 1914 dans laquelle les bourgeoisies française et allemande ont entraîné des millions d'hommes à la boucherie, alors même que le PCF s'est créé en 1920 pour une bonne part en réaction contre cette sale guerre, la SFIO y ayant, elle, entraîné la classe ouvrière par son chauvinisme.

Cette campagne du PCF est d'autant plus ridicule lorsqu'on sait qui sont les travailleurs de Lorraine et en particulier les mineurs et les sidérurgistes, en grande partie d'origine italienne, polonaise, marocaine et allemande... et qui ont ensemble mené la lutte contre le capital.
Cette logique du PCF se traduit bien sûr dans la lutte. C'est ainsi qu'alors qu'il condamne les actions résolues menées par les travailleurs lorrains, protestations devant le commissariat de police, occupation du relais de FR 3, le PCF propose par exemple de déverser les wagons de minerai en provenance de RFA dans la même logique consistant à déclarer les seuls capitalistes allemands responsables de la crise en France. Or, il est à noter que la plus grande partie des importations de produits plats vient de Dilling, à Dillgen en Sarre, et que c'est Sollac-Sacilor qui contrôle Dilling, donc les capitalistes et l'Etat français en majorité.... Par ailleurs, le PCF se félicite des succès à l'exportation de la sidérurgie française, ne s'inquiétant pas de savoir si ces exportations sont des conséquences néfastes pour les sidérurgistes des pays concernés.

Cette logique du PCF a eu également pour conséquence le silence quasi total du PCF sur la longue grève des sidérurgistes allemands et l'absence de mesures concrètes de solidarité. En avril, le PCF a organisé un meeting... à Reims... sur le thème de l'amitié franco-allemande, cette initiative isolée visant à dédouaner le PCF qui s'est largement fait attaquer pour ses positions ultra-chauvines.



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notes :

(1) CECA : Communauté européenne du Charbon et de l'Acier. 1951,
intégrée en 1966 à la CEE.
(2) La France en jeu. P. 187
(3) Humanité-mercredi 1 février 1979.
Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 09:52:56   

Les tentatives de récupération du PCF dans le Midi


A la fin du mois d'octobre de l'année dernière, l'universitaire occitan Robert Laffont, l'écrivain J.-P. Chabrol et le dirigeant viticole Emmanuel Maffre-Baugé lançaient un manifeste intitulé « Mon païs escorjat» (mon pays écorché). Ce manifeste s'articulait autour de deux grandes idées :
d'une part refuser l'élargissement du marché commun qui entraînerait la ruine des départements occitans et d'autre part lutter «dans le cadre d'une démocratisation de tout le territoire » pour «un pouvoir autonome qui donnera à l'espace occitan de nouvelles chances» . Deux cents personnalités s'associent à ce projet. Parmi les signataires, on note trois composantes : les occitanistes, les viticulteurs (une cinquantaine de présidents de caves, de coopératives) et le PCF... les militants de la région étant incités à signer... à titre personnel, car les initiateurs du manifeste s'opposent à la participation « des professionnels de la politique» .

L'opération politique du PCF est claire. Dans cette région du Midi de la France, l'élargissement du marché commun et les conséquences qu'il pourrait avoir pour les paysans viticoles suscite certaines inquiétudes, sur lesquelles se greffent de réelles aspirations régionales. En axant dans le Midi sa propagande contre l'élargissement, le PCF tente de récupérer ce mécontentement, essayant de créer l'illusion qu'un vaste front se forme autour de lui. Cette campagne vise aussi à affaiblir le PS, dans une région que celui-ci a longtemps pu considérer comme un fief inébranlable. Alors que les élus locaux PS, vieux politiciens sur le retour, sont déjà largement déconsidérés, il peut être relativement facile au PCF de les isoler sur cette question européenne, le PS ayant le même discours que la droite giscardienne.

Dans les cinq départements du Languedoc-Roussillon, le PCF organisait
ainsi « une vaste consultation démocratique». Il s'agissait en fait de faire signer des cartes de vote sur lesquelles il était écrit «Non à l'élargissement du marché commun. Je veux vivre, travailler et décider au pays». Et le PCF s'est employé à récolter le maximum de signatures, se réjouissant de recruter l'adhésion des couches les plus réactionnaires... Dans L'Humanité du 13 février 1979, on pouvait lire «les tabous sont tombés. Ne voila t-il pas que des gens considérés «réac» ont signé la carte contre l'élargissement ! Jusqu'au docteur, notable du village, qui a signé sa carte...»
«En quelques jours, 450 marins pêcheurs ont signé, et pour la moitié des non communistes, des gaullistes, des gens marqués à droite et aussi des socialistes. L'union à la base existe dans le Languedoc et le Roussillon. Autour du manifeste «Mon païs escorjat» et surtout autour de la vaste consultation populaire engagée par le parti communiste» .

Georges Marchais a même effectué deux voyages dans le Languedoc Roussillon à la fin de l'année dernière, et une série de meetings a été organisée à cette occasion. A Aies, notamment, L'Humanité (1) se réjouissait que «du directeur du centre hospitalier, au capitaine de gendarmerie, du président de l'Union industrie/le et commerciale alésienne au directeur du théâtre etc.. ainsi toutes religions, toutes origines et toutes opinions confondues se crée ici un vaste mouvement uni pour la sauvegarde de la région...»

Et le PCF est allé encore plus loin dans ses tentatives de récupération...
En février, Emmanuel Maffre-Baugé annonçait, au cours d'une conférence de presse au siège du PCF, sa candidature aux élections européennes... sur la liste du PCF. La manœuvre est habile :
Maffre-Baugé, animateur des comités d'action viticoles, dans le midi bénéficie d'une influence importante chez les viticulteurs ; sa qualité de signataire du manifeste peut lui faire rallier des électeurs sensibles aux thèmes régionaux, et enfin il a largement fait connaître qu'il était chrétien... Ce rapprochement de certains dirigeants viticoles, dont Maffre-Baugé, était déjà apparu au cours des municipales en 1977 et avait fait suite aux efforts que le PCF avait déployés afin de récupérer la lutte menée par les comités d'action viticoles dans le midi. Cependant, dès que la proposition du PCF à Maffre-Baugé fut connue, les deux autres signataires à l'initiative du manifeste, Robert Laffont et Jean-Pierre Chabrol exprimèrent publiquement leur désaccord avec leur cosignataire et s'élevèrent par avance contre toute utilisation qui pourrait être faite par lui de sa qualité de signataire du manifeste.

D'autre part. Le Monde ayant rendu compte du manifeste occitan en insistant sur les revendications d'autonomie régionale, L'Humanité répliquait sèchement que ce n'est pas de cela qu'il s'agissait et que le manifeste insistait surtout sur le refus de l'élargissement du Marché commun. Cette polémique fit beaucoup de bruit dans le midi, plusieurs signataires retirant publiquement leur signature : « Le manifeste n'est plus un appel pour l'autonomie, il devient un appel contre l'élargissement, un appel pour voter PCF. Je ne veux plus cautionner cela» écrivait un des signataires dans un journal local.
Ainsi si l'opération récupération, attrape-tout du PCF dans le midi, remporte certains succès, elle fait aussi naître de nouvelles résistances à ces tentatives. Le PCF notait même que dans cette région il avait dû subir «les accusations révulsantes de nationalisme ou de xénophobie» (2).

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notes :

(1) Humanité du 20/12/78
(2) Cahiers du communisme février 79.




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Le RPR... «un langage qui nous est familier» (PCF)


Le 30 novembre 1978, l'Assemblée nationale examinait le projet de loi portant adaptation de la législation relative à la TVA, selon la 6e directive du Conseil de la CEE du 17 mai 1977 prévoyant l'unification des règles d’application de la TVA dans les différents pays et concernant les ressources propres de la CEE.
Le RPR opposait l'exception d'irrecevabilité afin de faire reconnaître que le texte était contraire à la Constitution, violait le droit du Parlement français de voter les impôt (sauf quelques personnalités dont Michel Cointat), le PCF, et au dernier moment le PS l'approuvent.

Cependant la semaine suivante, le gouvernement présentait à nouveau le projet par le biais d'une lettre rectificative, projet qui fut alors accepté par la majorité, dont le RPR.
En décembre 1978, une proposition de loi soutenue par le RPR et le PCF, relative au financement de la campagne pour les élections européennes était présentée à l'Assemblée nationale. Alors qu'à Bruxelles était adopté un budget de plusieurs millions de francs en vue d'une «campagne publicitaire de sensibilisation de l'opinion» pour les élections de juin, et qu'un contrat était passé à cet effet avec une filiale de la société Havas : Eleutheva-Ecom, cette proposition de loi visait à interdite «de recevoir des subsides d'origine française ou étrangère pour les élections à l'Assemblée des Communautés européennes» . Cette proposition était adoptée par 246 voix (PCF - RPR) contre 120 (UDF), le PS s'abstenant. Cependant cette proposition n'ayant pas été soumise au vote du Sénat, donc étant inopérante jusqu'à la prochaine session parlementaire, la publicité a été organisée comme prévu.

«Devrions-nous être gênés par cette convergence comme nous y invitent un certain nombre d'observateurs qui ironisent sur l'alliance entre le RPR et notre Parti ?» déclare le PCF «Disons le clairement : nous nous réjouissons de voir que, dans un domaine décisif pour l'avenir de la France, la politique de démission du gouvernement se heurte à une résistance grandissante dans une partie de la majorité». (1)

Tandis que le PCF se félicitait des prises de position du RPR «Notre opposition résolue à l'Europe supranationale qui liquiderait la souveraineté française a rencontré un écho certain dans le pays. On peut en voir un témoignage dans les déclarations faites hier encore par Jacques Chirac et Michel Debré au nom du RPR». «Quand M. Chirac dénonce «l'abaissement de la France», quand il assure que le mécanisme «nous entraîne irrésistiblement vers des abandons de souveraineté dont nos dirigeants déclarent au point de départ, qu'ils ne voulaient pas», «quand il estime que l'Europe qu'on nous prépare sera dominée par les intérêts américains, nous retrouvons là un langage qui nous est familier» , (2).
Le RPR par la voix de Michel Debré déclarait «les réactions populaires sont beaucoup plus nationales qu'on ne pense et toute cette espèce de phraséologie de l'intégration qui cache une volonté de diminuer l'indépendance (3).

Ainsi le PCF, qui, pendant longtemps se refusait à reconnaître l'existence de divergences dans les rangs de la majorité, relance sa politique de «la main tendue» en direction des gaullistes. « Certes, la voie est étroite » avoue le PCF, «mais au-delà des contradictions du parti de J. Chirac, il y a le fait que, grâce au PCF, un réel rassemblement national contre la subordination de la France est en train de naître » et il ajoute « au-delà des ambiguïtés qui appellent à la prudence, cela souligne le profond écho qui monte dans le pays, les prémices d'un rassemblement dans la diversité, pour défendre l'indépendance menacée» , (4).

Le PCF, dans sa grossière tentative de récupération d'une partie de l'électorat gaulliste voudrait faire croire à la réelle volonté d'indépendance du RPR, alors que derrière les violentes diatribes de Chirac à rencontre du gouvernement, se dissimulent d'évidentes visées électorales.

Le PCF fait décidément feu de tout bois pour tenter de rassembler les voix des anciens gaullistes qui seraient susceptibles de se reconnaître dans l'idée d'une défense de l'intérêt national, tout, y compris de s'allier momentanément avec le parti fascisant de J. Chirac.

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notes :

(1) : Humanité décembre 1978
(2) : Humanité décembre 1978
(3) : France-lnter
(4) : Cahiers du communisme janvier 1979
Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 09:59:37   

L'eurorévisionnisme en question.


Au-delà des rencontres, délégations et des communiqués communs entre les partis révisionnistes européens, à propos de l'Europe et des prochaines élections de l'assemblée européenne qui se multiplient depuis quelques mois*, au-delà de cette unité de façade, des contradictions sérieuses traversent l'eurorévisionnisme.
Alors que le PCF déclare que «les communistes français chercheront à approfondir leurs rapports avec tous les communistes ouest-européens» dans leur lutte contre l'Europe, il semble bien que certains de ces partis, et non des moindres, PCI, PCE, n'envisagent pas particulièrement d'engager un combat résolu contre une Europe qu'ils cautionnent.
Certains partis révisionnistes de la CEE, les PC de GB, d'Irlande ou du Danemark se prononcent pour le retrait pur et simple de leur pays des institutions communautaires du cadre du marché commun.

Les partis révisionnistes de l'Europe des 9


PCF - France - élections de 1978 - % 20,5
PCI - Italie - élections de 1976 - % 34,4
PC (GB) - Grande Bretagne - élections de 1976 - % 0,1
PC (B) - Belgique - élections de 1977 - % 2,7
PC (L) - Luxembourg - élections de 1974 - % 5
DKP - Allemagne - élections de 1976 - % 0,3
PC (D) - Danemark - élections de 1977 - % 3,7
PC (N) - Pays-Bas - élections de 1977 - % 1,7

* Depuis décembre 78 : délégation du PCF au Portugal – Communiqué commun PCF - PCP - Délégation PCB en France – Communiqué PCF - PCB (Pays-Bas) - Rencontre PCF - PCE à Madrid – Communiqué PCF - PCE - Invitation de Marchais par le KKE (Parti communiste grec pro-soviétique) - Communiqué PCF - PCG à Paris – Communiqué PCF - PCI...

En Grèce, les deux partis révisionnistes, comme d'ailleurs le parti socialiste (Pasok) sont contre l'adhésion de la Grèce à la CEE. Le KKE {PC de l'extérieur prosoviétique) qui a connu une toute relative poussée aux municipales d'octobre 1978 et tente actuellement de s'élargir en récupérant l'influence du PCG multipliant dans ce sens les contacts avec les partis de l'eurorévisionnisme (PCF-PCI), ainsi que le PCG {PC de l'intérieur) créé en 1968 après l'invasion de la Tchécoslovaquie, très proche du PCF, refusent l'élargissement, considérant les conditions d'adhésions inadmissibles et préjudiciables pour leur pays.

Au Portugal, le PCP se déclare également opposé à l'entrée du Portugal dans la communauté européenne, considérant que l'intégration signifierait la ruine de nombreux secteurs de l'économie portugaise et «la liquidation des grandes transformations démocratiques réalisées par la révolution portugaise».
Cependant que le PCB (belge) dans le manifeste qu'il a sorti le 1er mars «Pour une Europe plus démocratique, plus proche des travailleurs» indique qu'il n'est pas hostile à l'élargissement de la CEE à condition qu'il s'accompagne de «garanties».
Les divergences sont plus claires encore concernant les positions respectives du PCI et du PCE tout à fait favorables à l'Europe.

Le dirigeant révisionniste G. Amendola dans un rapport sur l'Europe présenté au CC du PCI déclarait qu'il existait aujourd'hui «la nécessaire formation d'un pouvoir nouveau, plurinational, capable de faire face à des tâches que les États pris séparément ne sont pas en mesure d'assumer, pour promouvoir une politique de programmation communautaire» .

Le PCI a pris position en faveur d'une « démocratisation de la CEE» qui serait assurée selon lui par l'accroissement des pouvoirs du Parlement européen et par l'élargissement de la CEE à la Grèce, à l'Espagne et au Portugal. Le PCI ne remet pas en cause l'appartenance des pays de la CEE à l'OTAN. A propos du S ME, le PCI a seulement jugé «précipitée» l'adhésion de l'Italie au système monétaire européen.

Ainsi, MG Napolitano, responsable du PCI, économiste, pouvait déclarer «l'Italie est peut être le seul pays où la campagne électorale pour le Parlement européen ne verra pas d'affrontements ou de concurrence sur le terrain de l'opposition à l'Europe. Aucune des grandes forces politiques italiennes n'agitera de motif d'opposition à la CEE sur un plan nationaliste. On confrontera, en revanche des positions différentes et des conceptions concrètes pour un choix européen commun» .

Quant au PCE, après la vive polémique engagée au mois d'août 1978 entre PCF et PCE, le communiqué final rédigé après la rencontre des deux partis à Madrid fait état de divergences importantes :
«De l'examen franc et approfondi de leurs positions respectives, il ressort qu'une différence radicale d'appréciation demeure»

Carrillo déclarait en outre : «Nous ne comprenons pas la position du PCF. Le PCF pense que l'entrée de l'Espagne da ns le "Marché commun peut favoriser l'influence de l'Allemagne. Nous pensons au contraire que l'entrée de l'Espagne, comme d'ailleurs de la Grèce et du Portugal, renforcerait la position des pays latins en Europe, ce qui ne serait pas une mauvaise chose, démocratiserait l'Europe. Nous n'acceptons pas qu'on nous dise de Paris, ce qui est bon ou mauvais pour les travailleurs espagnols» .

Moins de trois ans après le meeting commun Berlinguer / Marchais à Paris qui avait semblé justifier l'existence de l'«eurocommunisme», les relations entre ces partis PCF, PCP, et PCE, PCI se sont régulièrement dégradées.

Même si aux journées d'étude du «groupe communiste et apparenté de l'Assemblée européenne» de décembre 1978, les parlementaires révisionnistes ont noté que «loin d'être gênantes, les différences sont enrichissantes» ..., même si le PCF y découvre un signe d'indépendance et de démocratie, ces divergences portent sur des points non négligeables, sur l'élargissement de la CEE, les pouvoirs du Parlement, l'appartenance à l'OTAN, les relations avec la social-démocratie...

Alors que le PCP et le PCF adoptent largement, sous couvert de sauvegarder l'indépendance de l'Europe face aux USA, les thèses de politique extérieure qui sont ceux de l'autre superpuissance, abandonnant dans cette mesure les thèses de l'eurorévisionnisme, le PCE et le PCI se veulent plus indépendants de l'URSS.

Les révisionnistes espagnols et italiens reprochent également au PCF, depuis l'échec des législatives de 1978 de ne plus faire sien l'objectif d'union avec la social-démocratie, tandis qu'eux développent leurs efforts dans ce sens. En février, une délégation du PCI a ainsi rencontré tous les responsables des différents PS européens, le SPD allemand, le parti travailliste anglais, le PS en la personne de Mitterrand, afin de discuter avec eux des thèses de leur XVe congrès.

Dernièrement, Carrillo déclarait : «Il faut arriver à un accord sur l'Europe sans cela l'eurocommunisme n'existe pas pleinement».
Cet accord ne semble pas prêt de voir le jour... L'eurorévisionnisme semble bien pour l'instant remis en question.
Xuan
   Posté le 01-03-2015 à 10:04:13   

Le Programme Commun et l'Europe.


Le 9 octobre 1971, à la veille de la première négociation du Programme commun, le comité central du PCF adopte un «programme de gouvernement démocratique d'union populaire» sur le thème «Changer de cap».
Changer de cap, c'est bien ce dont il s'agit pour le PCF qui examinera la question de l'Europe sous un jour nouveau, en tant que futur parti de gouvernement, ayant à participer des institutions communautaires, et en tant que partenaire du PS, parti qui n'a jamais caché ses sympathies pro-européennes.
Le PCF ayant en vue de faire aboutir son projet de capitalisme d'Etat envisagera de distendre les relations de la France avec les impérialismes occidentaux liés aux Etats-Unis, pour se rapprocher des pays de l'Est, de l'URSS également pays à système capitaliste d'Etat.
Cependant il devra compter avec le PS, et à cet égard si le programme du PCF indiquait : « le développement d'échanges internationaux plus étendus, réciproquement avantageux et excluant toute pratique impérialiste et néo-colonialiste, sera recherché avec les pays socialistes...» , le Programme commun de gouvernement de 1972, lui, ne faisait pas mention des «pays socialistes». Ainsi alors que le programme du PC déclarait «le nouveau gouvernement prendra donc des mesures visant à désengager la France du Pacte Atlantique» [OTAN), le Programme commun prévoyait «la dissolution simultanée du Traité de l'Atlantique Nord et du Traité de Varsovie. »
Sur le thème de la défense, il est même question d'un éventuel système de sécurité européen dans le cadre duquel « des forces de l'armée européenne » pourraient concourir...

Mais ce qui est nouveau dans «Changer de cap» et plus encore dans le Programme commun, c'est l'acceptation par le PCF de l'intégration de l'impérialisme français dans le Marché commun dans le cadre d'un gouvernement de gauche, avec bien sûr quelques mesures visant à « démocratiser les institutions européennes» . Nous sommes bien loin des appels du PCF à l'abrogation du Traité de Rome I

Il est dit dans le programme commun «le gouvernement aura à l'égard de la CEE un double objectif :

- d'une part, participer à la construction de la CEE, à ses institutions, à ses politiques communes avec la volonté d'agir en vue de la libérer de la domination du grand capital, de démocratiser ses institutions, de soutenir les revendications des travailleurs et d'orienter dans le sens de leurs intérêts les réalisations communautaires»...

- d'autre part, préserver au sein du Marché commun sa liberté d'action pour la réalisation de son programma politique, économique et social»
.

Le PCF en 1970 déclarait par la bouche de J. Kanapa : «l'élection au suffrage universel du Parlement européen ne changerait rien. Cette élection se traduirait par le même résultat qu'aujourd'hui à savoir qu'il y siégerait une majorité réactionnaire...», «un tel parlement ne représenterait en rien les peuples de cette partie de l'Europe ; il ne serait qu'un alibi pour le grand capital et ses commis» .
Deux ans plus tard, le PCF envisageait sa participation dans ce même parlement, et plus encore, revendiquait des pouvoirs supplémentaires : «l'assemblée de la communauté, appelée à voter annuellement le budget, doit pouvoir en contrôler l'exécution. Elle devra aussi être plus étroitement associée à la préparation des décisions de toute nature de la communauté» .
C'est ainsi en 1973 que pour la première fois quatre représentants du PCF siègent à l'Assemblée européenne. Pour le PCF, alors, l'Europe est à l'heure de l'union de la gauche, et au 20e congrès ( 7573) Marchais déclarait :
«en Europe il est temps d'établir des rapports nouveaux entre PC et PS de cette région du monde. A /'échelle internationale, comme dans chaque pays, notre mot d'ordre est: UNION...» .

Pour aboutir à la signature du programme commun, le PCF n'a pas hésité à mettre en sourdine ses thèmes nationalistes et anti-européens ; non qu'il les ait abandonnés. Ainsi dans le cadre de sa politique d'union du peuple de France du 20e congrès, ou de «socialisme aux couleurs de la France» , il tente de se présenter comme le meilleur défenseur des intérêts nationaux aux gaullistes, aux chrétiens, aux petits patrons... Le PCF d'autre part va engager dans le cadre du programme commun, dans lequel il était proposé de refaire de l'impérialisme français un pays exportateur agressif, une campagne sur le thème «fabriquons français» .

Par la suite, le PCF a radicalement modifié sa position -on a parlé de «virage à 180°» - sur une question qui concerne indirectement l'Europe, la question de la force de frappe française.
Jusqu'en mai 1977, le PCF avait toujours été hostile à la force de frappe : « ce n'est pas la mise sur pied d'une périlleuse et ruineuse force de frappe qui peut assurer l'indépendance et la sécurité de la France» disait-il, ajoutant qu'elle était la porte ouverte à un réarmement de la RFA.
Après un rapport présenté par Kanapa au comité central sans qu'il n'y ait eu aucun débat au sein du PCF, le parti révisionniste se déclarait favorable à la force de frappe. Il s'agissait alors de la renégociation du Programme commun

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Marchais prépare les élections européennes à la Réunion

Marchais a effectué dernièrement une visite à la Réunion, au cours de laquelle il s'est efforcé de convaincre le peuple réunionnais de l'importance des prochaines élections européennes.
Une intégration plus poussée de l'Europe risquerait d'aggraver la concurrence entre pays européens, déclare le PCF, et constituerait une menace pour la France et ses colonies... Ce que remet en cause le PCF, c'est le fait que les soi-disant DOM-TOM risqueraient de n'être plus une chasse gardée de l'impérialisme français, mais le terrain des rivalités des impérialismes de la CEE.
Pour empêcher cela. Marchais n'a certes pas proposé la lutte pour l'indépendance, mais il a appelé les Réunionnais à voter pour le dirigeant du parti révisionniste réunionnais, Paul Vergés*, placé en quatrième position de la liste du PCF. Cette place privilégiée montre l'importance qu'il entend accorder à cette question, qui est pour lui aussi l'occasion de réaffirmer des positions d'alignement sur la superpuissance soviétique. Dans l'Océan Indien si Marchais a critiqué à juste titre la présence des bases militaires américaines et françaises, il a omis systématiquement de dénoncer la présence croissante de l'URSS, notamment de la flotte qui mouille dans de nombreux ports de l'Océan Indien.

* en février dernier au cours d'une réunion de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) la commission de décolonisation qui examinait la question de l'indépendance de la Réunion a refusé d'écouter le rapport de Paul Vergés sur l'autonomie et a préféré entendre le rapport présenté par le secrétaire général de l'OCMLR (marxiste-léniniste), Sinamali, partisan de l'indépendance de la Réunion.
marquetalia
   Posté le 01-03-2015 à 12:30:16   

il faut faire attention qu avec ce genre d analyses vous n occultiez à terme le role joué par le Parti Communiste dans l indépendance de l Algérie,et surtout du Vietnam, qui fut après la Seconde Guerre Mondiale le premier parti de France;la guerre de décolonisation en Algérie a eu lieu après la mort de Staline,donc,quand le pcf devint "révisionniste".en 1998,le P.c.f a voulu faire adopter une loi réhabilitant les réfractaires qui ne voulurent pas participer à la répression en Afrique du Nord,donc il n est pas possible d accuser le parti,dirigé à l époque par Hue,d avoir été "colonialiste".
marquetalia
   Posté le 01-03-2015 à 12:31:00   

Ho Chi Minh a ete formé par le Pcf dans les années 1920.
Xuan
   Posté le 02-03-2015 à 21:01:11   

L'article porte sur le courant chauvin et s'appuie sur les faits qui ont marqué cette époque de la fin des années 70.

