Sujet :

analyse de classe de la société française

Xuan
   Posté le 02-07-2006 à 22:37:14   

je reproduis ci-dessous ce document, déjà publié dans le premier FML :

ANALYSE DE CLASSE DE LA SOCIETE FRANCAISE


L'indifférence, encore répandue dans le mouvement social, à l'égard d'une analyse objective de la composition de classe de la société française découle de la croyance que la réalité des choses est en faveur de la bourgeoisie et contre le prolétariat.
Dans ce sens vont les recensements, statistiques et enquêtes publiques qui récoltent des données quantitatives sur certains faits, et qui correspondent aux catégories de l'économie politique bourgeoise et de l'image de la société élaborée par la bourgeoisie.
Pourtant, la division en classes est au cœur de la société française. La division en classe est une division formelle, déterminée par le rapport social vis à vis de la production qu'occupent chaque individus. Ce rapport définit les rôles sociaux et les classes. Chaque classe est l'ensemble des personnes qui jouent le même rôle dans le rapport de production. La division de classes n'est donc pas déterminée par la diversité des contenus du travail et ne coïncide pas avec la division en catégories professionnelles (INSEE), en métiers, ou même en travaux manuels ou non.
Par exemple, le prolétariat n'est pas déterminé par le fait d'être préposée ou non à la production de marchandises matérielles . Dans le mode de production capitaliste (MPC), cela ne change rien que sa production satisfasse des besoins auto destructifs, non matériels ou alors " sains " et socialement utiles. La marchandise est " en premier lieu un objet externe, une chose qui satisfait des besoins humains quelconques " (Marx, Le Capital, Livre I).

La classe ouvrière.

7,724 millions de personnes sont répertoriés comme ouvriers (selon l'INSEE). Ils représentent 27,6% de la population active. En comptant leurs familles (7,724 x 2,7) cela fait 20,854 millions de personnes.
Rappelons qu'entre 1960 et 1990, la part des ouvriers dans la population active à diminué de 30 à 27% tandis que le nombre d'employés a doublé passant de 14 à 28% (1996). Est-ce que cela veut dire l'extinction programmée des ouvriers ? Non.
Le caractère capitaliste de l'activité productive n'est pas déterminé par le secteur ou elle se trouve ni par le type d'usage auquel sert la marchandise produite, mais par le fait qu'elle valorise le capital chaque fois plus, avec tous ses effets (taylorisme, division accrue du travail, mais aussi innovation technique, quête de réduction du temps de travail pour produire une même marchandise, quitte à envoyer les travailleurs au chômage ensuite, etc.).
Le travail ouvrier en tant qu'activité n'est en fin de compte guère différent qualitativement de ce qu'il était il y a 20 ans. L'analyse détaillée du vécu ouvrier révèle que les temps morts ont disparu, que le " taux d'engagement ", c'est-à-dire la part du temps de présence sur la machine, consacré à des tâches directes de fabrication, de montage ou de production est beaucoup plus pénible que par le passé, qu'il n'existe aucun moyen actuellement de ruser avec les cadences, aucune possibilité, même transitoire, de se dégager individuellement ou collectivement des contraintes de l'organisation.
Autrefois, classe ouvrière et prolétariat étaient grosso modo la même chose. Aujourd'hui, la classe ouvrière est seulement une composante du prolétariat.
Aux premiers siècles de l'existence du mode de production capitaliste, le prolétariat n'était composé pratiquement que de travailleurs manuels dans l'industrie, parce que seule la production industrielle était absorbée par le mode de production capitaliste (MPC). De là, l'habitude que l'on a par inertie de considérer comme ouvriers seulement les travailleurs manuels de l'industrie.
Ainsi, la production industrielle est devenue historiquement , dans le MPC, la production dirigeante parce que le contenu s'adaptait le mieux aux exigences de valorisation du capital (régularité, adaptabilité aux variations, productivité…) mais aujourd'hui le développement tertiaire indique un changement de composition du prolétariat en France.

Le prolétariat et l'incorporation des travailleurs non-ouvriers.

Graduellement, le MPC s'est étendu aussi aux autres secteurs productifs, a crée de nouveaux secteurs et a approfondi la division du travail à l'intérieur des entreprises, par conséquent, les travailleurs des autres secteurs et les travailleurs non-manuels sont aussi entrés dans le prolétariat. La prolétarisation s'est étendue : d'autres salariés ont été réduits à l'état de prolétaire (c'est-à-dire des travailleurs qui pour vivre doivent vendre leur force de travail) : les employés des administrations publiques et des organismes à but non lucratifs, les employés des entreprises non capitalistes (artisans, entreprises familiales, coopératives, etc) et les employés au service personnel des riches.

Les postes précaires et prolétarisés dans le tertiaire ont compensé l'hémorragie des postes industriels : dans la chaussure, le textile, la confection, le travail du bois. La précarisation a accompagné la tertiarisation. Les salariés non qualifiés n'ont jamais été aussi nombreux. Dans le commerce, ce sont les caissières et autres vendeurs en alimentation ou en libre service. Les employés de nettoyage de bureaux ou de locaux industriels sont eux aussi beaucoup plus nombreux, tout comme les agents de sécurité ou d'autres personnes exerçant une surveillance. L'allongement des distances entre le domicile et le lieu de travail a contribué à l'essor de la restauration rapide et avec elle des emplois de serveurs, cuisiniers et plongeurs. Le travail posté, avec des normes de production quantitatives, chez les salariés du tertiaire est passé ainsi de 19% en 1984 à 43% en 1998. Ainsi, les salariés des centres d'appels (de service après-vente, de télé-marketing) travaillent dans des conditions archaïques même s'ils utilisent des outils ultra-modernes. Horaires décalés, flexibilité à outrance, temps partiel, emploi du temps modifiable, La concentration de centaines de salariés sur un même site, alignés dans d'immenses salles, le casque rivé sur les oreilles, et le nez sur leur écran d'ordinateur, font penser aux conditions de travail de l'usine. Les chiffres d'embauches se calculent en centaines de milliers.
Même chose dans le secteur public et chez les fonctionnaires. Le traitement des fonctionnaires a perdu un tiers de sa valeur depuis 1982. A la Poste, par exemple, les salariés perdent ce qu'ils avaient obtenu de la part de la Direction : varier les taches, obtenir des formations dans le travail administratif, etc. Aujourd'hui, tout ça est détruit. Cadence infernale, abrutissement et dégradation du travail sont les lots pour un nombre toujours plus grands d'employés du service public.
En 1998, dans les petites entreprises, (moins de 10 salariés) plus d'1/4 (26 %) des salariés touchent le SMIC contre 16,1% en 1993. La proportion augmente année après années dans tous les secteurs. Or, les employés représentent approximativement 26,5% des actifs (INSEE).
D'autre part, 25% des salariés du public (1,3 millions sur 5,5 millions) sont précaires ou contractuel.
Ainsi, 1,503 millions d'employés (26% du total des employés) et 1,3 millions des salariés du secteur public (25% du total) peuvent être considérés comme faisant partie du prolétariat non ouvrier. Le total est de 2,803 millions de personnes
La classe ouvrière incluse, le prolétariat représente 10, 527 millions de personnes. Avec leurs ménages, cela fait 28,422 millions de personnes.

Pour apprécier la situation matérielle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes, il faut tenir compte de l'armée de réserve : les chômeurs, ce que nous ne faisons pas ici. Lorsque les prolétaires ne sont plus assez productifs ou s'il y a une crise économique, ils sont jetés au chômage et rejoignent " l'armée industrielle de réserve ". Ainsi, la majorité des chômeurs sont des prolétaires, de simples marchandises éventuelles pour les capitalistes. Le ministère de l'emploi de l'économie et des finances nous indique (au sens du BIT) un chiffre de 2,3 millions de chômeurs en mars 2001. Alors qu'il était de 2,6 millions de chômeurs en 2000. Il s'agit de l'escroquerie. Ces statistiques se basent uniquement sur une seule catégorie de chômeurs (alors qu'il en existe 6) : les demandeurs d'emplois immédiatement disponibles et à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à plein temps. Il y aujourd'hui 1,13 millions de Rmistes (Revenu Minimum d'Insertion pour les plus de 25 ans : à peine plus de 2 000 francs par mois) soit plus de 5% des familles françaises qui vivent de cet expédient et 600 000 jeunes de moins de 25 ans en sont exclus.

Les couches populaires non-prolétaires.

La moitié des ménages de salariés touche moins de 12 140 francs par mois, ce qui représente le revenu médian. En prenant seulement en compte le revenu (très sommairement), si l'on définit la classe moyenne arbitrairement comme les 40% de ménages situés de part et d'autre du revenu médian, on obtient une population dont les revenus s'étalent entre 8000 et 14000 francs par ménages.
On voit bien ainsi que la classe moyenne est une couche populaire intermédiaire , facilement prolétarisable.
Au niveau supérieur des couches populaires, il y a aussi les ménages de cadres supérieurs dans le secteur privé, de professions libérales, d'indépendants et de fonctionnaires qualifiés qui touchent par ménage entre 30.000 à 40.000 francs de revenus par mois et par ménages. Peut-on pour autant parler de bourgeoise en ce qui les concerne ?
Les couches populaires non-prolétaires ont été répertoriés en soustrayant le nombre du prolétariat du nombre des actifs et de leurs familles (qui sont 19,247 millions (INSEE) par 2,7 = 51,196 millions).On effectue alors le calcul suivant : 28,422 millions - 51.196 millions = 22,774 millions. Les couches populaires non-prolétaires représentent approximativement 22,774 millions de personnes.
Ce qu'on peut appeler le peuple (prolétariat (ouvriers+prolétaires non-ouvriers) + couches populaires non-prolétaires) représente ainsi, avec leurs familles, 51, 900 millions de personnes (19,247 millions par 2.7)

La bourgeoisie impérialiste.

Le capital financier unifie d'une certaine manière tous les riches, même si cela ne va pas jusqu'au point qu'il ne faut pas distinguer entre eux des strates et des catégories : entrepreneurs, dirigeants d'entreprises, financiers, rentiers, hauts-fonctionnaires. On calcul la bourgeoisie impérialiste en soustrayant le peuple (couches populaires non-prolétaires+prolétariat) et la population totale (58,518 millions de personnes).
La bourgeoisie représente ainsi approximativement 6,618 millions de personnes.

Conclusion.

