Forum Marxiste-Léniniste
Forum Marxiste-Léniniste
Administrateurs : Finimore, ossip, Xuan
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Théorie  Idéologie 

 Aide à la compréhension de "contribution à la

Nouveau sujet   Répondre
 
Bas de pagePages : 1  
KGB Shpion
Grand classique (ou très bavard)
406 messages postés
   Posté le 06-02-2007 à 19:36:14   Voir le profil de KGB Shpion (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à KGB Shpion   

J'ai déjà posté ce message sur le FlJGML, mais je le poste aussi ici.
J'ai de la peine à comprendre un texte de Marx, il s'agit de "Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel".
Je trouve le vocabulaire utilisé bien compliqué pour un tout jeune en formation au marxisme. J'ai déjà lu du Marx, d'habitude je trouve cela plutôt facile à comprendre, mais pas là. Je ne sais pas si c'est à cause de l'âge de Karl (25 ans) ou si c'est moi.

Je demande donc votre aide.

POUR l'Allemagne, la critique de la religion est finie en substance. Or, la critique de la religion est la condition première de toute critique.

L'existence profane de l'erreur est compromise, dès que sa céleste oratio pro aris et focis a été réfutée. L'homme qui, dans la réalité fantastique du ciel où il cherchait un surhomme, n'a trouvé que son propre reflet, ne sera plus tenté de ne trouver que sa propre apparence, le non-homme, là où il cherche et est forcé de chercher sa réalité véritable.


Déjà, le 1er paragraphe m'est obscur

La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu.

Càd qui n'a pas encore pris conscience de la réalité ?

mais l'homme n'est pas un être abstrait, extérieur au monde réel.

Qu'entend-il par "abstrait" ?

La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification.

théorie générale : ok
compendium encyclo : ???
pt d'honneur spiritualiste : càd ?
enthousiasme : càd ?
sanction morale : ok
complément solennel : la religion est complément de l'Etat bourgeois ?
raison générale de consolation et de justification : = opium du peuple, c'est ça ?

C'est la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine n'a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.

Euh...

La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle.
Qu’entend-il par « misère religieuse » ?
La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple.


L’âme d’un monde sans cœur, c’est-à-dire ? L’esprit d’une époque sans esprit, càd ?

La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole.

Vous dites ?

L'histoire a donc la mission, une fois que la vie future de la vérité s'est évanouie, d'établir la vérité de la vie présente.

L’illusion du paradis ?

Et la première tâche de la philosophie, qui est au service de l'histoire, consiste, une fois démasquée l'image sainte qui représentait la renonciation de l'homme a lui-même, à démasquer cette renonciation sous ses formes profanes. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.

La religion représente l’Etat bourgeois : dénoncer la religion = dénoncer la société ?

Si l'on voulait partir du statu quo allemand, fût-ce de la seule façon adéquate, c'est-à-dire négative, le résultat n'en resterait pas moins un anachronisme.

Statu quo = situation actuelle ?

La négation même de notre présent politique est déjà remisée, tel un fait couvert de poussière, dans la pièce de débarras historique des peuples modernes. J'ai beau nier les perruques poudrées, il me reste toujours les perruques non poudrées. Lorsque je nie la situation allemande de 1843, j'en suis, d'après la chronologie française, a peine en l’année I789, et encore moins au centre même du temps présent.

Je ne comprends pas.

A suivre...
Merci pour les camarades qui m'aideront.

Message édité le 06-02-2007 à 19:38:01 par KGB Shpion


--------------------
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18371 messages postés
   Posté le 07-02-2007 à 23:52:10   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Bon, je m'y colle

Le texte de Marx s’inspire de la dialectique Hégélienne ( négation, négation de la négation) et la critique en même temps en lui opposant le matérialisme.
Marx ironise aussi et reprend les arguments de la philosophie allemande - au second degré- pour les démonter .
Il est normal qu’un texte de jeunesse soit encombré d’un fatras de formules alambiquées, héritées de l’enseignement bourgeois.
Les intellectuels sont ainsi séparés du peuple, élevés dans un cocon aristocratique et formés à l’idée d’appartenir à une élite.
Mais Marx n’en est pas resté là .