En ce qui concerne la lutte anticolonialiste le PCF a commis de graves erreurs sous la direction de Thorez en développant la théorie d'une Algérie "nation en formation dans le creuset de vingt races" , qui justifiait de fait la colonisation de peuplement.
L'essor de la lutte de libération nationale algérienne balaya cette théorie.
Ceci n'exclut en rien les sacrifices de nombreux communistes dont F. Yveton exécuté avec l'aval de Mitterrand.

Il ne s'agit pas de faire le procès du PCF, mais du révisionnisme.
marquetalia
   Posté le 02-03-2015 à 22:14:44   

Xuan a écrit :

L'article porte sur le courant chauvin et s'appuie sur les faits qui ont marqué cette époque de la fin des années 70.

En ce qui concerne la lutte anticolonialiste le PCF a commis de graves erreurs sous la direction de Thorez en développant la théorie d'une Algérie "nation en formation dans le creuset de vingt races" , qui justifiait de fait la colonisation de peuplement.
L'essor de la lutte de libération nationale algérienne balaya cette théorie.
Ceci n'exclut en rien les sacrifices de nombreux communistes dont F. Yveton exécuté avec l'aval de Mitterrand.

Il ne s'agit pas de faire le procès du PCF, mais du révisionnisme.


le Parti Communiste Israelien adopte t il le meme point de vue sur la colonisation des territoires occupés?
Xuan
   Posté le 14-07-2015 à 00:25:15   

Pierre Laurent et la dette grecque :
vibrant plaidoyer en négatif pour les vautours français.




Obama s’éponge le front, le grexit est évité et la Grèce est à genoux, les usuriers français, allemands et autres pourront récupérer intérêt et capital.
Le FMI sorti par la porte revient par la fenêtre et la Grèce s'engage « à consulter et [à] se mettre d'accord avec les institutions [BCE, FMI, Commission] sur tout projet de loi sur les domaines pertinents avec un délai pertinent avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement » .

En étalant la dette, l’Europe enchaîne plus longtemps la Grèce et ajoute des boulets aux pieds « Il s'agit de mesures qui renforceront sans aucun doute la récession » , a reconnu Alexis Tsipras à la sortie du sommet.

Immédiatement après l’annonce de cet accord, la Bourse de Paris passait au-dessus des 5.000 points et l'indice CAC 40 prenait 102,28 points à 5.005,35 points, dans un volume d'échanges de 1,6 milliard d'euros. Vendredi, il avait déjà bondi de 3,07%.

Le terrorisme financier exercé par la BCE, enfonçant les banques grecques dans le bank run et les obligeant à fermer les distributeurs, la surenchère d’exigences de l’eurogroupe accumulées les unes après les autres n’ont eu aucun mal à culbuter la « résistance » de Syriza, dans la mesure où ce parti avait accepté d’avance les règles truquées de la coopération gagnant-perdant européenne.

Une semaine après avoir appelé à voter contre l’austérité, Tsipras a renoncé à ses propres mesures et livré les clés du pays, mis sous tutelle économique et politique.
En liquette comme les bourgeois de Calais il devra sans doute s’expliquer chez lui, mais ceci est l’affaire du peuple grec.

Les faux-culs de l’information écrite, parlée, télévisée et numérisée ont encensé « l’esprit de concertation » de notre gouvernement et vilipendé « l’intransigeance » allemande, faisant de Hollande le héros du jour.

Personne ne nous fera avaler que la bourgeoisie française s’apprêtait à éponger 40 milliards en laissant partir le débiteur dans la nature, voire chez les BRICS. L’oubli, la compassion et l’indulgence n’existent pas davantage chez les agioteurs français ou allemands.

Ce matin à 7h10, peu avant l’annonce de l’« accord » sur la Grèce, Pierre Laurent était interviewé sur France 2 – les 4 vérités, on en lira la transcription ci-dessous.

Passons sur les portes ouvertes défoncées avec brio par P. Laurent : installer le mont-de-piété Boulevard de Clearstream était « scandaleux » . Qu’à cela ne tienne, les fonds resteront en Grèce mais ils seront tout autant confisqués et devront impérativement générer 50 milliards : grande victoire pour Syriza et la médiation française.

Pourquoi les allemands ne voulaient pas de cet accord ? Parce que nous dit P. Laurent ils ne veulent pas « faire de la zone euro … une zone de coopération mais une zone au service des intérêts des grandes entreprises allemandes » .
Dont acte, heureusement ils ne sont pas seuls en Europe, d’autres pays impérialistes sont là pour défendre cette coopération eux.

Tsipras a-t-il trahi ? « Arrêtons avec la trahison d’Alexis Tsipras … qui a des leçons à donner du point de vue de la confiance qu’il a du peuple grec» s’écrie P. Laurent à qui on aurait pu poser la même question, et qui oublie que c’est précisément quand on la confiance du peuple qu’on peut le trahir, et non quand on l’a perdue.
Et Laurent poursuit : «Mais déjà Alexis Tsipras a accepté beaucoup » …puis sentant qu’il s’est sans doute lui aussi beaucoup avancé sur ce sol glissant, P. Laurent se cramponne à une autre savonnette : « Et heureusement que le gouvernement français enfin que le président de la république tient pour le moment la position … »

Nous y voilà. Comme Tsipras s’est couché devant les fesse-mathieux franco-allemands, P. Laurent se couche devant la politique étrangère du PS, représentant semble-t-il la « coopération européenne » : un usurier certes, mais compréhensif, qui ne mettra pas son locataire à la porte mais se contentera de la saisie sur salaire.

Sans doute un médiateur absent de la scène mais bien présent dans le trou du souffleur et tenant lui aussi à sa position aura rappelé à nos compères que la Grèce au beau milieu des Balkans fait également partie de l’OTAN, et qu’il est hors de question pour l’hégémonisme US qu’elle quitte son orbite pour se mettre à tourner autour de la Russie ou de la Chine.

Ainsi se construit l’Europe démocratique et coopérative dont rêve Pierre Laurent


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Pierre Laurent le 13/7/15 à 7h10 http://www.france2.fr/emissions/telematin/actu/pierre-laurent_340609



- Toujours pas de compromis pour vous c’est la responsabilité de l’Allemagne c’est clair ?

- Oui c’est évident à chaque fois qu’on est proche d’un accord pourtant difficile pour la Grèce mais nécessaire eh bien l’Allemagne en rajoute une louche pour empêcher l’accord c’était déjà le cas la semaine dernière…

- Mais quel intérêt auraient les allemands à empêcher cet accord ?

- Mais parce que une partie des dirigeants allemands et notamment le ministre des finances qui a beaucoup négocié est pour le grexit parce que il veut faire de la zone euro une zone non pas une zone de coopération mais une zone au service des intérêts des grandes entreprises allemandes point final.
Monsieur Schäuble n’a aucune vision solidaire de l’Europe et encore moins démocratique et la manière dont il procède le montre dans cette négociation

- Alors ça achoppe sur deux points les grecs ne veulent plus du FMI dans la négociation ils refusent aussi l’idée d’une sorte de fonds qui regrouperait leurs avoirs pour garantir leurs dettes est-ce que la dessus il y a matière à négocier ?

- Mais cette histoire du fonds qui a été mis sur la table par les allemands au dernier moment est un scandale pur et simple puisqu’il s’agirait si j’en crois la proposition allemande de créer un fonds où on mettrait le ¼ ou le tiers des avoirs de la richesse du pays de la Grèce au Luxembourg. Formidable c’est-à-dire que soit disant ce qui est sur la table c’est de construire une meilleure fiscalité et on va faire un fonds au Luxembourg qui est le champion du monde de l’optimisation de la fraude fiscale et des paradis fiscaux et cet argent-là de surcroît…

- Accusation grave là

- Que le Luxembourg est le champion du monde de l’optimisation fiscale pour les multinationales mais enfin c’est de notoriété publique tout le monde le sait d’ailleurs où vont siéger tous les sièges de groupes qui essaient d’échapper à l’impôt soit au Luxembourg soit aux Pays Bas soit en Suisse

- En tous cas pour vous cette condition elle n’est pas acceptable

- Elle est scandaleuse quel est le pays européen qui accepterait qu’on lui inflige un tel traitement donc c’est parfaitement scandaleux et en vérité que cherchent A Merkel et son gouvernement avec cette proposition c’est tout simplement non pas une solution au problème de la Grèce ni au problème de l’Europe, c’est une humiliation politique du peuple grec pourquoi parce que ils n’acceptent pas que la Grèce montre en ce moment à la face de l’Europe une autre voie une capacité de résistance qu’ils ne supportent pas.

- Donc selon vous Alexis Tsipras doit dire non ?

- Visiblement si je comprends bien ce qui se passe cette nuit j’ai suivi de près les négociations c’est sur ce point notamment que la négociation a buté cette nuit

- S’il acceptait est-ce qu’il trahirait ?

- Arrêtons avec la trahison d’Alexis Tsipras, d’Alexis Tsipras il a fait 35 % aux élections quand il a été élu son parti
Il a fait un référendum il avait 61 % vendredi il a fait voter le plan au parlement 83 % donc si il y a quelqu’un qui a des leçons à donner du point de vue de la confiance qu’il a du peuple grec à beaucoup de dirigeants européens c’est Alexis Tsipras

- Je vous repose la question S’il acceptait les conditions mises par l’Allemagne est-ce que ce serait une trahison ou pas ?

- Mais déjà Alexis Tsipras a accepté beaucoup

- Est- ce qu’il a trop accepté ?

- Mais la fable selon laquelle Alexis Tsipras est en train de trahir son peuple elle a démarré trois semaines après son élection. Quand il a été élu trois semaines après on a commencé à nous dire « il va abandonner ». Non, en vérité il tient mais dans des conditions extrêmement difficiles et c’est pour ça qu’en Europe nous devons soutenir Alexis Tsipras. Et heureusement que le gouvernement français enfin que le président de la république tient pour le moment la position …

- Justement le rôle de François Hollande dans la négociation vous le jugez positif ?

- Eh bien pour une fois, pour une fois, et je demandais ça depuis 2012, la France ose hausser le ton un peu face à des exigences aberrantes du gouvernement d’Angela Merkel. Et c’est salutaire pour l’Europe parce que la position d’Angela Merkel elle n’est pas seulement un problème pour la Grèce, elle est un problème pour l’Europe toute entière. C’est la négation de la souveraineté démocratique de la Grèce, mais demain de n’importe quel autre pays. Ces gens qui en ce moment sont train d’enfoncer les grecs sont les mêmes qui nous ont refusé le respect du vote du non au traité Constitutionnel européen en 2005. Nous avons le même intérêt que les grecs et qu’Alexis Tsipras

- Mais est-ce que quelque part on ne peut pas comprendre que les allemands disent « on a déjà beaucoup donné, on peut plus payer » ?

- Non mais attendez, il faut arrêter avec ça, l’Union Européenne, ça s’appelle l’Union Européenne. Donc c’est l’Union de pays différents, nous ne sommes pas dans la zone mark, nous sommes dans l’Union européenne, donc ce n’est pas aux allemands de dicter leur loi aux autres pays et il n’y a pas que la Grèce qui refuse ces propositions. On a vu la France, on a vu l’Allemagne, on a vu d’autres pays et je le répète c’est l’intérêt, parce que moi j’en ai assez

- Est-ce qu’il n’y a pas une responsabilité grecque, qui n’a pas tenu certaines promesses ?

- Oui bien sûr mais il y a aussi une responsabilité des gouvernements de Samaras et des autres que soutenait Angela Merkel. Oui il y a une très grave responsabilité de tous les gouvernements grecs qui ont précédé, et c’est pour ça que les grecs s’en sont débarrassés. Mais ceux-là même qui portent la responsabilité sont ceux que soutenant mordicus Angela Merkel. Et quand a il y a eu le référendum il y a huit jours le rêve secret d’Angela Merkel c’était qu’ Alexis Tsipras soit battu pour faire revenir des hommes comme Samaras, c’est-à-dire ceux qui sont responsables de la situation

- Et si c’était l’Allemagne qui disait finalement ben on sort de l’euro ?

- Ecoutez pour le moment personne ne parle de ça, ne faisons pas des scénarios fiction qui n’existent pas, pour le moment la question qui est posée en Europe c’est qu’on fasse de la zone Euro autre chose que ce que veut en faire et que ce qu’en fait L’Allemagne depuis des années. Nous voulons une zone qui soit une zone de coopération, où les financements de la Banque Centrale Européenne servent la relance sociale et la solidarité. C’est un point très important sur lequel se bat Alexis Tsipras, il veut de l’investissement pour son pays. Eh bien nous avons besoin de la même chose en France.


Edité le 14-07-2015 à 00:28:54 par Xuan


Xuan
   Posté le 15-07-2015 à 09:09:56   

Le réseau faire vivre le pcf appelle son parti à rejeter le diktat franco-allemand :


Euro ou refus de l’austérité, il faut choisir !


Publié le : 14 juillet 2015
Appel urgent aux communistes, intervenez auprès de vos directions fédérales, auprès de vos élus, de vos députés et sénateurs. Le PCF doit porter le NON des peuples grecs et Français dans l’enceinte du parlement. C’est un vote historique !

Euro ou refus de l’austérité, il faut choisir !
Déclaration du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF

Le diktat de la commission européenne s’est refermé sur la Grèce.

Non seulement, elle doit accepter une nouvelle étape d’austérité, sans aucune garantie de refinancement à long terme de sa dette, mais elle doit accepter une tutelle encore plus étroite, jusqu’à livrer une grande part de son patrimoine public à une privatisation directe confiée à la Troïka et ne plus pouvoir consulter son peuple sans l’autorisation de la commission européenne.

L’audit de la dette avait pourtant montré que les plans européens cherchaient d’abord à sauver les banques européennes. Le fonds de privatisation sera bien évidemment dans les mains des mêmes banquiers et de leurs oligarques européens préférés qui se partageront les dépouilles de l’état grec.

L’urgence n’est pas de savoir si le gouvernement Tsipras pouvait faire mieux. Il a bien expliqué qu’il se contraignait à défendre la dignité du peuple grec dans le cadre de l’Euro. Mais il faut dénoncer l’arrogance des élites européennes, des médias dominants, leur diktat inacceptable, la guerre qu’ils mènent contre un pays ayant perdu 30% de son PIB en 5 ans ! Il le faut, quoi qu’on pense du débat politique en Grèce, même s’il est important de connaître les analyses faites avec constance par les communistes grecs.

L’urgence politique pour les communistes en France est de tirer pour eux-mêmes toutes les conséquences de cette offensive contre le peuple grec. Elle concerne notre combat contre l’austérité, pour la défense des services publics, des salaires, des retraites, de la protection sociale, des droits du travail. Elle concerne la crédibilité de tout projet de rupture avec le capitalisme.

Car François Hollande en se présentant comme le défenseur de la Grèce face à l’Allemagne nous refait le coup de la "pédagogie du renoncement" de François Mitterrand en 1983, à une échelle bien plus grande. Il soutient la Grèce « comme la corde soutient le pendu », défendant sa place dans la zone Euro en échange d’un renforcement violent de l’austérité.

En votant Oui, la direction du PCF porterait une terrible responsabilité

Pierre Laurent a raison de dénoncer l’attitude de l’Allemagne qui menace du Grexit pour imposer "une véritable humiliation politique" au peuple grec. Il a raison de dénoncer le choix du Luxembourg, "champion du monde de l’optimisation et de la fraude fiscale" pour gérer les privatisations grecques. Mais en se rangeant du côté de François Hollande, en défendant la nécessité de cet accord austéritaire, Pierre Laurent prend une responsabilité terrible. Les questions politiques qui se jouent en Grèce sont au cœur de toutes les batailles en France, de la défense de l’emploi, des services publics, des droits du travail, des protections sociales, de tout ce qui reste des conquis du Conseil National de la Résistance dont le Gouvernement Hollande/Valls/Macron termine la destruction à vitesse accélérée. Si ce qui est accepté par le gouvernement grec est une bonne issue à la crise, alors, face à la dette, au "trou de la Sécu", au "déficit des retraites", il n’y a pas d’autre solution que l’austérité renforcée, la baisse des protections sociales, le recul de l’âge de la retraite, les réformes des collectivités territoriales, et l’éclatement de la nation, la fin de toute souveraineté populaire.

Il faut donc dire avec force si oui ou non, il est possible de mener une autre politique que l’austérité dans le cadre de l’Union européenne et de l’Euro. Si l’accord imposé au peuple Grec, malgré la force des 61% du non au référendum, est un accord nécessaire, alors la souveraineté des peuples européens n’existe plus et le maintien dans l’euro justifie toutes les politiques d’austérité. Alexis Tsipras a le mérite de le dire en toute clarté. Il n’a pas été élu pour mettre en cause la zone Euro ou l’Union Européenne. Il cherche donc une issue à la crise terrible qui frappe son peuple dans ce cadre. Il doit donc accepter plus d’austérité.

Nous devons proposer une perspective de rupture au peuple français

C’est toute la question qui nous est posée. Comme le dit Varoufakis, pour l’Allemagne, l’humiliation du peuple grec est un message aux autres peuples européens, entre autres au peuple Français.
Devons-nous dire au peuple Français que l’allongement de l’âge du départ en retraite, la hausse de la tva, un nouveau plan de privatisation et d’autres mesures d’austérité peuvent être nécessaire pour maintenir un euro fort et la cohésion européenne ? Si une vague populaire porte Pierre Laurent ou un autre au pouvoir en 2017, devront-ils proposer face à l’Allemagne un accord du même type ? Si nous l’acceptons pour les Grecs aujourd’hui, pourquoi le refuser pour la France demain ? Sans une perspective de rupture progressiste avec l’austérité, la voie est libre pour l’extrême-droite. Les guerres, le fascisme sont à notre porte….

Au cœur de cette crise se trouve l’Euro et la construction de l’Union Européenne.

Depuis des années, ce débat n’a pas lieu dans le PCF. Toutes les tentatives pour débattre des alternatives à l’Union Européenne sont écartées et toutes les analyses et projets s’inscrivent dans le cadre d’une seule certitude : il peut exister une « Union européenne sociale », un « Euro solidaire... ». Le contenu de l’accord accepté par le gouvernement grec démontre avec force le contraire !

Il est urgent d’ouvrir le débat avec les communistes. Pourquoi une politique contre l’austérité semble impossible en Grèce ? Qu’est-ce qui l’interdit dans le cadre de l’Euro ? La seule agressivité allemande ? Les banques françaises ne sont-elles pas impliquées elles-aussi ? Pourquoi la force des 61% du OXI n’a pas bousculé les rapports de force dans l’UE ? Qu’est-ce que les peuples doivent faire pour imposer leur dignité et faire respecter leurs choix politiques ? N’est-il pas urgent de reparler de souveraineté populaire ? Quelle est cette contradiction apparente entre les intérêts US et allemands ? Quel rôle joue la place de la Grèce dans l’OTAN dans une région frappée par la guerre ?

Il est nécessaire de mener une grande bataille populaire d’explications contre la pédagogie du renoncement à l’œuvre. Le PCF doit dire qu’il n’accepterait pas l’accord humiliant imposé aux grecs. Il doit être porteur de propositions qui permettent réellement de sortir de l’austérité liant propositions et projet de société, s’appuyer sur les luttes qui se déroulent dans tout le pays. Il doit affirmer que face à la même alternative, il peut rompre avec la dictature de la commission européenne. Ces débats sont essentiels à notre capacité à faire vivre et partager notre projet, le projet d’une sortie du capitalisme, qui suppose de s’affronter aux bourgeoisies européistes, au MEDEF qui demande "de l’aire" se considérant trop à l’étroit en France, qui suppose d’affirmer que nous défendrons la souveraineté populaire de la France, que nous appelons à une nouvelle république sociale, reprenant la longue histoire des insurgés de 48, de la commune de Paris, du Front Populaire, du conseil national de la résistance, et des luttes sociales et anticoloniales du siècle passé, et que le peuple de France est légitime à dire NON une nouvelle fois, et à imposer son propre destin, son propre projet de société, dans la solidarité et la coopération avec tous les autres peuples, d’Europe et du monde.

Les parlementaires communistes doivent refuser avec force et détermination l’accord ! Ils ne peuvent mêler leurs voies aux forces qui imposent l’austérité à notre peuple, ils ont l’occasion, après le vote des motions de censure, d’un acte politique historique qui réaffirme la place du point de vue communiste dans la vie politique Française.

Avec le peuple de 2005, avec le peuple grec, ils doivent dire NON !


14 Juillet 2015


Edité le 15-07-2015 à 09:11:16 par Xuan


Xuan
   Posté le 15-07-2015 à 12:52:17   

Pétition du site "vive le Parti Communiste Français !"


GRECE – APPEL DE COMMUNISTES DU PCF:

Parce que nous sommes solidaires avec ceux qui résistent et luttent en Grèce, nous appelons la direction du PCF et les députés communistes à rejeter le nouvel accord UE-Tsipras[/s]

14 juillet 2015, pour s’associer : (nom, prénom, fédération et section du PCF – renvoyer à contact@cahiers-communistes.fr )


Nous avons pris connaissance dans les médias des déclarations des principaux dirigeants de notre parti, le PCF, dont Pierre Laurent, saluant la signature de l’accord Eurogroupe/Tsipras, et, avec consternation, de l’annonce du président du groupe GDR, André Chassaigne, qu’il allait voter OUI à sa validation à l’Assemblée nationale le 15 juillet.

Ces positions sont lourdes de signification politique et peuvent se révéler lourdes de conséquences politiques en France en général, pour le Parti en particulier. Dans l’immédiat, nous appelons les communistes et la direction du PCF à exprimer leur rejet du 3ème plan de super-austérité contre le peuple et à tout faire pour obtenir un vote NON de tous les députés communistes. Nous demandons aussi que se tienne, enfin dans le Parti, le débat, qui n’a même pas eu lieu au Conseil National, sur le positionnement sur la Grèce, avec tous les éléments d’information, toutes les analyses communistes, françaises, grecques et internationales, même si elles divergent.

Les mesures contenues dans le 3ème mémorandum UE/Grèce sont d’une dureté inouïe pour le peuple, d’autant qu’il s’additionne aux précédents. Il va encore plus loin dans les ponctions sur le monde du travail, les prestations sociales, les retraites, que la version soumise à référendum le 5 juillet. 50 milliards d’euros de bien publics grecs sont mis pour ainsi dire sous séquestre et menace de privatisation.

Le refus de ces mesures, aussi injustes que brutales, est massif. D’importantes mobilisations, dans les villes et dans les entreprises, sont organisées par les forces syndicales et progressistes ce 15 juillet pour s’opposer au mémorandum. Pour nous communistes, « être solidaires avec le peuple grec » ne prend de sens – sinon c’est au mieux de la compassion – qu’en soutien aux résistances et aux luttes menées dans l’intérêt des travailleurs et du peuple. Comment peut-on imaginer que les députés du PCF les désavouent en votant OUI en France ?

Nous ne pouvons qu’être avec ceux qui refusent de se laisser enfermer dans le chantage des capitalistes des pays d’Europe (dont les Grecs), alliés dans l’UE, entre la misère et la faillite, entre le mémorandum et le Grexit, toujours sous la domination capitaliste européenne.

Le sort que les capitalistes européens font subir au peuple grec est clairement un message à destination de tous les peuples européens, une injonction à se résigner et à se soumettre. Le message peut se résumer ainsi : « il n’y a pas d’autres choix pour les travailleurs que d’accepter de payer la crise du capital ».

En France, la casse économique et sociale est encore très éloignée de la situation grecque. Mais les prétextes pour imposer des lois allant dans le même sens que les mémorandums grecs, contre les retraites, l’hôpital, les hausses de TVA, l’ANI, la loi Macron, le « Pacte de responsabilité » sont les mêmes : déficits et dettes publiques, Union européenne. Voter OUI à l’Assemblée nationale, c’est tirer une balle dans le pied du mouvement social en France contre cette politique. C’est, pour notre Parti, renier nos dénonciations historiques de l’UE du capital, nos votes NON à Maastricht en 1992 et au projet de « constitution européenne » en 2005.

Pour les communistes, il n’y a pas d’autre choix possible que le vote NON demain au Parlement, quelle que soit même l’appréciation que l’on porte sur l’action de Tsipras et de Syriza. Certains avancent qu’il « résiste », qu’il « ferait du mieux possible », qu’il « jouerait un double jeu », comme « bouclier ». Cela n’est absolument pas notre analyse. Mais cela ne peut pas les conduire à choisir le OUI.

Pour notre part – mais cela ne joue pas pour le vote de demain – nous exprimons notre désaccord total avec la campagne unilatérale de soutien inconditionnel à Syriza et Tsipras conduite par la direction du Parti, derrière le Parti de la gauche européenne PGE, relayée par l’Humanité jusqu’à la rétention d’information. Elle est dangereuse et ne peut que se retourner contre le PCF. L’alliance de Syriza avec le parti de droite extrême, nationaliste et ultra-libéral, ANEL, a donné tous les gages aux classes possédantes grecques, à l’armée, à l’église, aussi à l’OTAN, jusqu’à l’organisation de manœuvres militaires communes avec Israël. Syriza a exercé une véritable pédagogie de la résignation au remboursement de la dette, à l’enfermement dans le carcan de l’UE, des promesses reniées au référendum retourné. Nous en faisons à nouveau solennellement la demande : il est grand temps qu’un débat de fond soit organisé dans le Parti, à tous les niveaux, avec tous les éléments. Nous demandons en particulier que soit ouverte une tribune dans l’Huma et soient interviewés les représentants du Parti communiste grec, le KKE, dont la représentativité dans les luttes en Grèce, avec le syndicat PAME, est incontestable.