Cette analyse de classe est approximative, non seulement dans les chiffres mais également pour ce qui concerne les catégories. Il s'agit d'abord de montrer des tendances dans la société et non des faits invariables. L'augmentation ou la résorption de ces tendances numériques se vérifieront en fonction de la crise de surproduction actuelle du capitalisme.
Aujourd'hui, dans les pays impérialistes comme la France, la bourgeoisie impérialiste ne peut pas davantage continuer à régner comme par le passé. Elle cherche à valoriser son capital en cherchant par tous les moyens à le valoriser en cassant les conditions sociales historiques qui l'en empêchent. Les masses populaires ne sont pas résignées à perdre les acquis et conquêtes sociaux qu'elles ont arrachées et obtenu dans la période précédente (la fin de la Seconde guerre mondiale à la moitié des années 1975) dans le cadre de la société bourgeoisie (qu'on peut résumer par le " programme du capitalisme à visage humain "). Les évènements de chaque jour montrent l'attaque que la bourgeoisie impérialiste porte depuis 20 ans contre la classe ouvrière des pays impérialistes, afin d'éliminer les conquêtes de bien-être et de civilisation que les ouvriers ont arrachées pendant la première vague du mouvement communiste et de la révolution prolétarienne, à la fin de la deuxième guerre mondiale.
On peut constater l'appauvrissement croissant d'une grande partie des producteurs dont parle Marx dans le Capital. Marx a indiqué plusieurs éléments comme les facteurs qui ont permis à chaque capital de contrecarrer mais pas d'annuler la baisse du taux de profit : L'intensification du travail ; la prolongation de la journée de travail ; l'augmentation du nombre de travailleurs ; la réduction du salaire au-dessous de la valeur de la force de travail ; la surpopulation relative ; le commerce extérieur ; l'augmentation du capital par actions. C'est en fonction de ces éléments que se juge quantitativement l'appauvrissement et la prolétarisation de la société.
Quelques faits : en France, dans les secteurs du textile, de l'habillement, du cuir ou de la grande distribution le SMIC (salaire minimum) est imposé. La France vient également de rétablir par ordonnance le travail des enfants dès 13 ans et le travail de nuit des femmes dans l'industrie. La part des salaires dans le revenu national ne cesse de diminuer alors que la part des capitalistes ne cesse d'augmenter. Les nécessités de base du peuple ne sont pas assurées et les conditions de vie empirent. En résumé, il existe une situation révolutionnaire en développement.

Quelques objections à cette analyse sommaire de l'analyse de classe de la société française.

1. A ceux qui objectent que cette analyse de classe ne prend pas en compte le rôle redistributeur de l'Etat capitaliste qui tend à harmoniser et à faire concorder les différences de classes . Effectivement, dans ses taches distributives, l'Etat se donne volontiers comme un redresseur de torts. Son rôle consisterait à corriger les inégalités produites dans la sphère économique par des transferts compensatoires, faussant la valeur d'une analyse de classe. Des crèches sont construites pour accueillir les enfants des ménages dont les deux conjoints travaillent sans pouvoir se payer une bonne à la maison. Les maisons de cultures sont ouvertes pour mettre les œuvres culturelles à la portée de tous. Il en va de même pour les musées et les théâtres nationaux, les hôpitaux, la sécurité sociale, etc. Mais ce sont toujours les catégories plus favorisées qui profitent le plus de ces transferts. L'Etat repartis inégalitairement l'inégalité de classe déjà existante ! Ainsi, l'école, gratuite et obligatoire favorise les favorisés et défavorise les défavorisés. Les musées les plus modernes sont surtout fréquentés par des membres de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoise. L'accroissement des effectifs de l'enseignement supérieur et l'ouverture de l'université à des catégories sociales plus populaires a surtout profité aux catégories dont les enfants étaient déjà scolarisés dans l'enseignement supérieur. Comme en 1975, Les fils et filles d'ouvriers représentent un quart des étudiants. Les enquêtes de Santé révèlent que ce sont les agriculteurs, les salariés agricoles et les ouvriers qui se soignent le moins, tandis que les catégories exemptes de travail manuel, et par-là même soustraites aux maladies professionnelles et aux accidents du travail qui l'accompagnent, se soignent, elles, beaucoup plus. Des masses énormes d'argent sont englouties dans des infrastructures et des avions exclusivement utilisés par des " hommes d'affaires " pour des motifs professionnels ou leurs loisirs. En matière de sport, les subventions accordées par l'Etat aux fédérations sont versées à proportion du nombre de licenciés. Or ce sont les catégories professionnelles intellectuelles de cadres et les professions libérales qui sont les plus nombreux à pratiquer des sports -les plus chers- et le plus longtemps : tennis, ski, golf, etc.
Ce ne sont que quelques exemples qui montrent que l'Etat ne remet en cause en rien la pertinence d'une analyse de classe de la société.

2. A ceux qui objectent qu'on utilise les chiffres de l'économie bourgeoise (INSEE, etc.) faussant les résultats . C'est tout à fait vrai. La culture d'information bourgeoise n'est pas un moyen de connaissance mais un instrument de la contre-révolution préventive. Mais à défaut d'une analyse scientifique et collective, il faut utiliser ici les chiffres et certaines catégories socioprofessionnelles de l'INSEE.

3. A ceux qui objectent que cette analyse ne prend pas en compte les rôles de la consommation et la croissance . Les théories économiques nous abreuvent de mots tels que la " croissance " qui permettrait de réduire les inégalités et d'effacer les différences de classes. Mais c'est d'abord en fonction de ses besoins sociaux propres que chaque ménage arbitre les priorités à accorder à ses dépenses. La consommation de chaque catégorie sociale obéit à des lois et remplit des fonctions que la publicité, bien loin de les imposer, ne fait que suivre et enregistrer. Aujourd'hui l'achat d'une voiture pour un ouvrier est imposé par la nécessité et non motivé par un goût pour la consommation.

4. A ceux qui objectent que le poids de l'aristocratie ouvrière n'est par pris en compte dans la composition de la classe ouvrière . Dans le calcul, on n'a pas cherché à comptabiliser le poids numérique de l'aristocratie ouvrière. La thèse selon laquelle les conquêtes des masses populaires arrachées à la bourgeoisie sont en réalité d'astucieuses réformes au fin " d'intégrer " la classe ouvrière et de créer un nouvel espace pour l'expansion du mode de production capitaliste est fausse. Dans la société capitaliste, il n'existe pas de distribution du rendement qui permettrait de " corrompre " une partie des travailleurs les mieux payés. Il existe d'abord une lutte des classes entre prolétariat et bourgeoisie. Ainsi, l'aristocratie ouvrière est constituée des employés d'organismes de gestion politique et culturelle (journalistes, personnel politique, parlementaire et syndical) de l'ordre social bourgeois. Leur nombre correspond à quelques centaines de milliers de personnes mais constitue un pourcentage élevé des membres des partis de gauche (Vert, PC, etc.) et des syndicats paritaires et co-gestionnaires (FO, CFDT, CGT). Ils ont une influence beaucoup plus grande que le poids numérique réel. Ils se servent de leur connaissance des méandres du fonctionnement administratif et public du système pour asseoir leur influence auprès des masses qui, à la différence de la bourgeoisie, a des relations, un langage, des manières qui permettent de faire leur travail de division, persuasion, corruption morale auprès des masses populaires que la bourgeoisie n'est pas capable de faire directement.

5. A ceux qui objectent que cette analyse ne reflète pas l'état d'esprit politique des classes . Le point de vue selon lequel c'est le mouvement conscient et organisé qui crée le mouvement pratique est un point de vue idéaliste. Cela réconforte l'indifférence envers l'enquête et l'expérience. La société capitaliste est entièrement bâtie sur un antagonisme matériel : il y a d'un coté la possession des moyens des moyens matériels d'existence et de production (par les capitalistes), et du coté opposé, les forces productives vivantes (représenté par les prolétaires). Ces derniers ne disposent que de leur force de travail pour vivre. Ainsi, la position matérielle particulière occupée par la classe ouvrière oblige les ouvriers à se confronter au mécanisme même du capital et à y voir les causes de leur propre oppression, qu'ils le veuillent ou non. C'est ce qui détermine le rôle que la classe ouvrière peut jouer dans le mouvement politique. Quand l'affrontement politique recouvre l'affrontement économique, la lutte politique est le reflet de la lutte entre intérêts vraiment opposés que le déroulement de la crise générale rend antagonistes et c'est souvent la fin de " la désaffection des masses pour la politique ".

Source. Alternative Economique, Numéros d'octobre 1999 et de mai 2000; Rapport de l'INSEE " revenus et patrimoines des ménages ", 2001 ; Manière de voir n°66, Le défi social, bimestriel du Monde Diplomatique, novembre-décembre 2002 ; Quid 2001, tableau p.803 : actifs occupés selon la catégorie professionnelle.
Krampon
   Posté le 03-07-2006 à 21:00:08   

J'aimerais faire des remarques sur ce texte.

ANALYSE DE CLASSE DE LA SOCIETE FRANCAISE

Je crois que le problème de ce texte porte sur la définition du prolétariat et des prolétaires, et plus généralement la définitions des classes.

Qu'est-ce qu'une classe ? = "La division en classe est une division formelle, déterminée par le rapport social vis à vis de la production qu'occupent chaque individus. Ce rapport définit les rôles sociaux et les classes. Chaque classe est l'ensemble des personnes qui jouent le même rôle dans le rapport de production. La division de classes n'est donc pas déterminée par la diversité des contenus du travail"

Si la division en classe n'est pas fondé sur le contenu du travail, pourquoi l'auteur se sert-il du contenu du travail pour établir la limite entre travailleurs prolétaires et non prolétaires ?