Pour l'Allemagne, la critique de la religion est finie en substance. Or, la critique de la religion est la condition première de toute critique
Pour la philosophie allemande, la critique de la religion est de nature humaine donc finie,
tandis que la religion traite de l’infini et appartient donc à un domaine très supérieur, inaccessible à la critique.
Marx brise ce premier tabou.
L’existence profane de l’erreur est compromise : la prétendue nature profane de l’erreur , (tandis que la vérité serait dans le sacré) est remise en question.
Autrement dit, l’erreur n’est pas dans le profane mais dans le sacré.

L’essentiel tient dans cette phrase : «l'homme qui, dans la réalité fantastique du ciel où il cherchait un surhomme, n'a trouvé que son propre reflet ».
Le dieu des religions n’est qu’un reflet de l’homme inventé par lui-même à son image.
En le reconnaissant, l’homme est contraint de chercher sa propre nature sur terre et non celle d’un non-homme dans le ciel.

La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu
La religion est une invention humaine qui ne se l’avoue pas, soit parce qu’il n’en est pas encore conscient soit parce qu’il refuse de l’admettre et l’a « oublié » dans les plafonds de la sixtine.

mais l'homme n'est pas un être abstrait, extérieur au monde réel
abstrait : littéralement tiré hors de la réalité comme le dieu de ses croyances est une représentation de l’homme détachée de son modèle

Compendium : abrégé, notice
Compendium encyclopédique : un mode d’emploi pour la compréhension du monde
Point d’honneur spiritualiste : je dirais son orgueil et sa motivation spirituelle
Enthousiasme : forcément, pour souder les volontés des peuples
Complément solennel : allusion au décorum et à l’apparat destiné à éblouir les masses
raison générale de consolation et de justification : = opium du peuple, c'est ça ? vraisemblablement oui

C'est la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine n'a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
réalisation fantastique de l’essence humaine : il n’y a pas d’ essence humaine , sa « réalisation » (sous forme divine) ressort du fantastique ou du conte pour enfants.
Marx ironise sur l’interdiction de lutter contre la religion, qui serait « l’arôme spirituel » du monde selon ses défenseurs.


La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle.

Misère religieuse, au propre et au figuré : la religion s’inspire de la misère, s’en nourrit, l’agite comme une bannière au visage des nantis (comme l’Abbé Pierre). En même temps c’est une forme misérable de la pensée puisqu’elle perpétue la misère en implorant la charité au lieu de servir à son émancipation.

La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple

L’âme d’un monde sans cœur : paradoxe d’un monde sans cœur - celui de l'exploitatin capitaliste - mais doté cependant d’une « âme » , celle de la religion.
L’esprit d’une époque sans esprit : la religion apporte au capitalisme la spiritualité dont il est entièrement dénué.

La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole :
La religion sert d’auréole à la misère en la présentant comme une nécessité pour mériter le Paradis notamment.
critiquer la religion est donc le premier pas dans la critique de la misère.

L'histoire a donc la mission, une fois que la vie future de la vérité s'est évanouie, d'établir la vérité de la vie présente : L’illusion du paradis ? tout juste, cesse de rêver aux quarante vierges KGB Shpion !

Et la première tâche de la philosophie, qui est au service de l'histoire, consiste, une fois démasquée l'image sainte qui représentait la renonciation de l'homme a lui-même, à démasquer cette renonciation sous ses formes profanes. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.
La religion représente l’Etat bourgeois : dénoncer la religion = dénoncer la société ? en somme oui, c’est à cela qu’aboutit cette critique.
Il faut démasquer la nature du dieu, création purement humaine destinée à cacher le refus de l’homme et de la société humaine de se regarder en face, puis il faut démasquer ce refus lui-même sous sa forme profane, c'est-à-dire l’hypocrisie bourgeoise.

Si l'on voulait partir du statu quo allemand, fût-ce de la seule façon adéquate, c'est-à-dire négative, le résultat n'en resterait pas moins un anachronisme
Statu quo : immobilité
Même en bouleversant l’apathie allemande, on serait encore dans une période révolue par rapport à d’autres pays


La négation même de notre présent politique est déjà remisée, tel un fait couvert de poussière, dans la pièce de débarras historique des peuples modernes. J'ai beau nier les perruques poudrées, il me reste toujours les perruques non poudrées. Lorsque je nie la situation allemande de 1843, j'en suis, d'après la chronologie française, a peine en l’année I789, et encore moins au centre même du temps présent

Même en renversant la logique (religieuse) allemande de 1848, on atteindrait à peine la maturité des révolutionnaires de 89.
Marx souligne le retard de la philosophie allemande au milieu du dix-neuvième siècle.