Ceux qui cherchent à ériger l’expérience Syriza en modèle transposable en France de recomposition politique, avec une partie de la social-démocratie recyclée, de conversion à l’acceptation de l’UE, ont sous les yeux la démonstration de l’impasse que cela représente pour les communistes et la raison d’être de leur engagement.

De même, l’expérience grecque montre à quel point la perspective de « l’Europe sociale » est un leurre dangereux jusqu’à faire accepter un tel mémorandum. Ce débat doit absolument être prolongé aussi, mais, pour nous, il est profondément faux et dangereux d’opposer une « méchante » Allemagne, dirigée par Merkel et son vice-chancelier social-démocrate Gabriel, à une France « conciliante » conduite par Hollande après Sarkozy. Les impérialismes européens sont rivaux, avec l’Allemagne en position relative de force, mais ils sont surtout alliés, dans l’UE, avec les Etats-Unis, l’OTAN et le FMI, pour écraser les peuples, renforcer pour cela l’intégration européenne, la « gouvernance politique de la zone euro ». Il n’y a pas d’alternative politique possible sans rupture avec l’Union européenne et ses instruments.

Contre les tentatives européennes de dresser les peuples les uns contre les autres, dans la dangereuse période d’instabilité qui s’ouvre en Grèce, pour l’avenir de nos propres luttes en France, alors que les extrêmes-droites se postent dans chaque pays pour détourner la colère pour le compte du système, communistes, internationalistes, militants syndicaux, nous ne pouvons que choisir le soutien à ceux qui mènent la lutte des classes.


Edité le 19-07-2015 à 14:23:30 par Xuan


Xuan
   Posté le 15-07-2015 à 20:38:50   

Pierre Laurent mange son chapeau !


Le président du groupe révisionniste André Chassaigne expliquait lundi sur LCI qu'il était était prêt à voter oui à l'accord même mauvais, dont il voulait " tirer le positif ", parce qu' "il évite le pire, c'est-à-dire l'exclusion de la zone euro et l'asphyxie financière" , ajoutant qu'il tenterait de convaincre la quinzaine de collègues qu'il compte à l'Assemblée.

Sans la moindre ambiguïté Pierre Laurent soutenait le OUI à l'accord imposé à Tsipras comme on peut le lire ci-dessous.
"Cet accord écarte le scenario du « Grexit » et l'asphyxie financière de la Grèce" ... "si un accord est signé, c'est grâce au courage du Premier Ministre grec" et cerise sur le gâteau se réjouit "que la France ait joué un rôle positif à ses côtés" .

Pas de chance Tsipras lui-même le contredit : "moi je signe un accord auquel je ne crois pas" .
Autour de lui l'édifice se lézarde :
- Eric Coquerel coordinateur du PG "C’est un coup d’état financier contre la Grèce. Avec cette accord, ils ont organisé la banqueroute du pays"
- Marie-George Buffet est contre
- François Asensi «refuse de légitimer cet accord. Il asphyxie complètement le pays grec, l’humilie et pille ses ressources»
- Au sein du parti révisionniste c'est une levée de boucliers.

Chassaigne signe alors un vibrant et larmoyant plaidoyer aujourd'hui pour justifier le NON, et P. Laurent annonce que "le groupe CRC votera majoritairement contre" .

Ce numéro d'équilibriste avec volte-face et salto arrière n'est pas le fruit d'une mauvaise appréciation. Tout un chacun savait le jour-même où l'accord fut signé qu'il s'agissait d'un diktat odieux contre le peuple grec.
Le fond du sac est bien la ligne européenne du parti révisionniste, prêchant la coopération et la démocratie aux représentants des monopoles capitalistes et des financiers, dénonçant l'impérialisme allemand pour saluer " le rôle positif " des monopoles français, c'est-à-dire des plus ardents défenseurs de l'OTAN dans le duo franco-allemand.

L'intervention de Chassaigne à l'Assemblée nationale commençait par une citation de Paul Krugman « Le projet européen vient de subir un coup terrible voire fatal » . C'est le projet révisionniste d'une Europe démocratique et coopérative qui vient de subir un coup fatal , et Pierre Laurent n'a pas fini de manger son chapeau.


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La position de P. Laurent le 13 juillet :

GRECE : "Si un accord est signé, c'est grâce au courage d'Alexis Tsipras" (Pierre Laurent)


PIERRE LAURENT, SECRÉTAIRE NATIONAL DU PCF, PRÉSIDENT DU PGE,
LUNDI, 13 JUILLET, 2015


Un accord de compromis a été trouvé ce matin par les chefs d'Etats de la Zone euro. Cet accord écarte le scenario du « Grexit » et l'asphyxie financière de la Grèce, voulus par Wolfgang Schaeuble et Angela Merkel, qui jusqu'à la dernière minute ont tenté la mise sous tutelle intégrale de la Grèce, la négation de sa souveraineté, sa soumission aux puissances financières, sa vente à la découpe.

Si un accord est signé, c'est grâce au courage du Premier Ministre grec. Pour la première fois, un chef de gouvernement a osé affronter les puissances dominantes qui pensent que tout leur est permis en Europe. Le soutien de son peuple n'a cessé de grandir depuis janvier pour cette raison. Je me réjouis que la France ait joué un rôle positif à ses côtés.

Certaines des concessions faites ont étés imposées à la dernière minute. N'oublions pas que ce fut sous la menace et après 2 semaines de fermeture des banques. Le gouvernement grec a fait un choix responsable, celui de permettre avant tout la stabilité financière durable du pays et l'investissement pour l'emploi et le redressement productif du pays. La dette sera rééchelonnée et les taux d'intérêts renégociés. Alexis Tsipras a confirmé son intention de faire porter les efforts sur les grecs les plus riches et de protéger les classes populaires. La BCE doit immédiatement décider la réouverture des robinets pour les banques grecques.

L'Europe vit des moments historiques. Les pressions et humiliations subies par Alexis Tsipras et le peuple grec durant tout le week-end soulèvent de lourdes questions pour nous tous, pour l'avenir de la coopération dans la zone euro. Le combat pour l'égalité des pays, le respect de la démocratie et de la diversité, pour la solidarité, pour la reconquête de pouvoir sur la finance doit se poursuivre. C'est une question existentielle pour un avenir solidaire dans l'Union européenne.

Tous les européens ont intérêt à amplifier leur soutien à cette bataille politique et leurs luttes contre l'austérité dans leur propre pays. J'appelle toutes les forces démocratiques et de gauche à travailler ensemble à un projet commun pour sortir l'Europe de la tourmente libérale.



Edité le 15-07-2015 à 22:24:46 par Xuan


Xuan
   Posté le 19-07-2015 à 00:15:48   

L'actualité avec la Grèce en calanque est en train de déranger bien des choses dans le jeux politique de l’hexagone dans celui de ses habitudes tranquilles, comme dans celui de ses arrangement de consciences et des représentations que les uns et les autres peuvent avoir des mots pouvoir, débats , changement, démocratie.

Un certain nombre de notion que l'on nous ressassait à satiété sont d'un coup tombés en disgrâce. Elles ont pris un coup de vieux un peu à la manière de ce qu'il se passait dans le miroir de Dorian Gray quand celui-ci a fini par renvoyer toute la laideur qu'il avait contenu depuis des années pour maintenir jeunesse et fraicheur. La supercherie et les fausses factures s'enregistraient sans fin et sans d faut et puis tout d'un coup la mécanique se dérègle. La belle image de l’Europe que nous vantaient une troupe d'embaumeur apparait soudainement pour ce qu'elle est: une vieille carne en décomposition et ses argentiers de vils escroc.

Les masques tombent, le peuple entre en dans la cour pour dire son exaspération et ici ou la comme chez nous, les communistes, retrouve le chemin de l impertinence et de la raison critique, mieux il s'insurge et demande des comptes a leur mandant qui n'en peuvent plus mais! En témoignent ces textes par leurs contenus de plusieurs provenances.


[ces textes collectés par G. Remond seront prochainement mis en ligne sur le forum - Xuan]

Quelque chose a bougé chez les communistes dans ce même temps. La dialectique et la lutte des classes prennent leur revanche sur des années d'indigence intellectuelle et d'idéologie du vide. Reste que le parti des temps d'orage cher à Lénine manque encore de souffle et même de structure, nous avons toujours du pain sur la planche pour le faire exister.

Son absence se fait ressentir . Elle pourrait être de funeste augure si l'état actuel des choses devait persister. Je suis actuellement en pleine lecture d'un livre passionnant de Chris Harmant paru chez" La fabrique" qui a pour titre "La Révolution allemande". Comme il l'écrit lui-même la thèse centrale de son livre est que la révolution allemande a été vaincue à cause de l'absence " ne serait-ce que du noyau d'un parti cohésif en novembre 18". A chaque étape ultérieur, poursuit-il "
ce manque initial a empoisonné le mouvement, empéchant qu'une orientation cohérente soit donnée aux accès de colère de la classe ouvrière."Quand on sait les conséquences de cette absence on ne peut qu'être préoccupé par l'inconsistance actuelle et souhaiter que les communistes reprennent la parole et se ressaisissent de leur outils


Gilbert Rémond
Xuan
   Posté le 19-07-2015 à 13:36:11   

Voici la suite du courrier de Gilbert Remond, constitué de plusieurs textes sous le titre
Les communistes face au memorendum grec


> le gouvernement grec a-t-il le choix ?
> En Espagne, Podemos se dit favorable à l'accord européen, en soutien de Tsipras
> Pierre Laurent : « L’Europe est un atout pour Syriza, pas un obstacle »
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Le gouvernement grec a-t-il le choix ?

Syriza l’impossible espoir


Rouge Midi


lundi 13 juillet 2015

La situation en Grèce et l’évolution des positions du gouvernement TSIPRAS ont de quoi en dérouter plus d’un…ou confirmer les propos d’autres… Ce qui est sûr c’est que le score du mois de janvier a montré que Syriza a su capter l’aspiration d’un peuple à en finir avec l’austérité. Cela a donné un souffle d’espoir à l’Europe entière et au-delà, souffle amplifié par le référendum qui semblait aller dans le même sens.

La victoire du NON a été vécue par des progressistes du monde entier comme une révolte d’un peuple et de son gouvernement contre le diktat financier des dirigeants de l’UE.
Enfin un Etat tenait tête et refusait les politiques d’austérité.
Un peu partout fleurissait le slogan « Nous sommes grecs » .

Bien sûr il y avait bien quelques mauvais coucheurs (ou attardés sectaires c’est selon) du KKE qui alertaient en disant que ce référendum était un piège.
Bien sûr il y avait le PAME qui avait publié à la veille du scrutin un comparatif des propositions de Syriza et de l’UE, montrant à quel point elles se ressemblaient. Mais qui en était informé et qui même en tenait compte ?

Donc, un peu partout en Europe, des hommes et des femmes sincères fêtaient le NON sans voir ce qu’il n’était pas et surtout en restant sourds et aveugles aux propositions réelles de Syriza. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas se réjouir de ce qu’il est : un acte de résistance populaire dans lequel s’ajoutent nombre de voix du NON et les doubles NON ou les refus de vote.
Au lendemain de ce moment fort, la question n’est pas de savoir si Syriza a capitulé après un coup d’esbroufe, mais celle de la nature réelle de ce gouvernement et de son programme présenté ici ou là comme « d’extrême gauche » et partant de là ce qu’il pouvait (et peut toujours) faire de ce vote.

Non le gouvernement Tsipras qui a accepté une croissance des bases américaines sur son territoire, qui n’a jamais remis en cause l’OTAN (bien au contraire), qui refuse de diminuer de façon conséquente son budget militaire, de taxer l’église ou de nationaliser les banques (comme le réclame, outre le KKE, l’aile gauche de Syriza), mais qui envisage au contraire un vaste programme de privatisations, qui s’attaque aux droits sociaux…etc (et la liste est longue), ce gouvernement n’est pas « radical de gauche » ou alors s’il l’est c’est à la manière de cette formation politique française, supplétif du PS.

Quand on apprend aujourd’hui que c’est le gouvernement Hollande qui a conseillé le gouvernement grec on mesure le caractère progressiste de ce qu’il peut sortir d’une telle coopération…
De plus la situation nouvelle créée par les dissensions dans la majorité et l’alliance lors du vote au parlement, [1] ne laisse guère planer de doutes sur l’avenir du volet social des réformes promises pendant la campagne électorale si le peuple ne résiste pas.

Le pire de qu’on peut reprocher au gouvernement SYRIZA /ANEL à l’extérieur de la Grèce (à l’intérieur laissons les grecs faire eux-mêmes la classification) c’est cet espoir déçu pour toutes celles et tous ceux qui se disaient : « enfin un Etat qui remet en cause la logique capitaliste à l’œuvre en Europe » . Et cela a de graves conséquences.
La première c’est que celles et ceux qui défendent coûte que coûte les choix du gouvernement grec en viennent à justifier ce qu’ils sont censés combattre en France, insufflant par là-même la fatalité à celles et ceux qu’ils sont censés appeler à la révolte. Ainsi Jean-Luc Mélenchon qui écrit sur son blog : « Je partage l’avis de mon camarade Guillaume Etievant [2] lorsqu’il écrit : « J’irais même plus loin en affirmant que les choses vont dans le bon sens si on reprend l’historique des négociations depuis le début : on est maintenant proche d’un accord sur trois ans avec rééchelonnement de la dette, sans aucune attaque contre le droit du travail - bien au contraire, il sera amélioré sur la base des recommandation de l’OIT – [3], aucune attaque contre les salaires ni les pensions de retraites [4], ni la protection sociale. Et toute la progression de l’excédent budgétaire vient de nouvelles recettes fiscales et non pas d’une baisse des dépenses ! Rappelons-nous d’où on est partis ! Au départ, les créanciers voulaient tout décider et imposer toutes leurs réformes structurelles. Certes, on est loin du programme de Syriza, mais vu la situation d’étranglements financiers, et la faiblesse d’un petit pays comme la Grèce dans les négociations, et du fait que, contrairement à ce qu’on pensait, l’Allemagne souhaite la sortie de la Grèce de l’euro, le rapport de force mené par Tsipras est considérable. »

Et que dire de ces lignes lues dans l’Humanité du 11 juillet ? « Après les lourdes concessions faites par le gouvernement Tsipras, l’heure des contreparties a sonné. Restructuration de la dette, déblocage des fonds dont le versement a été suspendu pour faire pression sur le peuple grec, arrêt immédiat de l’asphyxie financière du pays planifiée par la BCE... De nombreuses revendications grecques sont désormais sur la table et, avec la victoire écrasante du OXI dimanche dernier, elles ont pris toute leur consistance. Les lignes ont bougé sur toutes ces questions, mais la tentation de l’expulsion pure et simple de la Grèce de la zone euro persiste... »

Comme s’il pouvait y avoir un quelconque donnant donnant avec le capital et dont le peuple pourrait sortir gagnant ! Ça me rappelle, dans un autre domaine, quand la CFDT avait sorti, pour négocier avec le MEDEF, ce concept de contreparties : moyennant quoi au rythme des signatures, les reculs sociaux n’ont fait que s’accentuer et les profits augmenter !

Bien sûr ces propos, c’était avant que l’UE ne siffle la fin de la partie et considère que ce n’était pas encore assez, qu’il fallait aller plus loin dans l’austérité, ou autrement dit, dans l’augmentation des profits du capital européen au détriment du monde du travail. Mais quoi qu’il en soit ces propos sont bien en deçà de ceux de la présidente du parlement grec qui ne voit ni que « les choses vont dans le bon sens » ni que « nombreuses revendications grecques sont désormais sur la table » et s’est abstenue en déclarant : « Cette Europe qui utilise la monnaie unique comme un outil d’asservissement plutôt que comme un outil au service du bien être des peuples devient cauchemardesque ! »

La deuxième conséquence, c’est la progression de l’idée, et les dirigeants du FDG la confortent , que si le gouvernement a négocié le revolver sur la tempe, c’est qu’il n’avait pas le choix. Eh bien non ! Il avait le choix !

Comme le dit le héros de la Résistance anti-nazie, Manolis Glezos député de Syriza, Alexis Tsipras devait "obéir au mandat que le peuple grec lui avait donné en disant "non" aux créanciers". "Pourquoi négocions-nous avec eux ? Voulons-nous nous coucher ? Pour quelle raison ?" .

Grexit ou non Grexit, est-ce bien la question ?

Quelqu’un qui pense qu’il faut en finir avec le capitalisme peut-il se réjouir, même si elles étaient acceptées par l’UE, des mesures proposées même avant ces derniers jours ? Même celles du gouvernement grec en date du 25 juin ? Laissons la parole au secrétaire général du KKE, Dimitri Koutsoumbas :

« Nous avons exprimé clairement, une fois de plus, les positions du KKE sur la signification du référendum, surtout en rapport avec les problèmes énormes vécus par le peuple grec au sein de l’alliance prédatrice qu’est l’UE. Cette dernière a une ligne politique qui aggrave continuellement les difficultés vécues par les gens, dans leur revenu, qui aggrave la situation du pays et la situation de notre peuple pris globalement. Il a été démontré, une fois de plus, qu’il ne peut y avoir aucune négociation qui se fasse dans l’intérêt du peuple et des travailleurs, à l’intérieur du carcan de l’UE, dans une voie capitaliste de développement.

Le KKE est en désaccord avec l’ensemble de la déclaration commune adoptée par les autres dirigeants et partis politiques. Notre désaccord repose sur notre analyse du vote du peuple grec hier. Il porte en particulier sur l’état des négociations et sur les tactiques que propose le gouvernement pour les poursuivre et que tous les autres partis acceptent, du moins dans le cadre et orientation généraux.

Personne n’a donné mandat à qui que ce soit pour signer de nouveaux mémorandums, de nouvelles mesures douloureuses pour notre peuple. Et ces mesures seront terribles »
.

En réponse à une question d’un journaliste qui demandait s’il parlait d’une « solution par la sortie de l’euro », D. Koutsoumbas a insisté :

« Non. Nous nous sommes exprimés clairement sur ce sujet. Cette ligne politique peut aller dans deux directions. (…) Donc notre peuple doit se préparer. La position du KKE est que ces deux issues possibles, c’est-à-dire un accord avec un nouveau mémorandum et de dures mesures ou bien un grexit ou quelque chose comme ça se feront aux dépens du peuple grec.

La rupture avec l’UE, avec le capital et leur pouvoir est la condition préalable à une stratégie totalement différente, avec un pouvoir véritablement aux travailleurs et au peuple, allant vers la socialisation des moyens de production, un détachement de l’UE et une dénonciation unilatérale de la dette. C’est la proposition globale, totalement différente, que porte le KKE.

Elle n’a rien à voir avec différents points de vue conduisant à une nouvelle paupérisation de notre peuple. Et je veux parler des points de vue qui existent au sein d’autres partis (…) qui parlent de sortie uniquement de la monnaie unique »
. Une fois n’est pas coutume c’est le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker qui lui donne raison quand il déclare : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Dans ce contexte il est bon alors de se rappeler qu’une fois de plus l’intervention populaire sera déterminante. En Grèce aussi, comme le chante Jolie Môme, « c’est dans la rue que ça se passe » .

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[1] Outre le KKE, 2 députés de Syriza ont voté contre, 15 – dont deux ministres – se sont abstenus et 15 autres ont voté OUI tout en disant qu’ils refuseraient toute mesure d’austérité soit au total, ont voté pour, 145 sur 161 députés de la majorité Syriza / ANEL (droite nationaliste). Ont voté pour également le PASOK (PS grec) et les conservateurs, détails du vote qu’on a bien du mal à voir en lisant la presse ! Au sujet des retombées politiques du vote au parlement on peut lire dans Ouest France : Tsipras face à une crise politique, malgré le référendum http://www.ouest-france.fr/grece-tsipras-face-une-crise-politique-malgre-le-referendum-3556928
[2] secrétaire du PG. Voir la lettre ouverte http://lepcf.fr/Lettre-ouverte-a-Guillaume que lui adressait Jacques Sapir en mai 2014
[3] sic ! On se demande où Guillaume Etievant est allé pêcher cet argument ! A l’en croire il faudrait dire aux travailleurs grecs d’arrêter de manifester ! NDLR
[4] on croit rêver quand on sait que l’âge de la retraite est porté à 67 ans, contrairement à ce qui avait été promis pendant la campagne NDLRlatribune.fr


Edité le 19-07-2015 à 13:50:53 par Xuan


marquetalia
   Posté le 19-07-2015 à 13:48:57   

la victoire annoncée de Die Linke en 2017 dans toute l Allemagne de l Est aboutira t elle au meme genre de trahison,ou alors l ex parti unique de la R.D.A pronera-au moins-le retrait des troupes américaines de l Allemagne de l Ouest,ainsi que la sortie de Berlin de l Otan?et que donnerait une victoire du Front de Gauche en France?
Xuan
   Posté le 19-07-2015 à 13:49:47   

En Espagne, Podemos se dit favorable à l'accord européen, en soutien de Tsipras



Le chef du parti espagnol de gauche Podemos, Pablo Iglesias (photo AFP), proche du Premier ministre grec Aléxis Tsipras, n'aime pas non plus l'accord conclu avec les créanciers lundi, «mais c'était une situation limite : soit l'accord, soit une sortie de l'euro» , a-t-il déclaré à des journalistes à Madrid. Et d'ajouter que « d'une certaine manière le gouvernement [grec] a gagné en stabilité» , et «en même temps, il a obtenu que le sujet de la restructuration de la dette soit envisagé» . Pour rappel, deux membres du gouvernement Syriza, dont la ministre adjointe des Finances, ont démissionné hier.

Conséquence : lors du vote à la chambre des Représentants espagnole, les élus Podemos pourraient voter «oui» à l'accord européen, qui prévoit pourtant l'application des mesures d'austérité rejetées par référendum le 5 juillet, indique le numéro 2 du parti, Inigo Errejon.

La réflexion du jour : Malheureusement, la social-démocratie en Grèce ou en France…

17 juil
Syriza, c’est toute la stratégie de la social démocratie, céder devant le capital et dans le même temps préserver l’illusion de la présence de « frondeurs », un pied dedans, un pied dehors pour in fine faire accepter la terrible politique d’austérité exigée.

Nous n’avons pas en France l’équivalent du KKE, mais toute une troupe d’individualités et de groupuscules en train de jouer la nouvelle partition de la social-démocratie, dont j’ai toujours dit à quel point Syriza et Tsipras étaient les représentants les plus classiques avec l’illusion trotskiste en surface, celle du mouvement différent des partis, dieu sait pourquoi garantie de dieu sait quoi, alors qu’il n’est que faiblesse, opportunisme et petits calculs individuels de Beppe Grillo à Podemos, en passant par tous les clones.
Tous ceux que Pierre Laurent propose de rassembler pour sauver son rêve européen, au lieu de songer à la résistance française face à ce qui ne manquera pas d’arriver, ce qui est déjà en train avec Valls-Macron… Ils ont été rattrapés par le fond de la culotte pour ne pas voter le plan, mais leurs copains frondeurs du PS, les héros de la dernière fête de l’Humanité ont montré leur vrai visage…

Je ne crois pas plus en la réussite du plan pour la Grèce qu’en la capacité de Tsipras et Syriza de préparer la seule solution viable ; une sortie de la zone euro… Il n’y a pas un économiste sérieux qui accorde la moindre crédibilité à ce plan et à la capacité du premier ministre d’en tirer le moindre aspect positif pour son pays et pour les couches populaires. Même le FMI freine des quatre fers…

Pas plus que je ne crois en la capacité actuelle des dirigeants du PCF, du Front de Gauche, de Mélenchon à renoncer à leur addiction à l’Europe et à sa monnaie unique… Simplement tous ces gens font semblant d’avoir compris, mais ils dirigent déjà leur colère contre la seule Allemagne, pour mieux préserver leur coupable tactique… Ils sont en train avec le tonitruant et vide Montebourg de transformer Yanis Varoufakis, le non moins tonitruant et vide ex-ministre des finances, en nouvel héros.

Ils se sont bien trouvés ces deux là… Que dire quand des gens qui témoignent seulement de leur insigne faiblesse se permettent de prendre de haut Wolfgang Schäuble?

Ce dernier dans son fauteuil d’infirme est mille fois plus réaliste, plus fort que ceux qui prétendent ruser avec lui et il sait à quel point le temps joue pour lui et son grexit. Parce que le capital dont il est une incarnation, ce capital sénile grabataire n’a en face de lui que des beaux parleurs avantageux, des pseudos stratèges coupés de la force des masse, des égotistes qui se bercent d’illusions. La révolution n’est pas un dîner de gala disait Mao…

Il y a dans toutes ces médiocres manœuvres quelque chose d’humiliant tant le brillant intellectuel recouvre mal le vide abyssal d’absence de véritables perspectives révolutionnaires dont nous avons un urgent besoin, tous ces gens sont en train de faire le lit du fascisme.

Bonnes vacances, la rentrée sera dure et les marchands d’illusions auront fort à faire. Je me demande bien dans quelle voie de garage ils vont diriger la fête de l’Humanité… Il y a tout à parier qu’ils vont après Montebourg et sa fête de la Rose, faire de Yanis Varoufakis le héros de cette fête… Pour que rien ne change malgré ou à cause des aboiements… Il dira à quel point la zone euro n’est pas faite pour les gens honnêtes mais il n’y aura pas la moindre campagne du PCF pour la sortie de l’euro… on se contentera de vitupérer l’époque et en appeler à un grand rassemblement d’éclopés sociaux-démocrates européens…

J’espère me tromper.
Danielle Bleitrach
Gautier Weinmann


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Se remettre en cause, se préparer et surprendre pour rendre tangible l'alternative !


On ne peut approuver les propos de notre Secrétaire national Pierre LAURENT, quand il a proclamé au Sénat mercredi 16 juillet « être solidaire des choix de Syriza ». On ne peut pas non plus l'approuver quand il s’exclame « vive Alexis TSIPRAS » et qu’il salut son « courage et sa responsabilité » .