Les salariés des centres d'appel par exemple, se sont "prolétarisé" parcqu'ils "travaillent dans des conditions archaïques même s'ils utilisent des outils ultra-modernes. Horaires décalés, flexibilité à outrance, temps partiel, emploi du temps modifiable, La concentration de centaines de salariés sur un même site, alignés dans d'immenses salles, le casque rivé sur les oreilles, et le nez sur leur écran d'ordinateur, font penser aux conditions de travail de l'usine."
C'est donc à cause de leurs conditions de travail que ceux-ci sont rentré dans le prolétariat. Les conditions de travail sont donc un critère pour déterminer l'appartenance à une classe, et non pas seulement le rapport social vis à vis de la production.
L'auteur pour cela parle du "caractère capitaliste de l'activité productive" , mais cette expression ne traduit rien d'autre que les conditions de travail, le fait de souffir ou non de son status d'exploité. "Le caractère capitaliste de l'activité productive n'est pas déterminé par le secteur ou elle se trouve ni par le type d'usage auquel sert la marchandise produite, mais par le fait qu'elle valorise le capital chaque fois plus, avec tous ses effets (taylorisme, division accrue du travail, mais aussi innovation technique, quête de réduction du temps de travail pour produire une même marchandise, quitte à envoyer les travailleurs au chômage ensuite, etc.)."
Encore un exemple qui montre la prise en compte du critère des conditions de travail par l'auteur : "L'analyse détaillée du vécu ouvrier révèle que les temps morts ont disparu, que le " taux d'engagement ", c'est-à-dire la part du temps de présence sur la machine, consacré à des tâches directes de fabrication, de montage ou de production est beaucoup plus pénible que par le passé, qu'il n'existe aucun moyen actuellement de ruser avec les cadences, aucune possibilité, même transitoire, de se dégager individuellement ou collectivement des contraintes de l'organisation."
Bref, le prolétaire n'est pas seulement celui qui est salarié et n'a que sa force de travail pour vivre, c'est celui qui en plus de cela subit de mauvaises conditions de travail et donc souffre de son exploitation.
Ce serait ridicule de dire que tous les salariés sont des prolétaires. L'auteur ne dit d'ailleurs pas cela. Il est obligé de tenir compte de cette réalité objective d'aujourd'hui : certains salariés souffrent de leur condition de salarié du fait des conditions de travail, tandis que d'autre non. Des salariés qui sont satisfait de leur travail, bien que n'ayant que leur force de travail pour vivre, n'ont aucunes raisons de se révolter contre le capitalisme ( Voir plus bas ce que Gerard Mermet appel "le protectorat" )

C'est le critère des conditions de travail qui détermine la frontière entre travailleurs prolétaires et non proéltaires.
"Graduellement, le MPC s'est étendu aussi aux autres secteurs productifs, a crée de nouveaux secteurs et a approfondi la division du travail à l'intérieur des entreprises, par conséquent, les travailleurs des autres secteurs et les travailleurs non-manuels sont aussi entrés dans le prolétariat."
Voila une phrase complétement contradictoire, qui résume bien la contradiction générale de tout le texte : "d'autres salariés ont été réduits à l'état de prolétaire (c'est-à-dire des travailleurs qui pour vivre doivent vendre leur force de travail)"
Le prolétaire est celui qui n'a que ca force de travail pour vivre ? Pourtant, pendant tout le texte l'auteur foule du pied cette définition. Il affirme que le prolétaire ce n'est pas qu'un salarié, c'est aussi quelqu'un dont l'activité productive est dans le MPC, c'est à dire qu'ils subit le fait que c'est sans cesse le capital qui est favorisé, c'est à dire en résumé des conditions de travail qui empire et sont infernales. Le critère n'est donc pas seulement celui de la force de travail pour vivre, mais aussi celui des conditions de travail.

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Sur les fonctionnaires : Ici, le critère du rapport vis à vis des rapports de production n'est même plus insuffisant, il semble carrément à mettre à la trappe ( les fonctionnaires ne sont pas exploités par des capitalistes, ils travaillent pour l'Etat ) L'auteur n'utilise donc que celui des conditions de travail et de vie pour déterminer le prolétaire du travailleur non-prolétaire :
"Le traitement des fonctionnaires a perdu un tiers de sa valeur depuis 1982. A la Poste, par exemple, les salariés perdent ce qu'ils avaient obtenu de la part de la Direction : varier les taches, obtenir des formations dans le travail administratif, etc. Aujourd'hui, tout ça est détruit. Cadence infernale, abrutissement et dégradation du travail sont les lots pour un nombre toujours plus grands d'employés du service public."

Sur les "fonctionnaires bourgeois" :
Le capital financier unifie d'une certaine manière tous les riches, même si cela ne va pas jusqu'au point qu'il ne faut pas distinguer entre eux des strates et des catégories : entrepreneurs, dirigeants d'entreprises, financiers, rentiers, hauts-fonctionnaires.

On en déduit que les fonctionnaires sont prolétaires quand ils ont un faible salaire, et bourgeois quand ils ont un haut-salaire.

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Sur les couches moyennes
:
"La moitié des ménages de salariés touche moins de 12 140 francs par mois, ce qui représente le revenu médian. En prenant seulement en compte le revenu (très sommairement), si l'on définit la classe moyenne arbitrairement comme les 40% de ménages situés de part et d'autre du revenu médian, on obtient une population dont les revenus s'étalent entre 8000 et 14000 francs par ménages.
On voit bien ainsi que la classe moyenne est une couche populaire intermédiaire , facilement prolétarisable."


Maintenant c'est le revenu qui est un critère de la prolétarisation.

Au niveau supérieur des couches populaires, il y a aussi les ménages de cadres supérieurs dans le secteur privé, de professions libérales, d'indépendants et de fonctionnaires qualifiés qui touchent par ménage entre 30.000 à 40.000 francs de revenus par mois et par ménages. Peut-on pour autant parler de bourgeoise en ce qui les concerne ?

Ici aussi, l'auteur utililise le critère des revenus pour déterminer l'appartenance à une classe.

" Les couches populaires non-prolétaires représentent approximativement 22,774 millions de personnes."

20 millions de personnes entre le prolétariat et la bourgeoisie ? Voilà qui, peut importe le status de ces personnes, "fait tache" dans une société capitaliste binaire senser être divisée en deux camps en guerre.

La classe ouvrière incluse, le prolétariat représente 10, 527 millions de personnes. Avec leurs ménages, cela fait 28,422 millions de personnes.

Ca, j'ai l'impression que c'est un gros tour de passe passe ! Je ne suis pas statisticien et je n'ai pas fait d'études de sociologie, mais ca me parait assez grossier. En effet, les ménages des travailleurs prolétaires, leur femmes par exemple, ne travaille pas ? Et si la femme du prolétaire travaille, elle peut trés bien ne pas être prolétaire. Et justement si elle ou il travaille, il rentre de tute façon dans la catégori des travailleurs... De plus, alors la femme et les enfants d'un prolétaire sont automatiquement prolétaires ? Ils sont prolétaire du fait de leur appertenance à un ménage prolétaire ?... Encore une nouveau critère d'appartenance à une classe, le ménage... Quand l'INSEE parle du nombre d'ouvriers, elle n'ajoute pas leur ménages dans la catégorie ouvrier que je sache.
C'est un tour de passe passe pour tripler le nombre de prolétaires. Ca permet aussi d'éviter de parler des millions de personnes qui ne sont pas prolétaire mais qu'on est incapable de classer. 10 millions de prolétaires aurait été beaucoup plus juste. En effet, dans l'alanyse de Gerard mermet que je vais poster aprés, j'était étonné que celui-ci arrrive aux mêmes conclusion que dans le texte : 10 millions de personne composerait selon lui ce qu'il appel "le néo-prolétariat."

Dix millions de prolétaires, cela fait tache aussi, dans le sens ou à ce moment là si l'on accepte ce chiffre, les prolétaires en France ne sont pas majoritaires. Une révolution prolétarienne qui ne serait pas accepté par les couches moyennes ( et pas par la bourgeoisie bien évidement ) ne serait pas démocratique...

Il s'agit d'abord de montrer des tendances dans la société et non des faits invariables . L'augmentation ou la résorption de ces tendances numériques se vérifieront en fonction de la crise de surproduction actuelle du capitalisme.
Ce ne sont pas des faits invariables ? Pourtant je crois qu'on peut prévoir tout de suite sans se tromper quelle sera la prochaine analyse de classes de la société : Le prolétariat ne cesse d'augmenter à toute vitesse, tandis que les bourgeois sont moins nombreux.
Krampon
   Posté le 03-07-2006 à 21:20:44   

L'analyse des groupes sociaux du sociologue Gérard Mermet :
(Francoscopie. Elle date de 2003, comme celle des éditions prolétariennes.)
N'ayant pas de scanner, je copie ce qui me parait le plus important. C'est moi qui met certainS passages en gras et non l'auteur.

Les groupes sociaux

"D'une manière générale, les critères sociodémographiques traditionnels (profession, revenu, statut matrimonial, lieu d'habitation ) sont de moins en moins indicatifs de l'appartenance à un groupe social. Un cadre et un employé peuvent avoir des modes de vie beaucoup plus proches que deux cadres ou deux employés pris au hasard. Le sentiment d'appartenance à une "classe sociale" est d'ailleur en forte diminution. L'évolution a commençé avec la classe ouvrière, puis elle a touché la classe paysanne. Elle concerne aujourd'hui les commerçants, les cadres ou les membres des professions libérales. On trouve des illustrations de ce brouillage des découpages sociaux dans le domaine de la consommation. Ansi les acheteurs se rendent fréquemment dans les magasins de maxi discompte ne sont pas comme non pourrait le penser ceux qui ot les revenus les plus modestes. Ce qui les caractérise est d'avantage une vision commune de la vie et du monde, une volonté de résister aux sollicitations des fabriquants ou des ditributeux et de rationaliser leur dépenses. Les acheteurs de voitures, les sportifs ou les téléspêctateurs ne peuvent plus non plus être décrits précisements à l'aide des critères sociodémographiques traditionnellement utilisés pour les identifier.

Les grandes évolutions


La classe moyenne a éclaté

Comme la plus part des pays développés, la France avait constitué dans les années 70 un groupe social central numériquement important ( environ 60 % de la population ) . Cette classe moyenne était notement issue de la période de croissance économique inninterrompue qui s"était poursuivie tout au long des "30 glorieuses". Ses membres pensaient, consommaient, se divertissaient ou votaient de façon relativement homogène. Leur vie professionelle et sociale obéissait à des motivations semblables, à une vision commune de la société et du monde.
Le sentiment d'appartenir à cette classe moyenne s'est dissout avec la crise économique et le changement social des 30 dernières années. Les valeurs, les opionins et les comportements des Français se sont diversifiés au cour des années passées. Un nouveau découpage s'est mis en place."

Le pouvoir est aux main d'une nouvelle aristocratie du savoir

Cette nomenklatura à la Française tient les rênes du pouvoir politique, économique, intellectuel social. Ses membres sont patrons, cadres supérieurs, proffesions libérales, gros commerçants, mais aussi hommes politiques, responsables d'associations, experts, journalistes, syndicalistes, etc. [...]Les heureux élus n'ont guère subi les effets de la crise, car celle-ci les a au contraire rendu indispensables.[...]
Ils sont au maximum 3 millions. Leur force principal est de détenir l'information et la connaissance, matière première de cette nouvelle ère.[...] C'est la France d'en haut.