--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
KGB Shpion
Grand classique (ou très bavard)
406 messages postés
   Posté le 08-02-2007 à 17:51:23   Voir le profil de KGB Shpion (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à KGB Shpion   

Merci !!!
J'y vois plus clair maintenant. Cependant, ce n'est pas fini : il reste encore la suite du texte.

L’illusion du paradis ? tout juste, cesse de rêver aux quarante vierges KGB Shpion !

Oh non ! J'y croyais tellement !

mais l'homme n'est pas un être abstrait, extérieur au monde réel

Mais bien sûr ! Ce sont les idéalistes qui pensent que le monde réel et le monde que l'on perçoit est différent.
Par là même n'est-ce pas aussi une critique de la vision de l'Histoire de Hegel qui affirme que l'Homme ne peut rien changer à l'Histoire; qu'il est manipulé par la Raison ?

Message édité le 08-02-2007 à 17:59:43 par KGB Shpion


--------------------
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18371 messages postés
   Posté le 09-02-2007 à 00:03:58   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Marx dit plus précisément dans ce texte que la critique de Hegel envers la philosophie du droit allemande est parfaitement légitime :

« La critique de la philosophie du droit et de la philosophie politique allemande, à laquelle Hegel a donné la formule la plus logique, la plus riche, la plus absolue, est à la fois l’analyse critique de l'Etat moderne et de la réalité qui s'y trouve liée et la négation catégorique de toute la manière passée de la conscience juridique et politique allemande, dont l'expression la plus universelle, l'expression capitale élevée au rang d'une science, est précisément la philosophie spéculative du droit. »

Mais il faut aller plus loin.
Il formule également cette phrase célèbre, qui condense en quelques mots simples la conception matérialiste dialectique (à l'opposé de la dialectique idéaliste de Hegel) :
« Il est évident que l'arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes; la force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle; mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dés qu'elle pénètre les masses. »

Plus loin il annonce le rôle révolutionnaire et dirigeant du prolétariat.
Et il faut citer ces paragraphes essentiels à propos desquels nous avons déjà longuement débattu :

"Où donc est la possibilité positive de l'émancipation allemande?
Voici notre réponse. Il faut former une classe avec des chaînes radicales , une classe de la société bourgeoise qui ne soit pas une classe de la société bourgeoise, une classe qui soit la dissolution de toutes les classes, une sphère qui ait un caractère universel par ses souffrances universelles et ne revendique pas de droit particulier , parce qu'on ne lui a pas fait de tort particulier , mais un tort en soi , une sphère qui ne puisse plus s'en rapporter à un titre historique , mais simplement au titre humain , une sphère qui ne soit pas en une opposition particulière avec les conséquences, mais en une opposition générale avec toutes les suppositions du système politique allemand, une sphère enfin qui ne puisse s'émanciper, sans s'émanciper de toutes les autres sphères de la société et sans, par conséquent, les émanciper toutes, qui soit, en un mot, la perte complète de l'homme, et ne puisse donc se reconquérir elle-même que par le regain complet de l'homme . La décomposition de la société en tant que classe particulière, c'est le prolétariat ."


"Le prolétariat ne commence à se constituer en Allemagne que grâce au mouvement industriel qui s'annonce partout. En effet, ce qui forme le prolétariat, ce n'est pas la pauvreté naturellement existante, mais la pauvreté produite artificiellement ; ce n'est pas la masse machinalement opprimée par le poids de la société, mais la masse résultant de la décomposition aiguë de la société, et surtout de la décomposition aiguë de la classe moyenne. "

"Lorsque le prolétariat annonce la dissolution de l'ordre social actuel , il ne fait qu'énoncer le secret de sa propre existence , car il constitue lui-même la dissolution effective de cet ordre social. Lorsque le prolétariat réclame la négation de la propriété privée , il ne fait qu'établir en principe de la société ce que la société a établi en principe du prolétariat , ce que celui-ci, sans qu'il y soit pour rien, personnifie déjà comme résultat négatif de la société."

"De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles , le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes intellectuelles ."


--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Haut de pagePages : 1  
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Théorie  Idéologie  Aide à la compréhension de "contribution à laNouveau sujet   Répondre
 
Identification rapide :         
 
Divers
Imprimer ce sujet
Aller à :   
 
créer forum