De telles déclarations heurtent toutes les valeurs des communistes.

En effet, un lourd choix a été fait par TSIPRAS , que nous devons désormais nettement condamner, sans pour autant insulter l'avenir (tout le monde peut faire des erreurs). C'est à lui d'assumer. Le constat est clair : le 3ème mémorandum va accentuer l’austérité en Grèce, sans aucune perspective de redressement. Rien n’est réglé, les souffrances du peuple grec vont perdurer et s’accentuer. Une tutelle honteuse est mise sur la Grèce.

Étrange situation qui a vu deux victoires électorales – celle des législatives en janvier, et celle au référendum du 5 juillet 2015 – se transformer en leur contraire dans ce pays. Certains diront : je vous l'avais bien dit. Mince consolation et bien triste défaite pour le peuple grec.

Comment en est-on arrivés là ? Pourquoi Alexis TSIPRAS, qui avait promis d’en finir avec l’austérité et de respecter la souveraineté de son pays, en est-il arrivé à faire sauter toutes les lignes rouges qu’il avait lui-même fixées ? Je n’ignore rien de la difficile négociation dans laquelle étaient enfermés nos camarades grecs.

Mais comment créer précisément un rapport de force ? La leçon doit servir pour la France. Dans notre pays aussi, ce sont des « socialistes » qui n’avaient pas été élus pour ça qui pilotent, sous l’égide de Bruxelles et à l’image du projet de loi dit MACRON, les contre-réformes et les mesures d’austérité renforcées.

La France est un grand pays . Mais plus personne ne peut le nier : jamais les « partenaires » européens n’accepteront de transiger sur quoi que ce soit face à un Gouvernement qui refuserait les normes austéritaires. N’est-ce pas François HOLLANDE lui-même, tout auréolé de son élection de 2012, qui a échoué à renégocier le Traité d’austérité SARKOZY-MERKEL devant l'intransigeance des Allemands ?

Pour un vrai changement, il faut d’urgence remettre en cause certains dogmes . L'Union européenne en est un. Il faut tirer les leçons des expériences pour préparer une alternative crédible et efficace en 2017, alors que seul le FN profite de nos lacunes et de la situation politique, figée, bloquée.

On ne peut plus faire l’économie d’un agenda clair des réformes et des ruptures que nous devrons prendre, agenda de gouvernement qui devra comporter des unilatérales fortes (nationalisation immédiate de toutes les banques, dénonciation de la dette ou d’une partie de celle-ci, menace ou sortie avérée de l’euro…).rougemidi.org


Edité le 19-07-2015 à 14:27:11 par Xuan


Xuan
   Posté le 19-07-2015 à 13:54:35   

Situation grecque: analyse du PC portugais - Solidarité Internationale PCF


Solidarité Internationale PCF
17 juillet 2015


A propos des décisions annoncées au sommet de l’Eurogroupe sur la Grèce

Communiqué du bureau de presse du Parti communiste portugais, 13 juillet 2015, traduction MlN pour Solidarité internationale PCF

1. A la vue des décisions du sommet de l’Eurogroupe visant à engager des négociations sur un nouveau « mémorandum » pour la Grèce, le PCP réaffirme sa condamnation des procédés de chantage, de déstabilisation et d’asphyxie financière utilisés par l’UE et le FMI pour imposer au peuple grec la poursuite de son endettement, son exploitation, son appauvrissement et sa soumission.

Ce procédé d’ingérence et de chantage, s’il ne s’est pas privé d’exploiter les incohérences, contradictions et compromis du gouvernement grec et s’il a pris ces derniers jours des aspects encore plus durs, révèle la nature politique et les buts politiques du processus capitaliste d’intégration européenne et la crise profonde qu’il rencontre. Ce procédé montre qu’il n’y a pas de solidarité et de cohésion de l’Union européenne.

1. Le PCP condamne l’alignement du gouvernement portugais et du président de la République sur les diktats de l’Union européenne et de son directoire de puissances. Cet alignement, avec la complicité du Parti socialiste, va à l’encontre de l’intérêt national et trahit la volonté de poursuivre au Portugal la politique d’exploitation, d’appauvrissement et de soumission du pays aux diktats du grand capital, de l’Union européenne et du FMI.

2. Indépendamment d’une plus ample analyse et de nouveaux développements, le PCP constate que les décisions qui viennent d’être annoncées sont profondément contraires aux aspirations et aux intérêts des travailleurs et du peuple grecs et à la volonté de changement de politique exprimée aux élections du 25 janvier et au référendum du 5 juillet. Elles s’inscrivent dans la continuité et l’aggravation du cours qui a mené la Grèce à la situation actuelle de catastrophe économique et sociale et de dilapidation de ses ressources, actifs et richesses, et qui la maintient ligotée dans le carcan du « Mécanisme de stabilité européen », de l’euro, du Traité budgétaire, de la gouvernance économique et du FMI.

Le PCP constate qu’étant donné la taille et la nature insoutenable de la dette, les institutions de l'UE elles-mêmes admettent l’éventualité d’en changer les termes et les intérêts.

1. Ce que montre le processus à l’œuvre en Grèce, ce que prouvent la méthode et le résultat du sommet de l’Eurogroupe, c’est qu’une politique véritablement porteuse des valeurs de justice et de progrès social, de développement souverain et de démocratie, exige une rupture avec les contraintes de l’euro et de l’Union monétaire européenne dictées par les intérêts du grand capital financier et le directoire des puissances de l’Union européenne en violation profonde avec la souveraineté des peuples.


Ce processus ne montre pas la fatalité d’une posture de soumission aux injonctions et au chantage de l’Union européenne mais la nécessité de la résistance et de la lutte pour une rupture avec les politiques fondées sur les inégalités et la régression économique et sociale.

1. Le PCP exprime sa solidarité avec les travailleurs et le peuple grecs, son soutien à leur lutte contre les politiques d’exploitation, d’appauvrissement et de soumission imposées par l’Union européenne, le FMI et les gouvernements successifs au service du grand capital.

2. L’évolution de la situation dans l’Union européenne et le processus en cours en Grèce attestent de la validité et de la justesse de l’analyse et des propositions du PCP, en particulier en ce qui concerne l’urgence d’une renégociation de la dette portugaise, de ses termes, montants et intérêts (reconnue maintenant par beaucoup comme inévitable) et le besoin d’étudier et de préparer la libération du pays de sa soumission à l’euro afin de résister aux procédés de chantage et de garantir une souveraineté monétaire, budgétaire et économique.

Au Portugal, seule une politique patriotique de gauche peut assurer le développement et le progrès économique et social et briser la voie du déclin et de l’abdication nationale sur laquelle le PS, le PSD et la CDS veulent poursuivre. C’est la voie de l’affirmation de la souveraineté, basée sur la volonté, l’intervention et la force du peuple portugais que le PCP est déterminé à porter, assumant toutes les responsabilités que le peuple voudra lui assigner.

Le PCP, confiant dans la force du peuple portugais et des autres peuples d’Europe, est profondément convaincu qu’il sera possible de construire une Europe de coopération entre Etats souverains avec des droits égaux, de progrès, de liberté et de paix, fondée sur les valeurs de solidarité, de justice sociale, de démocratie et de respect mutuel.

Solidarite-internationale-pcf.fr
Xuan
   Posté le 19-07-2015 à 13:58:26   

Situation grecque: débats au sein du PCF - Solidarité Internationale PCF


Solidarité Internationale PCF
17 juillet 2015


Nous reproduisons ci-dessous, à titre d'information, un article du site vivelepcf relatif aux positionnements successifs de la direction du PCF et aux vifs débats dans le Parti cette semaine sur la question grecque. Solidarité internationale PCF.

EDT pour Vivelepcf, 16 juillet 2015

Mercredi 15 juillet, finalement, la majorité des députés et sénateurs communistes ont voté NON à la validation du nouvel accord UE/Grèce, quatre sénateurs s’abstenant. La direction du PCF a corrigé sa position exprimée en début de semaine. André Chassaigne, président du groupe GDR, avait alors annoncé publiquement son intention de voter OUI. Dans son interview à l’Huma du 15, Pierre Laurent a également largement rectifié son communiqué du 13 dans lequel il saluait la signature de l’accord et se « réjouissait que la France ait joué un rôle positif aux côtés d’Alexis Tsipras ».

Comme de nombreux camarades, qui avaient exprimé leur réprobation depuis lundi (voir appel en lien), nous sommes soulagés de ce changement de position.

Un vote OUI aurait placé notre parti, un parti communiste , avec tout ce que ce nom signifie historiquement dans notre pays et à l’étranger, en porte-à-faux avec ceux qui refusent, résistent et luttent en Grèce contre les mesures antisociales d’une violence inouïe voulues par les capitalistes européens. Un OUI aurait, en France, handicapé nos propres luttes contre l’austérité, prétextée également par Hollande et Valls au nom des déficits et de la dette publics. Un OUI aurait donné une caution à la volonté de domination et au chantage exercé contre les peuples par l’UE du capital.

Toutefois, ce changement de position laisse en suspens dans le Parti plusieurs questions importantes.

Depuis le départ, la direction du PCF, relayée par l’Huma, apporte un soutien inconditionnel, aveugle, aux positions et à la stratégie d’Alexis Tsipras en Grèce. Les discours d’André Chassaigne et de Pierre Laurent à l’Assemblée et au Sénat le 15 saluent toujours « le courage et la responsabilité exemplaires » du premier ministre grec.

Pourtant, Tsipras a fait voter en Grèce le projet que nous avons refusé en France. Objectivement, Tsipras se trouve à faire passer un mémorandum encore plus gravement antisocial que les précédents sur lesquels il avait promis de revenir, pire aussi que le projet de l’UE contre lequel il a appelé à voter le peuple au référendum du 5 juillet. Nos camarades du Parti communiste grec, le KKE, dénoncent depuis l’accompagnement de la politique des capitalistes grecs et européens par Tsipras. Hier, 39 députés de Syriza et la direction de ce parti ont, à leur tour, désavoué le gouvernement de coalition de Tsipras et Kammenos (leader du parti de droite nationaliste xénophobe et néolibéral ANEL), Tsipras étant maintenant soutenu par ND et le PASOK, partis précédemment aux affaires.

Nous réitérons la demande de l’ouverture d’un large débat dans le Parti avec une tribune ouverte dans l’Huma, incluant, entre autres, une interview des représentants de notre parti frère, le KKE, dont les positions et les actions sont anormalement occultées dans notre journal.

Les déclarations de Pierre Laurent et André Chassaigne de lundi ont révélé également un décalage avec l’état d’esprit des communistes et de nos sympathisants. Il est apparu à beaucoup ahurissant qu’ils saluent « un rôle positif » de François Hollande. A ce sujet, certains, dont nous-mêmes, mettent en garde contre toute tentation de diabolisation des dirigeants allemands (coalition CDU-SPD que nous dénonçons évidemment), dont Mélenchon offre une caricature aux accents xénophobes. L’impérialisme allemand, dominant, et l’impérialisme français sont parfois rivaux mais toujours alliés dans l’UE du capital contre les droits des travailleurs.

Les témoignages permanents des dirigeants du Parti, à l’unisson avec le PGE et Tsipras, d’attachement à « l’Europe » et même à l’euro, la volonté de ménager un espoir (une illusion) de « réorientation » démocratique et sociale de l’UE se heurtent aux faits. L’UE et son premier instrument, l’euro, sont dirigés contre les peuples, cherchent à les opposer les uns aux autres, font le lit des partis nationalistes et d’extrême-droite. Notre parti, le PCF, a-t-il eu tort de 1951 à 1998 de considérer qu’une coopération mutuellement avantageuse entre les peuples d’Europe n’est possible qu’avec une rupture avec ces institutions capitalistes ?

Le cas grec rend encore plus indispensable de reposer le débat dans le PCF.

Dans l’immédiat, le vote des parlementaires communistes français nous permet de réaffirmer à ceux qui luttent en Grèce, à nos camarades grecs, aux syndicats de lutte grecs (dont le principal, le PAME, proche du KKE), notre solidarité dans une période d’instabilité dangereuse pour tout un pays.

Gilbert Remond
Hier, à 12:48



Pierre Laurent est un dirigeant qui voit loin et nous prédit un avenir plein de promesses grâce a sa nouvelle stratégie de rassemblement. Lisez ce qu'il déclarait au mois de février et regardez a quel point les évènements lui donne raison. " l'arrivé au pouvoir de SYRISA est une chance pour l’Europe qui va pouvoir rouvrir le débat sur l'austérité...... Enfin un gouvernement a la table du conseil pour rouvrir le débat" "L'austérité ne fait pas partie des règles intangibles de l'Europe, la démocratie oui" et enfin " Certains pense que l'Europe est un obstacle pour SYRISA alors qu'en vérité l'Europe est un atout"......Eh bien mes camarades nous venons de passer quelques semaines de cauchemars et tout ce que nous avons entendu de la part de l'euro groupe et des créanciers de la Grèce, ce n'est que du vent, que mauvaises pensées

euractiv.fr
Pierre Laurent : « L’Europe est un atout pour Syriza, pas un obstacle »


EurActiv.fr, - Cécile Barbière,



Le chef de file du parti communiste français voit dans le phénomène Syriza une chance pour réorienter le projet européen. Un chantier qu’il espère mener à bien avec les écologistes et l’aile gauche des socialistes en Europe.
Pierre Laurent est secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et président du Parti de gauche européenne (PGE)
Le parti de gauche radical Syriza a remporté les dernières élections grecques. Quel changement le gouvernement d’Alexis Tsipras peut-il apporter au niveau européen ?
L’arrivée au pouvoir de Syriza est une chance pour l’Europe, qui enfin va pouvoir rouvrir le débat sur l’austérité et la réduction à marche forcée des déficits publics qui a été choisi comme la seule voie de traitement de la crise en Europe, avec des conséquences sociales dramatiques dans de nombreux pays européens dont la première est le chômage. Enfin un gouvernement à la table du Conseil pour rouvrir le débat !
La première décision du gouvernement grec a d’ailleurs été de renégocier l’accord entre la Grèce et ses créanciers européens. L’accord trouvé entre Alexis Tsipras et les ministres des Finances de la zone euro est-il un pas dans la bonne direction ?

L’accord signé est intéressant à double titre. D’abord, parce que c’est un accord qui marque la fin de la Troïka. On revient à une négociation directe entre un gouvernement élu et les instances européennes alors que depuis 5 ans nous faisions face à une Troïka qui dictait sa loi. Il s’agit d’un retour à la négociation politique.

Deuxièmement, cet accord ne signe évidemment pas la fin des négociations entre la Grèce et l’Europe, mais pour l’heure Syriza n’a renoncé à aucune des mesures sociales auxquelles il s’était engagé auprès de ses électeurs. La Grèce est maintenant dans la position de négocier avec du temps.

On sort d’une période où la direction de l’Eurogroupe dictait ses conditions à des gouvernements qui n’avaient pas le droit de discuter ou qui avaient renoncé à toute velléité de discussion. Cet accord s’est négocié sur la base de la proposition de Varoufakis et cela est un point marqué par le nouveau gouvernement grec face à tous ceux qui le sommaient de se ranger sans discussion aux positions précédentes.

Alexis Tsipras est pour l’heure l’unique dirigeant au sein du Conseil européen issu de la gauche radicale. Seul, peut-il réellement changer les choses ?

Évidemment il s’agit d’un gouvernement parmi les 27 autres. Mais je pense qu’il le peut, car le gouvernement grec dispose d’une confiance populaire très forte. Et l’austérité ne fait pas partie des règles intangibles de l’Europe, la démocratie oui.

La volonté politique très forte du gouvernement Syriza de faire valoir la voix de son peuple est un argument fort. D’ailleurs je rappelle que le début de la descente aux enfers de la Grèce a coïncidé avec la décision de la Commission européenne d’interdire à l’ancien premier ministre grec Georges Papandréou de consulter le peuple grec.

Par ailleurs, je pense que le rapport de force en Europe en faveur des exigences de Syriza va bien au-delà de la position de tel ou tel gouvernement. Parce qu’il y a des forces populaires, sociales et syndicales extrêmement nombreuses en Europe qui ont les mêmes exigences que Syriza : on l’a vu avec la confédération syndicale du DGB en Allemagne, avec les mouvements populaires qui se forment en Espagne, en Italie ou en Belgique. Il y a une contestation des politiques d’austérité qui dépasse le cadre gouvernemental et qui est un point d’appui pour Syriza.

Dans cette affaire, Syriza ne porte pas seulement les revendications du peuple grec, mais aussi les exigences populaires européennes.

Enfin, le développement des mouvements des forces de la gauche radicale européenne est en train de se poursuivre. Et le fait qu’Alexis Tsipras ait été notre candidat commun à la présidence de la Commission européenne lors des dernières élections a participé à la diffusion de ces idées dans de nombreux pays européens.

Au niveau politique, sur quels partenaires Syriza, et plus largement la gauche européenne, peut-il s’appuyer en Europe ?

Il y a des forces nouvelles en Europe qui soutiennent ce mouvement. Une partie des forces écologiques dans plusieurs pays européens convergent sur un certain nombre de questions. On voit aussi quelques élus socialistes- notamment en France - manifester leur solidarité avec Syriza.

C’est avec les forces du Front de gauche, et celles d’Europe-Ecologie les Verts qu’il faut parvenir à constituer une coalition porteuse de projets alternatifs en Europe.

L’Union européenne est-elle véritablement un lieu ou Syriza peut faire changer les choses ?

Certains pensent que l’Europe est un obstacle pour Syriza alors qu’en vérité l’Europe est un atout, car tous les peuples européens sont concernés par les enjeux soulevés par la victoire de ce parti.

D’ailleurs on a bien vu que ce qui inquiétait certains gouvernements européens dans l’arrivée du nouveau gouvernement grec : le risque que cela donne des idées à d’autres en Europe !

Que faut-il changer à la gouvernance économique de l’Union européenne ?

La gouvernance économique actuelle de l’Europe ne convient pas du tout. Il faudrait modifier en profondeur le statut et le rôle de la Banque centrale européenne. Le maintien de l’interdiction qui est faite à la BCE de refinancer les États sans passer par le secteur bancaire alors que c’est ce dernier qui a joué un rôle décisif dans la crise économique est une aberration !

On voit bien d’ailleurs que les décisions récentes de la BCE de réinjecter massivement de l’argent dans la machine européenne mettent le doigt sur ce problème, sans aller jusqu’à remettre en cause ce qui ne fonctionne pas dans la gouvernance économique actuelle.
Par ailleurs, les organisations sociales et syndicales sont écartées de tout droit de regard sur les orientations économiques de l’Union. Le résultat c’est qu’on a une gouvernance européenne très largement confisquée par les autorités financières et bancaires. Une des choses qu’il faut absolument changer est le déficit démocratique qui devient une des causes de la crise structurelle que traverse l’Europe

Comment lutter contre ce déficit démocratique ?

Je suis favorable à ce que les pays européens aient le droit de ne pas participer à telle ou telle directive ou pouvoir européen si son peuple, consulté par référendum s’y oppose totalement. Il faut construire l‘Union européenne par l’adhésion des peuples européens et pas par la contrainte descendante qui est la logique de la majorité des directives européennes.
On pourrait utiliser ce type de procédure de consultation pour pousser à la concertation, alors qu’aujourd’hui l’édifice fonctionne de manière à ce que les plus puissants imposent leurs volontés aux États les plus faibles.

Aujourd’hui, nous qui avons souvent été taxés d’euroscepticisme, nous sommes les seuls à porter l’idée de l’Europe de la solidarité. Je pense que le choix à venir pour l’Europe sera soit de trouver une réponse européenne solidaire à la crise soit laisser les mouvements de destruction de l’Europe – qui souhaitent apporter soit une réponse ultra-nationaliste soit ultra-libérale – l’emporter.

Gilbert Remond
Hier, à 12:22




Ils sont partout les mêmes ces gauchistes canada dry, ces forts en gueule de la modernité. Ils veulent incarner le renouveau de la politique comme d'autres nous proposent de nouvelles lessives qui lavent plus blanc mais la poudre au yeux est puisée dans le même tonneau. Voilà c'est dit il n'y a pas d'autre solution que d'accepter. Alors a quoi ils servent? A repeindre les vieux pots pour nous servir la même soupe aigre que de tout temps les bourgeois gentilshommes réservent a leur travailleurs. Et bien sur avec SYRISA c'est vers PODEMOS que l'on nous demande de regarder pour faire l’Europe sociale de demain.Laurent en rêve tout haut a la télé d'ailleurs c'est tellement fort chez lui qu'il ne s’aperçoit pas qu'il entonne la même chanson. Il faut lui rappeler le lendemain que chez nous on ne mange pas de ce pain là
liberation.fr


Edité le 19-07-2015 à 14:09:18 par Xuan


Xuan
   Posté le 25-07-2015 à 16:19:23   

Deux voies irréconciliables


Dans les colonnes de l'Humanité :

Eurogroup : la France ne doit pas plier et soutenir la Grèce jusqu'au bout (PCF)

Les informations qui circulent sur les débats de l'Eurogroup et les documents « leakés » sur les réseaux sociaux sont extrêmement inquiétants. Un engrenage destructeur visant le Grexit se met en place alors que le gouvernement grec a formulé, dans le calme et avec une grande humilité, un programme de réformes et un plan de financement viables, un compromis acceptable par toutes les parties.

Si l'Eurogroup n'a pas abouti hier, c'est parce que les forces de la droite radicale ne veulent pas céder la moindre marge de manœuvre au gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras. Après avoir organisé l'asphyxie financière et le chantage avant le referendum, leur objectif est maintenant l’échec des négociations.

Ainsi, le représentant de la coalition gouvernementale droite/extrême droite Finlandaise menace d'un veto tout nouveau plan d'assistance financière à la Grèce. Et Wolfgang Schaeuble, le ministre des finances allemand joue les discussions de couloir autour d'un document de travail «off the table » qui préconise la sortie de la Grèce de l'Eurozone pendant 5 ans. Le tout sur fond d'humiliations et de procès d'intention insupportables jetés au visage des officiels grecs.

Le Parti communiste français tient à rappeler à toutes et tous que les heures les plus sombres de l'Histoire de l'Europe ne sont pas venues des aspirations populaires et de la démocratie mais bien de leur piétinement, des humiliations, des volontés hégémoniques et attitudes revanchardes. Nous ne pouvons pas laisser faire une folie qui jetterait les peuples dans le désespoir et dans les bras de la bête immonde.

La France a, certes tardivement, joué un rôle positif pour la conclusion d'un accord. Elle ne doit pas plier et le faire jusqu'au bout en soutenant les propositions grecques par tous les moyens diplomatiques jusqu'au veto, au cas où le grexit serait l'hypothèse retenue par l'Eurogroup.

Les dernières semaines auront été révélatrices des défauts de fabrication de l'Union Européenne, des conséquences du manque patent de démocratie, de la place laissée aux marchés financiers et institutions financières soit disant « indépendantes », du dumping social et de la concurrence entre les peuples.

Notre pays a le devoir non seulement d'aider les Grecs dans leur lutte pour la dignité mais de se battre à leur côté pour refonder l'Europe pour sortir de ce cauchemar.

Parti communiste français,
Paris, le 12 juillet 2015.

La déclaration de Pierre Laurent :

GRECE : "Si un accord est signé, c'est grâce au courage d'Alexis Tsipras" (Pierre Laurent)

Un accord de compromis a été trouvé ce matin par les chefs d'Etats de la Zone euro. Cet accord écarte le scenario du « Grexit » et l'asphyxie financière de la Grèce, voulus par Wolfgang Schaeuble et Angela Merkel, qui jusqu'à la dernière minute ont tenté la mise sous tutelle intégrale de la Grèce, la négation de sa souveraineté, sa soumission aux puissances financières, sa vente à la découpe.

Si un accord est signé, c'est grâce au courage du Premier Ministre grec. Pour la première fois, un chef de gouvernement a osé affronter les puissances dominantes qui pensent que tout leur est permis en Europe. Le soutien de son peuple n'a cessé de grandir depuis janvier pour cette raison. Je me réjouis que la France ait joué un rôle positif à ses côtés.

Certaines des concessions faites ont étés imposées à la dernière minute. N'oublions pas que ce fut sous la menace et après 2 semaines de fermeture des banques. Le gouvernement grec a fait un choix responsable, celui de permettre avant tout la stabilité financière durable du pays et l'investissement pour l'emploi et le redressement productif du pays. La dette sera rééchelonnée et les taux d'intérêts renégociés. Alexis Tsipras a confirmé son intention de faire porter les efforts sur les grecs les plus riches et de protéger les classes populaires. La BCE doit immédiatement décider la réouverture des robinets pour les banques grecques.

L'Europe vit des moments historiques. Les pressions et humiliations subies par Alexis Tsipras et le peuple grec durant tout le week-end soulèvent de lourdes questions pour nous tous, pour l'avenir de la coopération dans la zone euro. Le combat pour l'égalité des pays, le respect de la démocratie et de la diversité, pour la solidarité, pour la reconquête de pouvoir sur la finance doit se poursuivre. C'est une question existentielle pour un avenir solidaire dans l'Union européenne.
Tous les européens ont intérêt à amplifier leur soutien à cette bataille politique et leurs luttes contre l'austérité dans leur propre pays. J'appelle toutes les forces démocratiques et de gauche à travailler ensemble à un projet commun pour sortir l'Europe de la tourmente libérale.