Un protectorat s'est constitué à l'abri de la crise économique

Il est composé de l'ensemble des fonctionnaires, de certaines professions libérles non menaçées, d'employés et cadres d'entreprises du secteur privé non concurrentiel ou protégé. Il faut ajouter à ce groupe la plupart des retraités et préretraités, dont la situation finançière n'a jamais été aussi favorable, bien qu'une minorité dispose encore de faibles revenus.
Le protectorat regroupe prés de 20 millions de personnes qui ont peu senti l'effet de la crise. [...] Leur situation n'est cependent pas assuré
sur le long terme, car les pressions s'exerçent pour remettre en cause des avantages acquis en d'autres temps, dans un autre contexte économique, internantional
( Krampon : La précence de l'URSS notement ) , social.
( Krampon : Voilà la classe moyenne que vous refusez de voir, car elle est inclassable dans l'analyse de classe. Elle est aussi l'exemple vivant de ce dont je vous parlais quand je disais : " tous ces gens qui vivent plutôt bien dans le capitalisme et n'ont pas intérêt au socialisme" )

Kr : C'est à mon avis ce protectorat en majorité qui était dans la rue contre le CPE.

La classe moyenne a engendré vers le bas un néoprolértariat aux conditions de vie précaires.

Pendant longtemps, la société Française a été intégratrice. Elle tend aujourd'hui a marginaliser ses membres les plus vulnérables, qui consitutue la France d'en bas. un certain nombre d'entre eux ont appartenu à la classe moyenne et se trouvent dans l'incapacité de se maintenair dans le systême pour des raisons diverses.
Le néo-prolétariat est composé de quelques 10 millions de gens modestes, dont la situation a été rendue précaire par la crise. Alternant période de travail, généralement courtes et mal rémunérées, et des périodes de chômage, ils éprouvent des difficultés à vivre et sont dans l'impssobbilité de faire des projets d'avenir.
Le second groupe engendré par la précarisation et la changement social regroupe les "nouveaux pauvres" , exlus de la vie professionelle, culturelle, sociale. Il forment une ectocratie ( ecto = en dehors ) forte d'environ 6 millions de mambres. Ce sont des sortes dintouchables.

Les autres Français appartiennent à la néo-bourgeoisie.


Environ 20 millions de membres . [...] Commerçants, petits patrons, employés ou même ouvriers qualifiés. Ils ont un pouvoir d'achat acceptable ou confortable mais restent vulnérable à l'évolution de la conjucture économique. [...] Caractérisée par un désir d'ordre, un repli sur la pshère domestique et son corollaire, la recherche du confort. Le moindre attachement aux modes et aux modèles est un autre signe de cet embourgeoisement comptemporain"


Message édité le 03-07-2006 à 21:21:57 par Krampon
Xuan
   Posté le 05-07-2006 à 00:36:09   

L’analyse du « sociologue » Mermet évite soigneusement d’aborder la place des uns et des autres dans les rapports de production, que tu as souligné justement au début de ta contribution ; cela aboutit à des âneries du genre « Commerçants, petits patrons, employés ou même ouvriers qualifiés » rangés pêle-mêle dans la « néo-bourgeoisie ».
Je regrette, mais ces catégories font partie de la petite ou de la moyenne bourgeoisie.
Le terme de « néo-bourgeoisie » n’apporte rien d’autre qu’une néo-confusion.
Quant aux ouvriers qualifiés, j’aimerais bien que ce « sociologue » vienne leur dire qu’ils font partie de la « néo-bourgeoisie » , j'ai pas encore vu un « sociologue » se faire savater à coup de pompe de sécurité
ou bien encore :
« La classe moyenne a engendré vers le bas un néoprolértariat aux conditions de vie précaires » , comme si la grande bourgeoisie n’y était pour rien.


Certaines de tes remarques sont pertinentes, il reste que la salarisation voire la précarisation des catégories intermédiaires est une réalité, ce qui élargit sinon les rangs du prolétariat ou de la classe ouvrière, mais du moins ceux de leurs alliés.
Cela ne change rien au rôle révolutionnaire dirigeant de la classe ouvrière.
Jameul
   Posté le 05-07-2006 à 11:27:39   

je crains de ne pas tout saisir : que faut-il privilégier pour déterminer une classe sociale ?
-la divison social du travail (marx)
-les revenus
-la consomation
-le capital culturel

??????????????????????????

personnellement je pense que tous ses critères sont autant d'éléments de "sous-classe"
je vous avais déjà parlé de Roemer qui avait cherché une nouvelle théorie de l'exploitation et des classes... il ne renierait pas une telle méthode
Komintern
   Posté le 05-07-2006 à 13:26:46   

Sans rentrer dans les détails peut-être que tous travailleur qui participe à l' oeuvre de production d'un bien ou d'un service est quelque part un ouvrier même si ce n'est pas au sens premier.
C'est juste pour contribuer au débat et je trouve que cette vision peut être intéressante.
Krampon
   Posté le 05-07-2006 à 23:56:55   

Xuan : L’analyse du « sociologue » Mermet évite soigneusement d’aborder la place des uns et des autres dans les rapports de production, que tu as souligné justement au début de ta contribution ;

Je pense que Mermet essaye de déterminer les groupes sociaux par leur conditions de vie, donc le revenu, leurs intérérêts commun aussi, leur façon de voir le monde, bref de nombreux critères.

cela aboutit à des âneries du genre « Commerçants, petits patrons, employés ou même ouvriers qualifiés » rangés pêle-mêle dans la « néo-bourgeoisie ».


La définition par rapport aux moyens de productions abouti à des âneries aussi, quand on voit les différences de conditions de vie entres certains salariés, qui sont censés tout deux être des prolétaires.

Cela dit je trouve en effet que le terme de "néo-bourgeoisie" est trop vague, et aurait mérité plus d'explications.

il reste que la salarisation voire la précarisation des catégories intermédiaires est une réalité,

C'est ce que l'auteur dit , Les conditions de vie, les status du "protectorat" sont menaçés aujourd'hui.

ce qui élargit sinon les rangs du prolétariat ou de la classe ouvrière, mais du moins ceux de leurs alliés.

Leurs alliés ? C'est à dire ? Etre salarié et précarisé n'est pas suffisant pour être prolétaire selon toi ?

les rangs du prolétariat ou de la classe ouvrière

Je note la séparation bien claire que tu fais entre le prolétariat et la classe ouvrière.
Krampon
   Posté le 06-07-2006 à 00:13:37   

Jameul : je crains de ne pas tout saisir : que faut-il privilégier pour déterminer une classe sociale ?
-la divison social du travail (marx)
-les revenus
-la consomation
-le capital culturel

Les revenus selon moi c'est un critère d'apprtenance à une classe. D'ailleurs l'auteur du texte des EP se sert principalement de ce critère pour savoir à quelle classe appartiennent les fonctionnaires par exemple. Pour les cadres aussi.

Komintern : Sans rentrer dans les détails peut-être que tous travailleur qui participe à l' oeuvre de production d'un bien ou d'un service est quelque part un ouvrier même si ce n'est pas au sens premier.

Là c'est une conceptions trés extensive de la classe ouvrière. Mais quel sens cela a dans la réalité ? Il y a enormément de différences entre le cadre bien payé et l'ouvrier de base ! Quels intérêts communs peuvent avoirs ces gens ? Quels point commun ont t-il à part leur partcipation à la production ?...
Komintern
   Posté le 06-07-2006 à 08:27:02   

Je en parlais pas d'ouvrier en tant que classe ouvrière.
Et ce que tu dis ramène à l'antagonisme travail manuel/ travail intellectuel déjà étudié par exemple par Staline.
Mais bon ce qu'on appelle un cadre ne représente pas toujours la même chose.
Par exemple un cadre de HP qui se croyait protégé, privilégié et d'un coup il se fait virer comme 1240 personnes de même statut va peut être prendre conscience que lui aussi est exploité et que maintenant la contrepartie n'existe plus.
Sinon je pensais plus aux travailleurs précaires des services que d'autres personnes ont appellés les "ouvriers de bureau".
Après je ne dis pas qu'ils font partie de la classe ouvrière loin de là ni que les cadres sont des alliés naturels du prolétariat (ce serait plutôt l'inverse d'ailleurs)
Jameul
   Posté le 06-07-2006 à 13:32:03   

si je vous suis bien (Krampon notamment) : vous n'hésitez pas à redéfinir les classes en rajoutant d'autres dimensions que la division sociale du travail...

personnellement je trouve cette démarche très cohérente toutefois il faut faire attention (je dis ça pour vous moi j'm en fous je doute alors c'est different) de ne pas prendre des critères idéalistes... de plus ne sortons-nous pas du marxisme du moment où l'on rajoutte ses critères qui ne sont pas tous en relation avec le monde du travail/l'économie... (je pense au capital culturel notamment)

en tout cas je trouve le débat très enrichissant
Xuan
   Posté le 07-07-2006 à 00:11:42   

Krampon a écrit :


Les revenus selon moi c'est un critère d'apprtenance à une classe. D'ailleurs l'auteur du texte des EP se sert principalement de ce critère pour savoir à quelle classe appartiennent les fonctionnaires par exemple. Pour les cadres aussi.
[...]
Il y a enormément de différences entre le cadre bien payé et l'ouvrier de base ! Quels intérêts communs peuvent avoirs ces gens ? Quels point commun ont t-il à part leur partcipation à la production ?...


le revenu ne définit pas une classe ; il ne situe pas un individu dans les rapports de production..
La nature du revenu (salaire ou capital) ce serait déjà plus précis.
D'autre part, l'obligation de vendre sa force de travail est un critère essentiel dans l'appartenance de classe.
Quand on parle de rapports de production, la position du contremaître et des "managers" peut y être définie. Si on parle de revenus cela n'a plus aucun sens.

Les écarts de salaire (entre ouvriers, employés, fonctionnaires) traduisent essentiellement les contradictions, ou bien la concurrence au sein du prolétariat.
Ils reflètent aussi la concurrence entre les différents secteurs de production.
Jameul
   Posté le 07-07-2006 à 12:10:04   

oui mais de nouveau si on ne se base que sur les rapports de productions comment définis-tu le manager, le contremaitre ?

il est objectivement prolétaire mais ses intérêts sont antagonistes avec le prolétariat ...

pour moi les rapports de productions sont la base, la fondation de l'analyse mais ils ne suffisent pas (ou plutot ils ne suffisent plus) notamment à cause de la transformation économique, de la tertiarisation et de l'émergence d'un "prolétariat" particulier comme les banquiers, les hommes d'affaires et tous les métiers où l'employé ne possède pas ses moyens de productions mais à un revenu très confortable.

qu'en pensez vous? pouvons nous accepeter le salaire et les revenus dans la définition de la classe ou devons nous nous cantonnez aux rapports de productions?