Dans la Marseillaise du 14 juillet :

Grèce. toute l'Europe se réveille avec la gueule de bois

Le gouvernement Tsipras et les créanciers sont arrivés à un accord hier aux alentours de 8h, après 17h d’âpres négociations. Le plan d’aide de 80 milliards se fait au prix de mesures drastiques.
Les dirigeants de la zone euro ont finalement conclu hier matin un accord pour négocier un troisième plan d’aide à la Grèce et éviter une sortie du pays de la zone Euro. Le Grexit évité –malgré la pression allemande pour y parvenir– apparaît en fait comme la seule véritable bonne nouvelle tant ces dix-sept heures de négociations auront été traumatisantes.
Le texte demande de lourds efforts aux Grecs mais permet au moins d’entrevoir un nouveau plan d’aide alors que le pays est en manque de liquidités. Le plan porte sur une enveloppe remboursable de 80 milliards d’euros ainsi que 35 milliards d’euros d’investissements issus du plan Juncker.
« Accord difficile mais qui garantit la relance » selon Tsipras
Alexis Tsipras réclamait un accord in extremis pour sauver les banques grecques, à cours de liquidités et éviter un effondrement financier du pays. Hier, il a salué un « accord difficile », mais garantissant la « relance » de l’économie grecque.
Le gouvernement grec a « livré jusqu’au bout un combat juste » , qui a débouché sur un « accord difficile » mais garantissant la « stabilité financière » et la relance en Grèce, a déclaré le Premier Ministre grec. « La grande majorité du peuple grec va soutenir cet effort (…) nous continuerons à nous battre » pour « les réformes radicales dont la Grèce a besoin » , a-t-il ajouté en admettant que « il s’agit de mesures qui renforceront sans aucun doute la récession » .

Satisfaction de la France

Le Président français François Hollande a parlé lui hier matin de « décision historique » qui « permet à la Grèce de rester dans la zone euro » , soulignant en même temps « le choix courageux » du Premier Ministre grec. « La crédibilité de l’Europe aurait été atteinte s’il n’y avait pas eu d’accord aujourd’hui » , a affirmé le Président français. Il a fait valoir que l’accord comprenait « un reprofilage de la dette » d’Athènes « par un allongement des échéances, des maturité et par une négociation des intérêts ».
Les pourparlers ont une nouvelle fois permis de constater la ligne dure austéritaire de la Chancelière Angela Merkel bien décidée à mettre à genoux le peuple grec et son Premier Ministre de gauche. Selon elle, l’accord comprend « une large palette de réformes au moyen desquelles, je crois, la Grèce a la chance de revenir sur le chemin de la croissance ». Mais « le chemin sera long et, si j’en crois les négociations de cette nuit, difficile ».
Dans l’urgence, la zone euro, dont les Ministres des Finances se réunissaient hier après-midi devait trouver les moyens d’assurer un « pont » financier pour répondre aux besoins à court terme de la Grèce, soit 12 milliards d’euros d’ici à la mi-août.
Ce weekend bruxellois laissera des traces indélébiles. Ou l’Union européenne ne sort pas grandie.
La Marseillaise, le 14 juillet 2015

On appréciera tout particulièrement le sous-titre "Satisfaction de la France" dont le parti révisionniste ne sort pas grandi en effet.

Le lendemain le réseau "faire vivre le PCF" appelait à signer la pétition Euro ou refus de l’austérité, il faut choisir ! "En urgence avant le vote des parlementaires communistes, ce mercredi 15 Juillet à 16h."
Les dirigeants révisionnistes toute honte bue revenaient sur leurs déclarations précédentes et refusaient de soutenir l'accord.
Xuan
   Posté le 28-07-2015 à 13:40:48   

Voilà que l'Humanité révisionniste se réveille, se frotte les yeux et s'interroge avec méfiance sur l'aspect géopolitique de la crise grecque. Allons bon, encore un obstacle à notre Europe solidaire ... :

Grece : l’introuvable plan « B », comme Brics

ROSA MOUSSAOUI
MARDI, 28 JUILLET, 2015
L'HUMANITÉ


Le ralentissement économique des pays émergents a privé la Grèce 
des nouvelles coopérations économiques sur lesquelles comptait Syriza.

Est-ce l’extravagance de l’accord extorqué sous la menace au premier ministre grec, le 13 juillet, à Bruxelles, qui débride l’imagination des journalistes de To Vima ? Le quotidien de droite affirmait, il y a quelques jours, que le président russe, Vladimir 
Poutine, aurait, le 5 juillet dernier, jour de la victoire du « non » au référendum, opposé une fin de non-recevoir à la sollicitation d’Alexis Tsipras, demandeur d’un prêt de 10 milliards de dollars pour financer un Grexit et «  imprimer des drachmes  ». L’histoire paraît peu crédible, surtout venant d’un titre ayant mené une campagne acharnée pour le « oui », présenté comme la seule garantie de maintien dans l’euro. Elle évoque toutefois l’échec d’un introuvable « plan B » dans lequel les pays émergents, Russie en tête, auraient pu jouer un rôle de pivot.

La Russie n’est pas prête à s’engager plus avant sur le terrain grec

Avant même la tenue des élections législatives anticipées, on évoquait ouvertement à Syriza la nécessité, pour une Grèce ancrée dans l’Union européenne, d’élargir l’éventail de ses coopérations économiques et de ses relations diplomatiques. Au mois de décembre 2014, alors que la chute du gouvernement Samaras était devenue inévitable, l’économiste Yannis Tolios, membre du comité central de Syriza, évoquait le projet de « renégocier la politique extérieure grecque ». « Les Chinois prêtent de l’argent aux États-Unis, une grande partie de la dette américaine est détenue par Pékin, remarquait-il. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous tourner vers les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), nouer avec ces pays de nouveaux partenariats économiques ? »

Perspective d’autant plus rationnelle qu’Athènes entretient déjà des liens étroits avec les pays émergents et en développement, qui concentrent 53 % du total des exportations grecques de biens (33,5 milliards de dollars) et 51 % des importations (63,5 milliards de dollars). Principal partenaire commercial et premier fournisseur de pétrole et de gaz, la Russie a multiplié les échanges bilatéraux avec le gouvernement Tsipras, jusqu’à la signature en juin d’un accord sur le transit du gazoduc South Stream à travers la Grèce.

Ces derniers jours, Athènes et Moscou ont trouvé la formule pour contourner l’embargo et permettre l’exportation de denrées agricoles grecques vers la Russie, via des compagnies russo-grecques de droit russe. Au plan symbolique, le Kremlin ne manque jamais une occasion d’exalter les «  liens spirituels et culturels  » unissant les deux pays, majoritairement orthodoxes. Mais Poutine, avec une économie en récession, fragilisée par la chute des cours des hydrocarbures, ne semble pas prêt à s’engager plus avant sur le terrain grec. «  Moscou n’est pas favorable à un Grexit, par crainte des conséquences systémiques. Les Russes recherchent avant tout la stabilité de leurs intérêts. Ils sont prêts à aider la Grèce, mais selon les scénarios qui les arrangeront  », remarque-t-on à la direction de Syriza.
Les obstacles économiques se conjuguent avec les préventions diplomatiques et géopolitiques, les Russes, déjà impliqués sur le front ukrainien, ne souhaitant pas allumer d’autres contentieux avec l’Union européenne.

Pékin affiche la même prudence. D’autant que les investissements chinois sont loin d’être désintéressés : avec le géant du fret maritime Cosco, concessionnaire de deux terminaux à containers au Pirée, la Chine cherchait surtout à se garantir une porte d’entrée vers l’Europe… et la zone euro. «  Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette relation avec les Brics. Or, il n’est pas du tout certain que celle-ci puisse s’épanouir à l’avenir si nous ne clarifions pas notre relation avec l’UE et la zone euro, remarque Dimitris Sérémétis, professeur d’économie à l’université de la mer Égée. Pour l’instant, nous en sommes à stabiliser nos affaires avec l’UE et, jusqu’ici, chaque pas en direction des Brics, et de la Russie en particulier, était scruté d’un mauvais œil à Bruxelles.  » Surveillance sans doute renforcée à l’avenir, avec la tutelle restaurée par le mal nommé « accord » du 13 juillet.
Xuan
   Posté le 28-07-2015 à 14:00:07   

Sapir sur son blog RussEurope publie :

Pierre Laurent, la Grèce et les mensonges


PAR JACQUES SAPIR • 25 JUILLET 2015

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, vient de donner le samedi 25 juillet une interview à Marianne[1]. Il justifie sa position au sujet de la Grèce et son soutien à la capitulation consentie par Alexis Tsipras. C’est son droit. Mais, pour se faire, il prend un certain nombre de libertés avec les faits. Et cela est beaucoup plus condamnable. Cette interview est une excellente illustration des illusions d’une partie de la « Gauche Radicale », illusions sur l’Euro et sur l’Europe, dont il semble désormais que le Parti de Gauche commence à se dégager[2].
Un petit florilège des citations de Pierre Laurent permet de voir qu’il entretient de sérieuses illusions, et même qu’il adopte un point de vue « européiste » qui n’est pas éloigné de celui du Parti dit « socialiste ». Mais, il faut aussi savoir que les prises de position de Pierre Laurent sont aujourd’hui fortement critiquées dans de larges fractions de la base comme de l’appareil du PCF. Ces prises de position reflètent bien plus les errances d’un homme et d’un groupe de direction du PCF qu’une position largement défendue au sein du Parti.

Une analyse tendancieuse du 13 juillet

Tout d’abord, quand il entend justifier la capitulation de Tsipras, Pierre Laurent dit au journaliste la chose suivante :
« Ils ont enfermé la Grèce et ses dirigeants dans une alternative qui était soit le Grexit — souhaité par les Allemands de manière ouverte, Wolfgang Schaüble, le ministre des Finances allemand, a plaidé jusqu’au dernier moment auprès des Grecs pour une sortie ordonnée —, soit le plan d’austérité qui a finalement été imposé. Le choix qu’a fait Tsipras est un choix qui évite la banqueroute bancaire de son pays, une situation qui aurait été terrible pour les Grecs. Je crois qu’il n’avait pas d’autres alternatives » [3].

Si je suis d’accord qu’un effondrement des banques est une catastrophe, je signale à Pierre Laurent que ce que Tsipras a refusé c’est la proposition de Varoufakis de (1) réquisitionner les banques et (2) de réquisitionner la Banque de Grèce.
Ce faisant, le gouvernement aurait eu accès aux réserves (sous contrôle de la BCE avant la réquisition) déposées à la Banque de Grèce mais aussi dans les banques commerciales. La réquisition est un mécanisme qui permet à tout gouvernement de la zone Euro de s’affranchir de la tutelle de la BCE.
Dire, dans ces conditions, que le choix de Tsipras était entre la banqueroute et la capitulation est faux. La décision de Tsipras a été politique, et non économique. C’était un choix entre s’engager sur une voie, celle que proposait son Ministre des finances Yanis Varoufakis, voie pouvant le conduire à sortir de l’Euro, ou bien d’accepter l’austérité.

Présenter cela comme une décision économique est un mensonge éhonté[4]. Les choses sont désormais publiques, et il est triste de voir Pierre Laurent s’enferrer dans le mensonge.

Pierre Laurent révolutionne la science économique

Commentant un possible Grexit, Pierre Laurent ajoute alors :
« Et une sortie de la zone euro laisserait n’importe quel pays qui la pratiquerait devant la même pression des marchés financiers, voire une pression décuplée et une dévaluation nationale plus grave encore » .

Il semble ici que Pierre Laurent, qui a pourtant fait des études d’économie à Paris 1, ignore qu’il existe des moyens réglementaires permettant à un pays de faire fortement baisser la pression exercée par les marchés financiers. Cela s’appelle le contrôle des capitaux. Non pas le « contrôle des capitaux » imposé par la BCE à la Grèce, et qui aboutit à empêcher les entreprises grecques de faire des opérations sur l’étranger via les comptes Target2 (et qui s’apparente en réalité à un contrôle des changes), mais les contrôles sur les mouvements de capitaux à court terme non liés à des opérations matérielles. Ces mouvements représentent entre 90% et 95% des flux de capitaux, et sont essentiellement des mouvements spéculatifs. Bien entendu, pour les mettre en œuvre, il faut recouvrer le contrôle sur la Banque Centrale. Ici, soit Pierre Laurent fait la preuve de sa méconnaissance des mécanismes économiques de base, soit il les connaît, et en ce cas il ment en toute connaissance de cause. Je laisse le lecteur libre de son choix.

Pierre Laurent est un grand logicien

Pierre Laurent assène alors un argument qui lui apparaît imparable pour écarter une sortie de l’Euro. Cet argument, le voici :
« Il y a d’ailleurs des pays aujourd’hui qui, en dehors de la zone euro, sont également frappés par des politiques d’austérité. Car la pression des marchés s’exerce partout et sur tous les pays » .
On reste sidéré par ce que ce paragraphe implique comme méconnaissance des liens logiques qui relient plusieurs éléments. Bien sûr, il existe des pays qui ont des politiques d’austérité sans appartenir à l’Euro. Nul ne l’a nié. Mais, connaît-on un pays de la zone Euro qui n’applique pas une politique d’austérité ? En fait, on peut montrer que la zone Euro induit un cadre dépressif pour les économies qui y participent[5]. Donc, cet argument ignore ce qu’en logique on appelle des conditions nécessaires et des conditions suffisantes. La sortie de l’Euro est une condition nécessaire à une rupture avec une politique d’austérité, mais ne constitue nullement une condition suffisante. Par contre, par sa méconnaissance de la logique la plus élémentaire, Pierre Laurent nous montre qu’il est suffisant mais pas nécessaire.

Pierre Laurent révolutionne la science économique (bis)

On revient à un argument en apparence plus économique avec la citation suivante, qui se révèle, à nouveau, tout à fait catastrophique :
« Oui, mais aujourd’hui, la différence est que tous les avoirs détenus par les Grecs sont en euros. Et le transfert de ces avoirs dans une monnaie nationale qui serait dévaluée par les marchés financiers conduirait, dans un premier temps, à un affaiblissement considérable du potentiel de ressources des Grecs. Alors que pour reconstruire leur pays, ils ont besoin d’un niveau d’investissement important » .

Notons tout d’abord que ce ne sont pas les « marchés financiers » qui transfèrent les avoirs qui sont détenus par les grecs. C’est en réalité le système bancaire, s’il s’agit d’avoirs détenus en Grèce.
Pierre Laurent, à l’évidence soit ne connaît pas les règles de fonctionnement de l’économie, soit cherche à nous mener en bateau. Ces avoirs en Euros seront automatiquement re-dénominés en Drachmes. Mais cette redénomination touchera toutes les valeurs de l’économie grecque. Donc, le potentiel d’investissement sur la base de l’épargne (oui, cette chose que l’on apprend en fin de première année d’économie, l’égalité entre l’épargne et l’investissement) sera inchangé par rapport aux valeurs de l’économie grecque.
Mais, une partie de ces avoirs ne sont pas détenus en Grèce. Donc, ils resteront en Euros (ou dans une autre monnaie, que ce soit le Dollar ou, peut être, le Mark allemand…). Si la Drachme est dévalué, disons de 25%, cela signifie que ces avoirs seront réévalués de 33%.
Donc, le potentiel d’investissement, sur la base des avoirs grecs détenus à l’étranger, sera largement augmenté. Ce qui veut dire que les grecs ayant mis leurs avoirs à l’étranger pourraient les rapatrier avec un effet bien plus positif sur les investissements que si la Drachme n’avait pas été dévaluée. Notons encore que ceci s’applique aussi à l’ensemble des investisseurs étrangers. En fait, une sortie de l’Euro et une dévaluation de 25% de la Drachme constituent la condition pour qu’un flux d’investissement important en drachmes se reconstitue en Grèce.

Mais, il est peu probable que Pierre Laurent ignore à ce point les mécanismes de base de l’économie, ou alors il faut s’interroger sur les conséquences délétères sur le cerveau humain d’années de travail au journal l’Humanité. Il est bien plus probable que Pierre Laurent, ici encore, mente, et qu’il mente avec l’aplomb d’un arracheur de dents.

Quand Pierre Laurent joue au prestidigitateur

Reprenons le cours du raisonnement. Pierre Laurent nous offre une magnifique perle avec la citation suivante :
« Puisque les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro. Ce n’est pas la zone euro qui les empêche mais la décision politique prise par les dirigeants allemands et un certain nombre d’autres dirigeants européens de rendre impossible l’expérience politique de Syriza ».

Ici, Pierre Laurent fait mine de croire que les dirigeants allemands et européens ont été conduits uniquement par leur haine politique de Syriza. Que ces dirigeants n’aient pas apprécié Syriza est certain. Mais, quand bien même l’auraient-ils apprécié, accepter les solutions proposées par Tsipras impliquait, à relativement court terme, faire basculer la zone Euro vers ce que l’on appelle une « union de transfert ».

Or, les montants nécessaires pour faire fonctionner la zone Euro sans les politiques d’austérité ont été évalués, et on trouvera l’une de ces évaluations d’ailleurs dans ce carnet. Pour faire court, il faudrait que l’Allemagne consacre entre 8% et 10% de son PIB tous les ans pendant environ dix ans à ces transferts.

Il est clair que cela n’est pas possible, sauf à vouloir détruire l’économie allemande. La véritable cause du rejet des options de Syriza se trouve là. Affirmer que « les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro » est un nouveau mensonge.

Les solutions proposées par Tsipras impliquaient une refonte totale de la zone Euro, et cette refonte aboutissait à faire peser un poids excessif sur l’Allemagne. Telle est la vérité. Mais, cette vérité gêne Pierre Laurent, qui préfère la faire passer sous le tapis pour sauver l’illusion de la possibilité d’une zone Euro qui ne soit pas austéritaire. Pierre Laurent doit donc mentir quant aux conditions de viabilité de la zone Euro, mais, nous l’avons vu, il n’est pas à un mensonge près.

Le dernier mensonge

Il ne reste donc à Pierre Laurent qu’un argument : le point Godwin ou la réduction du dilemme grec à un affrontement avec le Front National. Il suffit de regarder le paragraphe suivant pour s’en convaincre :

« Il y a aujourd’hui trois options en débat. L’option d’une Europe de l’ordre libérale, celle qui existe aujourd’hui. Il y a l’option d’une destruction de l’Europe et d’un retour à la compétition, voire au choc des nations dans la crise que traverse l’Europe, c’est l’option du Front national et des forces qui l’appuient. Et il y a l’option qui est la nôtre, celle de Tsipras, la mienne, celle que nous défendons, qui est l’option de la reconstruction d’une Europe de coopération, de solidarité, d’une Europe de souveraineté qui doit laisser plus de place aux pouvoirs de chaque nation de négocier démocratiquement son insertion dans cette Europe de solidarité. Nous parlons d’une Europe à géométrie choisie… » .

Passons sur le fait que proclamer que l’on vivrait mieux dans le monde des bisounours, la troisième option, na jamais fait avancer le débat. Mais, une sortie de la Grèce de l’Euro, et à terme, une dissolution de l’Euro, entraineraient-ils ce cataclysme que prévoit Pierre Laurent ? En fait, de nombreux économistes soutiennent aujourd’hui qu’une sortie de l’Euro était préférable, certains conservateurs comme Henkel[6], d’autres progressistes comme Kevin O’Rourke[7]ou Stefano Fassina[8], ancien ministre du PD en Italie, et parmi eux des assistants de Varoufakis[9]. C’est donc un nouveau mensonge de Pierre Laurent que de prétendre que l’option d’une sortie de l’Euro serait le fait du seul Front National. Un mensonge de plus dira-t-on. Espérons, en tous les cas, qu’il soit le dernier.


[1] Pierre Laurent : “ Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés ”, entretien avec Bruno Rieth, Marianne, 25 juillet 2015,http://www.marianne.net/pierre-laurent-sortie-zone-euro-n-empeche-pas-pression-marches-100235637.html
[2] Voir le blog de Guillaume Etievant, responsable économique du PG, le 24 juillet 2015, http://guillaumeetievant.com/2015/07/24/soyons-prets-a-sortir-de-leuro/
[3] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés” , op.cit..
[4] Je renvoie à l’article de Jamie Galbraith, qui a travaillé avec Varoufakis publié dans Harper’s, http://harpers.org/blog/2015/07/greece-europe-and-the-united-states/ainsi qu’aux explications données par Yannis Varoufakis lui-même sur son blog :http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/14/on-the-euro-summits-statement-on-greece-first-thoughts/
[5] Voir Bibow, J., et A. Terzi (eds.), Euroland and the World Economy—Global Player or Global Drag? Londres, Palgrave, 2007.
[6] http://www.conservativehome.com/platform/2015/07/hans-olaf-henkel-mep-greece-must-leave-the-eurozone-for-the-good-of-us-all.html
[7] http://www.socialeurope.eu/2015/07/moving-on-from-the-euro/
[8] http://www.stefanofassina.it/lavoroeliberta/2015/07/19/sono-daccordo-con-schouble-una-grexit-assistita-unica-soluzione/
[9] Munevar D., « Why I’ve Changed My Mind About Grexit » , in SocialEurope, 23 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/
Xuan
   Posté le 29-07-2015 à 13:26:27   

sur le site "faire vivre le PCF" :

L’UE, système neo-colonial du XXIeme siecle


Mardi 28 juillet 2015, par Francis Arzalier

Les anciennes colonies africaines de la France, devenues théoriquement indépendantes en 1960,furent en fait depuis soumises à leur ancienne métropole par un lacis de Traités inégaux, sur le plan économique, monétaire, diplomatique et militaire. Pire, à cette " Francafrique " est venue s’ajouter la sujétion a l’Occident : les peuples africains qui tentaient légitimement de sortir du sous-développement en investissant dans l’éducation, la santé, l’industrie, se sont retrouvés piégés par une dette vertigineuse, tenus de " rembourser " chaque année des intérêts pharamineux aux financiers occidentaux, et d’accepter les diktats de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire , baptisés " Aide bilatérale " et " plans d’Ajustement Structurel " :
une médecine libérale, incluant austérité, reculs sociaux et sous-développement économique. Ce système de domination appelé " neo-colonialisme " a accouché du chaos actuel de l’Afrique, misère et guerres, délitement des états et migrations incontrôlables.



Parallèlement, durant ce demi-siècle, les dirigeants " libéraux " de l’Europe, Droites et Partis Socialistes confondus dans une même religion du Marché malgré leur concurrence pour les postes de pouvoir, ont construit par un empilement de Traités successifs, " Rome ", " Maastricht ", " Lisbonne ", etc, un édifice supranational qui a abouti à l’Union Européenne actuelle. Son objectif affirmé des le départ était de supprimer progressivement les entraves a la loi du Grand Marché Capitaliste, à la libre circulation des capitaux, des marchandises, des hommes, considérés exclusivement en consommateurs et main-d’œuvre.

Dans ce but, les dirigeants Européens ont livré peu à peu la maîtrise des économies de leurs pays respectifs aux banquiers de l’Union, notamment par le biais de l’Euro, monnaie supranationale, et démantelé progressivement les protections frontalières, au détriment des conquêtes sociales de chaque nation.

Cet édifice supranational s’est élargi aux peuples de l’Est du continent quand le capitalisme y a été rétabli, englobant aujourd’hui près de 30 nations différentes, dans un grand Maelström libéral, qui organise l’austérité budgétaire et les reculs sociaux, le chômage et la surexploitation, les délocalisations des industries et des mains d’œuvre, etc. Tous les peuples d’Europe sont touchés, y compris celui d’Allemagne, dont la bourgeoisie croit avoir retrouvé grâce à l’UE une domination continentale perdue en 1945 : mais des millions de salariés d’Outre-Rhin, Allemands et immigrés, subissent une précarité féroce. Évidemment,ce carcan Européen pese encore plus fort sur les économies les plus affaiblies, l’Espagne et ses 25 pour cent de chômeurs, la Grèce qui a " bénéficié" de plans " d’aide " d’austérité successifs, sous prétexte d’une dette chaque année gonflée par les banques créancières occidentales : Elles encaissent en intérêts la plus grosse partie des subsides de l’UE et le FMI.

Ne revenons pas sur les péripéties de la tragédie grecque de ces mois derniers, sinon pour constater que l’Union Européenne a confirmé à cette occasion qu’elle était à l’égard des peuples qui lui sont soumis un système neo-colonial du même ordre que celui subi par le Mali ou le Tchad dès 1960. Il est néfaste par nature, inamendable : remettre les pays d’Europe sur le chemin de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire et du progrès social est illusoire dans le lacis des Traités Européens ; il n’y a pas d’autre Union Européenne possible, la seule issue est la rupture avec cette prison des peuples.

Nombre de nos concitoyens ont parfois cru un peu naïvement durant quelques jours que le magistral NON a l’austérité infligé par les électeurs grecs a l’UE allait permettre au gouvernement d’Athenes d’engager un processus de rupture avec ses maîtres occidentaux, c’est à dire de faire ce que le peuple français a été jusqu’à présent incapable de faire. C’était oublier un peu vite que le rejet de l’austérité ne débouche sur rien de concret si elle s’accompagne du désir de rester au sein de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN. En France, en Grèce, ou ailleurs, il nous reste à convaincre nos peuples du caractère néfaste de cette UE, qui n’est et ne saurait être autre chose qu’un instrument du capital contre les peuples d’Europe. Tout accord avec elle ne peut être, comme à Athènes aujourd’hui, qu’une nouvelle soumission, qu’il suffira de faire entériner par des politiciens prêts à trahir leurs promesses et a s’allier avec leurs concurrents de droite : on se gardera bien de consulter les électeurs à nouveau sur la nouvelle avalanche de mesures de régression sociale et de privatisations qui vont aggraver encore la situation économique. Cette nouvelle chute vers le gouffre a, bien sûr, l’assentiment des financiers occidentaux qui vont engranger de plus belle les dividendes de la dette, et la bénédiction des stratèges de Washington, contents de constater que le gouvernement Tsipras n’a a aucun moment mis en cause la participation essentielle de la Grèce a la machine guerrière de l’OTAN.