(je trouve le débat très enrichissant)
Melestam
   Posté le 07-07-2006 à 15:32:09   

Non, le contremaitre est un cadres, qui le plus souvent ne met pas la main à la pâte et se contente de jouer au maton, surveillant les ouvriers qui EUX produisent réellement la plus-value.
Le contre-maitre est plutôt un investissement du capitaliste qui s'en sert pour encadrer la force de travail. Si les ouvriers pouvaient être dénués de toute conscience de classe, il s'en débarasserait !
Krampon
   Posté le 07-07-2006 à 16:19:30   

Xuan : "D'autre part, l'obligation de vendre sa force de travail est un critère essentiel dans l'appartenance de classe."

Justement le fait que tu dise que c'est "un critère essentiel dans l'appartenance de classe" cela sous-entend qu'il y en a d'autres.

"Les écarts de salaire (entre ouvriers, employés, fonctionnaires) traduisent essentiellement les contradictions, ou bien la concurrence au sein du prolétariat.
Ils reflètent aussi la concurrence entre les différents secteurs de production."


J'en déduit que tu considère que les fonctionnaires font parti du prolétariat ? Ou du moins certains fonctionnaires...

"le revenu ne définit pas une classe..."

Si le revenu n'est pas un critère de classe, comment explique-tu que l'auteur du texte l'utilise pour faire la distinction de classe entre les couches populaires non prolétaires et le prolétariat ? =
"Les couches populaires non-prolétaires.
La moitié des ménages de salariés touche moins de 12 140 francs par mois, ce qui représente le revenu médian. En prenant seulement en compte le revenu (très sommairement), si l'on définit la classe moyenne arbitrairement comme les 40% de ménages situés de part et d'autre du revenu médian, on obtient une population dont les revenus s'étalent entre 8000 et 14000 francs par ménages."

L'auteur fait aussi la distinction entre les couches supérieures des couches populaires et les couches inférieure, en ultilisant le critère du revenu ( revenu comme salaire et non capital ):
"Au niveau supérieur des couches populaires, il y a aussi les ménages de cadres supérieurs dans le secteur privé, de professions libérales, d'indépendants et de fonctionnaires qualifiés qui touchent par ménage entre 30.000 à 40.000 francs de revenus par mois et par ménages." Bon là ce n'est pas une distinction de classe, mais seulement différentes couches à l'intérieur des couches populaires. Mais il écrit juste aprés, à propos de cette couche : "Peut-on pour autant parler de bourgeoise en ce qui les concerne ?" Sous entendu que parcqu'ils touchent un certain revenu, ils peuvent être classé dans la bourgeoisie ! On est donc loin d'une "simple contradiction, ou concurence au sein du prolétariat". L'auteur utilise le critère du revenu ( et c'est toujours le salaire dans les cas dont on parle ) pour faire des différences de classes, et aussi de couches dans les classes.

Et aussi, comment explique-tu que l'auteur classe les "hauts-fonctionnaires" dans la bourgeoisie impérialiste ? Ils sont pourtant le même status que les autres fonctionnaires dans les rapports de production.

Jameul
: "pour moi les rapports de productions sont la base, la fondation de l'analyse mais ils ne suffisent pas (ou plutot ils ne suffisent plus) notamment à cause de la transformation économique, de la tertiarisation et de l'émergence d'un "prolétariat" particulier comme les banquiers, les hommes d'affaires et tous les métiers où l'employé ne possède pas ses moyens de productions mais à un revenu très confortable."

Je suis tout à fait d'accord.

Melestam : Non, le contremaitre est un cadres, qui le plus souvent ne met pas la main à la pâte et se contente de jouer au maton, surveillant les ouvriers qui EUX produisent réellement la plus-value .

Tu définit le prolétariat selon la production de plus-value donc ? C'est différent de la vision de l'auteur du texte au début du sujet. Cela exlue alors tous les salariés du tertiaire non ?
Et puis le critère essentiel n'est plus seulement dans ce cas là le fait de devoir vendre sa force de travail.
PcMaN
   Posté le 07-07-2006 à 16:47:58   

Le tertiaire produit de la plus-value. Même si c'est du service ou de l'immatériel.
Melestam
   Posté le 07-07-2006 à 17:12:29   

Je n'ai pas dit que le prolétariat était la seul classe à produire de la plus value. Certains petits-bourgeois, comme le boulanger, la produisent également, mais pour leur bénéfice propre.
Le chauffeur-livreur est un prolétaire, même s'il ne produit pas directement la plus-value.

Ce qui définie l'appartenance à une classe, c'est la position dans les rapports de production. Bien sûr, parfois, la conscience de classe peut être corrompue par le salaire perçu.

Message édité le 07-07-2006 à 17:14:49 par Melestam
Xuan
   Posté le 08-07-2006 à 00:39:03   

A l’attention de Krampon, j’ai cité ce texte parce qu’il présente un intérêt pour le débat.
Cela ne veut pas dire que je l’aurais rédigé de la même façon.
Krampon a écrit :


Et aussi, comment explique-tu que l'auteur classe les "hauts-fonctionnaires" dans la bourgeoisie impérialiste ? Ils sont pourtant le même status que les autres fonctionnaires dans les rapports de production. .

Il ont peut-être le même statut de fonctionnaire (quoique les statuts des fonctionnaires sont très divers et que nombre d’entre eux ne sont pas titulaires), mais ils n’ont certainement pas la même place dans les rapports de production.
Et leur train de vie est à l’image de la place qu’ils occupent dans ces rapports de production.
Krampon a écrit :


Jameul : "pour moi les rapports de productions sont la base, la fondation de l'analyse mais ils ne suffisent pas (ou plutot ils ne suffisent plus) notamment à cause de la transformation économique, de la tertiarisation et de l'émergence d'un "prolétariat" particulier comme les banquiers, les hommes d'affaires et tous les métiers où l'employé ne possède pas ses moyens de productions mais à un revenu très confortable."
Je suis tout à fait d'accord.

Crois-tu réellement que les cadres dirigeants soient une invention du 20e siècle ?
Le revenu confortable est systématiquement lié à leur fonction qui n’est pas de produire de la plus value mais d’organiser cette production.
Ces gens-là sont étrangers au prolétariat. Les ranger dans cette catégorie, même avec des guillemets, c’est se mettre des œillères.
N’importe quel ouvrier ou simple employé se taperait la tête contre les murs en voyant de telles contre vérités.

Krampon a écrit :


Melestam : Non, le contremaitre est un cadres, qui le plus souvent ne met pas la main à la pâte et se contente de jouer au maton, surveillant les ouvriers qui EUX produisent réellement la plus-value .
Tu définit le prolétariat selon la production de plus-value donc ? C'est différent de la vision de l'auteur du texte au début du sujet. Cela exlue alors tous les salariés du tertiaire non ?
Et puis le critère essentiel n'est plus seulement dans ce cas là le fait de devoir vendre sa force de travail.

Melestam a entièrement raison.
Quant aux salariés du tertiaire, ils ne sont pas « exclus ».
Ils ne produisent pas de plus value mais ils sont exploités de plus en plus durement, ce qui en fait de proches allié du prolétariat.
C’est d’ailleurs le sens principal de ce texte que de montrer comment le camp de la classe ouvrière s’élargit, même si celle-ci n’augmente pas numériquement.
A mon avis ce texte est principalement juste, même si on peut discuter de la formulation.
Il a le mérite de ne pas revenir sur le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution, et de ne pas reprendre le mot d’ordre révisionniste de « la classe ouvrière du manœuvre à l’ingénieur » .
Jameul
   Posté le 08-07-2006 à 10:42:54   

un dse problèmes que nous recontrons actuellement dans notre analyse est lié à la définition même du prolétariat :

- ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre (et qui ne possède donc pas les moyens de productions)

ou comme Malatestam dans son dernier post : ceux qui produisent de la plus value.


c'est souvent la même personne qui produit la plus value et qui ne possède pas les moyens de productions mais pas toujours !



toutefois Xuan l'exemple des cadres servaient justement à montrer les limites d'un raisonnement basé uniquement sur les rapports de productions (et même si ils existaient avant le 20ème leur nombre a complètement explosé... il n'y avait qu'un maître d'atelier dans l'usine du 19ème alors que vous avez un manager pour 100 employés au maximum aujourd hui.)
Xuan
   Posté le 08-07-2006 à 23:55:45   

Jameul a écrit :

un dse problèmes que nous recontrons actuellement dans notre analyse est lié à la définition même du prolétariat :
- ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre (et qui ne possède donc pas les moyens de productions)
ou comme Malatestam dans son dernier post : ceux qui produisent de la plus value.
c'est souvent la même personne qui produit la plus value et qui ne possède pas les moyens de productions mais pas toujours !
toutefois Xuan l'exemple des cadres servaient justement à montrer les limites d'un raisonnement basé uniquement sur les rapports de productions (et même si ils existaient avant le 20ème leur nombre a complètement explosé... il n'y avait qu'un maître d'atelier dans l'usine du 19ème alors que vous avez un manager pour 100 employés au maximum aujourd hui.)


Evidemment, ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre sont les salariés.
Tous ne produisent pas nécessairement de la plus value.
Un cadre supérieur est aussi un salarié (exception faite des stock options selon le cas), mais en faire un prolétaire c’est un non-sens.
L’exemple des cadres ne montre pas « les limites d'un raisonnement basé uniquement sur les rapports de productions » comme tu dis, parce que les cadres ont un rôle précis à jouer dans les rapports sociaux de production, celui de contraindre les ouvriers à créer le maximum de plus value.
Même un illettré le sait après une journée d’usine.
Or les révisionnistes ont semé la confusion sur ce point en prétendant que la classe ouvrière allait « du manœuvre à l’ingénieur », masquant le fait que dans l’industrie les ingénieurs ont pour la plupart un rôle d’encadrement.
Le camarade Ossip a bien détaillé cette question d’ailleurs dans sa contribution sur les cadres https://humaniterouge.alloforum.com/sujet-19525-0-1083-0-0-1-680-1.html
Je cite le passage :
« Bien entendu, les couches intermédiaires – dont les ingénieurs (mais il faudrait distinguer ceux qui travaillent dans des bureaux d’études et ceux qui ont des fonctions de cadre supérieur d’entreprise par exemple) – penchent naturellement pour des réformes ; ce sont des clients tous trouvés pour le parti socialiste ou les radicaux. »

En tous cas, cette fonction d’encadrement ne « sort » pas des rapports de production capitalistes, elle est nécessaire pour la réalisation du profit.
Dès lors que l’ouvrier a vendu sa force de travail, le capitaliste a impérativement besoin d’une hiérarchie pour organiser et encadrer le travail, afin d’extorquer le maximum de plus value.