La " crise grecque " a surtout révèle la nécessité de convaincre tous ceux, autour de nous, qui vivent de leur travail ou aimeraient en avoir un, que les illusions sur " une Autre Europe " doivent faire place à la lucidité et à la rupture avec ce système neo-colonial, possible seulement avec un soutien populaire majoritaire. Elle révèle aussi que cette prise de conscience ne doit pas se laisser leurrer par le discours " anti-europeen " des partis d’extrêmedroite, pure démagogie électorale : s’il fallait une nouvelle preuve de leurs mensonges à ce sujet, il suffit de remarquer que dans la meute ultra-libérale dirigée par le gouvernement allemand, le plus hargneux contre la Grèce récemment était celui de Finlande, auquel participent depuis peu les ministres xénophobes des " Vrais Finlandais " !

Un gros effort militant reste à faire, pour convaincre une opinion d’ores et déjà convaincue du caractère néfaste de l’austérité, mais pas encore de l’inanité d’une " autre UE possible "....

Francis Arzalier Le 27 juillet 2015

sur le site Pollex


Edité le 29-07-2015 à 13:26:54 par Xuan


Xuan
   Posté le 30-07-2015 à 13:29:45   

Sous le titre "Ouvrir le débat entre communistes", le réseau Faire vivre et renforcer le PCF met en ligne une importante déclaration. Les commentaires qui l'accompagnent sont tout aussi intéressants.

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Grèce et U.E. : premières réflexions pour ouvrir le débat après la note du CEN (Comité exécutif national) du 17 juillet

Mardi 28 juillet 2015, par lepcf.fr



Les communistes français ont suivi avec beaucoup d’intérêt la situation de la Grèce depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza. Si l’on connaissait les critiques du KKE par rapport à Syriza, il n’en est pas moins vrai que l’arrivée au pouvoir d’une force politique se réclamant de la gauche de rupture à la tête d’un pays épuisé par des années de politique d’austérité, constituait une expérience politique intéressante sur laquelle il fallait se garder de tout à priori et porter un regard communiste solidaire des luttes de ce peuple.

Le référendum du 5 juillet en Grèce, son résultat sans appel – 61% de votes hostiles aux politiques d’austérité que voulait imposer l’Union européenne – permettait à Alexis Tsipras d’être en position de force face aux créanciers de la Grèce. Or, Syriza a signé un accord léonin qui foule aux pieds la souveraineté du peuple grec.

Tout en étant d’accord avec les constats sur la « brutalité de la méthode » de l’Eurogroupe et de la BCE, sur la pression politique et financière exercée à l’encontre de la Grèce, et sur les « violations extrêmement graves de la souveraineté du pays » , nous ne partageons pas de nombreuses autres affirmations de la note de la direction.

Nous souhaitons, par les questionnements qui suivent, ouvrir le débat et la réflexion collective sur des questions jusqu’ici balayées d’un revers de main lors de nos conseils nationaux, à savoir l’appréciation que nous portons sur l’Union européenne au stade actuel de la crise, sur le rôle de la monnaie unique, sur la pertinence d’une sortie progressiste de la zone euro, sans nous interdire de poser la question de la nature de l’Union européenne.

Que nous le voulions ou non, la crise grecque a lancé ce débat au sein des formations politiques françaises, dans les milieux intellectuels et universitaires, mais aussi chez les salariés et dans les milieux populaires.

Refuser d’aborder le débat, nous replier sur le postulat que seule l’extrême droite conteste l’euro et l’Union européenne, serait suicidaire à l’heure où la contestation de la construction européenne est partagée par une fraction toujours plus importante de la population. Pire, laisser la contestation de l’UE à l’extrême droite est une erreur politique qui pourrait se révéler lourde de conséquences.

Alors que faire ? Rester dans la posture que nous avons adoptée au début des années 90, à savoir que l’UE est une construction démocratique que l’on peut réorienter de l’intérieur ? Ou l’analyser pour ce qu’elle est, à savoir un outil de domination du capitalisme contre les peuples, une superstructure politique dont les dirigeants n’hésitent pas à broyer la souveraineté populaire lorsqu’elle ne va pas dans le sens qui leur convient ?

Premier constat largement partagé, l’accord signé entre la Grèce et ses créanciers ne règle rien sur le fonds. Certes, Alexis Tsipras a obtenu l’engagement du déblocage de nouveaux crédits, ce qui évite pour le moment à la Grèce de quitter la zone euro.
Mais plusieurs questions se posent suite à cet accord.



1 - Sur l’appréciation de la situation politique en Grèce :

• les Grecs, qui ont voté en connaissance de cause le refus de nouveaux plans d’austérité, vont-ils accepter les "réformes" imposées par l’UE, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elles vont aggraver la situation déjà dramatique des couches les plus précaires de la société ?

• en politique intérieure, Tsipras a fait passer les nouvelles mesures d’austérité avec les voix de l’opposition. Quel crédit politique a-t-il à l’issue de cette séquence ?

• au sein de Syriza, le CC a voté majoritairement contre l’accord et les mesures qui l’accompagnaient. A la Chambre, l’unité de Syriza s’est fissurée puisque 30 députés ont refusé de voter en faveur de l’accord. Et pour faire bonne mesure, Tsipras a chassé du gouvernement plusieurs ministres contestataires. Comment Syriza peut-elle concilier ces contradictions ? A-t-elle la capacité à surmonter ses divisions internes ?

• pourquoi les positions du KKE et du mouvement syndical ne sont-elles pas prises en compte dans notre analyse ?

2 - Sur l’accord lui-même

Le « renflouement » de la Grèce par de l’argent prêté par la BCE et le FMI règle-t-il quoi que ce soit sur le long terme ? Tout le monde fait le même constat : non. Il va seulement approfondir l’endettement de l’État grec, et sa dépendance à l’égard des bailleurs de fonds. Tout cela pour rester au sein de la zone euro.

• le jeu en vaut-il la chandelle ? Sans se substituer à Syriza, pourquoi n’avons-nous pas d’appréciation sur cette question ?
• Varoufakis a expliqué publiquement que ses désaccords avec Tsipras portaient sur le manque de préparation d’un scénario alternatif en cas d’impossibilité à trouver un accord. Ce fameux « plan B » aurait nécessité de préparer la sortie de la Grèce de la zone euro. Si le ministre des finances lui-même a exploré cette possibilité et y était favorable, pourquoi la sortie de l’euro de la Grèce n’est-elle présentée que comme l’option jusqu’au-boutiste allemande ? N’est-ce pas la sous-évaluation de l’intransigeance de l’UE et le manque de préparation d’une sortie éventuelle de la zone euro dans des conditions correctes qui a fait que Tsipras a accepté le diktat de l’UE ?
• la mise sous tutelle de la Grèce par l’imposition de deux mesures qui s’attaquent directement à sa souveraineté – l’obligation de soumettre à l’UE toute réforme avant qu’elle soit présentée au Parlement grec, et la création d’un fonds alimenté par la privatisation des actifs publics directement soumis à la gestion de l’UE – ne sont-ils pas l’expression d’un véritable diktat, révélateur de la nature réelle de l’UE ?

3 - Sur le rôle de la France

La France a pesé de tout son poids pour soumettre la Grèce aux exigences de l’UE.

• nos réactions face à la posture de François Hollande ont-elles été à la hauteur de la situation ? Ne devrions-nous pas montrer la cohérence entre la politique européenne de François Hollande et celle qu’il mène en France ? Pourquoi ne pas faire le lien entre l’austérité imposée en France au nom du redressement des comptes publics et la politique de l’UE, menée dans toute sa logique implacable, face à la Grèce ?

• comment expliquer les cafouillages dans notre expression publique entre le « soutien à Syriza » et la tentation d’un vote en faveur de l’accord avec la Grèce ?

4 - Sur les conséquences politiques dans et hors de Grèce

L’arrivée de Syriza a été unanimement saluée en Europe par la majorité de forces progressistes européennes comme un événement positif. Tsipras avait promis durant sa campagne électorale que s’il était élu, il s’opposerait à de nouveaux plans d’austérité. A peine arrivé aux affaires, il cède face à l’UE et fait passer aux forceps des mesures antisociales d’une exceptionnelle gravité. Le message délivré par l’épisode que nous venons de vivre renforce la démoralisation et la démobilisation.

• dans les pays européens, cette séquence politique démontre l’incapacité des forces progressistes à respecter leurs engagements et à mener les politiques pour lesquelles elles ont été élues. N’est-ce pas la porte ouverte à un recours à l’extrême droite, surtout si le discours que nous portons sur ce qui vient de se passer se limite à défendre la réorientation de l’EU en « Europe sociale » ?

• le poids de l’OTAN n’est pas abordé. Cette question est en arrière-plan de par le rôle de la Grèce dans cette coalition. Qui plus est, il y a quelques semaines, un accord a été conclu entre la Grèce et l’OTAN sur l’implantation d’une nouvelle base de l’OTAN en Grèce, et ces derniers jours l’accord entre la Grèce et Israël pour des manœuvres militaires communes. Quel rôle ont joué les États-Unis dans les négociations entre l’UE et la Grèce ?

5 - Sur les perspectives

La note du CEN nous engage à renforcer la lutte contre l’austérité. Ces dernières semaines nous invitent à réfléchir aux conditions d’efficacité de cette bataille. Comment peut-on lutter contre l’austérité si on considère que la construction européenne est plus importante encore et que les luttes contre l’austérité doivent s’y soumettre ? Au degré de crise actuel du capitalisme, l’austérité est une des solutions mises en œuvre pour maintenir les taux de profit du capitalisme. L’expérience grecque témoigne qu’on ne peut pas à la fois combattre l’austérité et s’inscrire dans les règles de l’euro.

• la proposition de « refonder l’Europe » est totalement coupée du contexte. Comment peut-on proposer une telle perspective politique quand on voit que la souveraineté d’un peuple qui s’exprime à plus de 60% contre une politique voulue par l’UE est foulée aux pieds ? Sur quelles forces politiques s’appuyer au sein du Parlement européen par exemple, pour y parvenir (si tant est que le Parlement européen soit autre chose qu’une simple chambre d’enregistrement) ?

• la proposition de la création d’un « fonds européen destiné au développement des services publics et de l’emploi dans les pays membres » est-elle autre chose qu’un vœu pieux ? Quand on réalise la violence de l’appropriation des biens publics grecs organisée par la troika au profit de puissances privées ou publiques européennes, qui peut encore croire à une politique européenne de l’intérêt général ?

Conclusion

Après Chypre, ce qui s’est passé avec la Grèce ces dernières semaines démontre que l’Union européenne est une machine de guerre en faveur du capitalisme contre les peuples. Affirmer que l’on peut réorienter la construction européenne, après une telle démonstration de force de l’Eurogroupe est une position difficilement tenable, pour ne pas dire sans aucune crédibilité.

Ne confondons pas la nécessaire coopération entre les peuples et des Etats souverains avec ce qui n’est ni plus ni moins que l’expression sans fard d’une forme à peine atténuée de dictature.

L’UE vient de nous démontrer qu’elle ne laissera aucune marge de manœuvre aux « forces anti-austérité » . Et même si les plus lucides affirment que la dette n’est pas soutenable et qu’il faudra bien, peu ou prou, tirer un trait sur une partie de la dette, nous ne pouvons pas ignorer que cela se fera au détriment d’un peuple qui a déjà beaucoup souffert. Après la Grèce, l’UE ne s’arrêtera pas. Ses dirigeants viennent de faire un exemple. Ils poursuivront dans les mêmes termes partout ailleurs.

A moins que... A moins qu’il y ait une véritable révolte populaire pour les faire reculer. A moins que certains pays, mesurant les avantages comparés du maintien dans la zone euro et d’une sortie, ne viennent gripper la machine. A moins que des forces politiques véritablement progressistes, des forces de rupture avec le système, en un mot des forces communistes ne se lèvent.

Pour le moment, les propositions qui sont faites par la direction du PCF, si louables soient-elles, sont loin de ces enjeux.

Réfléchissons collectivement, nous les communistes, pour envisager la rupture avec les logiques austéritaires européennes, même si cela conduit à une sortie progressiste de la zone euro et de l’UE, et la reconquête de la souveraineté populaire, débat actuellement refusé. Si nous, les communistes, ne nous emparons pas de ces questions centrales pour leur donner une réponse et une perspective politique, nous prenons la responsabilité de les laisser à l’extrême droite. Prenons nos responsabilités.

Le réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"

Le 28 juillet 2015


Edité le 30-07-2015 à 13:30:45 par Xuan


Xuan
   Posté le 30-07-2015 à 14:54:34   

Le texte du CEN dont il est question ci-dessus. Les dirigeants révisionnistes se sont mis dans une impasse et font des pieds et des mains pour en sortir, y compris avec une "carte pétition" destinée à cautionner leur ligne de capitulation :

Texte du document de travail du Comité Exécutif National du PCF en date du 17 juillet



GRECE : Document de travail du PCF

Ce texte est une première analyse, encore à chaud, de la situation. Tant sur l’analyse que sur les leçons à tirer, il faudra prendre le temps d’approfondir, avec le recul et en tenant compte des évolutions des semaines à venir. La situation reste très instable. Face à l’urgence, nous posons des questions et ouvrons des pistes pour nos luttes, avec comme ligne de mire la nécessaire élévation de notre bataille en France et en Europe.



***


La Grèce est en première ligne de la lutte des classes en Europe. Depuis la victoire de Syriza en Grèce le 25 janvier, et a fortiori à travers la dernière séquence politique des négociations dans la zone euro, a mis en lumière la violence avec laquelle une droite au service de la finance, s’appuyant sur l’extrême droite et bénéficiant du silence complice des autres, a pu piétiner la démocratie et punir un peuple, qui a osé dire non à l’austérité. Malgré le courage de Tsipras et la maturation politique qu’a permis son combat dans toute l’Europe, de lourdes questions sont posées pour les forces progressistes de nos pays, au premier rang desquels, le rôle que nous devons jouer pour élever assez haut le niveau de débat politique et de rapport de forces en Europe, pour desserrer l’étau sur le peuple grec et ne pas laisser isolé le seul gouvernement de gauche en Europe.



LE GOUVERNEMENT TSIPRAS : UNE LUTTE PERMANENTE CONTRE LE COUP D’ETAT FINANCIER ET LA DESTABILISATION POLITIQUE.




Dans une Europe dominée par le consensus libéral entre forces de droite et social-démocrates, dès le 25 janvier, jour de leur victoire électorale, le gouvernement Tsipras et Syriza sont devenus les ennemis de tous, l’expérience alternative à détruire.



25 janvier – 25 juin : 5 mois de luttes pour la sortie de l’austérité, la relance économique et l’assainissement de la vie publique grecque, sous asphyxie financière

Le 20 février, après de difficiles négociations, la Grèce signe l’accord-pont avec l’Eurogroup. Objectif : allonger le programme de financement précédent le temps de prendre les mesures urgentes et préparer un programme de financement durable à négocier en juin. Loi humanitaire, réintégration de fonctionnaires, réouverture ERT, droit du sol, lutte contre la corruption et commission vérité sur la dette : le gouvernement Tsipras inscrit sa politique à gauche. Pendant ce temps, les termes de l’accord ne sont pas respectés par les créanciers et aucun financement n’est versé. La BCE commence à multiplier les conditionnalités pour l’accès à ses financements : l’asphyxie financière a commencé dès la victoire de Syriza.

La tentative de coup d’État financier, le référendum

Le mandat donné par le peuple grec « Sortir de l’austérité, rester dans l’euro » a conduit le gouvernement Tsipras a une démarche de négociations depuis son élection. Depuis, ni le mandat, ni la démarche n’ont changé jusqu’ici. Le 25 juin, alors qu’un accord était « à portée de main », le FMI rompt les négociations du plan de financement durable en faisant une contre proposition inacceptable. Tsipras décide alors de convoquer un referendum et appelle à voter NON à la proposition des créanciers. La réponse des forces néolibérales est celle de la pression politique et financière – une stratégie de la destabilisation et de la peur – pour peser sur le referendum.

Quelques jours avant, Samaras (leader de l’opposition grecque) appelait à un gouvernement d’Union nationale et le Président de To Potami (un parti fondé par les anciens du Pasok et pro-austérité ) était reçu en grandes pompes dans toutes les institutions européennes. L’eurogroup du 27 juin décide, sans le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, de terminer au 30 juin le programme financier en cours. Le lendemain, conséquence logique, la BCE annonçait la coupure des liquidités pour les banques grecques à la même date. Ce chantage financier a contraint le gouvernement grec à mettre en place une procédure de contrôle des capitaux et à fermer les banques, puis à faire défaut au remboursement du FMI.

L’offensive médiatique et politique est coordonnée autour d’au moins deux axes : Tsipras est irresponsable, c’est lui qui a fait échouer les négociations / la question du referendum est pour ou contre la sortie de l’Euro. Le 5 juillet, le NON l’emporte avec 61 %. Tsipras est renforcé et compte toujours négocier. Il s’appuie sur le referendum pour inclure dans les négociations un rééchelonnement de la dette et un plan d’investissement pour la croissance issu du plan Juncker. Son objectif est un programme de financement durable pour stabiliser la Grèce et relancer l’économie.

2/ LE 13 JUILLET, UN TOURNANT HISTORIQUE


L’Europe est ébranlée par le tournant pris au sein de l’Eurozone ces dernières semaines.

Une méthode de « gangsters »

Le Grexit était l’option choisie par Angela Merkel et les droites dures d’Europe (ex : le gouvernement Finlandais de droite/extrême droite) dès le début et jusqu’au dernier moment. Le but déclaré des dirigeants allemands était la “suspension provisoire “, autrement dit l’expulsion de la Grèce de la zone euro, quitte à ouvrir, pour ce pays au bord de la banqueroute, une ère cauchemardesque, et d’entraîner l’Europe elle-même dans une aventure très périlleuse. Quant à la dette grecque, les dirigeants allemands ne voulaient plus en entendre parler. Ils n’entendaient pas davantage consentir de nouveaux prêts à un Etat dirigé par un gouvernement qui a osé le défier jusqu’à organiser un référendum au verdict humiliant pour ceux qui se voient comme les maîtres de l’Europe. La Banque centrale européenne devait continuer à servir d’instrument pour ce coup d’Etat financier. Tout au long du week-end ce « bloc des durs », n’a cessé de faire des propositions provocatrices, humiliantes et inacceptables pour le gouvernement Tsipras, cherchant à ce qu’il quitte la table des négociations.

Un mauvais accord signé « le couteau sous la gorge »

Les mesures imposées dans ce contexte à Athènes sont socialement inhumaines, économiquement contre-productives et politiquement scandaleuses -incluant des violations extrêmement graves de la souveraineté du pays. Le paroxysme est, à cet égard, atteint avec la création d’un “fonds pour les privatisations” : visant à gager des actifs publics d’un montant démentiel -plus d’un quart du Produit Intérieur Brut de la Grèce !- et soustrait à la maîtrise du gouvernement pour la gestion des recettes attendues. Une mesure scélérate s’il en est. Le Grexit n’est pas écarté. Il reste le choix du gouvernement allemand et l’accord ne comporte aucune garantie de déblocage des financements, au contraire, il impose de nouvelles conditionnalités.

Le choix politique d’Alexis Tsipras : signer un mauvais accord pour éviter le désastre , stopper l’asphyxie financière du pays et la mort à petit feu, empêcher le grexit et la mort subite. Il a favorisé la survie financière du pays. Il a pris ses responsabilités de Premier ministre face aux exigences extravagantes des créanciers, à la possibilité d’un effondrement immédiat du système bancaire et la sortie de l’euro et la « sortie ordonnée » de l’euro préconisée par Schaüble, et même par certains à gauche. La Grèce n’est pas sortie de l’euro, conformément au souhait de 75 % de la population. Donc, pour l’instant, l’objectif de Schaüble n’est pas atteint.Le gouvernement Tsipras est toujours en place et bénéficie d’un très large soutien dans la population grecque. Le deuxième objectif de Schaüble n’est donc pas atteint. Le texte de l’accord a été adopté au Parlement grec dans la nuit de mercredi à jeudi. Dans le groupe de Syriza, la majorité a voté pour, 32 contre dont des personnalités « phares » (Konstantopoulou, Varoufakis), 6 abstentions et une absence. Le CC de Syriza appellait à voter contre. Nous devons être très vigilants à ne pas nous immiscer dans les débats internes de Syriza.

Le vote des communistes au Parlement français

C’est principalement le contenu de cet accord qui a conduit nos députés et sénateurs à voter contre au Parlement Français. Il s’est agit également de marquer notre rejet de la brutalité de la méthode Schauble et notre mécontentement que la France ait laissé faire. C’est aussi un vote de combat, un vote en soutien au peuple grec et à Tsipras. Pierre Laurent au Sénat « Notre vote est aujourd’hui un acte de lutte et de solidarité aux côtés du peuple grec, d’Alexis Tsipras et de nos camarades de Syriza. Nous sommes solidaires de leurs choix et assumons leur difficile et courageux combat. Nous sommes à leurs côtés pour dire non à l’expulsion de la Grèce. Mais nous disons d’un même mouvement, au nom de la France, que l’accord scandaleux imposé à Bruxelles n’est pas digne de l’Europe et qu’aucun maintien dans l’euro ne le peut légitimer ».

3/ PERSPECTIVES DE COMBATS, DE REFLEXION, D’INITIATIVES POLITIQUES


Après les deux victoires du 25 janvier et du referendum, l’accord du 13 juillet est une défaite dans le combat pour imposer une solution viable et juste pour le peuple grec et les peuples européens. Mais la bataille continue. Le 13 juillet a été le paroxysme d’un aiguisement sans précédent de l’affrontement de classe en Europe. La lutte de Syriza et la résistance du gouvernement grec ont élevé le niveau d’affrontement, permis une maturation du combat et des consciences en Europe. Les 6 mois écoulés ont été une démonstration grandeur nature pour des millions d’Européens. A un peuple et un gouvernement qui refusent l’austérité, a répondu une violence inouïe du capital allemand et d’une partie des dirigeants européens. Ceux qui l’ont emporté cette fois peuvent le payer cher dans la durée, d’autant que l’accord s’avère sans issue pour le pays. Le PCF doit poursuivre le combat avec une intensité renouvelée dans ses initiatives de solidarité, mais aussi le recul nécessaire pour tirer les leçons de cette page sombre de l’histoire européenne, en dégager des perspectives de luttes.



Aider les Grecs dans l’immédiat

* Continuer à contester sur le fond la stratégie du choc et le contenu de l’accord

> Refuser l’austérité. Les Grecs, s’ils ont compris le dilemme auquel était confronté le gouvernement Tsipras, restent debouts contre l’austérité. Les gouvernements de la zone euro et la « troïka » n’ont pas réussi à neutraliser les effets du « non » au référendum en Grèce. En France, les sondages d’opinion montrent qu’une large majorité des Français rejettent ces politiques.
> Argumenter sur l’inéfficacité économique. Plusieurs voix diverses s’élèvent pour dire que l’« accord » du 13 juillet, contraire à tout bon sens économique, est inapplicable.
> « Lever la punition ». L’inqualifiable mise sous tutelle d’un pays membre de la zone euro, le fond de privatisations, la méthode autoritaire employée font débat, y compris en Allemagne, et les humiliations produisent de l’indignation très très largement dans les sociétés européennes. Même dans des cercles conservateurs, l’inquiétude grandit. Le gouvernement allemand notamment, « serait peut-être allé trop loin ». Des ruptures s’opèrent au sein du consensus libéral, il faut les utiliser.

* Devérouiller les financements

> Tout faire pour stopper l’asphyxie financière de la Grèce. La décision de l’Eurogroup « post-accord » a conduit la BCE à augmenter de 900 millions d’euros de l’aide d’urgence (ELA) aux banques grecques. Cela est non seulement insuffisant mais ne permet pas à la Grèce de voir venir au-delà d’une semaine. La BCE doit assurer la liquidité des banques grecques en augmentant suffisamment le plafond des liquidités d’urgence et en en diminuant le coût. Les banques grecques doivent pouvoir rouvrir pour les citoyens comme pour les PME.

> Argumenter sur la nécessaire restructuration de la dette. La dette grecque est non viable et l’accord, par ses conséquences récessives et les nouvelles recapitalisations des banques, peut la faire exploser à nouveau. La directrice générale du FMI, C. Lagarde vient de dire qu’elle devra être nécessairement restructurée. La BCE également.

> Agir pour que les financements de moyen terme, arrachés par la Grèce et destinés à la relance de l’économie, deviennent effectifs au plus vite. Plusieurs engagements figurent dans l’accord à la demande de la Grèce : un programme de refinancement de 82 à 85 milliards d’euros, un plan européen d’investissement pouvant aller jusqu’à 35 milliards d’euros.

> Créer un fonds de développement pour la Grèce, adossé à la BCE, pour que la création monétaire de la BCE soit utilisée pour l’économie grecque et non pour la spéculation financière. Ce fonds pourrait servir de modèle pour la création d’un fonds de même nature destiné à tous les pays européens.

> Débloquer les fonds structurels non utilisés, notamment pour aider la Grèce à accueillir les migrants. La République hellénique fait aujourd’hui face, avec l’Italie, à une situation humaine et sanitaire qu’elle ne peut régler seule, a fortiori dans les conditions de crise qu’elle connaît elle-même.

=> Le PCF fera signer cet été et jusqu’à la Fête de l’Humanité, une carte pétition. Les cartes pourraient être déposées dans un lieu symbolique.



Pousser la réflexion et le débat sur les solutions

Nous avons toujours rejeté les fondements libéraux de l’Union européenne. Tout, depuis Maastricht, et en particulier depuis l’éclatement de la crise financière mondiale de 2008 et son utilisation par les dirigeants européens pour accélérer le processus de libéralisation et de démembrement des modèles sociaux de nos pays, et le tournant pris par la zone euro à travers l’accord du 13 juillet, nous conforte dans ce rejet. Après ce précédent ultra-violent, nous entrons dans un nouveau cycle. Il est maintenant évident que l’Europe ne peut continuer ainsi. Une lutte s’ouvre au grand jour entre les tenants de l’ultralibéralisme, prêts à pousser encore et toujours la mise à genoux des peuples pour servir les intérêts de la bourgeoisie, les forces d’extrême droite qui cherchent à tirer profit de la crise pour rendre crédible leur projet nationaliste et xénophobe, et une troisième option, la nôtre, celle de la refondation de l’Europe pour une coopération régionale, solidaire et démocratique. L’aiguisement des contradictions sème une confusion et parfois du désarroi. Cela doit nous conduire, à moyen terme, à des approfondissements et des clarifications. Ce combat ne peut être abandonné devant l’ampleur de la tâche. Voici, basées sur les travaux de la dernière Convention Europe du PCF, quelques réflexion et pistes d’initiatives soumises au débat des communistes pour les semaines à venir.

* Concernant la sortie de la Grèce de la zone euro :

Devant la brutalité de cet accord, certains en viennent à penser que le grexit ne serait plus qu’un moindre mal. Quoi qu’il arrive, cette hypothèse ne peut qu’être une décision souveraine du peuple grec et nous rejetons toutes les tentatives de grexit forcé imposées par un ou plusieurs gouvernements européens, ainsi que par les créanciers. La Grèce ne peut, à nouveau, être le laboratoire d’expérimentation du pire. Cette hypothèse serait à ce stade une option extrêmement dangereuse pour plusieurs raisons :

> Economiques et sociales: Un « Grexit » signifierait une dévaluation estimée au minimum à 40 % et donc une perte de pouvoir d’achat de 40 % et une augmentation du coût de la dette de 40 %. Cela ne peut apporter aucun gain de compétitivité dans un pays où les salaires ont déjà baissé de 25 % et où l’appareil productif n’est pas capable de répondre à un surcroît de demande. Cela aurait pour effet immédiat une hausse des prix importés donc plus d’austérité salariale, une dette privée plus chère, des difficultés accrues pour financer les investissements et, finalement, une soumission encore plus forte à la finance. Par ailleurs, un « grexit » déclencherait des assauts spéculatifs massifs pour faire sortir d’autres pays de la zone euro, à commencer par l’Italie (2.070 milliards d’euros de dette), l’Espagne (966 milliards d’euros), le Portugal (219 milliards d’euros) et, probablement, la France ensuite. On entrerait dans une course sans fin de chaque pays aux dévaluations compétitives, anti-salariales et déflationnistes renforçant encore la guerre économique pour prendre des parts de marché au détriment des partenaires européens.

> Politiques : l’humiliation et la soumission contenues dans l’accord vont déjà laisser des traces dans les esprits en Grèce et partout en Europe. Mais le grexit serait la meilleure façon de légitimer le discours nationaliste de l’extrême droite (Aube dorée en Grèce, FN en France…), qui se prépare en se frottant les mains au choc des nations, comme elle se nourrit des divisions dans nos pays.

> Géopolitique : une déstabilisation de la Grèce, port méditerranéen aux portes du Moyen-Orient et pays d’accueil des migrants qui fuient la guerre et la famine, est un risque d’aggravation de la situation pour toute la région.

> Stratégique: dans notre bataille européenne commune, notre position est plus forte avec un gouvernement qui mène le combat politique au sein de la zone euro. C’est la raison principale pour laquelle Schauble et Merkel souhaitent le grexit : ils ne veulent pas que puisse exister une voix alternative à leur ordo-libéralisme. C’est pour cette même raison que les forces nationalistes et xénophobes prônent le grexit : leur alternative de repli nationaliste doit être la seule alternative.

* Concernant notre projet européen

La question de la refondation de l’Union européenne se pose plus que jamais
Beaucoup de propositions figurent dans le texte de la Convention Europe du PCF, d’autres – convergentes – émanent des textes du Parti de la gauche européenne et des débats du Forum européen des alternatives (une brochure est en cours de préparation). Nous pointons deux questions clés aujourd’hui.

> Pour ceux qui, à gauche, nourrissaient encore des doutes à ce sujet : la souveraineté populaire ne compte pour rien, aux yeux du pouvoir européen actuel, dès lors que ses “règles” sont remises en cause et que ses intérêts de classe sont en jeu. La démocratie est bel et bien au coeur des ruptures à opérer avec les règles et les institutions actuelles pour qui veut s’engager dans le combat pour la refondation de la construction européenne.

> Un débat est ouvert, notamment par la France, sur le modèle d’intégration de la zone euro. François Hollande, dans un entretien accordé au JDD, prone un nouveau saut fédéraliste pour la zone euro qui devrait constituer une « avant garde »: «J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un parlement pour en assurer le contrôle démocratique » . Après le 13 juillet, nous considérons que la conclusion qu’il tire est l’exact contraire du bon sens. D’abord parce qu’elle créée une Europe à deux vitesses entre la zone euro, intégrée au plus haut niveau, et une périphérie totalement écartée des choix majeurs en matière économique. Mais surtout parce qu’elle constitue une grave fuite en avant, au moment même, où la zone euro, et l’UE entière, devraient se questionner sur leur capacité à intégrer les différences entre ses pays membres et les choix souverains des peuples. A cette vision centralisatrice, qui nous soumettrait un peu plus à la loi du plus fort, nous opposons notre conceptiond’une Europe à géométrie choisie. Toute initiative non basée sur le consentement est vouée à l’échec. Le temps doit être pris pour négocier, dans la transparence et en conformité, non pas avec les principes libéraux et la loi des marchés, mais avec les aspirations populaires et les choix souverains des pays membres. La zone euro devrai se doter d’un Fonds européen destiné au développement des services publics et de l’emploi dans les pays membres. Ce Fonds, institution financière publique, serait financé par la BCE comme l’y autorise le Traité de Lisbonne (article 123,2). Il émettrait des titres publics que la BCE achèterait avec une partie des 1.140 milliards d’euros qu’elle s’est engagée à créer, le 22 janvier dernier, pour stimuler l’économie européenne au taux de 0,05 %. Ce Fonds serait géré démocratiquement avec des critères explicites. Il pourrait être une première étape vers la réalisation de notre demande d’un Fonds européen pour le développement que réclame le Parti de la gauche européenne.

=> Une tâche clé du PCF pour les mois à venir est de préciser son projet européen, de le construire avec ses alliés de tous les pays. Nous proposons dès la rentrée une réunion de travail visant à préciser notre alternative tant sur l’usage de la monnaie unique que sur le modèle de coopération au sein de la zone euro.


> La politique européenne de la France pourrait être différente

Si le Président de la République avait joué son rôle dès le début de l’affrontement entre les “institutions” et le gouvernement grec -à plus forte raison s’il avait tenu sa promesse d’agir pour “réorienter l’Europe” dès son élection en 2012- le rapport de force aurait été bien différent dans le moment crucial que nous vivons aujourd’hui. La France a joué un rôle pour empêcher le grexit. Mais il a laissé Merkel dicter la liste des cruautés et des humiliations qui caractérisent le contenu de l’accord. Alors que son action a prouvé qu’elle pesait lourd dans les processus de négociation, elle a joué les rabatteurs sur les propositions des droites dures et des créanciers.

La bataille contre l’austérité en France est une question clé. Pour créer un nouveau rapport de force en Europe, le rôle et la voix de notre pays sont essentiels. La France peut faire basculer les choses si elle s’engage elle-même dans la contestation de l’austérité. La crise grecque élargit les possibilités d’y parvenir car elle a élevé le niveau de confrontation ici aussi. Le rôle de la France n’est pas d’être collé à n’importe quel prix au couple franco-allemand mais de prendre part à un front anti-austérité en Europe.

=> Nous pouvons lier plus systématiquement nos combats anti-austérité (hopitaux, services publics, dépenses publiques, dotations aux collectivités locales) à la demande d’une sortie du pacte budgétaire et à des mesures d’allègement de la dette (conférence européenne sur la dette)

=> nous pouvons faire monter l’exigence d’initiatives de coopération de la France avec la Grèce, par exemple, pour que notre gouvernement débloque immédiatement sa contribution au plan européen d’investissement pour la Grèce et qu’une aide alimentaire (qui existe dans le cadre européen actuel) soit constituée avec les producteurs français de viande et de lait qui connaissent une crise sans précédent de débouchés et de prix.

> Tout pays qui veut appliquer une politique de gauche devra élever le niveau du rapport de force européen.

La « crise grecque » a mis en évidence combien l’échelle européenne est une échelle pertinente de la lutte des classes, et combien elle est difficile dans le cadre du consensus libéral qui unit droite et sociale-démocratie européenne, même avec un rapport de forces qui a évolué avec l’élection d’un premier gouvernement de gauche. L’enjeu est crucial pour nous-mêmes. Nous avons collectivement marqué des points dans la crédibilité et la visibilité de la gauche européenne. Un petit pays et un gouvernement isolé ont réussi à ouvrir une brèche et occuper le débat public pendant des semaines. Mais nous avons en face de nous un système de pouvoirs prêt à nous écraser. Nous pouvons, si nos adversaires parviennent à leurs fins, sortir affaiblis, voire rayés de la carte; et l’espoir de millions d’Européens avec. Le gouvernement de Syriza reste un rempart, il n’a pas rendu les armes. Nos amis grecs nous l’ont toujours dit : la victoire du 25 janvier élève le niveau d’ambitions, de luttes et de solidarités à construire au niveau européen et dans nos pays. Nous ne pouvons pas faiblir sur la solidarité avec le peuple grec, avec Syriza et avec le gouvernement Tsirpas. La bataille ne fait que commencer et le PCF entend bien s’engager dans cette lutte, comme il a toujours su le faire. Nous avons, de part notre histoire et notre pratique du rassemblement, un rôle particulier à jouer pour l’unification des forces qui peuvent, et doivent, entrer en mouvement.

Il faut, à gauche, se poser collectivement la question : avons-nous jusqu’ici fait vivre la solidarité politique avec le peuple grec au niveau exigé par l’enjeu stratégique que représente le premier affrontement entre un pays membre de la zone euro et l’implacable coalition des tenants du système en place ? L’honnêteté doit nous conduire à répondre non à cette question et à travailler ensemble à un rehaussement qualitatif de notre engagement – aussi nécessaire pour aider le peuple grec à sortir par le haut de l’impasse actuelle qu’indispensable pour ouvrir une perspective de gauche dans notre propre pays. Il ne suffit pas qu’un gouvernement isolé décide de “désobéir à Bruxelles” pour ouvrir la voie aux ruptures fondamentales rendant possible les changements attendus. L’Union européenne n’est pas un “château de cartes” dont il suffirait de menacer de retirer une pièce pour briser la coalition impitoyable des pouvoirs en place. Refonder l’Europe est un combat de classe de haute intensité. La construction sans relâche de convergences entre forces progressistes européennes et la recherche permanente de l’éventail le plus large possible d’alliés dans différents pays pour atteindre ensemble des objectifs partiels mais rassembleurs constituent des impératifs catégoriques pour donner à un peuple et à son gouvernement -qui en ait la volonté politique- la force nécessaire pour changer la donne. Par-delà la Grèce, cette leçon concerne chacun de nos pays, y compris la France. Elle interpelle le “peuple de gauche” dans toute sa diversité, ainsi que chaque force politique ou sociale qui s’en réclame.



Quelques pistes

=> Rendre possible une progression des forces anti-austérité, une « contagion » dans plusieurs aures pays en appuyant de toutes nos forces nos partis et mouvements alliés dans les pays qui ont des échéances électorales (Espagne, Portugal, Irlande) et placer les régionales en France comme une étape de la percée politique nécessaire en France pour changer le rapport de force européen (avec dans nos projets régionaux, des propositions concrètes de solidarités : programmes de co-développement, politiques de solidarité, de jumelage…). Nous envisageons une rencontre politique de haut niveau de tous les partis politiques impliqués pour discuter des modalités de cette solidarité active.

=> élargir l’alliance contre l’austérité au niveau européen : Le Forum européen des alternatives que nous avons tenu à Paris les 30 et 31 mai derniers à l’initiative du PGE, a permis le dialogue et un début de construction commune entre forces politiques, mouvements sociaux, intellectuels critiques. La situation rend urgente une deuxième édition. La fête de l’Humanité devra être un temps fort de mise en évidence de la bataille européenne.

=> élargir le rassemblement en France pour la solidarité avec la Grèce . Le spectre des forces « indignées » de la mise à genoux de la Grèce est très large. L’impact, dans les esprits, de la négation du Non au referendum aura des conséquences contradictoires. Il faut que cette indignation ne tourne pas à la résignation. L’opinion publique française évolue pour le moment dans le bon sens mais nous devons être vigilants car, une fois de plus, le système médiatique est mobilisé pour faire peur, désinformer, empêcher les Français de voir ce qui les unit aux autres peuples européens. La stratégie de la division est en marche. Nous devons saisir la questions grecque pour faire le lien en permanence avec les politiques d’austérité menées en France, la dette de notre pays, le nécessaire redressement productif pour lutter contre le chômage. Ce qui n’est pas bon pour les Grecs, n’est pas bon pour les Français.

=> matérialiser nos solidarités avec la création d’une association de coopération solidaire France-Grèce : jumelages des villes communistes, tourisme social, solidarités concrètes impliquant des organismes institutionnels (en prenant soin de ne pas empiéter sur les initiatives citoyennes déjà existantes et en incitant les camarades à prendre part à celles-ci)



Edité le 30-07-2015 à 15:12:53 par Xuan


Xuan
   Posté le 23-07-2019 à 12:59:52   

Le réseau "faire vivre" publie un article sur le départ calamiteux de Tsipras

Grèce : défaite logique de Tsipras



http://lepcf.fr/spip.php?page=article&id_article=4272
Une analyse du dernier scrutin grec (législatives du 7 juillet 2019) publié sur le magazine Marianne et écrit par Olivier Delorme, écrivain, historien et auteur de "La Grèce et les Balkans, du Vème siècle à nos jours" (Gallimard, 2013) et "30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe" (H&O, 2016). Ce que l’auteur ne dit pas, c’est que Tsipras, ce Macron grec, copine depuis longtemps avec Pierre Laurent. N’oublions pas que sous sa direction et celle de Buffet, le KKE (parti communiste grec) a été évincé de la fête de l’Huma au profit de Syriza qui, chaque année, nous vante sans honte les formidables avancées du gouvernement Tsipras, de quoi refroidir les quelques travailleurs français qui voudraient rejoindre le PCF. Qui se souvient également de la préface au bouquin de Pierre Laurent "Maintenant, prenez le pouvoir", préface signée par Tsipras ? Il y a encore du boulot pour remettre en état de marche le PCF, et notamment faire le ménage dans ses relations internationales...
PB

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Hier, les Grecs ont sèchement congédié Alexis Tsipras, arrivé au pouvoir après les élections législatives de janvier 2015. Ces élections du 7 juillet 2019 sont celles qui ont le moins mobilisé les électeurs (42,08 % d’abstention) depuis le rétablissement de la démocratie en 1974 à l’exception du scrutin de septembre 2015 (43,43 %) consécutif à la trahison par Tsipras des résultats du référendum de juillet. Elles sont aussi celles où, depuis plus de trente ans, le parti arrivé en deuxième position affiche, avec 31,5 % pour Syriza, l’un des plus bas scores, et l’un des plus importants écarts (8,32 %) avec le parti majoritaire, Nouvelle démocratie (39,85 %) qui, avec 158 sièges sur 300 au Parlement, gagne une majorité absolue qu’aucun parti n’avait plus obtenue depuis 2009.

Tragédie grecque
C’est que, contrairement à ce que chantent sur tous les tons depuis des mois les dirigeants européens, la presse occidentale dans sa quasi-totalité et Tsipras lui-même, la Grèce ne va pas mieux. Sauf à considérer qu’un excédent budgétaire primaire exclusivement utilisé à payer des créanciers qui font leur beurre avec la dette grecque serait un signe de santé retrouvée. Alors même que cette dette, après dix ans de déflation imposée par l’UE, est au plus haut par rapport à un PIB qui a fondu dans des proportions qui rendent insignifiant le vague rebond de la croissance depuis deux ans.
C’est aussi que le peuple grec ne partage pas l’avis des dirigeants européens et de la presse occidentale dans sa quasi-totalité, quand ils célèbrent en Tsipras la mutation d’un leader qui se présentait de gauche radicale et qui était donc, forcément, un démagogue irresponsable, en homme d’État qui a eu le courage d’imposer les réformes et les sacrifices, durs mais nécessaires, différés depuis trop longtemps.

Car la novlangue euro-libérale ne peut indéfiniment masquer les réalités tragiques de ces réformes et de ces sacrifices dont Syriza et Tsipras se sont faits les agents zélés, le mémorandum qu’ils ont accepté de mettre en œuvre à l’été 2015 – concocté par l’UE, la BCE et le FMI – étant pire que les deux précédents réunis. Ces réalités, ce sont un chômage de masse qui n’a fléchi qu’en raison de départs en émigration qui vident le pays de ses forces vives et de ses capacités de rebond. Ce sont la vaporisation du droit du travail, l’effondrement des revenus des ménages (entre 30 % et 50 % en dix ans), la spoliation des biens immobiliers des petits propriétaires endettés auprès du fisc ou des banques (Syriza ayant fait sauter, sous pression européenne, la sanctuarisation du domicile principal), le bradage des infrastructures et des biens communs de toute sorte à des intérêts privés étrangers, l’insécurité alimentaire, énergétique et la privation d’accès aux soins pour un nombre croissant de Grecs, le délabrement accéléré du système éducatif et de l’hôpital publics… Toutes choses qui correspondent évidemment à ce qu’attendait l’électorat qui a porté au pouvoir Syriza en 2015 !

Au final, ce à quoi Alexis Tsipras a présidé, durant quatre ans et demi, c’est à l’extinction de la classe moyenne grecque : aujourd’hui, ce sont les deux tiers des Grecs qui se trouvent sous le seuil de pauvreté ou menacés d’y sombrer à plus ou moins brève échéance. Quand un tiers continue pour l’heure à s’en tirer tant bien que mal, et qu’une mince couche (d’une bourgeoisie que les marxistes d’antan appelaient compradore et qui, parfaitement à l’aise dans la mondialisation dès avant la mondialisation – les armateurs par exemple – a toujours fondé sa fortune sur son rôle d’intermédiaire avec un étranger dominant) a continué à s’enrichir sans avoir jamais rien eu à redouter d’un gouvernement de gauche radicale.

Tsipras : du combat syndical à la capitulation néolibérale
Quant à l’homme Tsipras, son itinéraire fut celui d’un syndicaliste étudiant passé aux responsabilités politiques, directement et avec une rapidité étonnante, lorsque se constitua, en 2004, la Coalition de la gauche radicale (Syriza), fédération de formations comprenant des dissidents du Parti communiste qui avaient quitté la maison mère en plusieurs vagues, des militants de différents courants d’extrême gauche, d’eurosceptiques, d’écologistes, de mouvements citoyens… C’est à Alékos Alavanos, premier président de Syriza (2004-2009), que le jeune homme pressé de 35 ans dut son ascension fulgurante à la tête du parti en 2009 : Alavanos quittera Syriza en 2011 avec des mots très durs pour ce poulain qu’il a poussé et qui va se révéler un politicien à l’opportunisme et au sens tactique redoutables – faute de vision stratégique, comme le montrera sa pratique du pouvoir.
C’est à cette époque, et sous l’impulsion de Tsipras, que Syriza change de nature. Boîte à idées plus que formation qui compte sur l’échiquier électoral, la crise de 2009-2010 le transforme, pour beaucoup de Grecs, en recours face à un bipartisme épuisé qui règne en maître depuis 1981. Tsipras affiche alors son soutien aux puissantes manifestations contre les premiers mémorandums et affirme vouloir rompre avec leur logique austéritaire.

Par ailleurs, la capitulation du gouvernement socialiste de Georgios Papandréou devant l’UE, la BCE et le FMI, l’entrée du Parti socialiste panhellénique (PASOK) dans le gouvernement du banquier non élu Papadimos (2011-2012) aux côtés de la droite et de l’extrême droite, imposé au terme d’un véritable coup d’État européen, déchaîne une vague de haine populaire contre les hiérarques et élus de ce parti. Beaucoup choisissent alors de quitter le navire en perdition et tentent de sauver un siège ou une carrière en ralliant Syriza. Leur poids ne cessera plus d’en infléchir la ligne. D’autant que Syriza passe de 4,6 % aux législatives de 2009 à 16,8 % lors de celles de mai 2012 qui donnent une chambre ingouvernable et à 26,9 % lors du scrutin de juin. Tsipras comprend alors qu’il a l’opportunité d’occuper la place laissée vacante par un PASOK en déroute, dans un paysage politique en ruines : le programme du parti est revisité dans la précipitation afin de le rendre compatible avec les exigences européennes et celles des marchés.

Mais bien plus que sur un programme, c’est sur deux mots d’ordre – le retour à la dignité nationale et "plus un sacrifice pour l’euro" – que Tsipras et Syriza remportent 36,3 % des suffrages en janvier 2015, ne ratant que de quelques sièges la majorité absolue à l’Assemblée.

Dès lors s’engage un bras de fer avec les créanciers – réel ou mimé, il est impossible de trancher aujourd’hui, mais la suite justifie qu’on pose la question. Dès l’accord intérimaire de février 2015 avec ces créanciers, le vieux et inflexible résistant Manolis Glézos, maintes fois arrêté, torturé, détenu entre 1941 et 1974, deux fois condamné à mort, élu européen de Syriza en 2014, sonne l’alarme avec des mots très durs sur la dérive d’un pouvoir dans lequel il ne se reconnaît plus. Puis ce sera l’épisode du référendum de juillet : organisé par Tsipras pour être perdu et ne pas endosser la responsabilité d’une politique qu’il avait déjà acceptée ? Là encore il faut poser la question sans pouvoir y répondre.

Dès lors, le peuple grec ayant refusé la soumission dans un réflexe patriotique dépassant largement l’électorat de Syriza, et Tsipras ayant choisi d’en trahir aussitôt le résultat, s’amorce une suite sans fin de capitulations masquées derrière des discours en forme de communiqués de victoire. Tandis qu’une partie des premières équipes de Syriza se retire de la politique, d’autres tentent de créer des formations d’opposition qui ne percent pas (le 7 juillet, la formation de l’ex-ministre des Finances Varoufakis a cependant franchi tout juste le seuil d’éligibilité des 3 %), tant le fait d’avoir été associé au premier gouvernement Tsipras génère le discrédit. Tant la trahison par Tsipras des promesses qui l’avaient porté au pouvoir génère le discrédit DU politique.

Enfin, la signature des accords de Prespa avec la République dite désormais de Macédoine du Nord, sous la pression intense de l’Allemagne et des États-Unis afin d’étendre l’OTAN dans le cadre de la néo-guerre froide anti-russe (extension bloquée jusque-là par le veto grec), a paru à beaucoup de Grecs comme une trahison des intérêts fondamentaux du pays. Car il a réveillé les souvenirs de la slavisation forcée de la Macédoine grecque durant l’occupation bulgare de 1941-1944, comme ceux de la guerre civile des années 1946-1949, dans laquelle le Parti communiste grec paya le soutien yougoslave de son ralliement à un projet de rattachement de la Macédoine grecque à un État macédonien socialiste à majorité slave : hier, Syriza a perdu entre 9 % et 15 % dans les départements du nord du pays.

Sans doute, dans leur grande majorité, les Grecs n’attendent-ils rien – et surtout rien de bon – d’une droite dirigée par une caricature du vieux système clanico-clientéliste qu’ils avaient voulu congédier en votant Syriza en 2015. Mais voilà, depuis les élections de septembre 2015 qui, malgré la trahison des résultats du référendum, avaient confirmé le rejet du vieux système et donné sa chance à Syriza, le désarroi devant les reniements de Tsipras s’est transformé en colère, la colère en rage, et parfois en haine, pour un parti et un homme qui avaient promis le retour à la dignité et la fin de l’austérité alors qu’ils ont seulement démontré que, dans le cadre de l’UE et de l’euro, la gauche radicale est une droite comme les autres.

Publié sur le magazine Marianne
pzorba75
   Posté le 23-07-2019 à 14:48:38   

Xuan a écrit :

Le réseau "faire vivre" publie un article sur le départ calamiteux de Tsipras

Grèce : défaite logique de Tsipras





Quand un parti politique reçoit le soutien des dirigeants de la secte nommée "PCF - Parti Communiste Français", sa fin est proche. Et dans pas longtemps, il y aura d'avantage de dirigeants au PCF que de bulletins de vote communiste dans les urnes. La dérive vient de loin, essentiellement du choix de l'union de la gauche, initiée au moment du front populaire dès 1935.
Xuan
   Posté le 24-07-2019 à 23:37:38   

Le PCF est bien bas, cependant le réseau faire vivre en fait partie.
Il y a d'authentiques communistes dans et hors le PCF maintenant.
pzorba75
   Posté le 25-07-2019 à 04:57:56   

Xuan a écrit :

Le PCF est bien bas, cependant le réseau faire vivre en fait partie.
Il y a d'authentiques communistes dans et hors le PCF maintenant.

Ces communistes authentiques sont souvent des retraités grisonnants ou des cadres moyens ou supérieurs de la Fonction publique territoriale ou hospitalière, exceptionnellement des militants ouvriers (plus d' ouvriers paysans en France avec la mécanisation à outrance) rodés aux luttes contre le patronat et les "préfets" de l'ordre républicain. Ce sont finalement des intellectuels se complaisant dans des débats théoriques ou historiques mais sans aucune base permettant la mobilisation pour une révolution socialiste, au sens historique, très bon pour un débat autour d'une bonne bière.
Les candidats présentés par le PCF et ses élus les plus jeunes ne sont plus issus de la classe ouvrière, ce sont des représentants d'une bourgeoisie d'état, prêts à toutes les magouilles électorales, faudrait-il faire du sociétal plutôt que du social et du politique.
Les scores actuels à tous les scrutins accentuent cette tendance conservatrice et privent les militants authentiques des ressources pour être visibles et créer l'adhésion au projet révolutionnaire que les communistes se doivent de défendre.
Finimore
   Posté le 25-07-2019 à 07:54:43   

pzorba75 a écrit :

La dérive vient de loin, essentiellement du choix de l'union de la gauche, initiée au moment du front populaire dès 1935.