Quant à « l’explosion » du nombre de cadres, il faudrait être plus précis Jameul.
D’abord tu parles de « manager », qui désigne indistinctement tous ceux qui ont une fonction d’encadrement.
Soit : chef de groupe, porion, chef d’équipe, contremaître, chef d’atelier, chef de production, chef de service, directeur, PDG, etc.etc.
Bien évidemment leur nombre dépend de la taille de l’entreprise.
A présent il faut comparer ce qui est comparable : combien d’ouvriers pour le maître d'atelier dans l'usine du 19ème ?
Existait-il un ou plusieurs échelons entre lui et les ouvriers ?
En quoi consistait la fonction d’organisation du travail et que devient-elle dans l’industrie moderne ?
Ensuite, il faut tenir compte du degré d’industrialisation et de la concentration des entreprises.
Si les arrières grand-père de nos « managers » étaient paysans ou artisans, tu peux toujours dire que leur nombre a explosé, cela n'a pas grand sens parce que la structure de l'économie s'est transformée.

Tu pouvais parler aussi des progrès techniques (et du personnel technique correspondant), dans lesquelles le capitaliste est contraint d’investir de plus en plus, ainsi que des budgets de publicité.

Quoi qu’il en soit, le développement de ces catégories intermédiaires accélère la baisse tendancielle du taux de profit, mais ne change pas fondamentalement les rapports sociaux de production.
C'est la "salarisation" de la population dont parle l'INSEE.
Elle signifie simplement que les travailleurs individuels (paysans, commerçants et artisans par exemple) disparaissent.

Que peut-on en conclure, sinon que les rapports sociaux de production capitalistes dominent l'ensemble de la société et finissent d'écarter de la scène les rapports de production pré capitalistes , justement ?
Krampon
   Posté le 09-07-2006 à 01:45:01   

Xuan : Il ont peut-être le même statut de fonctionnaire (quoique les statuts des fonctionnaires sont très divers et que nombre d’entre eux ne sont pas titulaires), mais ils n’ont certainement pas la même place dans les rapports de production.

Je ne saisi pas. Tous les fonctionnaires travaillent pour l'Etat, quel est la différence du point de vue des rapports de production entre un fonctionnaire bourgeois et un autre ?

Quant aux salariés du tertiaire, ils ne sont pas « exclus ».
Ils ne produisent pas de plus value mais ils sont exploités de plus en plus durement, ce qui en fait de proches allié du prolétariat.


Pourtant l'auteur dit que des employés, et même certains fonctionnaires sont rentré dans le prolétariat. Il ne dit pas que ce sont des alliés, il dit qu'ils en font parti. Je ne pense pas que ce soit une simple erreur de formulation...
Jameul
   Posté le 09-07-2006 à 13:50:59   

Xuan a écrit :

[citation=Jameul]un dse problèmes que nous recontrons actuellement dans notre analyse est lié à la définition même du prolétariat :
- ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre (et qui ne possède donc pas les moyens de productions)
ou comme Malatestam dans son dernier post : ceux qui produisent de la plus value.
c'est souvent la même personne qui produit la plus value et qui ne possède pas les moyens de productions mais pas toujours !
toutefois Xuan l'exemple des cadres servaient justement à montrer les limites d'un raisonnement basé uniquement sur les rapports de productions (et même si ils existaient avant le 20ème leur nombre a complètement explosé... il n'y avait qu'un maître d'atelier dans l'usine du 19ème alors que vous avez un manager pour 100 employés au maximum aujourd hui.)


Evidemment, ceux qui n'ont que leur force de travail à vendre sont les salariés.
Tous ne produisent pas nécessairement de la plus value.
Un cadre supérieur est aussi un salarié (exception faite des stock options selon le cas), mais en faire un prolétaire c’est un non-sens.
L’exemple des cadres ne montre pas « les limites d'un raisonnement basé uniquement sur les rapports de productions » comme tu dis, parce que les cadres ont un rôle précis à jouer dans les rapports sociaux de production, celui de contraindre les ouvriers à créer le maximum de plus value.
Même un illettré le sait après une journée d’usine.
Or les révisionnistes ont semé la confusion sur ce point en prétendant que la classe ouvrière allait « du manœuvre à l’ingénieur », masquant le fait que dans l’industrie les ingénieurs ont pour la plupart un rôle d’encadrement.
Le camarade Ossip a bien détaillé cette question d’ailleurs dans sa contribution sur les cadres https://humaniterouge.alloforum.com/sujet-19525-0-1083-0-0-1-680-1.html
Je cite le passage :
« Bien entendu, les couches intermédiaires – dont les ingénieurs (mais il faudrait distinguer ceux qui travaillent dans des bureaux d’études et ceux qui ont des fonctions de cadre supérieur d’entreprise par exemple) – penchent naturellement pour des réformes ; ce sont des clients tous trouvés pour le parti socialiste ou les radicaux. »

En tous cas, cette fonction d’encadrement ne « sort » pas des rapports de production capitalistes, elle est nécessaire pour la réalisation du profit.
Dès lors que l’ouvrier a vendu sa force de travail, le capitaliste a impérativement besoin d’une hiérarchie pour organiser et encadrer le travail, afin d’extorquer le maximum de plus value.
[/citation]


je comprends pas où tu veux en venir : tu nous dis qu'on doit se baser que sur les rapports de productions qui feraient du cadre qqn qui n'a que sa force de travail à offrir, donc un prolétaire, mais en même temps tu dis que ca serait une grave erreur de dire de lui qu'il est prolétaire...

que leur rôle ne soit pas la production mais de contrôler l'organisation de la production n'y change rien ils restent prolétaires... au sens que marx (et pas moi ou les révisionnistes, les trotskystes ou je ne sais pas qui) lui à donner


Xuan a écrit :


En tous cas, cette fonction d’encadrement ne « sort » pas des rapports de production capitalistes, elle est nécessaire pour la réalisation du profit.
Dès lors que l’ouvrier a vendu sa force de travail, le capitaliste a impérativement besoin d’une hiérarchie pour organiser et encadrer le travail, afin d’extorquer le maximum de plus value.

on est d'accord


sinon pour ce que j'ai pu dier au niveau de l'évolution historique : je parlais bien des fonctions d'encadrement... justement celle qui sont chargées d' " organiser et encadrer le travail, afin d’extorquer le maximum de plus value. "
quand à l'augmentation si il y avait un chef d'atelier pendant la première industrialisation (jusqu'à 1914 à peu près mais ca varie selon les pays) que l'atelier compte 50 ou 100 ouvriers (ce qui était relativement rare à l'époque)... il y avait quasiment qu'en Angleterre où l'on voyait des ateliers/usine aller jusqu'à 200 voire 400 ouvriers pour certains

après cette première industrialisation ca change complètement... les éléments commes les managers explosent complètement mais il faut pas se tromper sur les dates... y a vraiment eu 3 phases d'abord en Allemagne et aux Etats-Unis qui sont alors les plus en avances dans les nouvelles industries (chimie ,électricité, automobile) avant la première guerre
ensuite après la première guerre et jusqu'à la crise de 29 ca s'étend à toute l'Europe ...(les états-unis garderont plus ce système que l'Europe malgrès la crise)
dernière période : 45-70 sur tous les continents où l'industrialisation s'est opéré on assiste à l'émergence des managers et d'une nouvelle vison de l'entreprise...

pour répondre à tes questions (même si je pense que tu connaisses déjà les réponses 4a peut être utile):
1- ça dépendait énormément ca varie de 20 (pour plus de 50% des ateliers) à 400 dans quelques usines d'angleterre... mais 80% des ouvriers travaillaient dans des structures de moins de 100 ouvriers..
ces chiffres sont difficilemeent comparables à maitnenant... on travaillait souvent avec toute la famille à l entreprise (les femmes et les enfants étaient moins payé) et il y avait des rotations... alors quand on dit un atelier de 100 ouvriers il faut voire plutot 2*100 ouvriers...
2- y avait pas d'échelon entre le chef d'atelier et l'ouvrier... le chef d'atelier était mieux payé qu'eux mais il travaillait également (il était à la fois celui qui les surveillait et qui travaillait à leu côté)
c'est lui qui négociait les prix avec le patron... on voit bien que ca situation n'est pas celle d'un ouvrier normale mais non plus pas celle d'un simple contremaitre...
3- comme je l'ai dit auparavant la foction d'organisation du travail : c'était à la fois de la surveillance (pas que des ouvriers mais aussi des livraisons, de la qualité du produit, des machines...) à la fois de la négoctiation avec l'acheteur des produits et propriétaire de l'usine : le patron ! et aussi un peu de travail productif (souvent plus sécialisés que les autres ouvriers)
aujourd'hui la fonction est bien différente : il n'y a plus de de travail de négociation ni de travail productif (au niveau matériel car on s'entendra pour dire qu'il produit également de la plus value mais de manière difflérente : en permettant des économies au patron).


Xuan a écrit :


Si les arrières grand-père de nos « managers » étaient paysans ou artisans, tu peux toujours dire que leur nombre a explosé, cela n'a pas grand sens parce que la structure de l'économie s'est transformée.

il y aussi de celà mais même par rapport à l'entreprise leur nombre à explosé. C'est comme si dans un enteprise du 19ème y en avait 2 pour 100 employés et que maintenant y en aurait 12 pour 100 employés
Xuan a écrit :


Tu pouvais parler aussi des progrès techniques (et du personnel technique correspondant), dans lesquelles le capitaliste est contraint d’investir de plus en plus, ainsi que des budgets de publicité.

c'est une transformation importante également mais j voulais rester le plus proche du sujet par rapport à la question des éléments priductifs et nons productifs, du prolétariat...
Ces éléments ont toutefois une importance très importante dans l'analyse de classe et du fonctionnnement de l'entreprise moderne et on devra peut être y revenir un jour dans notre débat..
Xuan a écrit :


Quoi qu’il en soit, le développement de ces catégories intermédiaires accélère la baisse tendancielle du taux de profit, mais ne change pas fondamentalement les rapports sociaux de production.
C'est la "salarisation" de la population dont parle l'INSEE.
Elle signifie simplement que les travailleurs individuels (paysans, commerçants et artisans par exemple) disparaissent.

oui nous sommes d'accord. Mais la question est où les places-tu (ce qu'on a appelé les fonctions organisatrices) du côté des prolétaires ? (c'est où il devrait être selon la définition de marx) ou du côté des bourgeois (c'est où ils sont lorsqu'ils consomment,votent,pensent etc... mais là on sort de la définition marxiste pour prendre d'autres variables en compte.... et c'est ce que tu as certainement fait puisque " en faire un prolétaire c’est un non-sens."
C'est avec toi que j'ai eu un débat sur le FUC à ce sujet : tu soutiens qu'il n'y a que deux classes et que si on est pas avec le prolétariat on est avec la bourgeoisie. Donc si je suis ton raisonnement et que je m'appuye sur ce que tu as dit plus haut(ce que je viens de citer entre guillemet) tu classes ses éléments à fonction organisatrice dans la bourgeoisie .... mais il ne détiennent pas les moyens de productions

Voilà où je voulais en venir... tu contredis en quelques sortes marx sans vouloir l'admettre (alors que Krampon et moi-même nous nous sommes tout de suite déclarer pour prendre en compte plus que les rapports de productions) en disant que les cadres organisateurs sont bourgeois alors qu'ils sont prolétaires au sens de le définition marxiste
Xuan a écrit :


Que peut-on en conclure, sinon que les rapports sociaux de production capitalistes dominent l'ensemble de la société et finissent d'écarter de la scène les rapports de production pré capitalistes , justement ?

oui ça on est d'accord .... mais c'est pas vraiment le propos qu'on a voulu tenir avec Krampon...