En fait tu donnes une réponse (un peu rapide) concernant la période 1936, qui elle-même est à resituer dans la stratégie antifasciste des années 30 (Staline-Dimitrov). La réponse que tu fais, ne me semble pas être très différente des analyses de certains courants trotskistes ou des maximalistes de l'ultragauche. Le site des EP a publié des textes sur l'histoire du PCF et notamment une brochure de 1969 du groupe Ligne Rouge intitulée "Staline contre le révisionnisme". Cette brochure revient sur certaines critiques faites dans le cadre du Mouvement Communiste International au PCF et notamment sur la question des alliances et de la gauche.
http://editions-proletariennes.fr/Dochml/presse/brochures/lignerouge/stalinecontrelerevisionnis.htm
Xuan
   Posté le 06-09-2019 à 23:17:11   

Fabien Roussel ignore l'impérialisme français


Ci-dessous un discours de Fabien Roussel sur le thème des communistes et de la nation.
Mis en ligne sur le site "faire vivre", ce texte veut défendre le patriotisme contre sa version bourgeoise.
Roussel désigne une finance mondialisée qui serait l'ennemie de ce patriotisme. Nulle part alors que les exemples de ses méfaits abondent, il ne désigne l'hégémonisme US, ni l'OTAN.
Mais surtout il ne cite nulle part l'impérialisme français, ni le duumvirat franco-allemand qui opprime les peuples d'Europe.
Il dénonce la façon dont l’Union européenne traite la question des réfugiés , mais jamais le rôle particulièrement hypocrite du gouvernement français.

Au passage il faut signaler " nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle" , projet réformiste défendu par Mélenchon, visant à revenir à une république bourgeoise parlementaire hors d'âge. Selon Roussel, pousser au bout le parlementarisme bourgeois serait l'antichambre d'une société socialiste.
"Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste »"
Roussel revient ici au rapport de Waldeck-Rochet "Pour une Démocratie avancée pour une France socialiste! " publié en 1968.

Sur la question nationale Roussel rappelle que "notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées." , sans jamais rappeler de quelles multinationales et de quelles banques il s'agit.

Ces multinationales effaceraient "jusqu’à l’idée de nation" dit-il.
Les multinationales défendent toujours des intérêts capitalistes nationaux, sinon on se demande d'où vient la guerre des tarifs engagée par Trump contre ses propres alliés, ou bien le Brexit ou encore les querelles entre Macron et Salvini.

Roussel ne désigne jamais les financiers et capitalistes français qui ont été promoteurs de ces traités. "la finance et les multinationales" sont encore des fantômes bien pratiques pour éviter de nommer l'impérialisme français comme ennemi des peuples d'Europe et de notre peuple.


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Discours de Fabien Roussel - Colloque Jean Jaurès à Toulouse

5 Septembre 2019
Publié le 04/09/2019 par PCF
Discours de Fabien Roussel – Colloque Jean Jaurès à Toulouse
Conclusion du Colloque Jean Jaurès

3 septembre 2019 – Toulouse
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis, Chers Camarades,

Permettez-moi tout d’abord de remercier la fédération de Haute-Garonne du Parti communiste français de cette initiative consacrée à Jean Jaurès, à l’occasion du 160e anniversaire de sa naissance.
Permettez-moi aussi de remercier les intervenants qui ont brillamment contribué aux tables rondes de cet après-midi : Gilles CANDAR, Rémy PECH, Charles SYLVESTRE et Martine BERNARD-ROIGT.
Merci enfin à vous toutes et tous, qui vous êtes libérés pour évoquer l’une des plus prestigieuses figures du mouvement ouvrier français.
Nous n’avons pas voulu, aujourd’hui, simplement commémorer celui dont la trace reste indélébile dans la conscience collective de notre peuple. Bien sûr, commémorer est indispensable pour que le fil de la mémoire ne vienne jamais à se rompre. Surtout, d’ailleurs, lorsqu’il s’agit du fondateur de l’Humanité, devenu journal communiste à la naissance de notre parti, dont nous célébrerons le centenaire l’an prochain.

Mais nous avons voulu aller au-delà, souligner combien cette empreinte de géant s’inscrit pleinement dans notre époque.
Car Jaurès aura eu, dans la dernière partie du XIX° siècle et jusqu’à son assassinat, à relever les défis de la première mondialisation du capitalisme.
C’est l’époque durant laquelle le capital se concentrait déjà à toute vitesse et bouleversait les modes de production. Il cherchait frénétiquement à intensifier l’exploitation du travail, des êtres humains mais aussi, déjà, celle des ressources naturelles.
C’était il y a plus d’un siècle mais le capitalisme n’a pas vraiment changé au fond. En 1910, le capital prospère sans limites fort de la révolution industrielle, en s’appuyant sur le travail à la chaîne.
Un siècle plus tard, ce même capital se régénère avec les banques, l’informatique et l’avènement d’une finance globalisée mais il exploite toujours sans retenue les salarié•e•s et la planète.
Le monde reste ainsi dominé par l’esprit de conquête, la soif de puissance et les rivalités qui incitent des pays à mener des guerres, quelles soient armées ou économiques.
Jaurès avait tout dit, dès 1895, quand il écrivait : « Le capital, même sous les traits les plus aimables (...), reste une puissance tyrannique et injuste. »
Nous sommes aujourd’hui confrontés à des enjeux d’une même ampleur.
Une forme nouvelle de mondialisation économique se déploie, dévastatrice pour la nature, implacable pour les travailleurs. Un modèle qui détruit partout les protections collectives arrachées de haute lutte par les mouvements populaires. Une force qui cherche à désintégrer politiquement et socialement le mouvement ouvrier et ses capacités de résistance.

Tout est fait pour substituer un individualisme égoïste aux solidarités de classe.
Comment qualifier autrement cette généralisation de la précarité du travail, ces contrats « Uber » qu’on nous vend comme le symbole de la modernité et qui ne sont rien d’autre que le retour du travail à la tâche !!
Où est le progrès quand 250 000 hommes et femmes de notre pays acceptent, bien obligés, de devenir des auto- entrepreneurs dépendant des plateformes numériques qui les exploitent, en les rémunérant à la commande, au coup de pédales, sans aucune protection sociale ?
Il n’y a pas beaucoup de différence avec ces femmes, ces hommes, ces enfants qui vendaient, au siècle dernier, leur force de travail dans les mines ou dans les entreprises textiles ?
Et ce modèle se répand, en France, en Europe, sur tous les continents...
Au nom d’un monde désormais aux mains de la finance, la souveraineté des nations et, par conséquent, celle des citoyens, est tout simplement niée, battue en brèche.
A tel point que des multinationales, et pas seulement celles du numérique, ont même davantage de pouvoirs que bien des États. Pour installer leur siège social, elles vont jusqu’à choisir l’État dans lequel elles négocieront l’impôt le plus bas voir nul.
Et pourtant, sous l’impact de la révolution numérique, de cette forme d’accélération du capitalisme, de nouvelles catastrophes apparaissent.
Le dérèglement climatique et les désastres écologiques qui s’enchaînent placent notre planète au bord du gouffre. Et le nombre de personnes, d’enfants souffrant de malnutrition repart à la hausse depuis 2 ans. Tous les signaux d’alerte sont tirés. Les moyens et des solutions existent pour lutter contre la faim dans le monde, contre la pollution, pour transformer les modèles agricoles ou alimentaires... Sauf que ces solutions, qui supposent un changement de nos modes de production et de consommation, une autre utilisation des richesses se heurtent de plein fouet au dogme libéral, à cette sacro-sainte exigence de rentabilité à court terme, imposée par une minorité de privilégiés.
Tout cela a une cohérence, implacable. Hier comme aujourd’hui.
Et tout ce qui fait obstacle à leur modèle économique, à la globalisation de l’économie, doit être détruit. Pas d’État, pas d’impôt, pas de compte à rendre !
C’est pourquoi ceux qui défendent ce système ultra financiarisé ne veulent pas de nations souveraines ! Ils veulent encore moins de frontières entre lesquelles peut encore s’exercer cette souveraineté, s’organiser le débat démocratique. Ils ne veulent pas non plus de services publics qui pourraient échapper aux règles de la compétitivité et de la profitabilité à tout prix.
Au fond, la perversion de l’Union européenne, en tout cas telle qu’elle aura été construite ces dernières décennies, prend source dans cette obsession de la rentabilité, de la concurrence effrénée qui va de pair avec l’effacement de la nation et de la souveraineté populaire. C’est une des raisons pour lesquelles les défenseurs de cette Europe ont méprisé les peuples, comme le notre, qui avait osé voter contre leur Traité constitutionnel en 2005.
Voilà ce qui l’a menée à la crise démocratique que nous connaissons et qui se traduit par une immense défiance des électeurs à son égard.

Ailleurs, l’horizon est hélas tout aussi préoccupant. Alors que se profile un nouveau krach financier, encore plus dévastateur que le précédent, des guerres commerciales, et même désormais monétaires, mettent aux prises des grandes puissances et des multinationales.
Guerres économiques, diplomatie de la gâchette, multiplication des conflits armés, record du nombre des réfugié•e•s , de pauvreté, voila l’horizon de ce 21eme siècle !!
Comme toujours, les prêcheurs de haine font leur miel d’un tel climat. Ils conquièrent sans cesse de nouvelles positions, et parviennent même à se hisser à la tête de nombreux pays.
Comme hier, ils soufflent sur les braises des orgueils nationaux et des querelles ancestrales de territoires. Ils attisent le racisme, ils prospèrent sur les peurs face aux flux de réfugiés ou encore face aux terrorismes. Comment analyser autrement les résultats en Allemagne où l’ AFD, parti nazi, arrive en deuxième position aujourd’hui ?
Interrogeons-nous en cet instant sur la politique, sur son rôle : n’est-il pas justement d’élever la conscience des hommes et des femmes, de faire grandir en eux ce qu’il y a de plus beau : la solidarité, l’échange, le partage, l’amour de son prochain, l’ambition de faire vivre ensemble une communauté humaine, dans toute sa diversité, de trouver des solutions pour relever chaque défi tout en respectant la dignité humaine et l’intérêt général ?
Est-ce cela que nous voyons aujourd’hui ? Non et c’est même le contraire ! Nous voyons comment des responsables politiques flattent les plus bas instincts qui existent aussi en chacun d’entre nous tel que la jalousie, l’égoïsme, l’individualisme ou même la peur quand ils devraient au contraire tout faire pour les repousser.
Comment justifier la manière dont l’Union européenne traite la question des réfugiés si ce n’est pour exciter les peurs, les fantasmes et faire grandir la haine de l’autre, de l’étranger? Les partis d’Extrême-droite n’ont plus qu’a ramasser la mise pour devenir l’exutoire de toutes les colères, y compris sociales.
Ces forces d’extrême-droite profitent aussi, il faut le reconnaître, des déceptions, des impasses dans lesquelles s’est enfermée une large partie de la gauche et des forces progressistes et écologistes.
Et c’est là, dans la reconstruction d’un projet d’émancipation humaine pour sortir des logiques terrifiantes du capitalisme, que l’apport de Jaurès nous est essentiel.

D’abord pour son inlassable combat en faveur de la République.
Une République issue de la Révolution française, une République toujours populaire, sachant se remettre en cause pour être toujours plus à même de répondre à ses fondamentaux: liberté, égalité, fraternité.
Une République indissociable de l’exigence de démocratie et protégeant la souveraineté du peuple;
Une République défendant l’intérêt général compris comme le souci de répondre aux besoins du grand nombre plutôt qu’à la soif illimitée d’enrichissement de quelques-uns ;

Une République qui promeut le « droit à l’existence » prenant le pas sur le droit de propriété, selon les belles paroles de Robespierre ;
Une République qui fait vivre la laïcité, garantissant la liberté de conscience tout comme la séparation intransigeante des sphères publique et privée.
Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste », termes qu’il employa indistinctement tout au long de sa vie.
En cela, même s’il lui fallut affronter bien des polémiques dans son propre camp. Jaurès se situait bel et bien dans la lignée de Marx, qui avait lui-même écrit : « La Révolution française a fait éclore des idées qui mènent au-delà des idées de l’ancien ordre du monde. Le mouvement révolutionnaire qui prit naissance en 1789 (...) avait fait éclore l’idée communiste. »

Les communistes sont fiers d’avoir inscrit leur histoire dans cette continuité. Quand ils se portèrent en première ligne des batailles pour la laïcité, contre la xénophobie ou les clans colonialistes qui ne cessèrent de contester la République.
Quand ils contribuèrent à prolonger l’action armée contre l’occupant hitlérien et le régime de Vichy par ce programme si ambitieux qui fut la grande œuvre du Conseil national de la Résistance.
Quand ils firent de l’école publique, question qui fut au cœur de la visée jauressienne, le premier des piliers d’une République de l’intelligence et du savoir, ouvrant à la jeunesse et au corps citoyen la voie de l’émancipation et du courage.
Quand ils furent à l’initiative de propositions audacieuses pour rendre la République pleinement démocratique et briser cette frontière invisible qui lui interdisait de pénétrer sur les lieux de travail.
Permettez-moi de m’arrêter un instant sur ce point.
Lorsque, aujourd’hui, nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle, ou contre ces réformes constitutionnelles qui laissent entendre qu’il y a plus de démocratie avec moins de parlementaires, nous assumons entièrement l’héritage de Jaurès, qui sera intervenu tant de fois sur ces questions.
De même, lorsque nous proposons que les salarié•e•s disposent de nouveaux droits à décider des choix faits dans leurs entreprises, nous partageons la colère qui était la sienne devant un système qui fait théoriquement du citoyen un souverain l’instant d’une élection, mais le laisse soumis au despotisme de son patron le reste du temps.
Oui, après Jaurès, nous affirmons à notre tour qu’il faut pousser la République jusqu’au bout, que la démocratie politique est inséparable de la démocratie dans l’entreprise et que doit enfin être proclamée ce qu’il nommait « la « souveraineté du travail ».

Mais la République de Jaurès s’incarne aussi dans une nation.
Et je tenais à m’exprimer ici sur ce sujet tellement il est insupportable de lire, d’entendre ici et là comment la nation est aujourd’hui réduite au nationalisme, au repli sur soi, à la division d’un peuple, et donc à l’opposé de ce qui la fonde. Oui c’est vraiment insupportable car les fondations d’une nation ne sont pas ethniques ou religieuses. Elle relève d’une construction politique, d’une histoire commune d’un peuple uni dans sa diversité.
La nation de Jaurès, et de tous les progressistes, est d’abord conçue comme une communauté de citoyens que ne se distinguent ni par leur origine, ni par leurs convictions intimes.
C’est en cela que la nation française, grandie par la Révolution de 1789, a pu d’emblée porter un message universel en direction des autres peuples d’Europe.Qu’elle a accompagné leur marche vers la liberté et l’indépendance.
Qu’elle a, dès ses premières années, affirmé une ambition de paix pour l’humanité tout entière. Et si, à son tour, elle s’est trouvée à divers moments précipitée par ses classes dirigeantes dans les guerres de conquêtes et de rapines, elle aura toujours trouvé en son sein les ressorts du retour à ses idéaux d’origine.
De ce point de vue, l’attachement de Jaurès à la nation française, son « patriotisme » revendiqué qu’il opposait au nationalisme belliciste, fut jusqu’à son dernier souffle indissociable de son action internationaliste. Et, plus particulièrement, de son combat pour la paix dès qu’il sentit que le choc des cupidités impérialistes pouvait la mettre en grand péril. Il ne cessa, pour cette raison, d’inciter les travailleurs à ne pas laisser la nation aux mains de ceux qui l’emmenaient à sa perte. « Plus les ouvriers sont une classe, plus ils sont une patrie: ils auront tout à fait la patrie quand ils seront la classe souveraine », avertissait-il.
Quoi de plus actuel que cette approche ?

Je l’ai dit en commençant, chacune et chacun d’entre nous sent bien que notre monde est en train de basculer dans l’inconnu. Tout a été fait, depuis trois ou quatre décennies, au nom d’une globalisation supposée « heureuse », pour effacer jusqu’à l’idée de nation et ainsi priver les peuples de leurs droits fondamentaux.
En gommant l’idée d’une nation porteuse de progrès, d’humanité, voire l’idée même qu’une nation pouvait encore exister, la classe dominante, les milieux d’affaires, la finance remettent en cause les conquêtes d’un peuple, sa souveraineté et son aspiration à une vie digne et heureuse.
Et pourtant. Une nation porteuse de progrès c’est celle qui s’engage à éradiquer le chômage et la pauvreté, à lier la justice sociale et la justice climatique, à protéger chaque vie et chacun des instants de la vie d’un homme ou d’une femme, de celles et de ceux qui forment le peuple, notre peuple. Le peuple et la nation. La nation et le peuple, intimement liés et forts, en France, de ces conquêtes sociales, de l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République, de la Résistance et de ses Jours Heureux, promis à tous ses citoyens, dans le respect des origines et des confessions de chacun.
Nous voulons redonner du sens à la nation, indéfectiblement liée au peuple, à sa souveraineté, à son indépendance qui lui ont permis de mettre en oeuvre le programme des Jours Heureux issu du Conseil National de la Résistance. Oui, les français sont fiers de cette histoire qui nous a permis de bâtir cette exception française que sont les services publics et la Sécurité Sociale.
Et si nous voulons redonner du sens à la nation, à notre souveraineté, c’est bien pour redonner aux français le droit de s’affranchir des Traités qui nous emprisonnent, c’est pour redonner sa liberté au peuple, à la France, de mettre en place par exemple une Sécurité Sociale du 21ème siècle, digne d’Ambroise Croisa ou pour redonner de nouveaux droits aux salariés dans les entreprises.
Retrouver notre indépendance et notre souveraineté, ce n’est pas pour nous enfermer dans des frontières, ce n’est pas pour exclure des citoyens en fonction de la couleur de leur origine, de leur religion, c’est pour redonner la liberté au peuple de déterminer ses choix et notamment de pouvoir voter un budget sans avoir à le faire valider par Bruxelles !
Mais voilà ! Tout est fait pour déposséder les peuples de leurs souveraineté, pour gommer toute référence à la nation. Et pour renvoyer les colères vers les forces d’extrême droite.
Le sentiment national d’un peuple existe toujours et se réveille à mesure qu’il se sent dépossédé de tout contrôle sur son existence.
Et ce noble sentiment est détourné par des droites extrémistes ou fascisantes, qui encouragent le fanatisme, la violence, le plus odieux des racismes, l’opposition des peuples entre eux. Ici même, de la droite qui se voulait jusqu’alors « républicaine » mais qui court désormais derrière l’extrême-droite, resurgit le vieux fantasme de l’abandon du droit du sol, alors que celui-ci est antérieur à la Révolution française.

Raison de plus pour défendre plus que jamais une autre conception de la nation. Jaurès, mieux que tant d’autres, l’avait compris, qui s’en prenait à ceux qu’il baptisait « les chacals du patriotisme rétrograde ».
Devant l’Assemblée, il précisait : « La classe ouvrière défendra l’idée de la patrie, mais elle ne sera pas dupe de ceux qui essaient d’exploiter l’idée de patrie elle- même dans un intérêt de classe ; elle essayera par un incessant effort de substituer à une patrie d’inégalités et de privilèges une patrie de pleine d’égalité sociale qui s’harmonise par là avec les autres patries. »
Les peuples ont leurs histoires, tourmentées et contradictoires certainement, mais qui ont imprégné leurs modes de vie et de pensée. Ces caractéristiques donnent aux nations leur consistante sociale.
Mais surtout, et c’est là pour nous l’essentiel de la nation : c’est le cadre privilégié, normalement indépassable, de l’exercice de la démocratie, de la souveraineté.

Oui le cadre de la nation reste un levier pour résister aux entreprises destructrices du capital, défendre par exemple l’industrie face aux délocalisations ou l’agriculture face à l’agrobusiness. C’est au nom d’une nation souveraine, à l’écoute de son peuple, qu’il est légitime de faire avancer des politiques publiques de progrès.
C’est aussi un point d’appui pour les mouvements populaires au-delà de leurs frontières.
C’est, par conséquent, un vrai danger de laisser la nation, un peuple, ses droits se dissoudre dans l’adhésion à un marché économique aux prétentions universelles. Et c’en est un autre, tout aussi dangereux, que de croire bâtir l’Europe en effaçant la souveraineté de ses nations et des peuples dans la construction fédéraliste que promeut l’idéologie néolibérale. Tout ce qui uniformise représente un appauvrissement politique, social et culturel, une régression totale...
Notre vision de la nation française, celle de Jaurès hier, celle qui a donné tout son sens à nos propres engagements depuis, ne relèvera jamais d’une vision qui exclut, qui stigmatise les individus ou qui les sélectionne en fonction de leurs origines et de leurs particularités.
Elle procède au contraire d’une approche démocratique qui vise à rassembler, unir des citoyennes, des citoyens, par- delà les différences de culture et d’histoire, dans une communauté humaine soudée par une communauté de destin.
Cette démarche d’ouverture, nous l’appliquons évidemment aux relations que doit entretenir la France avec les autres pays. Notre attachement à notre propre pays n’est pas synonyme de concurrence avec eux, encore moins d’affrontement sur le théâtre international.
Nous en appelons plutôt à bannir toutes les logiques de confrontation et de domination, à renoncer aux surenchères militaristes. Nous sommes les protagonistes infatigables de la construction de nouveaux liens d’amitié et de coopération entre les peuples.

Ainsi, en Europe, nous l’avons dit et répété à l’occasion des élections de mai dernier avec Ian BROSSAT, notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées.
Jaurès, à son époque, faisait découler l’organisation de la paix mondiale de la défense conjointe de l’indépendance nationale, de la démocratie et du socialisme. Une paix qui passait à ses yeux par le respect des intégrités nationales, le rejet de toutes les oppressions, pour promouvoir l’arbitrage international et la sécurité collective. Tout cela s’imbriquait dans sa célèbre formule : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène. »
Nous reprenons ce flambeau, devant les dangers qui guettent de nouveau la civilisation humaine. Comme je l’ai fait à l’occasion de notre dernière université d’été, nous proposons ainsi que la France, plutôt que de suivre l’administration TRUMP dans ses surenchères atlantistes, comme le fait hélas Monsieur MACRON, s’adresse aux Nations unies, pour un nouvel ordre mondial favorisant le dialogue et la coopération entre les peuples. La France devrait même demander à renforcer les prérogatives de L’Onu pour qu’elle mène le combat en faveur du climat et pour une plus grande justice fiscale dans le monde.
Ce serait l’occasion de réclamer le désarmement général, l’abolition de l’arme nucléaire, une nouvelle organisation de la sécurité collective et un développement économique aussi partagé que protecteur des grands équilibres écologiques. C’est, nous semble-t-il, le rôle que lui assignent à la fois son histoire et l’écho dont bénéficie sa parole dans le monde. C’est le rôle conforme à son « génie », aurait dit Jaurès.
Défendre la paix et l’indépendance de notre pays, pousser les principes de la République jusqu’à la sortie d’un capitalisme dévastateur, ne sera toutefois possible que si le monde du travail redevient un acteur puissant et écouté. Un acteur conscient de ce combat pour la sauvegarde de l’humanité, qui devra rassembler autour de lui toutes celles et tous ceux qui aspirent à un autre avenir. C’est l’autre enseignement que nous retirons de l’œuvre de Jaurès.
Sa vie, de parlementaire ou de journaliste, d’intellectuel et de dirigeant politique, se confondit avec le soutien aux luttes sociales, de celle des traminots de Toulouse à celles des mineurs de Carmaux ou des verriers d’Albi. Sans parler de sa campagne pour faire libérer l’ouvrier Jules DURAND, condamné à mort pour ses activités de syndicaliste. Comme il l’écrivait, « la dignité de la classe ouvrière est une des richesses essentielles de la France. »
C’est également notre conviction, à l’heure où le salariat est devenu l’écrasante majorité de la population active d’un pays comme le nôtre, et où, au grand dam du président des ultrariches, chaque mobilisation remet la « question sociale » à l’ordre du jour.
Voilà pourquoi nous voulions, ici, à Toulouse dont il fut l’élu, au cœur de cette Occitanie qui lui était si chère, marquer avec force l’actualité du « Grand Jaurès ». Pour le Parti communiste, bien sûr, mais au-delà, pour redonner du sens et de la force à la république française et à l’union du peuple de France. Oui nous voulons de nouveau voir flotter ensemble le drapeau bleu blanc rouge de la France au coté du drapeau rouge du mouvement ouvrier, défendre un projet de société qui place l’être humain et la planète au cœur de son projet mais remet aussi au centre de ses combats, la démocratie et la souveraineté du peuple de France !
source : http://www.pcf.fr/actualite_discours_de_fabien_roussel_colloque_jean_jaur_s_toulouse
pzorba75
   Posté le 07-09-2019 à 06:16:48   

Terminer " avec l'Occitanie si chère, l'union du drapeau bleu-blanc-rouge du drapeau rouge et l'humain et la planète au coeur " évite de perdre son temps en lisant le discours inutilement long et mémoriel. Le PCF est mort et enterré, F. Roussel n'y changera rien en jouant le social démocrate écologiste et européiste, les places sont déjà occupées et il mobilise pour atteindre 0% d'audience et de voixs.


Edité le 07-09-2019 à 06:18:00 par pzorba75