EN CONCLUSION : je pense toujours qu'il est nécessaire d'élargir à d'autres champs les définitions de classe que celui des rapports de productions. De plus si tu te relis tu verras bien que tu le fais implicitement sans t'en rendre compte..



PS: je m'excuse délà pour la mise en page, les erreurs de syntaxe et d'orthographe mais ce travail était long et il me tenait à coeur de le faire de manière complète...
@Xuan : ne prend pas ça de manière personnelle : je veux pas te dire que tu n'es pas marxiste ou que tu n'as rien compris. J'essaye de m'appuyer sur ce que tu dis pour faire resortir mon avis.
Xuan
   Posté le 13-07-2006 à 00:00:22   

Jameul a écrit :


je comprends pas où tu veux en venir : tu nous dis qu'on doit se baser que sur les rapports de productions qui feraient du cadre qqn qui n'a que sa force de travail à offrir, donc un prolétaire, mais en même temps tu dis que ca serait une grave erreur de dire de lui qu'il est prolétaire...
que leur rôle ne soit pas la production mais de contrôler l'organisation de la production n'y change rien ils restent prolétaires... au sens que marx (et pas moi ou les révisionnistes, les trotskystes ou je ne sais pas qui) lui à donner.


Les rapports sociaux de production englobent l’ensemble des rapports entre les individus qui participent d’une façon ou d’une autre au processus général de la production dans une société.
C’est dire que ces rapports sont complexes.
Marx s’est attaché à définir les rapports de production entre le salarié créateur de plus value et le capitaliste, parce qu’il s’agit de la contradiction principale de toutes les contradictions du système capitaliste, et que les autres rapports lui sont subordonnés.
Cela ne signifie pas que pour lui comme pour nous, les rapports de production se limitent à cette contradiction.
Il n’a jamais dit – et moi non plus - que les gardes chiourmes du capital étaient des prolétaires, au même titre que les ouvriers.

Si on veut aller plus loin, il faut étudier les rapports entre le capital et les catégories de salariés qui ne produisent pas de plus value, et les rapports entre ces catégories et le prolétariat créateur de plus value.
Ensuite, il faut en distinguer les différentes catégories.
Parmi les cadres, on ne peut pas comparer un cadre supérieur et un chef d’équipe par exemple. Ossip et moi en avons déjà parlé précédemment.
J’ajouterai que, parce qu’ils jouent un rôle important dans l’extorsion de la plus value, certains cadres peuvent se constituer des sources de revenu autres que le salaire : placements boursiers, revenus fonciers, free lance, conseil, stock options et toutes sortes de montages financiers, qui les mettront à l’abri des aléas propres à la vie de leur entreprise, les protègeront quelque temps de la concurrence du marché du travail et en feront des semi salariés voire des actionnaires salariés.

Il est donc clair que les rapports de production ne font pas du cadre quelqu’un « qui n'a que sa force de travail à offrir » , un point c’est tout.
La réalité demande pour être comprise un minimum d’enquête, en utilisant le matérialisme-dialectique.
Nous avons Ossip et moi-même essayé d’avancer dans cette analyse, à partir de nos expériences, alors merci de ne pas simplifier notre travail jusqu’à la caricature.
J’en profite pour appeler les intervenants à apporter des contributions qui s’appuient sur une expérience concrète sur le tas et sur des faits, plutôt que sur la lecture de « sociologues » bourgeois, aussi ignares que Steevy du loft, ou escrocs, ou bien les deux.


Prenons le cas des capitalistes, il en existe également plusieurs sortes : foncier, industriel, commercial, financier…leurs rapports réciproques relèvent également des rapports sociaux de production.
Marx a expliqué également que la domination du capital financier sur les autres était inévitable. Il se trouve cependant des « économistes » pour s’étonner de cette domination, ou prétendre que la « logique industrielle » doit l’emporter sur la soif de profit.
Les révisionnistes ont fait un leitmotiv de cette contre-vérité.
Les marxistes-léninistes ne défendent pas la « logique industrielle contre la logique du profit », mais simplement appellent la classe ouvrière à la lutte contre tous les licenciements.

A présent, considérons la théorie qui prétend que les revenus rendent davantage compte des « catégories nouvelles » de salariés :
Si on considère que les revenus permettent davantage de cerner les classes sociales aujourd’hui, il faut expliquer ce qui « définit » ces revenus. Et nous voilà revenus au point de départ !
Sous prétexte de « dépasser le marxisme », on en arrive à de pseudos explications, qui relèvent plutôt du « mystère du Saint Esprit » que de la science économique.
Marx a très bien expliqué le phénomène de la division du travail, et le développement des « catégories nouvelles » de salariés ne fait qu’illustrer ce phénomène.

Pourquoi un technicien et un cadre – à compétences égales – ne touchent et ne toucheront jamais le même salaire ?
Parce que leur situation dans les rapports de production et dans le process de création du capital et d’extorsion du profit n’est pas la même.
Les contradictions entre les techniciens et le capital, entre eux et les ouvriers, entre eux et les cadres, etc. relèvent encore des rapports sociaux de production.
Ces contradictions dépendent essentiellement des rapports entre les ouvriers et la Capital, parce que c’est la contradiction principale de la société.
Si la classe ouvrière est forte, organisée, et combat durement le Capital, alors les techniciens se rangent pour la plupart de son côté.
Sinon ils essaient de composer avec le patronat, ils se rapprochent de la hiérarchie, adhèrent à un syndicat réformiste comme la CFDT ou essaient de s’en tirer tout seuls.

Finalement, ces différentes couches sociales se déterminent en fonction de leur situation dans les rapports de production et de la lutte entre les deux classes antagoniques de la société.
De sorte qu’elles se rangeront dans le camp du prolétariat ou bien dans celui de la bourgeoisie.
Qu’un cadre, voire un technicien se range dans le camp de la bourgeoise ne signifie pas qu’ils deviennent des bourgeois ou des capitalistes au sens strict évidemment. Car leur situation matérielle et sociale ne s’en trouve pas transformée sur-le-champ.

Un ouvrier fasciste se range également dans le camp de la bourgeoisie.
Du point de vue des rapports sociaux de production, c’est un ouvrier .
Du point de vue de la luttes des classes, il est dans le camp de la bourgeoisie.
C’est une contradiction entre sa situation matérielle et sociale, et son idéologie.

Un flic, un militaire de carrière, un cadre sont également dans le camp de la bourgeoisie à cause de leur situation dans les rapports sociaux de production. Cependant il existe des contradictions entre eux et le capital.
L’évolution de ces contradictions dépend encore une fois de l’évolution des contradictions entre la bourgeoisie et le prolétariat.

Concernant les entreprises nationalisées, je n’ai pas d’info de première main.
Et j’invite les camarades qui ont cette expérience à nous en faire profiter.
On peut dire toutefois que leur fondement est toujours la recherche du profit. Ou bien il faudrait prétendre que l’Etat est celui du peuple tout entier, pour justifier que ces profits bénéficient à l’ensemble de la population. Or ce n’est pas le cas.
Je peux y ajouter que la nationalisation de certaines entreprises sous les gouvernements socialistes, ainsi que leur reprivatisation, n’ont strictement rien changé dans leur nature ni dans les rapports au sein de ces entreprises.
Jameul
   Posté le 17-07-2006 à 14:10:48   

il y a un texte assez intéressent sur ce lien

http://www.labreche.ch/pages_mps/ForumM/CF2MPS2004.pdf

bon alors c'est publié par le MPS qui est de tendance trotskyste meme si il ne s'en revendique pas mais ça n'a pas d'importance pour le sujet...


les points particulièrement intéressant pour notre débat :

- l'exclusion (avant tout prétexte pour expliquer que le classe sociale ne se consoit qu en rapport avec l'autre/les autres et donc qu'il y a des exclus aussi (l'auteur ne dit pas surtout mais le pense probablement) pour que les non-exclus travaillent plus et mieux)
- la question du rapport entre inégalités sociales et classes... (il reprend la terminologie bourdieusienne après avoir cracher sur les sciences sociales... enfin bref)

bon le texte reprend et réexpliques les classiques (exploitation,plus-value) etc... mais je le trouve intéressant car il s'intéresse pour une fois aux représentations des classes dans notre société et si il part d'une analyse se basant uniquement sur les rapports de productions il arrive à expliquer les différentes représentations directement par rapport aux rapports de productions.


PS: le texte a été fait par un Suisse pour la Suisse alors les chiffres sont... suisses 1Euro =1,5 CHF (avec un cout de la vie netemmment supérieur)
Xuan
   Posté le 27-04-2009 à 18:47:19   

Voici un texte publié dans l'Humanité Nouvelle en 1966.
On peut le retrouver dans l'ouvrage de Patrick Kessel "Le mouvement maoïste en France".
Bien entendu, certaines conclusions ne sont sans doute plus adaptées à la situation, mais l'orientation générale est fidèle au matérialisme-dialectique et tranche avec les thèses révisionnistes sur "l'extinction" de la classe ouvrière.

Ce texte montre aussi que l'analyse des classes, abandonnée par le parti révisionniste, est un outil au service de la révolution.

Enfin, cette analyse démontre la nécessité du parti communiste, y compris dans la lutte revendicative immédiate.



« CONTRIBUTION A L’ANALYSE DES CLASSES EN FRANCE »


"La classe ouvrière française passe spontanément à l’action revendicative, la multiplication des grèves, des manifestations contre les licenciements ou les déportations de la main-d’oeuvre, sous couleur de rationalisation, traduisent l’exaspération grandissante des travailleurs de notre pays. Mais, simultanément, l’action syndicale et politique se trouve freinée par l’absence d’une analyse, juste des rapports de classe tels qu’ils existent aujourd’hui. La presse révisionniste nous entretient de l’existence d’un courant de gauche. Elle nous informe que, demain, les forces démocratiques prendront la relève du gaullisme. Ainsi, tout se passe-t-il comme si deux camps seulement se partageaient les forces réelles en présence : celui du passé et celui du progrès, d’un côté les partisans du pouvoir personnel, et de l’autre ces républicains sincères qui ont noms Mitterrand, Billères, Guy Mollet ou WaldeckRochet.
De telles prises de position évoquent irrésistiblement l’ironie indignée avec laquelle Karl Marx caractérisait les illusions des républicains dans sou 18 Brumaire de Louis-NapoLéon Bonaparte: « à voir les choses du point de vue des démocrates, ce dont il s’agit... ils le résument sous le nom de réaction, nuit où tous s chats sont gris ». « Mais il faut dissiper cette apparence superficielle qui dissimule la lutte des classes et la physionomie particulière de cette époque. »

Un premier coup d’oeil sur la société de classes dans laquelle nous sommes placés nous montre la permanence de la contradiction fondamentale entre le capital et le travail . Les ouvriers sont ceux qui produisent les marchandises dans lesquelles leur temps de travail s’inscrit pour constituer la valeur. Et sur cette valeur totale, le patronat prélève la plus-value. Par conséquent une contradiction antagoniste oppose l’une à l’autre, la classe des exploités et la classe des exploiteurs.

Enfin, voilà déjà quelques années que la classe ouvrière française voit arriver sur notre sol un très grand nombre de travailleurs immigrés très différents d’elle, par sa culture, ses traditions, sa langue et aussi par le niveau de ses besoins socio historiquement définis. Il en résulte un certain chauvinisme dans divers milieux prolétariens français, un sentiment inquiétant de sa supériorité, une méconnaissance des problèmes de masse qui se posent pour nos camarades nord- africains, espagnols ou portugais, voire italiens. Le déclenchement de larges actions purement revendicatives devient plus difficile dans la mesure où la conscience spontanée du prolétariat ne parvient pas à dépasser ces séparations, ces divisions en groupes, ces oppositions apparentes d’intérêts pour atteindre l’unité profonde de la classe ouvrière.

Or, ce que ne fait pas la conscience spontanée, la conscience politique peut le réaliser. Encore faudrait-il que les analyses et les explications nécessaires soient à la fois recherchées et popularisées. Il n’est pas étonnant que, dans le cadre nouveau de la société actuelle, le rapport entre le syndicat et le parti se trouve quelque peu modifié. Même la protestation contre l’écrasement des salaires ou la paupérisation des masses suppose que le Parti puisse éclairer les plus larges couches de travailleurs sur leurs vrais problèmes. Mais aucun effort n’a été entrepris par les révisionnistes pour procéder aux investigations nécessaires, moins encore pour en populariser les résultats éventuels.

Le capitalisme monopoliste confère une importance croissante aux banques, assurances et autres organismes financiers. Donc, le nombre des salariés improductifs augmente. Les employés du commerce et de la banque , par exemple, ne sont pas des prolétaires parce qu’ils ne fabriquent pas, de leurs mains, des marchandises. Ils n’en sont pas moins des exploités. Le patron constitue l’ennemi désigné au niveau même de leur spontanéité. Certes, au XIXe siècle, encore, les « commis » participaient à la vie de l’entreprise, à proximité immédiate du patronat. Mais ils sont infiniment trop nombreux, par exemple, au centre d’une compagnie d’assurance ou d’une banque, pour être tous connus par le directeur général. Ils se trouvent placés sous la contrainte impersonnelle de classe, exactement comme le sont les prolétaires.
Mais les employés ne pouvaient comprendre spontanément quels sont les titres de la classe ouvrière à la direction générale du mouvement. Il fallait donc diffuser largement l’analyse des mécanismes de la circulation de l’argent et des rapports entre capital bancaire et capital industriel. Ici encore toute la question était de passer du simple plan de la spontanéité à celui de la conscience révolutionnaire, c’est-à-dire de discerner au-delà des différences très réelles entre les couches de salariés improductifs et la classe ouvrière, la communauté d’intérêts, d’une part, et le rôle dirigeant du prolétariat d’autre part. Cette carence était d’autant plus grave qu’au niveau de l’existence quotidienne, la plupart des employés se rendent bien compte que leur manière de vivre diffère de celle ouvriers. Ce n’est donc pas en se taisant sur de telles distinctions, mais plutôt en les expliquant, en situant dans l’action d’ensemble des masses exploitées qu’il était possible de faire avancer l’unité d’ensemble du front de combat contre l’exploitation l’homme par l’homme.

En somme, chaque fois que le révisionnisme rencontre dans l’existence sociale, un fait nouveau, il se révèle incapable de répondre aux interrogations du réel et se contente de se placer sur le terrain typiquement social-démocrate d’une spontanéité sans analyse scientifique.

C’est particulièrement évident lorsqu’on évoque les problèmes de la paysannerie . Le monde rural a subi depuis la Deuxième Guerre mondiale des transformations extraordinaires. Actuellement, dans notre pays, il n’y a plus que 20 pour cent de la population active qui cultive la terre. Or, en présence des paysans, qu’a fait la direction révisionniste? Elle s’est soigneusement abstenue de procéder à une analyse de la situation de classe. Elle a préféré défendre aveuglément la petite exploitation individuelle qui, sans doute, a droit à notre sympathie, voire à notre appui, mais qui ne représente plus aujourd’hui une réalité de nature à opposer même un semblant de résistance à la pression exercée par les monopoles.

Même les analyses qui ont été faites correctement n’ont pas été convenablement utilisées au niveau de la pratique, c’est ainsi qu’on parle depuis fort long temps, et à fort juste titre du caractère nouveau du capitalisme dans la période actuelle, du capitalisme monopoliste d’État . Dans ce cadre, toute entreprise géante, bénéficie de l’appui global des banques et de la masse des moyens financiers que peut mobiliser le pouvoir politique.
Dès lors, les syndicats se sont trouvés fréquemment confrontés à des entreprises énormes capables de résister pendant de longs mois à la pression revendicative.
C’est dans de telles conditions que la durée des grèves s’est trouvée réduite le plus souvent par la direction C. G. T. à des manifestations limitées d’une durée de vingt-quatre heures, par exemple, en fait, explosions contrôlées par les révisionnistes apparaissent comme un moyen de donner une soupape à la colère populaire. Elles substituent à des actions qui pourraient être efficaces ou dangereuses, des gestes de caractère purement symbolique. Et il faut bien reconnaître que ces grèves à court terme ont été dans l’ensemble très bien tolérées par le patronat qui en discernait les avantages.

Certes, on peut mettre en œuvre les méthodes traditionnelles de lutte dans certains secteurs vulnérables où subsistent les héritiers du capitalisme libéral. Ailleurs, si une grève doit avoir des chances de succès, il faut que l’action puisse se prolonger durant de longs mois. C’est là une nécessité à laquelle répondrait seule l’existence d’un fonds national de grève que la C. G. T. ne s’est jamais donné la peine de constituer. Il faut d’ailleurs observer que l’existence de ce fonds pourrait permettre de faire face à une résistance patronale de longue durée, dans le cadre d’entreprises moyennes, voire importantes, mais non pas dans la perspective d’une entreprise géante. Si, au moment de la grande grève des mineurs, il avait fallu fournir aux grévistes, sinon l’équivalent de leur salaire, du moins une fraction suffisamment importante de celui-ci, aucun effort de solidarité n’aurait suffi. D’où il résulte que, le moyen le plus classique placé entre les mains du prolétariat a perdu beaucoup de son pouvoir.

La solution réformiste d’un tel problème se trouve dans une intégration de fait des travailleurs au système, il s’agit au fond d’obtenir par des moyens surtout parlementaires, voire par des grèves « presse- bouton », l’extension des pouvoirs des comités d’entreprise, l’institution d’un contre plan bref de pénétrer à l’intérieur du régime pour y développer une technique d’organisation différente.

La solution révolutionnaire est à la fois plus souple et plus rigide. Elle se saisit à l’entreprise de la moindre parcelle de pouvoir que le patronat laisse imprudemment échapper, mais elle ne tombe jamais dans l’illusion selon laquelle il serait possible de conserver les plus petits moyens de décision ou même d’influence sans s’engager dans une lutte implacable. Surtout elle reprend et elle radicalise la grève, en se rappelant l’exemple d’ailleurs incomplet donné par les mineurs belges du Borinage, lorsqu’ils ont semé la panique dans les rangs patronaux en menaçant d’aller jusqu’à l’abandon de l’outil, c’est-à-dire jusqu’à l’abandon des services de sécurité qui préservaient des installations extrêmement coûteuses.
Sans doute faudrait-il retourner contre l’impérialisme l’arme de l’escalade calculée. Sans doute faut-il éviter toute démarche aventuriste. Mais, si la classe ouvrière recule devant une pareille technique de combat, elle reste désarmée en présence de l’exploitation dont elle est victime puisqu’elle ne peut plus arrêter le travail pendant la durée nécessaire pour atteindre directement les exploiteurs dans leurs oeuvres vives.
En somme, la seule véritable menace pour un trust, c’est le risque de voir se détériorer ses installations industrielles et non un arrêt éventuel de la production. Les installations valent des milliards. Et, l’arrêt de la production peut, certes, coûter fort cher, mais nullement dans des proportions comparables. Seule la peur d’avoir à réinvestir des masses énormes de capitaux peut vaincre le patronat, alors que la perspective de pertes, fussent-elles appréciables, peut toujours être supportée par un monopole.
Or, dans le système actuel, le fait que le grand capital soit en même temps capable de contrôler l’armée, la police, les directions ministérielles place le Parlement en dehors du circuit du pouvoir. Celui-ci va directement de l’économique à l’exécutif et il n’est plus besoin d’avoir recours à une assemblée pour que s’y réalisent les transactions entre les différents groupes capitalistes. Toutes les négociations, tous les équilibres entre exploiteurs s’établissent à l’intérieur même de l’ensemble constitué par le pouvoir financier et l’appareil d’Etat.
Dès lors, les centres partiels de décision auxquels il est possible d’avoir accès en dehors d’une révolution globale, se trouvent en dehors du Parlement. L’apprentissage de la révolution se fera bien davantage dans le cadre soit de comités d’entreprises aux pouvoirs étendus, soit d’organisations de locataires, soit encore de municipalités, si les municipalités ouvrières jouaient effectivement leur rôle dans l’action."



L’Humanité nouvelle, n° 18, mai 1966. Extraits. Tribune de discussion pour la préparation du premier Congrès du Mouvement Communiste Français (marxiste-léniniste). Publié également sous forme ronéotypée; cette dernière édition comporte quelques paragraphes supplémentaires par rapport à la publication dans H. N.